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Tag: Océanie
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Environnement. A la recherche d’un bricolage rapide
La conférence de l’ONU à Bali sur le changement climatique, destinée à donner une suite au très discrédité Traité de Kyoto, s’est tenue peu après la parution du dernier rapport du Groupe Intergouvernemental d’Experts sur le Climat (GIEC). Ce rapport a, pour la première fois, démontré que certains des effets du réchauffement climatique étaient déjà irréversibles.
Ce sombre avertissement est particulièrement inquiétant parce que le GIEC est sous le feu des critiques de certains scientifiques qui lui reprochent d’avoir aboutis à des conclusions trop optimistes, à cause de données dépassées. Par exemple, selon le GIEC, la fonte des glaces du Groenland prendrait 1.000 ans, tandis que beaucoup de scientifiques spécialistes des questions climatiques sont persuadés que cela se produira beaucoup plus tôt. Greg Marland de l’Institut international pour les systèmes d’analyse appliquée (International Institute for Applied Systems Analysis), en Autriche, a soutenu dans le New Scientist que les projections du rapport du GIEC ont utilisé des données publiées en 2000, dont certaines ont été très probablement collectées en 1998. Depuis lors cependant, la production de carbone a augmenté avec plus d’intensité, notamment à cause de la récente croissance rapide des émissions de la Chine, ce qui mine sérieusement la validité des prévisions précédentes.
Le nouveau rôle de la Chine dans la pollution a été également récemment souligné par l’agence internationale de l’énergie, qui a calculé que la Chine est sur le point de rattraper les Etats-Unis en tant que plus grand producteur de gaz à effet de serre. La croissance insoutenable du pays, illustrée par l’ouverture de deux centrales électriques à charbon par semaine, coïncide avec les données selon lesquelles les puits de carbone, telles que les forêts tropicales, qui ont jusqu’ici absorbé la moitié des émissions humaines de gaz à effet de serre, ne peuvent plus soutenir le rythme des émissions.
Ces données sont liées à la peur croissante que de nouveaux points de non-retour soient atteints, des points où la dégradation de l’environnement est irréversible. L’une de ces craintes est celle de l’effondrement du système océanique global, ce qui n’arrêterait pas seulement le Gulf Stream, mais affecterait également la mousson asiatique et mènerait au réchauffement de l’Océan Austral et selon toutes vraisemblances aussi à la déstabilisation des glaces de l’Antarctique. Dans le pacifique, El Nino pourrait alors devenir un phénomène permanant qui accélérerait la disparition de la forêt tropicale d’Amazonie, un des principaux puits de carbone au monde. La rupture des courants océaniques est un autre point sans retour lié à la fonte des glaces polaires. Leur absence ne permettrait plus de refléter les rayons solaires au delà de l’atmosphère, ce qui renforcerait le réchauffement climatique. Ces différents points ainsi que d’autres tendent à s’alimenter les uns les autres, ce qui pourrait rapidement conduire à une détérioration rapide de la situation.
Une recherche désespérée d’une alternative bon marché
Bien que cela ne puisse pas être statistiquement établi, il est néanmoins très possible que l’ouragan Katrina ait été provoqué par l’élévation des températures dans les Caraïbes et le Golfe du Mexique. Cependant, comme Socialism Today l’avait prédit à l’époque, cette catastrophe n’a entraîné aucune conséquence en termes d’actions efficaces de la part du gouvernement US face au changement climatique parce que les grandes entreprises ne sont pas prêtes à voir leurs bénéfices pâtir, même très modestement, d’un mouvement favorable aux sources d’énergies renouvelables. Au lieu de cela, on assiste aux USA, comme dans la plupart des autres pays capitalistes industrialisés, à une orientation plus marquée vers des politiques visant à développer l’énergie nucléaire parce que, par coïncidence, le nucléaire ne produit pas beaucoup de gaz à effet de serre et parce qu’une telle adaptation implique relativement peu d’investissements.
Les dangers de l’énergie nucléaire ont été décrits à de nombreuses reprises dans le Socialism Today. Elle ne représente pas une solution sûre et soutenable face aux problèmes du changement climatique. Mais c’est une considération secondaire pour un système basé sur le profit, un système où le résultat à court terme est toujours prioritaire, d’où la décision de ré-adopter l’énergie nucléaire. Mais il s’avère maintenant que le gouvernement américain a lancé des recherches pour trouver une alternative « magique » pour « réparer » le réchauffement climatique, peut-être parce que les coûts de construction de nouvelles centrales nucléaires sont inacceptables, en particulier avec l’arrivée d’une récession économique. D’autre part, cela pourrait également être lié à la panique éprouvée face à l’accélération rapide du changement climatique, après 20 années d’inaction. Si une « solution » rapide et à bon marché était proposée, en particulier durant une crise économique, la tentation de l’essayer indépendamment de n’importe quels dangers ne pourrait-elle pas se développer ?
En 1883, une explosion volcanique a eu lieu à Krakatoa, sur les côtes de l’actuelle Indonésie, la plus grande jamais relatée dans l’histoire : le bruit de l’explosion a été entendu jusqu’en Australie. Des millions de tonnes de cendre volcanique ont été expulsées dans l’atmosphère et ont donc plus tard été emportées partout autour du globe. Ce qui est important pour la discussion qui nous intéresse ici, c’est que l’on a pu noter ensuite que ces cendres n’ont pas été sans effets sur le climat parce les particules de sulfate comprises dans la cendre ont directement reflété la chaleur du soleil dans l’espace. Plus récemment encore, après l’éruption du Mont Pinatubo aux Philippines en 1991, des quantités énormes de particules de sulfate ont été éjectées dans la stratosphère et l’on a pu observer un refroidissement de la température terrestre de quelques dizaines de degré durant plusieurs années. Cela pourrait sembler infime, mais c’est en fait une diminution significative de température en termes de réchauffement climatique.
Quelques scientifiques proposent aujourd’hui d’imiter les effets d’une explosion volcanique en émettant des particules de sulfate dans l’atmosphère afin de reproduire ses effets de refroidissement. Une nouvelle recherche publiée par le journal scientifique « Geophysical Research Letters » a cependant prouvé qu’il pourrait y avoir de graves conséquences si une pareille méthode était utilisée. Une étude menée par des chercheurs du National Centre for Atmospheric Research, dans le Colorado, sur les répercussions de l’explosion de Pinatubo a constaté une diminution marquée des précipitations. Ils en ont conclu que l’injection de particules de sulfate dans la stratosphère pourrait avoir un effet désastreux sur les cycles de l’eau, conduisant à des sécheresses et à des famines catastrophiques.
Et si, à l’avenir…
Est-il toutefois possible à l’avenir qu’un président des USA essaye d’imiter l’activité volcanique comme porte de sortie pour le dilemme du réchauffement climatique ? Cette pratique serait relativement facile à appliquer et bon marché, et Bush a déjà soulevé la possibilité d’installer d’énormes miroirs dans l’espace pour refléter les rayons solaires, une méthode qui aurait un effet climatique similaire à une explosion volcanique. Cependant, avant de sauter à la conclusion de la possibilité d’un tel scénario, cette probabilité doit d’abord être mise en perspective. Bush a en grande partie proposé son idée pour répondre à la critique selon laquelle il ne prenait pas au sérieux le réchauffement climatique, et n’a jamais véritablement eu l’intention d’agir (le vaste coût qu’une telle opération impliquerait n’est pas la dernière raison de cela). Mais les futurs dirigeants des Etats-Unis auront à penser plus soigneusement que Bush aux effets du réchauffement climatique et à ses répercussions politiques.
Néanmoins, dans un contexte de crise de plus en plus profonde et désespérée du système, soulever cette possibilité n’est pas un grotesque essai de provoquer la frayeur, mais bien un sobre avertissement des dangers auxquels nous devons faire face. Il n’est pas entièrement ridicule d’imaginer un scénario dans lequel une méthode sale, mais bon marché pourrait être mise à l’essai, par exemple après qu’un second Katrina ait frappé les Etats-Unis, mais à une échelle plus grande et pendant une récession économique grave. Un futur président pourrait alors être tenté d’essayer un bricolage rapide, bon marché, mais catastrophique.
Lors d’une récente réunion tenue à Londres dans le cadre de la préparation de la manifestation de décembre sur le climat, le journaliste et militant environnemental George Monbiot a lui-même déclaré que bien que le système capitaliste soit la cause de la crise climatique, puisqu’il ne peut être détruit immédiatement, nous devons décider maintenant d’une autre action. Bien qu’il n’ait assurément pas eu à l’esprit les idées exposées dans cet article, toute manière de détourner l’attention de la lutte pour remplacer le capitalisme en créant des illusions sur n’importe quelle alternative à court terme tout en restant dans le système du marché augmenterait malheureusement seulement les risques d’un futur désastre.
Pour en savoir plus:
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DETRUISONS LE CAPITALISME, AVANT QU’IL Ne DETRUISE LA PLANETE !
Kyoto, énergie nucléaire, taxes écologiques,… Arrêtons de rire !
Jusqu’à la mi-décembre, un nouveau sommet international de l’ONU pour l’environnement a lieu à Bali. Cette conférence doit débattre d’un nouvel accord sur le climat préparant l’après Kyoto, c’est-à-dire pour une période commençant après 2012. Cependant, même les scientifiques estiment que les objectifs du Protocole de Kyoto étaient largement insuffisants pour fondamentalement améliorer les conditions climatiques.
L’atmosphère se réchauffe, les océans deviennent de plus en plus acides et les glaces fondent. Au moins un quart des espèces vivantes sont menacées d’extinction sur fond de hausse du nombre de désastres environnementaux et alors que l’ONU prévoit cinquante millions de réfugiés environnementaux pour 2010.
Le Protocole de Kyoto n’offre aucune solution. Tout au plus a-t-il permis un juteux commerce où les pays les plus riches peuvent acheter des droits d’émissions aux pays les plus pauvres. De plus, ce Traité entré en vigueur en 2004 n’a jamais été ratifié par les USA et l’Australie et les pays signataires n’ont même pas respecté leurs engagements. Selon différents chercheurs, malgré les intentions, ce protocole n’a pas abouti à des réductions démontrables et a même freiné les débats sur les solutions à apporter à la crise environnementale.
Le problème des alternatives énergétiques reste entier. L’énergie nucléaire est régulièrement mise en avant, sans que l’on ne tienne compte des coûts énergétiques de l’ensemble du cycle de production d’énergie, du stockage des déchets nucléaires ou des ressources limitées d’uranium. C’est la voie suivie par les politiciens belges, sous le prétexte que l’énergie nucléaire est très rentable : priorité aux profits d’Electrabel et aux taxes qui en découlent !
Tous les politiciens tentent de se positionner comme « écologistes », mais la crise environnementale n’a, en Belgique, été qu’une occasion d’imposer de nouveaux impôts sur les emballages. Au Danemark, de telles taxes ont également été introduites, mais au moins les moyens récoltés ont-ils été versés à un fonds pour les mesures environnementales (sans toutefois que ces mesures n’aient été réellement appliquées).
Alors que les politiciens défendent avant tout leur image en prétendant prendre le problème des changements climatiques à bras le corps, seuls 2% de l’énergie produite en Belgique provient d’énergies renouvelables. Mais comment arriver à des alternatives sans plus de moyens pour la recherche? Ou encore si cette recherche est totalement contrôlée par les entreprises pétrolières et autres multinationales? En 2006, la multinationale Exxon Mobil a réalisé 39,5 milliards de dollars de profits, soit dix fois plus que les dépenses du gouvernement américain en recherche énergétique la même année.
De fait, le budget des Etats-Unis pour la recherche consacrée aux énergies alternatives a diminué de moitié depuis 1979. Il s’agit aujourd’hui d’un vingtième des moyens pour la recherche militaire. Et seuls 7,6% de ces moyens financiers sont destinés à la recherche des énergies renouvelables…
Obtenir un « capitalisme écologique » est aussi réaliste que de tenter de domestiquer un ouragan. Ce système est axé autour de la recherche de profits à court terme, même au détriment de l’environnement. Le constat que le système de production capitaliste sacrifie l’environnement et les conditions de vie des générations actuelles et futures, démontre que le capitalisme ne peut pas se développer de manière durable.
La seule question est de savoir si le capitalisme s’éteindra en emportant avec lui la planète ou si le mouvement des travailleurs (qui par leur position dans la production sont les seuls à même de renverser ce système) saura apporter sa réponse : une gestion des ressources et de leur utilisation planifiée avec la participation – et donc le contrôle – de chacun. Rejoignez le MAS/LSP pour renforcer cette voie!
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Mobilisation contre le changement climatique en Australie
Le dimanche 11 novembre, pas moins de 150.000 personnes ont participé à des actions dans une cinquantaine de villes aus-traliennes autour de la revendication d’une diminution des émissions de gaz à effet de serre (GES) de 30% d’ici 2020.
L’Australie, qui est le deuxième plus grand émetteur de GES par habitant au monde, avait refusé de signer le Protocole de Kyoto, pourtant largement insuffisant. Dans ce domaine comme dans ceux de la guerre, des attaques sociales ou encore des diminutions de charges pour les entreprises, le gouvernement libéral australien a suivi servilement les positions de l’administration américaine.
Cette large mobilisation contre les changements climatiques s’est déroulée dans le cadre de la campagne électorale qui a abouti, ce 24 novembre, à la victoire des travaillistes après plus de 10 années où les libéraux ont été au pouvoir.
Ainsi, les revendications environnementales ont pu se joindre au mécontentement général contre la politique de l’ancien premier ministre John Howard et profiter de la contestation croissante contre les mesures d’austérité.
Cette jonction favorisée par l’arrivée des élections doit se poursuivre et être un exemple. Néanmoins, il ne faut pas se faire d’illusion, tant au sujet de l’environnement que des conditions de travail et de vie des Australiens, les travaillistes ne remettent pas en cause la recherche effrénée de profit des entreprises.
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Réchauffement climatique: et s’il était déjà trop tard?
Un capitalisme écologique est-il possible?
Les grands développements industriels sous le capitalisme se sont appuyés sur l’exploitation de ressources énergétiques non renouvelables, principalement le charbon et le pétrole, libérant quantité de gaz -dont le CO2- qui provoquent ce qui est appelé “réchauffement climatique”.
Vincent Devaux
Les conséquences des émissions de CO2 et autres gaz à effet de serre sont connues depuis des dizaines d’années. Ainsi aux USA, en 1979, le rapport Charney (du nom du météorologue du M.I.T.), commandé par le gouvernement, concluait déjà "Si les émissions de dioxyde de carbone continuent d’augmenter, le groupe d’étude ne voit aucune raison de douter que des changements climatiques en résulteront, et aucune raison de penser que ces changements seront négligeables" (1). Ce même rapport prévoyait l’augmentation de la température moyenne de la surface du globe… mais le capitalisme raisonne à court terme.
Aujourd’hui on ne peut que constater à quel point ces experts et beaucoup d’autres avaient raison. Il est désormais admis par la grande majorité de la communauté scientifique – et même des politiciens – que le réchauffement climatique est la conséquence des activités de l’être humain et qu’il va entraîner de grands changements capables de remettre en question le bien-être de centaines de millions de personnes.
Les effets de ce réchauffement sont multiples – réchauffement de l’atmosphère, réchauffement et acidification des océans, fonte des glaces maritimes, retrait des glaciers – et les scientifiques s’affrontent désormais pour donner une estimation de la gravité des effets et de leurs conséquences "secondaires". Dans les milieux scientifiques, on parle beaucoup de ‘rétroaction positive’, ce qui signifie que les conséquences négatives du réchauffement provoquent elles-mêmes d’autres aggravations; un peu comme en économie, les intérêts d’une dette importante amplifient la dette elle-même (l’effet "boule de neige"). Et comme le CO2 persiste des dizaines d’années dans l’atmosphère, le pire est à venir.
Les conséquences directes pour l’homme sont d’ores et déjà importantes: modifications de la biodiversité, augmentation de maladies comme le paludisme et le choléra, famines, inondations, vagues de chaleur et de sécheresse, avancées de la désertification. Selon les perspectives de l’ONU et le récent Rapport Stern, il pourrait y avoir 50 millions de "réfugiés environnementaux" en 2010 et 200 millions en 2050 (2).
Une prise de conscience?
Si on suit l’actualité, on pourrait croire que les politiciens prennent désormais le problème à bras le corps (ils pourraient même le penser eux-mêmes). Le docu-film d’Al Gore, La vérité qui dérange, fait le tour du monde depuis le mois d’octobre. Du 6 au 17 novembre s’est tenue à Nairobi, capitale du Kenya, la 12e Conférence mondiale sur le réchauffement climatique et quelques jours plus tôt est sorti le Rapport Stern (3), du nom de l’ancien économiste de la Banque Mondiale, analysant en termes financiers les conséquences du réchauffement. Stern a évalué l’impact de celui-ci à 5.500 milliards d’euros d’ici 2050 et prédit que le réchauffement aura un impact comparable à celui des guerres mondiales ou à la crise économique de 1929.
Toutes ces initiatives, si elles ont le point commun positif de populariser la problématique, ont également un point commun plus inquiétant: elles n’apportent pas de solutions à la hauteur du problème.
Ainsi le Protocole de Kyoto, censé réduire l’émission de CO2 au niveau international, n’a, malgré ses objectifs limités, été ratifié ni par les USA qui sont le plus grand pollueur de la planète (4), ni par l’Australie. Le Canada – qui a augmenté ses rejets de CO2 de 30 % – parle de se désengager, la Russie ne doit le respect des normes qu’à l’effondrement de son économie après 1991. Beaucoup de pays occidentaux continuent à polluer plus qu’autorisé par Kyoto en "rachetant" des volumes de CO2 aux pays moins industrialisés.
Les pays les plus pauvres attendent des mécanismes de solidarité de financement des pays riches qui n’arrivent pas (le cas de l’Afrique est flagrant). Les solutions – d’inspiration néo-libérale et néo-coloniale – comme les "quotas de CO2" et les "puits de carbone" sont douteuses et contre-productives. Ainsi le système consistant à faire payer par les pays industrialisés le financement de "plantations industrielles" dans les pays du Sud comme puits de carbone retarde la prise de décisions pour réduire l’émission de CO2 dans ces pays industrialisés; de plus, on ne fait qu’exporter le problème du rejet massif de carbone puisqu’un jour ou l’autre, le carbone accumulé dans ces végétaux sera libéré.
Le nucléaire proposé comme alternative…
Le protocole de Kyoto est désormais aussi utilisé comme prétexte pour justifier la construction de nouvelles centrales nucléaires, comme "seule alternative crédible au pétrole". Marc Verwilghen, ministre de l’énergie, s’appuie en cela sur le rapport de la commission "Energie 2030", commandé par ses soins sur les besoins énergétiques en Belgique. Ce rapport estime que "la Belgique devrait (…) garder l’option nucléaire ouverte et reconsidérer la fermeture des centrales" (5). Ce type de solution serait du goût du président de la Fédération des patrons d’industrie technologique Agoria et du groupe Umicore, Thomas Leysen, à la recherche d’énergie soit-disant bon marché. Ce n’est pourtant là qu’une manière d’échapper à bon compte à la vraie question qui est celle de financer la recherche et le développement d’énergies renouvelables. Car si on ne met actuellement pas de moyens conséquents permettant d’améliorer leur efficacité et ainsi d’assurer leur généralisation, c’est parce que beaucoup de ces moyens partent vers la recherche nucléaire, en dépit notamment des dangers que représentent les déchets nucléaires pour les générations futures.
Au cours des 20 dernières années, les Etats membres de l’OCDE ont versé 160 milliards de dollars de subventions au secteur nucléaire rien que pour la recherche et le développement, et il faut à cela ajouter le coût du traitement des déchets et la sécurité. De plus, le projet de fusion nucléaire ne serait fonctionnel au plus tôt que dans…50 ans. De nombreuses questions seraient aujourd’hui résolues si l’argent consacré au nucléaire avait été utilisé en vue d’une politique durable pour développer des énergies respectueuses du cadre de vie des gens. Mais une telle orientation paraît douteuse dans la société de marché.
Hypocrisie et "solutions" à court terme
Celui qui apparaît actuellement sur les écrans comme le porte-drapeau de la cause environnementale – Al Gore – est à l’image des limites du système: n’avait-il pas – lorsqu’il était le vice-président de Clinton dans les années ’90 – autorisé le déversement de dioxine dans les océans, et conclut l’ALENA (6) qui définit les réglementations sur l’environnement comme des "distorsions de marché" illégales relevant des tribunaux (7)? Pourrait-il appliquer un programme environnemental radical en étant élu avec l’argent du secteur pétrolier? Pour paraphraser le théoricien socialiste allemand Engels (8), parlant du problème de l’hygiène dans les villes industrielles au siècle dernier, et qui vaut également aujourd’hui sur la question de l’énergie: la bourgeoisie n’a qu’une méthode pour résoudre la question de l’environnement à sa manière, c’est de la résoudre de manière que la solution engendre toujours à nouveau la question… La réponse de la bourgeoisie aux problèmes dans le mode de production capitaliste ne les élimine pas mais se contente de… les déplacer!
Tant qu’une société permettra que les grandes orientations énergétiques soient aux mains d’actionnaires ne pensant qu’en termes de profits immédiats, dans un système basé sur la concurrence à outrance, nous perdrons du temps et nous aggraverons la situation. Les solutions doivent être trouvées afin de résoudre les problèmes environnementaux ET les problèmes sociaux et non pas les uns aux dépens des autres.
Un processus transformant radicalement la manière d’utiliser l’énergie ne peut émerger que par la prise du contrôle de la société par les travailleurs conscients des problèmes, au travers de mouvements de luttes sociales et environnementales de plus en plus larges. Et cela en remettant le secteur énergétique, y compris les connaissances et des brevets en matière d’énergie durable, sous le contrôle des travailleurs.
Ces mouvements vont s’amplifier de plus en plus et ils ne seront pas en reste dans les pays du Sud qui sont confrontés de manière plus aiguë au problème. Notre tâche est d’aller vers ces mouvements et d’y intervenir en défendant une solution socialiste. Cela implique de tisser des liens entre les mouvements environnementaux et les mouvements sociaux et de cristalliser ces luttes au sein de larges partis des travailleurs reprenant les revendications environnementales et se donnant les moyens d’abolir le mode de production capitaliste.
- Courrier International Hors série " Trop Chaud ": d’après un article de The New Yorker " Dans l’arctique en plein dégel ".
- Le Soir, 18-19/11/06, " Une vague de réfugiés environnementaux "
- http://www.hm-treasury.gov.uk/independent_reviews/stern_review_economics_climate_change/stern_review_report.cfm
- Avec 5 % de la population mondiale, les USA rejettent 25 % du total mondial de CO2
- Le Soir, " Le nucléaire resurgit ", jeudi 16 novembre 2006
- Accord de Libre-Echange Nord Américain, conclu entre les USA, le Canada et le Mexique
- Courrier International Hors série " Trop Chaud ": d’après un article de The Independant , juin 2006
- La Question du logement, Friedrich Engels
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Un syndicat des intérimaires? C’est possible!
En Australie, notre parti-frère, le Socialist Party, collabore activement à la construction de UNITE, une campagne syndicale pour les jeunes et les travailleurs précaires qui vise à les organiser sur leur lieu de travail afin de lutter pour des conditions de travail et salariales décentes.
La version australienne de UNITE a été mise sur pied à l’exemple d’une campagne similaire en Nouvelle-Zéelande. Là, la campagne y a été lancée en 2003 en opposition aux années de politique néolibérale qui avaient sérieusement miné le nombre de jobs fixes. Cela a créé des problèmes pour les syndicats qui ont vu leur présence diminuer fortement dans les petites entreprises ou parmi les travailleurs intérimaires. UNITE s’organise en Nouvelle-Zéelande sur base régionale, souvent au niveau de quelques rues.
UNITE descend dans les rues pour dénoncer les patrons qui paient des salaires scandaleusement bas. L’année passée, par exemple, la campagne a réussi à obliger l’entreprise américaine Border Books, connue pour sa politique anti-syndicale, à payer les heures supplémentaires et à accepter une présence syndicale dans ses magasins à Melbourne. UNITE a relevé le défi, avec le soutien des salariés de Border Books.
Peu avant l’été, UNITE a organisé une manifestation à Melbourne contre la politique de droite du gouvernement de Howard avec 500 participants. Parmi les manifestants figuraient beaucoup de lycéens des écoles techniques. La manifestation s’est arrêtée notamment devant un grand magasin Nike où un speech dénonçait les conditions de travail scandaleuses dans ces entreprises, tant en Indonésie qu’en Australie. La manifestation s’est également prononcée contre les abus vis-à-vis des jeunes stagiaires qui sont utilisés comme forces de travail à bon marché.
Une campagne visant à l’organisation des jeunes sur leur lieu de travail n’est pas évidente, mais si des résulats concrets sont réalisés il est possible d’attirer des couches plus larges et, sur base de celles-ci, de construire une puissante force syndicale.
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Rapport du Comité Exécutif International – CIO
Rapport du Comité Exécutif International – CIO
Le Comité exécutif international du Comité pour une Internationale Ouvrière a tenu sa réunion annuelle fin novembre. Les membres du CEI sont venus de 16 pays à travers le monde pour discuter et débattre des événements de 2003 et tracer les perspectives pour l’année 2004.
Vincent Devaux
Discussion sur la situation mondiale
L’introduction de Peter Taaffe lors de la discussion générale sur la situation mondiale a mis l’accent sur les récentes mobilisations de masse. Les mobilisations contre la guerre ont rassemblé des millions de manifestants à l’échelle mondiale. Le 1er novembre la manifestation à Berlin contre l’austérité a rassemblé 100.000 personnes. Une grève générale de 9 jours a paralysé le Nigéria. L’accent a été mis sur la situation en Irak: l’armée américaine va-t-elle s’enliser dans un bourbier semblable à celui du Vietnam? Il y a déjà eu plus de soldats américains tués au cours des six derniers mois en Irak que durant les deux premières années de la guerre du Vietnam.
La situation en Afghanistan – qui est redevenu le premier producteur d’opium au monde – est un exemple des foyers d’instabilité que la politique de Bush crée de par le monde. Brian, des USA, a évoqué la montée de la résistance à la guerre parmi les soldats et leurs familles.
L’économie "en râde"
La discussion s’est également concentrée sur l’économie mondiale. La situation économique stagne dans la zone euro, reste très faible au Japon et si la croissance aux USA semble forte (7,5%), près de 3 millions d’américains ont perdu leur emploi depuis que Bush est au pouvoir. L’appareil de production américain est en surcapacité de 25%.
La croissance économique de la Chine, l’"atelier du monde" ne permettra pas de résoudre la crise économique mondiale. L’ Allemagne est toujours une force économique mais on attend 40.000 faillites et 300.000 emplois en moins pour 2004. Il y a cinq millions de sans-emploi en Allemagne ce qui est comparable au début des années 30. En Australie, l’économie est assez stable avec une croissance de 6% mais les boulots créés sont des temps partiels et la bulle de spéculation immobilière est en train d’éclater. Si notre camarade du Kazakhstan, nous signale une croissance de 3% dans son pays, il souligne que cette croissance provient de l’exportation du gaz et du pétrole et de l’exploitation des produits miniers mais le taux de chômage atteint les 50%.
Les luttes en Amérique Latine
Un thème important abordé lors de la réunion du CEI a été la situation en Amérique Latine. La situation au Brésil, avec le PT au gouvernement et Lula comme président, qui prend des mesures asociales pose la question d’un nouveau parti des travailleurs. La situation au Venezuela (Chavez), au Mexique (les Zapatistes), les derniers mouvements en Bolivie au Pérou et en Argentine… ne sont que quelques exemples du bouillonnement qui vit sur ce continent.
Irlande: campagne contre le coût des déchets
Un autre sujet important est la campagne faite en Irlande par nos camarades à Dublin contre les taxes sur les sacs poubelles. C’est une riche expérience de lutte que l’on doit étudier afin d’en tirer des leçons pour les prochains combats.
Europe: croissance des oppositions
La discussion sur l’Europe a montré la détérioration de la situation économique et les tensions qui s’aggravent entre les pays. La France et l’Allemagne ont rompu le pacte de stabilité et l’élargissement de l’Union Européenne est dans une phase difficile. On peut voir le développement des luttes en Grande-Bretagne chez les postiers, les cheminots,… Du point de vue syndical, les contradictions dans la société entraînent une pression au sein de certains syndicats qui mènent à des ruptures au sein de certains syndicats, par exemple au sein de la CFDT en France.
Ce phénomène reste cependant marginal et la tendance principale serait une pression d’en bas sur les dirigeants syndicaux, voire leur débordement par la base.
Construire le CIO
La conférence s’est achevée sur la discussion de la construction du CIO. On peut mettre en avant le succès de la campagne d’International Socialist Resistance (34 sections en Angleterre), le facteur décisif de notre organisation dans le mouvement antiguerre, le travail de nos camarades de DSM (Democratic Socialist Movement) au Nigéria qui ont participé a une campagne électorale et ont montré leur poids dans les luttes dans des conditions très difficiles. Notre section grecque a doublé le nombre de ses membres en deux ans.
Il est évident que nous entrons désormais dans une nouvelle phase dans le développement de la lutte des classes. La situation est complètement différente que celle des années 90. Et c’est à travers l’expérience des travailleurs en lutte que la nécessité d’un changement de société va émerger. Ce processus ne sera pas linéaire et de nombreux détours vont être pris avant d’en arriver à cette conclusion. Il y aura des nouvelles organisations de masse qui vont éclore et nous devrons nous impliquer dans ce processus afin de mettre en avant notre alternative.