Tag: Parlement irlandais

  • "Ce gouvernement n'est qu'un gang de charlatans"

    Au Parlement irlandais, notre camarade le député Joe Higgins (Socialist Party, CIO-Irlande) a dénoncé le gouvernement et a appelé à un boycott de masse de la nouvelle taxe sur l'eau.

  • Takhir Mukhamedzyanov, dirigeant de l’association ‘‘familles de mineurs’’ et du Mouvement Socialiste Kazakhstan, a été retrouvé mort

    Le 5 juin, les amis et collègues de Takhir Mukhamedzyanov, inquiets qu’il ne se soit pas présenté au travail après le week-end précédent, se sont rendus à son appartement à Karaganda, où ils ont trouvé son corps sans vie. Bien que les causes de sa mort ne soient pas encore connues, la mort de Takhir, un homme de 51 ans en bonne santé et énergique, est des plus suspectes. Takhir avait récemment reçu des menaces de la part de ‘‘personnes inconnues’’ qui déclaraient qu’ils ‘‘se débarrasseraient de lui’’.

    Déclaration du Comité Central du syndicat indépendant Zhanartu et du Comité Politique de Mouvement Socialiste Kazakhstan

    Depuis des années, Takhir travaillait comme mineur, d’abord dans l’industrie soviétique puis, après la privatisation, pour Arcelor-Mittal, qui a repris tous les principaux puits et fonderies de métal de la région du Karaganda au Kazakhstan. Il a été renvoyé illégalement en 2008, après quoi il est devenu vice-président de ‘‘Familles de Mineurs’’ à plein temps, un poste qu’il a gardé jusqu’à sa mort.

    Takhir et ses collègues de ‘‘Familles de Mineurs’’ ont apporté une grande assistance à aux veuves et orphelins de travailleurs décédés lors d’un accident du travail, mais ils étaient également devenus de plus en plus impliqués dans la défense des droits des mineurs. Les normes de santé et de sécurité dans les puits du Karaganda et dans les fonderies sont ignorées par les nouveaux patrons, sacrifiés dans leur course au profit. Comme les syndicats officiels soutenus par l’Etat ne font pas grand-chose pour défendre les mineurs, ‘‘Familles de Mineurs’’ a pris le rôle d’un syndicat indépendant.

    De telles activités ne sont pas passées inaperçues. ‘‘Familles de Mineurs’’ a subi toutes sortes de pressions. Le garage et la voiture de Takhir ont explosé le 10 octobre 2010. Les militants de ‘‘Familles de Mineurs’’ pensent que cette explosion est directement liée au travail de Takhir dans la défense des droits des mineurs et de leurs veuves. Selon sa camarade Natalia Tomilova, les menaces d’utiliser des méthodes violentes et terroristes contre les militants des droits du travail sont redevenues courantes.

    A peine deux semaines après l’explosion du garage, à 21h30, la police est venue à l’appartement de Takhir et l’a emmené de force dans un hôpital psychiatrique. Deux docteurs, trois policiers et un agent en civil ont affirmé que suite à la perte de sa propriété dans l’explosion, Takhir a souffert d’une dépression et a nécessité une hospitalisation et un traitement psychiatrique. Quand ils ont essayé de lui injecter une substance inconnue, Takhir a réussi à s’échapper. Il a appelé un ami et sa fille est venu le chercher et l’a ramené chez lui. Grace à une campane publique, les docteurs ont été forcés de laisser Takhir tranquille.

    En mars 2011, il vivait près du centre minier de Shakhtinsk quand un jeune homme l’a contacté pour lui dire que ses papiers, qui se trouvaient dans sa voiture quand le garage a explosé (et qui, selon la police, avaient été détruits) avaient été trouvés dans une décharge après la fonte de la neige. Cela confirmait que quelqu’un s’était introduit par effraction dans le garage de Takhir avant l’explosion.

    Il ne pouvait rester indifférent devant l’injustice

    Les camarades de Mouvement Socialiste Kazakhstan ont rencontré Takhir pour la première fois en janvier 2009. En septembre 2010, il a organisé la visite de Joe Higgins à Karaganda (Joe Higgins était alors député européen du Socialist Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en république irlandaise) et aujourd’hui membre du parlement irlandais). En novembre 2010, Takhir a pris part à la conférence fondatrice du syndicat indépendant Zhanartu et a été élu de son comité central. En mai 2011, il a participé à la fondation du Mouvement Socialiste Kazakhstan et a été l’un des cinq Coprésidents élus. En juillet 2011, Takhir a de nouveau organisé la visite d’un député européen au Karaganda, Paul Murphy (député européen du Socialist Party irlandais qui a remplacé Joe Higgins quand celui-ci a été élu au Parlement irlandais), qui allait ensuite visiter la grève des travailleurs du pétrole à Zhanaozen. Deux semaines avant sa mort, Takhir avait visité la ville de Zhenkazgan, où les travailleurs étaient en grève et faisaient face à la répression. Ils ont rapidement trouvé un terrain d’entente et les travailleurs et Zhankazgan et Karaganda se sont engagés à soutenir mutuellement leurs luttes.

    Takhir a fait beaucoup de travail. Il ne pouvait rester indifférent ou passer son chemin quand il voyait une injustice. Nous nous souviendrons de lui comme d’un combattant consistant et inépuisable pour les droits de la classe ouvrière du Kazakhstan. Nous nous souviendrons de lui comme d’une personnalité ; il n’avait aucune prétention, il était toujours plein d’entrain et de très bonne compagnie. Il nous manquera.

    Nous faisons part de nos sincères condoléances à la famille et aux amis de Takhir, de la part du syndicat Zhanartu et du Mouvement Socialiste Kazakhstan,

    Takhir sera toujours dans notre mémoire, son nom sera inscrit dans l’histoire de la classe ouvrière du Kazakhstan. Repose-toi bien, cher camarade.


    Campaign Kazakhstan fait part de ses condoléances à la famille et aux amis de Takhir Mukhamedzyanov et demande une enquête indépendante et complète concernant les causes de la mort de Takhir. S’il est établi qu’il n’est pas mort de causes naturelles, les responsables de la mort de Takhir doivent être traduits en justice.

  • Irlande : le Traité fiscal européen est passé

    Une victoire à la Pyrrhus pour l’establishment, qui dévoile leur vrai visage

    Le référendum irlandais portant sur le Traité Fiscal européen a constitué un enjeu international de grande importance. Ce pacte budgétaire européen, officiellement appelé traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG), comprend une série de règles budgétaires parmi lesquelles le fait que les divers pays doivent réduire leurs déficits structurels à 0,5 % de leur PIB et la dette globale à 60 % de leur PIB. Ce traité institutionnalise l’austérité et représente une attaque très sérieuse contre les droits démocratiques en renforçant de façon importante les pouvoirs de la Commission européenne.

    Par des correspondants du Socialist Party (CIO-Irlande)

    Lors de ce référendum, le monde des affaires et les ‘‘dirigeants’’ de l’Union Européenne appuyaient le ‘‘Oui’’. A leur opposé, la classe ouvrière, en Grèce tout comme dans bien d’autres pays, espérait voir la victoire du ‘‘Non’’ en comprenant bien que la lutte contre l’austérité et le capitalisme à travers toute l’Europe se doit d’êtrer unifiée. Un ‘‘Non’’ aurait permis de donner un nouvel élan à cette lutte.

    En fin de compte, le Traité Fiscal (surnommé par nous et d’autres comme étant le Traité d’Austérité) a été adopté ce jeudi 31 mai à 60% contre 40, avec un taux de participation de 50,6 %. Ce résultat ne peut toutefois pas être interprété par le gouvernement comme étant une grande victoire ou une approbation de la politique d’austérité. Aucun enthousiasme ne se trouve derrière ce vote pour le ‘‘Oui’’. Comme un ministre l’a admis, ceux qui ont voté en faveur du traité l’ont fait avec une ‘‘réticence extrême’’. Un éditorial du Sunday Independent a d’ailleurs commenté que ‘‘loin d’être un vote de confiance envers l’Europe, ou le gouvernement, le Oui maussade que ce référendum a obtenu de la part d’une population réticente était un acte de désespoir.’’

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    A lire également

    MEETINGS : Pour une alternative à l’Europe d’austérité !

    Une autre politique est-elle possible en Europe ? Nous le pensons. Fin juin, nous organisons d’ailleurs des meetings à ce sujet à Bruxelles, Anvers et Gand. Ces soirées seront d’importants échanges d’expériences, tant de Belgique que de l’étranger. Une semaine à peine après les élections grecques, nous accueillerons un orateur de Syriza qui abordera la possibilité d’une politique de gauche au pouvoir en Grèce. Nous accueillerons également Tony Mulhearn qui, dans les années ’80, a activement participé à la politique réellement socialiste menée dans cette ville. Dernièrement, il a remporté 5% aux élections locales élisant le bourgmestre de la ville.

    Bruxelles – Mercredi 20 juin, 19h30

    Meeting organisé par Alternatives à Bruxelles & ‘‘Gauches Communes’’ avec :

    • Nikos Chountis, eurodéputé de Syriza, Grèce
    • Paul Murphy, député européen du Socialist Party, Irlande
    • Charlotte Balavoine, candidate du Front de Gauche aux législatives pour la circonscription du Bénélux
    • Tony Mulhearn, Trade Union and Socialist Coalition, Angleterre
    • Un représentant d’Izquierda Unida, Espagne
    • Stephen Bouquin, de Rood!
    • Anja Deschoemacker, ‘Gauches Communes’

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    Le Socialist Party (section du CIO en République Irlandaise) et ses représentants les plus proéminents, les députés Clare Daly et Joe Higgins ainsi que le député européen Paul Murphy, se sont battus dans une campagne très soutenue commentée par de nombreuses personnes.

    Un chantage et une intimidation sans précédent

    La campagne du ‘‘Oui’’ a entièrement reposé sur le chantage et la menace. Le texte du Traité Fiscal a été décidé l’été dernier mais, en février, un préambule a été ajouté selon lequel seuls les pays ayant accepté le Traité Fiscal seraient en mesure d’accéder aux fonds du mécanisme européen de stabilité qui doit bientôt voir le jour (MES, qui doit remplacer en juillet 2012 le Fonds européen de stabilité financière et le Mécanisme européen de stabilité financière qui avaient été mis en place suite à la crise de la zone euro). Ce MES est un nouveau de 700 milliards d’euros destiné à renflouer les spéculateurs et les banquiers et à restaurer la stabilité de l’euro au détriment de la classe ouvrière européenne.

    Cette clause de chantage soutenue par le gouvernement irlandais a été spécialement conçue pour faire de la question de l’accès à une aide financière en cas de future insolvabilité ou de faillite le thème dominant de cette campagne. Cette clause a véritablement représenté une arme pointée sur la tête des électeurs afin de les forcer à voter ‘‘Oui’’, sous la menace de sinon devoir faire face à un effondrement financier. Voilà qui en dit beaucoup sur les aspirations démocratiques de l’Union européenne ou du gouvernement irlandais.

    Avec cette menace, l’establishment a affiché son impitoyable détermination de voir le traité passer de force. Cette intimidation a eu un impact majeur en se basant sur les craintes bien réelles d’un approfondissement majeur de la crise économique. Les partisans du ‘‘Oui’’ recevront une récompense amère pour ces intimidations brutale au cours des mois et années à venir.

    Durant la campagne, la population a été menacée par l’idée que, sans source de financement et de crédit, l’année 2014 serait immédiatement marquée par une austérité catastrophique pire encore que celle que les travailleurs irlandais et leurs familles ont dû subir jusqu’à présent ; que le Budget de décembre serait également pire en cas de défaite du ‘‘Oui’’ ; que le ‘‘Oui’’ signifiait stabilité, investissements et emplois au contraire du ‘‘Non’’, etc. L’establishment a également reçu l’aide de la Commission référendaire, soi-disant indépendante.

    Une loi datant de 1994 force les médias (TV et radio) à respecté une parité à) l’occasion des campagnes référendaires. Les médias sont donc formellement tenus d’accorder une couverture identique aux deux camps dans le cadre d’une campagne pour un référendum. En dépit de cette obligation juridique, la partialité des médias a atteint des sommets qui n’avaient jusqu’alors jamais été vus.

    De nombreux présentateurs ont publiquement soutenu l’establishment et ont aidé à concentrer le débat sur la question du financement afin d’éviter toute véritable discussion sur le contenu réel du Traité Fiscal et de son impact en termes d’austérité.

    La clause de chantage sur le financement et le rôle des médias sont des facteurs centraux pour permettre de comprendre le résultat final du référendum. Ce résultat est révélateur de l’atmosphère actuelle et de l’état de conscience général des masses. La compréhension que l’austérité est mauvaise pour l’économie est générale, et le sentiment anti-austérité est général à son encontre, comme l’a d’ailleurs exprimé l’opposition à la récente taxe sur les ménages (voir notre article : Un Irlandais sur deux a refusé de payer la nouvelle taxe d’habitation). C’est parmi la classe ouvrière et parmi ceux qui sont les plus touchés par diverses réductions budgétaires, nouveaux impôts et mesures d’austérité que ce sentiment est le plus fort.

    Une réelle crainte d’un effondrement financier

    Cependant, pour des couches importantes de la population, dont la classe moyenne et certaines sections de la classe ouvrière qui s’en sortent mieux, la peur de l’austérité est surpassée par la crainte d’un potentiel effondrement financier à l’arrivée du terme de l’actuel programme de l’Union Européenne et du Fonds Monétaire International (l’Irlande, avec la Grèce et le Portugal, es passée sous la tutelle directe de ses créanciers par les plans d’ « aide » conclu avec la Troïka – la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international). Même si de très nombreuses personnes ne croient pas sérieusement en la menace que l’Union Européenne pourrait bloquer ses fonds en cas de victoire du ‘‘Non’’, ils ont malgré tout voté pour ce qu’ils considéraient comme étant l’option la moins risquée.

    La réalité, qui est que la politique d’austérité détruit l’économie irlandaise et européenne, a été quelque peu étouffée par l’intense propagande qui a défendu que ce Traité faisait partie d’un plan de relance. Le gouvernement irlandais a même essayé d’incorporer la victoire de François Hollande en France dans leur campagne afin de diffuser l’idée que l’austérité peut aller de pair avec la croissance, prétendant même que des plans de croissance importants sont en vue, une fois le traité adopté bien entendu.

    L’establishment a encore tenté de présenter l’effondrement de l’économie grecque et l’instabilité du pays comme des conséquences directes de la lutte contre l’austérité et du non respect des conditions de la troïka. Pour l’essentiel, le vote ‘‘Oui’’ est donc basé sur la combinaison d’une intense campagne d’intimidation avec des promesses de relance de l’économie.

    Mais il faut aussi mentionner l’absence de la compréhension qu’une alternative existe face à la dictature du capitalisme et des marchés et qu’il est possible d’instaurer des politiques de type socialiste. Cela a clairement freiné la confiance de la population à voter ‘‘Non’’.

    Une opposition sans cesse plus dure contre l’austérité et l’Union Européenne

    Compte tenu de l’ensemble de ces facteurs, le fait que 40 % des électeurs aient tout de même voté contre le traité est un très important et très significatif. Il s’agit d’un élément très positif quant à la détermination de larges sections de la classe ouvrière, plus particulièrement. Cela indique clairement que la campagne du ‘‘Non’’, dominée par la gauche, a eu un impact.

    Alors qu’un nombre important de personnes issues de la classe ouvrière ont voté oui, il est également exact d’affirmer que ce vote reflète une grande polarisation de classe. Seules cinq des quarante trois circonscriptions a connu une majorité contre le traité, mais il est clair que, globalement, la majorité de la classe ouvrière a voté contre. Le ‘‘Oui’’ a bénéficié de fortes majorités dans les zones qui concentrent la classe moyenne, et dans les zones rurales et agricoles. En revanche, les résultats indiquent que de nombreuses villes et districts où est concentrée la classe ouvrière, le vote ‘‘Non’’ a pu atteindre les 70 %, 80 % ou même 85 %.

    Après les élections générales de février 2011, nous avions très correctement prédis que la coalition au pouvoir, le Fine Gael et le parti travailliste, connaîtraient une importante baisse de soutien. De la même manière, le résultat de ce référendum sera ébranlé par les événements à venir. L’establishment a obtenu son ‘‘oui’’ en se basant sur l’intimidation, le chantage et de fausses promesses. Le fait même que le gouvernement ait fondé sa campagne sur la nécessité d’être en mesure d’accéder aux fonds européens dans le cas de la nécessité d’un nouveau plan de sauvetage est en soi la preuve de l’échec total de la politique d’austérité. Durant la campagne, le premier ministre Enda Kenny et d’autres ont une fois de plus promis l’arrivée d’une reprise économique, mais l’approfondissement de la crise économique et de la crise de la dette au sein de la zone euro exposeront la nature mensongère de ces promesses de la part du gouvernement.

    Kenny a également déclaré qu’un accord sera conclu avec l’Union Européenne pour réduire l’insoutenable dette du pays. A mesure qu’il deviendra clair qu’il n’y aura ni reprise économique ni réduction du chômage et que toute modification de la dette sera conditionnée à de nouvelles mesures d’austérité, l’Irlande sera ravagée par le genre d’instabilité que l’establishment essaye désespérément d’éviter.

    L’intimidation n’est pas une politique durable, elle ne pourra pas être un barrage éternel pour protéger l’establishment capitaliste. Comme l’a dit Napoléon : ‘‘on peut faire beaucoup de choses avec les baïonnettes, sauf s’assoir dessus.’’ L’aggravation de la crise économique combinée à de plus importantes mesures d’austérité et à plus d’attaques contre les droits démocratiques préparera le terrain pour une explosion de la colère, des lutte et de la radicalisation politique.

    La question du financement

    Certains commentateurs ont affirmé que puisque le résultat final du référendum correspond aux premiers sondages parus avant le début de la campagne, cette dernière n’aurait pas eu d’effet. C’est faux. L’establishment irlandais, l’Union Européenne et les médias étaient très bien préparés et ont agi de façon extrêmement coordonnée dans le cadre d’une offensive massive contre la campagne du ‘‘Non’’ avec la menace du financement du pays comme arme principale.

    Fondamentalement, ils ont utilisé leur contrôle capitaliste sur le système financier comme un levier destiner à forcer la population à accepter plus encore d’austérité capitaliste. De la même manière que le contrôle de l’eau et l’approvisionnement en eau doit être domaine du public, il n’y a aucune raison que le crédit et la fiance ne soient pas considérées comme une fonction publique essentielle plutôt que d’être laissée soumise à la soif de profits des investisseurs privés. Ce contrôle privé est utilisé pour forcer les gens à payer une forte rançon, à l’instar des usuriers. Toute contestation de ce fait conduit à des exigences pires encore. Cette course vers le bas ne peut être efficacement défiée que par le biais de la lutte pour mettre fin au contrôle du système financier.

    Les médias, en jouant sur la peur, ont utilisé leur influence pour faire passer l’idée que tous les financiers étaient prêts à immédiatement retirer leurs fonds d’Irlande. Ensuite, ils ont massivement appuyé la thèse selon laquelle il n’existait aucune crédibilité sans une solution immédiate qui soit acceptable pour les marchés financiers. Dans la première semaine et demi de la campagne, le camp du ‘‘Oui’’ et les médias ont restreint le débat sous cet angle et frappé à grands coups contre le camp du ‘‘Non’’. Ils ont alors considérablement augmenté le soutien pour voter Oui.

    Il s’agit d’une version émoussée du vieil argument antisocialiste ‘‘c’est très bien, mais d’où proviendra l’argent?’’ Cette attaque a eu plus d’effet maintenant qu’elle n’en a eu dans les années ‘70 et ‘80 en raison des problèmes économiques qui semblent plus aigus qu’à l’époque, et aussi en raison du fait que l’idée de prendre collectivement possession des richesses et des leviers du pouvoir est plus éloignée de l’esprit des gens qu’il y a quelques décennies.

    Cependant, il est évident que plus d’austérité conduira à une crise plus profonde, et il pourra y avoir un changement radical dans la manière qu’ont les gens de voir les choses, et notamment ce qui est possible et nécessaire pour riposter face à la crise. La population deviendra moins sensible aux diktats, à l’intimidation et aux manipulations, et bien plus de personnes seront ouvertes à entendre des solutions réelles et radicales. Nous avons d’ailleurs déjà pu quelque peu le constater durant la campagne, à mesure que nous répondions aux attaques de la campagne du ‘‘Oui’’ concernant l’austérité. Nous avons pu réussir à briser l’élan initial du camp du ‘‘Oui’’.

    Alors que la campagne du ‘‘Non’’ a été en mesure de saper les arguments de l’establishment, elle n’a pas été capable de réellement développer une forte impulsion derrière elle. En fin de compte, nous avons obtenu un résultat avec lequel peu de gens soutiennent, une majorité acquise pour ce qu’ils considéraient comme le moindre mal, sans enthousiasme.

    Retombées politiques

    Ce résultat n’a pas renforcé le gouvernement, qui a l’accueilli avec soulagement. Mais s’ils avaient perdu le référendum, ils auraient fortement été affaiblis. Pour faire passer le traité, ils ont fait des promesses qu’ils ne seront pas capables de tenir ; l’ébranlement du soutien au gouvernement va donc s’accélérer à mesure que la crise va persister et s’empirer.

    Le soutien pour le parti travailliste est particulièrement en déclin. Après une année au pouvoir, ils ont déjà perdu 50% de leurs votes, selon un sondage effectué il y a maintenant un peu plus d’une semaine. D’autre part, de nombreux rapports font état de l’accueil hostile qu’ils ont reçu dans les quartiers ouvriers durant la campagne. Cette pression sur et à l’intérieur du parti travailliste va certainement empirer.

    <h>Le Sinn Fein et l’United Left Alliance sortent gagnants

    Même s’ils figurent dans le camp des perdants, ceux à qui cette campagne a principalement bénéficié sont le Sinn Fein et l’United Left Alliance (une alliance large de gauche qui dispose de 5 élus au parlement, dont deux du Socialist Party), les principales forces du camp du Non. Le Sinn Fein et le Socialist Party ont tous deux bénéficié du soutien financier du groupe parlementaire européen de la Gauche Unitaire Européenne (GUE/NGL). Avec ses ressources financières massives, ses 14 députés et ses 54 conseillers locaux, le Sinn Fein avait déjà d’énormes réserves et ressources avec lesquelles faire campagne.

    Le Sinn Fein a bénéficié d’une large couverture médiatique pour le camp du ‘‘Non’’ et leur campagne a eu un impact. Ils se sont positionnés en opposition à l’austérité et ont choisi d’accentuer cela plutôt que d’attaquer sous l’angle les droits démocratiques dans une optique de souveraineté nationale ou de droits nationaux. Mais ont limité leurs critiques contre l’Union Européenne et le capitalisme, impliquant ainsi qu’un meilleur accord pouvait être tiré des négociations avec l’Union Européenne.

    De façon très ironique, le parti travailliste a riposté en expliquant que le Sinn Fein s’oppose à l’austérité en République irlandaise alors qu’ils l’imposent en Irlande du Nord. Cette belle hypocrisie a été vaine car le parti travailliste, plus que personne d’autre, ne dispose dorénavant d’aucune crédibilité pour mener ce genre d’attaque. Cela a eu peu d’effet.

    Il nous faut un nouveau parti des travailleurs !

    Le soutien au Sinn Fein a régulièrement augmenté depuis les élections législatives de l’an dernier où ils avaient obtenu 10%. Le dernier sondage leur donne maintenant 24%, soit 3% de plus que lors du précédent sondage et plus de deux fois le score du parti travailliste.

    Mais certaines parmi la classe ouvrière ne voteront jamais pour le Sinn Fein quelles que soient les circonstances. Cependant, il semble bien que le Sinn Fein sera le principal bénéficiaire de la crise politique qui concerne tous les partis traditionnels, à moins qu’une réelle alternative issue de la classe ouvrière et authentiquement à gauche puisse se développer. Au vu de la tendance actuelle, le Sinn Fein pourrait devenir le plus grand parti dans les prochains sondages.

    Les conditions peuvent-elles se développer pour le lancement d’une force de gauche réellement socialiste avant même l’explosion politique et sociale inhérente à la situation actuelle ? Pour répondre à cela, la manière dont se développera la lutte contre la ‘‘Household Tax’’ (la taxe sur les ménages) sera d’une importance cruciale.

    La campagne du Socialist Party

    Le Socialist Party est arrivé dans cette campagne en plus forte position que lors des précédents référendums européens. En 2008, pour la campagne du premier référendum sur le Traité de Lisbonne, notre camarade Joe Higgins avait joué un rôle crucial alors qu’il n’était pas encore élu député. Il a eu un impact réel sur le résultat du vote. Cette fois nous n’avions pas seulement Joe, qui a fait beaucoup d’apparitions publiques énergiques, nous avions aussi la députée Clare Daly et le parlementaire européen Paul Murphy (qui remplace Joe Higgins au parlement Européen où il a été élu en 2009 avant d’être élu au Parlement Irlandais).

    C’était la première campagne référendaire de Clare en tant que députée et il est unanimement admis qu’elle a fait une très bonne performance dans toute une série d’apparitions et de débats, dont des débats contre d’importants porte-paroles du gouvernement. Elle a eu un réel impact sur cette campagne, à l’image de son impact dans les diverses campagnes depuis son entrée au Parlement l’an dernier, aux côtés de Joe Higgins.

    Ce referendum était particulièrement important pour notre député européen Paul Murphy. Contrairement à Joe et Clare, Paul n’a jamais été candidat lors d’une élection et ne disposait pas du même parcours ni du même profil que nos autres camarades. Mais de nombreux commentateurs l’ont décrit comme l’un des plus capables représentants du camp du Non, un porte-parole parmi les plus clairs. Ils ont ainsi affirmé que sur base de sa performance et de son nouveau profil, il a grandement augmenté ses chances d’être réélu au parlement Européen en 2014.

    En mars, et à nouveau durant la campagne en mai, le Socialist Party a distribué des milliers de tracts dans chaque foyer de Dublin, au-delà des 400.000. De plus, nous avons organisé la distribution massive de plus de 50.000 tracts, dont une diffusion massive dans des communautés de la classe ouvrière cruciales à Cork. Nos membres ont été actifs dans les comtés de Meath, Kildare, Wicklow, Wexford, Waterford, Kerry, Tipperary, Clare, Laois, Offaly et dans les villes de Galway, Limerick Kilkenny et Carlow et Drogheda.

    Nos camarades se sont aussi impliqués dans les activités de la campagne contre la household tax et de l’United Left Alliance. Cependant, ce sont les affiches et les panneaux du Socialist Party qui ont le plus d’impact dans la campagne et qui ont suscité le plus de commentaires. L’Irish Times, dans sa revue de campagne de dimanche, parlait ainsi de ‘‘l’ubiquité des affiches de référendum’’ du Socialit Party. Selon le dictionnaire, ‘‘ubiquité’’ signifie ‘‘omniprésence, fait d’être partout ou dans un nombre d’endroits indéfini en même temps.’’

    Nous avons produit des milliers d’affiches en 4 versions différentes pour lancer la campagne, suivis au milieu de la campagne par 4 versions de très grands panneaux d’affichages, surtout aux centres-villes. Nous avons fini la campagne d’affichage avec des milliers de nouvelles petites affiches.

    Nos affiches, combinant contenu et graphisme frappant, l’emportaient sur les autres, en particulier avec le manque de contenu des affiches du Oui. Elles figuraient dans de nombreux journaux, reportages télé et blogs, que ce soit en Irlande ou à l’étranger, ainsi que dans les réseaux sociaux. Les affiches sont un moyen très important de faire passer un message à une échelle de masse très rapidement, et ont un impact réel.

    Nos affiches liaient l’austérité à la household tax et à la water tax (une nouvelle taxe sur l’eau). Nos panneaux d’affichages de 8 pieds sur 4 avec une photo d’Angela Merkel et la citation ‘‘Les freins à la dette seront obligatoires et valables pour toujours. Jamais vous ne pourrez les changer par une majorité parlementaire’’ et avec la phrase ‘‘le traité détruit la démocratie’’ étaient frappantes. Nos panneaux qui utilisaient l’image connue du film Les Dents de la Mer (où le requin arrive des profondeurs) pour illustrer les coupes budgétaires que le Traité implique ont provoqué beaucoup de commentaires et ont été repris sur de nombreux blogs. Un magazine de musique et d’actualités irlandais, de même que le quotidien The Guardian, ont commenté l’impact que l’une de nos petites affiches avait eu sur les réseaux sociaux. L’affiche disait ‘‘les super riches de l’UE cachent 3 milliards d’euros en cash – alors qu’il y a 25 millions de chômeurs – opposons les besoins du publics à l’avidité capitaliste – Votez Non’’ et montrait une image de Montgomery Burns enlaçant des paquets de billets.

    Household tax – deuxième tour

    Cette campagne est une très bonne plate-forme à partir de laquelle le Socialist Party et l’United Left Alliance peuvent croître et avancer dans les mois à venir.

    Dans cette période, la lutte contre la household tax va aussi certainement se relancer puisqu’il est vraisemblable que le gouvernement tente de conduire devant les tribunaux ceux qui ont refusé de payer ce nouvel impôt. 50% des foyers ne se sont toujours pas enregistrées pour le payer. Nous aurons dès lors de grandes opportunités pour mettre ce vote de côté et construire un mouvement capable de battre ce gouvernement, l’Union européenne et leur politique d’austérité.

  • Irlande : Des travailleurs occupent leur entreprise

    Deux lieux de travail sont actuellement occupés en Irlande, contre les abus pratiqués par la multinationale La Senza à Dublin et par Vita Cortex à Cork (pour plus d’informations, n’hésitez pas à aller sur le site du Socialist Party). Nous publions ici deux vidéos, en anglais l’une des travailleurs de La Senza de l’intérieur même de l’occupation, et une autre de Joe Higgins, député du Socialist Party au Parlement irlandais, prenant la parole au parlement en faveur des occupants. En Belgique, l’occupation est une méthode que nous défendons notamment dans le cas des travailleurs d’ArcelorMittal, en tant que premier pas vers la nationalisation de la sidérurgie sous le contrôle des travailleurs.

  • ‘‘Libérez nos camarades ! Libérez Paul Murphy !’’

    Action de protestation réussie devant l’ambassade israélienne à Bruxelles pour la libération de Paul Murphy

    Aujourd’hui, quelque 40 membres et sympathisants du groupe d’eurodéputés GUE (Gauche Unitaire Européenne) et du PSL se sont réunis devant l’ambassade israélienne afin d’exiger la libération immédiate et inconditionnelle de Paul Murphy, eurodéputé du Socialist Party irlandais, notre parti-frère, et des autres militants de la Flotille de la Liberté vers Gaza.

    Par Jeroen Demuynck, collaborateur de Paul Murphy au Parlement européen

    Les militants ont scandé des slogans et ont pu écouter les discours des eurodéputés Nikolaos Chountis (SYRIZA, Grèce), Marie-Christine Vergiat (Front de Gauche, France), Georgios Tousas (KKE, Parti Communiste de Grèce), João Ferreira (Parti Communiste du Portugal) et Ilda Figueiredo (également du PCP). Plusieurs eurodéputés ont précisé qu’il s’agissait de la première fois qu’un député européen était détenu dans les geôles israéliennes. Une bonne délégation de visiteurs du Bloc de Gauche portugais était aussi présente. Plusieurs actions de solidarité ont déjà été organisées en Irlande et en Israël, entre autres.

    Les participants à l’action ont demandé qu’une délégation soit reçue à l’ambassade pour y remettre une lettre de protestation à l’ambassadeur, mais le refus a été catégorique. Selon la police, il n’y avait ‘‘personne dans toute l’ambassade’’. Ce mépris souligne une fois de plus, si besoin était encore, que l’Etat israélien ne se sent nullement lié à n’importe quel type de convention internationale concernant sa politique envers les Palestiniens de Gaza.

    La lettre de protestation a été remise à la police, qui fera suivre, et les participants ont ensuite décidé d’interpeler le représentant permanent d’Israël auprès de l’Union Européenne au sujet de ce refus de l’ambassade.

    Lors de l’action, nous avons appris par un coup de téléphone de Joe Higgins (député du Socialist Party et de l’United Left Alliance au Parlement irlandais) que l’ambassade d’Irlande en Israël avait reçu confirmation de l’expulsion de sept des militants emprisonnés, pour demain. Toutefois, aucune précision n’existe sur l’identité de ces personnes. Bien entendu, nous n’allons pas arrêter la lutte ! Tous les militants doivent être libérés, de façon immédiate et inconditionnelle! Nous appelons donc chacun à maintenir la pression et à continuer d’envoyer des lettres de protestation.

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