Your cart is currently empty!
Tag: NVA
-
Vers un gouvernement fédéral sans la N-VA ?
Dans le cadre des négociations menées par l’informateur, Paul Magnette, il n’y a toujours pas de discussion officielle sur une éventuelle coalition. Dans les médias, la discussion est sortie du cadre stérile ‘‘PS et N-VA doivent se retrouver’’. Alors que le choix entre les deux options – violette-jaune ou arc-en-ciel – divise les deux candidats du second tour à la présidence du MR (Bouchez et Ducarme), Mathias De Clercq, Bourgmestre Open-VLD de Gand, défend ouvertement une coalition arc-en-ciel dans une carte blanche du Standaard (8 novembre).Par Anja Deschoemacker
Magnette déclare avec optimisme : ‘‘Un véritable dialogue a commencé’’ (De Standaard, 19/11), faisant état d’un ‘‘consensus croissant’’ dans le domaine de la justice, sur l’augmentation des pensions les plus basses et du taux d’emploi et sur la nécessité de maîtriser le déficit budgétaire croissant.
Le fait qu’il souligne l’importance de la société civile – encore une fois fortement attaquée par le gouvernement flamand – indique clairement qu’il va dans le sens d’un gouvernement sans la N-VA. Un gouvernement arc-en-ciel serait majoritaire au parlement, même si ce n’est qu’avec un seul siège.
Querelles chez les Bleus
Aucun des deux candidats à la présidence du MR n’est issu de l’aile sociale-libérale du parti. Leur duel semble pourtant se dérouler entre une ligne de droite dure (Georges-Louis Bouchez) proche d’une coalition violette-jaune, et une ligne de centre-droit (Denis Ducarme) plus proche de l’arc-en-ciel.
Ainsi, dans une double interview dans Le Soir, Bouchez avançait que les pensions des fonctionnaires devaient être réduites pour augmenter celles des indépendants. Ce à quoi Ducarme répondait que Bouchez menaçait d’isoler le MR avec une telle proposition: ‘‘Sur un sujet aussi sensible (…) il est prématuré de donner des signaux qui seront considérés comme courageux par une série de catégories sociales’’.
Ces discussions ressemblent à celles qui divisent l’Open-VLD entre d’une part ceux qui soutiennent l’appel de De Clercq en faveur de l’arc-en-ciel (le clan Verhofstadt, par exemple) et la droite dure incarnée par des personnalités telles qu’Alexander De Croo et le leader de la fraction parlementaire Egbert Lachaert.CD&V : Quels liens avec le mouvement ouvrier chrétien ?
En novembre, plusieurs personnalités du mouvement ouvrier chrétien flamand (ACW) se sont ouvertement prononcées contre la violette-jaune et contre l’actuel accord de la coalition de droite en Flandre. Ces derniers mois, Luc Van Gorp, Président national de la mutualité chrétienne, et Marc Leemans, Président national de la CSC, ont tous deux fait des déclarations soulignant la distance entre leurs mouvements respectifs et le CD&V.
Dans De Gids (magazine de Beweging.net, l’ACW), Peter Wouters (Président) et Sandra Rosvelds (Cheffe du bureau d’études) déclarent qu’il est ‘‘troublant’’ de voir ‘‘comment dans chaque domaine politique la société civile est mise sous pression’’. Et aussi ‘‘Ceux qui sont critiques, paient la note dans la société civile. Qui plus est, nous craignons que ce ne soit aussi l’intention sous-jacente.’’ Une carte blanche au nom personnel de Renaat Hanssens (Bureau d’études de la CSC) dans De Standaard du 18/11 répond à l’opinion exprimée par Eric Van Rompuy qu’une coalition arc-en-ciel/orange serait ‘‘trop à gauche’’ : ‘‘Lors de la coalition précédente le CD&V a choisi une coalition très à droite (…). Cela a mené à un affrontement quasi permanent avec le syndicat chrétien, à l’aliénation d’une partie importante de la base et à une défaite électorale historique. Et maintenant, le parti opte pour… remettre le couvert’’.
Le 21 novembre, l’hebdomadaire Knack rapportait que des sources au sein du CD&V indiquent que le parti est prêt à abandonner sa résistance à ‘‘l’arc-en-ciel’’. L’extension de l’arc-en-ciel au CD&V ajouterait 12 sièges; le CDH en apporterait 5 autres.
L’avertissement de la Commission européenne est clair : ‘‘l’arc-en-ciel’’ sera aussi un gouvernement d’austérité
L’avertissement que la Belgique a reçu de la Commission européenne dissipe les illusions de tous les gouvernements régionaux – flamand, bruxellois et wallon – qui voudraient considérer certaines dépenses comme ‘‘hors du budget’’. La Belgique ne serait pas éligible à la ‘‘flexibilité des investissements’’ (Le Soir, 21/11), ce qui ‘‘n’encourage pas’’ les efforts de Magnette pour aboutir à un gouvernement de centre-gauche progressiste.
Lutte Socialiste ne s’est jamais fait d’illusions : la description que fait Geert Bourgeois du PS comme un parti avec des ‘‘recettes d’extrême gauche’’ vient d’une autre planète. Le PS n’a pas été le défenseur des revendications de la classe ouvrière depuis des décennies. Plutôt que d’être fondamentalement différent des autres partis traditionnels, il tente de limer les contours les plus tranchants de la politique d’austérité pour planter à travers la gorge du mouvement ouvrier l’exigence de la bourgeoisie belge de démantèlement de l’État-providence.
Au sein des syndicats, les délégués combatifs n’ont pas à déposer les armes, bien au contraire. Si un gouvernement arc-en-ciel/orange est formé, les miettes que le mouvement ouvrier ramasserait d’une part ne serviront qu’à voler des morceaux entiers du gâteau d’autre part. Seules des luttes de masse dans la rue et dans les entreprises peuvent arracher de véritables réformes progressistes et empêcher une nouvelle destruction de l’État-providence – dont il ne reste que peu de choses. Le message est le suivant : Pas d’illusions ! Et préparons-nous à la bataille !
-
Comment la N-VA peut-elle garder son poids électoral avec sa politique antisociale?
Jusqu’ici, à en croire les sondages, la participation au pouvoir n’a pas encore discrédité la N-VA. C’était pourtant l’un des objectifs des partis capitalistes classiques et des grands patrons pour le gouvernement Michel. Leur objectif était de ramener ce parti pas tout à fait fiable à de plus justes proportions. Entretemps, tout ce que pouvait rapporter un gouvernement aussi ouvertement de droite était toujours bon à prendre. C’est alors que l’arrogance du petit patron qui estime ne devoir tolérer aucune opposition syndicale a déferlé sur nous tous.
Par Peter Delsing
Les populistes de droite allaient-ils tenir debout avec leur rhétorique de division et leur avalanche d’austérité? Malgré une résistance sociale massive? Malgré l’opposition de l’opinion publique à l’augmentation de l’âge de la pension et au saut d’index ? En théorie, on aurait pu croire que ‘‘l’opposition de gauche’’ actuelle en Flandre, le SP.a et Groen, allaient saisir la situation les doigts dans le nez, mais compte tenu de leur opposition tiède à l’austérité, dont ils ne rejettent pas le principe et qu’ils ont appliquée lorsqu’ils étaient au pouvoir, et de leur approche purement moraliste de la question des migrants, ils ne menacent pas véritablement De Wever.
À la fin de l’été, alors que les réfugiés attiraient toute l’attention, la N-VA semblait repoussée dans les sondages, principalement au bénéfice de l’extrême-droite du Vlaams Belang. De Wever a réagi consciemment avec des déclarations visant à positionner la N-VA. Il ne s’est pas soucié du respect de la Conventions de Genève et a défendu l’instauration d’une sécurité sociale distincte pour les demandeurs d’asile. Les six millions d’euros que les demandeurs d’asile reçoivent comme allocations familiales ne sont que des miettes en comparaison des milliards d’euros que les patrons et les actionnaires reçoivent en cadeau chaque année (voir article ci-dessus). Mais accuser les demandeurs d’asile de tous les péchés au monde a l’avantage de détourner l’attention des vrais pillards de la sécurité sociale: les riches et leurs amis politiques, N-VA en tête.
Reprendre des idées du Vlaams Belang et ensuite titiller par ce biais les autres partis bourgeois, ça a marché. La N-VA est revenue à 31% dans les sondages. Ce qui avait été perdu du fait de la politique antisociale a été récupéré en se profilant de manière plus radicale comme le champion de l’égoïsme afin de mobiliser les incertitudes des classes moyennes en faveur de ‘‘solutions radicales’’. Même certains travailleurs s’y sont laissé prendre.
Cela s’explique principalement en raison de la faiblesse de la gauche officielle. Si cette dernière ne parvient pas à marquer des points avec ce gouvernement antisocial, quand cela se produira-t-il? Hélas, le PTB/PVDA s’est orienté vers ses partis pour devenir ‘‘la gauche des partis de l’austérité’’ plutôt que de construire un front anti-austérité de principe avec les courants de gauche, les syndicalistes combattifs, la jeunesse radicalisée, les activistes de la société civile,…
Quoi qu’il en soit, les 100.000 manifestants du 7 octobre peuvent allumer la mèche de la résistance sociale, et pas seulement sur leur lieu de travail. Imaginez que ces 100.000 syndicalistes et progressistes poussent la discussion au-delà de leur entreprise, qu’ils s’organisent politiquement à l’échelle de leur ville et nationalement ! Avec un parti de lutte large au fonctionnement démocratique et avec un programme qui défend les intérêts de notre classe sociale avec acharnement, nous pourrions commencer à sérieusement contrer la rhétorique de la classe dominante.
-
‘‘Waarom twijfelen aan’’ Une critique bienvenue de la N-VA
Dans ce livre (qui pourrait être traduit par ‘‘Pourquoi douter’’, mais qui n’est hélas pas (encore?) disponible en français , NDLR), Sven Naessens livre une masse d’arguments bien utiles sur le modèle de pauvreté proposé par la N-VA, que ce soit pour des discussions entre collègues ou au café.
Par Geert Cool
L’approche est parfois prudente – devons-nous vraiment justifier que nous n’avons rien personnellement contre De Wever & Co ? Est-ce si évident ? – mais ce départ en douceur ne porte pas atteinte à la critique acerbe du programme antisocial défendu par la N-VA. Et c’est peut-être en effet utile de directement parer aux critiques personnelles, ce qui fut l’angle d’attaque de Liesbeth Homans, proche de De Wever, contre le livre ‘‘Thatcher aan de Schelde’’ (Thatcher à l’Escaut) de Jan Vrancken. En jouant ainsi, la N-VA essaye d’éviter toute discussion sur le contenu.
J’ai particulièrement trouvé à propos les passages consacrés au programme socio-économique de la N-VA et à la réalité néolibérale d’aujourd’hui. Alors que l’élite de super-riches ne cesse de s’enrichir (le livre rappelle qu’Oxfam a publié que 85 personnes sur terre possèdent aujourd’hui autant que la moitié la plus pauvre de l’Humanité), la grande majorité de la population voit ses moyens décliner. De nombreux besoins de base restent insatisfaits faute de moyens, mais quand les marchés financiers entrent en eaux troubles, des centaines de milliards issus des caisses de la collectivité leur sont envoyés. ‘‘Mille milliards injectés dans quelque chose qui ne sait plus tenir debout, on appelle ça le marché libre, en criant sur le même temps ‘‘Il n’y a plus d’argent’’ Cela ne pouvait conduire qu’à des soulèvements en Europe.’’
Ce livre accuse à hauts cris l’écart croissant entre riches et pauvres, et explique que cet écart est devenu simplement plus gigantesque encore avec la crise. La politique défendue par la N-VA ne va faire qu’exacerber ce processus. Entre 1996 et 2011, les réductions d’impôt pour le patronat ont augmenté de 283%, mais les néolibéraux en veulent plus. Sven se demande – à juste titre – combien d’emplois auraient pu être créés en utilisant tout cet argent. Les néo-libéraux des différents partis n’ont que des sacrifices à nous offrir au niveau de nos salaires directs et indirects, mais pour eux, le ciel est sans limites. Sven expose au grand jour la nature profonde de la N-VA, un parti qui ne sait regarder qu’aux intérêts des riches. Pourquoi par exemple la N-VA garde-t-elle le silence sur les fraudes diamantaires à Anvers alors que ses dirigeants ne savent pas commander un café sans parler de la ‘‘fraude sociale’’ des chômeurs ?
Mais je n’approuve pas certains arguments ou suggestions, qui ne vont parfois pas assez loin. Appliquer une taxe des millionnaires sans contrôle public sur le secteur financier entier (pour éviter la fuite des capitaux par exemple) peut conduire à un résultat inefficace, comme en France. La Corporation Mondragon, en Pays Basque, apparaît également comme un exemple de la manière dont les choses peuvent être différentes. Le modèle des coopératives nous démontre en effet que les patrons ne sont pas nécessaires, mais dans le cadre d’un système capitaliste, les limitations restent énormes. Dans quelle mesure pouvons-nous faire face, par exemple, à la spirale à la baisse des salaires et des conditions de travail ? Mondragon a également ouvert des usines en Chine pour y profiter des bas salaires et éviter de procéder à des licenciements dans son propre personnel en Pays Basque. N’est-ce pas une illustration frappante des limites du modèle ?
Dans la résistance contre la droite et la domination des idées néolibérales, renforcée par l’essor de la N-VA, nous avons besoin de critiques bien fondées telles que celles que l’on trouve dans ce livre. Mais la gauche se doit d’être plus offensive : une gauche décomplexée contre une droite décomplexée! Diminution collective du temps de travail avec embauches compensatoires et sans perte de salaire, augmentation du salaire minimum à 15 euros de l’heure, salaire minimum de 1.500 euros par mois, collectivisation du secteur financier et d’autres secteurs clés de l’économie (énergie, sidérurgie,…), gratuité et extension des transports en commun,… nous avons suffisamment de réponses concrètes à apporter en lien avec les besoins réels de la population et capables de constituer un pont vers une alternative socialiste à ce système capitalisme malade.
-
Crise politique : Le théâtre de guignols continue…
Le mouvement ouvrier doit se préparer pour sa propre lutte
Lors d’une conférence de presse, Jo Vandeurzen (président du CD&V) et Bart De Wever (président de la NVA) ont donné un message clair : il faut une réforme d’Etat et les partis francophones doivent faire un « geste » en ce sens (alors que ces derniers demandent justement aux partis flamands de rétablir la confiance après le vote de la scission de BHV…)
Anja Deschoemacker (09/11/07)
Les libéraux francophones ne doivent pas compter sur une reconnaissance ouverte qu’il ne peut être question d’une grande réforme d’Etat dans ces circonstances. La logique du « compromis à la belge » est justement que tout le monde doit baisser sa culotte au même moment, pour qu’après l’on puisse se lancer des fleurs grâce à ce que chacun a pu obtenir. C’est là la preuve ultime du sérieux politique et du fait d’être un homme d’Etat.
Les déclarations de Frank Vandenbroucke, le flamingant de service du SP.a, selon lesquelles le cartel CD&V/NVA se donne en spectacle pour éviter de devoir montrer qu’il se met à plat ventre sur la question de la réforme d’Etat, contiennent certainement des éléments de vérité. La nouvelle présidente du SP.a, Caroline Genez, fait aussi allusion au manque de crédibilité du CD&V et de la NVA sur le plan communautaire. Nous ne pouvons qu’espérer – dans l’intérêt même du SP.a – que cela ne devienne pas le message central de leur « opposition », si du moins leur but est de regagner quelques voix chez les travailleurs.
Tout cet épisode clarifie à nouveau l’évidence que le mouvement ouvrier n’a plus rien à attendre de ce parti. Peut-être prononcera t’il encore quelques mots contre l’introduction du service minimum durant les grèves des services publics (bien qu’un un tel accord a déjà été signé sous leur règne à De Lijn – les TEC flamands). Selon l’ancien chef de cabinet de Vande Lanotte (SP.a lui aussi), Jannie Haeck, actuellement grand patron de la SNCB, il serait préférable de réfléchir à un temps minimum d’annonce pour les grèves. En d’autres mots : les syndicats ne seraient alors plus en état de reconnaître des grèves spontanées ! Même en dehors du gouvernement fédéral, et sans perspective d’en faire partie, le sommet du SP.a ne peut pas s’empêcher de corriger les devoirs de la bourgeoisie !
De son côté, si le PS va certainement faire plus de bruit (également par rapport aux thèmes sociaux), il aura grande peine à se détacher totalement de la politique néolibérale qu’il a lui-même mené 19 ans durant sur le plan fédéral et qu’il continue d’ailleurs encore à mener sur le plan régional avec, entre autres, le Plan Marshall. Le terrain communautaire va certainement devenir le point central de son opposition. Mais au moins sera-t-il vu comme une équipe de défense alors que son pendant du nord a, dans les faits, rejoint les revanchistes flamands.
Et quoi maintenant pour la formation ?
Le vote dans la Commission de la Chambre sur la scission de BHV où la majorité flamande a imposé sa volonté de manière unilatérale avec une seule abstention (du parlementaire bruxellois de Groen ! Tinne Van der Straeten) est un fait sérieux. C’est un véritable problème pour les équilibres qui ont été constitués en Belgique : la protection de la minorité francophone en Belgique en compensation de la protection de la minorité flamande à Bruxelles.
Les francophones ont maintenant pris en main les mécanismes de protection introduits pour les diverses minorités, en commençant par celui de conflit d’intérêt introduit par le Parlement de la Communauté Française le lendemain du vote sur BHV. Cette procédure signifie que la question de BHV est de nouveau arrêtée au niveau parlementaire et passe à des négociations entre communautés (avec PS, donc). Ce report peut, dans le meilleur des cas, permettre aux différents négociateurs pour la formation du gouvernement, et à Leterme en premier, d’avoir un peu de temps pour mettre enfin sur pied un gouvernement. Dans le passé, un « sentiment de crise » a déjà été nécessaire pour arriver à des accords communautaires.
Mais tout ne devient pas facile pour autant. Les deux partis les plus forts dans les négociations, le CD&V et le MR, sont liés à des partenaires embêtants qu’ils peuvent à peine contrôler : la NVA et le FDF. Leurs déclarations et provocations sans fin n’ont pour effet que de casser sans cesse l’illusion de « confiance » méticuleusement créée. Qu’importe le nombre de fois où Reynders et Leterme vont aller assister à un match de foot ensemble, ils sont tous deux aussi dépendants de ces partenaires afin de maintenir leur position de parti dominant dans leur communauté.
Directement après le vote, Reynders est retombé sur ses pieds en répétant à nouveau son plaidoyer pour un gouvernement surtout socio-économique: la cas « BHV » est reparti vers des négociations entre les communautés tandis que la réforme d’Etat avec une majorité des deux tiers peut être le problème d’une « commission de sages ». Cela semblait confirmé par la communication du roi et du formateur, la tantième crisette dans les rangs du CD&V et de la NVA a cependant conduit à la conférence de presse citée au début de cet article. Reynders ne doit pas penser qu’il peut pousser le CD&V dans une position où il sera le seul à baisser sa culotte.
Au plus dure est ce théâtre de guignols, au plus monte la pression pour obtenir un gouvernement. Le déficit budgétaire commence à faire peur, de mauvaises prévisions économiques sont publiées,… Finalement, une solution va être trouvée, qui peut aller d’un « gouvernement normal » (ce que veut le CD&V) à un « gouvernement socio-économique » (ce que désire le MR, mais qui ferait perdre la face au CD&V) qui sera de courte durée, c’est-à-dire avec un accord gouvernemental jusqu’en 2009. Des variantes plus « exotiques » existent aussi : un gouvernement (partiellement) technocratique (du type « socio-économique »), une coalition fédérale totalement asymétrique, ou encore un gouvernement d’unité nationale : la tripartite classique, qui est presque toujours un gouvernement de crise.
Une solution arrivera, pour la simple raison que l’alternative voulue par la NVA et le Vlaams Belang, l’indépendance de la Flandre, n’est voulue que par une petite minorité, tant parmi les travailleurs et leurs familles que parmi la bourgeoisie. Cette dernière aime bien utiliser la question nationale pour diviser le mouvement ouvrier au moment de l’attaque, mais elle n’aime pas du tout que la question nationale bloque l’application de son programme – même si ce n’est que pour la raison que, sans gouvernement, elle ne peut pas introduire une attaque sur les restes de l’Etat – providence. Leur opinion, « la voix de la raison », va finalement être reprise par le CD&V comme par le MR, à moins que ces derniers ne veulent perdre la confiance de la classe qu’ils veulent défendre. Ceux qui ne sont pas préparés au compromis vont en payer le prix: Reynders peut encore voir que le PS, qu’il déteste tant, rejoindre le gouvernement alors que le CD&V peut en cas de chaos total payer un prix électoral élevé si il est vu comme responsable du désordre.
Les deux partis vont devoir apprendre la leçon que le PS et le SP ont appris lors de la précédente grande crise de formation (’87-’88, le précédent record de 148 jours) : pour arriver au gouvernement, il ne faut pas seulement gagner les élections, il faut aussi être préparé à mener la politique de ses maîtres et donc… de temps en temps être préparé à baisser sa culotte en ce qui concerne les promesses électorales. Il faut cependant savoir faire cela tout en le masquant, ce en quoi le CD&V était l’exemple ultime quand il s’appelait encore le CVP. De leur côté, le PS et le SP.a ont chacun prouvé au cours des dernières 19 années que des fesses nues et le rouge de la honte ne sont en rien un problème pour eux.
Quant à messieurs De Wever et Maingain, leur avenir sera-t-il fait d’un poste de ministre ou de l’isolation politique? Tout comme le CD&V et le MR ont besoin de la NVA et du FDF, ces derniers ont aussi besoin des premiers. La NVA a aujourd’hui 5 sièges au Sénat et la dernière fois qu’elle a participé aux élections indépendamment du CD&V, elle n’a à peine obtenu que 5% ! Le FDF n’est pas non plus au sein du MR par grand amour et par grande unité programmatique, mais bien parce que le MR offre des carrières confortables. Dans cette question, les personnes clefs ne sont évidemment pas De Wever et Maingain (la politique belge n’a jamais eu un manque de fous du roi) : ce sont Leterme et Reynders. Tous deux peuvent dire adieu à leur carrière s’ils perdent aujourd’hui dans le poker politique qui occupe le pays depuis déjà 5 mois.
Les syndicats ont raison de mettre en garde
Les directions de la FGTB et de la CSC ont, à juste titre, dévoilé lors d’une conférence de presse commune ce qui se déroule derrière les rideaux – la « colle » entre Leterme et Reynders est clairement leur volonté de lancer un nombre d’attaques structurelles au service des supers profits du patronat. Leur réussite dépendra plus de la lutte du mouvement ouvrier contre une nouvelle attaque sur les restes de « l’Etat – Providence » (Etat – Providence que nous avons acquis par la lutte) que de la division communautaire et du cirque auquel nous sommes forcés d’assister depuis des mois.
Le climat à venir est déjà visible : des données sont publiées sur un déficit budgétaire de 1,5 milliard d’euros, chiffre qui pourrait augmenter jusqu’à 3 ou 4 milliards pour 2008 « avec une politique qui n’est pas changée ». De plus, les perspectives de croissance économique ont été révisées par le bas pour 2008 et l’on parle dans les médias des « 50 mensonges gris » du gouvernement précédent autour du dossier des pensions. Et il faut encore compter le coût des 2 milliards d’euros nécessaires pour augmenter les allocations les plus basses (une douceur que le CD&V veut offrir) et de nouveau quelques milliards pour les diminutions d’impôts et de charges salariales (entre autres, de nouveau, sur les heures supplémentaires). Par contre, l’intérêt notionnel – qui a, notamment, permis à Electrabel de voir ses impôts diminuer de pas moins de 30 millions d’euros – n’est remis en question par aucun des négociateurs pour le futur gouvernement.
S’ils arrivent à former un gouvernement – et d’une façon ou d’une autre, ils vont y parvenir- les attaques sur le mouvement ouvrier ne vont être longues à attendre. C’est aussi la raison qui explique toutes ces propositions sur une limitation du droit de grève. Le cirque communautaire va durer avec une commission, avec des séances bruyantes dans la Chambre et le Sénat, avec des déclarations musclées et tout cela au moins jusqu’aux élections de 2009. Si le mouvement ouvrier se laisse dévier ne serait-ce qu’un petit peu par cette division communautaire, nous courrons droit aux défaites.
Pour cette raison, c’est une bonne chose que la FGTB ait appelé à une concentration des militants ce vendredi 16 novembre. Mais une concentration de 1000 syndicalistes ne va pas faire une grosse impression et n’a de sens que comme point de départ pour une campagne d’information large parmi les membres des syndicats pour les préparer à la lutte qui va devoir être menée. Cela doit à son tour être le point de départ d’un plan d’action et de mobilisation pour réagir collectivement à chaque attaque d’un gouvernement qui sera sans aucune doute un gouvernement instable.