Tag: Organisation Mondiale de la Santé

  • Pour un véritable choix : Pour le droit à l’avortement et le droit d’avoir des enfants sans sombrer dans la pauvreté !

    Le dimanche 24 mars dernier s’est déroulé la ‘‘Marche pour la Vie’’, et il a été question un moment d’une ‘‘Marche européenne pour la Vie et la Famille’’ en avril. A côté de ces manifestations, les activistes du ‘‘Sinterklaasgroep’’ (Groupe Saint Nicolas) tiennent des piquets hebdomadaires devant le centre d’avortement de Gand. Les femmes qui s’y rendent sont culpabilisées et intimidées de manière scandaleuse. Cette poignée de fanatiques a, depuis leur première action, grandi jusqu’à rassembler maintenant une vingtaine de personnes, et le planning familial de Gand n’est plus le seul centre visité régulièrement par ce groupe dont la revendication est l’abolition du droit l’avortement.

    Par Anja Deschoemacker

    Il est grand temps de construire un contre-mouvement. Laisser passer la ‘‘Marche pour la Vie’’ sans contre-action signifie accepter que ces groupes réactionnaires occupent les médias sans aucune riposte. Au sein des plannings familiaux, il faut mener des campagnes qui pourront en finir avec leur présence. Mettre sous pression morale et émotionnelle des femmes à un tel moment n’est, en aucun cas, à considérer dans le cadre du droit à la libre expression : il s’agit clairement ici de harcèlements et de tentatives d’intimidation.

    Construire un mouvement de défense du droit des femmes à disposer de leurs corps nécessite de répondre également à l’instrumentalisation populiste des problèmes sociaux par le mouvement ‘‘pro-vie’’. Le constat que la voie libérale n’a pas conduit à l’égalité sociale mène à la recherche d’autres solutions. Les mouvements de type ‘‘pro-vie’’ offrent un retour au passé. En tant que militants marxistes, nous devons montrer le chemin vers un futur débarrassé des discriminations, de l’oppression, de l’exploitation,… un avenir où aucun citoyen de second rang n’existerait.

    Le démantèlement graduel de l’Etat-providence conduit à la pauvreté plus fortement encore pour les femmes

    La féminisation de la pauvreté est régulièrement illustrée par diverses études. Ainsi, une enquête, de mars 2010, réalisée conjointement par la plate-forme de défense des droits des femmes Comeva et par la Fondation Roi Baudouin, a mis en lumière que 22% des femmes éprouvent des difficultés financières (7% affirment ne pas s’en sortir et 15% éprouvent des difficultés). 40% d’entre-elles affirment pouvoir s’en sortir, mais sans se permettre d’extra. Seules 30% déclarent vivre ‘‘confortablement’’.

    Les bas salaires auxquels les femmes sont confrontées, liés au coût croissant de la vie (logement, énergie,…), assurent que les femmes célibataires risquent bien plus de sombrer dans la pauvreté que les femmes dont le revenu familial comprend un salaire masculin (généralement plus élevé). 60% des femmes qui ne s’en sortent pas, ou difficilement, sont célibataires (contre 25% des femmes qui s’en sortent) et 38% vivent seules avec leurs enfants (contre 11% pour celles qui s’en sortent).

    36% des parents isolés, dont 80% sont des femmes, courent le risque de devenir pauvre. Travail et diplôme n’offrent pas de garantie pour échapper aux difficultés financières : 38% des femmes qui s’en sortent difficilement ont un diplôme supérieur et 30% travaillent à temps plein. La moitié des femmes déclarent être financièrement dépendantes de leur mari/copain et 11% affirment même rester avec lui faute de ne pouvoir financièrement s’en sortir si elle le quittait (14% des femmes en pauvreté, 7% de celles qui s’en sortent).

    Cette étude montre qu’un gagne-pain masculin fait encore et toujours partie de la meilleure stratégie pour échapper à la pauvreté. Un constat pénible dans une société qui a longtemps affirmé que l’égalité entre homme et femme était à portée de main, pour ne pas dire complètement atteinte.

    La crise et l’austérité menacent le reste des acquis d’après-guerre

    L’austérité du gouvernement Di Rupo s’est déjà chiffrée à 18 milliards d’euros, et cela n’est pas près de finir. Il est à craindre que tout un tas d’attaques structurelles soient prévues après les élections de 2014. Après cela, pour la première fois depuis longtemps, il y aura quatre années sans élections.

    Les pertes d’emplois les plus spectaculaires ont beau se produire dans les secteurs industriels, essentiellement masculins, les femmes sont très durement touchées par la crise. Elles ont été frappées par des décennies de sous-financement des soins sous toutes leurs formes : enfants, malades, personnes âgées, personnes handicapées,… ont, de plus en plus, besoin d’être pris en charge par la famille, faute de places suffisantes dans les diverses institutions. Comme les femmes gagnent généralement moins que les hommes, si quelqu’un doit moins travailler voire quitter son emploi pour prendre le relais des structures déficientes, la plupart du temps, il s’agit de la femme.

    La poursuite de la destruction de nos services publics oblige de plus en plus de femmes à travailler à temps partiel et, donc, à perdre leur indépendance financière. Maintenant déjà, nombreuses sont celles qui doivent quitter, temporairement au moins, le marché de l’emploi à cause du manque de places abordables dans les crèches. La pénurie de places dans l’enseignement (ce qui implique qu’un nombre important d’enfants se rendent dans une école qui n’est pas dans leur voisinage) assure également que beaucoup de femmes éprouvent des difficultés à trouver un emploi à temps plein et à le conserver.

    Les femmes sont aussi plus durement touchées par une série de mesures générales telles que le démantèlement de la pension légale ou la dégressivité des allocations de chômage. Selon Femma (Vie Féminine en Flandre, communiqué de presse du 31/10/2012), les chômeuses isolées vont être durement touchées par la dégressivité : ‘‘Elles finiront bientôt à 1090 euros/mois. Loin en-dessous du seuil de pauvreté européen.’’ Les femmes sont aussi surreprésentées dans la catégorie des ‘‘cohabitants’’, qui finissent au plus bas à 485 euros/mois. Cette mesure instaure aussi une nouvelle pression à la baisse sur les pensions alors que 60% des femmes ont déjà une pension en dessous des 1000 euros/mois (contre 30% des hommes).

    “Les hommes doivent travailler moins d’heures, les femmes plus” (Monica De Coninck)

    Si la double tâche (travail et tâches ménagères) empêche les femmes de devenir socialement égales aux hommes, faudrait-il alors que les hommes s’impliquent plus dans le ménage ? Cela fait partie de la rhétorique des féministes bourgeoises. Il est vrai que la division traditionnelle des tâches ménagères limite la progression des femmes sur le marché de l’emploi. Mais se contenter de dire qu’il ne s’agit que du ‘‘choix’’ de la facilité par les hommes est une erreur. Et si la solution réside uniquement dans une meilleure répartition : que faire des mères célibataires ?

    Si l’homme âgé de 25 à 40 ans est le roi du marché de l’emploi, cela n’est pas suite à une décision des ‘‘hommes’’. En effet, les patrons les embauchent d’une part, parce qu’ils ne peuvent pas tomber enceints et d’autre part, parce que les patrons partent de l’idée que ces hommes ne vont pas être distraits de leur travail si leurs enfants tombent malades.

    Les patrons embauchent des hommes parce qu’ils peuvent faire des heures supplémentaires, ce qui est d’ailleurs encouragé par le gouvernement (notamment par la Ministre de l’Emploi Monica De Coninck, SP.a) avec les baisses de charges sur les heures supplémentaires. Nous nous dirigeons graduellement vers l’annualisation du temps de travail. Cela signifie de dépasser le temps plein par moment, situation évidemment impossible à combiner avec la semaine de 32 heures de l’enseignement. Si nous voulons que les hommes s’impliquent plus dans le ménage et l’éducation des enfants, il leur faut travailler moins d’heures et non plus.

    Si nous voulons que les femmes travaillent à temps plein, seule chance pour les femmes d’obtenir une réelle indépendance, le nombre d’heures pour un emploi à temps plein doit diminuer. Une diminution du temps de travail vers 32 heures par semaine sans perte de salaires avec des embauches compensatoires, ne serait pas seulement un pas important dans la résolution du chômage, mais permettrait aussi aux parents – hommes et femmes – de trouver un meilleur équilibre et une meilleure division d’une partie des tâches ménagères et des soins.

    Il faut surtout socialiser une partie des tâches domestiques. De bons repas frais et de qualité sur les lieux de travail et à l’école libéreraient les familles – et surtout les femmes – de nombreuses heures de travail non-payées (courses, cuisine, vaisselle,…). Des lavoirs et des ateliers de repassage publics, avec un personnel au statut de fonctionnaire, créeraient de nombreux emplois tout en libérant du temps dans chaque foyer. Les emplois actuellement compris dans le système des titres-services devraient tomber dans ce statut public afin que tout le monde puisse en disposer et afin que le personnel, en grande majorité des femmes, reçoive de bonnes conditions de travail et de salaire.

    Pour beaucoup de femmes, le temps partiel est une nécessité suite à la flexibilité du marché de l’emploi et de l’absence de services publics pour les tâches domestiques. Avec cette réalité, les paroles de De Coninck signifient de faire porter la responsabilité des bas salaires et des pensions sur les ‘‘choix’’ individuels des femmes et des hommes. Pourquoi? Parce qu’une telle ‘‘solution’’, en plus de ne rien coûter à l’État, rend les hommes responsables des bas salaires des femmes. Bref, la stratégie classique du diviser pour mieux régner.

    Le mouvement “pro-vie” présente le passé comme la solution aux problèmes actuels

    Que le mouvement ‘‘pro-vie’’ ne montre vraiment sa tête en Belgique qu’aujourd’hui n’est pas du tout étonnant au vu de l’insécurité sociale actuelle touchant une large couche de la population. Nous avons déjà vu que l’attrait de la famille traditionnelle est soutenu par le fait que les femmes s’en sortent généralement mieux avec un partenaire masculin. Nous avons également vu que la dégradation du marché de l’emploi amène de plus en plus de femmes (et surtout des mères) à ne plus gagner de revenus à part entière. Monica De Coninck affirme qu’il faut que plus de femmes travaillent à temps plein, mais elle refuse de créer les conditions matérielles pour y parvenir. De leur côté, les ‘‘pro-vies’’ disent qu’il faut en revenir à cette veille famille traditionnelle où la maman a du temps pour s’occuper des gosses. Ceux-ci passent, évidemment, sous silence que les femmes seront alors totalement dépendantes de leur mari et auront un horizon limité à leur famille.

    Beaucoup de jeunes femmes parviennent à la conclusion qu’au vu des bas salaires des femmes et des frais élevés de l’éducation d’un enfant, le jeu n’en vaut vraiment pas la chandelle. Elles revendiquent le droit de rester à la maison plus longtemps avec leurs enfants et de pouvoir travailler à temps partiel au moins provisoirement pour ne pas avoir une vie extrêmement épuisante pour un revenu ridicule. Nous partageons ces revendications, qui ne devraient d’ailleurs poser aucun problème au vu de la productivité d’aujourd’hui. Ces revendications reflètent le fait que ‘‘la famille’’ est également un ‘‘lieu de travail’’, même s’il n’est pas rémunéré. Les ‘‘pro-vies’’ instrumentalisent cette situation et revendiquent un salaire de femme au foyer.

    Notre alternative est fondamentalement différente : plus de flexibilité en faveur des parents qui travaillent, la reconnaissance de six mois minimum de congé parental obligé et le paiement du salaire complet (pour les mères et les pères), le droit de travailler au moins temporairement à temps partiel sans subir une grande perte de salaire au moment où les tâches familiale exigent plus de temps (enfants malades, soins aux personnes âgées,…), etc. Ces mesures faciliteraient grandement la vie de nombreuses femmes et permettraient aux hommes de s’impliquer plus fortement dans les tâches ménagères et des soins sans que cela implique une forte perte de revenus.

    L’élargissement de ce genre de possibilités dans le cadre de la sécurité sociale (il faudrait donc augmenter – et fortement! – les contributions patronales) protégerait beaucoup de femmes de la perspective de devenir femme au foyer permanente, avec tous les désavantages que cela comporte (dépendance et isolement, possibilités limitées de développement de soi, répétition infinie des même tâches simples,…).

    Dans la société capitaliste, ces solutions sont censées être ‘‘impossible à payer’’. Non pas que cela soit effectivement impossible à payer, mais bien parce que cela nécessite d’aller chercher l’argent là où il est : parmi l’élite de riches. Sur ce point au moins, la Ministre de l’Emploi rejoint le mouvement ‘‘pro-vie’’: leurs ‘‘solutions’’ ne touchent pas à cette élite.

    Pro-avortement ou pro-choix ?

    Nous ne pouvons pas laisser le moindre doute : le droit à l’avortement est un droit fondamental qui doit être défendu bec et ongles. Personne ne peut décider à la place de la femme de garder un enfant ou pas. Dans ce sens, la loi belge est toujours limitée : la période durant laquelle l’avortement est légalement possible est restreinte, sauf en cas de danger pour la mère ou l’enfant. Ceux qui en ont les moyens peuvent encore se rendre à l’étranger, les autres n’ont qu’à se débrouiller. Dans une société où les salaires des femmes baissent au fur et à mesure que les femmes ont plus d’enfants, où les mères isolées courent un énorme risque de pauvreté, où la violence conjugale est largement répandue,… le contrôle de ses propres capacités reproductrices est très important et nécessaire.

    Penser que l’abolition du droit à l’avortement conduit à une baisse de l’avortement est d’ailleurs une dangereuse illusion. L’interdiction légale ne conduit qu’à une augmentation des pratiques dangereuses, pouvant conduire à l’infertilité ou à la mort. Une étude de l’Organisation Mondiale de la Santé a démontré qu’en 2008, 49% des avortements à travers le monde étaient des avortements à risque où 1 femme sur 8 a perdu la vie.

    L’an dernier, la mort de la jeune Savita Halappanavar en Irlande nous a montré l’importance de rendre légal l’avortement. Sa vie était en danger suite à des complications lors de sa grossesse, son fœtus n’était plus viable. Un avortement aurait pu lui sauver la vie, mais cela est toujours illégal en Irlande. L’idéologie soi-disant ‘‘pro-vie’’ a du sang sur les mains ! La défense du droit à l’avortement doit être menée sur différents terrains. Dans beaucoup de pays et de régions, ce droit est mis sous pression à l’initiative des conservateurs. Mais des politiciens soi-disant ‘‘progressistes’’ mettent également ce droit en danger avec des coupes budgétaires dans les moyens des soins de santé, en limitant le financement de l’aide aux personnes, en rendant l’opération plus chère,…

    Mais la seule défense du droit à l’avortement n’offre pas de réponse au discours utilisé par les “pro-vies” dans le but de séduire des couches plus larges. Ce mouvement dénonce que la société ne soutient pas assez les familles nombreuses et impose ainsi aux femmes pauvres de pratiquer l’avortement. Ses membres affirment encore que du fait de l’absence de moyens mis en place pour les personnes handicapées, les femmes enceintes d’un enfant handicapé sont du coup mises sous pression pour avorter.

    Ce discours peut être considéré comme un peu plus social, mais leurs ‘‘solutions’’ sont loin de l’être. Leur alternative à l’avortement est de donner l’enfant en adoption, y compris pour des cas de viol ou de mère mineure. Et quelle est leur solution pour le manque de services de soins de santé ? La femme au foyer ! Et la contraception libre et gratuite ? Non, abstinence !

    Nous défendons le droit à un véritable choix, ce qui comprend le droit à l’avortement, mais ne s’arrête pas à ça. Il ne devrait pas y avoir de femmes qui, désireuses d’avoir des enfants, soient forcées à avorter pour des raisons financières ou parce que leur double tâche dépasse déjà leur force.

    Pour cela, il faut construire une société où avoir des enfants ne conduit pas à l’appauvrissement ou à la double tâche pour les femmes, une société où les allocations familiales couvrent les coûts réels d’un enfant, où chaque enfant a une place dans des structures accessibles et de qualité, où il existe des services de qualité qui allègent les tâches domestiques et qui offrent des soins à ceux qui en ont besoin,… et où personne n’est pas menacé de pauvreté à cause de bas salaires et de basses allocations.

    Avec la société actuelle régie par le capitalisme, les progrès des femmes sur tous ces terrains reculent depuis déjà un bon bout de temps, non pas faute de moyens, mais parce que ces moyens sont de plus en plus accaparés par une infime élite toujours plus riche.

    Cette élite maintient un système à son avantage, qui crée la pauvreté et qui refuse à toujours plus de monde de pouvoir décider réellement de l’orientation de sa vie. Ce système crée systématiquement de nouvelles crises et en fait payer la facture à la majorité de la population. Leur contrôle sur les richesses assure que celles-ci ne soient disponibles que pour ceux qui engrangent du profit, et tant pis pour le reste.

    La lutte pour une véritable liberté de choix ne peut parvenir à sa conclusion logique qu’avec la victoire de la lutte pour le socialisme démocratique, un système où la production sera démocratiquement planifiée pour satisfaire les besoins de la majorité de la population.

  • Le droit à l’avortement reste à conquérir

    Une femme est décédée en Irlande des complications de sa grossesse. Elle aurait pu être sauvée si l’on avait pratiqué un avortement. Cette nouvelle a fait l’effet d’une bombe. Des actions et des manifestations ont été organisées dans de nombreux pays, y compris en Belgique. Comment est-il possible que le droit à l’avortement ne soit toujours pas acquis – en Irlande comme dans d’autres pays – au 21e siècle ? Et pourquoi faut-il lutter pour le préserver en Belgique ?

    Par Marlies (Gand), article tiré de l’édition de décembre/janvier de Lutte Socialiste

    Le 21 octobre, Savita Halappanavar a été admise à l’hôpital de Galway. Il était clair qu’elle allait faire une fausse couche. A plusieurs reprises, elle a demandé un avortement, qui lui a été refusé puisque le cœur du fœtus battait encore. Après deux jours de douleurs, la fausse couche a eu lieu, suivie d’une opération dans des conditions critiques. Le 28 octobre, Savita Halappanavar est décédée. Sa mort aurait pu être évitée en agissant plus vite.

    La nouvelle a déclenché un véritable orage de protestations. A Dublin, 20.000 personnes sont descendues dans les rues pour défendre le droit à l’avortement. Ce droit n’existe toujours pas en Irlande malgré une décision de la Haute Court de Justice datant de 1992 et affirmant qu’un avortement pouvait être pratiqué si la vie de la mère était en danger. Mais aucun des cinq gouvernements qui se sont succédés n’a fait une loi de ce jugement. Le premier ministre Enda Kenny, un chrétien-démocrate, a aussi déclaré très récemment que son gouvernement n’en avait pas l’intention.

    Dans le monde, la moitié des avortements sont illégaux et donc dangereux. Dans un cas sur huit, la femme décède. Une enquête de l’Organisation Mondiale de la Santé a démontré que dans les anciennes républiques soviétiques, où la législation sur l’avortement était très limitée (sous pression de l’Eglise la plupart du temps), une femme court quatre fois plus de risques de mourir durant sa grossesse que dans l’Union Européenne. L’illégalité de l’avortement conduit à tout un tas de situations de ‘‘fortune’’ qui peuvent entraîner l’infertilité et la mort.

    Certaines se rendent à l’étranger pour avorter, mais cette solution nécessite des moyens financiers alors que, souvent, ce sont justement des femmes en difficulté financière qui ont besoin d’y recourir. Se battre pour l’obtention de conditions économiques permettant de garder et d’élever un enfant fait d’ailleurs partie intégrante du combat pour le droit des femmes.

    Le 21 novembre dernier, une action a pris place devant l’ambassade irlandaise à Bruxelles. Une centaine de personnes y ont exprimé leur colère (d’autres protestations ont eu lieu en Ecosse, en Allemagne, en Suède, à Hong Kong, en Inde et aux Etats-Unis). En Belgique, le mouvement ‘‘pro-vie’’ organise chaque année une ‘‘Marche pour la Vie’’ réactionnaire qui s’oppose au droit à l’avortement d’un point de vue religieux. Ce mouvement organise aussi des piquets devant des centres d’avortement pour culpabiliser les femmes qui s’y rendent. Même dans des pays comme la Belgique, où l’avortement est légal, la lutte n’est pas terminée. Poursuivons le combat pour défendre nos acquis et nos droits !

  • Morte à cause de l’interdiction de l’avortement: plus jamais!

    La mort de Savita Halappanavar a une nouvelle fois illustré que le discours “pro-vie” menace la vie des femmes, très certainement quand leurs positions deviennent des lois. Savita est morte suite au refus des partis traditionnels irlandais de traduire une exception constitutionnelle (autoriser l’avortement si la vie de la mère est en danger) en loi. Le PSL/LSP soutient la revendication des protestations irlandaises qui exige que le gouvernement fasse ce pas immédiatement, en tant que première étape vers le droit plein et entier à l’avortement.

    Tract du PSL


    Ce tract a été produit à destination de l’action de protestation de ce mercredi 21 novembre, face à l’ambassade d’Irlande (Chaussée d’Etterbeek 180, 1040 Bruxelles)


    Laisser les femmes décider de leur corps, c’est sauver des vies !

    Changer la loi ne suffira cependant pas à éviter de nouvelles douleurs ni de nouveaux morts. Depuis les années ’80, on estime que 150.000 irlandaises se sont rendues en Grande-Bretagne pour avorter. Au vu du coût que cela implique (le transport et l’absence de remboursement des soins), cette solution n’en a jamais été une. Cette situation est encore aggravée actuellement avec l’effondrement du niveau de vie de la population irlandaise, conséquence de la crise économique. Ainsi la vente de pilules abortives en ligne a fortement augmenté.

    L’interdiction de l’avortement n’entraîne pas une diminution du nombre d’avortements. Cela conduit à des avortements dangereux avec des complications allant de l’infertilité à la mort. Chaque année 19 millions de femmes risquent leur vie lors d’un avortement non médicalisé. Une étude de l’Organisation Mondiale de la Santé a dévoilé qu’en 2008, 49% des avortements à travers le monde étaient des avortements dangereux, où la femme perdait la vie dans un cas sur huit.

    Pour imposer un changement en Irlande – ou encore en Pologne, à Malte et dans tous les pays où l’avortement est interdit – un mouvement de lutte contre l’austérité et les idées réactionnaires est nécessaire. Il est possible de construire un large soutien pour le droit à l’avortement y compris parmi les croyants. Cela a été illustré par le fait qu’en Belgique, le mouvement des femmes du Mouvement Ouvrier Chrétien soutient le droit à l’avortement après avoir analysé les 20 ans de l’existence de la loi. Il est même ouvert à discuter de l’élargissement du délai légal d’avortement.

    En Belgique aussi, l’action reste nécessaire!

    Sans défense, les acquis ne sont pas éternels. Dans divers pays, il existe une pression sur le droit à l’avortement. Les politiques d’austérité ont miné son financement et, dans certains Etats des USA, l’arrivée au pouvoir de gouverneurs populistes de droite a entraîné des restrictions légales. Avec l’approfondissement de la crise et le désarroi social qui en résulte, les forces réactionnaires vont instrumentaliser ce thème. Nous ne devons leur laisser aucun espace.

    Une fois par an, en Belgique, le “mouvement pro-vie” rassemble ses troupes avec une ‘‘Marche pour la Vie’’ lors de l’anniversaire du vote de la loi autorisant l’avortement dans notre pays. Depuis plusieurs années, des centres d’avortement sont confrontés à la tenue de piquets réguliers du mouvement ‘‘pro-vie’’ à leurs portes. Ces militants intimident et culpabilisent les femmes à un moment où elles sont vulnérables. Un espace leur est laissé puisqu’il n’y a aucun débat social sur ce thème et en raison du fait que les cours d’éducation sexuelle ont été réduits à presque rien suite au sous-financement de l’enseignement. De là provient également le recul de l’utilisation de moyens de contraception pour se protéger d’une grossesse non-voulue ou des maladies sexuellement transmissibles.

    Leur discours peut aussi trouver une certaine écoute chez ceux qui, sans être ultraconservateurs, sont sensibles au manque criant de politique sociale destinée à aider les familles à ne pas connaître une dégradation de leurs conditions de vie en ayant un enfant. Ils dénoncent ainsi très correctement le manque de soutien pour les parents dont les enfants naissent avec un handicap. Mais leur solution est d’obliger les mères a en porter seule la charge en défendant l’idée d’un salaire pour les femmes au foyer. Le PSL-LSP revendique plutôt un élargissement de différents types de services qui permettent aux femmes de combiner famille, travail et loisirs : accès aux soins, accueil des enfants, emplois convenables… Pour beaucoup de femmes, le choix de l’avortement est entaché de nombreuses préoccupations. Les difficultés financières, le manque d’institutions de soins, le manque de crèches, les prix élevés du logement ne sont que quelques éléments qui rendent difficile de faire un choix véritablement libre.

    Le PSL/LSP se bat pour un vrai choix:

    • Pour le droit à l’avortement, dans des centres publics accessibles
    • Pour la prévention par la gratuité des moyens de contraception et une éducation sexuelle de bonne qualité à l’école
    • Pour des emplois à temps plein avec de bons salaires pour tous ; des services publics de qualité qui aident les femmes à combiner emploi et famille; des allocations familiales qui couvrent les coûts réels, afin d’éviter que l’avortement ne soit une décision purement financière.

    Participez à la campagne pro-choix ! Prenez contact avec la commission femme du PSL/LSP et aidez-nous à mobiliser pour l’action contre la manifestation du mouvement pro-vie du 24 mars !

  • GSK : santé, profits et astuces légales

    Entre des unes sécuritaires, islamophobes ou de faits divers, le Vif l’Express glisse de temps à autre une enquête intéressante. C’est le cas cette fois, où il est expliqué comment le groupe pharmaceutique britannique GloxoSmithKline (GSK) a pu éviter de payer jusqu’à 892 millions d’euros d’impôts, via divers mécanismes légaux qui font aujourd’hui de la Belgique un véritable paradis fiscal pour les grandes multinationales.

    Par Nico P. (Bruxelles)

    En 2009-2010, lors de la très médiatisée et très redoutée pandémie de grippe A/H1/N1, le groupe GSK avait développé et commercialisé un vaccin nommé Pandemrix. Un vaccin acheté en hâte par des dizaines de pays, pour un total de 300 millions de doses, dont on estime aujourd’hui qu’un quart seulement a été administré, le reste ayant été détruit après péremption. Un vaccin qui, de plus, n’était pas une solution miracle : en Belgique par exemple (tous les pays d’Europe et d’Amérique du Nord ont réalisé un contrat similaire), le contrat passé entre GSK et l’Etat spécifiait mot pour mot que la firme ne donnait aucune garantie qu’il s’agisse du ‘‘maintient de la qualité […] l’efficacité ou la sécurité du vaccin […] (1)’’. D’autres parties du contrat stipulaient qu’en cas de décès, l’Etat était responsable de l’indemnisation et de la prise en charge des frais judiciaire… En plus de cela, un tiers des quinze experts qui ont directement conseillé l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) avait des liens avec une ou plusieurs firmes pharmaceutiques, y compris GSK.

    Le prix (hors TVA) d’une dose tournait à l’époque aux alentours de 8,50 €. Or, le coût réel de production ne s’élevait qu’à 3 ou 4 euros. La majorité du prix étant couverte par le brevet, la propriété intellectuelle en quelque sorte. Il serait d’ailleurs intéressant de savoir quelle part, dans revenus, a été consacrée effectivement à l’amortissement du coût (certes réel) de la recherche qui a menée à l’élaboration du vaccin, à de nouveaux investissements, aux salaires des chercheurs etc., et combien ont été consacrés à doter les actionnaires de GSK de yachts et d’îles privées. Finalement, le chiffre d’affaire total généré par les commandes de vaccins s’élève à 2,3 milliards d’euros. Mais ce que les gouvernements ont payé, c’est principalement de la propriété intellectuelle, les ‘‘royalties’’ (équivalent aux droits d’auteurs dans ce domaine).

    Rappelons toutefois qu’une loi existe, en Belgique et ailleurs, pour faire tomber un brevet en cas de risque majeur pour la santé publique. Une idée que nos dirigeants n’ont de toute évidence pas jugée intéressante…

    La filiale du groupe détenant le brevet est GSK Biologicals, basée dans le Brabant Wallon. En règle générale, les grandes entreprises délocalisent les sièges associés à la propriété intellectuelle dans un pays très faiblement taxé. Mais comme l’explique le cabinet d’avocats Bird &Bird dans une présentation destinée aux entreprises, la Belgique est, pour les entreprises ‘‘riches en propriété intellectuelle, un paradis fiscal’’! Ainsi donc, notre pays rejoint les Iles Caïmans, le Luxembourg, Singapour… Le principe légal (adopté en 2007) étant que 80% des bénéfices bruts engendrés par un brevet peuvent être déduit de la base imposable. L’impôt des sociétés (33,99%) n’est donc applicable qu’à 20% des bénéfices. Ce qui ramène à un taux de taxation réel de 6,8%. Mais ce n’est pas tout, avec les intérêts notionnels il est possible de déduire de ses impôts les intérêts d’un emprunt réalisé en vue d’un investissement. Cet emprunt peut être réalisé avec un organisme extérieur (une banque) ou… pas ! Une entreprise peut donc s’emprunter à elle-même, et déduire les intérêts de ce prêt (fixés pour 2011 à 3,485%…) !

    Les tours de passe-passe se succèdent, l’Etat laisse faire et encourage, les multinationales s’enrichissent, bref, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes !


    (1) ”GSK n’octroie aucune garantie quelconque concernant la fourniture du vaccin pandémique, et toute obligation de garantie qui pourrait résulter de la loi ou de toute autre norme juridique, que ce soit en relation avec le maintient de la qualité après livraison, l’efficacité ou la sécurité du vaccin pandémique(…) est, de la manière la plus largement permise par la loi, exclue de la présente convention…”

  • En bref…

    Cette rubrique est destinée à mettre en avant différents faits, citations ou petites nouvelles particulièrement frappantes.


    Impossible de vivre avec 3000 euros par mois…

    Jean Michel Javaux, coprésident d’ECOLO et bourgmestre d’Amay notamment, a été légèrement attaqué au sujet du cumul, thème particulièrement cher à son parti. Il s’est défendu en disant sur Twitter : "c pas un cumul…Vous pouvez ergoter mais bourgmestre d’une commune de -de 15000 habitants (et aucun autre mandat electif) oblige tous les échevins et exécutifs à avoir un boulot." Ce qu’il faut savoir, c’est que le salaire brut des bourgmestres a été revalorisé en 2011. Actuellement, il s’agit de 3.000 euros bruts par mois. Pour une ville comme Mons, il s’agit de 6.000 euros. ce qu’affirme donc en substance Mr Javaux, c’est donc qu’il n’est pas possible de vivre avec 3.000 euros par mois. Sur quelle planète vit-il? Très nombreux sont les travailleurs qui ne disposent pas de cela, et de fort loin d’ailleurs… Peut-être que nous pourrons à l’avenir voir ECOLO participer activement aux luttes pour de meilleurs salaires avec l’objectif de permettre à chacun d’avoir plus de 3.000 euros ?


    De gauche, ECOLO?

    Ce n’est pas la semaine de Javaux… WikiLeaks a publié un document qui est un rapport d’une discussion “confidentielle” entre le chef de file des ‘‘verts’’ et l’ambassadeur des Etats-Unis. Ce texte est limpide quant aux efforts effectués par l’homme fort d’ECOLO pour plaire à l’establishment, une rhétorique tout autre que celle qu’il utilise vers ses électeurs ou la base du parti… Morceaux choisis : Javaux aurait précisé que son parti n’est pas de gauche (Ecolo ‘‘bousculant les frontières entre les classes.’’) et aurait aussi déclaré que des militants sont issus de riches familles notamment liées à RTL ou Umicore (‘‘Il a un nombre étonnant de supporters clés parmi les riches familles industrielles belges, a-t-il expliqué.’’ou encore ‘‘Il explique que certains des militants Ecolo les plus importants viennent des familles riches qui contrôlent de grandes compagnies en Belgique, notamment RTL (une chaîne de télévision privée) et Umicore (un groupe chimique)’’). Javaux aurait aussi positivement parlé de l’implication de la Belgique dans les opérations militaires en Afghanistan (tout en admettant que ce sujet est sensible, surtout parmi les immigrés qui votent pour ECOLO) et aurait déclaré qu’il est important de travailler avec l’OTAN et l’ONU. Les centrales nucléaires pourraient aussi rester ouvertes plus longtemps. L’ambassadeur fait aussi remarquer que Javaux slalome entre les partis traditionnels et qu’il ‘‘ est bien possible que les verts créent la surprise en Wallonie en poussant des réformes qui ne sont pas nécessairement appréciées à gauche ou au centre.’’


    Ce système est littéralement malade

    165 millions de personnes en Europe sont atteintes de troubles psychiatriques ou neurologiques plus ou moins graves. C’est le constat auquel est arrivé le Collège européen de neuropsychopharmacologie après une étude réalisée sur 500 millions de personnes issues des 27 pays de l’Union Européenne. Un expert en santé mentale due l’Organisation Mondiale de la Santé a déclaré que ‘‘c’est bun indicateur du stress de notre société, pas forcément de troubles psychiatriques’’. L’Etat de la santé mentale dans notre pays est lui-aussi préoccupant. En 2009, 263 millions de doses journalières d’antidépresseurs ont été vendues. Cette année-là, on estime qu’un Belge sur dix a pris des antidépresseurs, soit 1,1 million de personnes. Environ 5% de la population du pays est aux prises avec une lourde dépression.


    ‘‘Le pire de la crise de l’euro est encore à venir’’

    Wolfgang Munchau du journal Financial Times ne fait pas dans la dentelle. ‘‘Je m’attends de ce fait à ce que la récession frappe la zone euro de plein fouet, et sans défense. Lorsque cela arrivera, la crise de l’eurozone ne sera pas belle à voir.’’ Pourquoi ? Il explique que chaque pays de la zone euro oublie qu’il fait partie d’un ensemble, et que ses actions ont un impact sur cet ensemble. Il se comporte comme une petite économie ouverte. Or, les plans de sauvetage ont besoin de la croissance pour jouer à plein. Celui de la Grèce, qui était déjà problématique au moment de sa rédaction, est compromis par la récession du pays. La stratégie de recapitalisation des banques est en train de s’effondrer avec le ralentissement économique. Cet été, la croissance semble s’être figée dans les pays de l’eurozone. Cela fait deux mois que les prêts consentis au secteur privé sont en berne. Les prévisions pour l’activité manufacturière sont en recul. Il critique aussi sévèrement les plans d’austérité de la France, l’Espagne, l’Italie, la Grèce, le Portugal et l’Irlande, qui retentissent sur l’ensemble de la zone euro.


    Les dirigeants britanniques du Parti travailliste veulent être bien clairs: ils n’aiment pas les grèves

    Que faire en tant que dirigeant politique d’un parti d’opposition sensé être auprès des travailleurs lors d’une interview concernant une grève des fonctionnaires si quand on ne soutient pas du tout cette grève ? On répète la même chose à chaque question…


    Entre amis

    Fin juin 2011, Filip Dewinter, porte-parole du Vlaams Belang, a participé à une réunion de la Lega Nord à Pontida, près de Bergamo. Il y a notamment rencontré Francesco Speroni (à l’extrême droite de la photo). Un mois plus tard, ce même Speroni expliquait que Breivik n’avait fait que défendre la civilisation occidentale avec son massacre…


    Rions un peu avec les riches (en anglais)

  • Défendre le droit à l’avortement, en Belgique et dans le monde

    La loi qui régit le droit à l’avortement en Belgique fête ses 21 ans début avril. Contrairement à un tas d’autres pays, il n’y a presque pas eu de résistance à cette loi une fois celle-ci votée. L’année dernière, les initiateurs de ce qu’ils appellent la ‘‘Marche pour la Vie’’ avaient décidé de changer cela et de commencer à mobiliser les forces anti-avortement en Belgique. Ce 27 mars, ils organisent leur deuxième ‘‘Marche pour la Vie’’. Ils veulent notamment construire un mouvement actif de protestation contre l’avortement autours d’une mobilisation annuelle.

    Les véritables socialistes et les défenseurs des droits des femmes ne peuvent pas laisser passer cela sans réagir. Le PSL a décidé de suivre l’appel de la Fédération Laïque des Centres de Planning Familiaux pour une contre-action. Pour l’an prochain, un front plus large doit être construit afin de rendre impossible à ces forces réactionnaires de culpabiliser les femmes qui prennent le choix difficile d’avorter.

    Dans le cadre de cette discussion, nous publions l’article suivant qui compare la situation dans les pays où l’avortement est légal à ceux où il est illégal.

    Avortement illégal = avortement non sécurisé

    Quand on parle de l’avortement en Belgique, il est important de cadrer cette discussion le contexte mondial. Grâce à la loi de 1990 qui autorise l’avortement, celui-ci peut avoir lieu dans des conditions de sécurité alors que, dans le monde, pleins de femmes meurent ou deviennent stériles suite à un avortement fait dans de mauvaises conditions.

    Par Nathalie, Malines

    La défense de la légalisation de l’avortement s’associe à une campagne sur la santé sexuelle. Le nombre d’avortements non sécurisés et la mortalité qui en découle sont plus élevés dans les pays où l’accès légal à l’avortement est insuffisant. 26% de la population mondiale vit dans 72 pays (essentiellement en voie de développement) où l’avortement est totalement interdit ou seulement permis afin de sauver la vie de la femme. Il y a plus d’avortements non sécurisés dans les 82 pays qui ont les lois les plus restrictives : jusqu’à 23 avortements non sécurisés pour 1000 femmes entre 15 et 49 ans. Dans les 52 pays où l’avortement à la demande de la femme est légal, on voit une grande différence : deux avortements non sécurisés pour 1000 femmes en âge de faire des enfants ont lieu.

    Les conséquences mortelles des avortements non sécurisés illustrent aussi le niveau général des soins de santé et l’accessibilité d’un service médical post-avortement. Les chiffres de mortalité pour les avortements non sécurisés restent les plus élevés dans les pays où l’avortement est illégal. Dans ces pays, le ratio de mortalité des avortements non sécurisés est de 34 mères sur 100.000 nouveaux nés vivants. Ce ratio diminue systématiquement à mesure que l’avortement est légalisé dans de nouveaux pays. Dans les pays où l’avortement est légal sur la demande de la femme, ce chiffre tombe à moins de 1 morte par 100.000 nouveaux né en vie.

    Même dans les pays où le chiffre de mortalité des mères diminue grâce à l’amélioration de l’accès aux soins de santé, les lois restrictives sur l’avortement mènent à beaucoup de décès parmi les mères.

    La légalisation de l’avortement et l’accès au service d’interruption volontaire de grossesse ne fait pas augmenter la demande d’avortements. Au contraire, le seul effet de la légalisation est d’assurer le remplacement des procédures jusque là clandestines, non sécurisées et parfois mortelles, par des procédures légales et sécurisées. Un rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé de février 2011 illustre que l’interdiction légale de l’avortement n’a pas d’influence sur le nombre d’avortements pratiqués. En Afrique, où l’avortement est illégal dans la majorité des pays, le ratio d’avortements est à 29 alors qu’en Europe, où l’avortement est légal dans la plupart des pays, le ratio est à 28.

    Les probabilités qu’une femme décide d’avorter sont aussi grandes dans un pays en voie de développement que dans les pays industrialisé. En 2003, il y avait dans les pays développés 26 avortements pour 1000 femmes et 29 pour 1000 femmes dans les pays en voie de développement. Ces chiffres démontrent que les femmes avortent que ce soit légal ou pas.

    L’avortement est un phénomène qui existe et qui, fait dans de mauvaises conditions, peut avoir un effet dévastateur sur la santé des femmes. La question n’est pas si on est ‘‘pour’’ ou ‘‘contre’’ l’avortement, si on le trouve ‘‘chouette’’ ou pas. Pour nous, la question n’est pas en premier lieu basée sur des considérations éthiques ou des expériences morales et personnelles. La légalisation de l’avortement permet une prise en charge dans des centres reconnus, qui combinent leur pratique à des campagnes indispensables de prévention sur les grossesses non désirées. Cela diminue la mortalité féminine due aux avortements non sécurisés.

    Le nombre d’avortements est le plus bas dans les pays où c’est un droit légal !

    Aujourd’hui, il est clair que le nombre d’avortements est le plus bas dans les pays où l’interruption de grossesse à la demande de la femme est légal et où il existe un accès à des services sécurisés qui font également de la prévention concernant les grossesses non désirées, comme en Belgique. C’est notre tâche de continuer à défendre ce droit à la reproduction saine des femmes.

    Depuis la loi du 3 avril 1990, l’avortement, pendant les 12 premières semaines de la grossesse, n’est plus un acte pénal en Belgique, si toutefois certaines conditions sont remplies. La première consultation et l’intervention doivent se faire dans une ‘‘institution de soins de santé’’ (un centre d’avortement ou certains hôpitaux). Ces dernières doivent avoir leur propre service d’information et une équipe pluridisciplinaire capable d’accompagner les femmes et de les informer de toutes les lois et décrets auxquels elles peuvent faire appel afin de résoudre sa situation d’urgence. La femme doit déclarer qu’elle se trouve dans une situation de nécessité, mais la loi ne donne pas une définition de celle-ci. La décision revient donc totalement à la femme, la seule à décider si elle est ou non en situation d’urgence. Une fille mineure peut aussi décider seule si elle désire garder son enfant ou pas. Une période d’attente obligatoire de six jours entre la première consultation dans le centre et l’avortement dans le même centre est imposée. Pour ces soins, nous ne devons payer que quelques euros de ticket modérateur en Belgique, ce qui rend l’avortement accessible à toutes les couches de la population.

    L’enregistrement obligé des interruptions de grossesse est suivi par une Commission Nationale d’Evaluation. Elle a été mise sur pied le 30 aout 1990 afin de contrôler l’exécution et l’évaluation de la loi d’avortement du 3 avril 1990. Selon ses données de 2007, 18.033 femmes se sont faites avortées en Belgique. Depuis le début de l’enregistrement en 1993 jusque maintenant, le nombre d’avortements a augmenté de 7.701 interventions. Mais ces chiffres doivent être nuancés: il existe des interruptions de grossesse réalisées dans notre pays par des femmes qui ne sont pas domiciliées en Belgique et, parallèlement, il existe des Belges qui vont à l’étranger pour avorter. Enfin, la Commission d’Evaluation enregistre aussi un nombre de déclarations tardives.

    En 2007, 18.706 femmes résidant en Belgique ont avorté. Depuis 1993, le nombre d’interruptions de grossesse a augmenté de 38,8%. Dans l’avant-dernier rapport (2004-2005), on assiste à une augmentation de 4,6%. Il reste incertain que ces chiffres montrent effectivement une montée du nombre d’interruptions de grossesse dans notre pays. Les experts partent de l’idée que la croissance du chiffre est simplement la conséquence d’un meilleur enregistrement dans les hôpitaux et les centres cliniques. Le ‘dark number’, le nombre d’interventions non enregistrées, devient dès lors de plus en plus petit. Les chiffres d’avortements en Belgique continuent tout de même à faire partie des plus bas au monde, comme ceux des pays voisins, les Pays-Bas et l’Allemagne.

    La Commission d’Evaluation publie un rapport tous les deux ans. Le rapport, apparu le 9 septembre 2010 concernant la période du premier janvier 2008 jusqu’au 31 décembre 2009 formule nombre de recommandations destinées à faire baisser le nombre d’interruptions volontaires de grossesse. La prévention des grossesses non désirées, et donc la diminution du nombre d’interruptions de grossesse, commence nécessairement en stimulant le respect de soi et de l’autre. Aussi bien les femmes que les hommes doivent être conscients de leur fertilité et doivent prendre leurs responsabilités.

    Une bonne prévention demande des moyens et un climat d’ouverture au lieu de culpabiliser et criminaliser les femmes

    Cela commence avec l’éducation sexuelle des jeunes. La Commission met en avant qu’une éduction spécialisée et une formation adaptée sont indispensables, à l’école ou ailleurs, pour apprendre à gérer des relations affectives et sexuelles ainsi que leur fertilité. L’amélioration de la qualité de cette formation présuppose l’intégration de l’éducation sexuelle et relationnelle dans les programmes de formation des futurs enseignants. C’est seulement une éducation actualisée, rendant possible un meilleur accès à toutes les formes de contraception, qui peut donner des résultats. Cela doit être lié à une revendication pour plus de moyens pour l’enseignement en général : dans les classes trop grandes, même un enseignant mieux formé ne saurait mener à bien une formation autour de sujets si sensibles.

    Les jeunes, femmes et hommes, devraient avoir la possibilité de parler librement de la sexualité et de leurs relations. La responsabilité de prévention des grossesses non désirées et donc aussi de l’avortement est l’affaire tant des femmes que des hommes. Le tabou sur le sexe et ses conséquences possibles fait obstacle à cette évolution. Comme l’avortement est une solution d’urgence pour une grossesse non désirée, qui est de la responsabilité de la femme et de l’homme, aucun tabou ne devrait bloquer la communication autour de ce thème. C’est justement de ça que le mouvement pro-life et l’église catholique sont coupables.

    Il ne suffit évidemment pas d’avoir le droit à l’avortement. Afin d’effectivement faire baisser les chiffres d’avortements, il est extrêmement important de combiner la légalisation avec une bonne politique de prévention. A côté de l’éducation sexuelle pour stimuler la responsabilisation des gens, les moyens de contraception doivent être promus afin de minimaliser le risque d’une grossesse non désirée. Il est important que l’éducation sexuelle et les contraceptifs soient accessibles à toutes les couches de la population. En Belgique, les contraceptifs restent beaucoup trop chers. Nous sommes pour des moyens de contraception de qualité, gratuits et accessibles à tous.

    Des études scientifiques nous montrent que la plupart des femmes avortent sans forme persistante de stress émotionnel. Quelques femmes subissent un stress émotionnel doux, tout de suite après l’avortement, combiné à un sentiment de chagrin, de solitude, de gêne, de culpabilité et de regret. Seul un petit groupe ressent un stress émotionnel sérieux, caractérisé par le deuil, la crise et la dépression suite à un avortement. Beaucoup d’études montrent que les sentiments les plus présents justes avant, pendant et juste après l’avortement sont la peur, la culpabilité et la gêne.

    Il est important de montrer que ces sentiments se développent plus dans les endroits où les femmes vivent dans une société avec une morale patriarcale et restrictive. Une grande confusion existe dans les sentiments liés à l’avortement. Le soulagement n’exclut pas le chagrin et le deuil. Presque la moitié des femmes lient l’avortement plus à des sentiments pénibles qu’à des sentiments positifs sur le plus long terme. Car le plus souvent les femmes avortent pour sauver quelque chose qui est d’une importante réelle pour elles et/ou pour d’autres mais jamais parce que c’est ‘‘chouette’’. L’avortement est une forme de prise de responsabilité.

    La qualité du soutien offert à la femme pendant le processus de décision a une influence importante sur le bien-être de la femme après l’avortement. Le plus grand facteur de risque pour le stress émotionnel semble être la pression du partenaire masculin pour l’avortement. Une femme doit toujours pouvoir décider librement si elle veut ou non interrompre sa grossesse. Il faut donc assurer que les femmes peuvent résister à la pression sociale de ceux qui veulent les pousser à l’avortement ou qui veulent justement leur interdire. Un bon soutien social et un climat qui accepte l’avortement sont d’une grande importance.

    Il faut défendre aussi le droit d’avoir des enfants

    En Belgique, seule la femme a le droit de décider si elle veut ou pas avoir un enfant. Quand une femme choisit d’avorter car elle ne veut pas d’enfant à ce moment-là, c’est également totalement justifié. Les facteurs externes qui font que les femmes choisissent l’avortement doivent cependant diminuer. Pour cela, il est important d’étudier les raisons pour lesquelles les femmes avortent afin d’agir là-dessus.

    Une des données la plus remarquable dans le dernier rapport de la Commission d’Evaluation (février 2010) était que 25% du nombre total d’interruptions de grossesse enregistré ont lieu dans la Région de Bruxelles Capitale. Près de 28,9% (en 2009) des femmes déclarent se trouver dans une situation de difficultés matérielles dans la région avec le plus haut chiffre de chômage. Pour les années étudiées ici, un peu plus que 15% des femmes invoquent des difficultés financières, professionnelles ou de logement comme situations d’urgence.

    Les femmes et les hommes ont le droit d’avoir des enfants et ne peuvent pas être limités par d’autres raisons que leur libre choix. Ainsi des motifs financiers ne devraient pas influencés le choix à avorter. Les travailleurs ont le droit à un revenu stable qui permet de vivre confortablement, et ce en augmentant les salaires et toutes les allocations sociales. Les allocations familiales doivent également couvrir réellement les coûts de l’éducation d’un enfant et des services publics qui permettent aux femmes de combiner travail et famille. Ce programme doit assurer qu’aucune femme ne doit choisir l’avortement pour des raisons essentiellement financières.

    La lutte pour le droit à l’avortement – et le droit à la santé en général – ne peut pas être considérée de façon déconnectée de la lutte sociale pour des meilleures conditions socio-économiques pour chacun. Les soins de santé doivent être accessibles pour tous, riches et pauvres, hommes et femmes et doivent alors être gratuits. La lutte des femmes n’est pas ne lutte des femmes contre les hommes. Une stratégie de division des travailleurs pour diriger rend les luttes sociales pour des meilleures conditions de vie impossibles. C’est donc une affaire des hommes et des femmes pour laquelle nous luttons de manière unifiée pour nos droits.


    Sources:

    • Rapport de l’OMS avec des faits sur les avortements provoqués partout dans le monde, publié en février 2011.
    • Rapport de l’OMS sur les avortements non sécurisés, 2008.
    • Sensoa, dossier ‘avortement en Belgique: faits et chiffres (octobre 2009).
    • Rapport de la Commission National de l’Evaluation concernant les interruptions de grossesse, publié le 9 septembre 2010.
    • ‘Avortement pour toujours fini?’, Riemslagh, M., Vanmechelen, B. (2003)
    • Broen A.N., Moum, T., Bodtker, A.S., Ekeberg,O., The course of mental health after miscarriage and induced abortion: a longitudinal 5 year follow-up study. (2005).
    • Trybulski, J., The longterm phenomenae of women’s postabortion experiences. (2005).
    • Kero, A., Högberg, U., Lalos, A., Wellbeing and mental growth- long term effects of legal abortion (2004).
    • Aléx, L., Hammarström, A., Women’s experiences in connection with induced abortion – a feminist perspective. (2004).
  • Le capitalisme moderne et l’épidémie de «grippe porcine»

    Une catastrophe aggravée par le système de profits

    Bien que l’épidémie grippe porcine ne mérite pas encore le titre de pandémie, pas autant en tout cas que la grippe espagnole de 1918, elle a révélé le rôle du profit dans la création de ce genre de situation, et l’incapacité du capitalisme de résoudre rapidement et efficacement des crises telles que celle-ci.

    Andy Moxley et Aleida Vilchez, Socialist Alternative (CIO-USA)

    La grippe H1N1, connue sous le surnom de «grippe porcine», est une combinaison mutante de quatre différentes souches de grippes. Ces souches ont été trouvées chez les virus des grippes aviaire, porcine et humaine. Elle se transmet d’homme à homme, et a maintenant été confirmée chez 650 cas au niveau mondial. 443 de ces cas ont été détectés au Mexique (Associated Press, 02/05/09), dont entre 100 et 176 ont été mortels. Le Centre pour le Contrôle et la Prévention des Maladies prévoit encore plus de décès.

    Le rôle de l’agro-industrie

    Comme Mike Davis l’a fait remarquer dans son article du Guardian du 27 avril, les craintes d’une telle mutation virale et la demande de la part du monde scientifique d’un suivi fédéral de cette affaire remontent à l’année 1998 (!), lorsqu’un virus similaire est apparu parmi les porcs d’une porcherie industrielle en Caroline du Nord.

    Les élevages industriels sont d’immenses fermes mises en place par l’agro-industrie pour produire plus de profits en empilant le plus d’animaux possible sur le plus petit espace possible, dans les conditions les plus terribles pour les animaux. Selon l’article de Davis, plus 65 millions de porcs seraient maintenant concentrés dans 65.000 fermes industrielles (aux Etats-Unis). La situation est similaire en ce qui concerne les poulets. Selon les critères fédéraux, chaque poulet n’a besoin que d’un espace de 16 pouces (40 cm) pour survivre.

    Les animaux finissent par vivre dans leurs propres excréments, tandis qu’on les gave de stéroïdes pour qu’ils grandissent plus vite et d’antibiotiques pour pouvoir survivre aux blessures ouvertes et aux infections. De plus, dans ces élevages, ils sont enfermés si proches les uns des autres que toute maladie se répand facilement à l’ensemble de la population d’une ferme, ce qui aide à créer des virus et bactéries plus résistants. Les fermiers qui exploitent ces élevages industriels sont à la merci de l’agro-industrie.

    Par exemple, Perdue, une compagnie nationale d’élevages de poulets, possède tous les droits légaux sur les poulets élevés par ses fermiers et sur leur nourriture, les louant en pratique aux fermiers. Toutefois, Perdue n’est pas légalement responsable des déjections produites par ces poulets, laissant leur gestion et leur évacuation à la charge des fermiers (PBS Frontline, 21/04/09). Ces fermiers n’ont pas les ressources ni l’argent dont dispose Perdue pour effectuer de telles opérations. L’immense quantité de déjections rejetées dans la nature créée de graves problèmes de contamination de l’eau et autres problèmes de santé.

    Destruction environnementale

    La recherche par l’agro-business du profit maximum qu’il peut tirer de ces fermes n’affecte pas seulement directement la transmission et la création de nouvelles maladies, mais prélève également un tribut destructeur sur l’environnement.

    Cela fait longtemps que la course aux profits cause des dégâts à l’environnement. L’utilisation de combustibles fossiles et d’autres ressources non-renouvelables pollue non seulement l’air que nous respirons (la création de «smogs»), mais a également ouvert un gigantesque trou dans la couche d’ozone qui sert de bouclier à la Terre, ce qui a eu pour effet une accélération du changement climatique au cours des dix dernières années.

    Les déjections animales émises par les fermes industrielles ont causé l’empoisonnement de sources d’eau potable, et la destruction massive de la faune des rivières (poissons, etc.). Depuis 1991, plus d’un milliard de poissons sont ainsi morts directement à cause de cela dans le fleuve Neuse de Caroline du Nord, plus que n’importe où ailleurs aux Etats-Unis.

    Réponse tardive

    En ce moment, le monde n’est qu’à deux doigts d’une pandémie mondiale de grippe H1N1. Toutefois, le statut de pandémie ne fait référence qu’à l’étendue de la maladie, et non à sa sévérité. Jusqu’ici, les rapports indiquent que la menace du H1N1 pourrait ne pas être aussi grave que ce que l’on avait cru initialement (The New Nation, 02/05/09). Les pays riches ont pris les mesures nécessaires afin de contenir et d’enrayer l’infection, telles que le check-out complet des patients qui présentent des symptômes ressemblant à ceux de la grippe, la distribution de médicaments anti-viraux et même le développement d’un vaccin avant que la prochaine saison de grippe ne frappe l’hémisphère nord.

    Lorsque le virus a été identifié pour la première fois, les scientifiques ont cru qu’il possédait un taux de mortalité plus élevé, à cause du grand nombre de décès au Mexique. En réalité, jusqu’ici, il apparaît que ce virus est vulnérable aux anti-viraux habituels tels que Tamiflu et Relenza. Les patients réagissent bien au traitement, et les cas de grippe porcine hors du Mexique se sont révélés bénins et non-fatals, à l’exception d’un garçon mexicain qui est décédé au Texas (Associated Press, 29/04/09).

    Si le virus H1N1 cause une pandémie, il touchera d’abord et le plus durement les pays «en développement». Pire encore, la crise se passe pendant la saison de grippe annuelle. L’incapacité du gouvernement mexicain à résoudre cette épidémie montre que les pays pauvres ne possèdent pas les ressources nécessaires pour la prise en charge des malades. A l’apogée de l’épidémie au Mexique, le gouvernement a distribué environ six millions de masques à Mexico City, dont la population est de à vingt millions. De peur que l’infection échappe à tout contrôle, certaines ambulances ont refusé de ramasser les malades, et beaucoup d’entre eux se sont vu refuser l’entrée à l’hôpital.

    La Banque Mondiale a prévu d’octroyer un prêt de 205 millions de dollars au gouvernement mexicain afin de l’aider à affronter cette crise. Le Mexique a déjà reçu 25 millions de dollars (Guardian, 27/04/09). Ce n’est qu’après avoir reçu cet argent que le Mexique a été capable d’acheter les médicaments anti-viraux nécessaires, et de commencer à évaluer l’ampleur de la crise. L’Organisation Mondiale de la Santé a aussi donné 2,4 millions de médicaments à 72 pays en développement (The Houston Chronicle, 02/05/09). Il n’est pas étonnant qu’après cela, la situation ait commencé à s’améliorer.

    Maintenant, le nombre de cas et de décès a commencé à diminuer grâce à une mise à l’arrêt économique quasi-totale. Dans son effort pour contenir l’infection, le gouvernement mexicain de Felipe Calderon a fait passer une mesure permettant de fermer toutes les entreprises privées et agences gouvernementales jusqu’au 6 mai ; tous les rassemblement publics ont été annulés, y compris les manifestations du 1er Mai, fête internationale des Travailleurs.

    La pauvreté – incubateur à maladies

    La politique néolibérale mise en oeuvre par la classe dirigeante a fragilisé les pays du monde entier. Depuis les années ‘70, le capitalisme a attaqué le niveau de vie, les salaires et les conditions de travail partout dans le monde afin d’engranger plus de profits, accroissant par là la pauvreté et négligeant les soins de santé et les besoins humains de base. Via la libéralisation du commerce et la mondialisation, la spirale descendante n’était pas seulement menée au niveau des salaires, mais aussi au niveau des conditions de vie et de l’infrastructure.

    Le capitalisme a créé un monde où il y a des excédents de nourriture, alors que 25.000 personnes meurent de faim chaque jour ; un monde où les travailleurs et les pauvres meurent de maladies guérissables, simplement parce qu’ils n’ont pas assez d’argent que pour aller voir un docteur. Sous le capitalisme, les 10% de personnes les plus riches détiennent 85% de la richesse mondiale.

    Les virus tels que celui de la grippe porcine prospèrent dans les conditions de pauvreté extrême. Les conditions de vie horribles dans les régions du monde frappées par la pauvreté créent un champ de reproduction pour ces virus. La pollution, la faim et la maladie affaiblissent les systèmes immunitaires et rendent les gens extrêmement vulnérables aux infections, ce qui pose les bases pour des épidémies. La maladie ne connaît pas les frontières, de sorte que la simple existence de telles conditions, n’importe où sur la planète, signifie que la porte est grande ouverte pour une épidémie mondiale.

    Le capitalisme a également créé la ferme industrielle, qui sert d’incubateur pour des virus et maladies qui affectent à la fois les animaux et les humains, et qui cause des dégâts environnementaux irréversibles. Nous devons produire la nourriture d’une manière qui ne soit pas seulement saine du point de vue des maladies, mais qui soit aussi durable et écologique.

    La distribution adéquate de fournitures médicales dans le monde entier, y compris de vaccins et de médicaments, est une tâche intérgale dans le cadre de la lutte contre les maladies. Il est aussi nécessaire d’ôter la recherche médicale des mains de corporations avides de profits et qui s’inquiètent plus de leur propre compte en banque que de la prévention et du soin des maladies, et de placer cette recherche entre les mains des personnes les plus affectées.

    Une alternative à l’agro-industrie

    Aucun de ces problèmes ne peut être résolu sous la domination actuelle de l’agro-industrie et du capitalisme. Au fur et à mesure que les maladies continuent d’évoluer, la seule manière de s’assurer que ces crises soient évitées et résolues de manière efficace est via une planification démocratique par les masses de la population. En éliminant la motivation pour le profit grâce à la planification socialiste et démocratique de l’économie, nous pourrons plus rapidement prendre à bras le corps tout problème émergent, et nous pourrons développer un plan de production et d’opération qui empêche l’émergence-même de la plupart de ces événements.

    La grippe H1N1 a mis en lumière l’infrastructure pourrissante créée par le capitalisme. En l’espace de quelques semaines, une épidémie mondiale s’est produite, causant des centaines de morts facilement évitables et provoquant une crise mondiale.

    Sous le règne des grandes entreprises et du capitalisme, de tels problèmes vont sans cesse se produire. Seul un système socialiste démocratique pourrait éliminer la pauvreté, fournir des soins de santé de qualité pour tous, et mettre un terme au règne de la destruction de notre environnement et de nos vies par les corporations.

    Il nous faut organiser un mouvement puissant afin de briser l’emprise des grandes entreprises sur notre santé et notre alimentation. Nous devons mener campagne contre la destruction de notre environnement par les corporations et contre la guerre, où d’innombrables milliards de dollars sont dépensés pour détruire, et utiliser cet argent afin d’aider les pays en développement. Nous devons nous organiser à une échelle nationale et internationale afin de briser le règne des grandes entreprises et du capitalisme. Pour vaincre la privation, le racisme, et la dégradation environnementale et voir cette victoire de notre vivant, les moyens sont là, mais nous devons nous organiser afin de mettre un terme à la dictature du profit, pour le remplacer par celui du contrôle démocratique.

  • III. NOTRE PROGRAMME

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    "Le PSL – LSP, un parti pour changer de société"

    Préface

    I. Histoire du PSL/LSP

    II. Perspectives, tâches et objectifs

    – IV. Notre fonctionnement interne

    Cette brochure peut être commandée via redaction@socialisme.be et revient à 3 euros (que vous pouvez verser sur le n° de compte 001-2260393-78 du PSL/LSP avec la mention "brochure PSL").
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    Idéologie

    Beaucoup de gens disent qu’ils n’adhèrent à aucune idéologie particulière, il est même devenu assez «tendance» de se dire pragmatique. Depuis la chute du stalinisme, à la fin des années ’80 – début des années ’90, la classe dominante et ses collaborateurs intellectuels ont déclaré avec grand fracas que le débat idéologique avait pris fin. Seul le marché «libre» était dorénavant considéré comme étant efficace. Pour reprendre la célèbre expression du philosophe Francis Fukuyama (qui a très peu fait parlé de lui par la suite) la «fin de l’histoire» a été explicitement proclamée.

    La raison pour laquelle peu de gens parlent encore de cette prétendue «fin de l’histoire» n’est pas compliquée à trouver: les contradictions de classes n’ont fait que s’accroître durant les années 1990 et 2000 et le clivage entre riches et pauvres est aujourd’hui gigantesque. De plus en plus de travailleurs et de jeunes se retrouvent sur le côté. Cette situation conduit inévitablement à de nouveaux questionnements ainsi qu’à la recherche d’une réponse générale contre le capitalisme ; autrement dit : une autre idéologie, capable de mieux expliquer les développements sociaux que l’ancienne.

    A travers l’histoire, les classes dirigeantes ont toujours essayé de présenter leurs idées comme «naturelles», «éternelles», et «normales». La bourgeoisie n’agit pas différemment au travers de ses partis, de son enseignement, de ses médias et de ses intellectuels. Attardons nous sur quelques clichés de la vision capitaliste :

    – «La société n’est pas constituée de différentes classes économiques, mais bien d’individus indépendants.»

    Cela est totalement faux. Il existe une classe dirigeante qui dispose de la propriété privée des machines, des ressources, etc. Cette propriété privée des moyens de production entraîne inévitablement l’exploitation de la majorité de la population et une compétition mortelle, contrairement à ce que permettrait une économie démocratiquement planifiée. Il y a donc bien des groupes aux intérêts divergents et irréconciliables dans la société capitaliste. Un tel système contradictoire conduit immanquablement à des crises de surproduction.

    – «Les restructurations et les licenciements sont déplorables, mais sont un phénomène temporaire, et nécessaire à la viabilité de l’économie.»

    Tout aussi faux. Le chômage a, en Belgique, augmenté de 70.753 personnes au début des années ’70 à plus d’un demi-million de personnes qui dépendent de l’ONEM aujourd’hui. Le licenciement des travailleurs est seulement «nécessaire» afin de garantir les profits des patrons et PAS pour maintenir une économie saine. Les profits d’une petite élite priment sur tout le reste.

    – «Celui qui est sans emploi l’est uniquement par sa propre faute. C’est un problème personnel, pas social.»

    Une fois de plus, c’est un mensonge. Le chômage structurel – alors que tant de besoins ne sont pas satisfaits dans la société (garderies à bon marché, facilités de loisir, enseignement de qualité,…) – est une maladie liée à la crise de surproduction capitaliste.

    Les frais salariaux sont seulement une excuse pour des capitalistes à la mémoire courte. Dans les années ’50 et surtout ’60, un système de sécurité sociale a été construit, et les salaires réels sont montés de manière significative. Mais ce processus a pris place dans une période de forte croissance capitaliste. Depuis la politique néolibérale, au début des années ’80, nos salaires directs et indirects (pensions, allocations, etc.) ont fortement diminué en termes de pouvoir d’achat. Cela n’empêche pas les patrons de systématiquement parler du coût salarial comme d’un facteur «destructif pour l’emploi». La seule chose destructive pour l’emploi est pourtant le système capitaliste qu’ils défendent.

    – «L’idée de redistribuer les richesses est le reflet d’une jalousie vis-à-vis de ceux qui ont réussi dans la vie. La position de quelqu’un dans la société correspond à ses efforts et à ses talents.»

    Faux. La redistribution des richesses signifie de réclamer aux grands actionnaires le travail non-payé, grands actionnaires dont l’activité ne consiste d’ailleurs qu’à s’asseoir sur leurs culs de fainéants, à remplir des coupons et à les commercialiser. Etre riche aujourd’hui signifie avant tout être né dans une «bonne famille». Les efforts et les talents de la majorité des travailleurs sont constamment niés par le capitalisme. Par la routine robotique, le manque de contrôle et de démocratie, ces talents sont à peine utilisés.

    – «Le socialisme ne correspond pas à la nature humaine, car la majorité des gens est égoïste.»

    Encore une autre désinformation. Dans la nature humaine, on peut indubitablement constater des éléments d’altruisme, par exemple dans la relation des parents envers leurs enfants. Mais la lutte pour le socialisme ne se base pas sur l’idée que nous devrons faire «plus avec moins». Bien en contraire. C’est dans la lutte pour les intérêts matériels de la majorité de la population que se trouve le fondement même des mouvements de lutte à venir.

    – «La révolution, c’est un coup d’Etat chaotique réalisé par une petite minorité, comme cela a été le cas en Russie en octobre 1917.»

    C’est quelque chose que l’on entend également très souvent, mais là encore, c’est très loin de correspondre à la réalité. Les révolutions ont lieu seulement quand les masses ne veulent plus vivre de l’ancienne manière : quand les masses laborieuses arrivent sur la scène de l’histoire. Nous parlons d’une intervention consciente et organisée des masses pour prendre la gestion de la société entre leurs mains. La révolution de 1917 était portée par la majorité des travailleurs et des paysans pauvres, organisée dans des conseils (soviets) démocratiquement élus.

    – «Une économie planifiée n’est pas réaliste. Qui voudrait encore travailler?»

    Cette idée rejoint la thèse sur la nature humaine «égoïste». La satisfaction du travail pour les masses trouvera sa source dans le fait qu’elles contrôleront elles-mêmes les produits de leur travail, et ce d’une manière démocratique. Ce sera un stimulant économique et social énorme. Les conditions de vie pourraient de nouveau augmenter sur toute la planète, avec des possibilités gigantesques pour les nouvelles technologies et les sciences, tout en tenant compte de l’environnement. C’est seulement sur base d’une économie démocratiquement planifiée que l’on pourra réellement respecter l’environnement, nécessité vitale pour chacun.

    Ce sera l’intérêt commun et non le profit d’une petite élite qui sera mis en avant par des discussions dans les conseils ou comités de travailleurs. La technologie, qui actuellement conduit à plus de chômage au fur et à mesure des progrès en entraînant des crises de surproduction, pourrait sous une économie planifiée élargir le temps libre, la liberté humaine et la connaissance de ce que la planète a à nous apporter de façon considérable.

    On pourrait encore aborder beaucoup d’autres questions. Est-ce que les travailleurs d’aujourd’hui sont encore exploités, comme au 19e siècle ? La majorité d’entre nous n’est-elle pas devenue heureuse grâce au capitalisme, à l’exception de quelques problèmes provisoires et marginaux ? En fait, la machine de propagande bourgeoise tourne tellement bien que certaines finissent pas la croire, malgré des statistiques qui prouvent le contraire.

    Il en va ainsi du «Quart-Monde», que beaucoup de gens considèrent comme ayant toujours existé, et destiné à disparaître à terme. En réalité, la notion de «Quart-Monde» est née dans les années ’80 suite aux économies opérées dans les services sociaux. Depuis quelques années, même ceux qui ont un emploi ne sont plus certain d’échapper à la pauvreté.

    En fait, les idées capitalistes sont quotidiennement diffusées par des milliers de canaux tandis que la réponse socialiste à ce flot de propagande ne dispose bien évidemment que de peu de moyens. Ainsi, quand la presse bourgeoise parle des grèves, elle parle essentiellement de la nuisance de celles-ci. Pourquoi n’entend-t-on jamais dire de leur part que sans les grèves, les grèves générales et les manifestations de travailleurs, nous n’aurions jamais eu le droit de vote ou la sécurité sociale? Ce n’est pas un fait objectif peut-être? Ou est-ce simplement parce que cela déplaît à l’idéologie dominante, celle de la classe dominante et de ceux qui servent ses intérêts?

    Et d’ailleurs, est-ce qu’il existe encore des idéologies? On prétend aujourd’hui facilement qu’au 19e siècle, à l’époque de Marx, il y avait encore de grandes contradictions de classes, mais que celles-ci ont entre-temps disparu. La raison avancée pour étayer cette thèse est que la classe ouvrière de l’époque de Marx n’existe plus aujourd’hui. C’est un argument auxquelles nos oreilles auraient à force presque tendance à s’habituer, alors qu’il n’y a pas la moindre parcelle de vérité là-dedans.

    Au 19e siècle, la classe ouvrière était une petite minorité largement désorganisée. Politiquement, elle était proche du parti Libéral, et on ne parlait même pas encore d’un parti ouvrier (de tels partis sont nés seulement vers la fin du 19e siècle). Une des tâches les plus importantes de Marx a consisté à donner une idéologie propre et globale à la classe ouvrière ainsi qu’à créer des organisations ouvrières indépendantes de la bourgeoisie. Marx parlait de transformer la classe ouvrière d’une classe «en soi» (qui existe) en une classe «pour soi» (conscience de son existence en tant que classe aux intérêts communs).

    Aujourd’hui, la classe ouvrière constitue la majorité de la population. Elle est bien éduquée, organisée dans des syndicats, possède un certaine degré d’indépendance politique et, depuis le 19e siècle, elle a obtenu le droit de vote, la liberté de la presse, le droit de grève, etc. Il est normal que la bourgeoisie essaie de s’en prendre à ces droits. Les patrons font bien entendu tout pour miner et diviser cette force potentielle en scissionnant des entreprises (la scission de Bayer à Anvers en Bayer et Lanxess, par exemple) ou à l’aide de la sous-traitance.

    C’est dans ce cadre qu’il faut replacer les attaques contre le droit de grève. Les patrons veulent limiter le pouvoir potentiel des travailleurs, avant que ce pouvoir ne se manifeste de manière trop évidente. En France, Sarkozy a fait voter une loi qui oblige les grévistes, dans le secteur des transports publics, à annoncer préalablement une grève à la direction. Ils veulent ainsi pouvoir anticiper les effets de la grève et soumettre les travailleurs à l’intimidation. Les politiciens et les patrons rêvent d’élargir cet exemple à d’autres secteurs.

    En Belgique, comme en France, la discussion sur le «service minimum» est lancée. A quoi sert une grève, si des remplaçants sont sur place? Les directions syndicales nationales de la CSC et de la FGTB n’ont pourtant pas émis de forte résistance contre une telle idée. Dans certains cas, ils ont même aidé la droite dans ses réflexions sur le sujet, tant leur peur des actions spontanées et des mouvements généralisés est profonde. Comme Trotsky l’a déclaré il y a quelques décennies, si les dirigeants syndicaux ne rejettent pas le système, alors ils s’y incorporent de plus en plus.

    Les dirigeants syndicaux ne portent pas juste une «petite» part de responsabilité sur leurs épaules dans l’absence de perspectives de toute une génération et d’une jeunesse immigrée abandonnée par le capitalisme. Aujourd’hui, dans beaucoup de villes européennes, on assiste à l’émergence de ghettos auxquels aucun politicien bourgeois ne s’intéresse. L’aliénation que ceci peut amener, nous avons pu la voir à l’œuvre dans les explosions violentes des banlieues françaises en 2005. Des voitures et des entreprises ont été incendiées. Des attaques ont été commises contre des bus dans lesquels se trouvaient des travailleurs ordinaires victimes de la politique néolibérale au même titre que les jeunes. On a pu voir également les attaques de la part de jeunes immigrés contre leurs compagnons d’âge pendant les manifestations et les grèves contre le CPE (Contrat Première Embauche), tout cela parce qu’ils faisaient selon les jeunes des banlieues partie des «riches». Ces exemples sont tous des signes d’une société malade. De nouveaux partis des travailleurs doivent, avec l’aide des syndicats, défendre toutes les couches de la population, même les plus opprimées. Ne pas le faire ouvre la porte aux islamistes radicaux, et, parmi la jeunesse blanche, à l’extrême-droite.

    Il y a encore de grands débats idéologiques en vue. Ni la classe ouvrière, ni l’exploitation n’ont disparu et, en conséquence, pas non plus la nécessité d’un fondement idéologique. Ce qui a disparu, c’est les idéologies réformistes des sociaux-démocrates, ainsi que des dirigeants staliniens.

    Ces derniers, après la chute des régimes staliniens, ont couru à toute vitesse vers le camp du marché libre, parfois avec quelques «corrections sociales» mais sans le plus souvent. A tel point que l’ancien premier ministre britannique Tony Blair prétend maintenant que le Parti Travailliste n’aurait jamais dû rompre avec les libéraux! En fait, ce que Blair demandait en disant cela, c’était un retour à la période qui a précédé Marx.

    C’est assez logique pour quelqu’un qui a intérêt à ce que l’idéologie capitaliste reste la seule en course, ce qui concrètement signifie que tout doit rester comme avant. «Pas d’idéologie» ou le «pragmatisme» néolibéral, ce ne sont rien d’autre que des formes revêtues par l’idéologie bourgeoise qui a entre autres conduit aux libéralisations, aux privatisations, à la chute du pouvoir d’achat et à une flexibilité croissante.

    Le fait que la discussion sur le «socialisme du 21e siècle» ait été lancée au Vénézuela et en Amérique Latine n’arrive pas au bon moment pour la classe capitaliste. Pour nous, ce n’est que le début du type de discussions qui vont gagner en intensité dans les années à venir, en Europe et dans les pays développés également. Très certainement dans le cadre de cette crise économique qui risque d’être la plus importante jamais connue et si la tendance à la formation de nouveaux partis des travailleurs se confirme.

    Chavez a mené une série de mesures positives pour la population pauvre en partie grâce au prix élevé du pétrole, dont le Vénézuela regorge. Nous soutenons bien entendu ces mesures (supermarchés spéciaux pour les pauvres, campagnes d’alphabétisation, meilleurs soins de santé avec l’aide de médecins cubains,…). Mais, malheureusement, Chavez n’est pas clair sur la nécessité d’opérer une véritable rupture avec le capitalisme. Il n’y a pas encore autant de nationalisations qu’il y en a eu au Nicaragua dans les années ’80, où d’ailleurs le processus révolutionnaire avait été renversé. Suite à la crise économique, au fur et à mesure de la baisse des revenus pétroliers, cela va fortement limiter l’espace dont dispose Chavez pour l’application de mesures sociales et le soutien pour le régime pourrait en sortir considérablement miné. De plus, le développement d’organes de classe indépendants (comités de lutte élus, partis, etc.) est freiné par l’approche «de haut en bas» du régime.

    Les références de Chavez au socialisme reflètent une pression de la base. Elles expriment la volonté des masses d’abandonner la misère du capitalisme pour construire un nouvelle société.

    IDEOLOGIE ET PROGRAMME

    Le mot «programme» est souvent compris comme «cahier de revendications». Mais un programme, c’est bien plus que cela. Le cahier de revendications n’est que la pointe de l’iceberg, autrement dit l’application concrète d’un programme sous certaines conditions.

    Par exemple, il est possible que l’on soit complètement d’accord avec le cahier de revendications du MR aujourd’hui, sans nécessairement souscrire à tout le parcours historique de ce parti, aux différentes réponses que les libéraux ont offert à travers l’histoire. Pour être un vrai libéral, il ne faut pas seulement souscrire à leur cahier de revendications actuel, mais aussi à la manière avec laquelle ils sont arrivés à cela.

    En d’autres termes, un programme signifie: un cadre idéologique consistant et historiquement construit, une analyse de la situation actuelle, une orientation générale, une stratégie et une tactique. Sans cela, on peut être d’accord avec le MR aujourd’hui mais être complètement en désaccord avec eux demain, lorsque les conditions auront changé. A l’inverse, il est possible d’être d’accord avec le populiste de droite Jean-Marie Dedecker sur un cadre historique libéral, mais avec un autre cahier de revendications.

    Dans un parti qui souscrit à l’idéologie dominante, l’idéologie bourgeoise, cela ne joue pas un rôle tellement important. Par contre, lors d’une révolution ou de grands mouvements de lutte, ces différences peuvent comporter des conséquences catastrophiques.

    C’est pour ça qu’un programme, au sens marxiste du terme, ne peut pas se limiter à un simple cahier de revendications. Le Manifeste du Parti Communiste, écrit par Marx et Engels comme proposition de programme pour la «Ligue des Communistes», était en premier lieu une analyse historique du développement du capitalisme, une perspective sur son futur développement, une orientation générale vers le mouvement ouvrier, et enfin une discussion sur la stratégie et la tactique à adopter vis-à-vis d’autres courants socialistes. Une page seulement sur les 80 à 100 pages du Manifeste (en fonction de l’édition), contient un cahier de revendications en 10 points.

    Les thèses d’Avril de Lénine, le document programmatique des Bolcheviks pour la révolution d’Octobre ‘17, ou encore le programme de transition élaboré par Trotsky en 1938 nous donnent la même image. Autrement dit : on n’est pas pour autant marxiste parce qu’on est d’accord avec une ou même toutes les revendications du cahier de revendications. On le devient réellement sur base d’une analyse historique et actuelle de l’évolution de la lutte des classes et des grandes tâches générales qui en découlent.

    Le PSL/LSP et le Comité pour une Internationale Ouvrière basent leur programme sur l’œuvre de Marx, Engels, Lénine et Trotsky; sur les textes des quatre premiers Congrès de la Troisième Internationale, sur le Congrès fondateur de la Quatrième Internationale et sur les textes du CIO (créé en 1974) et de ses pionniers depuis la Deuxième Guerre Mondiale. Cela n’est pas rien et cela ne signifie pas non plus que nous sommes d’accord avec ces textes à la virgule près. Nous utilisons ces documents comme référence, comme méthode d’analyse et comme fil rouge pour nos orientations et tâches pratiques.

    LE PROGRAMME DE TRANSITION

    Naturellement, nous comprenons que tous les travailleurs et les jeunes ne souscrivent pas à 100% de notre programme. C’est pour cela que Trotsky a développé la notion de programme de transition. Par «programme de transition», il entendait un programme qui part de ce qui est nécessaire pour les travailleurs et leurs familles à un moment précis et qui met en avant la transition socialiste de la société.

    Trotsky affirmait qu’il ne sert à rien d’élaborer un programme ou des revendications pour une gestion «plus humaine» du capitalisme, mais qu’il faut cependant offrir des solutions qui partent des besoins des travailleurs et de leurs familles. Trotsky a argumenté que le capitalisme ne sera jamais capable de satisfaire ces besoins, que seule une société socialiste pourrait offrir une solution durable.

    En fait, il n’a rien fait d’autre que d’exprimer sous une forme plus claire un concept que Marx avait déjà élaboré dans le Manifeste du Parti Communiste et Lénine dans ses Thèses d’Avril. Lénine utilisait le slogan «Terre, pain et paix» pour arriver à la conclusion que le gouvernement transitoire qui a succédé au tsarisme après la révolution de février 1917 ne pourrait jamais satisfaire ces revendications pourtant primordiales. A travers cela, il est arrivé au slogan «Tout le pouvoir aux soviets».

    De même, le PSL/LSP parle aujourd’hui de la «nécessité que la production soit basée sur les besoins de la population et pas sur les profits d’un petit groupe de capitalistes» pour arriver à la conclusion que cela n’est possible que par un changement socialiste de la société.

    Le programme du PSL/LSP exprimé ci-dessous n’est rien d’autre qu’une application actuelle de ce programme de transition. Il doit être lu en prenant en considération les remarques ci-dessus à propos de l’idéologie et du programme.

    LE PROGRAMME DE TRANSITION AUJOURD’HUI

    La classe ouvrière est soumise à un recul perpétuel sous le capitalisme. La «cathédrale» de la sécurité sociale et d’autres acquis sont sous attaque depuis des décennies par le patronat et leurs politiciens. Ce n’est pas un processus économique inévitable. Le passé nous apprend que lorsque les travailleurs s’organisent dans des syndicats et des partis, la situation peut se retourner.

    D’une lutte défensive visant à défendre nos intérêts par entreprise ou par secteur, nous devons reprendre tous ensemble l’offensive et réclamer la richesse que nous avons créée : pour créer des emplois décents, bien payés et stables; pour augmenter les allocations ainsi que les retraites et disposer d’un pouvoir d’achat digne de ce nom; pour initier un programme de construction massif de logements sociaux et plafonner les prix des habitations; pour renationaliser, sous le contrôle démocratique de la population, les services privatisés et libéralisés ; pour refinancer l’enseignement; pour organiser collectivement les tâches ménagères qui actuellement pèsent toujours sur les épaules des femmes ;… En bref, pour mettre réellement en avant les besoins de la majorité, au lieu de la soif de profit d’une minorité de grands actionnaires et de patrons.

    Tous ensemble, jeunes et vieux; Flamands, Wallons ou Bruxellois; Belges ou immigrés; hommes et femmes;… nous sommes plus forts !

    1. La technologie : un ami ou un ennemi ?

    Cette situation est navrante lorsque l’on considère que les possibilités n’ont jamais été aussi grandes qu’aujourd’hui.

    Un vol jusqu’en Amérique dure à peine 5 heures. Grâce aux ordinateurs, le boulot de centaines de milliers d’employés et de travailleurs peut être réalisé avec beaucoup moins de personnes. Internet, les e-mails et les GSM rendent la communication plus facile pour ceux qui y ont accès et créent pour beaucoup de jeunes et de travailleurs le sentiment d’appartenir à une communauté internationale. La médecine peut résoudre des problèmes dont nous ne pouvions que rêver auparavant. Mais, malgré toutes ces avancées, la chasse au profit joue un rôle extrêmement désastreux.

    Les fonds gouvernementaux pour la recherche scientifique sont drastiquement réduits. Seule la recherche servant directement les intérêts des entreprises et leur fournissant des bénéfices est encore subventionnée. Et quand les entreprises prétendent vouloir financer la recherche, ils la déduisent en réalité de leurs impôts.

    Les seuls qui en profitent sont les patrons. Les centres de recherches perdent ainsi leur indépendance. De plus, cela entraîne une concurrence entre les différents centres pour tenter d’obtenir des fonds. Les scientifiques sont isolés ; ils ne peuvent pas se concerter ni échanger des expériences, ce qui entraîne un gaspillage énorme d’énergie, de temps et d’argent.

    Et même si l’on fait de la recherche utile, et que l’on arrive à trouver des solutions – pensons aux différents traitements des problèmes cardio-vasculaires – les traitements sont pour beaucoup de gens inaccessibles à cause de leur coût.

    Pendant ce temps-là, les problèmes pour lesquels il faut urgemment trouver une solution continuent de s’empiler. Pensons au SIDA, aux catastrophes naturelles qui coûtent la vie à des millions de gens, aux traitements des cancers, à la production des déchets et à la pollution, à la famine dans de larges parties du monde,… Prenons plus particulièrement la famine. Un raisonnement logique serait: il y a une grave pénurie de nourriture, il faut donc produire plus. Et pourtant, les usines tournent au ralenti en craignant la surproduction, alors qu’une énorme quantité de nourriture est détruite tout simplement pour garder les prix à un certain niveau.

    L’écrasante majorité des scientifiques sont d’accord pour affirmer que le réchauffement de la planète aura des conséquences désastreuses pour de larges parties du globe si on ne commence pas à y remédier maintenant. Selon des centaines d’experts présents lors du sommet sur le climat à Bruxelles (en avril 2007) l’Antarctique, l’Afrique Subsaharienne, les îlots et les grands deltas asiatiques sont les régions qui souffriraient le plus du réchauffement de la planète. On parle d’inondations, de tempêtes et de glissements de terrain qui se produiront plus fréquemment. Les franges les plus pauvres de la population mondiale seront les plus touchées par ces catastrophes naturelles. Mais l’existence d’une quantité inquiétante d’espèces de la faune et de la flore est également menacée, entre autres, par le réchauffement de la planète.

    Une économie planifié à l’échelle mondiale et sous le contrôle démocratique de la population permettrait de prendre des mesures immédiates pour réduire «l’empreinte écologique» de l’Homme, notamment par un usage massif de transports publics gratuits mais également par des investissements massifs dans la recherche de sources d’énergie alternatives. Il est difficile de se rendre actuellement compte du potentiel de ces alternatives, du fait que l’industrie pétrolière et automobile leur mettent souvent des bâtons dans les roues.

    La question-clé est qu’aujourd’hui, la science et la technologie sont aux mains et au service des multinationales. Ainsi, les différents gouvernements bourgeois ne peuvent pas prendre les mesures qui s’imposent, ou alors uniquement de façon ambiguë quand il est déjà trop tard. Leur politique est destinée à satisfaire la soif de profit, et pas à satisfaire les besoins de l’Homme et de son environnement. Nous devons exiger le contrôle démocratique de la science, au nom des scientifiques et de la population mondiale.

    Aussi longtemps que les banques, les multinationales,… disposent du monopole de toutes les solutions possibles, nous sommes totalement impuissants. Ce n’est pas le développement de la science et de la technologie qui est en soi désavantageux, mais bien leur contrôle par les groupes mentionnés ci-dessus. Au service de la population, la technique et la science pourraient sauver et améliorer la vie de millions de personnes.

    2. Pour des emplois décents, stables et bien payés.

    • RETABLISSEMENT DE NOTRE POUVOIR D’ACHAT!
    • STOP A LA FLEXIBILISATION!
    • REDUCTION DE LA CHARGE DE TRAVAIL PAR LA REDISTRIBUTION DU TRAVAIL DISPONIBLE!
    • 32 HEURES PAR SEMAINE SANS PERTE DE SALAIRE ET AVEC EMBAUCHES COMPENSATOIRES!

    Les paroles du gouvernement contrastent de façon criante avec ses actes. Dans de larges parties de Bruxelles et de Wallonie, il y un chômage massif et structurel. En juin 2007, le chômage dans la région Wallonne était de 14,4% (allocataires au chômage complet et élèves ayant quitté le système scolaire). Presque la moitié de cette catégorie était au chômage depuis plus de 2 ans. Dans la région Bruxelloise, à la même période, le nombre de chômeurs était de 19,9%. Des générations entières sont exclues par l’économie de marché !

    En Flandre, certains essaient de donner l’impression que le chômage a baissé considérablement dans le courant de 2006-2007 et qu’il y a même une pénurie dans certains métiers. Beaucoup de ces métiers sont flexibles (nettoyage, construction) et ne sont pas toujours rémunérés convenablement pour les efforts supplémentaires demandés. Que veulent les patrons? Des travailleurs prêts à se faire exploiter pour une bouchée de pain? La soi-disant pénurie est utilisée pour importer, de façon sélective, des travailleurs bon marchés en Belgique. Des travailleurs qui disposent de moins ou, dans le cas des sans-papiers ou des travailleurs au noir, d’aucun droits sociaux du tout. Le PSL/LSP défend les droits égaux pour tous les travailleurs. Ce n’est que de cette façon que l’on pourra combattre la pression sur les salaires et la politique de diviser pour régner appliquée par le patronat. Tout ce qui nous divise nous affaiblit!

    Au niveau national, plus d’un million de personnes sont totalement ou partiellement dépendantes d’une allocation de chômage. Ce niveau est un record historique. Au début des années ’70, le taux de chômage officiel tournait autour des 70.000-80.000. En 1995, on comptait déjà 505.944 chômeurs : une croissance de 1,9% à 12,3% de la population active !

    Depuis la moitié des années ’80, les chômeurs les plus âgés (de + de 50 ans) ne sont plus comptabilisés dans les statistiques. C’était déjà le cas pour les prépensionnés, et depuis 1986, pour ceux qui sont en pause carrière. Aujourd’hui, tous ces groupes constituent ensemble plusieurs centaines de milliers de personnes, qui reçoivent une allocation de l’ONEM mais ne sont pas comptées dans les statistiques.

    Le chômage partiel et temporaire – pour ceux qui ont signé un contrat de travail mais qui, pour des raisons particulières, ne peuvent pas travailler – n’est pas non plus repris dans les statistiques. C’est également le cas pour les gens qui sont «activés», pour qui on utilise l’allocation de chômage comme une subvention salariale! Les patrons sont ravis! Depuis juillet 2004, les chômeurs entre 50 et 58 ans sont réinscrits comme demandeurs d’emploi à cause de la politique «d’activation» des chômeurs, sauf s’ils peuvent prouver au gouvernement que leur carrière a été suffisamment longue. Le gouvernement force les travailleurs à travailler plus longtemps à travers le Pacte des générations. Mais lorsqu’ils sont licenciés sur le tard, la réalité nous montre que peu d’employeurs acceptent de leur offrir une seconde chance!

    En septembre 2007, le chômage officiel en Flandre était de 6,43% (selon le VDAB). Il faut tenir compte qu’il y a plus de gens en pause carrière et de prépensionnés en Flandre qu’en Wallonie ou à Bruxelles. En outre, la politique d’activation et de suspension commence à «payer»: c’est-à-dire que des dizaines de milliers de personnes ont perdu leur allocation de chômage ces dernières années.

    A Ostende, suivant le modèle de «l’activation», les jeunes sont massivement soumis à des sessions intensives pour la recherche d’un emploi, afin de leur apprendre à solliciter collectivement. Il ne s’agit même pas de formations professionnelles, et il n’y a aucune garantie d’avoir un emploi à la fin du parcours. De cette façon, les statistiques du chômage peuvent être embellies. D’autre part, le système incertain et extrêmement flexible des chèques-services connaît un succès grandissant. En juillet 2007, 4,38 millions de chèques ont été utilisés. Le système s’est rapidement répandu, surtout en Flandre (66,2% pendant la première moitié de 2007). A Bruxelles (5,9%) et Wallonie (27,8%), c’est moins le cas.

    L’introduction d’emplois à 10, 20 ou 30% permet de beaucoup jongler avec les statistiques. Ainsi, si vous allez repasser ou nettoyer 3 à 4 heures par semaine grâce aux chèques-services, le gouvernement vous raie déjà des statistiques officielles de chômage. Ce genre d’emploi est largement subventionné par le gouvernement, et le système risque de devenir impayable. Sans parler du fait que les contrats flexibles, temporaires et intérimaires sapent de plus en plus la position des travailleurs qui bénéficient encore un emploi stable.

    Ceux qui plaident pour une limitation du paiement des allocations de chômage dans le temps afin d’obliger les gens à dépendre du CPAS vivent sur une autre planète ou se foutent tout simplement des conséquences sociales de telles mesures. S’il est vrai que les gens choisissent de vivre d’une allocation plutôt que d’aller travailler parce que la différence entre les deux est trop faible, alors il faut augmenter les bas salaires plutôt que de réduire encore les allocations.

    Les bureaux d’intérims sont devenus aujourd’hui des entreprises florissantes. Cela n’a rien d’étonnant. De cette manière, les entreprises n’ont plus à assumer la responsabilité d’un employé fixe. L’entreprise se dirige directement vers l’agence d’intérim qui lui fournit des travailleurs, parfois même avec des contrat à la journée! Vous n’avez plus besoin de travailleurs? Licenciez-les sans en subir les conséquences. Certains intérimaires travaillent depuis plus de 3 ans pour le même patron, ils fournissent à ce patron toute leur expérience, mais ne reçoivent ni la sécurité d’emploi, ni un salaire décent.

    Les Etats-Unis sont cités comme l’exemple à suivre en matière de lutte contre le chômage. Le taux de chômage y serait très bas (entre 4 et 5 %). Ce que l’on ne raconte pas, c’est que la majorité des gens sont obligés de prendre un deuxième boulot après avoir fini le premier pour pouvoir s’en sortir. Ce modèle est en réalité un champ de bataille social. Pourtant, on voit que notre marché du travail évolue vers une croissance des contrats à temps partiel et des chèques-services, de plus en plus comme le système américain.

    Un argument trop souvent cité est le manque de formation. Quelle hypocrisie! Les entreprises exigent que les élèves qui quittent l’école soient formés pour un job spécifique dans l’entreprise. La subvention des écoles par ces entreprises, pour pouvoir utiliser ces jeunes une fois sortis de leurs études, n’est plus un phénomène exceptionnel depuis longtemps. Une fois que le jeune – spécialement formé – n’est plus utile pour l’entreprise, il est mis à la porte.

    Le patronat exige d’assainir le financement de l’éducation. Le raisonnement est toujours le même : les écoles doivent fournir des travailleurs formés, alors pourquoi organiser une formation large quand il s’agit d’emplois précaires ou de rester au chômage? La revendication du mouvement ouvrier comme quoi l’enseignement doit fournir une formation générale est un luxe qui doit être réservé aux enfants de la bourgeoisie. Voilà les pensées cyniques qui se cachent derrière les chiffres et les plaidoyers des chefs d’entreprises et de leurs organisations.

    La crise du capitalisme mène de plus en plus à la croissance du chômage et des emplois précaires à bas salaires. L’ironie est que cela renforce la position des capitalistes, parce qu’ils peuvent menacer les travailleurs avec l’argument que si ces derniers n’acceptent pas les conditions qu’on leur impose, il y en a d’autres qui accepteront de travailler aux conditions imposées.

    Le PSL/LSP défend un rétablissement complet de l’index et un salaire minimal de 1.500 euros net; dénonce le démantèlement de la sécu et « l’érosion » des contrats de travail. Nous nous opposons à chaque fermeture d’entreprise car, dans le cadre du système capitaliste, chaque fermeture mène au chômage et à la pauvreté. La seule revendication capable de commencer à résoudre le problème du chômage est l’introduction de la semaine des 32 heures, sans perte de salaire et avec des embauches compensatoires.

    3. Stop aux libéralisations et aux privatisations ! Renationalisation sous contrôle démocratique de la population!

    Dans les années ‘90, après la chute du Bloc de l’Est, l’idée selon laquelle le marché libre était le seul système viable a été largement diffusée. Tant la social-démocratie que les dirigeants syndicaux ont cru à cette fable et ont refusé de continuer à résister à l’offensive idéologique de la bourgeoisie. En utilisant l’unification européenne comme excuse, nos services publics ont été attaqués les uns après les autres, libéralisés et préparés à la concurrence privée. Au vu de la croissance plus lente de beaucoup d’autres secteurs – en conséquence de la crise de surproduction – le capital a cherché de nouveaux créneaux pour faire du profit.

    Aujourd’hui, beaucoup de travailleurs commencent à percevoir les conséquences de cette politique – ou à la sentir dans leur portefeuille ! On pense par exemple à l’augmentation des prix de l’électricité en Belgique : "Test achat" a ainsi calculé que le prix pour un kilowattheure (kWh) chez Electrabel a augmenté de 50% entre janvier 2005 et décembre 2006.

    Peu après les élections de juin 2007, Electrabel a annoncé qu’elle augmenterait à nouveau ses prix de 13% à 20% ! Après d’énormes protestations, l’entreprise a donné l’impression qu’ils n’allaient finalement pas mettre en place cette décision. Mais en réalité, le CREG, la Commission de Régulation de l’Electricité et du Gaz, a publié un peu plus tard les résultats de sa recherche sur les augmentations des prix du gaz et de l’électricité. La commission a confirmé que, pour les particuliers, l’augmentation sera de 17% en 2008. Une famille moyenne va donc payer environ 172 euros de plus par an pour sa consommation d’énergie.

    Et ceci alors que, selon le VREG qui est le régulateur flamand des marchés du gaz et de l’électricité, le nombre de familles qui ne sont pas capables de payer leur facture d’énergie a augmenté pour atteindre 91.600 en 2006. Une augmentation de 50% par rapport a l’année passée ! Le nombre de « mauvais payeurs » en Flandre a donc atteint un niveau record en 2006. Déjà 4,5% des ménages flamands sont dépendants du tarif social pour leur électricité. Le VREG affirme, à propos de ce scandaleux bradage d’un besoin essentiel, que « Les clients sont seulement intéressants pour les fournisseurs s’ils rapportent quelque chose. Les mauvais payeurs sont donc mis plus vite à la porte par leurs fournisseurs. »

    Sur le marché du gaz, au début de la libéralisation, Electrabel a temporairement baissé ses prix pour attirer le plus de clients possible. Du moment que le marché a été divisé entre plusieurs concurrents, les prix ont augmenté assez vite pour assurer un maximum de profits pour les patrons et les gros actionnaires du secteur. C’est l’évolution naturelle à attendre de chaque forme de libéralisation et de privatisation d’un service public.

    Le PSL/LSP se demande pourquoi la collectivité n’a pas de contrôle sur le marché de l’énergie. Pourquoi le profit est-il central s’il s’agit de notre consommation d’énergie ? Le PSL/LSP exige l’abolition des 21% de TVA sur l’énergie, qui représente un besoin essentiel pour chaque famille et revendique un gel des prix de l’énergie comme première mesure dans le processus de mise sous contrôle démocratique de tout le secteur de l’énergie. C’est seulement sur cette base que seront pris en compte les besoins des travailleurs et de leurs familles (y compris les besoins écologiques).

    La libéralisation et la privatisation signifient toujours un drame social concernant le nombre d’emplois et les conditions de travail. A La Poste, 9.000 des 35.000 emplois ont été supprimés ce qui équivaut à la fermeture de deux grandes usines d’assemblage de voitures. Les travailleurs de La Poste qui sont restés ont été confrontés au système « géoroute » qui conduit à une augmentation perpétuelle de la charge de travail pour moins de personnel. Cela a mené, ces dernières années, à une vague de grèves spontanées dans de nombreux bureaux de poste à travers tout le pays. A quand un mouvement unifié pour jeter tout le plan « géoroute » à la poubelle et stopper net les pas « en avant » vers la libéralisation ?

    Au début des années ’90, 26.500 personnes travaillaient encore chez Belgacom alors que ce chiffre est descendu à 15.000 début 2007. Aujourd’hui, la direction veut encore éliminer 1.500 places. A la classe ouvrière de supporter drames sociaux et pertes d’emplois tandis que les profits exorbitants sont réservés aux patrons. En 2006, Belgacom a ainsi réalisé 6,1 milliards d’euros de profit. La même année, le top manager Didier Bellens a reçu 1,85 millions d’euros de salaire, en plus des 480.000 euros de dividendes pour ses actions. Il en avait d’ailleurs également vendu pour une valeur de 6 millions d’euros. Les ex-« services publics » sont de véritables « jackpots » pour les capitalistes. Et bien sûr, les libéraux, les sociaux-chrétiens et les sociaux-démocrates trouvent que ce genre de profits ne devraient surtout pas être attaquables. Pour eux, les profiteurs sont les chômeurs, dont il faut au plus vite suspendre les allocations ou limiter celles-ci dans le temps.

    Dans les chemins de fer, le transport de marchandises a déjà été libéralisé, et le transport de voyageurs est en train d’y être préparé. L’avenir en Belgique sera-t-il le même qu’en Grande-Bretagne ? Les divers accidents et autres misères qu’y ont connus les chemins de fer privatisés sont loin d’être des coïncidences pour l’opinion publique qui a, depuis, clairement changé d’opinion vis-à-vis de la privatisation. Aujourd’hui, la revendication de la renationalisation du secteur trouve de plus en plus d’échos en Grande-Bretagne, ce qui représente un sérieux changement par rapport aux années ’90.

    En Amérique Latine également, les ravages de la politique de privatisation ont provoqué un changement dans la conscience. Aujourd’hui, les « gouvernements de gauche » en Bolivie et au Venezuela sont mis sous pression pour nationaliser les richesses naturelles. Les pillages et les expropriations par les multinationales sont de moins en moins tolérés par les masses. Comme l’expliquait Engels, le compagnon de Marx, les nationalisations apparaissent déjà comme des «éléments de socialisme» qui s’imposent à la veille société en crise. Ils démontrent la faillite du capitalisme et du libre marché.

    Pendant que les gouvernements néolibéraux organisent la casse sociale, le nombre de personnes ayant besoin de services publics de qualité augmente de jour en jour. Par exemple, de nombreux parents qui travaillent ont un réel problème concernant la garde de leurs enfants. Ils seraient sans aucun doute enchantés d’avoir à disposition des crèches dignes de ce nom, et organisées par l’Etat.

    Chaque jour, des milliers d’ouvriers et d’employés vont au boulot en transport en commun. Quelqu’un est-il capable de nous expliquer pourquoi les transports en train, en tram et en bus sont de plus en plus chers ? Quelle est la logique derrière cela ? A Bruxelles, n’est-ce pas scandaleux de devoir payer 2 euros pour un ticket de la STIB si celui-ci n’a pas été acheté à l’avance à un guichet ? Est-ce comme cela que l’on pense pouvoir résoudre les problèmes des embouteillages ? Un gouvernement au service de la population rendrait directement tous les transports publics gratuits pour faire face au problème des embouteillages et à la pollution. Dans le secteur de transports, il existerait des règles beaucoup plus strictes pour éviter que la pression du travail – en réalité la pression des profits – n’impose à des chauffeurs fatigués de devoir prendre la route.

    Aujourd’hui, la destruction du système des soins de santé est une réalité flagrante et mène parfois à des situations dramatiques. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, les Belges doivent déjà payer eux-mêmes 33% de leurs coûts médicaux. L’OCDE estime ce pourcentage à 28%. Le sous-financement des hôpitaux devient une excuse pour les médecins pour commencer à organiser des consultations « personnalisées », pour lesquelles ceux qui paient le plus sont évidemment les plus vite servis. Les médecins sont rémunérés selon leurs prestations, ce qui favorise les abus.

    Le PSL/LSP veut mettre fin à la course aux profits dans l’industrie pharmaceutique, à la commercialisation rampante et aux abus de la médecine de prestation. Nous sommes pour la création d’un service de soins de santé public et national, avec des statuts fixes – qui sont de plus en plus minés dans les hôpitaux publics – et des salaires décents pour tout le personnel. Selon nous, des éléments tels que le profit ou le prestige de certains individus ou de multinationales ne peuvent intervenir dans le secteur des soins de santé.

    L’argument invoqué en permanence pour la privatisation est le manque de "rentabilité" des services publics. Mais comment un service public peut-il être rentable ? Un service public a pour objectif de rendre un certain nombre de services le plus accessible possible pour chacun, qu’il soit riche ou pauvre.

    Une prestation de services est par définition non rentable parce qu’elle ne peut générer de bénéfice. Ce qu’on oublie, c’est que le droit à des services publics – tout comme à la sécurité sociale – a été arraché par la lutte dans l’objectif de pourvoir à certains besoins sociaux.

    En réalité, la libéralisation et la privatisation signifie la vente de nos services, avec moins d’emplois disponibles et des conditions de travail diminuées, pour nous faire payer doublement le prix. Ainsi le gouvernement économise-t-il sur les dépenses publiques, mais au détriment de qui ? Nous ne payons pas un centime de moins d’impôts, tandis que les managers de nos ex-services publics s’en mettent plein les poches !

    Le PSL/LSP lutte contre la privatisation, pour la gratuité des transports publics, des soins de santé, de la distribution postale et de la collecte des déchets, parce que tous ces services doivent être accessibles a tout le monde, quelque soit l’âge, la situation professionnelle, le sexe,…

    L’argument selon lequel un service public fonctionne mal par définition est largement répandu dans les consciences. Les services publics ont toujours été victimes de ragots. Ils seraient "inefficaces", "bureaucratiques", "tout sauf ponctuels", etc. Et, au contraire, dans le privé, tout marche évidemment à merveille.

    Cette image est complètement fausse. Il y a toujours eu trop peu d’argent disponible pour les services publics, et ce même dans les "golden sixties". Mais même avec suffisamment d’argent, le problème n’est pas totalement résolu. Pour qu’un service fonctionne le plus efficacement possible, la participation de tous ceux qui l’utilisent ou y travaillent est également nécessaire.

    Par exemple, les chemins de fer seraient bien plus efficaces et accessibles en impliquant les travailleurs et les voyageurs dans le fonctionnement du service. Cela permettrait à beaucoup de travailleurs de laisser leur voiture chez eux pour se rendre sur leur lieu de travail en prévoyant suffisamment de correspondances aux heures opportunes. Ces services seraient gratuits et donc accessibles a tous. Les points de départ du PSL/LSP sont l’efficacité et l’accessibilité pour tous, et non pas la logique de privatisation pour le profit de quelques-uns.

    4. Et la concurrence alors ? Qui va payer tout cela ? Il n’y a pas d’argent pour cela ? Les patrons ne vont jamais l’autoriser…

    Une citation des ouvriers des Forges de Clabecq, à l’époque de leur lutte dans les années ’90 pour le maintien de leur usine : « Si tu mets une pile de briques sur le sol, elles ne vont pas se mettre l’une sur l’autre d’elles-mêmes pour former un mur une maison. C’est pour cela que l’intervention humaine est nécessaire. C’est le travail qui génère la richesse. ». Des richesses, il y en a assez. La question est : qui en bénéficie ?

    Si nous regardons à quel point la productivité a augmenté durant les dernières décennies, il apparaît que la durée du travail n’a pas augmenté aussi vite. Si c’était le cas, nous ne travaillerions qu’une paire d’heures par jour. Tous les profits que les patrons ont amassés, ils les ont gardés dans leurs poches.

    Pour résoudre le chômage, le travail disponible doit être partagé entre tous les travailleurs disponibles. Cela déterminera la durée hebdomadaire du travail, qui pourra ainsi être fortement diminuée. Mais attention, nous voulons que le salaire soit totalement conservé, car nous y avons droit.

    Naturellement, le patronat et le gouvernement vont refuser, car cela signifierait qu’une grosse partie de leurs profits leur échapperaient. Cela signifierait aussi que leur position concurrentielle serait menacée. Mais la concurrence est aussi vieille que le capitalisme. Les travailleurs doivent-ils tout avaler pour être « concurrentiels » ? Si on pousse la logique à l’extrême, cela peut être lourd de conséquences. Cela signifierait que nous devrons accepter à terme les mêmes salaires que les ouvriers chinois ou indiens surexploités.

    Si les travailleurs et leurs organisations avaient suivi le même raisonnement au début du 20e siècle, nous serions encore en train de travailler 12, 13 ou 14 heures par jour au lieu de 8. Lorsque la classe ouvrière a fait pression pour la journée des huit heures, après la 1ère guerre mondiale, il n’était pas question de pertes de salaire.

    Au lieu de partir de la question « Qu’est-ce qui est supportable et réaliste pour les entreprises », nous préférons nous demander « Qu’est-ce qui est nécessaire pour les travailleurs ». Nous trouvons simplement logique que la richesse produite par les travailleurs serve à subvenir à leurs besoins.

    5. Pour un syndicat combatif !

    Une des conditions pour atteindre les objectifs ci-dessus, c’est que les travailleurs puissent compter sur des organisations, tant sur le plan politique que syndical, avec lesquelles pouvoir mener le combat pour ces revendications.

    C’est certain, une bataille sera nécessaire à l’intérieur des syndicats, pour remettre en avant le syndicalisme de combat. Le modèle de négociation par lequel la direction des syndicats essaye de convaincre le patronat a échoué. La force des syndicats réside dans leur capacité à mobiliser les travailleurs dans la défense de leurs intérêts immédiats, comme l’histoire l’a démontré à mainte reprises.

    C’est de cela que les patrons ont peur. Au contraire, si le patron sait que la direction syndicale est prête à accepter un petit accord, il n’a aucune raison de faire des concessions. Si par contre, il comprend que le syndicat est prêt à se dresser comme un seul homme pour défendre les intérêts des travailleurs, il réagira de façon plus prudente. Ce qui importe, c’est que les travailleurs se lancent avec un peu plus de confiance dans la lutte, en sachant qu’ils ont la possibilité d’y gagner quelque chose.

    Les syndicats ne servent pas à aider les patrons dans leurs « restructurations », ils servent à défendre les intérêts des travailleurs. A la place du syndicalisme de concertation, nous défendons le syndicalisme de combat. Nous soutiendrons chaque lutte dans ce sens. Il est crucial de se battre pour chaque emploi et pour le maintien de tous les acquis.

    Un nouveau parti des travailleurs devra aussi organiser une aile gauche combative à l’intérieur des syndicats pour offrir une alternative à la « stratégie » d’enterrement des mouvements de lutte des directions syndicales. C’est la principale raison pour laquelle beaucoup de travailleurs sont aujourd’hui cyniques par rapport au rôle des syndicats. C’est aussi pour cette raison que les militants syndicaux ont du mal à convaincre les jeunes de s’engager dans un travail syndical.

    Pensons par exemple à l’arrêt du mouvement contre le Pacte des Générations en 2005. Au cours de cette lutte, la base a été « consultée », dans le meilleur des cas, au cours d’assemblées régionales sans avoir la possibilité de décider réellement. Le mouvement a été stoppé arbitrairement par la direction de la FGTB et de la CSC. Pourquoi les militants ne pourraient-ils pas décider eux-mêmes de la fin ou non d’un mouvement ? Nous avons besoin d’une réelle démocratie syndicale, fondée sur une base active et impliquée qui peut décider elle-même du déroulement de la lutte par des votes démocratiques. La force de la classe ouvrière est potentiellement présente mais nous avons besoin de leaders syndicaux qui osent utiliser leur force pour défendre nos emplois, nos salaires, nos pensions, etc. Et qui puissent concilier ce combat quotidien avec la recherche d’une autre société.

    6. Appel pour la formation d’un nouveau parti des travailleurs

    Mais la classe ouvrière a aussi besoin d’un parti capable de traduire cette stratégie politiquement. Il est clair que le PS et le SP.a sont toujours considérés par une majorité de travailleurs comme « leurs » partis. Mais ces partis ne sont plus prêts à mener la lutte.

    Au contraire, ils sont devenus parmi les meilleurs exécutants des politiques d’austérité. Leur participation aux gouvernements durant de nombreuses années – ainsi que la désorientation et la démoralisation qui ont suivi la chute des régimes dits « socialistes » avec comme conséquence le triomphe des dogmes du libre marché – ont totalement corrompu ces partis.

    Si nous voulons une traduction politique de nos revendications de travailleurs, nous devons en conséquence construire un nouveau parti, mais nous savons qu’un tel parti ne tombera pas du ciel. Comme le dit l’adage populaire, Rome ne s’est pas construite en un jour. Celui qui n’est pas prêt à se retrousser les manches pour franchir les premières étapes vers un nouveau parti oublie que le Parti Ouvrier Belge (POB, l’ancêtre du PS) n’est pas apparu du jour au lendemain.

    Nous sommes conscients qu’un tel nouveau parti des travailleurs ne sera vraiment viable que s’il est soutenu par une partie importante du mouvement ouvrier, et en particulier par des fractions syndicales, sur base d’expériences de mouvements et de luttes massives. Mais si nous devons attendre les directions syndicales, cela peut encore durer longtemps. C’est seulement s’il y a suffisamment de pression de la base que les meilleurs d’entre eux seront prêts à se mettre en avant.

    Ce parti doit être ouvert à tous ceux qui veulent lutter contre la casse sociale. Des discussions libres doivent être ouvertes pour les différents courants, syndicats, groupes d’actions,… qui veulent défendre leurs points de vue propres. Ce parti doit se battre contre chaque division des travailleurs, que ce soit sur base de la nationalité, de la race, du sexe, ou de la religion. Les seuls qui trouvent un intérêt quelconque dans ces divisions sont les patrons et leur système. Tous ensembles, nous sommes forts et, en luttant pour des droits égaux pour tous, nous renforcerons cette unité.

    Ce parti large doit aussi lier la lutte contre l’exploitation de tous les ouvriers, y compris ceux du monde néo-colonial. Les intérêts des travailleurs des autres pays sont souvent présentés comme étant opposés aux intérêts des travailleurs d’ici, mais c’est là une tentative de briser la lutte internationale. Les travailleurs de VW Forest auraient certainement été plus forts dans leur combat contre la restructuration s’ils avaient été capables de convaincre leurs collègues des autres sites VW de mener une lutte efficace à l’échelle internationale contre la fermeture. Mais la lutte internationale ne peut pas être une excuse pour ne pas mener le combat dans son propre pays. Les deux sont indissociablement liés.

    Un nouveau parti des travailleurs doit respecter le droit à l’autodétermination des Flamands, des Wallons et des Bruxellois, sans tomber dans le piège de ceux qui veulent affaiblir les travailleurs par la surenchère communautaire. Le PSL/LSP estime que chaque peuple doit avoir le droit de prendre ses propres décisions. Si un peuple veut vivre avec un autre peuple dans le cadre d’un Etat national, cela doit être possible. Mais sur un pied d’égalité et sur une base complètement libre.

    Être obligés de vivre dans un Etat où une partie de la population a moins de droits que l’autre, cela ne peut mener qu’à des situations désastreuses. Nous sommes par conséquent pour toutes les facilités susceptibles de mettre un terme aux sentiments d’oppression nationale. Donc également pour les facilités linguistiques.

    Beaucoup d’Etats capitalistes sont basés sur l’oppression de peuples ou de groupes de population. La Belgique a sur ce plan une mauvaise réputation. Les Flamands ont ainsi été empêchés durant 100 ans d’aller à l’école dans leur propre langue. Toute l’administration était francophone. Il était donc facile d’affaiblir les travailleurs en les divisant sur une base linguistique. On pouvait par exemple lire dans le journal wallon « Les Nouvelles », du 25 octobre 1904 : « Les Flamands de La Louvière ont reçu hier leur salaire et l’ont directement dépensé pour se saoûler et provoquer des bagarres pendant toute la nuit. Il faut relever qu’à chaque fois que des telles bagarres générales se déroulent à La Louvière, on y trouve des Flamands qui jouent avec des couteaux ».

    Entre temps, l’image s’est transformée. Selon le modèle propagé aujourd’hui, le Flamand est le travailleur courageux, le Wallon le profiteur et l’immigré celui qui sort son couteau. Fondamentalement, c’est toujours la même rengaine : les patrons empochent les profits tandis qu’ils dressent les travailleurs les uns contre les autres. C’est surtout la sécurité sociale qui constitue une épine dans le pied des patrons et du gouvernement. En brandissant la menace d’une scission, ils font du chantage sur les travailleurs wallons et, en même temps, ils nourrissent la Flandre de l’illusion que cela serait bon « pour tous les Flamands ».

    Les seuls qui tireraient avantage de la scission de la sécurité sociale sont les patrons, aussi bien les Wallons que les Flamands. Ils feraient pression sur nos salaires, nos pensions, nos pécules de vacances et nos prestations de santé en menaçant de déménager vers l’autre région. Aucun travailleur n’y a intérêt, ni les Wallons, ni les Flamands, ni les immigrés. Seuls les patrons y gagneraient.

    Un tel parti devrait agir pour la nationalisation des secteurs les plus importants de l’économie, sous contrôle ouvrier, car aux mains du privé, ces secteurs ne servent qu’à générer des profits pour les patrons et leurs actionnaires (banques, investisseurs, etc.).

    La seule manière pour que la population puisse profiter des revenus et/ou des services de ces secteurs (énergie, transport, banques…) est de les nationaliser. Mais il ne faudrait pas s’arrêter là. Dans les mains de l’Etat actuel, qui n’est ni plus ni moins qu’une marionnette aux ordres de la classe capitaliste, ces services devraient toujours être rentables et ne pas trop coûter à l’Etat. La même argumentation est actuellement utilisée pour privatiser les entreprises publiques.

    La participation et le contrôle des travailleurs et de leurs familles dans et sur la politique sont essentiels. En tant qu’utilisateurs et qu’employés, ils savent mieux que quiconque où se situent les déficiences et quelle est la meilleure manière d’y remédier.

    7. Révolution

    Au regard du fait que les multinationales travaillent main dans la main avec les régimes les plus sanguinaires ; que des guerres sont menées pour le pétrole en faisant des milliers et des milliers de victimes innocentes ; que ces multinationales dressent des populations entières les unes contre les autres pour qu’elles finissent, à la longue, par s’entretuer ; qu’elles préfèrent encore laisser les gens mourir de faim plutôt que de toucher à leurs profits et qu’au besoin l’armée choisit la solution militaire, il est clair que ce programme ne peut être atteint autrement que par une lutte résolue.

    Bien plus, pour avoir la possibilité de pouvoir décider nous-mêmes de ce qu’on veut faire de la richesse produite, un mouvement déterminé des travailleurs sera nécessaire pour arracher le pouvoir des mains de la petite minorité des capitalistes.

    Beaucoup feront remarquer que cette minorité est très puissante, car elle dispose de tous les instruments nécessaires pour maintenir les gens sous contrôle. Elle utilise tous les canaux pour diffuser son idéologie, comme l’enseignement, les médias,… afin de faire croire aux gens que le système capitaliste est le seul système qui peut fonctionner.

    Et si ce n’est pas suffisant, elle contrôle encore la police, l’armée et la justice pour faire respecter les lois capitalistes par la force. Les tentatives visant à briser le droit de grève se situent complètement dans cette logique, tout comme la tentative d’exercer un contrôle policier plus sévère au travers d’un appareil policier unifié. Comme nous le voyons à chaque grève, la justice et la police ne sont pas de notre côté.

    Mais cela ne peut pas nous arrêter. C’est le rapport de forces qui sera déterminant. Une classe ouvrière convaincue, dont le noyau le plus dynamique est décidé à ne plus se laisser berner, et déterminée à prendre le pouvoir ne peut pas être arrêtée, même par mille armées.

    Nous devons tenir compte du fait que le capitalisme en crise est continuellement pendu à un fil. Si le système ne parvient plus à convaincre dans ses propres rangs, ce qui est souvent le cas lors d’une révolution, alors il est pour ainsi dire mort.

    Le meilleur exemple est celui de la révolution russe, mais aussi de Mai 68 en France, ou plus récemment les révolutions en Serbie, Géorgie, Ukraine, etc. Ces révolutions ont montré comment une classe dirigeante peut perdre prise sur ses propres troupes face à un mouvement de masse qui se développe. On peut encore parler de la radicalisation énorme en œuvre en Amérique Latine avec les mouvements de masse au Mexique, en Bolivie et dans beaucoup d’autres pays ainsi qu’avec le processus révolutionnaire qui se déroule au Venezuela. Selon nous, c’est un avant-goût des mouvements révolutionnaires qui vont se développer en Europe et dans le monde industrialisé.

    Ce qui a manqué dans beaucoup de ces exemples, c’est une organisation prête à mener le combat contre l’impérialisme jusqu’au bout, en faisant clairement le choix d’un autre type de société. C’est à la construction d’une telle organisation que travaille le PSL/LSP.

    8. Que sera le nouveau système ? Cela ne va-t-il pas dégénérer de la même manière qu’en Russie ?

    Pour éviter une situation où l’élite bureaucratique tire tous les avantages vers elle et rend impossible toute participation démocratique comme cela a été le cas dans l’ancien Bloc de l’Est, nous devons veiller à ce que le système et son économie fonctionnent pour satisfaire les besoins réels de la population.

    La discussion sur le stalinisme n’est pas seulement une discussion historique. Nous ne pouvons pas simplement dire que des « fautes » ont été commises dans l’ancienne Union Soviétique. Trotsky et ses partisans sont les seuls à avoir expliqué l’avènement d’une élite bureaucratique en Russie sur base d’une analyse marxiste. Le stalinisme était la conséquence de l’isolement de la révolution dans un pays arriéré sur le plan industriel et culturel. Trotsky a laissé deux possibilités ouvertes : soit la nouvelle élite régnante était chassée par une révolution politique qui aurait préservé l’économie planifiée, mais qui aurait réinstallé les soviets (ou démocratie des conseils), soit la bureaucratie se réformerait d’elle-même pour devenir une nouvelle classe capitaliste, lorsque l’économie bureaucratiquement planifiée arriverait à bout de souffle. C’est malheureusement cette deuxième possibilité qui s’est produite. Une économie planifiée a besoin de démocratie ouvrière tout comme le corps humain a besoin d’oxygène.

    Le Socialisme suppose un système dans lequel le plus possible de travailleurs, ainsi que leurs familles, puissent participer et exercer un contrôle sur les prises de décision et ce tant sur le plan économique et social que politique. Un plan de production démocratiquement établi et contrôlé par des conseils composés de représentants des travailleurs, des syndicats nationaux et de la population dans son ensemble doit pouvoir faire une estimation correcte de ce qui est nécessaire et prioritaire. Chaque décision doit ensuite pouvoir être évaluée.

    Mais que se passera-t-il avec ceux qui seront au pouvoir ? N’est-il pas exact de dire que le pouvoir corrompt ? Si être au pouvoir signifie pouvoir rester à son poste sans aucun contrôle de la collectivité, cela pose effectivement un problème.

    Ce que nous défendons au contraire, et que nous mettons déjà en pratique dans notre organisation, c’est que chaque fonctionnaire doit être élu mais aussi révocable à tout moment, au cas où il n’a plus la confiance de ses électeurs. De même, il ne doit pas disposer d’un salaire plus élevé que la moyenne des travailleurs qu’il représente.

    La situation que nous connaissons actuellement, dans laquelle les parlementaires touchent des milliers d’euros par mois fait en sorte que ceux qui nous représentent vivent bien loin de notre réalité. Comment peuvent-ils savoir quels sont nos besoins ? Ils ne vivent pas dans les quartiers ouvriers, ils ne fréquentent pas les mêmes endroits, ils ne savent pas ce que c’est que d’arriver péniblement à payer toutes ses factures chaque mois, etc.

    Joe Higgins, jusqu’il y a peu notre parlementaire en Irlande, mais aussi nos parlementaires à l’intérieur du Labour Party dans les années ’80, ne gardaient comme salaire que l’équivalent d’un salaire moyen. Tout le reste était consacré aux campagnes et aux luttes des travailleurs, et non à la construction d’une villa dans le sud de la France…

    9. Pour le socialisme et l’internationalisme !

    Si les travailleurs d’une entreprise se mettent en grève, le patron fera tout pour briser cette grève. Il va proposer un accord aux leaders syndicaux, essayer par tous les moyens d’isoler le noyau dur de la grève et faire appel aux gardes de l’entreprise ou à la police et aux tribunaux pour briser les piquets.

    Il essayera, si la grève dure trop longtemps, de compenser ailleurs les pertes de production, si possible dans une société sœur à l’intérieur ou à l’extérieur du pays mais, s’il le faut, chez la concurrence. En d’autres mots, le capitaliste fera appel à sa classe, à ses représentants politiques, aux médias, et à l’appareil de répression pour briser la grève.

    A l’ère de la production internationale et des flux financiers mondiaux, le capitaliste fera de plus en plus appel à la « solidarité » des patrons à travers les frontières. Les travailleurs doivent en tirer les leçons. Ils doivent aussi faire appel à leur classe pour faire triompher leur lutte. Ils doivent aussi, et plus que jamais, s’appuyer sur leurs collègues à l’étranger.

    Aucune lutte n’éclate partout en même temps, chaque lutte commence quelque part. Les chances de réussite augmentent à mesure que la lutte s’élargit. Cela vaut pour les grèves, pour les mouvements de désobéissance civile, pour les marches de protestation… mais aussi pour la révolte et la révolution.

    Même une révolution socialiste éclate à une échelle nationale, mais sa réussite finale est déterminée par les événements internationaux. La solidarité a une importance majeure, mais avec un soutien moral ou même des collectes, etc. on ne remporte pas une victoire. C’est pour cela que le soutien actif des travailleurs d’autres entreprises, secteurs et pays et un élément d’importance cruciale. La révolution va donc débuter sur un plan local, mais sans élargissement national et international, elle est condamnée à l’échec. La démocratie ouvrière et la planification socialiste ne peuvent pas être limitées à un seul pays, comme cela a été démontré en Russie. L’isolement de la Russie soviétique a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

    La Révolution russe, la seule dans laquelle la classe ouvrière a réussi à prendre le pouvoir pendant une courte période, a été l’événement le plus important de l’histoire. L’expérience n’a été que partiellement réussie, mais nous pouvons en tirer des leçons énormes et entre autres que nous devons nous organiser au niveau international, dans le cadre d’un parti mondial. C’est pourquoi le PSL/LSP fait partie du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO).

    Le CIO est actif sur tous les continents. Nous avons des sections aux États-Unis, mais aussi au Chili, au Brésil et au Venezuela. En Afrique, nous sommes présents au Nigeria et en Afrique du Sud. En Asie, nous avons des sections au Sri Lanka, en Inde, au Pakistan, au Kazakhstan et au Japon.

    En Europe, nous sommes présents en Belgique, en Suède, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Angleterre, en Écosse, en Irlande (Nord et Sud), en Autriche, en Tchéquie, en Russie, en Ukraine, en Pologne, en Italie, en Grèce, à Chypre, en Espagne et en France. Au Moyen-Orient, nous avons des sections en Israël et en Palestine et des sympathisants au Liban. Le CIO a aussi une section en Australie. Le PSL/LSP voit donc sa lutte en Belgique dans le cadre de la lutte des travailleurs du monde entier, pour une société socialiste.

  • Soins de santé de qualité contre marché « libre »

    Le film ‘Sicko’ de Michael Moore nous offre une belle occasion de discuter plus profondément des soins de santé aux Etats-Unis. Comment fonctionne ce système? Et y a-t-il des alternatives?

    Par Bart Van der Biest

    Le choc des chiffres

    Une enquête, réalisée dans treize pays industrialisés a comparé 16 indicateurs médicaux. Les Etats-Unis y ont reçu une cote très basse : l’avant-dernière position du classement. Ainsi, les USA ont-ils obtenu le pire résultat en ce qui concerne l’insuffisance pondérale à la naissance et la mortalité infantile pendant le premier mois suivant la naissance. La durée moyenne du séjour en maternité y est très basse : seulement deux jours. En Belgique, en 2000, la moyenne était de plus de cinq jours ; dans les pays de l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economique), quatre jours.

    Selon une enquête de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), sur un total de 25 pays, les Etats-Unis se classent 15e au niveau de la qualité des soins de santé. Cette enquête de l’OMS a tenu compte de l’état de santé général de la population. La caricature du mauvais style de vie du «gros Américain» n’a donc pas d’impact sur le classement. Divers paramètres ont été utilisés pour mener l’étude: le pourcentage de la population qui fume, la consommation d’alcool, l’utilisation de graisses animales saturées, le taux de cholestérol,…

    Si l’on jugeait selon le ‘mauvais’ style de vie, les Japonais emporteraient la première position! Le Japon connaît notamment un pourcentage élevé de fumeurs : 61% des hommes et 14% des femmes. Mais malgré cela, le Japon est en première position en ce qui concerne les soins de santé. Un autre chiffre alarmant: les Etats-Unis sont en 27e position en ce qui concerne la longévité.

    Les “listes d’horreur” des soins de santé américains

    Le Journal of the American Medical Association du 26 juillet 2006 a donné un exemple saisissant de la mauvaise qualité des soins de santé aux Etats-Unis. Dans ce pays, les erreurs médicales constituent la troisième cause de mortalité. Chaque année, 225.000 Américains meurent d’erreurs médicales dont 12.000 pour cause de chirurgie superflue, 80.000 suite aux infections dans les hôpitaux, 106.000 à cause des effets secondaires des médicaments, etc.

    4 à 18% des patients qui subissent un traitement polyclinique en subissent des effets négatifs qui nécessitent à leur tour un traitement supplémentaire chez un autre médecin. En chiffres bruts, cela signifie:

    • 116 millions de consultations supplémentaires chez un autre médecin
    • 77 millions de prescriptions supplémentaires
    • 17 millions d’interventions supplémentaires de premiers secours
    • 8 millions d’hospitalisations supplémentaires
    • 3 millions de traitement supplémentaires de longue durée
    • 199.000 décès suite à un traitement supplémentaire (donc une succession d’erreurs)
    • un total de 77 milliards de dollars de frais médicaux supplémentaires

    D’après les chiffres de l’OCDE, en 2001, la Belgique a dépensé 9% de son produit intérieur brut (PIB) en soins de santé. Les USA étaient en première position de ce classement avec 13,9% du PIB. Etrange lorsque l’on sait que les Américains doivent payer eux-mêmes la majorité de leurs frais médicaux. Seulement un quart de la population jouit d’une assurance garantie par des programmes d’aide publics et près de 47 millions d’Américains ne disposent d’aucune forme d’assurance maladie. La part des dépenses publiques dans le total des dépenses de soins de santé s’élève en moyenne à 72% dans les pays de l’OCDE, mais à seulement 44% aux Etats-Unis. Et ce sont pourtant les USA qui dépensent le plus en soins de santé (4.900$ par habitant), malgré leur inefficacité et leur coût élevé.

    Caisses de soins de santé: D’abord les actionnaires, puis les patients

    Aux Etats-Unis, les soins de santé sont en principe régulés par le soi-disant « marché libre ». Résultat: chaos total. Il existe d’innombrables formes d’organisation, chacune ayant sa propre dynamique économique, ses frais, son lot d’assurances, sa qualité et son accessibilité. Les clients concluent des contrats avec des clauses de soins auprès de prestataires bon marché répartis sur de vastes territoires. Les gens sont orientés vers le centre A pour les soins de première ligne, vers l’hôpital B pour l’aide médicale d’urgence, vers le bâtiment C pour les hospitalisations, vers la polyclinique D pour les diabètes, vers la maison de repos E, etc.

    Les sociétés d’assurance et les prestataires de soins (hôpitaux, médecins de famille, maisons de repos,…) sont organisés dans les Health Maintenance Organisations (HMO). Ces industries concluent aussi des contrats avec les employeurs pour leurs salariés. Certaines font partie du secteur non-marchand, d’autres sont commerciales, cotées en Bourse et emploient les managers les plus cher du pays.

    L’unique but des soins de santé aux Etats-Unis est la réalisation de profits. Plus on dépense pour soigner les patients, moins il y a de dividendes à distribuer aux actionnaires. Dans le film de Michael Moore, ce mécanisme est mis à nu. Les assurances-maladie privées font tout pour éviter de rembourser un assuré. On va jusqu’à recruter des détectives qui enquêtent sur le passé médical du patient afin de pouvoir lui réclamer de l’argent en cas de « rétorsion d’informations » lors de la conclusion du contrat. Ainsi, un cancéreux peut se voir refuser le remboursement de ses frais médicaux pour avoir omis de signaler une infection bactérienne.

    D’un point de vue médico-technique, l’offre de soins professionnels est satisfaisante. Du moins pour ceux qui y ont accès. En pratique, les soins de santé de bonne qualité aux Etats-Unis sont un privilège des riches. Ceux qui n’y ont pas droit doivent en appeler à la charité et aux soi-disant ‘dispensaires collectifs’ (‘community health centers’).

    Aux Etats-Unis, la médecine préventive est quasi-inexistante et se limite à la diffusion de dépliants informatifs, des vaccinations et des enquêtes auprès de la population. Les soins de santé sont entièrement centrés sur les individus et se limitent en fait à des soins curatifs. Si on veut vendre la maladie et la santé sur un marché économique, les soins de santé doivent être regroupés en paniers de ‘produits’ négociables à un certain prix. La prévention n’y trouve pas sa place.

    L’approche commerciale a pour effet de déresponsabiliser les individus et les collectivités. L’impossibilité d’investir dans la santé et dans l’usage rationnel des possibilités génère le consumérisme, la surconsommation et l’usage inapproprié. Tout ceci contribue à gonfler la facture qui se répercute finalement dans la médecine curative, d’où les coûts élevés aux Etats-Unis.Aux Etat-Unis, mais également en Europe, l’idée de “liberté de choix” n’est qu’un alibi pour le marché des soins de santé. Mais la plupart des gens n’ont pas la possibilité d’y faire leur marché. Tout y est régulé par l’offre et la demande de soins.

    La santé publique en Europe : Terre promise ?

    Ces dernières années, en Europe également, la tendance est à la commercialisation des soins de santé. Les avocats du système américain affirment que le ‘libre’ marché dans les produits de soins aboutira à l’efficacité, à la maîtrise des coûts, au libre choix et à la qualité.

    Plusieurs tentatives ont été faites pour donner les soins de santé en pâture aux vautours du privé par le biais des institutions internationales (entre autres l’OMC et l’UE). Par exemple, seule la pression syndicale a permis d’éviter (provisoirement ?) que le secteur de la santé (et ses dérivés) tombe dans le champ d’application de la directive “Bolkestein”.

    Bien loin de la vision idyllique qu’en donne “Sicko”, les soins de santé en Europe souffrent de graves carences. A l’instar d’autres secteurs, la politique néo-libérale y a laissé des traces profondes. Les mesures d’économie n’épargnent pas ce secteur et les problèmes sont donc le plus souvent dus à un manque de moyens qui met sous pression les systèmes de soins de santé universels comme le NHS (National Health Service) en Grande-Bretagne.

    Et en Belgique ?

    La pression financière accrue sur les soins de santé qui deviendrait intenable pour les pouvoirs publics sert d’argument massue pour justifier l’ouverture du secteur au privé. Ainsi, les longues listes d’attente dans le secteur des maisons de repos constituent l’alibi parfait pour des initiatives privées. Dans ce secteur, les maisons de repos commerciales sont en train de gagner du terrain : il y a déjà 7 grandes sociétés d’investissement qui sont actives sur le terrain. Elles y font évidemment des bénéfices, ce qui implique des économies sur le personnel, les bâtiments, l’infrastructure,… L’engagement de ces sociétés d’investissement n’est évidemment pas dicté par l’amour des personnes âgées…

    Dans les hôpitaux, on sous-traite les tâches secondaires (comme les services de nettoyage) et on privatise les activités les plus lucratives. Dans certains hôpitaux (publics), il y a plusieurs catégories de personnel qui coexistent : à côté du personnel nommé en voie d’extinction, il y a les contractuels qui sont engagés dans des entités juridiquement distinctes où les salaires et les conditions de travail sont nettement inférieures…

    Une commercialisation accrue ne peut qu’aboutir à terme à un système de soins de santé à deux vitesses : une offre de base accessible à tous et des soins de luxe pour ceux qui peuvent se le permettre.


    David et Goliath…

    Les soins de santé à Cuba et aux USA

    Le cauchemar des soins de santé aux Etats-Unis contraste avec la situation à Cuba. Malgré les critiques que l’on peut faire au régime cubain, il est frappant de constater que la santé publique y est meilleure qu’aux Etats-Unis. A Cuba, les soins de santé sont gratuits et universels. Il y a un système de soins intégrés qui met l’accent sur la prévention. Les médecins soignent leurs patients mais agissent aussi sur les causes. Ils appliquent un politique médicale au niveau des quartiers. Dans les laboratoires cubains, la recherche sur les vaccinations est très poussée.

    Des milliers de médecins cubains travaillent dans 68 pays différents. Rien qu’au Venezuela, il y a près de 20.000 travailleurs de la santé cubains. Pas mauvais pour un pays du Tiers-Monde avec autant d’habitants que la Belgique. Les médecins compétents ne deviennent donc pas forcément des vampires assoiffés d’argent…


    Ce que nous proposons

    Notre remède à la soif de profit de l’industrie pharmaceutique, à la commercialisation rampante et au cancer de la médecine de presta-tion: la création d’un service de santé public et national qui coiffe, organise et coordonne les différents services de santé dans l’intérêt de la santé publique et pas du profit ou du prestige de quelques individus et institutions.

    La mise en oeuvre d’un tel système se heurte au fonctionnement du capitalisme. Une autre santé publique n’est possible que dans un autre monde : un monde socialiste.

  • AFRIQUE: OU LE SOCIALISME OU UNE BARBARIE SANS CESSE PLUS GRANDE

    L’Afrique est ravagée par un ouragan de pauvreté. C’est le seul continent devenu plus pauvre depuis 1980. Près de la moitié de la population vit avec moins d’un dollar par jour. La faim s’étend presque comme une maladie. Des millions d’africains sont mort faute de nourriture. Et l’avenir s’annonce plus triste encore. Le rapport de l’UNDP/UNICEF dit qu’en 2015 l’Afrique pourra nourrir moins de la moitié de sa population.

    Dagga Tolar et Peluola Adewale

    2015 est aussi l’année que les dirigeants du monde ont fixé comme date pour réduire la pauvreté et la faim de moitié entre autres « Objectifs du Millénaire pour le Développement » (OMD). Ces objectifs incluent également la réduction de la mortalité infantile de 75% et l’arrêt de l’extension de l’épidémie de SIDA/HIV. Cependant, la Banque Africaine de Développement a déclaré que l’Afrique est la région la moins prête à réaliser ces objectifs. Les Nations Unies ont exposés que si les indices de développement sociaux continuent sur leur voie, l’Afrique ne pourra rencontre les OMD qu’après 150 ans ! Plus de trois quarts des décès dû au SIDA se situent en Afrique sub-saharienne, et 65% des malades du SIDA vivent sur ce continent. Pour rendre les choses pires encore, l’histoire post-coloniale de l’Afrique est remplie des horreurs de la guerre qui ont pris la vie de millions de travailleurs.

    Les statistiques ci-dessus qui démontrent largement le sous-développement de l’Afrique sont horribles. Qu’est ce qui a bien pu se passer pour que la situation soit si épouvantable malgré des richesses stupéfiantes ? Les Socialistes disent que le capitalisme est coupable. Lénine le qualifiait d’horreur sans fin. Ce système basé sur les inégalités répand ses méfaits en Afrique plus encore que partout ailleurs. En terme de ressources naturelles, l’Afrique est peut-être le continent le plus riche au monde. Mais le capitalisme, à toutes ses étapes de développement, a extirpé du continent ses ressources, du commerce trans-Atlantique d’esclaves à travers le colonialisme à l’époque impérialiste. Les politiques néo-libérales d’aujourd’hui n’ont fait qu’empirer la situation des masses. Le continent est pillé de ses ressources pour financer son développement et pourvoir aux besoins basiques de la population. Les gouvernements comptent sur le capital étranger, pour la plupart sous forme de prêt avec des intérêts exorbitants qui sont autant de fardeaux étouffants.

    A présent, l’impérialisme mondial utilise la triade de la dette, de sa domination sur le commerce mondial et de la corruption des dirigeants africains comme armes pour forcer l’Afrique à se prosterner face au pillage impudent de ses richesses à travers les politiques néo-libérales.

    Les fardeaux de la dette et le néo-libéralisme

    En octobre 2005, l’Afrique avait remboursé 580 milliards de dollars à ses créditeurs (les nations et institutions impérialistes) pour une dette originale de 540 milliards de dollars, et il reste encore 330 milliards de dollars à payer. En luttant pour rembourser ces dettes, les gouvernements négligent l’éducation, la santé, l’approvisionnement en nourriture et autres besoins basiques des travailleurs. Les gouvernements ont pris le poison du Programme d’Ajustement Structurel (PAS) ou les politiques néo-libérales de privatisation, de commercialisation, de libéralisation du commerce, de coupes dans les dépenses publiques, etc., comme conditions pour récupérer les possibles restes de la souffrance due à une dette largement fictive et odieuse.

    Ce n’est donc pas accidentel si l’Afrique a le plus haut taux de malades du SIDA. Africa Action a dénoncé qu’en 2003 les pays africains ont dépensés plus de 25 milliards de dollars en remboursement de dettes, et ce même si 2,3 millions d’Africains ont perdu leur vie à cause du SIDA. Cette année, l’Organisation Mondiale de la Santé a déclaré que 4,1 millions d’Africains touchés par la maladie ont un besoin urgent de médicaments anti-rétroviraux, mais seulement 50.000 personnes peuvent en avoir.

    Le capitalisme et les politiques néo-libérales sont les causes majeures de faim en Afrique. Craig Timberg, du Washington Post a écrit que, bien plus que les désastres naturels comme la sécheresse ou le changement de climat, la famine que connaît le Niger est principalement due à la politique de libre marché débridée appliquée par le gouvernement nigérien. A la demande de la Banque Mondiale, le Niger a abolit le contrôle des prix avec pour conséquence que les prix de la plupart des denrées comestibles sont maintenant au-dessus des moyens d’une large part des travailleurs. Les taxes imposées sur la nourriture ont menés à deux actions de protestation massives pour le seul mois de mars 2005. Tout cela dans la lignée des demandes de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International concernant les « Pays Pauvres Hautement Endettés », initiatives entraînant le néo-libéralisme. Ceci explique pourquoi les autres pays pauvres, comme le Burkina Faso, la Mauritanie, l’Ethiopie et le Mali sont dans la même angoisse face à la faim que le Niger et neufs autres pays africains, récemment assurés de l’annulation de leur dette extérieure après des années de soumission ininterrompues aux dictats du FMI et de la Banque Mondiale.

    Commerce inéquitable

    A travers le commerce inéquitable, l’Afrique a été pillée de ses énormes ressources. Entre 1980 et maintenant, la part du continent dans le commerce mondial a chuté de deux tiers, de 6% en 1980 à moins de 2%. Le prix de ses principales exportations ne cesse de plonger. Une étude a révélé qu’entre 1980 et 2001, les prix du café ont plongé de 85%, ceux du cacao de 67%, d’huile de palme de 60% et ceux du cuivre de 41%. Les autres exportations du continent à l’exception du pétrole, suivent la même tendance. Les pays impérialistes qui prêchent le dogme du libre commerce, libéré de tout subsides, etc. imposent des barrières artificielles aux produits africains et subsidient lourdement leurs riches fermiers. On estime que les pays développés dépensent 200 milliards de livres sterling par an pour subsidier leurs agriculteurs, soit 17 milliards de livres sterling en plus que le Produit Intérieur brut de l’entièreté des pays africains. La Banque Mondial déclare que si l’Amérique du Nord, le Japon et l’Europe laissaient tombés leurs barrières aux produits africains, les exportations africaines augmenteraient de 1,5 milliards de livres sterling par an.

    Mais pourquoi l’Afrique est-elle dans cette situation? Fondamentalement, la réponse est que l’économie mondiale est depuis longtemps dominée par les classes dirigeantes et compagnies des pays riches. Les 500 plus grandes compagnies internationales contrôlent 70% du marché mondial, alors que les 50 plus grosses banques et compagnies financières contrôlent 60% du capital global. Aujourd’hui, 300 multinationales et banques importantes effectuent 70% des investissements directs à l’étranger.

    Cette domination bloque le développement de rivaux indépendants de ces monopoles. Là où de nouvelles technologies et produits se développent, ils sont rapidement dominés par les pouvoirs impérialistes. Les exceptions à cette règle générale, comme la Corée du Nord ou la Malaisie, furent aidés par l’Ouest durant la guerre froide pour des raisons stratégiques. Dans le cas unique de la Chine, les bases économiques de son récent développement furent construites sur les avancées initiales dans l’infrastructure et l’éducation rendues possibles par une économie nationalisée et planifiée, malgré les effets de la direction anti-démocratique du stalinisme maoïste.

    Dirigeants corrompus

    La douleur de l’Afrique est combinée à la corruption caractéristique de ses dirigeants. Il est intéressant de voir que la corruption n’est en rien limitée à l’Afrique ou aux pays en voie de développement. La chute d’Enron, le géant américain de l’énergie, par exemple, démontre que la corruption est universelle sous le capitalisme. La plupart des ressources qui échappent au commerce inéquitable ou au remboursement de la dette sont volées par les dirigeant pro-occidentaux corrompus et placés dans des comptes privés en Europe et en Amérique du Nord. Ce vol montre aussi qu’ils n’ont aucune confiance envers le développement des pays africains sur une base capitaliste. Le capitalisme néo-libéral, philosophie régnante de gouvernance, a donné plus d’assises aux dirigeants africains pour le pillage, car ils n’ont plus à utiliser ses ressources pour les besoins basiques de la population. Les gains initiaux qui suivirent l’indépendance et avaient procurés des investissements relatifs de la part des gouvernements nationaux dans les services sociaux et entreprises publiques ont été érodés par les politiques néo-libérales de privatisation, de commercialisation et de coupes dans les dépenses publiques.

    La guerre et la question nationale

    Le néo-libéralisme pousse la masse de la population vers la pauvreté et la marginalisation et ne peut résoudre les questions nationales, héritage du colonialisme, qui sont dans la majorité des cas aux racines des guerres qui ravagent le continent. La plupart des pays africains sont des créations artificielles des maîtres coloniaux pour leurs intérêts stratégiques et économiques sans regards pour les différentes nations, histoires, traditions et langages qu’ils ont réunis.

    Il est clair que l’élite bourgeoise africaine est incapable de résoudre la question nationale. Les sections mécontentes de l’élite dirigeante capitalisent le désenchantement des masses laborieuses pour asseoir leurs gouvernements et exploitent les différentes ethnies pour les mobiliser dans des guerres, qui sont en fait dirigées pour servir leurs seuls intérêts. Hors de ces conflits, ils tirent des avantages excessifs pour prendre directement le pouvoir ou négocier pour être intégrer dans la classe dirigeante, au détriment des masses laborieuses utilisées comme chair à canon. Ces guerres ont laissés des millions de travailleurs sans vies, blessés pour le restant de leurs jours, ou encore sans logements. Les statistiques révèlent qu’il y a eu 4 millions de morts au Congo, 2 millions au Soudan, et 1 million au Rwanda, sans parler du Sierra Leone, du Liberia, de l’Ethiopie/Erythrée, de la Côte d’Ivoire, etc. où les guerres ont récemment coûtés des centaines de milliers de morts.

    Seule les masses laborieuses peuvent résoudrent les questions nationales en supportant les droits des nations et minorités, en incluant l’autodétermination des peuples, tout en luttant pour des mouvements unifiés contre les ennemis communs. Une caractéristique d’un réel mouvement des travailleurs est de voir des personnes issues de différentes nationalités marchant côte à côte contre les attaques capitalistes contre leurs conditions de vie. Cela montre le potentiel pour construire des mouvements unifiés capables de transformer la société.

    Le rôle des travailleurs

    La descente actuelle de l’Afrique vers la barbarie est une expression de la faillite de l’impérialisme et des élites capitalistes locales à développer l’économie africaine et les standards de vie de la population. Pour toute la période qui suivit l’indépendance de l’Afrique, tant les militaires que les sections civiles de la classe capitaliste ont dirigés le continent avec les mêmes effets contre-productifs et ruineux. En terme de développement économique général et de niveau de vie des travailleurs, l’Afrique aujourd’hui est encore plus loin derrière l’Europe et les pays capitalistes avancés que ce n’était le cas il y 4 ou 5 décennies.

    Cependant, une infime partie de la population africaine est aussi indécemment riche que les capitalistes des pays développés. C’est le résultat du vol des budgets gouvernementaux, et de la collaboration avec l’impérialisme pour piller le reste des africains et les ressources matérielles.

    Il ressort de l’histoire du capitalisme, et en particulier de l’histoire limitée du capitalisme en Afrique, que seule la classe ouvrière possède le potentiel de mettre fin à ce système qui signifie la misère pour les masses à côté d’une abondance indescriptible.

    Les progrès de la civilisation moderne restent pour une large part une application des connaissances technologiques pour convertir les ressources naturelles en produits fini consommables. Sous la logique capitaliste qui prévaut actuellement, la plupart de ces connaissances technologiques et des ressources mondiales sont passées sous la propriété privée d’une poignée de corporations ou de propriétaires capitalistes. Et c’est là que ce situe la contradiction majeure. Alors qu’au niveau international et même dans plusieurs secteurs de l’économie, continents ou pays, il existe une abondance de connaissance techniques et de ressources pour donner une vie décente à toute personne sur terre, la nature d’égoïsme et de profit du capitalisme fait que dans la majorité des cas, ces potentiels sont irréalisés.

    Pourtant, le côté positif du capitalisme est le développement et l’existence de la classe ouvrière. C’est la classe sociale qui a en main les clefs des opérations journalières du système sans lesquelles rien ne peut se passer et qui est également capable d’actions collectives.

    Pour pourvoir aux besoins de tous, et non d’une minorité, la classe ouvrière, supportée par d’autres couches de pauvres, doit mener une révolution sociale. Cela entraînera la propriété commune et un contrôle démocratique des commandes de l’économie et des ressources avec une planification et une organisation centralisée vers l’utilité, et non le profit.

    Il est extrêmement important de remarquer que l’histoire contemporaine de l’Afrique est en elle-même très riche en mouvements de masses et de luttes. Uniquement l’an dernier se sont déroulées des protestations de masse contre les politiques néo-libérales et capitalistes au Mali, au Liberia, au Burkina Faso, au Niger, en Afrique du Sud, au Nigeria etc.

    Des années ’90 au début des années 2000, c’est la classe ouvrière qui a mené les protestations/luttes/révoltes qui aidèrent à la défaite des gouvernements capitalistes impopulaires de Kerekou en République du Bénin, et de Kenneth Kaunda en Zambie. Le Mouvement pour des Changements Démocratiques au Zimbabwe dirigé par Morgan Tsvangirai s’est initialement développé à partir des syndicats et de la résistance de la classe ouvrière contre le gouvernement de Robert Mugabe. En Afrique du Sud, seul le COSATU a mené des grèves et des manifestations de masse contre la politique anti-pauvre et néo-libérale du gouvernement capitaliste de l’ANC.

    Au Nigeria, l’actuel pro-impérialiste et anti-pauvre gouvernement du président Olusegun Obasanjo a été ébranlé jusqu’aux racines en plusieurs occasions par une série de grèves et de protestation massives menées par le mouvement syndical.

    Malheureusement cependant, toutes ces luttes, nombreuses et collectives, ont montré la faiblesse qui doit être dépassée pour passer de la protestation et de la défensive vers le changement du système. Cela requiert la construction d’un mouvement avec un programme clair et une direction n’ayant pas peur d’affronter le capitalisme.

    Les socialistes disent que l’Afrique sortira seulement du cercle vicieux de déclin en rompant avec le capitalisme et en prenant les ressources économiques du continent des griffes de l’impérialisme et des capitalistes locaux. C’est seulement sur base d’une économie démocratiquement planifiée que les ressources seront utilisées dans les intérêts de la majorité de la population. Ce n’est pas l’ancien système où l’élite locale pille l’Etat et les entreprises nationalisées à leurs propres fins. Au contraire les socialistes luttent ils pour une nationalisation sous contrôle démocratique des travailleurs pour prévenir de la corruption et assurer que les ressources sont utilisées dans l’intérêts des masses laborieuses.

    L’Afrique n’est pas seule à avoir un avenir incertain sous le capitalisme. La santé de l’économie mondiale aujourd’hui est de plus en plus précaire. Internationalement, les travailleurs, y compris d’Europe et des USA, ne voient qu’un avenir fait d’attaques continuelles envers leur niveau de vie et leurs emplois. Dans cette situation si, même dans un pays africain, une cassure socialiste avec le capitalisme est effectuée, cela aura un écho gigantesque dans les autres pays africains et au-delà. C’est à travers cet impact international que l’isolement d’un pays en rupture avec le capitalisme pourra être dépassé. C’est sur cette base que les socialistes voient l’unité réelle des peuples d’Afrique.

    Mais pour faire cela, un programme et une politique clairement socialiste ainsi qu’une classe ouvrière disciplinée sont nécessaires. Sans cela, il y a le danger que les luttes ne mènent qu’à un simple changement du gang de voleurs au pouvoir. C’est ce qui s’est produit dans la Zambie de Chiluba, un gouvernement formé d’anciens activistes des syndicats, qui mène une politique néo-libérale. Bien sûr les travailleurs peuvent lutter aux côtés d’autres forces sociales dans certaines luttes, quand cela concerne des buts économiques, sociaux ou politiques. Cependant, à l’intérieur de ces mouvements, les socialistes défendront qu’un changement fondamental, la fin du capitalisme, est nécessaire pour rendre permanente n’importe quelle victoire obtenue lors de ces luttes partielles.

    En République du Bénin, les mouvements de masse de la classe ouvrière furent assez fort que pour mettre fin au gouvernement de Kerekou, mais par manque de leurs propres organisation et dirigeants, il n’y eu d’autre choix que d’investir Mr Soglo, un dissident de la classe dirigeante capitaliste, qui ne fit naturellement que continuer la politique antisociale au pouvoir.

    Tristement également, la tentative de créer un parti des travailleurs au Zimbabwe ne s’est soldée que par la fondation du parti pro-capitaliste MDC, ce qui a enlevé à la population une opportunité de combattre et de vaincre le parti capitaliste du dirigeant Mugabe. De façon similaire, c’est le manque d’alternative, de politique socialiste et de détermination pour chasser le gouvernement Obasanjo qui a permis que le très haï président du Nigeria soit capable de comploter pour s’assurer de revenir au pouvoir après la fin de sa législation, en mai 2007.

    Pour arrêter le déclin économique et les horreurs de la guerre qui ravagent l’Afrique, la création de mouvements politiques et d’organisations de luttes pan-africaines de la classe ouvrière jointes à la tâche ultime de l’abolition du capitalisme, la cause principale de l’inégalité sociale et des troubles. Cette tâche ne peut être transposée par les masses laborieuses africaines, les jeunes et les révolutionnaires.

    Rejoignez nous!

    “Tout spectateur est autant un lâche qu’un traître”– Amica Cabra. Si vous êtes mécontent des politiques anti-pauvres menées par les gouvernements africains pro-impérialistes et intéressés de lutter contre ces politiques, l’organisation à rejoindre est le Comité pour une Internationale Ouvrière. Le CIO (CWI en anglais) est une organisation socialiste internationale présente dans près de 40 pays et qui travaille à l’unité de la classe ouvrière et les peuples opprimés contre le capitalisme et pour lutter pour un monde socialistes. Le CIO a des sections au Nigeria et en Afrique du Sud.

    Pour plus de détails, écrivez au CIO/CWI, PO Box 3688, London, E11 1YE, Britain ou envoyez un e-mail à cwi@worldsoc.co.uk.

    Pour écrire au DSM au Nigeria, envoyez un e-mail à: dsmcentre@hotmail.com. Le site du DSM est: www.socialistnigeria.org et celui du CIO/CWI est: www.socialistworld.net

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