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Tag: Parlement grec
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Le défi de la lutte contre Aube Dorée
Le 2 mai dernier, le parti néo-fasciste grec Aube Doré a tenté de distribuer de la nourriture dans le parc Syntagma à Athènes, mais uniquement aux personnes présentant la preuve de leur nationalité grecque. Cette action nauséabonde a été stoppée par la police anti-émeute et le maire, mais comme cet article l’illustre, ce sont les militants marxistes et les autres activistes de gauche qui construisent quotidiennement l’opposition à l’extrême-droite. A côté d’actions caritatives racistes, Aube Dorée se caractérise par une extrême violence contre la gauche, les immigrés et les homosexuels.
Photo ci contre : Marché alternatif organisé par des antifascistes
Lors des élections de juin 2012, le parti néo-fasciste Aube Doré a obtenu 7% des voix et est entré au Parlement grec pour la premières fois, avec 18 parlementaires. Aube Doré existe déjà depuis 1985 mais n’a réellement été actif qu’à partir de 1993. Depuis lors, ses principales activités consistent à organiser des manifestations ultra-nationalistes et à lancer des attaques physique contre les immigrés et leurs opposants politiques.
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Soutenez les comités antifascistes grecs !
La crise du capitalisme ne se limite pas à un seul pays, et le développement de la situation politique et sociale en Grèce est crucial pour le reste de la classe des travailleurs en Europe et au-delà. Utilisons notre arme la plus puissante – la solidarité – pour renforcer ce combat. Ce soutien doit être concret afin de permettre l’édition de tracts, d’affiches, les locations de salles,…
Contribuez à ce combat antifasciste en effectuant une donation sur le compte n° 001-2282409-75 de notre campagne antifasciste Résistance Internationale avec pour mention : ‘‘Grèce’’.
[/box]Le chômage officiel est actuellement en Grèce de 26%. En réalité, cela tourne plutôt autour des 30-35% de la population active. Le taux de chômage officiel des jeunes est de 58% et celui des femmes de 30%. Le système de soins de santé est démantelé. La sous-alimentation, qui était inexistante il y a de cela trois ans, fait maintenant partie du paysage de la société grecque. Des enfants s’évanouissent dans les écoles parce qu’ils n’ont pas mangé depuis quelques jours ou pratiquement pas.
Cette crise économique permet à Aube Doré de gagner du soutien. Ils utilisent des discours de haine contre les immigrés et le système politique, utilisant des slogans tels que ‘‘la Grèce pour les Grecs’’ et ‘‘Les étrangers, dehors.’’ Ils ont organisé des distributions de nourriture et de vêtement pour les personnes démunies mais destinées seulement aux Grecs. Les sondages politiques actuels montrent que 10% des électeurs comptent accorder leur voix à Aube Doré lors des prochaines élections nationales. Mais en même temps, un nombre significatif de personnes veut participer aux actions antifascistes.
Depuis septembre 2012, Xekinima (la section grecque du Comité pour une Internationale Ouvrière et l’organisation-soeur du PSL) a lancé des campagnes antifascistes et participe également à d’autres dans les différentes communautés locales. Notre objectif est d’exposer les dangers des campagnes néo-fascistes. Nous ne voulons pas seulement organiser des actions antifascistes, mais également impliquer la population dans celles-ci à l’aide de meetings, de discussions publiques,…
Divers évènements sont aussi organisés pour construire la solidarité, avec des repas collectifs gratuits ou peu couteux et des ‘‘marchés de rue sans intermédiaire’’, où les gens peuvent acheter des produits de base bon marchés, directement de leur producteur. Dans certains endroits, des familles reçoivent notre aide alimentaire gratuite régulièrement, puisqu’ils n’ont pas de revenu et ne peuvent subvenir eux-mêmes à leurs besoins.
Cette aide concrète est directement à considérer dans le cadre d’une campagne destinée à combattre l’austérité et l’appauvrissement des masses. La solidarité et la coopération parmi la classe ouvrière est notre meilleure arme contre la dictature des marchés, et non pas par le développement de la haine et de la division parmi la classe ouvrière comme le préconise Aube Dorée.
Mais ces actions sont insuffisantes pour vaincre la pauvreté et la croissance d’Aube Doré. C’est la crise du système capitaliste qui a plongé 4 millions de personnes dans la pauvreté et c’est le système capitaliste qui permet aux idées fascistes de paraitre séduisantes aux yeux de désespérés qui se trompent de colère.
Pour nous, le combat antifasciste est lié au combat anticapitaliste orienté vers la construction d’une société socialiste démocratique, où la production économique serait orientée vers la satisfaction des besoins de tous et non pas vers l’avidité d’une infime élite de parasites capitalistes. C’est pourquoi nous défendons :
- La lutte pour l’annulation de la dette et l’arrêt immédiat de son remboursement
- La nationalisation du système bancaire
- La suppression des dettes pour tous les ménages de travailleurs, les petites entreprises, les petites et moyennes exploitations agricoles, et pour tous ceux qui ont été frappés par la crise.
- Une taxation lourde du capital, la fin du secret bancaire pour les gros dépositaires et une réduction massive des dépenses d’armement.
- La nationalisation de tous les secteurs économiques stratégiques et de toutes les grosses entreprises.
- Une démocratie réelle, avec un contrôle et une gestion des travailleurs, dans l’économie entière.
- La création d’un plan de relance socialiste, dans l’intérêt des masses.
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Grèce : Visite de solidarité de Paul Murphy – Jour 1
Une des tâches les plus cruciales des socialistes et des activistes à ce jour est d’établir une solidarité active et de créer des actions communes aux luttes des pays européens qui font face à de véritables attaques d’austérité. La Grèce est actuellement en première ligne de ces luttes. Là-bas, les mesures d’austérité sont allées si loin que jour après jour, elles représentent de nouvelles attaques contre la société elle-même : hausse massive du taux de suicide, enfants abandonnés par leurs parents dans l’incapacité de les nourrir, appauvrissement de couches de plus en plus larges de la population…
Paul Murphy, Socialist Party (CIO en Irlande) membre du Parlement Européen
- Grèce : Un demi-million de personnes sur la place Syntagma !
- La lutte internationale peut mettre un terme à la dictature des marchés !
Lorsque, la semaine passée, pendant un meeting de la Gauche Unitaire Européenne (GUE/NGL) au Parlement Européen, on a proposé qu’une délégation d’urgence soit envoyée en Grèce en soutien des travailleurs, j’ai tout de suite approuvé cette suggestion et décidé de faire partie de la délégation. Chaque jour, j’actualiserai un blog relatant mon expérience sur place.
Ainsi donc, 10 députés européens du groupe GUE/NGL sont arrivés à Athènes ce 23 février. L’agenda officiel du 24 est chargé : rencontre avec des représentants d’une lutte contre la fermeture de la section de logement social du Ministère du Travail, des représentants de métallurgistes occupant leur entreprise depuis maintenant 110 jours, ainsi qu’avec des députés du KKE (Parti Communiste grec) et de Syriza (une alliance de gauche radicale), les deux membres de la seule véritable opposition au Parlement Grec.
Il n’aura pas fallu longtemps pour constater l’évidence d’une crise sociale. A notre arrivée à la place Syntagma au centre d’Athènes, une manifestation du PAME (le syndicat lié au KKE) contre l’austérité venait tout juste de prendre fin. Quelques centaines de policiers se tenaient encore là avec une attitude menaçante, et la rue en face du Parlement était bel et bien bloquée. L’autre signe de la profonde crise dans laquelle est plongé le capitalisme grec, c’est le nombre en constante augmentation de sans-abris dans les rues.
Ce soir, j’ai eu une réunion avec nos confrères grecs de Xekinima, et nous avons visité le Ministère de la Santé, occupé par des travailleurs membres d’institutions psychiatriques et travaillant avec des enfants aux besoins particuliers. Nous avons eu une longue discussion avec eux sur les conditions auxquelles ils font actuellement face.
Tout comme en Irlande, c’est un exemple frappant de l’exploitation des plus faibles par la Troïka et le gouvernement. Auparavant, les personnes souffrant de troubles psychiatriques étaient réparties dans 3 ou 4 grands asiles dans des conditions difficiles. Ensuite, l’Europe a débloqué des fonds pour permettre le transfert des patients vers des institutions plus petites et mieux adaptées. Cependant, les travailleurs se plaignent qu’en 2005-2006, quand les fonds ont disparu, le Gouvernement n’a accordé aucune importance à ce secteur pourtant vital.
Depuis, le financement de ces services connaît de graves problèmes. Ceux-ci ont énormément souffert de la crise, et sont désormais menacés de fermeture. Ces institutions sont gérées par des ASBL financées par l’Etat. Suite aux dernières mesures d’austérité, leur budget a été réduit de 55%. Bien entendu, cela revient à dire qu’il est impossible de continuer à faire vivre ces services. Il n’y a plus d’argent pour payer les travailleurs ou nourrir les patients. En conséquence, pour la majorité des asiles, ce sera un retour à la sombre époque de l’institutionnalisation.
En ce qui concerne les enfants aux besoins particuliers, la situation n’est pas plus réjouissante. Les fonds pour les écoles sont passés de 25 millions d’euros 2009 à 11 millions en 2012. Une fois de plus, cela signifie qu’il sera impossible de maintenir ces écoles ouvertes. Selon les travailleurs, cela entraînera un retour à la sombre époque où, il n’y a pas si longtemps, les enfants aux besoins particuliers restaient enfermés chez eux, coupés du reste du monde.
Un point commun entre ces travailleurs et une majorité de ceux du secteur public, c’est de ne pas recevoir leur salaire depuis des mois. Tous ceux à qui j’ai parlé ont vécu jusqu’à six mois sans être payés, et m’ont confié en connaître certains qui n’ont pas été payés pendant une année entière. Leurs salaires étaient aussi très bas, autour de 1000 euros par mois. C’en est fini des travailleurs publics grecs autrefois bien rémunérés!
Cela fait deux semaines que ces travailleurs occupent le Ministère, qui est devenu le centre luttes du secteur de la santé. Demain auront lieu une grève des médecins de 48 heures avec une manifestation devant le Ministère, ainsi qu’une assemblée générale au sein du Ministère pour décider de l’avenir de la lutte. Il est clair que cette lutte, les années d’austérité, et les mouvements qui s’y sont opposé ont eu un puissant impact sur leur conscience politique. Aucun d’eux ne considère leur lutte comme un cas isolé ayant pour but d’assurer leurs intérêts personnels, tous ont fait le lien entre leur lutte et celle contre la Troïka et l’austérité en général. La question d’un nouveau système économique et d’une alternative politique était au cœur des discussions.
Il règne un profond sentiment de dégoût envers la tête des syndicats, qui n’ont rien fait pour canaliser la colère et l’envie de lutter du peuple grec. Les partis de gauche provoquent aussi une grande frustration du fait qu’ils ne proposent aucune alternative aux décisions de la Troïka.
Un des travailleurs a fait remarquer qu’après deux semaines d’occupation du Ministère, le premier député à venir les voir provient d’Irlande ! Après deux semaines d’occupation, une fatigue compréhensible se fait sentir chez les dirigeants des militants, tout comme chez une grande partie des militants du mouvement grec, après des années de dures batailles. Mais à côté de ça, il y a aussi la conscience que leur lutte est vitale pour contrer ce qu’ils considèrent comme une catastrophe humanitaire en Grèce, mais également pour tous les travailleurs en Europe, qui font eux aussi face à la sauvagerie de la Troïka.
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"Solidarité à la Grèce qui Résiste"
Ce mercredi 15 février, un rassemblement de protestation contre la réunion de l’Eurogroup a eu lieu au rond point Schuman, près des bâtiments de l’Union Européenne à Bruxelles. Les manifestants s’étaient réunis à l’initiative de la campagne ”Solidarité à la Grèce qui Résiste". Dimanche dernier, le Parlement grec a voté l’application de nouvelles mesures d’austérité exigées par l’UE et le FMI. Ces mesures ont provoqué une grève de 24 heures le mardi 7 février et une autre grève générale de 48 heures le vendredi 10 et le samedi 11 février. 500.000 personnes se sont aussi rassemblées le dimanche. Ces mobilisations sont sans précédent dans l’histoire post-seconde guerre mondiale du pays.
Par Bruno (Bruxelles)
- Grèce : Un demi-million de personnes sur la place Syntagma !
- La lutte internationale peut mettre un terme à la dictature des marchés !
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Grèce : Un demi-million de personnes sur la place Syntagma !
Notre camarade Niall Mulholland s’est entretenu avec Payiatsos Andros, qui est membre de Xekinima, la section grecque du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), et qui a activement participé aux énormes manifestations de ce week-end à Athènes, lorsque les travailleurs ont fourni une réponse massive aux nouvelles coupes budgétaire et à l’austérité.
Par Niall Mulholland
Dimanche dernier, le Parlement grec a voté l’application de nouvelles mesures d’austérité qui sont exigées par l’UE et le FMI en échange d’un immense plan de sauvetage, pour empêcher la Grèce de se trouver en défaut de paiement de ses dettes massives. Ces mesures d’austérité sauvages ont été réclamées par l’Union Européenne comme une condition préalable à la libération des fonds. Mais ces mesures ont provoqué une vive réaction de la part des travailleurs grecs, avec une grève de 24 heures le mardi 7 février et une autre grève générale de 48 heures le vendredi 10 et le samedi 11 février. Cela n’a pas de précédent dans l’histoire du pays après la seconde guerre mondiale. Des protestations énormes ont eu lieu dans toute la Grèce.
Quelle est la taille des manifestations du 11 et 12 février contre les récentes coupures d’austérité?
La manifestation du dimanche 12 février, dans le centre d’Athènes, a été énorme malgré toutes les tentatives des médias grecs et étrangers pour la minimiser. Elle a été appelée par les syndicats et soutenue par tous les principaux partis de gauche.
Jusqu’à un demi-million de personnes ont défilé et se sont ralliés à la place Syntagma, devant le bâtiment du parlement national. Salonique, d’autres villes grecques et des îles comme Corfou ou la Crète ont également vu d’énormes manifestations. Les médias grecs ont sous-estimé l’ampleur de la protestation, mais le flot continu de personnes qui sortaient des stations de métro pour rejoindre le centre d’Athènes s’est transformé en un raz de marée de manifestants. Il semble que pratiquement tout le monde était là pour s’opposer aux dernières coupes draconiennes, aux diktats de la Troïka et au vote du gouvernement grec qui veut des coupes sauvages. Même les rames de métro de la riche banlieue nord d’Athènes étaient pleins.
La grève générale de 48 heures de la semaine dernière a-t-elle été effective?
Les rassemblements de dimanche ont été précédés par les deux grèves générales mentionnées précédemment qui sont parvenues à faire cesser l’activité de toutes les industries, les services publics et les transports. L’ensemble de la société a été une fois de plus paralysée par un affichage énorme de l’action collective des travailleurs contre les mesures d’austérité. Les manifestations sur ces deux jours ont été relativement faibles. La plupart des gens qui travaillent ont vu le dimanche comme un jour crucial pour protester, car c’était le jour où le parlement votait les coupes budgétaires (et les transports fonctionnaient). Ainsi, le dimanche a vu des gens qui travaillent de retour en force dans les rues, en très grand nombre.
Les médias, internationaux principalement, ont fait état d’émeutes et d’ affrontements entre les manifestants et la police anti-émeute. Quel était le vrai caractère des manifestations dans la rue, dimanche dernier?
Il y avait quelques très grands contingents syndicaux participant à la manifestation de masse le 12 février à Athènes. Un syndicat lié au KKE (parti communiste grec) avait un contingent de plusieurs dizaines de milliers de personnes. Je dirais près de 100.000 personnes. Mais la grande majorité des gens sont venus protester sans se rallier à une bannière. Beaucoup sont venus avec leurs amis et familles pour montrer qu’ils étaient opposés aux coupes. Les manifestants étaient très en colère. Les gens criaient «voleurs» , «menteurs» et «traîtres» devant l’édifice du Parlement, pendant les délibérations des députés sur les nouvelles coupes qui vont encore appauvrir une plus grande partie de la population.
Toutefois, les affrontements entre la police anti-émeute et des émeutiers (des groupes anarchistes y ont joué un rôle mais il y eu de la provocation) ont débuté à environ 17h30. Les policiers ont agi brutalement, sans discernement et ont attaqué tous les manifestants en utilisant des gaz lacrymogènes. C’est leur tactique habituelle.
Les anarchistes étaient rassemblés autour de quelques jeunes, dont beaucoup étaient naturellement furieux contre la situation et les conditions dont ils sont victimes. Malheureusement, certains de ces jeunes ont été entraînés dans des actes imprudents et contre-productif, y compris des pillages, par la situation désespérée à laquelle ils sont confrontés. Certains rapports indiquent que près de 93 bâtiments ont été détruits ou endommagés. Sans doute, des agents provocateurs étaient parmi les anarchistes, comme nous l’avons vu à plusieurs reprises auparavant en Grèce. Même des ambulanciers et des pompiers ont été attaqués alors qu’ils tentaient de faire face aux urgences et aux incendies.
Malgré tout cela, de nombreux manifestants sont restés sur la place à plus de dizaines de milliers.
Que signifie concrètement ce nouveau paquet de compressions budgétaires pour les travailleurs et les pauvres?
Ce plan nouveau d’austérité est une agression sur les plus pauvres dans la société. Le salaire minimum sera réduit de 22% ce qui vaudra seulement € 480 net par mois. Pour les moins de 25 ans, il s’agit d’une coupe de 32%, ce qui signifie vivre avec 430 euros par mois. Mais les plus touchés sont les jeunes apprentis (près de tous les jeunes employés sont maintenant des apprentis). Ils verront leur salaire mensuel passer à seulement 350 euros.
En plus de cela, il y a des mesures consistant notamment à faire immédiatement de 15.000 travailleurs du secteur public des chômeurs, avec l’objectif à long terme de la suppression des emplois de150.000 fonctionnaires. La législation du travail sera «libéralisée»pour rendre plus facile pour les patrons le licenciements des travailleurs.
Tout cela vient après des années de mesures d’austérité qui ont laissé un Grec sur trois vivre dans la pauvreté, on a vu une hausse des sans-abri, de la criminalité, l’alcool et de la drogue et des familles dévastées. La Grèce entre dans sa cinquième année de récession / crise. Les soupes populaires à Athènes doivent maintenant répondre à plusieurs milliers de demandes , où on voit aussi bien de professionnels formés que des immigrants. 30000 sans-abri vivent désormais dans les rues d’Athènes, un phénomène de proportions négligeables jusqu’à tout récemment. L’Eglise orthodoxe déclare nourrir près de 250.000 personnes par jour.
La coalition gouvernementale grecque peut-elle effectuer ces coupures?
Le gouvernement appelé «grande coalition», dirigé par un technocrate non-élu, imposé par l’union européenne, est en réalité très faible. Il y a une semaine, les trois partis de la coalition, le PASOK (social-démocratie), la Nouvelle Démocratie (conservateurs) et le LAOS (extrême-droite), ont eu une grande majorité des 266 députés sur 300 députés. Mais le projet de loi d’austérité a été voté par seulement 199 députés. C’est parce que de nombreux députés ont senti la force de l’opposition de masse et a décidé de ne pas voter contre les coupes ou à s’abstenir, en général pour tenter de sauver leur carrière politique.
Ces députés dissidents ont été expulsés par leurs partis, formant le plus grand groupe au Parlement, ce qui a causé un séisme politique Le PASOK et la Nouvelle Démocratie ont, d’un seul coup, perdu 29 députés chacun. Le PASOK est maintenant passé de 160 députés à 131, dans un parlement de 300 sièges. ND est tombé de 91 à 62. L’extrême droite du LAOS a perdu 3-4% de soutien dans les sondages en une semaine et s’est senti obligé de quitter le gouvernement juste avant le vote. Néanmoins, deux de ses ex-ministres ont rompu les rangs et ont voté pour l’austérité.
Le PASOK et la Nouvelle Démocratie doivent maintenant faire un gouvernement avec seulement 193 sièges entre eux. Le dernier parti au pouvoir, le PASOK,s’est effondré à seulement 8,7% de soutien dans les sondages. ND a baissé de 10%en un peu plus d’une semaine pour tomber à 21%. La «grande coalition», les partis de la classe dirigeante ne représente que 30,1% dans la société selon les sondages les plus récents. Dans le même temps, plus de 75% de leurs électeurs se déclarent opposé à la politique des deux principaux partis.
En réalité,ce gouvernement est suspendu à un fil. La seule raison pour laquelle il est toujours dans le bureau est que ni les syndicats ni les partis de gauche n’ont un plan pour l’abattre. Ainsi, si les mesures passent, ce sera parce que la gauche et les syndicats le lui ont permis – par leur refus d’organiser une lutte appropriée.
La gauche peut-elle remporter les élections?
Le gouvernement a déclaré cette semaine que les élections se tiendront en avril. Le Pasok s’attend à subir des pertes énormes de vote de l’électorat tout comme la Nouvelle Démocratie.
Au même moment, la gauche se redresse dans les sondages. Le KKE et SYRIZA ont maintenant une occasion énorme et disposent conjointement plus de 30% dans les sondages. Mais pour vraiment profiter de la situation, ils doivent mener un combat contre les politiques socialistes et mener une lutte de masse pour renverser ce gouvernement et à défier les exigences des marchés financiers. Ils ont besoin d’exhorter leurs partisans à organiser des réunions de masse dans tous les lieux de travail pour organiser les travailleurs et se préparer à une grève générale illimitée pour renverser le gouvernement.
Bien que le gouvernement ait réussi à obtenir des réductions votées au Parlement, il est accroché au pouvoir par un fil et est extrêmement instable. La colère énorme dans la société et l’opposition aux coupes budgétaires n’ont pas diminuées. Les syndicats ont montré un aperçu de leur pouvoir, mais n’ont pas bougé de manière décisive pour se débarrasser du gouvernement. Les partis de gauche appellent de manière rhétorique à la chute du gouvernement et à la tenue de nouvelles élections, mais ne prennent pas d’initiatives concrètes dans ce sens. Le KKE et Synaspismos appellent de façon abstraite à "des grèves, des occupations, la révolte”, etc., mais ne donnent pas de propositions concrètes visant à organiser des grèves et des occupations pour développer la lutte.
Les principaux partis de gauche, le KKE et la SYRIZA, refusent aussi de mettre en avant un programme socialiste, ce qui est essentiel dans cette situation. Ils refusent même de collaborer ensemble pour les prochaines élections. S’ils constituent ensemble la principale force politique en Grèce, le système électoral actuel leur donnera 40 autres sièges parlementaires afin qu’ils puissent même former un gouvernement majoritaire sur cette base!
A quoi appellent nos camarades de Xekinima ?
La crise économique et politique est appelée à se poursuivre. Les syndicats discutent d’une autre grève générale pour dans quelques jours. Mais cela ne doit pas être simplement pour se défouler, cela doit être un effort sérieux pour mettre à la porte le gouvernement. Nous appelons à l’organisation d’un mouvement de grève générale illimitée et à des manifestations, en vue de faire tomber le gouvernement. C’est un gouvernement de voleurs qui a perdu la confiance du peuple. Des assemblées démocratiquement élues dans tous les districts doivent se réunir dans toutes les villes et être liées entre elles au niveau régional et national afin de poser les bases d’un gouvernement des travailleurs et de ceux qui sont exploités par ce système, sur base d’un programme visant à mettre fin au capitalisme. Il faut annuler la dette et mettre fin à toutes les mesures d’austérité, et nationaliser les banques et les grandes entreprises pour qu’elles soient gérées démocratiquement par les travailleurs. Sur cette base, on pourrait introduire un plan d’urgence démocratique afin de reconstruire l’économie.
Les partisans de Xekinima qui aident à mener une occupation du ministère de la Santé ont envoyés des appels à tous les rang de gauche et les syndicats pour demander de l’aide, en particulier des syndicats du secteur de la santé. Nous utilisons aussi cela comme une base pour appeler à l’expansion de l’occupation à d’autres ministères, les conseils locaux, etc.
Nous appelons à une vague d’occupations des quartiers à Athènes et à Salonique et d’autres villes et villages pour créer un point où la résistance peut se poursuivre, se construire et encourager une nouvelle vague de grève, ainsi qu’une vague d’occupation des lieux de travail, des collèges et des écoles. Nous avons proposé à tous les groupes de gauche de se réunir et d’essayer de prendre une initiative autour de cette demande. Mais nous sommes toujours en attente de la réponse des autres forces de gauche.
Quelle est la réponse socialiste à la crise?
Les médias grecs discutent ouvertement de la vie en dehors de la zone euro. Ils spéculent que l’Allemagne peut désormais déclarer la Grèce «cause perdue» et la pousser hors de l’euro. Certains politiciens de droite allemands pensent que les actions de la BCE au cours des derniers mois sont suffisantes pour s’assurer qu’il n’y aura pas d’effets de contagion de la Grèce vers d’autres membres criblés de dettes de la zone euro ou à la fragilité du système bancaire européen. C’est l’enfer des paris!
Il n’est pas surprenant de voir dans les sondages que 54% des Grecs sont maintenant "contre l’UE" et 35% sont "contre l’euro". En dépit de leurs craintes de l’inconnu, de nombreux Grecs se demandent en quoi la situation serait pire à l’extérieur de la zone euro.
Le leader de Synaspismos est allé à la télévision dimanche dernier et a déclaré que la position de la Grèce entraîne une «négociation plus difficile» ! Mais aussi longtemps que vous acceptez les contraintes de l’économie de marché, les pouvoirs de l’UE ne donnent jamais aux travailleurs grecs le «choix» ou non de procéder à des coupes sauvages.
L’augmentation du soutien pour le KKE et Syriza illustre que la gauche est dans une position pour éventuellement former un gouvernement majoritaire.
Les partis de gauche et les syndicats doivent s’organiser autour d’un programme socialiste et démocratique et mener des campagnes structurées pour se battre pour un gouvernement des travailleurs, ce qui équivaudrait à répudier la dette, à gérer les secteurs clés démocratiquement, sous la gestion et le contrôle démocratiques des travailleurs eux-mêmes. Ainsi, on pourrait fournir de bons emplois à tous, avec un salaire décent, de même que de massivement investir dans le bien-être, l’éducation et le logement, sans oublier la gestion de la production des biens de consommations.
Un gouvernement des travailleurs ferait aussi le lien avec la classe ouvrière des autres pays européens frappés par la dette et le mouvement ouvrier dans toute l’Europe. Il serait ainsi possible de dire NON aux capitalistes européens et de combattre dans une lutte collective pour une confédération socialiste du continent.
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Grèce : La politique d’austérité sauvage est passée malgré le mouvement de masse
Lâchant les gaz lacrymogènes et toutes sortes de menaces, le gouvernement Pasok (social-démocrate, parti-frère de notre PS) en Grèce a voté en faveur de nouvelles mesures d’austérité pendant une grève générale de protestation de 48 heures et durant l’action du mouvement des “Indignés”. Des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues d’Athènes le 28 juin pendant les manifestations syndicales en direction de la place Syntagma (place de la Constitution), non loin des bâtiments du Parlement. Pendant la soirée, près de 50 000 personnes se sont rendues à un concert de “rébellion”. Mercredi 29 juin, des dizaines de milliers de gens ont convergé dans le centre d’Athènes pour y exprimer leur colère. Les confédérations syndicales avaient appelé à une grève de 48 heures. Le soutien était absolument massif. Les transports publics étaient à l’arrêt – sauf le métro, à qui on avait demandé d’amener les gens aux manifestations –, et la participation du secteur public était écrasante.
Stephan Kimmerle, CIO, Athènes
Toutefois, la réaction de la police était brutale. Leur objectif était clair – briser le mouvement. Même les médias capitalistes ont déploré la sauvagerie de l’État grec. Encore et encore, la place Syntagma et les rues avoisinantes ont été englouties dans un nuage de gaz lacrymos. Les “forces spéciales” de la police ont attaqué les manifestants, allant jusqu’à leur lancer des pierres. Le concert du soir du 28 juin a été enseveli sous un bombardement de grenades à gaz. Le 29 juin a commencé par l’attaque de la police sur les manifestants à coups de matraques et de gaz tandis que ceux-ci se rassemblaient en vue d’encercler le Parlement comme il avait été décidé.
La police n’a cette fois pas attendu les provocations de la part de collègues en civil infiltrés ou d’anarchistes. Rien que le 29 juin, 2250 cartouches de gaz lacrymo ont été utilisées contre les manifestations. Et même le soir, tandis que les manifestants tentaient de se remettre des événements en s’asseyant aux terrasses du coin pour se manger un petit souvlaki (kebab grec), ils ont encore dû subir des raids de la “police delta” – escadron spécial de deux flics sur une moto, un qui conduit, l’autre qui donne des coups de matraque et qui balance des lacrymos.
Mais cette tentative de “donner une bonne leçon” à la nouvelle couche de militants s’est retournée contre l’État. Encore et encore, les manifestants ont tenté de reprendre la place centrale d’Athènes. Une nouvelle couche de militants a développé une réelle détermination, et ceci sera important dans les luttes futures.
Le mémorandum est passé
L’objectif du mouvement des Indignés et des syndicats était clair : Non à un “second mémorandum”, c’est à dire à un nouvel énorme plan de coupes budgétaires brutales et d’autres attaques contre la classe ouvrière – un plan dicté par la “troïka” de l’UE, de la BCE et du FMI (Union européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international). C’était la nouvelle étape de la résistance. Les opposants ne voulaient pas que la majorité des dirigeants syndicaux (dont la plupart sont toujours liés au parti Pasok au pouvoir) se contente d’appeler à une autre petite grève générale d’une journée dans le seul but de laisser échapper la vapeur, puis de renvoyer tout le monde à la maison en espérant que ça leur ait suffi. Le mouvement des Indignés est donc parvenu à forcer une intensification des actions de résistance afin de tenter d’empêcher les plans des capitalistes européens et grecs et de leurs agents politiques.
Toutefois, malgré les énormes protestations de rue au cours de la grève générale du 15 juin, qui a vu 250 000 personnes défiler dans les rues d’Athènes, de même que des manifestations partout dans le pays et le mouvement d’occupation des Indignés dans diverses villes majeures, auxquelles il faut ajouter la grève générale de 48 heures et la détermination de dizaines de milliers d’opposants face au gaz lacrymo et à la brutalité policière, le parti Pasok au pouvoir a utilisé sa majorité au Parlement pour voter en faveur du plan d’austérité drastique. 154 des 155 députés Pasok “socialistes” et un député du parti libéral Nouvelle Démocratie ont voté pour, donnant ainsi une majorité de 155 voix “pour” sur 300 députés. Le seul député Pasok qui a osé voté “contre” a été immédiatement exclu de son parti.
La Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui est un des principaux journaux allemands, a cité dans son édition du 30 juin le ministre grec des Finances, M. Venizelos : « Nous faisons ce qui nous est ordonné et ce qu’on nous permet ». Un peu plus loin, ce journal rapportait aussi le fait qu’un député Pasok avait demandé à savoir à quoi sert son travail, si toutes les décisions sont de toutes manières prises par le FMI, l’UE et la BCE. Commentaire du journal : « En fait, à l’avenir, la Grèce ne sera plus qu’une démocratie limitée. La population grecque peut voter – mais cela ne changera en réalité pas grand’chose ».
En suivant cette approche, le Parlement a également voté le 30 juin en faveur d’une législation permettant au gouvernement de mettre en pratique le programme de coupes. Cela inclut la création d’une agence de privatisation, dont l’objectif sera de privatiser les compagnies du public et de vendre les actifs détenus par l’État, pour un total de 50 milliards d’euro et ce, d’ici 2015. On a également voté de nouvelles hausses d’impôts, la destruction de 150 000 nouveaux postes dans le public, et une nouvelle coupe dans le budget de la sécurité sociale (qui n’était déjà pas grand chose au départ). Par conséquent, les nouveaux chômeurs grecs devront “vivre” avec un maximum de 450€ par mois (cela étant le plafond maximum d’allocation de chômage), alors que les prix à Athènes sont toujours bel et bien comparables à ceux de Londres. Et cette allocation ne sera versée que pour les premiers douze mois de chômage – après cela, il n’y aura plus aucune allocation sociale, et il faudra aux chômeurs et à de nombreuses autres personnes aller demander l’aumône à l’église, à moins d’avoir une famille et des amis capables de les soutenir.
Avec les mesures d’austérité qui ont déjà été mises en vigueur jusqu’ici, les conditions de vie des travailleurs, des chômeurs et des pensionnés ont été gravement endommagées. Dans le secteur privé, les salaires ont été baissés de 10-20%.
Les nouvelles mesures adoptées la semaine passée au Parlement grec préparent le terrain pour encore plus d’instabilité économique, sociale et politique.
Les effets économiques de la crise et de la politique d’austérité sont dévastateurs. Loin d’initier la reprise tant promise, le chômage continue à augmenter (un nouveau pic est maintenant atteint avec 20% de chômage, dont 39% des moins de 25 ans). La “croissance” économique grecque est d’un misérable +0,2% – bien en-dessous de la moyenne de la zone euro. Les mesures drastiques mises en œuvre sapent en réalité toute possibilité de reprise et poussent la société de plus en plus près de l’effondrement.
Pour reprendre les termes du magazine britannique The Economist (30/06/2011), ce programme « va très certainement condamner la Grèce à la récession, aux troubles et au final, à la faillite »
Même les analystes capitalistes considèrent maintenant la stratégie de la troïka plus comme un “avertissement” aux autres pays de la zone euro qui ont des problèmes similaires, plutôt que comme une tentative de résoudre la crise grecque. Cela fournit également aux multinationales une bonne occasion de s’emparer des entreprises d’État grecques, comme la compagnie des télécoms OTE ou la compagnie électrique DEI, selon des termes plus qu’avantageux pour les “investisseurs” étrangers, à seulement 20-30% de la valeur d’avant-crise de leurs actions.
Wolfgang Münchau dans le Financial Times (27/06/2011, avant le vote du Parlement) faisait ce commentaire : « La stratégie de l’UE réduit le choix des Grecs à ceci : la faillite le mois prochain, ou l’an prochain ».
Ce délai d’un an semble bien optimiste, comme l’explique l’éditorialiste de The Economist (30 juin) : « Chaque trimestre, avant que les pays de la zone euro et le FMI ne donnent leur paquet d’aide suivant, ils doivent décider si oui ou non la Grèce est sur la bonne voie. Et chaque trimestre il sera de plus en plus clair que la réponse est : non ».
Le non-paiement de la dette par la Grèce aurait des répercussions gigantesques, et remettrait en question l’ensemble du projet de l’euro et mènerait à de nouveaux revirements économiques et politiques spectaculaires. Mais le non-paiement, tout en offrant au capitalisme grec un certain espace pour pouvoir respirer, n’est pas une issue pour les travailleurs, pour les jeunes, les pauvres et les classes moyennes, à moins que cela ne soit lié à une rupture avec le capitalisme. De même, quitter l’euro tout en restant dans le cadre du capitalisme signifierait une chute du niveau de vie sur base de la dévaluation de l’extérieur plutôt que de l’intérieur.
Un programme d’austérité forcé à coups de lacrymo
Pour pouvoir mettre en œuvre les dernières mesures d’austérité, une pression énorme de la part de l’UE et des institutions capitalistes, ainsi qu’une vaste campagne de propagande médiatique ont été utilisées. Ollie Rehn, Commissaire européen pour l’Économie, a bien expliqué son point de vue : « La seule manière d’éviter la faillite immédiate consiste en l’acceptation par le Parlement du programme économique révisé ». Les politiciens des principales puissances européennes ont bien souligné le fait qu’il n’y a pas de “plan B” pour éviter la faillite dans les jours qui viennent. Le gouverneur de la Banque centrale grecque, M. Georgios Provopoulos, a lui aussi déclaré : « Refuser de voter en faveur de ce plan serait un crime de la part du Parlement », car cela signifierait que « Le pays serait en train de voter son suicide ».
Le Vice-Premier Ministre grec Theodoros Pangalos, a dépeint ce tableau de cauchemar : « Retourner à la drachme signifierait que le lendemain, les banques seraient prises d’assaut par des hordes de gens terrifiés cherchant à reprendre leur argent ; l’armée se verrait obligée de les protéger avec des tanks, parce qu’il n’y aurait pas assez de policiers … Il y aurait des émeutes partout, les boutiques seraient vides, des gens se jetteraient par les fenêtres ».
Ayant communiqué cet avertissement, le gouvernement Pangalos a donc organisé des émeutes de lui-même par en-haut, avec des ordres clairs demandant à la police de lancer une attaque chimique – les lacrymos – contre les manifestants dans la capitale grecque. Les actions de la police ont été si néfastes que le président de la fédération des pharmaciens d’Athènes – lui-même membre du parti libéral Nouvelle Démocratie – a jugé dangereux l’usage des gaz lacrymos, irresponsable et complètement hors de toute limite. Le syndicat des médecins a confirmé ceci en déclarant qu’une telle intensité dans l’utilisation de ces gaz va même à l’encontre de la Convention de Genève !
Les attaques brutales perpétrées par la police ont été ordonnées afin d’accomplir les souhaits des grandes puissances capitalistes en Europe et ceux des hommes d’affaires grecs, qui veulent s’assurer que les sommes gigantesques en bons d’État et autres produits de spéculation troqués par les banques, les grosses boites et des pays comme la France, l’Allemagne, les USA, et d’autres, seront protégées ne serait-ce que pour la courte période à venir.
État du mouvement de résistance
Après l’échec des espoirs d’empêcher le vote du Parlement en faveur du mémorandum, 10 000 manifestants ont rempli la place Syntagma le soir du 30 juin, ce qui est jusqu’ici une des plus grandes assemblées. Ceci a en soi grandement redonné de la confiance aux participants. Le sentiment de solidarité mêlé aux rapports des batailles des deux derniers jours, tandis que des nuages de gaz flottaient toujours dans l’air, a grandement accru la détermination de nombreux participants.
Toutefois, le mouvement des Indignés doit faire face à des difficultés et à un revers. Si nous ressassons le fil des événements des dernières semaines, il est clair que la grève générale du 15 juin était le pic mouvement, où toutes les questions cruciales se sont posées.
Le gouvernement Pasok était comme suspendu. Le mouvement des Indignés et les actions de grève montraient leur force. Mais quelle était l’alternative aux plans du gouvernement ? Tout le monde voulait se débarrasser du gouvernement, et très peu de gens voulaient aussi un retour de Nouvelle Démocratie au pouvoir – mais quelle est l’alternative ? Tandis que la journée du 15 juin se terminait dans les émeutes et les nuages de gaz, forçant la masse des gens à quitter la place Syntagma (bien que des dizaines de milliers soient revenus quelques heures plus tard !), une autre question cruciale se posait : comment le mouvement de masse peut-il se développer de sorte à permettre à la classe ouvrière d’y participer ?
Étant donné la tactique de frein employée par les dirigeants syndicaux, le rôle des partis de gauche de masse et la faiblesse du mouvement d’opposition de masse, aucune réponse n’a été donnée à ces questions. Un programme pour mettre fin à la dictature des marchés, de la troïka et du capitalisme grec était nécessaire, mais n’a pas été mis en avant par ces forces.
Une stratégie d’intensification de la lutte après la grève générale de 48 heures était nécessaire afin de montrer la route à suivre, même au cas où le Pasok ferait quand même passer le mémorandum en faveur de la nouvelle politique d’austérité. Les idées et les tactiques sur la manière de construire un véritable mouvement de masse avec la participation active de la classe ouvrière sur les lieux de travail et avec une structuration des assemblées par l’élection de représentants à des organes de masse et par une démocratie complète – tous ces points urgents étaient absents.
Pour cette raison, et aussi du fait du soutien sans faille à la grève de 48 heures, le taux de participation aux manifestations a été bien plus bas que celui de la semaine passée, au moment de la grève générale du 15 juin. L’humeur a changé au cours des deux semaines qui ont mené à la grève générale de deux jours. Les immenses frustration, amertume et colère quasi-universelles sont toujours bien présentes – contre la vente des services publics à des compagnies internationales et grecques, contre la hausse des taxes et les coupes salariales, et contre une autre chute catastrophique du niveau de vie. Toutefois, le sentiment de victoire qui avait suivi l’annonce de sa démission par Giorgios Papandreou (le Premier Ministre et dirigeant du parti Pasok) pendant la grève générale du 15 juin a été remplacé par une certaine déception lorsque Papandreou est revenu sur cette proposition. Le gouvernement Pasok a été réarrangé, certains ministres ont changé de place. La direction du Pasok tente de restabiliser ses députés, de les forcer à se regrouper afin d’éviter des élections anticipées et de pouvoir s’accrocher au pouvoir.
Cela a suscité une remise en question dans l’esprit des gens, quant à la possibilité qu’ont le mouvement d’opposition, les assemblées de masse sur les places partout dans le pays, les grèves générales et les manifestations de masse de bloquer les attaques et de changer quoi que ce soit.
Bien sûr, comme l’Histoire l’a démontré à maintes reprises, la résistance déterminée de la classe ouvrière et la lutte des masses pour leurs propres buts peut forcer les gouvernements et les capitalistes à faire toutes sortes de concessions, voire briser leur pouvoir. Cependant, des méthodes victorieuses doivent être redéveloppées et redécouvertes au cours des nouvelles batailles qui émergent de la crise capitaliste mondiale. Les marxistes peuvent jouer un rôle dans ce processus, et même aider à l’accélérer, afin d’assurer le fait que les leçons cruciales des luttes du passé soient toujours présentes pour la nouvelle génération de combattants de classe.
Défendre les manifestations
Un important enjeu auquel a été confronté le mouvement, a été l’utilisation inconsidérée de gaz lacrymos et autres armes chimiques par la police le 15 juin, et la certitude que cela se reproduirait. Cela a été confirmé par la détermination de la police à briser le mouvement et à empêcher les masses de rester sur la place.
Cela a compliqué la mobilisation pour les manifestations pendant la grève générale de deux jours. Les masses avaient besoin d’une stratégie claire permettant de répondre aux émeutes et à la brutalité policière, de même que d’une alternative politique pour faire chuter le gouvernement, liée à la lutte contre le capitalisme. Au final, le mouvement n’est pas parvenu avant la grève générale de 48 heures à répondre à la question des provocateurs policiers et du petit nombre d’anarchistes qui continuaient à trouver des arguments en faveur de leurs émeutes.
Après que les 250 000 manifestants du centre d’Athènes aient été expulsés de la place Syntagma le 15 juin par la police, seulement quelques dizaines de milliers ont réoccupé la place plus tard dans la journée. Il était évident que les émeutes avaient joué un rôle en faveur du gouvernement. Clairement, l’État a de bonnes raisons d’envoyer des flics en civil parmi les manifestants pour y démarrer des émeutes, et cela est largement compris en Grèce.
Une majorité des participants aux assemblées qui ont suivi ont défendu le droit à l’auto-défense par les manifestants, mais ont insisté sur l’appel à des manifestations pacifiques, pour les rendre attractives et pour donner la possibilité à la masse des travailleurs de s’y rendre. Ce n’est que lors des plus petites assemblées sur la place Syntagma qu’une majorité s’est prononcée en faveur des émeutes – les assemblées plus larges ont rejeté cet argument.
Cependant, toutes les propositions aux assemblées et aux syndicats en faveur de l’organisation d’un véritable service d’ordre pour défendre les manifestations contre la police et contre les provocateurs n’y ont dans la pratique pas trouvé de réponse. Au final, la décision des principales assemblées de la place Syntagma était assez floue pour la plupart des travailleurs et des jeunes.
Le manque d’une alternative politique
De nombreux travailleurs et jeunes ont ressenti de la sympathie envers le mouvement, mais ont également vu les risques que comporte la participation aux manifestations, face à une police déterminée et violente. Les travailleurs n’ont pas reçu un programme et des revendications de classe clairs qui puissent les amener à participer au mouvement de manière active. La tactique d’intimidation et le chantage du gouvernement Pasok, son affirmation que l’alternative à son programme serait les tanks dans les rues pour protéger les banques, l’arrêt immédiat des salaires et des allocations des travailleurs du public et des retraités, etc. semblent avoir partiellement fonctionné, parce qu’aucune force alternative de masse – ni les syndicats, ni les grands partis de gauche – n’a proposé la moindre alternative de classe viable.
Les principaux dirigeants syndicaux sont membres du Pasok, et ce n’est que sur base de l’immense pression de la base qu’ils se sont sentis obligés d’appeler à une grève générale de 48 heures. GENOP, le syndicat des travailleurs de l’électricité de la compagnie DEI (qui appartient toujours jusqu’à présent à 51% à l’État) est parti en grève contre la privatisation. Toutefois, cette action était une grève “silencieuse”. Les grévistes n’ont pas été mobilisés par le syndicat pour participer aux mouvements et aux manifestations, et sont à la place restés chez eux. Leur dirigeants ont également annoncé à l’avance, avant la grève générale de 48 heures, que leur grève ne durerait que jusqu’au 30 juin. L’effet de ce genre de grève a par conséquent été extrêmement limité.
Le KKE (Parti communiste grec) a décrété que le mouvement d’occupation est “petit-bourgeois” et ne met en avant “aucune proposition” – ni politiquement, ni en tant que stratégie sur la façon de mener la lutte. Il y a un élément de vérité dans cela, mais en l’absence d’une véritable alternative militante, le mouvement des Indignés a fourni un point de référence pour ceux qui voulaient riposter. Les dirigeants du KKE ont été incapables d’appeler au-delà de leurs propres sympathisants, et tout en parlant de manière abstraite de la fin du capitalisme, n’ont fait absolument aucune proposition sur la manière de développer la lutte, ont refusé d’appeler au renversement du gouvernement, et ont insisté sur le fait qu’un éventuel retrait de la zone euro serait “mauvais” pour la Grèce.
Le dirigeant de Syriza, Tsipras, et sa plus grande composante, Synaspismos (“euro-communiste”), n’ont pas appelé au non-paiement de la dette souveraine due aux banquiers ni à la nationalisation des banques. Synaspismos a tenté de défendre l’institution européenne de manière abstraite, et a aussi défendu le fait qu’il faut selon lui rester dans la zone euro. Le parti reste cloitré dans une logique qui ne sort pas du cadre du capitalisme, un système qui impose la misère et le chômage à la population laborieuse grecque.
Xekinima, la section grecque du CIO, n’a défendu ni le fait de rester membre de l’UE ou de la zone euro, qui représentent toutes deux l’Europe des patrons, ni le fait de retourner au drachme, l’ancienne monnaie grecque. Seule une lutte unie des travailleurs et des jeunes à travers toute l’Europe et dans le monde entier, contre la politique d’austérité et contre le capitalisme, et une lutte pour une Europe unifiée en tant que membre d’une confédération d’États socialistes, peut apporter une solution définitive à la crise. Cela verrait une véritable coopération internationale entre les travailleurs, sur base d’une économie démocratiquement planifiée.
Si les travailleurs et la jeunesse grecs parviennent à mettre un terme aux mesure d’austérité draconiennens qui leur sont imposées par les capitalistes européens et grecs, cela pourrait mener à la tentative d’expulser la Grèce hors de la zone euro. Toutefois, cela ouvrirait la porte à une nouvelle étape de résistance de masse à l’échelle européenne afin de forcer les grandes puissances et les classes capitalistes à faire de nouvelles concessions et de remettre en question leur règne en général. Plutôt qu’une “solution nationale” avec le retour à la drachme – ce qui engendrerait une hausse subite des prix et de l’endettement des travailleurs, et des réductions de salaire dues à la dévaluation de la monnaie nationale – il nous faut une stratégie socialiste internationale. Et comme l’a montré la récente résistance de masse à l’échelle internationale – en Égypte, en Tunisie, en Espagne, au Portugal et en Grèce – le potentiel pour une riposte unie existe, tout comme la création instinctive de liens entre ces luttes.
Les Indignés
Le mouvement des Indignés a connu un développement rapide depuis l’occupation de la place Syntagma le 25 mai. Les résolutions adoptées par les assemblées ont souvent été contradictoires. Souvent, un pas en avant était suivi par un demi-pas en arrière le lendemain. Cependant, en général, ces résolutions ont reflété un développement de la compréhension des militants : nombre d’entre eux ont vu la nécessité de relier leur mouvement à celui des travailleurs et des grévistes, et cela a été de plus en plus mis en avant. Les revendications politiques se sont développées jusqu’au point où il est maintenant accepté non seulement le refus du paiement de la dette, mais aussi d’appeler à la nationalisation des banques. Des propositions pour aller plus loin, y compris la nationalisation des principales entreprises sous contrôle et gestion des travailleurs, ont été discutées.
Les premières tentatives d’étendre les assemblées sur le plan local ont été couronnées de succès – organisées par des militants de gauche, des assemblées allant jusqu’à 200 personnes se sont rassemblées dans différents quartiers d’Athènes. Un appel à former des assemblées sur les lieux de travail a lui aussi été lancé, mais a rencontré des difficultés et n’a pas jusqu’ici reçu de véritable réponse, bien que le concept général ait été mis en avant.
Une première tentative de former un comité de représentants des assemblées locales, des dirigeants syndicaux les plus combatifs représentant les travailleurs communaux, et de l’assemblée de la place Syntagma a échoué. Toutefois, cela a montré la direction à suivre pour aller de l’avant. Un tel comité aurait pu exercer une pression sur les principaux dirigeants syndicaux pour aller plus loin, et aurait pu les mettre en question quant à leur approche.
En ce qui concerne d’autres enjeux, l’assemblée a été à chaque étape naïve et n’a jamais pris en compte le rapport de forces. Malgré ses annonces, l’assemblée n’a jamais été capable de mobiliser pour des grèves ou des occupations d’entreprise. Il aurait fallu une approche plus habile afin d’attirer les militants syndicaux combatifs et d’exercer une pression plus intense encore sur les appareils.
À côté de ça, la plus grande faiblesse du mouvement des Enragés a été son incapacité à gérer les émeutes et l’approche soi-disant “apolitique” de certains opposants.
Comme nous l’avons dit plus haut, une position claire d’auto-défense des manifestations contre la police et les agents provocateurs était nécessaire afin de permettre une participation plus large de nouvelles couches de travailleurs et de jeunes, et d’accroitre la force du mouvement de masse. Au cours des discussions des assemblées, la discussion sur la dynamique politique de centaines de milliers de participants au actions, par exemple, du 29 juin, a reçu très peu d’attention par rapport à l’espace qui a été donné à l’élaboration de plans pour bloquer telle ou telle route, dont aucun ne s’est de toute manière concrétisé faute de participants.
Bien que les arguments “apolitiques” et l’opposition à “tous les partis” ont en partie perdu du terrain au cours des débats, cette attitude était toujours présente et a agi comme un obstacle par rapport aux besoins et aux développement du mouvement de masse.
Des mesures telles que le refus de payer les dettes ou la nationalisation des banques, par exemple, sont dirigées contre les intérêts des capitalistes et sont politiques. La nécessité de formuler une alternative au chantage et à la tactique d’épouvantail du gouvernement Pasok et des médias capitalistes exige ne serait-ce que l’ébauche d’une perspective politique claire.
Le sentiment “contre tous les partis” est compréhensible, étant donné le niveau de corruption, l’hypocrisie et la politique de tous les partis de l’establishment. Les grands partis de gauche ont eux aussi tout fait pour renforcer la méfiance dans les organisations de parti ou dans les “concepts politiques”.
Toutefois, la revendication de rester “apolitique” a entravé le mouvement et sa progression – au moment où la situation était la plus urgente. La possibilité d’une chute du gouvernement a immédiatement soulevé la question d’une alternative, basée sur l’implication active des travailleurs via leurs assemblées, avec l’extension de ces organes sur le plan local et sur les lieux de travail, avec l’élection de délégués qui représentent l’ensemble du mouvement, à condition de rendre des comptes en permanence aux assemblées qui les ont élus, et être révocables à tout moment.
L’argument du gouvernement Pasok comme quoi “il n’y a aucune alternative” a mis en évidence la nécessité d’un programme viable, qui place les immenses ressources de la société entre les mains des travailleurs, afin de développer un plan démocratique pour surmonter la crise économique.
Le fait est qu’il n’y a réellement absolument aucune solution au problème de la Grèce, et à la crise mondiale du capitalisme. Les attaques internationales sur les travailleurs mettent exactement le doigt sur la nécessité d’une réponse de la part de la classe ouvrière, sur la nécessité d’une coopération internationale pour combattre le capitalisme.
Ces développements mettent en relief la nécessité pour les Indignés et pour les militants syndicaux combatifs, dans les appareils comme sur les lieux de travail, de transformer leur mouvement en une nouvelle force de masse des travailleurs, qui offre une alternative. Ceci pourrait contribuer à éjecter les dirigeants syndicaux qui sont toujours liés au parti pourri qu’est le Pasok, et à revigorer le débat sur le programme et la stratégie à adopter pour mettre un terme à la misère capitaliste, une bonne fois pour toutes.
Cependant, avec les assemblées, les contours d’un nouveau centre du mouvement a été vu, qui pourrait aider la lutte à franchir les barrières des structures syndicales conservatrices et bureaucratiques, et de la faillite des partis de gauche. Le mouvement et les assemblées ont été qualifiées de “petit-bourgeois” par certaines personnes à gauche – surtout par le KKE. Il est vrai que la classe ouvrière n’a pas encore imprimé sa marque de manière décisive sur l’orientation principale du mouvement d’opposition. Mais les assemblées sont bel et bien parvenues à défier les dirigeants syndicaux et à remettre en question leur monopole sur les décisions quant au cours que devrait suivre le mouvement ouvrier. Cette tendance pourrait s’avérer extrêmement puissante à l’avenir, si des assemblées de travailleurs de la base devaient se créer dans les usines et les bureaux, en organisant un débat franc et ouvert, en prenant des décisions collectives et en élisant des représentants pour faire appliquer les décisions des travailleurs et pour former la base d’une nouvelle démocratie ouvrière !
Préparons-nous pour septembre !
Puisque les méthodes traditionnelles de lutte de masse – via les syndicats et les partis de gauche de masse – sont soit semées d’embuches, soit pas viables du tout, les travailleurs, les jeunes et les chômeurs en Grèce ont été forcés d’inventer, encore et encore, de nouvelles manières d’exprimer leur colère et de chercher une manière de riposter. On a vu cela avec le mouvement du “non-paiement” des péages routiers, qui a duré les trois premiers mois de cette année. Les péages routiers ont été démantelés par des manifestants, et des campagnes de non-paiement ont été organisées dans les bus et dans les trains. Le développement des assemblées et du mouvement des Enragés a vu de nouvelles tentatives d’auto-organisation être mises à l’épreuve. Quelle nouvelle expression de la colère des travailleurs sera créée dans les mois qui viennent ?
Pour Xekinima, la section grecque du CIO, il faut utiliser la détermination des militants qui refusent d’abandonner la lutte, pour discuter des leçons du mouvement et de la manière de le développer. Après la défaite qu’a été le vote du mémorandum au Parlement, nous allons sans doute assister à une pause dans le mouvement, jusqu’à la fin de la vague de chaleur estivale et des vacances en aout. Mais les membres de Xekinima sont convaincus du fait qu’il est nécessaire d’organiser cette pause de manière ordonnée, de discuter dans les assemblées de l’opportunité d’une éventuelle pause, de sorte à éviter une nouvelle vague de démoralisation qu’engendrerait un déclin désordonné du taux de participation. Pour Xekinima, cette période devrait être utilisée pour préparer de nouvelles assemblées des militants enragés dans les quartiers et sur les lieux de travail, pour prendre un nouveau départ sur base de plans concernant les prochaines étapes du mouvement de la base.
Xekinima met en avant la revendication selon laquelle le mouvement des Indignés et d’opposition de masse à l’austérité devrait jeter les bases d’un nouveau mouvement ou formation politique, basé sur des revendications anticapitalistes radicales. Selon de récents sondages, seules 47% des masses grecques se disent prêtes à aller voter pour l’un ou l’autre des partis existants, de droite comme de gauche, ce qui illustre le potentiel pour une alternative socialiste déterminée.
Ce n’est pas que le gouvernement Pasok qui a été pris de court par le mouvement de masse, mais les gouvernements de toute l’Europe. Le mouvement a inspiré les travailleurs et les jeunes à travers toute l’Europe, et dans le monde entier – de la même manière que la rébellion espagnole et la vague révolutionnaire en Afrique du Nord et au Moyen-Orient ont inspiré le mouvement grec. Si les Indignés parviennent à organiser une nouvelle série d’assemblées afin de débattre et de clarifier les idées, et à revenir dans les rues après l’été pour reprendre la lutte contre de nouvelles attaques et contre chacune des tentatives de mettre ce mémorandum en application, alors les possibilités sont là pour que ce mouvement de masse aille beaucoup plus loin.
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Manifestation massive au Forum Social Européen d’Athènes
Une politique socialiste et combative est nécessaire pour résister à la guerre, à la casse sociale et au capitalisme
Le samedi 6 mai, plus de 100.000 travailleurs et jeunes grecs se sont rassemblés pour une manifestation de 7 kilomètres contre la guerre et l’exploitation capitaliste. Cette marche était à l’initiative du Forum Social Européen (FSE) qui s’est déroulé à Athènes du 4 au 7 mai. La manifestation avait une taille impressionante, même pour les traditions du mouvement ouvrier grec. La police, une fois de plus, a tout fait pour se ridiculiser en déclarant initialement qu’il n’y avait que 15.000 participants, chiffre doublé ensuite pour se contenter enfin de mentionner la longueur de la manifestation.
Andros, Xekinima (organisation-soeur du MAS en Grèce)
La foule s’est dirigée vers l’ambassade américaine pour protester contre les politiques impérialistes des Etats Unis et de l’Union Européenne au Moyen-orient, en Irak et en Iran. Ensuite, la manifestation a pris le chemin du Parlement grec pour exprimer son opposition aux politiques menées contre la classe ouvrière par le gouvernement grec et l’Union Européenne. L’atmosphère présente à cette marche était jubilatoire. Sa taille a permis aux travailleurs de sentir leur force et de donner un puissant message pour toute la société grecque. Le fait qu’étaient présent environ 9.000 activistes du reste de l’europe – en particulier de France, d’Italie, de Turquie et des Balkans (plus ou moins 2.000) – a pu donner un véritable élément d’internationalisme.
Xekinima
Xekinima, la section grecque de notre internationale, le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), a mené une campagne enthousiaste pour le succès de cette manifestation du 6 mai et a pris également part aux discussions durant le FSE. Nous avons notamment produit 10.000 affiches et 20.000 tracts appelant les travailleurs et les jeunes à prendre part à cette marche. Il y avait aussi des versions turque, italienne et anglaise du tract de Xekinima/CIO que nous avons distribué au FSM.
En même temps, nous avons critiqué les politiques du FSE et, en général, des Forums Sociaux (Forum Social Mondial et les forums sociaux nationaux) ainsi que la direction suivie par ces forum sociaux. Les slogans du FSE – contre la guerre, le néo-libéralisme et le racisme – sont tellement généraux qu’ils permettent à n’importe qui de prendre part aux évènements organisés, comme les partis sociaux-démocrates qui supportent les politiques menées contre les travailleurs et les appliquent même lorsqu’ils sont au gouvernement !
Les forums sociaux sont maintenant dominés, bien plus que par le passé, par les partis de la Gauche Européenne, comme le Parti Communiste en France (PCF), la Refondation Communiste en Italie (PRC) ou le Parti du Socialisme Démocratique en Allemagne (PDS). Beaucoup de ces partis sont coupables de participer, avec les sociaux-démocrates, à des gouvernements qui mènent des politiques anti-travailleurs et anti-immigrés.
Ces caractéristiques du FSE minent ses perspectives futures et ses capacités à jouer un rôle unificateur pour les luttes de la classe ouvrière contre des politiques à caractère européen ou international. Seule une approche anti-capitaliste et des idées socialistes peuvent offrir le programme nécessaire aux activistes de toute l’Europe pour combattre la politique du capital. Xekinima et le CIO participent aux initiatives majeures des Forums Sociaux tout en critiquant ouvertement de mannière claire et constructive les orientations que nous jugeons mauvaises.
Le reste de la gauche
Le reste de la gauche grecque n’a pas une approche similaire. Les organisations qui prennent part au Forum Social Grec et au récent Forum Social Européen à Athènes n’évaluent pas de façon critique ces organisations, ou le font de manière trop partielle. Chaque organisation parlant au nom de Trotsky autre que la nôtre, comme l’International Socialist Tendency (le SWP britannique) ou l’USFI, le Secrétariat Unifié de la Quatrième Internationale (La LCR en France), tentent de créer un optimisme artificiel sur l’avenir et le rôle de ces forums sociaux.
Les organisations critiques envers le FSE et le Forum Social Grec, comme le Parti Communiste Grec (KKE) et les groupes maoïstes ainsi que leurs alliés, choisissent de rester en dehors et d’attaquer le FSE et tout ceux qui participent à ces évènements. Ils se coupent ainsi des centaines de milliers de travailleurs qui répondent ou sont attirés par l’appel anti-guerre et anti-néo-libéral des organisations autour du FSE. Le Parti Communiste Grec, en particulier, a panniqué durant la semaine précédent le FSE et a entammé une forte campagne pour couvrir les affiches annonçant le FSE. Cela s’est avéré vain. Les groupes maoïstes et leurs alliés ont quant à eux appelé à un « contre-forum » et à une « contre manifestation » qui a rassemblé à peu près 500 personnes.
Le journal du Parti Communiste du 7 mai avait une petite note sur la manifestation à l’appel du FSE où était déclaré qu’environ 7.000 personnes y avaient pris part.
Perspectives
Jusqu’au meeting du FSE à Athènes, les organisateurs étaient assez pessimistes sur l’avenir de l’initiative. Cela était essentiellement arrivé après le 3e meeting du FSE, tenu à Londres. Le Maire de londres, Ken Livingstone, et le SWP britannique étaient deux des principales forces dirigeantes de cet événement ce que beaucoup d’activistes avaient mal ressentis. Mais le meeting d’Athènes a revivé leurs espoirs.
Une résolution est passée à la conférence du FSE à Athènes appelant à une meilleure coordination des actions au niveau européen, spécialement sur les questions de la guerre et du racisme. La résolution appelle à une semaine d’actions contre la guerre (du 22 au 30 septembre), et à une journée d’actions le 7 octobre contre le racisme et en soutien des droits des immigrés.
Ce sont des initiatives positives, mais loin d’être suffisantes. Les organisateurs du FSE semblent éviter, de toutes les manières possibles, de voir la remontée de la lutte des classes en Europe et les actions de classe décisives que cela demande. Cela inclut entre autre les thématiques de la pauvreté qui s’accroît, de l’inégalité, de l’exploitation et des attaques sur les pensions. Bien plus encore, les organisateurs du FSE semblent éviter de proposer des moyens de lutte qui puisse stopper ces politiques. Des festivals, des journées de protestation et autres manifestations colorées peuvent être utiles, mais sans actions de lutte et sans protestations de masse de la part de centaines de millions de travailleurs et de jeunes à travers l’Europe, les capitalistes – en Europe et internationallement – vont continuer à appliquer les mêmes politiques.
Dans les rangs des activistes, une conclusion va s’imposer avec le passage du temps : le capitalisme ne peut pas devenir « humain ». Les guerres, le racisme, la pauvreté et la famine ne seront jamais éliminés tant que le capitalisme ne sera pas tombé.
Xekinima (CIO) a eu une excellente délégation lors de la manifestation du 6 mai à Athènes, avec plus de 400 participants de Grande-Bretagne, d’Irlande, de belgique et d’ex-Union Soviétique. Cette délégation a été remarquée tant par nos amis que par nos ennemis pour son côté éminement militant et plein de vitalité.
La campagne de Xekinima pour renforcer le soutien au FSE et à la marche du 6 mai n’a duré que 8 jours, le FSE venait peu de temps après les vacances de Pâques grecques. Durant ces journées de mobilisations, plus de 1000 journaux de Xekinima ont été vendus, et à peu près 1.300 euros ont été récoltés pour notre fonds de lutte. Beaucoup de personnes intéressées par les idées défendues par Xekinima et le CIO ont laissé leurs coordonnées pour nous rejoindre ou nous aider dans notre travail.
Raph Parkinson, vice-président du bureau exécutif de UNISON – syndicat du secteur public en Grande-Bretagne – et membre du Parti Socialiste d’Angleterre et du Pays de Gales, membre du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), s’est également rendu au Forum Social Européen. Raph écrit à titre personnel:
« Des socialistes, syndicalistes, Organisations Non Gouvernementales (ONG), communautés et de jeunes activistes se sont rencontrés pour discuter d’un large pannel de problématiques au Forum Social Européen d’Athènes, entre autres des privatisations, du développement du commerce équitable, de l’Amérique Latine, de la guerre en Irak, et de la libération sociale. En comparaison au FSE tenu à Londres il y a deux ans, l’atmosphère à Athènes était plus sérieuse, mais il y avait moins de participants.
Le point culminant était pour moi la très large manifestation du 6 mai contre la pauvreté, le chômage, la guerre et le racisme. Les membres du Parti Socialiste d’Angleterre et du Pays de Gales ont marché sous la bannière de Xekinima, la section grecque du CIO.
Cette section était suivie par la délégation de Youth Against Racism in Europe (YRE, Jeunes contre le Racisme en Europe, campagne lancée à l’initiative du CIO) qui comprenait beaucoup d’immigrés vivant en Grèce.
Il était fort remarquable que les manifestants du CIO et de YRE étaient très dynamiques, en chantant notamment des chants de lutte variés, et étaient bien organisés.
Une « contre-manifestation » est sortie de la manifestation principale pour tenter d’attaquer l’ambassade américaine et a été confrontée à la police anti-émeute. D’innocents manifestants ont été gazés. Les stewards du CIO et de YRE ont maintenu à cette occasion une approche disciplinée pour défendre leurs délégations contre toutes attaques possibles.
Les télévisions ont montré les McDonalds attaqués, mais n’ont pas montré la majorité pacifique de la manif’. En Bref, le FSE cette année fut mieux organisé, avec moins de conférences, mais des discussions plus sérieuses.