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Tag: Nico Cué
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Manifestation à Tournai : NON à l'austérité
Ce matin, une manifestation syndicale a eu lieu à Tournai dans le cadre du plan d’action décidé par le Bureau Fédéral de le FGTB. Cette manifestation – où de 3 à 4000 travailleurs étaient présents – a encore une fois démontré la volonté qui existe a la base pour l’organisation d’actions. On regrettera cependant le manque de clarté du fameux "plan".
En effet, on a appris les informations sur les actions au compte goutte, plutôt que d’avoir un ensemble de dates prédéterminées et suffisamment connues que pour permettre à chaque militant de trouver sa place dans le plan, mobiliser comme il le peux, prendre des initiatives, etc.
On aurait espéré l’annonce d’un premier jour de grève générale dans le cadre de ce plan, afin que chaque action permette de construire le mouvement progressivement jusqu’à l’utilisation de l’arme ultime des travailleurs, la grève.
Soulignons cependant le fait que le président de la Régionale WAPI a évoqué à la tribune la possibilité d’une grève dans la prochaine période. Nico Cué, le président des métallos Wallonie-Bruxelles de la FGTB, écrivait d’ailleurs dans son édito d’il y a quelque jour : "L’heure est à la riposte. Elle doit être à la hauteur des agressions. Quoi d’autre que la grève générale ?"
Espérons que ces vœux soient exaucés et qu’on rattrape le côté brouillon et mal organisé du "plan d’action" par l’organisation sérieuse d’une grève générale et de sa suite.
Par Ben (Charleroi)
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Namur : Grève régionale du 19 décembre – Il faut faire monter la pression et étendre le mouvement contre l’avalanche d’austérité !
Ce qu’il ressort de l’assemblée de délégués et de militants de la FGTB du 23 novembre 2012, c’est la volonté de la base syndicale de lutter contre l’austérité. Ce soir-là, des discussions de délégués par centrales ont eu lieu pour remettre les volontés de la base à la direction. Et le résultat est là ; les militants de la régionale de Namur veulent engager le combat contre les mesures antisociales du budget Di Rupo.
Tract du PSL
C’est une très bonne chose que les directions syndicales soient plus à l’écoute de la volonté de la base, de ces militants qui se battent quotidiennement dans leurs entreprises pour garantir les droits des travailleurs. Ce modèle de réunions syndicales doit être réédité et amplifié pour assurer une mobilisation encore plus large dans le futur. Car elles permettent le dialogue démocratique au sein de nos organisations syndicales. Beaucoup de militants syndicaux en ont ras le bol des attaques permanentes contre les salaires et les conditions de vie des travailleurs. Si le permanent syndical de la Centrale Générale estimait ce soir-là que « nous sommes à un tournant de l’histoire sociale de Belgique », face à « un gouvernement à la botte du patronat », alors la réaction doit être à la mesure de l’attaque : organisée, planifiée et massive.
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Un plan d’action, c’est quoi ?
C’est avant tout un bon calendrier d’action qui permettrait d’élargir un mouvement actuellement limité à une minorité d’habitués, de construire des expériences de lutte et de renouer avec les traditions perdues. Parmi celles-ci : celle des assemblées générales régulières sur les lieux de travail, mais aussi dans les quartiers ou dans les écoles afin d’expliquer clairement la situation politique et économique à tous, ainsi que les propositions alternatives à l’austérité. De telles AG permettraient de construire sérieusement la mobilisation et de la renforcer dans la durée.
Un plan d’action cohérent pourrait par exemple être composé de manifestations ou d’une succession de journées de grève en front commun, prévues à l’avance, de 24h pour commencer, puis de 48h et pourquoi pas de 72h. C’est une proposition un temps défendue par Nico Cué, président des métallos FGTB Wallonie-Bruxelles.
[/box]Le mouvement des travailleurs n’a pas encore conscience de sa force extraordinaire : en Belgique 75% des travailleurs sont syndiqués, 125.116 ont été candidats aux dernières élections syndicales, qui ont bénéficié d’un taux de participation de 70%. Ce qui en fait les élections les plus proches des gens.
Mais pour saisir tout le potentiel de cette force collective, il nous faut un plan d’action concret avec des mesures politiques alternatives crédibles à présenter aux collègues de nos entreprises, de l’espace et du temps pour présenter les causes de l’austérité et ses conséquences dramatiques pour la majorité sociale. Il faut aussi, comme le fait la dernière campagne de la FGTB sur la dette, pointer du doigt la manière dont les énormes richesses produites collectivement sont accaparées par une minorité sociale par différents mécanismes fiscaux.
Des politiques d’austérité inacceptables
Le gouvernement Di Rupo a déjà réalisé une austérité de 18 milliards d’euros, soit deux fois le budget annuel de la Communauté Française. Les mesurettes telles que la réforme des intérêts notionnels ou la lutte contre la fraude fiscale pour à peine quelques centaines de millions d’euros alors qu’en Belgique, elle est estimée entre 13 et 30 milliards, sont des concessions que le grand patronat peut se permettre. Les attaques contre les travailleurs et les allocataires sociaux, par contre, sont intenables. Comment justifier les attaques contre les chômeurs lorsque, chaque mois, les pertes d’emplois se comptent par milliers ?! Dans notre région, AGC, Kraft, Solvay et bien d’autres, dégraissent à tour de bras.
L’attitude des différents gouvernements (fédéral et régionaux) dans les dossiers chauds d’Arcelor Mittal ou Ford Genk est révélateur. Ils ont nationalisé les pertes énormes des banques, mais ne sont pas prêts à investir dans la production réelle pour préserver l’emploi. Le gel salarial est présenté comme un effort collectif indispensable à fournir, mais ce sont toujours les mêmes qui paient ! La productivité horaire belge est la cinquième meilleure au monde. Par contre, l’impôt effectif en Belgique sur les grandes entreprises n’est que de 5% notamment grâce au système des intérêts notionnels.
L’arrogance du patronat à propos du prochain AIP, la marge de 0,0% d’augmentation décidée par le gouvernement et la discussion qui devrait porter sur la flexibilité est un exemple de plus que nous devrons lutter pour remettre en avant notre agenda. Le coût de la vie n’est pas compensé par l’index, ils l’ont vidé de sa substance en retirant les cigarettes, l’alcool et l’essence avec l’index santé, et cela va être encore aggravé par le nouvel « index produit blanc ».
Unité des travailleurs
Bien sûr, la combativité n’évolue pas au même rythme dans chaque secteur, chaque centrale, chaque fédération syndicale ou chaque région du pays. Utilisons notre combativité pour inspirer d’autres travailleurs, pour entamer un dialogue avec eux et voir comment ils peuvent nous rejoindre. Evitons d’approfondir les divergences ! Nous diviser, c’est déjà ce que font les patrons, leurs médias, leurs politiciens et, malheureusement aussi, certains « dirigeants syndicaux ».
Le PS est un frein aux luttes sociales
De véritables socialistes ne voteraient pas l’austérité, ils ne voteraient pas un budget aussi défavorable à l’ensemble de la population. Ceux qui le font sont des traîtres ou des ennemis, et on doit les traiter comme tels. De véritables socialistes organiseraient la résistance à l’austérité quoiqu’il en coûte. Et aujourd’hui, ça veut dire quitter cette machine nauséabonde, bureaucratique et antisociale qu’est le PS.
Nous devons donc construire une nouvelle formation politique qui soit véritablement à gauche. Une formation qui soit la nôtre, celle de la classe des travailleurs. Une formation où l’ensemble des sensibilités et des tendances existantes au sein de la classe des travailleurs serait représenté et s’unirait sur base d’un minimum de clarté idéologique. Une clarté qui émergerait grâce aux débats d’idées, grâce aux discussions parfois polémiques, mais c’est comme ça qu’on aura le couteau le plus aiguisé : c’est-à-dire des perspectives et une direction capable de conduire à la victoire.
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Pour un syndicalisme de combat !
Le contexte politique et économique ne laisse aucune marge de manœuvre à la concertation. Nous ne sommes plus au temps des demi-mesures : soit on accepte que le patronat et le gouvernement détruisent progressivement le niveau de vie de l’ensemble de la population et on se contente de serrer les fesses en priant pour ça s’arrête un jour, soit on remet clairement en cause le fonctionnement du système et, dans ce cas, on s’en donne les moyens. Et la mise en place d’un plan d’action ambitieux contre l’austérité et pour l’emploi est une base minimum.
Par Ben (Charleroi)
La demande pour un tel plan se fait d’ailleurs de plus en plus sentir, comme l’ont montré le récent appel des jeunes-FGTB, la carte blanche de Francis Gomez (président des métallos FGTB Liège-Luxembourg) ou encore le fait que pour le 14 novembre, la proposition d’un petit rassemblement de quelques centaines de personnes à Bruxelles se soit transformée en grèves de certains secteurs (CGSP wallonne, CGSP-Administrations locales et régionales bruxelloises, les métallos FGTB Wallonie-Bruxelles) voire en grève générale pour certaines régionale comme Liège et La Louvière. La volonté de lutte est croissante.
Mais les larges masses ne sont pas encore conscientes de leur force collective. La population a besoin de perspectives de lutte crédibles pour se mettre en mouvement. Un bon calendrier d’action permettrait d’élargir un mouvement actuellement limité à une minorité d’habitués, de construire des expériences de lutte et de renouer avec les traditions perdues. Parmi celles-ci : celle des assemblées générales régulières sur les lieux de travail, mais aussi dans les quartiers ou dans les écoles, afin d’expliquer clairement la situation politique et économique à tous, ainsi que les propositions alternatives à l’austérité.
La Belgique possède un mouvement syndical potentiellement surpuissant avec un taux de syndicalisation parmi les plus élevés au monde. Cette puissance est un atout important, mais elle ne suffit pas. Il nous faut aller plus loin sur le chemin de l’organisation collective des travailleurs et renouer avec un syndicalisme de combat, à l’opposé du syndicalisme de concertation actuel.
Un plan d’action, c’est quoi ?
Un plan d’action cohérent pourrait, par exemple, être composé d’une succession de journées de grève prévues à l’avance, de 24h pour commencer, puis de 48h et pourquoi pas de 72h. C’est une proposition un temps défendue par Nico Cué, président des métallos FGTB Wallonie-Bruxelles, mais nous n’en avons plus entendu parler depuis un bon moment. La grève est l’arme ultime des travailleurs, elle permet de montrer au patronat et au gouvernement le mécontentement qui existe à la base, mais permet également aux travailleurs de prendre conscience de leur propre force. Et puis, surtout, la grève permet de poser une question fondamentale : qui produit la richesse dans notre société ? Elle y répond en montrant que ce sont les travailleurs eux-mêmes. La grève pose la question de la propriété privée ou collective des moyens de production, elle montre que si on le veut, on peut produire pour nos besoins, sans s’encombrer de la dictature des patrons et des actionnaires. Cela suffira-t-il ? Il ne suffit pas de faire des grèves générales et des manifestations pour que l’austérité s’arrête et soit remplacée par une politique de gauche véritable. Une lutte syndicale combative et bien organisée est une nécessité absolue sur le chemin du changement de société. Mais pour que ce changement de société soit effectivement possible, il faut un niveau d’organisation plus grand encore.
Un socialiste irlandais du début du siècle utilisait une image frappante : le mouvement des travailleurs est tel un boxeur : il a deux bras pour lutter. Son premier bras, c’est le syndicat, l’outil où les travailleurs sont massivement organisés pour défendre leurs conditions de travail. Son deuxième bras, c’est un parti politique, le relais politique des revendications concrètes des luttes des travailleurs permettant la prise du pouvoir. Aujourd’hui, les travailleurs se battent un bras attaché au dos. Seul le syndicat lutte encore. Le deuxième bras, le parti, n’existe plus. Il est certain que notre bras syndical pourrait se renforcer et être plus combatif, mais sans relai politique clairement combatif, on peut vite se retrouver dans une impasse.
Le PS, frein des luttes sociales
”Il y a une fidélité profonde, pas toujours rationnelle, au PS”, a expliqué Pascal Delwit dans les pages de La Libre. En effet, la fidélité de certains vis-à-vis du PS est très loin d’être rationnelle, elle est même complètement irrationnelle au regard des politiques menées par le PS depuis près de 30 ans. Il faut accepter que les ‘‘socialistes’’ ne le sont plus depuis bien longtemps. Soyons clairs, la croyance mystique selon laquelle le Parti socialiste serait de gauche empêche le développement de luttes contre l’austérité.
Il est complètement absurde d’entendre le 14 novembre dernier Anne Demelenne (secrétaire générale de la FGTB) expliquer qu’elle félicite Laurette Onkelinkx pour ses prises de position en faveur du maintien de l’index ! La fédération de Liège du Parti Socialiste a eu le culot de déclarer publiquement son soutien à la grève ! À La Louvière, des élus socialistes étaient en tête de la manifestation syndicale ! Voilà qu’on fait des manifestations et des grèves contre l’austérité avec ceux-là mêmes qui votent et appliquent cette austérité ?
De véritables socialistes ne voteraient pas l’austérité, ils ne voteraient pas un budget aussi défavorable à l’ensemble de la population. Ceux qui le font sont des traîtres ou des ennemis, et on doit les traiter comme tels. De véritables socialistes organiseraient la résistance à l’austérité quoiqu’il en coûte. Et aujourd’hui, ça veut dire quitter cette machine nauséabonde, bureaucratique et antisociale qu’est le PS.
Nous devons donc construire une nouvelle formation politique qui soit véritablement à gauche. Une formation qui soit la nôtre, celle de la classe des travailleurs. Une formation où l’ensemble des sensibilités et des tendances existantes au sein de la classe des travailleurs serait représenté et s’unirait sur base d’un minimum de clarté idéologique. Une clarté qui émergerait grâce aux débats d’idées, aux discussions parfois polémiques, mais c’est comme ça qu’on aura le couteau le plus aiguisé : c’est-à-dire des perspectives et une direction capable de conduire à la victoire.
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Rapport général de Liège
Il est tôt le matin quand la première équipe de Liège s’en va vers les piquets, une paire d’heures à peine après être rentrée du piquet des cheminots, à proximité de la gare des Guillemins. La neige tombe, il fait bien froid, mais tout au long de la journée, nous pourrons constater que les piquets n’en avaient pas trop souffert.
Rapport par Nico, photos de Daphné et Simon
Des barricades installées aux ronds-points
Le premier arrêt est au zoning des Hauts-Sarts. Aux divers ronds-points, des barrages sont installés, faits de palettes, de pneus et de caisses, précédés par des planches cloutées renversées et accompagnés de braseros. Dans l’obscurité de la nuit, sous la neige qui tombe et recouvre le sol d’une pellicule encore fine, l’effet est saisissant. Derrière ces barrages de fortune se tiennent à chaque fois de bons groupes de syndicalistes rouges et verts, bravant fièrement les camions et voitures qui commencent à arriver. Les discussions sont courtes, mais il faut avouer que les groupes de syndicalistes aux ronds-points sont bien nombreux, particulièrement aux environs de Techspace Aéro (où d’ailleurs le piquet devant l’entreprise reste malgré tout très imposant). Dans ces conditions, personne n’a envie de défier les grévistes, littéralement maîtres des environs.
Nous passons d’un endroit à l’autre, et pouvons voir ça et là, près des entreprises aux portes closes, des groupes militants affairés à rassembler du matériel destiné à renforcer les barrages. Partout, les discussions sont à la fois amicales et combatives. C’est aussi l’occasion de revoir des camarades rencontrés lors de diverses luttes et manifestations. On prend des nouvelles les uns des autres, avant bien entendu de vite rentrer dans le vif du sujet : comment repousser l’austérité et la faire rentrer dans la gorge des patrons et des politiciens.
Notre tract suscite l’intérêt et, quand nous en avons l’occasion, nous discutons de la nature du plan d’action qu’il faudrait selon nous pour les prochaines étapes du mouvement. Cette question du plan d’action est véritablement au coeur de toutes nos rencontre. Les piquets réunissent principalement des métallos, qui tous connaissent la proposition de Nico Cué, le président des métallos FGTB Wallonie-Bruxelles, d’un plan de grèves générales allant crescendo jusqu’à une grève générale de 72 heures. De quelles manière organiser ce plan d’action ? Comment intégrer les couches de la population qui n’ont pas une délégation combative à portée de main ? Comment renforcer le soutien à la grève et à la lutte ? Nous ne savons pas encore à quel point ces questions préfigurent le caractère général qu’aura notre intervention tout au long de cette journée. Un autre élément restera également central tout au long de la journée ; celui de la nécessité de rompre avec le PS et les partis de l’austérité.
A l’un des barrages, nous rencontrons un jeune ouvrier d’un peu plus d’une vingtaine d’années. Le regard qu’il porte sur le gouvernement, l’austérité et la grève générale est un peu particulier. Etant d’origine grecque, il est familier de nombreuses choses que découvrent ses jeunes collègues: un parti soi-disant socialiste à la tête d’un gouvernement d’austérité (le PS fait vite penser au PASOK grec…), les belles promesses concernant une ”rigueur temporaire”, la propagande patronale des médias,… Il est convaincu – comme de très nombreux autres du reste – que l’austérité appelle l’austérité, et que cette lutte ne fait que commencer. Assez bien d’ailleurs, au regard de la formidable mobilisation sur les piquets. De fait, il n’est pas encore 6 heures que les ronds-points ressemblent à de véritables forteresses ouvrières contre lesquelles viennent buter, de temps à autres, diverses voitures rapidement éconduites. La seule manière de passer les piquets, c’est de les rejoindre !
Un centre-ville aux mains des grévistes
Nous poursuivons notre interventions en nous rendant au centre-ville de Liège, que parcourent des groupes de militants. Devant la FNAC ou Planète Parfum, à la Province comme devant les locaux de l’Union des Classes Moyennes (UCM), les piquets sont installés, les militants fièrement à leur poste. Ils battent bien du pied pour se réchauffer, mais le froid n’a pas brisé leur ardeur pour se battre. A un moment, nous rencontrons un camarade du SETCa qui nous indique qu’il faut vite aller renforcer le piquet devant AXA. Nous nous dépêchons donc et arrivons au Boulevard d’Avroy. En passant le coin, alors que nous nous attendions à ne voir que quelques grévistes, nous constatons que l’appel à l’aide a été entendu, et pas qu’un peu… Ce sont en effet des dizaines et des dizaines de militants qui sont présents, constituant ainsi une marrée rouge qui force le bâtiment à être vidé ! C’est là aussi l’occasion de discuter, et l’on est parfois surpris de rencontrer de vieux amis que l’on avait du mal à imaginer sur un piquet… C’est que les temps ont changé, et ces idées de lutte, de solidarité qui hier encore paraissaient bien utopiques sont devenues de criantes nécessités.
A 9h00, nous nous rendons place du Marché, devant l’Hôtel de ville. Là, ce sont les verts qui sont présents, rassemblés pour une action intitulée ”ne nous laissons pas tondre”. Quelques deux ou trois cents militants de la CSC sont présents pour dénoncer l’austérité ”papillon” sur cette place symbolique où trône le fameux Perron de Liège, symbole des libertés liégeoise (symbole qui aurait bien besoin qu’on s’en occupe, au sens ”propre” comme au figuré). Après un bon café, nous repartons, en deux équipes cette fois, et nous continuons notre intervention, en passant notamment par la gare des Guillemins rejoindre les cheminots, pour ensuite nous diriger vers le cinéma Kinépolis de Rocourt. Ce gigantesque complexe cinématographique est bloqué par un piquet réunissant des rouges et des verts, des travailleurs de Tectéo et des métallos,… et notre petite équipe de militants du PSL. Des clients arrivent. Si certains repartent sans discuter, parfois compréhensifs, d’autres impressionnent par leur volonté de rompre la ligne du piquet… pour aller voir un film! L’un deux clarifie – avec une grande arrogance – le pourquoi de cette attitude : c’est petit patron, qui a visiblement bien peu apprécié de voir son entreprise bloquée le matin…
Notre journée se terminera sur ce piquet, avant tout de même de se prendre un verre au café, histoire de tirer le bilan de cette journée de grève générale. Au final, nous aurons vendu plus d’une trentaine d’exemplaires de notre mensuel Lutte Socialiste, et aurons eu d’innombrables discussions très intéressantes concernant la nécessité pour les travailleurs de se forger leur instrument politique afin de défendre les revendications syndicales, mais aussi les méthodes syndicales (piquets, blocages, manifestations de masse, arrêts de travail d’information,..).
Ce n’est qu’un début, continuons le combat!
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INFORMER, SENSIBILISER, MOBILISER… POUR ORGANISER LA LUTTE !
Les syndicats tentent d’expliquer à nos politiciens depuis des mois que leur politique ne fait qu’aggraver la crise. La manifestation du 2 décembre comptait 80.000 participants, bien plus que prévu, et la participation était très diversifiée, comme cela a été écrit dans la presse traditionnelle. La grève du secteur public du 22 décembre a à nouveau illustré l’ampleur du mécontentement actuel. Et l’avalanche d’augmentations de prix de ces dernières semaines n’a pas adouci la colère.
Nos syndicats proposent des mesures alternatives. Ils veulent s’attaquer plus durement à la fraude fiscale, abolir la déduction des intérêts notionnels et les cadeaux fiscaux qui rapportent annuellement près de 10 milliards d’euros aux patrons, cadeaux qui minent les revenus de la sécurité sociale avec en conséquence l’exclusion de chômeurs et le vol de leurs allocations. C’est pour cela qu’on veut démolir le seul système de pension qui protège encore nos retraités de la pauvreté, celui des services publics. C’est pour cela qu’on veut commercialiser nos soins de santé et les livrer aux vautours du privé.
Avant le 2 décembre, les métallos FGTB Wallonie-Bruxelles avaient communiqué un plan d’action capable de stopper l’avalanche d’assainissements. Par la voix de leur président Nico Cué, cette proposition comprenait une grève générale de 24 heures en janvier et, une de 48 heures en avril et si nécessaire une de 72 heures en juin. C’était encore avant que Van Quickenborne ait ouvert les hostilités avec les pensions. Il faudra probablement revoir le calendrier, mais le principe reste valable et il sera bien sûr nécessaire de connaître les dates d’avance pour qu’on ne doive pas toujours mobiliser au dernier moment sur base d’informations retransmises par les médias traditionnels.
Les syndicats doivent négocier, mais pas sans une bonne campagne d’information dans les entreprises afin de discuter des conséquences des mesures gouvernementales, pendant des arrêts de travail, où il est aussi possible de démocratiquement préparer des journées d’actions, des grèves et des manifestations régionales et sectorielles, en préparation d’une série de grèves générales allant crescendo. Nous pensons que le message central à faire passer devrait être : nous n’avons pas provoqué la crise, nous ne la payerons donc pas !
Pourquoi tant de Flamands votent-ils pour la N-VA, ce parti qui considère même la lutte contre la fraude fiscale comme une augmentation des impôts ? Parce que les partis soi-disant amis, y compris Groen, nous imposent depuis des années des plans d’assainissements les uns après les autres. Beaucoup de travailleurs en ont assez et votent pour ceux qui semblent être l’opposition la plus visible contre l’establishment. En Tunisie et en Egypte, ce sont les partis islamistes conservateurs, en Flandre c’est la N-VA conservatrice.
En Wallonie et à Bruxelles, on n’en est pas encore là. Jusqu’à ce jour, le PS a pu se cacher à chaque fois, d’abord derrière ‘’l’état CVP’’, puis derrière la majorité de droite en Flandre. Mais cette formule s’use et, finalement, un populiste arrivera tôt ou tard en Wallonie et à Bruxelles pour instrumentaliser ce vide politique.
Tant que les syndicats renverront leur base vers le PS, le CDh ou Ecolo, le populisme menacera. Les syndicats doivent rompre leurs liens avec les partis ‘’amis’’ et construire un vrai parti des travailleurs avec des hommes politiques qui bossent au salaire d’un collègue, pas à celui d’un manager. Ils n’existent pas ? Prenons-les hors des dizaines de milliers de militants syndicaux qui s’engagent quotidiennement sans aucun intérêt personnel !
Un tel parti des travailleurs doit être pluraliste et ouvert à tous ceux qui veulent lutter contre cette politique qui rend les riches plus riches et les pauvres plus pauvres. En Flandre, Rood !, le mouvement d’Erik de Bruyn (ancien candidat à la présidence du SP.a, qui vient de quitter ce parti) est un essai en cette direction. A Bruxelles et en Wallonie, ce potentiel existe aussi.
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Pourquoi faire grève est indispensable
Rarement une grève n’a été autant décriée dans les médias. On qualifie cette grève ‘‘d’irresponsable’’, comme s’il était normal de nous faire payer cette crise provoquée par les entreprises et les banques malades. Assommés par toute la propagande patronale, même certains travailleurs estiment préférable de payer. ‘‘Pour en être tranquille’’. Mais ce sera tout le contraire. Une fois que l’on cède au chantage, cela ne s’arrête plus. Si nous ne résistons pas avec énergie, on nous dira à nouveau de payer ces prochaines années et les attaques se suivront. C’est, en substance, pourquoi faire grève est aussi crucial et nécessaire.
Tract du PSL
Un retour au 19e siècle, aux saucisses et aux matraques
A entendre toutes ces pleurnicheries contre notre grève, on se croirait revenu à l’ère du prêtre Daens et des délires de Woeste, fin du 19e siècle. Woeste et sa classe trouvaient eux aussi que les revendications du mouvement syndical étaient irresponsables. Eux aussi détenaient entre leurs mains la quasi-totalité des médias. Daens était selon eux un démagogue, une menace pour l’avenir, bon pour l’excommunication. Bref, un criminel de droit commun. Les politiciens de droite et les patrons actuels ne sont pas bien différents avec leur plaidoyer pour limiter le droit de grève avec le service minimum, pour l’octroi de primes à ceux qui veulent travailler – avec Woeste c’était des saucisses – et pour que le gouvernement fasse respecter l’état de droit pendant la journée de grève. A la place de s’en prendre aux diamantaires et banquiers frauduleux, ils se tournent contre les grévistes, qu’ils veulent frapper d’amendes avec l’aide d’huissiers.
D’où vient cette virulence ?
Parce que le gouvernement et les patrons n’ont pas le moindre argument. Que deviendrions-nous sans indexation des salaires et sans protection sociale ? Ces mesures sont destinées à nous protéger de la crise. Mais au moment même de la crise, le gouvernement et les patrons veulent s’y attaquer pour aider à payer leurs dettes de jeu. Un saut d’index donnerait 1 milliard d’euros, mais sur une carrière de 40 ans, cela signifie une perte cumulée de 25.000 euros pour un travailleur ! Il n’y a donc qu’une seule chose à faire: isoler les syndicats et les grévistes, les intimider et les criminaliser comme de vulgaires bandits. C’est le type de lutte de classe que nous réservent les patrons et les politiciens.
Un plan d’action adapté à la tempête qui vient
Pour leur résister, nous avons besoin d’un plan d’action adapté pour la tempête qui arrive à notre rencontre. Cela implique des arrêts de travail pour informer les collègues et voter la grève collectivement. Cela implique des réunions publiques pour préparer le grand public à la confrontation et les impliquer dans la lutte. Cela implique de lier nos journées de grève à des manifestations régionales et nationales pour rassembler les militants et s’adresser à l’opinion publique. Cela implique également que nos collègues des PME, sur qui s’exerce plus librement la terreur des patrons, reçoivent un coup de main d’ailleurs pour pouvoir partir en action. A Liège, par exemple, des militants syndicaux bloqueront des ronds-points proches des entreprises. Le plan proposé par Nico Cué, le président des Métallos FGTB Wallonie-Bruxelles, d’une grève générale de 48 heures si celle de 24 heures échoue, puis d’une autre de 72 heures encore si nécessaire doit être sérieusement envisagé.
Si on veut réussir, on doit être à 100%
Mais il semble bien qu’une partie des directions syndicales soit intimidée. L’annonce selon laquelle tous les zonings industriels ne seront pas bloqués laisse des travailleurs qui n’ont pas de délégation syndicale à la merci de petits patrons. La grève ne pourra donc pas être véritablement générale. Cette journée de grève est annoncée depuis plus d’un mois mais, jusqu’il y a quelques semaines encore, les dirigeants syndicaux semblaient hésitants. Dans de nombreuses entreprises, aucun tract n’a été disponible jusqu’à ces derniers jours. Si le sommet hésite, il n’est guère surprenant que des doutes émergent également à la base.
Déjà 20% pour la grève
Tant les ‘‘représentants politiques’’ que l’ensemble des médias se prononcent contre la grève, mais une récente ‘‘enquête’’ a dévoilé que 20% de la population la soutient, et que 55% sont contre. 11% ont déclaré qu’ils allaient faire grève. Entretemps, notre sentiment est que la campagne de dénigrement des patrons, des politiciens et des médias a fait changé de camp plus d’un opposant à la grève ou ‘‘sans-avis’’. C’est nécessaire, on n’en restera pas à 11,3 milliards d’euros d’économies. Avec le contrôle budgétaire s’ajoute 3 milliards d’euros supplémentaires et, pour l’an prochain, il est question d’économiser 13 milliards. Les attaques viendront de partout, du gouvernement fédéral mais aussi des communautés, des régions et des communes après octobre. Après cela, le gouvernement et les patrons aborderont le problème du "vieillissement" et il faudra trouver 25 milliards d’euros pour les deux années suivantes. Celui qui est encore plus ou moins épargné aujourd’hui est attendu au tournant. Si avant même l’application de toutes les mesures 20% de la population est en faveur de la grève et 23% se disent neutres, combien seront-ils quand ce que l’on veut nous imposer sera clair aux yeux de tous ?
Notre pays en danger ?
Selon Di Rupo, les syndicats conduisent les ‘‘citoyens à l’abîme’’. Tobback a déclaré dans Le Soir qu’une grève générale est telle une bombe atomique, sans le moindre effet toutefois si le gouvernement ne tombe pas. Il avertit aussi qu’un gouvernement de droite prendrait des mesures vraiment de droite. La date de péremption de cette vieille histoire du ‘‘moindre mal’’ est pourtant dépassée depuis bien longtemps. Rik Van Cauwelaert, le rédacteur en chef de l’hebdomadaire flamand Knack, a réagit aux critiques de Paul Magnette contre la politique ultralibérale de la Commission européenne en soulignant que les ‘‘socialistes’’ ont collaboré à la construction européenne, y compris au Pacte de stabilité européen et au ‘‘six pack’’. La même stratégie a sapé la base sociale des premiers ministres "socialistes" de Grèce, d’Espagne et du Portugal, où la droite est parvenue au pouvoir.
Avec de tels amis, pas besoin d’ennemis
Les soi-disant partenaires politiques des syndicats, les sociaux-démocrates et les sociaux-chrétiens, appliquent les politiques néolibérales depuis déjà des décennies. Ils nous disent qu’ils n’ont pas le choix, ce qui signifie en fait qu’ils ne veulent pas rompre les règles qu’ils ont eux-mêmes instaurées. C’est leur choix. Mais changer des points et des virgules n’est pas suffisant, il nous faut une politique fondamentalement différente. Les syndicats en ont développé les bases, mais les sociaux-chrétiens et démocrates n’en veulent pas. Ils nous menacent et disent que si ce gouvernement tombe, il y en aura un de droite. Ce chantage doit cesser. À un certain moment, on se doit de crier : faisons les tomber ! Et si on peut faire tomber Di Rupo, on peut faire de même avec De Wever. Mais nous ne pouvons évidemment pas continuellement renverser les gouvernements. Il existe des dizaines de milliers de militants syndicaux qui se dévouent à leurs collègues, quotidiennement, à leurs propres risques, et de façon désintéressée. Il existe de solides militants politiques, dont certains ont depuis des années abandonné les sociaux-démocrates et les sociaux-chrétiens tandis que d’autres ne leur ont jamais fait confiance. Les syndicats ont la capacité et les moyens de les rassembler en un même parti politique, pour assurer que les 20% et 23% dont nous avons parlé plus haut disposent, enfin, d’une expression politique.
Lier les luttes d’aujourd’hui au combat pour une société meilleure
Le Parti Socialiste de Lutte a dans ses rangs des délégués et militants syndicaux, des jeunes et des étudiants qui sont respectés pour leur engagement et leur persévérance. Nous défendons les besoins concrets d’aujourd’hui, en écoutant et en formulant nos propres propositions, mais en plaçant notre action actuelle dans le cadre de la lutte pour une autre et meilleure société. Nous luttons pour une société socialiste démocratique où la production sera destinée à satisfaire les besoins de tous et non à étancher la soif de profits d’une infime élite.