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Tag: Organisation Mondiale du Commerce
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Ils nous demandent de nous serrer la ceinture, mais eux s’en foutent plein la panse !
Alors qu’en Grèce, le taux de pauvreté record force des centaines de milliers de personnes à se présenter aux distributions de nourriture gratuite pour survivre (phénomène bassement récupéré par le parti d’extrême-droite Aube Dorée) et que l’Espagne et le reste de l’Europe dévalent la même pente, à Bruxelles, c’est une avalanche de bouffe sur laquelle une centaine de multimillionnaires et milliardaires, membres du think-tank ‘‘Friends of Europe’’, pourront se jeter le jeudi 11 octobre, dans le cadre d’un repas organisé au palais d’Egmont en l’honneur de son président le vicomte Etienne Davignon.
Par Romain (Liège)
Rassemblement contre le banquet des riches : Jeudi 11 octobre à 18h au Petit Sablon, rue de la Régence à Bruxelles (arrêt tram 92).
Il s’agit du diner annuel en l’honneur du président de ce think thank néolibéral, un rendez-vous qui rassemble une centaine de personnalités européennes : des politiciens, des experts de la finance, des personnages influents des médias et de la société civile, des ambassadeurs ainsi que des dirigeants de 40 firmes parmi lesquelles BP, Total, ou encore Coca Cola. La liste des invités comprend le financier et spéculateur George Soros (à qui l’on doit par exemple l’invention des hedge funds), le président de la commission européenne José Manuel Baroso ou encore le président du conseil européen Herman Van Rompuy. ‘‘Friends of Europe’’ est un think thank basé à Bruxelles sous la présidence d’Etienne Davignon, par ailleurs déjà créateur du lobby de la très patronale ‘‘Table ronde des industriels européens’’ et destinée à ‘‘encourager les discussions et les réflexions sur les problèmes auxquels font face l’Europe et ses citoyens’’. La nature de ces ‘‘discussions’’ et de ces ‘‘réflexions’’ est notamment indiquée par la composition de son conseil d’administration, où l’on retrouve entre autres Pascal Lamy, directeur général de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC).
Ce triste personnage s’est taillé une certaine notoriété en étant l’instigateur de l’Accord multilatéral sur l’investissement (AMI) négocié secrètement au sein des vingt-neuf pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) entre 1995 et avril 1997 et qui prévoyait notamment de permettre aux entreprises d’attaquer en justice un Etat suite à une grève ou une manifestation (!). Heureusement, la divulgation publique de ce traité a suscité tellement de protestations que le projet fut enterré en 1998. Ce n’est qu’un exemple, mais il est extrêmement révélateur de la nature des discussions qui prennent place dans un tel diner où l’on retrouve beaucoup d’invités réguliers des conférences du groupe Bilderberg (autre réunion ‘‘informelle’’ des puissants de ce monde). Entre deux plats dont le prix pourrait payer le loyer d’un ménage, il sera question de la domination de l’élite capitaliste sur l’économie, et de la meilleure stratégie à appliquer pour la préserver.
Les Comités Action Europe, ‘‘un collectif qui rassemble des militants syndicaux, des altermondialistes, indignés ou des citoyens révoltés’’, appellent à une mobilisation massive le 11 octobre à 18h devant le palais d’Egmont pour faire entendre notre colère. Ce n’est pas à une élite qu’il appartient de manipuler l’économie afin de sauvegarder ses privilèges et asseoir son influence !
Le PSL et les Etudiants de Gauche Actifs soutiennent cet appel, et mobilisent pour faire de cette action un succès. Ce sera aussi, pour tous les participants, l’occasion, au-delà de la protestation, de discuter ensemble de la meilleure manière d’en finir avec la domination d’une infime élite de parasites capitalistes sur l’économie. Nous revendiquons l’organisation de l’économie de façon démocratiquement planifiée, sur base de la nationalisation des secteurs vitaux de l’économie. De cette manière, il serait possible d’orienter la production de la société vers la satisfaction des besoins de la population et non pour tenter de calmer l’avidité sans borne des spéculateurs, des grands actionnaires et des grands patrons.
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Perspectives pour la lutte des classes en République « Populaire » de Chine
Lors de notre dernière école d’été s’est tenue une large discussion sur la Chine. Dans quelle direction s’engage ce colosse d’Asie ? La Chine a-t-elle les moyens de sortir l’économie mondiale de ses crises ? Quelle sont les conditions de vie dans ce pays qui soi-disant construit le « socialisme » ? C’est à ces questions – et à bien d’autres, comme celle de la pollution – que nous nous sommes intéressés. Voici un résumé des différentes contributions.
Enlèvement et trafic d’enfants esclaves : un élément révélateur de la situation en Chine
Tout récemment, l’implication du Parti « Communiste » Chinois dans le trafic d’esclaves en Chine a pu être prouvée. La nouvelle de cette exploitation immonde ainsi que le soutien avéré du gouvernement à ces pratiques a été un choc pour la population : des enfants enlevés travaillaient 18 heures par jour et depuis des années (l’un d’entre eux a été exploité ainsi durant 7 ans avant de réussir à s’échapper). A côté des enlèvements, on trouve aussi des enfants vendus par des parents désespérés par leur situation économique. Comment cela a-t-il pu être possible – et surtout pendant aussi longtemps ? Dans une des briqueteries liée à ce scandale, un enfant a expliqué que le propriétaire possédait en réalité toute la ville. Quand la police passait, ils ne faisaient que discuter avant de s’en aller. En fait, cette affaire révèle l’ampleur de la corruption qui sévit en Chine ainsi que la manière dont le régime choisit ses priorités.
Un des responsables du gouvernement a ainsi déclaré : « Il s’agit d’un conflit entre le travail et le capital, nous ne pouvons pas intervenir ». Un autre responsable du PCC a lui déclaré : « Ce n’est pas notre faute si vos enfants sont kidnappés, vous n’avez qu’à mieux vous en occuper ». Le gouvernement a toutefois été contraint d’autoriser la divulgation de ces informations, qui ont défilé sans arrêt durant une semaine sur la chaîne officielle.
Alors que l’on parle sans cesse du boom économique chinois, cette situation est une réalité pour des centaines de milliers de Chinois, particulièrement dans les régions rurales beaucoup plus pauvres.
Des conditions de travail qu’apprécient les multinationales…
Pour régler cette situation catastrophique, la bourgeoisie a ses solutions. Le ministre du commerce de Suède a par exemple déclaré « Au plus nous commercerons avec la Chine, au plus celle-ci évoluera vers la démocratie ». Cette déclaration est révélatrice de la manière dont les profits des entreprises passent avant toute autre chose dans le système capitaliste. Car les moindres coûts de la Chine sont le résultat d’une exploitation sans précédent : salaires de misère, horaires insoutenables, punitions corporelles, retenues sur salaires,… Mais, à cela, les entreprises étrangères ont leurs réponses. Ainsi, quand H&M est critiquée pour l’exploitation d’enfants en Chine, l’entreprise rétorque : « Ce n’est pas nous, ce sont les sous-traitants ».
De fait, la Chine développe un labyrinthe de sous-traitants derrière lesquels se cachent les multinationales (comme cela se fait aussi ailleurs, au Bangladesh notamment). Ainsi, alors que les multinationales ont – sous la pression des consommateurs – adopté des clauses éthiques, il ne s’agit en réalité que d’une gigantesque escroquerie destinée à gagner la confiance du marché. Les multinationales disent aussi envoyer régulièrement des inspecteurs vérifier s’il n’y a pas d’enfants au travail ou d’autres abus. Mais tout comme cela se faisait au 19e siècle, les entreprises sont prévenues à l’avance de leur arrivée. L’utilisation de différentes cartes de pointages a aussi été instauré : l’une n’excède pas les huit heures tandis que l’autre compte encore quatre ou cinq heures de plus. Il y a même un système de salaires officiels et officieux, les travailleurs rendant le « surplus » à la sortie. On estime en fait que 60% des entreprises en Chine ne respectent pas la législation.
Même si une loi est récemment passée instaurant un nouveau salaire minimum, il est très difficile de vérifier l’étendue de son application. Comme la plupart des lois chinoises, celle-ci est plus une ligne de conduite à respecter (ou non) plutôt qu’une véritable loi contraignante. Le plus bas salaire minimum dans une province est de 25 euros par mois, tandis que le bas salaire le plus haut en Chine est de seulement 85 euros par mois. Quant à la couverture sociale, seul un dixième des travailleurs possède une couverture sociale.
Il y a actuellement quelques 600.000 entreprises étrangères en Chine. En fait, pour tenir le coup face aux concurrents, c’est devenu presque une obligation de s’implanter dans ce pays. L’économie chinoise est ainsi devenue celle qui se développe le plus au monde avec une croissance économique pour cette année de 12%, un record depuis 1995 (ce chiffre est à nuancer, la Chine a déjà connu des croissances beaucoup plus impressionnantes). Il semblerait même que la Chine ait dépassé l’Allemagne sur le plan économique, lui raflant la troisième place dans l’économie mondiale. On peut aujourd’hui comparer l’économie chinoise à une gigantesque locomotive lancée à toute allure et que personne ne sait comment arrêter. La Chine a par exemple construit plus de voitures que les USA l’an dernier alors que la production était quasiment inexistante il y a 10 ans. Selon le Financial Times, sur les 100 plus grandes entreprises au monde, 7 sont françaises, 3 italiennes, 6 japonaises, et 6 chinoises. De même, depuis la privatisation des 4 grandes banques chinoises, 3 d’entre elles sont déjà bien installées dans le top 10 des plus grandes banques du monde tandis que la dernière vient d’y faire sont apparition. Mais bien que le marché intérieur se développe un peu, la Chine est incapable de fournir un milliard de nouveaux consommateurs, contrairement aux désirs de l’Organisation Mondiale du Commerce dont la Chine est membre depuis maintenant 6 ans…
Une croissance économique au détriment des travailleurs et de leur environnement
La Chine est l’un des plus grands pollueurs mondiaux. En 2006, elle a émis 8% de gaz carbonique en plus que les USA. D’ici 2020, en terme de production de gaz toxiques (tous confondus), la Chine sera un 2e Etats-Unis. Le gouvernement chinois n’a en fait plus aucun contrôle sur son économie, qui est devenue un jouet aux mains du marché mondial. De plus, le pouvoir central a du mal à se faire respecter par les pouvoirs régionaux. Donc, et ce malgré les déclarations fracassantes du régime, l’évolution prend la forme d’un recul sur la question environnementale. C’est ainsi qu’au bas mot 750.000 personnes meurent chaque année en Chine à cause de la pollution, principalement celle de l’air. L’indice de pollution de l’air à Pékin est deux fois supérieur à celui relevé à Mexico ou à Los Angeles. Pour les enfants, on calculé que cela revenait à fumer 40 cigarettes par jour. Cette situation est similaire dans les deux-tiers des villes chinoises dont l’air est de très mauvaise qualité. Mais le gouvernement ne ménage bien entendu pas ses efforts pour ne pas ébruiter ces informations de crainte de susciter des troubles : il y a déjà eu des centaines de milliers d’actions de protestation concernant uniquement la thématique de l’environnement ces dernières années. Quelques- unes ont même réussi à obtenir des effets positifs. Les slogans utilisés lors de ces actions sont du genre : « Nous ne voulons pas de PIB, nous voulons une vie ».
Services publics et acquis en déclin
Il y a aujourd’hui plus de voitures à Pékin qu’à Londres et 1.000 voitures supplémentaires arrivent chaque jour. Le sous-investissement dans les transports en commun, lui, est tout aussi flagrant. A titre de comparaison, on trouve dans une ville comme Shanghai moins de la moitié des transports en commun qui existent dans une ville d’un pays capitaliste développé. Dans 1/3 de la Chine, il n’existe d’ailleurs aucun subside gouvernemental pour les transports en commun alors que, malgré les privatisations, de tels subsides existent encore dans les villes des pays capitalistes.
Le système de soins de santé a lui aussi beaucoup souffert alors qu’il était un modèle et un exemple dans le monde néo-colonial il y a trente ans. L’espérance de vie de la population était même passée de 39 ans en 1949 à 70 ans en 1969. Mais aujourd’hui, plus de 400 millions de Chinois n’ont pas les moyens de faire appel à un véritable médecin et plus de la moitié des malades n’ont accès à aucun traitement quel qu’il soit. Dans un pays ou plus de 70% de la population rurale n’a pas accès à des sanitaires… Et si les hôpitaux sont encore propriété d’Etat, ils ne reçoivent aucun subside et doivent fonctionner seuls et donc adopter une attitude commerciale pour s’en sortir. Tomber malade est devenu un véritable cauchemar.
Dans certaines villes, le personnel porte même un gilet pare-balles en prévention de la colère des familles ou des patients mécontents. Un hôpital a par exemple été rasé par 2.000 personnes en réaction à la mort d’un enfant pauvre qui n’avait reçu aucun soin à l’hôpital. Pourtant, un cinquième des réserves en liquidités de l’Etat suffiraient à résoudre le problème des soins de santé. Mais la Chine est obligée d’utiliser cet argent pour investir dans les obligations américaines pour éviter l’inflation. Voilà une absurdité des plus ridicules : l’argent existe, mais on ne peut pas l’utiliser.
Une situation pareille est d’autant plus infâme qu’elle côtoie des écoles d’élite à 300.000 euros par an où les cours de golf sont obligatoires, pour les enfants de la bureaucratie « communiste » et de la classe capitaliste naissante.
Un gouvernement à la fois impuissant et complice
Les luttes entre les régions et le centre sont millénaires en Chine, mais il faut aujourd’hui y ajouter les conflits avec – et entre – les mafias, les relations avec les entreprises et les Etats capitalistes, les querelles au sein de la bureaucratie,… En fait, restaurer l’autorité du gouvernement central de manière administrative est impossible. La seule solution serait de faire appel aux masses, un peu comme lors de la révolution culturelle, mais le régime a bien trop peur, à juste titre, de perdre le contrôle du mouvement.
La classe ouvrière représente aujourd’hui en Chine 256 millions de personnes. Mais à cause de la répression, elle ne peut développer son propre mouvement. Celle-ci existait déjà du temps de Mao, mais les acquis sociaux en limitaient relativement les effets. En fait, sous la pression de la base, Mao a été forcé d’aller plus loin que ce qu’il imaginait au départ. Malgré tout, une grève démarre toutes les cinq minutes en Chine. Malheureusement, la grande majorité de ces grèves sont spontanées et sans aucune coordination. Dans cette situation, la plupart ne durent au mieux que deux jours. Les syndicats autonomes sont bien sûr interdits en Chine, ce qui représente un avantage et un attrait énorme pour les entreprises étrangères. Ainsi, 480 des 500 plus grandes entreprises au monde possèdent des usines en Chine. L’exemple récent de la ville d’Erlangmaio nous donne une idée de l’autre facette de la médaille. Cette ville de la province centrale de Sichuan est isolée par la police et le gouvernement suite à une grève de deux semaines déclenchée par plus de 3.000 travailleurs du ciment. L’accès au téléphone, à internet et au GSM a même été coupé. Le pouvoir en place a eu la possibilité de faire disparaître une ville entière du système de communication !
La part de l’économie aux mains de l’Etat diminue sans cesse. Plus de la moitié des entreprises nationales ont disparu : on est passé de 100 millions à 48 millions. La privatisation s’effectue peu à peu, tranche par tranche. A l’origine, c’est sous le « règne » de Deng Xiaoping que se sont développées les enclaves capitalistes au sein de l’économie planifiée. Petit à petit, le reste du pays a suivi. C’est d’ailleurs sur base de ces enclaves qu’a été brisée la règle des huit heures, l’un des acquis de la révolution chinoise.
Entre 1997 et 1999 seulement, 30 millions de travailleurs ont été licenciés, suite aux privatisations et à la crise financière asiatique de 1997. Mais alors que la Chine connaît actuellement une croissance énorme, les problèmes demeurent et même empirent, et les réactions se développent. Il y a eu de véritables explosions de rage ces 15 dernières années, et le nombre d’« incidents de masse » (selon la terminologie gouvernementale) est passé de 9.300 en 1990 à 87.000 en 2005. Il semblerait que ce chiffre ait ensuite un peu baissé, mais il est terriblement difficile de savoir exactement ce qui se déroule là-bas, le gouvernement faisant tout son possible pour masquer l’ampleur de la contestation, agissant ainsi dans ce domaine de la même manière qu’avec les données sur l’environnement. Toutefois, l’ampleur de ces actions a elle aussi augmenté et il n’est pas rare qu’elles impliquent des dizaines de millier de personnes. Les protestations se basent principalement sur des revendications liées aux salaires et conditions de travail, à l’écologie et enfin aux expropriations. En fait, la moitié des conflits en zone rurales sont dus à des questions liées à la terre. L’abolition des taxes sur les produits agricoles fait partie des petites mesures destinées à calmer le jeu autrement qu’en utilisant uniquement la répression.
En 2008, les Jeux Olympiques se dérouleront en Chine et on peut faire un parallèle avec la Corée du Sud où s’étaient tenus les jeux en 1998. Cet événement avait mené à l’époque à des protestations massives contre le régime militaire en place. Le même potentiel existe actuellement en Chine et pourrait devenir un point de cristallisation du mécontentement.
En fait, même parmi la classe moyenne – qui vit mieux qu’il y a 10 ans – le sentiment que la société ne va pas dans la bonne direction s’est répandu. L’ampleur du mécontentement ouvre la voie au développement de sectes religieuses diverses ainsi qu’au Kuomintang, l’ancien parti bourgeois nationaliste qui s’est réfugié avec ses dirigeants à Taiwan après la victoire de Mao en 1949. Ce parti réactionnaire a reconstruit des cellules clandestines en Chine. Peut être le PCC sera-t-il amené à créer lui-même sa propre opposition en se scindant pour servir de soupape de pression.
De fait l’orientation actuelle du Parti Communiste Chinois est étrange. On a ainsi pu lire récemment dans le China Daily, organe du PCC, un article fustigeant le processus qui se développe en ce moment en Amérique Latine : « Quand certains régimes en Amérique Latine imposent de force plus de justice sociale, cela augmente la dette et crée des désordres économiques ».
Où va la Chine ?
La Chine se dirige de plus en plus vers le capitalisme et un retour au stalinisme est devenu impossible, même s’il subsiste encore des ruines et des vestiges de cette tradition. Le processus de restauration du capitalisme est avancé et organisé par l’Etat. Cela peut paraître contradictoire au premier abord mais la bourgeoisie naissante n’a pas intérêt à essayer de modifier de suite ce processus, faute de disposer d‘un autre moyen de maintenir la cohésion du pays et de contenir l’agitation sociale. Il n’y a plus rien dans cet Etat corrompu qui puisse lutter contre la place grandissante laissée au capitalisme dans le pays. Comme Trotsky l’a expliqué : « Des restes d’anciens régimes ne sont pas des facteurs dominants en général, même si l’on doit les prendre en compte ». La Chine combine aujourd’hui le pire du stalinisme et du capitalisme sans élément positif ni de l’un, ni de l’autre. Et ce phénomène se répand, en Afrique notamment, à travers les entreprises chinoises.
Il est extrêmement difficile de pronostiquer ce qui peut arriver. Si la croissance économique continue au rythme actuel pendant quelques années encore (ce qui est le scénario le moins probable), la classe capitaliste naissante va entrer de plus en plus en conflit avec la bureaucratie. Mais si une crise économique se développe au niveau mondial (sur base des rapports entre la production chinoise et la consommation américaine), alors elle touchera également la Chine et renforcera l’élément bureaucratique au sein de la société. Ce ne serait finalement qu’une déformation de la tendance au protectionnisme que l’on trouverait alors ailleurs. Mais la bureaucratie sera incapable de contrôler éternellement le développement de la situation. Le processus actuel n’est pas un choix de sa part, elle est obligée de continuer sur cette voie qu’elle ne maîtrise que fort partiellement.
La question fondamentale n’est cependant pas de savoir si la Chine est déjà capitaliste ou pas et, si non, quand elle le sera. La question cruciale est de savoir comment les masses vont réagir face aux changements. Cependant, sans connaître exactement le niveau de conscience des masses, répondre à cette question est difficile. Dans un premier temps, c’est probablement un Etat démocratique bourgeois que réclameront les masses qui s’éveillent et la réaction de l’Etat et des différentes tendances et niveau de la bureaucratie à ce moment seront déterminants. Sans compter que le problème des nationalités gagne en importance et qu’il n’est pas impossible de voir des sécessions se produire.
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Contre le capitalisme : résistance internationale!
Début juin, les dirigeants des 7 pays les plus riches au monde, plus la Russie, se sont réunis à Heiligendamm, en Allemagne pour discuter de la politique climatique,de la situation dans le Tiers-Monde, de l’Irak,… Contre ce rassemblement censé décider de notre avenir, des dizaines de milliers de personnes ont protesté à proximité du sommet, la plus grande manifestation attirant 80.000 participants.
Liesje Ulburghs
Né des actions spectaculaires contre le sommet de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) à Seattle en 1999, le mouvement anti-globalisation a connu son apogée lors des mobilisations contre les réunions à l’été 2001 de l’Union Européenne à Göteborg et du G8 à Gênes. Le contre-sommet de cette année a de nouveau fait fureur.
La colère légitime des innombrables participants à la contestation s’est exprimée par un grand nombre de manifestations et d’actions directes. Ainsi, au début du sommet, 10.000 activistes ont mis en place des barrages qui, 24 heures plus tard, tenaient toujours bon et ont ainsi entraîné bien des difficultés pour les collaborateurs des dirigeants du G8 qui cherchaient à rejoindre leurs maîtres. A travers ces actions et manifestations, c’est toute une couche importante de jeunes et de travailleurs qui ont affirmé que Blair, Bush, Poutine et consors – courageusement cachés derrière 16.000 policiers et une clôture de 11 kilomètres – ne sont pas représentatifs des opinions et des intérêts de la majorité de la population.
Et, de fait, Ils sont en effet aux ordres d’une infime élite détentrice des moyens de production et dont la richesse repose sur l’exploitation du travail du reste de la population aux quatre coins de la planète. La logique capitaliste pousse les patrons à rechercher des profits sans cesse croissants et à économiser sur les « frais de production » (nos salaires et nos conditions de travail).
Les riches plus riches, les pauvres plus pauvres
Les énormes richesses produites à travers le monde sont accaparées par ces parasites tandis que 30.000 enfants meurent chaque jour de faim et que la moitié de la population mondiale doit vivre avec moins de 1,5 euro par jour.
Et cela ne fait qu’empirer ! Ces vingt dernières années, les 5% les plus pauvres de la population mondiale ont perdu 25% de leur revenu réel. Ce n’est pas perdu pour tout le monde, les 20% les plus riches ont ainsi obtenu 12% en plus. En Belgique non plus, les gens ordinaires ne profitent guère de la croissance économique. Les conditions de travail et le pouvoir d’achat souffrent, 15% des Belges vivent dans la pauvreté. Les acquis sociaux qui nous viennent des luttes du passé fondent à vue d’oeil.
Peu de gens croient encore que des organismes comme le G8 peuvent améliorer les choses. Bush s’est par exemple prononcé dès avant le sommet contre les (faibles) propositions faites pour combattre le réchauffement climatique, aucun objectif concret n’a donc pu être déterminé. De toutes façon, on sait à quoi s’en tenir avec ses promesses Celles faites au sommet de 2005 pour lutter contre la pauvreté dans le monde n’ont toujours débouché sur rien de concret. Cette fois, les « maîtres du monde » ont dit qu’ils allaient tenir leurs engagements. Pourquoi maintenant et pas avant ? Dans ces réunions, on examine surtout comment maintenir les inégalités dans l’intérêt du capital et comment les faire avaler au monde extérieur.
Le capitalisme remis en question
Les années qui ont suivi la chute du Mur et l’effondrement de l’Union Soviétique ont été marquées par un reflux des luttes et de l’idée qu’il est possible de changer en profondeur la société, jusqu’à ce que la progression du mouvement anti-globalisation lancé par de jeunes radicalisés remette à nouveau en question l’impitoyable logique du capitalisme.
Au fil des années et à l’occasion des différents sommets du G8, de l’Organisation Mondiale du Commerce ou encore de l’Union Européenne, toute une gamme d’actions ont été testées pour que les protestations puissent s’exprimer et troubler ces sommets. Mais, malgré les nombreux barrages routiers, les actions directes et les manifestations, la même politique en faveur d’une plus riches continue à être menée et les protestations sont royalement ignorées. C’est que ces actions ne touchent pas les capitalistes là où ça leur fait mal. La base économique du capitalisme – la production des travailleurs – reste à l’extérieur des stratégies de protestation. La nécessité de créer un rapport de forces reposant sur l’unité et la mobilisation des travailleurs doit être bien comprise pour pouvoir jeter bas le capitalisme .
La résistance de la jeunesse n’est souvent que l’annonce d’une lutte plus généralisée. Cette fois-ci aussi, la montée du mouvement anti-globalisation au début des années 2000 a été suivie par une mobilisation massive à l ‘échelle mondiale contre la guerre de Bush en Irak en 2003 mais aussi par un mouvement plus large de lutte contre les conséquences de la politique de casse sociale. La montée des luttes populaires et le tournant à gauche en Amérique Latine, les luttes massives dans l’enseignement en France et en Grèce,… montrent les opportunités qui existent pour réunir les jeunes radicalisés et le mouvement ouvrier, qui seul a le pouvoir économique de provoquer un changement structurel.
Vers une orientation plus large
Pour progresser, le mouvement anti-globalisation ne peut pas se replier sur lui-même et ne prêcher que des convaincus. Mais ces dernières années, les différents Forums Sociaux se sont de plus en plus tournés vers des ateliers de discussion avec des thèmes et des slogans très vagues. A tel point que les PS ont pu participer de manière de plus en plus présente à ces réflexions alors qu’ils n’hésitent pas à mettre en oeuvre cette même politique néo-libérale contestée par les Forums Sociaux. Nous n’avons pas besoin de vagues groupes de discussion pas plus que d’actions prétendument « radicales » isolées (comme celles des Black Blocks anarchistes) qui contribuent actuellement à dissuader les couches plus larges d’entrer en action. Nous avons besoin au contraire d’un programme concret et de campagnes de masse capables de forger des liens solides entre jeunes et travailleurs.
Les récentes attaques du gouvernement d’Angela Merkel ont conduit, dans les jours précédant le sommet du G8, à une grève de Deutsche Telekom. Cette grève a même menacé l’organisation pratique du sommet. Malheureusement, il n’y a eu aucune unité entre la protestation des jeunes contre le G8 et ces actions de grève. Ce n’est pourtant que par l’intermédiaire d’actions communes autour de thèmes concrets que le mouvement anti-globalisation pourra donner suite aux slogans vagues comme “un autre monde est possible” et gagner la sympathie de larges couches de travailleurs.
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FRANCE : Défenseur du patronat contre défenseur du patronat.
La participation au premier tour aura été impressionnante : 84,5% des électeurs se sont rendus aux urnes – le plus haut taux de participation depuis la naissance de la Ve République en 1958 – contre 71,60% en 2002. Au duel final : Sarkozy contre Royal.
Nicolas Croes
Cette participation massive se devinait déjà dans le taux d’audience d’émissions comme « J’ai une question à vous poser », où près de 9 millions de personnes avaient suivis le passage de Ségolène Royal (qui s’est particulièrement distinguée d’ailleurs en répondant invariablement sur chaque sujet qu’il s’agissait de sa priorité…).
L’identité nationale au coeur du débat
Nombreux sont ceux qui voulaient éviter de revivre le séisme des dernières présidentielles qui avaient vu le leader du Front National arriver au second tour. C’est notamment cela qui permet de comprendre la « chute » du FN. Finalement, malgré son score tombé à 11,5%, son nombre d’électeurs est assez stable par rapport à 2002.
Un peu tôt pour crier victoire, donc. Surtout avec un Sarkozy qui affirme que la pédophilie et les suicides des adolescents sont d’origine génétique, qui veut un « ministère de l’intégration et de l’identité nationale » (même Jörg Haider a dénoncé les « nauséeux relents » de ces propos), qui a fait de la stigmatisation des communautés immigrées l’un de ses credos favoris,… Sans même parler de ce qu’il prévoit pour le monde du travail en général…. En définitive, il très proche de la droite dure de Bush, Berlusconi et Aznar.
Ségolène Royal l’a suivi sur ce terrain, en allant toutefois bien moins loin, en proposant par exemple l’encadrement militaire des jeunes délinquants « pour leur donner une chance dès le premier délit » ou en se référant à tout bout de champ à l’idée de nation française. On peut comprendre que l’enthousiasme ne soit pas gigantesque au PS malgré un résultat meilleur que celui de Jospin en 2002. De plus, si Sarkozy est soutenu par les plus grands patrons français – dont ceux qui contrôlent des médias ( il intimide ainsi souvent les journalistes en disant « C’est marrant, je connais tous vos patrons, je sais ce qui se passe dans votre rédaction. ») – Royal a derrière elle, entre autres, le patron de l’Organisation Mondiale du Commerce.
Bayrou profite de l’absence d’alternative
Bénéficiant de la droite effrayée par Nicolas « Bulldozer » Sarkozy et d’une partie de la gauche qui le voyait mieux parti pour battre le président de l’UMP au second tour, Bayrou, candidat du centre, aura été une des surprises de cette campagne et termine la course avec le score de 18,3%. Pour beaucoup, il aura aussi été le candidat à la fois anti PS et UMP. Il faut dire que les médias l’ont bien aidé à ce positionner de la sorte. Lorsqu’il s’est plaint des manipulations des médias, le Nouvel Observateur l’a soupçonné d’avoir « une prétention extravagante à l’égalitarisme ». Au regard de son passé et de son programme, on ne peut pourtant pas vraiment avoir de doutes sur ce qu’il pense de l’égalité… Mais 58% des Français ont effectivement trouvé (à juste titre) que les médias ont accordé une place trop importante à Nicolas Sarkozy et 63% pensent que les journalistes ne sont pas indépendants face aux pressions des partis politiques.
Pour tenter de gagner le scrutin ultime, Ségolène Royal devra tout faire pour séduire les centristes, au risque d’augmenter les tensions à l’intérieur du PS. Il est encore trop tôt pour dire ce qu’il adviendra en cas d’échec, mais la droite du PS pourrait être amenée à se rapprocher du centre et la gauche des débris du PCF et des Verts qui n’obtiennent respectivement que 2% et 1,5%, faute d’apparaître comme des alternatives crédibles.
Préparons les luttes à venir !
Plus à gauche, la division a eu un prix et, malgré les 56% de Français qui avaient voté NON à la Constitution Européenne majoritairement sur une base de gauche ainsi que le très fort sentiment antisystème, c’est l’échec. L’exception est Olivier Besancenot (LCR) qui réussit même à engranger 600.000 voix supplémentaires et arrive presque aux 5% (4,5%). Espérons que, contrairement aux fois précédentes, il sortira de ce résultat un véritable appel pour mobiliser l’électorat de l’extrême-gauche dans le cadre de la création d’une formation large anti-néolibérale où chaque tendance pourra s’exprimer.
La tâche est aujourd’hui à la préparation des interventions sur le terrain contre la casse sociale qui viendra de la droite ou de la « gauche ». Nous comprenons bien que des travailleurs et des jeunes, surtout des banlieues, voudront arrêter Sarkozy lors du second tour. Malheureusement, nous ne pensons pas que la politique de Ségolène Royal et du PS sera fondamentalement différente. Par contre, nous pensons que leur politique va plus encore mener à un je-m’en-foutisme et renforcer la droite et l’extrême droite tant que n’existe pas d’alternative crédible.