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Tag: Nicolas Sarkozy
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Le bourgmestre d’Uccle réprime les protestations qui visent ses amis kazakhs
Un an après le massacre du 16 décembre au Kazakhstan, la répression s’est exportée à Bruxelles
Le 16 décembre 2011, journée de commémoration de l’indépendance du Kazakhstan, un véritable massacre a été perpétré à Zhanaozen. Ce jour-là, les forces de l’ordre ont tiré sur une manifestation de travailleurs du secteur du pétrole en grève. Des dizaines de personnes ont ainsi été assassinées. Un an plus tard, ce massacre n’a pas été oublié et, dans ce pays comme ailleurs dans le monde, la lutte contre la répression et la dictature se poursuit. C’est dans ce cadre qu’une délégation du PSL s’est rendue aujourd’hui devant les bâtiments de l’ambassade du Kazakhstan à Bruxelles, en compagnie du député européen Paul Murphy. Mais des policiers de la commune sont rapidement venus nous menacer afin que nous stoppions notre protestation. Hasard ? Le bourgmestre local et chef de la police, Armand De Decker (MR), a récemment été dans l’actualité pour un rôle de médiation très douteux qu’il aurait joué entre les autorités kazakhes et Nicolas Sarkozy, président français au moment des faits.
Par Geert Cool
À l’ambassade, nous n’avons trouvé personne à qui parler. Ils étaient visiblement au courant de l’action qui devait se tenir à leurs portes. Mais si personne n’est venu écouter ce que nous avions à dire, l’ambassade a par contre utilisé ses contacts avec le bourgmestre de la commune pour envoyer la police menacer les manifestants d’amendes de 250 euros par personne. Nous avons donc vu débarquer une dizaine d’agents de police, dont le responsable de la police communale.
Protester contre un régime dictatorial n’est possible à Uccle qu’après avoir préalablement quémandé l’approbation du bourgmestre. Ainsi, au silence de la presse belge sur ce qui se déroule au Kazakhstan (voir notre article) s’ajoute la répression des protestations. Une action est bien possible, mais uniquement avec une permission venue du haut. Dans le cas contraire, c’est la menace de lourdes amendes. Le chef de la police a bien essayé de se défendre en disant : ‘‘Les enfants aussi doivent demander avant de faire quelque chose.’’ Les autorités considèrent-elles la population comme une masse d’enfants à encadrer ? Voilà qui est très indicatif de la manière dont nos droits démocratiques sont considérés dans certains cercles…
La décision d’interrompre notre action de solidarité avec les luttes au Kazakhstan est venue du bourgmestre Armand De Decker (MR) qui a, sans aucun doute, agi sur la demande de ses amis de l’ambassade. D’ailleurs, la presse a récemment fait écho des relations étroites entretenues entre Monsieur De Decker et le régime dictatorial du Kazakhstan. Le célèbre journal français "Le Canard enchaîné" avait dévoilé un scandale, un Kazakhgate, où Armand De Decker a joué un rôle central.
Le président kazakh, Noursoultan Nazarbayev, devait conclure un contrat lucratif avec la société aéronautique française EADS concernant la vente de plusieurs hélicoptères. Mais le président-dictateur a posé ses conditions, au président français Nicolas Sarkozy, notamment d’aider trois de ses amis dans le cadre de leurs ennuis judiciaires en Belgique. Le milliardaire Patokh Chodiev ainsi que deux autres hommes d’affaires kazakhs étaient impliqués dans un dossier de corruption autour de l’entreprise belge Tractebel (où il est question de liens avec le crime organisé et de pots de vin pour obtenir un contrat à Tractebel au Kazakhstan). Les pressions exercées sur le tribunal belge n’auraient pas été suffisantes et il ne restait donc qu’une solution législative pour les tirer d’affaire.
Le journal satirique et d’investigation ‘‘Le Canard Enchaîné’’ suggère que les conseillers de Sarkozy ont été en contact avec Armand De Decker, qui était alors vice-président du Sénat, afin d’assurer le vote rapide de la loi sur l’extension de la transaction pénale à toute une série de délits, y compris financiers, seule manière de sauver les amis de Nazarbayev. Ce projet de loi a rapidement été éliminé des parlements : déposé à la Chambre le 11 février 2011, il a été adopté le 17 mars avant d’être envoyé au Sénat le 18 mars. La loi a été promulguée le 14 avril et est entrée en vigueur le 16 mai. De Decker nie être intervenu dans cette affaire, mais la rapidité du processus d’adoption de cette loi est frappante. Détail piquant: De Decker, en tant qu’avocat, a également participé à la défense de Chodiev. Fin juin 2011, Patokh Chodiev et les deux autres ont été les premiers à bénéficier de cette nouvelle version de la transaction pénale. Le parquet de Bruxelles a ainsi abandonné ses poursuites contre la somme de 23 millions d’euros, payée en août 2011. Quelques jours plus tard, Nazarbayev a signé un contrat de commande de 45 hélicoptères auprès d’EADS. Sarkozy était rayonnant lors de la signature du contrat.
Aujourd’hui, c’est ce même Armand De Decker qui est intervenu pour stopper une action de protestation devant l’ambassade du Kazakhstan à Bruxelles, très certainement après avoir été invité par l’ambassade à réagir. Alors que les riches fraudeurs viennent se réfugier à Uccle sous la protection de De Decker, toute forme de protestation contre les éléments les plus dictatoriaux de ce club de fraudeurs hyper-riches est réprimée.
Par la même occasion, nous avons pu vérifier que les Sanctions Administratives Communales (SAC) ne sont pas là pour faire face aux incivilités et petites nuisances, mais pour réprimer les protestations et les limiter au cadre autorisé par le sommet de la société. Nos droits démocratiques sont ainsi limités alors que les fraudeurs super-riches bénéficient de nouvelles mesures très complaisantes pour leurs crimes.
Le président-dictateur corrompu du Kazakhstan et ses amis peuvent compter sur la solidarité de l’establishment politique européen. L’ancien Premier ministre britannique Tony Blair est devenu conseiller de Nazarbayev, le président Sarkozy a joué le coursier pour Nazarbayev pour, grâce à De Decker, accélérer le changement de la législation belge. La solidarité de classe n’est pas un vain mot pour l’establishment. Mais il en va de même du côté du mouvement ouvrier. Un an après le massacre de Zhanaozen, nous n’oublions pas, et nous continuons le combat contre la répression et l’oppression. L’hostilité que nous rencontrons de la part des amis locaux de Nazarbayev ne nous arrêtera pas.
Nous n’oublions pas, nous n’arrêtons pas le combat
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- Communiqué de presse – Kazakhstan Le régime organise un massacre mais se heurte à la résistance des masses
Vidéo sur les évènements du 16 décembre
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France : Les élections législatives renforcent le Parti Socialiste au pouvoir
La France sort d’une période profondément marquée d’un côté par les élections, de l’autre par l’aggravation de la crise économique. Bien que la France n’en est pas encore à subir la sinistre austérité qui frappe d’autres pays de l’Union européenne, les inégalités de classe et la polarisation sociale se creusent et ont été reflétées lors des dernières élections.
Gauche Révolutionnaire (CIO-France)
Après avoir fait dégager l’ancien président Nicolas Sarkozy et l’UMP (l’Union pour un Mouvement Populaire), les électeurs les ont giflés une fois de plus en donnant une majorité absolue au Parti Socialiste. Ainsi, bon nombre d’influents ministres du précédent gouvernement ont perdu leur siège à l’Assemblée Nationale. Après l’ère Sarkozy, la droite traverse maintenant une crise idéologique majeure combinée à une crise de direction. L’UMP sort de cette échéance électorale avec une capacité sérieusement affaiblie de pourvoir se présenter comme une opposition au gouvernement de Jean-Marc Ayrault (nommé Premier ministre par le nouveau président François Hollande). C’est d’ailleurs encore plus le cas au vu de la position renforcée du Front National.
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- France : Des milliers de personnes à la "marche contre l’austérité et le fascisme"
- Le problème, c’est le banquier, pas l’immigré ! Hénin-Beaumont : Jean-Luc Mélenchon contre Marine Le Pen
- Après les élections, quel devenir pour le Front de gauche ?
- France : L’austérité rejetée dans la seconde économie de l’eurozone
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L’orientation plus droitière que Sarkozy a essayé d’impulser à l’UMP a rencontré la résistance de l’aile conservatrice plus traditionnelle, plus gaulliste, de l’électorat. Sarkozy a également perdu le soutien d’une section des électeurs de la classe ouvrière dont le niveau de vie a gravement été compromis durant ces cinq dernières années. Sarkozy et l’UMP ont aussi été puni par ceux qui préfèrent ‘‘l’original à la copie’’ et ont voté pour la dirigeante du Front National Marine Le Pen aux élections présidentielles et pour les candidats du FN aux élections législatives.
Le PS, qui a remporté toutes les élections nationales ces cinq dernières années, apparaît renforcé. Certains éléments contredisent toutefois cette observation. Bien que le PS soit sorti grand vainqueur des élections, son score à l’élection présidentielle du mois de mai ne représente pas une si grande victoire sur l’UMP. De plus, la faible participation aux élections législatives (43% lors du second tour) confirme le rejet croissant éprouvé par la population envers les politiciens traditionnels et leur opportunisme. Cela laisse à penser que ce vote a avant tout revêtu un caractère très tactique de la part de la classe ouvrière.
En dépit de son passé, le PS n’a pas encore pleinement exposé sa véritable nature aux yeux de la population, il n’y a pas encore une compréhension généralisée que c’est l’austérité qui sera appliquée par ce gouvernement. Sa politique locale repose sur des relations de népotisme, ce qui confirme localement l’embourgeoisement total du parti, même s’il peut encore recevoir le soutien passif de certaines couches de la population, surtout dans les banlieues. Mais ce répit ne saurait être que temporaire puisque la marge de manœuvre du gouvernement, tant économiquement que politiquement, est limitée.
La France connait une situation politique unique en Europe. Alors que de nombreux pays sont gouvernés par des coalitions instables, la France a à sa tête un PS hégémonique qui contrôle la présidence, le Sénat, l’Assemblée ainsi que la plupart des régions et des conseils locaux. Cela masque toutefois un intelligent jeu d’équilibre entre les différentes tendances du PS et ses alliés dans la composition du gouvernement. Cela sera sérieusement mis à l’épreuve dans ce contexte où la crise économique s’approfondit de jour en jour. Nous en avons d’ailleurs déjà eu un aperçu au cours de la récente controverse concernant la baisse du nombre de travailleurs du secteur public.
Des mesures telles que la limitation du salaire des ministres et du président, l’augmentation de l’impôt sur la fortune (l’ISF) et d’autres taxes sur les riches, etc., sont positivement observées par la plupart des gens. D’autres mesures comme l’augmentation du salaire minimum – même limitée à ce point (2%, soit 21,5 euros) – l’engagement de 1.000 enseignants dans l’enseignement primaire et l’annonce de pourparlers avec les syndicats seront aussi favorablement considérées, même si certains travailleurs trouvent tout cela nettement insuffisant. Le fait est que cette approche se situe loin des violentes attaques du gouvernement Sarkozy et de son arrogance.
D’autre part, bien que le PS ait tenté de capitaliser la colère contre la grave destruction d’emplois dans le secteur industriel connue sous la présidence de Sarkozy (300.000 emplois perdus en cinq ans), le gouvernement de Hollande sera très rapidement confronté à une situation similaire. Les plans de restructuration, les licenciements et les fermetures d’usine qui avaient été retardées par les entreprises privées en raison de la période électorale sont maintenant de retour à l’ordre du jour.
La prochaine étape pour le gouvernement Ayrault est la présentation du budget 2013 à l’automne. Peu de chiffres sont sortis mais avec l’objectif de réduire le déficit budgétaire à 3% en 2013, chacun sait que le secteur public sera l’objet d’attaques, sans doute en commençant par le système de soins de santé.
Ces élections ont également été marquées par un vote élevé pour le FN, qui a récolté 10% en moyenne avec des pics atteignant près de 20% dans ses bastions. Bien que le parti d’extrême-droite ait perdu un peu de soutien électoral comparativement à l’élection présidentielle, il a réussi à gagner deux députés. Sans ignorer le facteur du racisme, il est clair que ce résultat exprime le rejet des partis traditionnels associés à l’establishment (l’UMPS, comme le dit le FN). L’accent mis sur les questions sociales par le FN a également joué un rôle important dans ce vote.
Le Front de Gauche a obtenu un résultat légèrement meilleur que celui dont avait bénéficié le seul Parti communiste (PCF) il y a cinq ans de cela (677.000 voix de plus), mais c’est bien plus bas que le score obtenu aux élections présidentielles (1.115.600 voix comparativement à 3.984.800 aux présidentielles). Ces élections, cependant, étaient particulièrement antidémocratiques, et le Front de Gauche a vu son groupe parlementaire s’affaiblir. Ce soutien électoral plus faible par rapport aux élections présidentielles est en partie dû à la campagne plutôt classique du Front de Gauche, de type PCF, sans critiques conséquentes contre le PS. La dynamique autour de la campagne de Jean-Luc Mélenchon est retombée, à l’exception de Hénin-Beaumont, dans la région du Nord-Pas-de-Calais, où Mélenchon a affronté Le Pen. Là-bas, la déception a été palpable puisque le vote pour Le Pen a été très important et que Mélenchon a été éliminé au premier tour. Dans cette circonscription, marquée par le chômage et les emplois précaires, le FN a été capable d’exploiter la misère sociale qui a augmenté nombre d’années durant. Étant donné le faible poids du Front de Gauche au parlement, et le fait que le PS dispose d’une majorité parlementaire sur ses seules forces, la possibilité d’une entrée du PCF au gouvernement est pour le moment exclue. La probabilité d’une scission au sein du Front de Gauche n’est donc pas immédiatement posée.
Le vote obtenu par Lutte Ouvrière et le Nouveau Parti Anticapitaliste n’a même pas atteint 1%. L’extrême-gauche paye le prix fort pour des années de sectarisme et d’analyses erronées de la situation ainsi que pour son incapacité à exprimer les besoins et les aspirations des travailleurs et des jeunes sur la scène politique.
Bien que relativement calme en France pour l’instant, la situation économique est instable à l’échelle européenne. Des pays comme la Grèce et l’Italie sont aux prises avec des situations critiques et les banques françaises sont impliquées dans des investissements pourris avec ces pays, ce qui pourrait les affecter assez vite. Il est probable que les petites réformes et les quelques gestes sociaux de la nouvelle administration Hollande cèderont rapidement place à l’austérité. Dans cette situation très changeante, la conscience des masses va rattraper son retard. De nouvelles opportunités se présenteront pour construire une force réellement socialiste de masse afin d’armer le mouvement ouvrie
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Gay Pride : 800.000 personnes à Paris contre l’homophobie
Ce samedi 26 juin, les rues de la capitale accueillaient l’édition 2010 de la Gay Pride, dans une ambiance électrique et combative. Plus de 800.000 personnes ont ainsi défilé sous le drapeau arc-en-ciel ! Le mot d’ordre était clair : «Violences, discriminations, ASSEZ! Liberté et Egalité, partout et toujours.» Les principales revendications mises en avant cette année : le droit au mariage et à l’adoption, ainsi que la lutte contre la violence homophobe et les discriminations, revendications à la justesse cruellement illustrée le soir même : un homme s’est en effet fait poignardé.
Par Pablo V. (Bruxelles)
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Après 40 ans de Gay Pride, la lutte continue
La fin des années ‘60 a été riche en luttes : mai 68, mobilisations anti-guerre, Printemps de Prague, mouvement noir,… C’est dans ce contexte de luttes que naissent les émeutes de Stonewall à New York, luttes qui symbolisent le début du mouvement LGBT.
Par Julien (Bruxelles)
A l’époque, les LGBT n’avaient légalement aucun droit et les descentes homophobes de flics étaient fréquentes. Le 28 juin 1969, un raid un peu plus violent que d’habitude au Stonewall va amener les LGBT à se mobiliser contre les attaques policières et les lois homophobes. En solidarité avec les mouvements afro-américains, des slogans comme ‘‘Gay Power’’ et ‘‘Gay is good’’ seront criés à chaque manifestation. Le Gay Liberation Front fut fondé par les militants LGBT de l’époque à New-York et s’étendra très vite au Canada, en Australie et dans beaucoup de pays européens. Très vite est née une collaboration pratique entre le GLF, les Blacks Panthers et les mouvements anti-guerre.
Cette année, cela fera 40 ans que la première Gay Pride a été organisée à New-York. Le but était clairement de revendiquer des droits. Aujourd’hui, le milieu gay est beaucoup trop cher et beaucoup de LGBT en sont exclus. La Gay Pride est hélas essentiellement devenue l’opportunité de faire de l’argent et l’aspect revendicatif est de plus en plus mis de côté.
(Petit) tour du monde de l’homophobie
- 8 pays dans le monde exécutent des homosexuels.
- L’homosexualité est punie par la loi dans une soixantaine de pays.
- Aux Etats-Unis, les homosexuels sont exclus de l’armée. “Nous n’avons pas été en mesure d’empêcher le massacre de Srebrenica en Bosnie parce que l’armée était composée de soldats gays” se justifie un ancien commandant des forces de l’Otan.
- Il est légal de licencier pour homosexualité dans 30 Etats américains.
- Pour le numéro deux du Vatican, les multiples scandales de pédophilie qui secouent l’Eglise catholique sont liés à l’homosexualité et non au célibat des prêtres.
- Dans les pays de l’Europe de l’Est, les Gay Pride sont violemment réprimées.
A lire également:
- DOSSIER: l’égalité reste à gagner!
- DOSSIER: Histoire du mouvement LGBT – Les émeutes de Stonewall – 1969
- Deux réfugiés LGBT agressés à Bruxelles
- Répression des LGBT en Europe de l’EST
- Les propos de Léonard font réagir le mouvement LGBT
- Les droits des LGBT avant et maintenant
- Luttons contre l’homophobie! – Interview d’une camarade brésilienne
[/box]A côté de chars publicitaires, se trouvaient de nombreuses associations LGBT telles que ACT UP, SOS homophobie,… mais aussi les syndicats (CGT, CFDT…), l’ensemble de l’opposition (NPA, PCF, Parti de Gauche, Europe Ecologie, PS,…), d’anciens militants du FHAR (le front homosexuel d’action révolutionnaire), ainsi qu’une soixantaine d’associations diverses (sans-papiers, sportifs, policiers,…). La commission LGBT du PSL-LSP participait également à l’évènement, aux côtés de nos camarades français de la Gauche Révolutionnaire, courant du NPA.
Pour beaucoup, c’était l’heure de faire le bilan du gouvernement Sarkozy. En effet, aucune promesse de campagne n’a été respectée au point que GayLib (mouvement pourtant associé à l’UMP) s’est attaqué frontalement au gouvernement («Assez de promesses, l’égalité maintenant!») Au niveau européen aussi, avec l’aide du PPE et du Saint Siège, la majorité présidentielle s’est singularisée dans son opposition virulente au projet de loi visant simplement à combattre les discriminations homophobes au sein de l’Union. Pourtant, il s’agit bien d’une urgence. Selon une étude menée par la Halde en 2006, 85% des homosexuels se disent victimes de discriminations voilées (dénigrement ou rejet), et 40% d’entre eux affirment subir des discriminations ouvertes (blagues, insultes, harcèlement, voire violences physiques), émanant, la plupart du temps, de collègues. Les coupes budgétaires et l’austérité que nous annonce Sarkozy ne devrait pas améliorer cette situation, bien au contraire.
Un homme poignardé en pleine Gay Pride cette année !
La Gay Pride battait son plein dans le quartier du Marais à Paris, lorsque, vers minuit, un homme d’une quarantaine d’année s’effondre. Il s’est fait poignarder. Au même moment, une fusillade éclate à San Francisco blessant 3 personnes (dont une grièvement) dans une attaque terroriste contre la Gay Pride californienne. Ces attaques homophobes montrent que si aujourd’hui, pour certains, affirmer son orientation sexuelle est devenu moins complexe que par le passé, pour les autres, cette même affirmation peut devenir synonyme de violence et d’oppression. Par ailleurs, on se rappelle tous des dernières Gay Pride en Europe de l’Est et en Russie, où les militants LGBT devaient à la fois esquiver les coups de matraque de la police et les cocktails molotov lancés par des fascistes et des extrémistes religieux. Pire encore, les homosexuels sont actuellement persécutés dans plus de 60 pays dans le monde (prison à vie, coups de fouet…) et sont encore condamnés à la peine de mort dans huit pays. Dans un tel contexte, on ne peut pas rester les bras croisés.
Néanmoins, la violence homophobe n’est pas inéluctable !
Il y a fort à parier, par ailleurs, que la crise qui fragilise les plus opprimés à travers la destruction d’emploi, des services publics et d’éducation aura des conséquences sur les LGBT. A l’inverse, la défense des droits sociaux, le partage du temps de travail pour travailler tous, la garantie d’un logement décent,… permettrait sans doute de briser cet engrenage de tensions au sein de la société, et d’en finir avec la logique du « diviser pour mieux régner » chère à Nicolas Sarkozy et autres PPE.
C’est pourquoi nous devons nous organiser pour résister à la violence homophobe, tout en construisant un rapport de force avec les travailleurs pour changer la société. Si pour vous aussi, ne rien faire, c’est laisser faire, alors rejoignez le PSL et sa commission LGBT. Samedi, nous avons par exemple tenu un stand avec de nombreuses brochures sur l’histoire du mouvement LGBT, Stonewall, avec notre organisation sœur en France (la Gauche Révolutionnaire) lors de la Gay Pride parisienne. Une initiative encourageante des deux côtés de la frontière !
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Tf1 en campagne… idéologique
Dans le journal parlé du 21/05/2007 sur la télévision de Bouygues, un journaliste ouvre son reportage par ce commentaire : « bonne nouvelle, les Français s’endettent… », il tempère un peu sa joie en poursuivant plus loin : « il y a aussi de plus en plus de surendettement.. .». L’analyse du journaliste étant que un ménage qui s’endette a confiance en l’avenir et en l’économie.
Alain. (Cet article a été rédigé par un sympathisant. Vous aussi, n’hésitez pas à envoyer à notre rédaction des artciles, rapports d’actions, réflexions,…: redaction@lsp-mas.be)
Les politiques monétaires et fiscales menées dans la zone euro ces dernières années ont permis une explosion des bénéfices (transfert d’une partie des revenus du travail vers le capital) qui ne sont plus réinvestis dans l’économie réelle. Cette masse monétaire vient donc gonfler le stock d’argent, rendant ainsi le crédit meilleur marché. Ceci permet au prolétariat de continuer à consommer en hypothéquant leur salaire futur. Cette situation les rendant de plus en plus dépendant des organismes financiers et à la merci d’une éventuelle crise.
Il faut vraiment tout l’optimisme de l’idéologie libérale pour considérer l’augmentation du taux d’endettement comme une bonne nouvelle.
Ce fait illustre, à lui seul, l’ensemble de la campagne présidentielle qui a mené à la victoire de monsieur Nicolas Sarkozy. L’ensemble du paradigme intellectuel développé par le candidat de la droite, asséné sans relâche par son camp et cautionné de manière plus ou moins ouverte par une partie de l’establishment médiatique et intellectuel, a été déroulé sans qu’il y ait eu en face un argumentaire de poids. Le parti socialiste de madame Ségolène Royal, est tombé dans tous les pièges stratégiques tendus par la droite. Cela est essentiellement dû au manque de fond politique.
L’aggiornamento que la gauche doit effectuer si elle veut réussir à obtenir l’adhésion populaire, c’est d’abord de proposer une vision globale et cohérente de la société. Une vision qui ne considère pas l’augmentation du taux d’endettement comme une bonne nouvelle pour les travailleurs.
La méthode d’analyse marxiste, que le partis sociaux démocrates ont abandonnés, est le seul outil qui permette de penser une voie de sortie du capitalisme et de son corollaire idéologique qu’est le libéralisme.
Il est primordial de porter haut les valeurs et les analyses du socialisme révolutionnaire afin de pouvoir mobiliser dans le futur l’ensemble du prolétariat pour abattre le capitalisme.
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FRANCE : Défenseur du patronat contre défenseur du patronat.
La participation au premier tour aura été impressionnante : 84,5% des électeurs se sont rendus aux urnes – le plus haut taux de participation depuis la naissance de la Ve République en 1958 – contre 71,60% en 2002. Au duel final : Sarkozy contre Royal.
Nicolas Croes
Cette participation massive se devinait déjà dans le taux d’audience d’émissions comme « J’ai une question à vous poser », où près de 9 millions de personnes avaient suivis le passage de Ségolène Royal (qui s’est particulièrement distinguée d’ailleurs en répondant invariablement sur chaque sujet qu’il s’agissait de sa priorité…).
L’identité nationale au coeur du débat
Nombreux sont ceux qui voulaient éviter de revivre le séisme des dernières présidentielles qui avaient vu le leader du Front National arriver au second tour. C’est notamment cela qui permet de comprendre la « chute » du FN. Finalement, malgré son score tombé à 11,5%, son nombre d’électeurs est assez stable par rapport à 2002.
Un peu tôt pour crier victoire, donc. Surtout avec un Sarkozy qui affirme que la pédophilie et les suicides des adolescents sont d’origine génétique, qui veut un « ministère de l’intégration et de l’identité nationale » (même Jörg Haider a dénoncé les « nauséeux relents » de ces propos), qui a fait de la stigmatisation des communautés immigrées l’un de ses credos favoris,… Sans même parler de ce qu’il prévoit pour le monde du travail en général…. En définitive, il très proche de la droite dure de Bush, Berlusconi et Aznar.
Ségolène Royal l’a suivi sur ce terrain, en allant toutefois bien moins loin, en proposant par exemple l’encadrement militaire des jeunes délinquants « pour leur donner une chance dès le premier délit » ou en se référant à tout bout de champ à l’idée de nation française. On peut comprendre que l’enthousiasme ne soit pas gigantesque au PS malgré un résultat meilleur que celui de Jospin en 2002. De plus, si Sarkozy est soutenu par les plus grands patrons français – dont ceux qui contrôlent des médias ( il intimide ainsi souvent les journalistes en disant « C’est marrant, je connais tous vos patrons, je sais ce qui se passe dans votre rédaction. ») – Royal a derrière elle, entre autres, le patron de l’Organisation Mondiale du Commerce.
Bayrou profite de l’absence d’alternative
Bénéficiant de la droite effrayée par Nicolas « Bulldozer » Sarkozy et d’une partie de la gauche qui le voyait mieux parti pour battre le président de l’UMP au second tour, Bayrou, candidat du centre, aura été une des surprises de cette campagne et termine la course avec le score de 18,3%. Pour beaucoup, il aura aussi été le candidat à la fois anti PS et UMP. Il faut dire que les médias l’ont bien aidé à ce positionner de la sorte. Lorsqu’il s’est plaint des manipulations des médias, le Nouvel Observateur l’a soupçonné d’avoir « une prétention extravagante à l’égalitarisme ». Au regard de son passé et de son programme, on ne peut pourtant pas vraiment avoir de doutes sur ce qu’il pense de l’égalité… Mais 58% des Français ont effectivement trouvé (à juste titre) que les médias ont accordé une place trop importante à Nicolas Sarkozy et 63% pensent que les journalistes ne sont pas indépendants face aux pressions des partis politiques.
Pour tenter de gagner le scrutin ultime, Ségolène Royal devra tout faire pour séduire les centristes, au risque d’augmenter les tensions à l’intérieur du PS. Il est encore trop tôt pour dire ce qu’il adviendra en cas d’échec, mais la droite du PS pourrait être amenée à se rapprocher du centre et la gauche des débris du PCF et des Verts qui n’obtiennent respectivement que 2% et 1,5%, faute d’apparaître comme des alternatives crédibles.
Préparons les luttes à venir !
Plus à gauche, la division a eu un prix et, malgré les 56% de Français qui avaient voté NON à la Constitution Européenne majoritairement sur une base de gauche ainsi que le très fort sentiment antisystème, c’est l’échec. L’exception est Olivier Besancenot (LCR) qui réussit même à engranger 600.000 voix supplémentaires et arrive presque aux 5% (4,5%). Espérons que, contrairement aux fois précédentes, il sortira de ce résultat un véritable appel pour mobiliser l’électorat de l’extrême-gauche dans le cadre de la création d’une formation large anti-néolibérale où chaque tendance pourra s’exprimer.
La tâche est aujourd’hui à la préparation des interventions sur le terrain contre la casse sociale qui viendra de la droite ou de la « gauche ». Nous comprenons bien que des travailleurs et des jeunes, surtout des banlieues, voudront arrêter Sarkozy lors du second tour. Malheureusement, nous ne pensons pas que la politique de Ségolène Royal et du PS sera fondamentalement différente. Par contre, nous pensons que leur politique va plus encore mener à un je-m’en-foutisme et renforcer la droite et l’extrême droite tant que n’existe pas d’alternative crédible.
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Elections françaises : Sur 12 candidats, combien de travailleurs ?
Seuls Olivier Besancenot, Arlette Laguiller et José Bové connaissent véritablement les réalités du niveau de vie des travailleurs! Cela ne veut pas encore dire qu’ils sont les meilleurs pour défendre leurs intérêts, mais comment les travailleurs et leurs familles peuvent-ils être représentés et défendus correctement par des millionaires qui n’imaginent même pas la difficulté de joindre les deux bouts à la fin du mois?! Petit tour d’horizon…
Stéphane Ramquet
Jean-Marie Le Pen, le candidat du parti néo-fasciste (FN) est assujeti à l’ISF (impôt sur la fortune) à hauteur de 1643€ pour l’année 2006. En outre, il déclare un patrimoine équivalant à 1,37 million d’€, il détient aussi un porte-feuille d’action dont la valeur est inconnue. Son salaire d’eurodéputé lui rapporte aussi 6700€ brut par mois. Jean-Marie Le Pen, l’ami des travailleurs? sûrement pas! Son patrimoine et ses intérêts boursiers en font un candidat bien proche du patronat.
Nicolas Sarkozy (UMP, libéral-conservateur), quant à lui est le plus riche des candidats et aussi asujeti à l’ISF à hauteur de 1988€ avec un patrimoine de 1,13 million d’€. En tant que ministre, Nicolas Sarkozy touchait mensuellement 14.000€ brut.
Ségolène Royal, la candidate très sociale-libérale du Parti « Socialiste » est aussi asujetie à l’ISF à hauteur de 862€ et partage un patrimoine de 900.000€ avec son compagnon François Hollande, secrétaire général du PS. Ensemble il détiennent un appartement de 120² en Hauts-de-Seine, une maison dans les Alpes-maritimes, ainsi qu’une maison dans les Deux-Sèvres. Son revenu de président du conseil régional du Poitou-Charente s’élève à 5.227€ brut.
François Bayrou (UDF, centre-droit) n’est lui pas asujeti à l’ISF mais déclare quand même un patrimoine de 607.000€. Son revenu de député s’élève à 6.892€ brut.
À l’opposé, Olivier Besancenot (LCR, se revendiquant de la tradition trotskiste) déclare un revenu de 1.100€ net que lui rapporte son salaire de facteur. Il est propriétaire avec sa compagne d’un appartement de 55m² dont il rembourse toujours le crédit.
José Bové (altermondialiste) a un revenu net de 1220€ mensuel que lui rapporte son salaire associé d’un Groupement agricole.
Arlette Laguiller (LO, se revendiquant également de la tradition trotskiste) enfin vit de sa pension de La Poste qui s’élève à 2.276€
Tous les autres candidats (à l’exception de Nihous, le candidat chasseur), Voynet (Les Verts, « écologistes »), Villiers (MPF, extrême-droite), Schivardi (candidat des maires), et Buffet (Parti « Communiste » Français) vivent de leur mandat électif qui leur rapporte plus que de quoi bien vivre. (précisons tout de même que Marie-Georges Buffet rend une partie de son traitement de députée à son parti).
Les travailleurs et la jeunesse ont besoin d’un réel prolongement politique. Le train de vie d’une candidate comme Ségolène Royal montre une fois de plus que le PS n’est plus leur parti. La LCR, tout comme LO, ne peut prétendre être à elle seule ce nouveau parti. Il faut que les forces anti-libérales, que les travailleurs, la jeunesse les immigrés et les chômeurs s’unissent dans un nouveau parti des travailleurs, une nouvelle force qui sera la coupole des luttes. En attendant pour montrer que c’est cela que nous voulons, soutenons les vrais candidats des travailleurs.
Un maximum de voix pour ces candidats rendra encore plus visible la dénonciation du capitalisme. Mais pour renverser ce système, le vote ne suffira pas. Il faut dès à présent préparer les luttes, s’organiser, et approfondir l’analyse du capitalisme pour développer une orientation réellement socialiste et révolutionnaire. Notre organisation-soeur en France, le Gauche révolutionnaire, fait campagne sur ce thème tout en appelant à voter pour la LCR ou pour LO.
NB: L’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) est un impôt français payé par les personnes détenant un patrimoine net (défini selon les règles de la loi) supérieur à 760 000 euros (seuil au 1er janvier 2007). L’ordre de grandeur de cet impôt est de 1% (fourchette de 0,55% à 1,80%). (fr.wikipedia.org)
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France. Bayrou superstar?
Pas moins de 12 candidats seront présents au 1er tour des présidentielles. Parmi eux, François Bayrou, candidat de l’Union pour la Démocratie Française (U.D.F. – centre droit), crée la surprise. Alors qu’il n’avait obtenu que 6,8% en 2002, il se trouverait actuellement aux alentours des 20% selon les sondages – qu’il faut toutefois lire avec prudence.
Baptiste Daveau
L’ « effet Bayrou » illustre un rejet des deux principaux candidats (Ségolène Royal, PS, et Nicolas Sarkozy, UMP). Bayrou se présente comme l’alternative idéale et dit vouloir réunir la gauche et la droite qui veulent bien « discuter ». Entendez par là : « ceux qui veulent bien se mettre d’accord pour mettre en place des plans d’austérité ».
Bayrou mène donc une campagne très opportuniste. A son premier meeting parisien, il s’est posé comme le « président du peuple », celui qui défend « la France des paysans contre les milliardaires du CAC 40 et les vedettes du show-biz ». Mais ne soyons pas dupes ! Ce candidat très catholique, autoproclamé « anti-système » était Ministre de l’éducation de 1993 à 1997 dans un gouvernement de droite. Il a principalement été remarqué en rassemblant… un million de manifestants en 1994 contre sa réforme de l’enseignement ! Lui qui, en tant que député européen, défendit ardemment l’Europe libérale et la Constitution européenne se fait maintenant passer pour l’alternative!
Bayrou, en définitive, n’est qu’un candidat défendant les intérêts du patronat au même titre que Sarkozy ou Royal. Son programme électoral veut construire une France « pro-entreprises et pro-recherche ». Comment ? En diminuant les taxes pour les entreprises… Ses déclarations du style « Je sais ce que c’est que de vivre avec 640 euros par mois : c’est la retraite de ma mère ! » ne font que démontrer qu’il a très bien compris qu’une recherche d’alternative est en cours en France et qu’il veut l’utiliser.
Malgré les mobilisations de masse – et les victoires – qui ont eu lieu depuis quelques années en France (NON au référendum, lutte contre le CPE,…), aucun prolongement politique des luttes des travailleurs n’est ressorti. Cependant, malgré la division à la gauche du PS, Buffet (PCF), Laguiller (LO), Besancenot (LCR) et Bové récoltent tout de même encore plus de 10% réunis (ce qui est quand même moins qu’en 2002).
Ce score et l’ampleur des intentions de vote pour Bayrou – bien plus significative d’un refus de Royal et Sarkozy que d’une véritable adhésion au programme de celui-ci – illustrent le potentiel que pourrait avoir un nouveau parti des travailleurs et une candidature anti-néolibérale qui prolongerait les revendications des travailleurs sur le terrain politique. Ce ne sera hélas pas pour cette fois, mais nos camarades français de la Gauche Révolutionnaire continuent à faire campagne sur ce thème.
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EADS/Airbus. Les profits s’envolent, l’emploi s’écrase!
Nouvelle onde de choc dans le monde des travailleurs : EADS a décidé de supprimer 10.000 emplois en quatre ans sur les 55.000 que compte sa filiale Airbus. Une fois encore, ce n’est pas une entreprise en crise qui se sépare d’une partie de ceux qui ont forgé ses richesses : le chiffre d’affaire d’EADS s’élève à 39,4 milliards d’euros pour 2006, soit une hausse de 15% par rapport à 2005.
Nicolas Croes
La société Airbus a été créée en 1970 et rassemble des entreprises aérospatiales nationales française, anglaise, allemande et espagnole. Nombreux étaient ceux qui voyaient dans ce consortium un des symboles les plus parlants de l’Union Européenne. Il y a deux ans à peine, le président français Chirac, le premier ministre britannique Blair, son collègue espagnol Zapatero et le chancelier fédéral allemand Schröder avaient eux-mêmes repris la métaphore à l’occasion de la sortie de l’A380. Finalement, le parallèle est effectivement très significatif, bien plus d’ailleurs que ne l’auraient souhaité ces chefs d’Etat…
18% : une aumône…
En 1999, le gouvernement français du « socialiste » Jospin a décidé de privatiser l’aérospatiale française. Rapidement, les intérêts du privé ont dominé au sein du nouveau groupe nommé EADS. Ce groupe est devenu n° 2 mondial dans l’aéronautique civile avec Airbus et n° 1 dans les hélicoptères militaires avec Eurocopter, le lancement de satellites avec Arianespace, le positionnement géosatellitaire avec Galileo et les missiles militaires avec MBDA.
Pour les cinq années à venir, les carnets d’Aibus sont copieusement remplis : 2.357 appareils sont commandés, ce qui correspond à 258 milliards de dollars. Une situation qui ravit les actionnaires qui, depuis la privatisation de 1999, s’en mettent plein les fouilles: les actions rapportent en moyenne plus de 18% de bénéfices chaque année. Mais ce n’est pas encore suffisant. C’est même très loin de l’être pour étancher la soif de profit de la direction et des actionnaires.
En conséquence, 4.300 travailleurs français seront jetés à la porte, au même titre que 3.700 allemands, 1.600 anglais et 400 espagnols. Ceux qui restent n’auront qu’à se réjouir, ils pourront même rester plus longtemps dans les usines… pour le même salaire! C’est ce que révèle le magazine allemand Focus : la direction d’Airbus envisagerait de faire passer les travailleurs de 35 heures de travail par semaine à 40, sans aucune compensation salariale.
C’est exactement ce qu’avait fait le groupe américain Boeing quand Airbus était devenu n°1 mondial (place qu’il a perdue cette année). Boeing a pu se hisser à nouveau à la première place en escaladant les corps des travailleurs laissés sur le côté : 42% de l’effectif de 1998 ont été licenciés alors que ceux qui ont évité la trappe doivent subir des cadences infernales. C’est maintenant au tour d’Airbus, tandis que la Chine vient juste de décider de se lancer sur le marché aéronautique, menaçant l’hégémonie des deux compagnies occidentales.
Sauver les meubles… pas les travailleurs
Comment enrayer le cycle infernal des travailleurs sacrifiés sur l’autel de la concurrence? La décision du conseil d’administration d’EADS aura aussi des répercussions en Belgique. Depuis le début des années 1980, plusieurs sous-traitants d’Airbus sont des entreprises belges (la Sonaca, la Sabca, Asco et Eurair). Lors du dernier conseil extraordinaire des ministres à Louvain, le gouvernement belge a décidé de débloquer 150 millions d’EUR. C’est autant d’argent qui sortira de nos impôts pour compenser la rapacité d’un groupe infime de grands actionnaires.
Cependant, pour beaucoup de politiciens placés devant ce drame humain – finalement si caractéristique de la société d’exploitation que nous connaissons – la solution se trouve là : faire intervenir l’Etat (et notre argent). Attention! Il n’est en aucun cas question de revenir sur les privatisations! Si l’Etat doit intervenir, c’est uniquement quand les choses vont mal. Pour le reste, les bénéfices peuvent continuer à alimenter la folie des grandeurs des capitalistes, et uniquement elle. En France, où Airbus s’est infiltré dans la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy a par exemple déclaré qu’il soutiendrait Airbus comme il l’avait «fait avec Alstom» (l’Etat avait pris 20% du groupe quand celui-ci était en difficulté).
Pour d’autres, le sort des travailleurs ne compte absolument pas. Le Premier ministre français Dominique de Villepin a ainsi précisé que s’il mesurait « pleinement l’inquiétude » des salariés, ce plan est pour lui « nécessaire pour sortir définitivement de la situation d’incertitude et préparer l’avenir »!
Airbus – ou VW-Forest pour prendre un autre exemple récent – illustre combien les logiques de « nos » gouvernements sont incapables de résoudre les problèmes de l’économie de marché. Pour sauver les emplois d’Airbus, il faut renationaliser l’entreprise, sans achat ni indemnité. Les travailleurs doivent avoir accès aux comptes de l’entreprise et à toutes les informations sans restrictions pour prévenir les erreurs de gestion et les magouilles. Mais seule une transformation socialiste de la société pourra sauvegarder définitivement les emplois d’Airbus et d’ailleurs.
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Toujours la même politique sans alternative crédible à gauche
France: Sarkozy contre Royal
La campagne présidentielle est bien lancée, sur fond de dégoût face à la politique suivie par les gouvernements de Raffarin et Villepin depuis 2002 : soutien à la constitution européenne rejetée par les Français lors du référendum en 2005, attaque contre les pensions, privatisation des services publics, promotion de nouveaux contrats flexibles et précaires,… 80% des français sont aujourd’hui opposés à une nouvelle candidature de Chirac.
Les politiciens, la presse, les sondages sont focalisés sur le match annoncé pour le 2e tour entre Nicolas Sarkozy pour l’UMP et Ségolène Royal pour le PS. Mais si les thèmes principaux qui préoccupent les Français sont l’emploi, les salaires, l’enseignement, la sécurité sociale,…. les réponses que donnent Sarkozy et Royal montrent qu’ils veulent continuer la même politique, celle qui assure de nouveaux profits records aux actionnaires aux détriments de la collectivité.
Avec ce duel, l’enjeu du premier tour est relégué au second plan. La menace d’un Le Pen au deuxième tour, comme en 2002, semble être écartée par les scores des deux principaux candidats. Mais il est quand même crédité de 13% dans les sondages (à la mi-février) alors qu’en 2002, il se situait entre 8 et 10% à la même période. Entre les deux tours de 2002, des centaines de milliers de jeunes étaient sortis dans les rues contre le FN. Mais l’absence d’une autre perspective que de barrer la route à Le Pen par la voie des urnes en votant Chirac et cinq années de politique antisociale de la droite ont permis au FN de rester en selle.
Sarkozy, représentant le plus zélé des capitalistes
Sarkozy – Ministre de l’intérieur ultra-répressif, à l’attitude et au discours agressif envers les immigrés, les jeunes et les syndicalistes – a changé quelque peu de tonalité comme candidat. Mais le fond reste identique.
Son programme est encore plus néolibéral que celui des précédents gouvernements. Il défend les riches en voulant diminuer de moitié l’impôt sur la fortune à travers des astuces fiscales, supprimer les droits de succession, défiscaliser complètement les heures supplémentaires ou encore créer un contrat de travail unique (ce qui signifie liquider les contrats à durée indéterminée en les remplaçant par un modèle de contrat plus flexible et précaire).
Pour lui, chômeurs, pensionnés et fonctionnaires (dont il veut liquider 225.000 postes pour 2012) sont des fainéants et des profiteurs. Il sait ce qu’il veut et le dit : une vague d’attaques contre les salaires et les conditions de vie des travailleurs et de leurs familles.
Pour faire passer une telle politique, il la présente comme seule capable de " relever la France " et surtout il joue sur son image d’ " homme fort " qui veut mettre fin à l’insécurité et à la délinquance.
Royal, un emballage différent
Royal, pourtant favorite avant le démarrage de la campagne, a perdu 22 sondages consécutifs entre la mi-janvier et la mi-février au profit de Sarkozy. Ses bourdes à répétition et les tiraillements au sein de son personnel politique pourraient-ils lui faire perdre les élections? Il est sans doute encore trop tôt pour le dire, plus de 50% des électeurs se disant encore indécis.
Royal pourrait bénéficier d’un important soutien au nom du " moindre mal " face à la menace que représente Sarkozy. Nous comprenons ceux qui se sentent poussés à voter pour Royal afin de barrer la route à Sarko, mais sa politique ne serait pas fondamentalement différente. Ayant Tony Blair pour modèle, elle préconise de nombreuses diminutions de charges pour les patrons et avec une richesse personnelle réelle estimée à un peu moins d’un million d’euros, elle provient du même milieu que Sarkozy.
Ses propos contre les profs, considérés comme des profiteurs qui devraient prester l’ensemble de leurs heures à l’école, révèle le mépris qu’elle porte aux travailleurs. Royal défend la même politique néolibérale que la droite et n’a de plus social que l’emballage. Alors que Sarkozy annonce ses intentions, Royal renoue avec les traditions des promesses qui ne seront pas tenues.
Royal a pourtant encore un autre atout dans sa poche. C’est que, sur sa gauche, rien ne semble avoir changé depuis 2002 : une candidature crédible d’opposition à la politique néo-libérale fait toujours défaut. Marie-Georges Buffet (Parti Communiste Français), Olivier Besancenot (Ligue Communiste Révolutionaire), Arlette Laguiller (Lutte Ouvrière), Gérard Schivardi (Parti des Travailleurs) et José Bové présentent chacun leur propre candidature.
Pourquoi autant de cavaliers seuls ?
Malgré les mobilisations de masse passées, aucun prolongement politique aux luttes des travailleurs et des jeunes n’a émergé. Un large mouvement unitaire et antilibéral s’est formé à partir de la campagne pour un " Non de gauche " à la constitution européenne. Mais les objectifs et la stratégie politiques n’ont jamais pu être éclaircis au sein de ce mouvement. Aucune force n’y a défendu la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs unifiant la résistance contre la politique néolibérale.
Le PCF a maintenu son orientation habituelle : d’un côté, il critique Royal mais, de l’autre, il se prépare à la possibilité de rentrer dans un nouveau gouvernement de gauche plurielle avec le PS. La LCR a une orientation plus claire d’opposition à toute collaboration gouvernementale avec le PS mais elle n’a pas défendu clairement cette position au sein des collectifs antilibéraux et a choisi très vite de présenter son propre candidat. Si Bové est sans doute le candidat le plus " populaire ", il a maintenu un flou certain sur ses rapports futurs avec le PS et il n’était préparé en réalité à une candidature de rassemblement… que sur sa propre candidature. Quant à Lutte Ouvrière, elle s’est maintenue à l’écart de tous les débats et a annoncé depuis le début qu’elle présenterait sa propre candidate (dont ce sera la sixième tentative).
Notre organisation-soeur en France, la Gauche Révolutionnaire, continue à mener campagne pour un nouveau parti des travailleurs. Ensemble, l’extrême-gauche est créditée de 11% dans les sondages, un résultat équivalent à celui de 2002. Cette force électorale illustre le potentiel et le succès qu’aurait une nouvelle formation telle que le CAP en France. Malheureusement, ni LO, ni la LCR n’utilisent les possibilités présentes pour faire émerger une nouvelle formation de masse des travailleurs, ce qui laisse la voie libre aux politiciens traditionnels.