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Tag: Pavlos Fyssas
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Comment lutter contre Aube Dorée, le FN & Co ?
En Belgique existe l’illusion que le danger de l’extrême-droite est passé. Il est vrai que le Vlaams Belang, dans les sondages, n’atteint plus que les 10% et qu’il peine à faire la une des médias autrement qu’avec les procès intentés par la marque de chaussures Louboutin contre Anke Van dermeersch (sénatrice du VB) qui a utilisé ces chaussures dans une campagne anti-islam… accusée d’être un plagiat par une artiste canadienne. Du côté francophone, l’extrême-droite est complètement invisible. Mais un bref regard porté au-delà de nos frontières suffit pour s’inquiéter.
De l’espace pour l’extrême-droite
L’instabilité politique est en forte hausse dans presque tous les pays européens, ce dont sont capables de profiter diverses forces populistes et d’extrême-droite. Dans une atmosphère d’aversion générale contre les politiciens établis, la tentation est grande de voter pour ceux qui critiquent le plus fortement l’establishment.
Même des formations considérées comme proches de la mort ont réussi à se requinquer électoralement. En France, Marine Le Pen est même en première place pour les élections européennes avec 24% dans les sondages, et elle dépasse les résultats obtenus par son père à son pic lors des élections présidentielles de 2002. Même le Parti du Progrès norvégien, durement frappé par la tuerie de masse commise en 2011 par son ex-membre et ancien responsable jeune d’une de ses sections Anders Behring Breivik, a fait son grand retour sur la scène avec 16,3% aux élections de septembre dernier, avec une participation gouvernementale à la clé.
La progression et/ou le retour des forces d’extrême-droite sont, en comparaison des années ’90, moins liés à des tentatives d’activement mobiliser un soutien avec des manifestations et des actions choc. Il s’agit essentiellement de campagnes électorales, dont l’effet peut également bien vite s’estomper. Mais ces succès renforcent la confiance de groupuscules plus extrêmes. De plus, le contexte de crise économique constitue un sol fertile pour le racisme et l’augmentation de la violence.
Le danger de la violence fasciste
Cela s’est particulièrement exprimé en Grèce, où les néonazis d’Aube Dorée ont célébré leur entrée au Parlement en déployant une violence de rue organisée contre les immigrés et les militants de gauche. Il était prévisible qu’il y aurait des morts à un moment donné, ce qui n’a pas manqué avec l’assassinat du rappeur de gauche Pavlos Fyssas, qui a déclenché des protestations massives contre la violence fasciste. L’Etat grec semble maintenant vouloir faire quelque chose contre la bête immonde fasciste, auparavant tolérée et même soutenue par certaines sections de l’establishment (entre autres parmi la police). Mais malgré le fait qu’il y a du sang sur les mains d’Aube Dorée, ce parti reste le troisième dans les sondages.
Ailleurs en Europe, les néonazis essaient également de s’organiser pour recourir à la violence. Dans cette société où une couche croissante de jeunes sont totalement aliénés, on ne peut pas exclure que des formations comme Aube Dorée rencontrent un certain succès dans d’autres pays. Cela ne signifie toutefois encore pas que le fascisme est à nouveau à nos portes. Mais chaque pas posé en avant par ces forces réactionnaires constitue naturellement un danger, car il s’agit d’une arme servant à rompre l’unité des opprimés, à diviser la classe des travailleurs et donc à affaiblir sa lutte.
Un potentiel pour la gauche
Dans la perspective des élections européennes de 2014, l’attention sera très certainement grande pour les diverses formations d’extrême-droite, de droite populiste ou néofascistes qui renforceront leurs positions au Parlement européen. Mais rien ne permet d’affirmer que cette progression sera stable, il s’agit plus d’une expression de l’effondrement de la confiance envers les partis traditionnels et de la recherche d’une alternative. L’ampleur de l’espace laissé à ces forces réactionnaires s’explique par la période historique qui est derrière nous, par l’héritage de l’offensive néolibérale des années ‘90 qui suivit la chute du Mur de Berlin et par l’impact que cela a eu sur le mouvement des travailleurs. Cet espace peut toutefois être limité en construisant notre propre représentation politique. Dans une ère de crise systémique profonde, faite d’attaques sévères contre nos conditions de vie, la marge pour obtenir des réformes progressistes est limitée. Les forces de gauche sont bien plus rapidement confrontées au choix d’accepter le système capitaliste ou de le combattre dans la perspective d’une alternative socialiste.
Le défi est gigantesque, de même que le nombre de complications qui peuvent survenir. Mais le potentiel de lutte et de renaissance des meilleures traditions du mouvement des travailleurs est encore beaucoup plus grand. C’est ce qu’illustrent les nombreuses actions de grève et les manifestations massives au Sud de l’Europe et ailleurs, de même que les merveilleuses protestations spontanées des écoliers en France suite à l’expulsion d’une collégienne d’origine kosovare et d’un lycéen arménien. Les lycéens sont immédiatement descendus dans les rues par dizaines de milliers.
La meilleure riposte à offrir aux responsables de la politique asociale ainsi qu’à ceux qui en profitent avec leur message de racisme et division est une lutte de masse qui rassemble toutes les victimes du capitalisme.
Comme un chat, l’extrême-droite européenne a neuf vies…
Non, le danger de l’extrême-droite en Europe est loin d’être passé. Petit aperçu.
- Grèce. Jusqu’il y a peu, c’était le LAOS qui était le principal parti d’extrême-droite du pays. Il entretenait notamment des liens avec le Vlaams Belang. Le LAOS a participé à un gouvernement d’austérité, ce qui l’a électoralement pulvérisé. Après cela, Aube Dorée a pris le relai, allant jusqu’aux 17% dans les sondages juste avant le meurtre de Pavlos Fyssas. Après cet assassinat politique, leur soutien a chuté jusqu’à 8 à 9%, un résultat supérieur au score obtenu aux élections de 2012. Le fait que près de 10% des Grecs désirent voter pour un parti de meurtriers illustre le désespoir à l’œuvre dans le pays, mais aussi le danger représenté par de tels groupes néonazis.
- France. Le FN a déjà à plusieurs reprises connu des passages à vide, mais l’entreprise familiale des Le Pen est systématiquement parvenue à rebondir. En octobre, le FN a remporté une élection cantonale partielle à Brignoles, et Marine Le Pen flotte à 24% dans les sondages pour les élections européennes, pour la première fois.
- Pays-Bas. Tout comme en France, la social-démocratie est sanctionnée pour sa politique de casse sociale. Le PvdA néerlandais (parti travailliste) court le risque de perdre deux de ses trois sièges européens. Actuellement, le parti le plus électoralement en forme est le Parti de la Liberté (PVV, droite-populiste) de Geert Wilders. Le parti de gauche SP est toutefois deuxième dans les sondages.
- Autriche. Aux élections de septembre dernier, le FPÖ d’extrême-droite de HS Strache a fait figure de grand vainqueur avec 21,4%. Le parti a presque réussi à dépasser le parti conservateur ÖVP. De plus, le populiste de droite Stronich a obtenu près de 6% et, bien qu’à l’agonie, le BZÖ – scission du FPÖ – a quand même obtenu 3,5%.
- Allemagne. En Allemagne, les néonazis du NPD n’ont jamais réalisé de percée. Mais cela ne veut pas dire qu’aucune possibilité ne s’offre à eux. Le parti AfD (Alternative für Deutschland), de droite-populiste, a raté de peu son entrée au Parlement en septembre dernier, le seuil électoral sera peut-être franchi aux élections européennes.
- Grande Bretagne. Deux dirigeants de l’English Defence League (EDL), dont Tommy Robinson, ont démissionné de leurs fonctions suite à de médiocres résultats électoraux. A leurs côté, le parti de droite populiste UKIP (United Kingdom Independence Party) fait le plein de voix, caracolant actuellement à plus de 10% dans les sondages, au-delà de ce qu’obtiennent encore les Libéraux Démocrates qui partagent le pouvoir avec les conservateurs.
- Norvège. Durant l’été de 2011, Anders Breivik a choqué le monde entier en massacrant des dizaines de jeunes. Auparavant, le tireur était politiquement actif au Fremskrittpartiet (parti du progrès, extrême-droite). Ce parti a perdu son soutien après le massacre, mais a réussi à faire son retour aux récentes élections. Il est même rentré dans la coalition gouvernementale.
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Grèce : un potentiel révolutionnaire, mais un danger contre-révolutionnaire
Ripostons contre la violence fasciste par la mobilisation des masses !
Le 17 septembre, le rappeur et militant de gauche grec Pavlos Fyssas a été tué par des néonazis. L’un des auteurs est membre d’Aube Dorée, cette force d’extrême-droite qui n’a fait que progresser dans les sondages au cours de ces derniers mois et qui se caractérise par une extrême violence raciste et fasciste. Ce meurtre a provoqué une résistance antifasciste massive. Pour peu qu’elle cherche à se saisir du potentiel encore plus grand d’opposition à la politique d’austérité et au système capitaliste (le terreau du développement de l’extrême-droite), de gigantesques pas en avant pourraient alors être faits avec le mouvement des travailleurs. Sans cette approche, le danger néofasciste restera présent.
Article tiré de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste
Un potentiel intact pour la lutte ouvrière
Si on en doutait encore, à la mi-septembre, la grève des enseignants a illustré à quel point le potentiel reste grand pour la lutte organisée des travailleurs. Les syndicats avaient préparé une grève de cinq jours à partir du 16 septembre. Dès le premier jour, 90% des enseignants suivaient le mouvement et des manifestations ont eu lieu avec une présence de 30.000 personnes à Athènes et 10.000 à Thessalonique. Enseignants et étudiants ont été rejoints par le personnel d’autres services publics, assurant que l’ampleur des manifestations dépasse toutes les attentes.
Durant le déroulement de cette grève, la Fédération des syndicats des services publics (ADEDY) avait appelé à une grève générale de 48 heures. Cet appel a lui aussi donné lieu à des manifestations de grande envergure, le 18 septembre. La direction syndicale aurait préféré ne rien faire, mais la pression de la base était trop forte, et a poussé à l’action.
La fin de la crise n’est pas encore en vue, seuls pointent à l’horizon encore plus d’austérité et de chômage. La troïka (UE, BCE et FMI) préconise ainsi de réduire de moitié le personnel hospitalier actuel (80.000 travailleurs) en faisant passer le nombre d’hôpitaux du pays de 140 à 80. Et ce carnage social qui s’ajoute aux précédents n’est pas destiné à être le dernier. Les sommets syndicaux ne peuvent pas poursuivre indéfiniment leurs tentatives de freiner ou de stopper les actions, le combat à livrer est bien trop important et sans cesse plus nécessaire.
Le danger de la violence fasciste
La pression des actions du mouvement ouvrier a forcé les néonazis d’Aube Dorée à regarder ce qu’ils pouvaient faire pour consolider leur croissance, et ils savent très bien que chaque cas de violence suscite un intérêt massif. Les militants ont d’abord été préparés à passer à la violence, et ils n’hésitent également pas à la mettre en pratique.
Cela explique pourquoi les groupes de partisans d’Aube Dorée sont de plus audacieux dans leur recours à la violence. Tout d’abord, environ 50 néonazis ont pris pour cible un groupe de 30 militants du KKE (le Parti communiste grec) qui distribuaient des tracts. Neuf membres du KKE se sont retrouvés à l’hôpital. Comme le KKE a toujours refusé de mener une campagne antifasciste sérieuse, il n’y a pas eu de riposte dans l’immédiat, ce qui n’a fait que renforcer la confiance des néonazis. Quelques jours plus tard, cette confiance a conduit au meurtre de Pavlos Fyssas, dans le quartier de Keratsini du Pirée, près d’Athènes. La direction du parti néonazi tente toutefois de se distancer des faits.
Cette violence meurtrière a entraîné d’importantes manifestations antifascistes. Ces derniers mois, un certain nombre de comités antifascistes ont aussi été construits. Malheureusement, ils doivent la plupart du temps travailler sans le soutien ni la participation des principaux partis de gauche, le KKE et Syriza (coalition de la gauche radicale). Syriza a toutefois décidé de s’impliquer dans la résistance antifasciste, mais les mots d’ordre clairs destinés à traduire concrètement ces bonnes intentions se font toujours attendre.
Une réponse du mouvement des travailleurs est nécessaire !
Les manifestations antifascistes massives, l’important soutien aux grèves et aux manifestations syndicales ainsi que le soutien électoral actuel pour les forces de gauche sont autant d’expressions de l’énorme potentiel existant pour le mouvement des travailleurs. Il reste maintenant à clairement saisir ce potentiel pour mener une lutte efficace contre la dictature des marchés et la politique de la troïka orientée vers le renversement du gouvernement et du système capitaliste lui-même. C’est la seule manière d’en finir avec le danger fasciste.
Une grève générale indéterminée est l’arme la plus puissante dont dispose le mouvement ouvrier. Mais cette arme ne doit pas être utilisée à la légère. Sans planification ni préparation adéquate sur les lieux de travail et dans les quartiers, cela peut même ralentir le développement de la lutte.
Un plan d’action peut être élaboré avec une succession de grèves allant crescendo, destinée à construire la participation la plus large et massive possible. Ainsi, une grève générale illimitée jusqu’à la chute du gouvernement disposerait de bases fermes et pourrait poser la question d’une transformation socialiste de la société. Pour cela, il ne faut pas compter sur les sommets syndicaux actuels, mais sur l’organisation des travailleurs du rang.
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Action de protestation contre les néonazis et la violence fasciste
Hier, à Termonde, le procès des militants néonazis du BBET (Bleod-Bodem-Er en Trouw – : Sang-Terre-Honneur et Fidélité, une devise nazie) a été ré-ouvert. Devant le tribunal, une vingtaine de militants antifascistes s’étaient réunis pour protester contre la violence fasciste, à l’initiative de Blokbuster (la campagne antifasciste flamande du PSL) et des Syndicalistes contre le fascisme. Ils ont dénoncé toutes les formes de la violence fasciste, des meurtres de Pavlos Fyssas (en Grèce) et de Clément Meric (en France) aux menaces qui existent en Belgique. Le fait qu’un réseau violent et armé de néonazis ait existé chez nous constitue un sérieux avertissement.
Il nous faut nous organiser et nous mobiliser pour nous assurer que le néo-nazis ne disposent pas d’espace pour répandre leur haine et pour passer à la pratique ouverte de la violence.
Ce procès traine déjà depuis des années, les faits remontent maintenant à près de dix ans tandis que les arrestations se sont produites en 2006. Certains des néo-nazis qui se retrouvent aujourd’hui devant le juge ont pu continuer à être actifs jusqu’à présent dans les milieux d’extrême-droite. Cela permet de très vite clarifier que nous ne pouvons pas compter sur les tribunaux et les procédures judiciaires pour stopper la menace de l’extrême-droite. Rien ne pourra remplacer la mobilisation active et l’organisation de la résistance contre l’extrême-droite autour d’un programme qui s’en prend également au terreau sur lequel elle peut se développer : la politique antisociale.
L’avocat Piet Noë (qui a également déjà agi à titre de conseiller auprès de divers membres du Vlaams Belang) a défendu les néo-nazis et a tenté de minimiser leurs actes, en parlant notamment de ‘‘rudes discussions de comptoir’’. Que des centaines d’armes aient été retrouvées, de même que des plans de projets concrets, et que des camps de formation aient été organisés, il n’en a pas parlé. Il nous semble bien que cela dépasse très largement le cadre de ‘‘discussions de comptoir’’.
La plus grande part de l’attention médiatique a été concentrée sur Abou Jahjah, qui s’est constitué partie civile en tant que personne menacée à l’époque par les projets du BBET. Selon Piet Noë, Abou Jahjah devrait également figurer sur le banc des accusés. Pourquoi quelqu’un qui a été explicitement mentionné comme une cible de la part d’un groupe de militants d’extrême-droite ayant une formation militaire et des armes, cela nous échappe complètement. Mais si Abou Jahjah s’est constitué partie civile, le responsable du Vlaams Belang Filip Dewinter (une autre cible du groupe) n’a pas décidé de faire de même. C’est assez surprenant de la part de cet homme si prompt à chercher l’attention des médias. Serait-ce parce qu’il sait que des gens comme l’accusé Tomas Boutens restent de fidèles soldats pour le Vlaams Belang, que l’on retrouve par exemple systématiquement lors des manifestations du NSV, l’organisation étudiante officieuse du Vlaams Belgang ?
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Grèce : Arrestations et poursuites de membres d’Aube dorée, mais le danger reste présent
Le dirigeant du parti néo-nazi grec Aube Dorée¸ Nikolaos Michaloliakos, a été arrêté ainsi que plusieurs députés. Ces arrestations font suite à l’assassinat du rappeur Pavlos Fyssas, les responsables étant liés à Aube Dorée. D’autre part, certaines figures de premier plan des forces de police, alliées d’Aube Dorée, ont été démises de leurs fonctions tandis que le gouvernement a annoncé qu’il allait examiner si ce parti pouvait être considéré comme une organisation criminelle, et donc être interdit. Que doivent en penser les antifascistes ?
Déclaration de Blokbuster et Résistance Internationale, les campagnes antifascistes du PSL
Jeudi soir, Michaloliakos brandissait encore la menace de la démission des 18 députés d’Aube Dorée, ce qui aurait causé la tenue d’élections anticipées dans certaines circonscriptions. Au vu de l’hostilité qui s’est développée contre le parti d’extrême-droite depuis l’assassinat de Fyssas, la concrétisation de cette manœuvre est encore bien incertaine. Aube Dorée pouvait encore relativement s’en sortir avec le passage à tabac des immigrés – il est toujours facile de s’en prendre aux plus faibles dans la société – mais, avec l’assassinat d’un artiste grec, ils ont franchit une ligne pour beaucoup de gens.
Michaloliakos & Co vont naturellement dire haut et fort qu’Aube Dorée n’a rien à voir avec cet assassinat. Ainsi, le meurtrier s’est rendu compte que ses liens avec le parti néonazi constituaient un problème, et il a tenté de cacher son appartenance à Aube Dorée. Mais cette violence n’a de toute façon pu se développer et aller jusqu’à l’assassinat que suite aux campagnes d’Aube Dorée et au climat que cela a créé. Ces gros bras néonazis se sont sentis encouragés par le succès électoral remporté par le parti. Si la direction d’Aube Dorée semblait se rendre compte qu’une certaine prudence était de mise après ce succès, ce n’était plus possible de retenir les militants du parti qui voulaient en découdre et cherchaient à répandre le sang.
Dans la foulée de l’assassinat de Fyssas, l’Etat a procédé à l’arrestation du dirigeant du parti Michaloliakos, de plusieurs députés et d’une dizaine d’autres dirigeants centraux du parti. L’opération de police a été soigneusement élaborée (ce qui n’est pas évident quand on voit le large soutien dont dispose le parti parmi la police) et suivie de près par le Premier ministre Samaras, des néo-démocrates conservateurs, au pouvoir en coalition avec les sociaux-démocrates du PASOK .
La semaine dernière, de grandes actions contre la violence fasciste ont eu lieu en Grèce, avec par exemple 50.000 manifestants à Athènes. Ces nouvelles mobilisations antifascistes renforcent la dynamique de la résistance et de la lutte. Peut-être le gouvernement craignait-il que les choses aillent trop loin dans cette direction, et que c’est sur cette base qu’une action policière rigoureuse a été décidée. Pour les antifascistes, l’arrestation des provocateurs néonazis violents à la tête d’Aube Dorée peut constituer un soulagement. Mais cela ne diminue pas pour autant le terreau sur lequel peuvent se construire les forces d’extrême-droite.
Il y a quelques années encore, Aube dorée ne représentait qu’une force marginale en Grèce, la principale force électorale d’extrême-droite était le LAOS. Mais ce dernier parti a collaboré à un gouvernement d’austérité, et a été lourdement sanctionné par la suite. Aube Dorée, de son côté, s’est profilé comme un parti ‘‘différent’’. Avec des opérations musclées et les déclarations dures du provocateur professionnel qu’est le président du parti Michaloliakos, il a été possible de gagner un soutien parmi un segment de l’électorat anti-establishment. Aube Dorée est entre temps devenu le troisième parti grec (après les conservateurs de la Nouvelle Démocratie et la coalition de la gauche radicale Syriza). A l’occasion des élections européennes de l’an prochain, il est possible qu’Aube Dorée fasse son entrée au Parlement européen.
Nous ne pouvons pas laisser l’initiative de la lutte contre l’extrême-droite aux partis de l’establishment dont la politique d’austérité a conduit à l’aliénation sociale sur laquelle les néonazis s’appuient pour chercher une audience et un soutien. La répression policière peut avoir un effet temporaire, mais ce ne sera que très temporaire. L’interdiction des organisations néofascistes impliquées dans l’assassinat de Clement Meric en France n’a pas évité la création de nouvelles organisations. Il ne faut en outre pas sous-estimer le danger que l’establishment grec utilise cette opération comme un précédent contre toute forme de protestation sociale contre la politique d’austérité.
Qu’une force ouvertement néonazie comme Aube Dorée puisse disposer d’un large soutien dans la société est l’expression d’une crise sociale très profonde. Pour stopper l’extrême-droite, nous devons être capables de répondre à cette crise sociale.
L’interdiction n’arrêtera pas l’extrême-droite. Dans les sondages, le parti est retombé ces derniers jours jusqu’à 6,8%, ce qui représente encore un score similaire à celui obtenu lors des dernières élections (6,92% en juin 2012). L’aversion contre les partis établis et leur politique d’austérité n’a pas diminué. Dans la mesure où la gauche politique ne sait pas suffisamment organiser et canaliser ce sentiment vers un changement fondamental de société, la porte reste grande ouverte pour les forces d’extrême-droite.
La gauche doit orienter le mouvement antifasciste vers la lutte des travailleurs qui se déroule au même moment. Par la création de comités de lutte démocratiques, il est possible de s’organiser dans les quartiers et les entreprises contre la violence fasciste, contre l’austérité et contre le capitalisme en général. Cela permettrait de plus de fournir une base pour développer au sein des syndicats le débat concernant la nécessité d’un syndicalisme de combat où l’activité syndicale ne se limite pas à des paroles radicales accompagnées d’actions essentiellement destinées à laisser échapper la vapeur de la base. Cela permettrait également de renforcer la gauche politique en instaurant une pression pour que la lutte soit résolument orientée contre le capitalisme, avec une alternative socialiste claire.
Avec des mobilisations de masse du niveau des 50.000 manifestants antifascistes qui se sont tenues la semaine dernière, l’extrême-droite peut être stoppée. Ces mobilisations fournissent une base pour une résistance organisée et politique au travers de comités locaux capables d’immédiatement réagir contre les activités publiques des néonazis, tout en renforçant les initiatives destinée à aider au développement de la lutte contre la politique d’austérité. Ces mobilisations ne doivent pas s’arrêter après ces arrestations, elles doivent au contraire se poursuivre et gagner en ampleur !
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Grèce : Des néo-nazis accusés du meurtre de sang froid de Pavlos Fyssas, militant de gauche et rappeur
La gauche et le mouvement organisé des travailleurs ont besoin d’un puissant front antifasciste
Dans la nuit du 18 septembre 2013, la commune de Keratsini (dans le Pirée, la deuxième plus grande ville de Grèce, qui abrite son plus grand port) s’est vue submergée par des dizaines de milliers d’antifascistes venus d’Athènes et de tout le Pirée. La ville, proche d’Athènes, est forte d’une grande histoire de luttes et de traditions de la classe ouvrière. Les antifascistes exprimaient leur colère à la suite du meurtre de sang froid de Pavlos Fyssas, rappeur et militant antifasciste.
Andros Payiatsos, Xekinima (CIO-Grèce)
Pavlos Fyssas était connu pour ses textes antifascistes engagés et ses idées de gauche. Il a été attaqué par des crapules d’Aube Dorée face à de nombreux témoins, y compris 4 policiers armés qui n’ont rien fait pour empêcher son assassinat.
Un partisan d’Aube Dorée a été arrêté par la police le 18 septembre et a avoué le meurtre. Il a été arrêté sur le champ. Malgré ses blessures fatales, Pavlos a pu désigner son assassin à la police. De nombreux témoins oculaires étaient également présents, l’attaque ayant eu lieu sur une place du centre. Après avoir admis son meurtre, le suspect a déclaré être membre d’Aube Dorée. Il visitait leurs bureaux locaux ‘‘5 à 10 fois par mois’’. La police a fouillé la maison du suspect après le meurtre et a trouvé des écrits d’Aube Dorée et du matériel du parti. Les médias racontent que le suspect a téléphoné à sa femme pour lui dire de vider la maison de tout le matériel avant que la police arrive et de le transférer chez un membre de sa famille, dirigeant local d’Aube Dorée.
Les médias grecs ont déclaré que le suspect était payé par Aube Dorée pour attaquer des immigrés sur commande et provoquer des conflits avec des militants de gauche. Une pratique commune dans le parti, qui paye des gens pour participer à ses descentes quand cela est jugé opportun.
Pavlos Fyssas est le premier militant grec à être assassiné par des partisans d’Aube Dorée. Jusqu’à présent, ils concentraient leurs attaques sur les immigrés, dont ils ont déjà tué un certain nombre. Mais depuis l’année dernière, ils ont commencé à se concentrer davantage sur les militants de gauche et les antifascistes. Le 18 septembre, la gauche grecque et le mouvement antifasciste ont connu leur première victime mortelle.
Pavlos Fyssas était rappeur et musicien, il écrivait et chantait des textes contre le fascisme. Il est né, a grandi et a vécu à Keratsini, un quartier ouvrier de la ville du Pirée. Il était en train de regarder un match de foot dans un café du centre-ville quand des voyous d’Aube Dorée l’ont reconnu. Ils l’ont pris pour cible à cause de ses textes, et ont envoyé des messages afin de mobiliser leur gang pour attendre Pavlos hors du café.
Pavlos et ses amis, qui ont senti que l’atmosphère devenait dangereuse, ont décidé de quitter le café pour être accueillis par 30 à 40 gros bras. Pavlos a été poignardé en plein cœur. Les médecins ont qualifié le coup porté de ‘‘professionnel’’.
Deux nuits auparavant, dans un autre quartier ouvrier du Pirée, Aube Dorée a attaqué un groupe de 30 membres du parti communiste (KKE) qui collaient des affiches. On estime qu’environ 50 d’entre eux les ont attaqués avec de battes de baseball cloutées, et 9 personnes ont été hospitalisées. Parmi eux, le leader du syndicat des métallurgistes, qui habite le quartier.
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- Grèce : Organisation de comités antifascistes contre le danger de la bête immonde
- Soutenez les comités antifascistes grecs !
- 1933 : Hitler s’empare du pouvoir – 80 ans après : qu’est-ce que le fascisme et comment le vaincre ?
- Grèce : La menace d’Aube Dorée
Soutenez les comités antifascistes grecs !
Aujourd’hui, des dizaines de comités antifascistes existent déjà en Grèce. En dépit de leurs ressources extrêmement limitées, ils tentent d’organiser l’auto-défense contre la violence fasciste, de mettre en place divers projets sociaux destinés à atténuer les difficultés sociales extrêmes, d’organiser une lutte commune des travailleurs et de leurs familles (Grecs ou immigrés) contre la politique de casse sociale de la Troïka. Xekinima – l’organisation-sœur du Parti Socialiste de Lutte (PSL), des Etudiants de Gauche Actifs (EGA) et de leur campagne ”Résistance Internationale” – a mis tout son poids dans la construction de ces comités antifascistes.
La crise du capitalisme ne se limite pas à un seul pays, et le développement de la situation politique et sociale en Grèce est crucial pour le reste de la classe des travailleurs en Europe et au-delà. Utilisons notre arme la plus puissante – la solidarité – pour renforcer ce combat. Ce soutien doit être concret afin de permettre l’édition de tracts, d’affiches, les locations de salles,…
Contribuez à ce combat antifasciste en effectuant une donation sur le compte n° 001-2282409-75 de notre campagne antifasciste Résistance Internationale avec pour mention : ‘‘Grèce’’.
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Ce n’était qu’une question de temps avant que des membres et des partisans d’Aube Dorée soient impliqués dans l’assassinat d’un militant de gauche. C’était aussi une question de temps avant qu’ils décident de lancer de telles attaques pour reprendre l’initiative après avoir essuyé quelques défaites dans la période passée.
Après le succès d’Aube Dorée aux élections de mai et juin 2012, des comités antifascistes ont vu le jour, et à de nombreuses reprises des militants d’Aube Dorées ont été chassés des quartiers. Leurs manifestations ont été contrées et annulées par ces mêmes comités. A un autre moment, des immigrés sont repoussés les gros bras d’Aube Dorée. A Chania, en Crète, le chef des nazis locaux a été jeté à la mer par les antifascistes.
Aube Dorée veut reprendre l’initiative
La récente attaque contre les membres du parti communiste peut uniquement s’expliquer par une tentative de reprendre l’initiative. S’ils ont pu envoyer 9 membres du parti sur 30 à l’hôpital alors que le parti communiste est réputé comme l’une des forces les plus organisées de la gauche, forte de militants déterminés et dotés du sens du sacrifice, alors les fascistes seront considérés comme les nouveaux maîtres des rues.
Le plus tragique, c’est que le parti communiste (KKE) ne mène pas de réelle campagne antifasciste, et l’attaque qu’ils ont essuyée n’a pas conduit à une campagne antifasciste sérieuse. Les fascistes ont donc atteint leur but : semer la peur et la démoralisation.
La vérité, c’est qu’Aube Dorée peut seulement se permettre ce genre de démonstration de force car les partis de gauche sont en léthargie en ce qui concerne le problème du fascisme. Le KKE tout comme Syriza (la coalition de gauche radicale) sous-estiment le danger du fascisme, comme si l’expérience des années 1930 n’avait pas existé.
Syriza a fait des pas en avant vers une meilleure compréhension du problème et a développé quelques campagnes antifascistes. Mais elles ne suffisent pas et, fondamentalement, ce sont les militants qui décident de prendre des mesures antifascistes, ce n’est pas grâce aux mots d’ordre clairs de la direction de Syriza.
Il n’existe pas d’unité de gauche sur le problème du fascisme. Le KKE, mais aussi ANTARSYA (l’alliance de gauche anticapitaliste) refusent de s’allier avec les autres forces, particulièrement Syriza, pour lutter contre le fascisme. Ils ne comprennent pas qu’une campagne et un front antifasciste doivent se développer dans tout le spectre de la gauche et au sein de la classe ouvrière organisée. Il n’y pas non plus de mesures pratiques telles que des comités de défense, alors que les fascistes s’entraînent aux armes à feu sous la protection d’entreprises privées. Il ne pourra pas y avoir de réponse au fascisme à moins que la gauche décide de lutter non seulement contre la Troïka et le gouvernement grec, mais aussi contre le système capitaliste lui-même, qui est à la base de la réémergence de la menace fasciste. Une fois de plus, les partis de gauche sont hélas à des kilomètres de la réalité.
Malgré ces faiblesses des partis de gauche ‘‘officiels’’ concernant ce problème, des milliers d’antifascistes organisent des campagnes et des comités dans les villes. Après le meurtre de Pavlos, leur lutte ne sera que plus déterminée. Il y a de bonnes raisons de croire que la mort de Pavlos réveillera nombre de ceux qui jusqu’alors n’avaient pas réalisé la situation critique vers laquelle se dirige la Grèce. Voilà la meilleure façon d’honorer la mémoire de Pavlos : lutter pour ce pour quoi il a lutté, une meilleure vie sous une alternative au capitalisme, une société socialiste.
Pavlos a perdu la vie debout, en se battant. Il n’a pas plié une seconde devant les fascistes. Selon des témoins, ses derniers mots ont été ‘‘Vous voulez vous battre comme des hommes, battez-vous un contre un.’’ Mais les fascistes ne se battront pas un contre un. Ils n’en ont pas le courage, lâches comme ils sont.
Pavlos Fyssas restera un combattant pour notre cause. Il sera sur nos bannières et dans nos slogans. Nous nous assurerons que sa mort n’aura pas été vaine !