Tag: Mouvement Socialiste du Kazakhstan

  • Kazakhstan : Libération de Vadim Kuramshin !

    Ces dernières semaines ont vu le développement d’une intense campagne de solidarité en faveur de l’avocat spécialiste des Droit de l’Homme Vadim Kuramshin, arrêté et menacé au Kazakhstan d’une lourde peine de prison après un jugement marqué par les nombreuses erreurs de procédures. L’accusation reposait sur des ‘‘preuves’’ fabriquées de toute pièce destinées à le condamner pour corruption. La campagne internationale de solidarité a très certainement eu un impact pour obtenir ce résultat.

    Le ‘‘Mouvement Socialiste du Kazakhstan’’ (organisation large à l’intérieur de laquelle est active notre parti-frère au Kazakhstan ‘‘Résistance Socialiste’’) a pu annoncer aujourd’hui que Vadim avait été relâché. Le procès se terminait des derniers jours, sur fonds d’une intense campagne de solidarité menée aux quatre coins du monde, avec des actions de protestation aux ambassades et l’envoi de centaines d’e-mails de protestation, dont un bon nombre au départ de Belgique.

    Le Mouvement Socialiste du Kazakhstan a tenu à remercier sur son site les centaines de personnes qui ont pris part à cette campagne, à “chaque personne qui n’est pas restée sur le côté mais a rejoint notre camp afin d’assurer la libération de Vadim.”

    Cette libération est une grande victoire obtenue par la campagne internationale de solidarité, et nous remercions chaleureusement toute personne qui a suivi notre appel à envoyer des lettres de protestation.

    Plus d’informations suivront bientôt.

  • Kazakhstan : Solidarité contre la dictature !

    Interview du dirigeant syndical Esenbek Ukteshbaev

    En, décembre dernier, les forces de l’ordre ont tiré sur une manifestation d’opposition, faisant des dizaines de morts. La répression a été terrible, les arrestations ont été nombreuses et les accusés ont témoigné dans leur procès de l’usage de la torture et du viol. Le 5 juin, Takhir Mukhamedzyanov, dirigeant du Mouvement Socialiste du Kazakhstan (au sein duquel milite notre section kazakhe) et du syndicat indépendant Zhanartu, a été retrouvé mort dans son appartement. Nous avons discuté avec Esenbek Ukteshbaev, dirigeant de Zhanartu actuellement en exil.

    Interview par Tiphaine, Gauche Révolutionnaire (CIO-France)

    Quelle est la situation au Kazakhstan depuis le massacre du 16 décembre?

    La répression a été terrible, ils ont arrête beaucoup de gens et en premier les blesses. Pendant le procès qui a suivi, les accuses ont témoigné de la torture dans les prisons. Ils ont utilise des méthodes fascistes comme de tabasser les prisonniers a coup de barres de fer et de violer les militantes.

    Ils pouvaient trouver des gens pour témoigner contre des innocents, qui pouvaient être arrêtés et attaqués, comme dans le cas de Vadim Kuramshin. Mais aller ouvertement vers un meurtre de masse, personne ne s’y attendait. Au départ, tout le monde était choqué. Après un moment, les gens ont analysé ce qui s’était passé. Le mécontentement a commencé à faire surface.

    On a réussi à dépasser le blocage médiatique. Nos camarades ont travaillé à assurer que les informations sortent de la région. La plupart de la population n’a pas d’ordinateur mais il n’y avait pas d’autre moyen d’avoir des informations. La plupart ont été informés par internet. Dans les principales villes, ceux qui avaient accès à internet ont commencé à discuter entre eux et commencé les manifestations de « dissident », ils ont commencé à organiser des manifestations illégales chaque dernier samedi du mois. Ils ont choisi l’endroit de la manifestation et demandent la permission de manifester, ne l’obtiennent pas, ils manifestent quand même et se font arrêter. Les organisateurs sont arrêtés et emprisonnés pour 15 jours, les orateurs ont des amendes. Des gens qui n’avaient jamais manifesté avant ou participé à un mouvement se rassemblent, se rencontrent dans les manifs. Le régime les fiche, cherche où ils travaillent, où étudient leurs enfants, etc. Malgré cela, la colère monte.

    A cause du contrôle du régime sur les médias de masse, dont la télévision, une bonne partie de la population n’a que les infos du régime. Depuis des années, les gens sont transformés en zombies par les médias de masse. Ils font croire aux gens que les personnes qui parlent dans les meetings de masse font partie de la CIA pour que les gens aient peur d’aller aux meetings, mais les gens n’ont plus peur maintenant. Les choses vont mal au Kazakhstan, mais on leur dit « soyez patients, nous construisons l’avenir, nous avons besoin d’une période jusque 2030 et ensuite tout ira bien ».

    Est-ce que cela se traduit par l’organisation de plus de travailleurs dans les organisations indépendantes, Zhanartu et le Mouvement Socialiste Kazakhstan ?

    Il y a des exemples, comme ce qui se passe à Kazakhmys, où une grève de mineurs a obtenu le doublement de leurs salaires en avril. Toute l’organisation syndicale était dans l’organisation officielle qui défend le régime, et maintenant les travailleurs ont dit qu’ils voulaient rejoindre Zhanartu mais il y a un problème administratif pour rejoindre. Même dans le Sud du Kazakhstan, des gens voient notre site internet et nous contactent pour rejoindre et s’organiser au travail, en particulier des travailleurs qui construisent une autoroute internationale à travers le Kazakhstan, de l’Europe à la Chine. Les travailleurs de deux régions du Sud du Kazakhstan, à Taraz et Zhambilsk, ont exprimé le désir de faire partie de notre syndicat. Mais c’est surtout dans l’Ouest du Kazakhstan, après cet événement dramatique, que les gens ne ressentaient plus aucune peur.

    Nous espérons voir beaucoup de manifestations dans l’Ouest. Tout le monde se prépare attaquer le régime sur des supports comme facebook, tweeter, les sites internet des journaux, même dans les commentaires sur les sites des journaux officiels. Ils l’ont surnommé le président « Nursultan Krawawe », le Sanglant.

    Il y a une crise au sein du régime ?

    Il y a une crise politique en effet.

    Au sommet de l’appareil du pouvoir se trouvent plusieurs groupes qui se sont enrichis et ont affermi leurs positions, placé leurs clans dans des positions puissantes. Une guerre silencieuse se développe entre eux, sans qu’ils ne la montre au grand jour. Chacun essaie de mettre ses propres hommes aux positions clé de l’appareil dirigeant. Certains imaginent comment effectuer un changement de pouvoir, prendre le pouvoir à la place du régime actuel. A notre avis, un coup de palais n’est toutefois pas probable. Si un groupe parvient au pouvoir de cette façon, nous ne pensons pas qu’il durerait longtemps.

    Nazarbaev a des liens avec des Etats puissants, des multinationales. En particulier des intérêts économiques dans le gaz et le pétrole. Ces Etats ferment les yeux et soutiennent le régime, ce qui lui permet de se maintenir au pouvoir. Mais chaque jour, le régime devient plus faible. Si un autre groupe essaie de prendre le pouvoir, ce serait un signe à la population qu’il y a une faille et il y aurait un soulèvement. En ce moment, les gens regardent vers le haut du régime et voient tous ces lien avec les puissances mondiales, ils pensent qu’attaquer le régime provoquerait uen réaction des ces puissances. Il y a par exemple un accord des états de l’ex-URSS, un genre d’accord de sécurité. S’il y a un mouvement populaire dans un pays, les autres lui viennent en aide.

    Les gens veulent-ils renverser le régime ou est-ce qu’ils en sont plutôt à se défende, obtenir des acquis etc ?

    Dans les manifestations, tout le monde dit que Nazarbaev devrait partir, qu’il est un voleur et un menteur.

    Dans cette situation, que proposent le Mouvement Socialiste Kazakhstan et Résistance Socialiste (la section du CIO dans le pays) ?

    Notre principale tâche est de renforcer le mouvement et d’amener plus de gens à nous soutenir. Nos rangs augmentent, selon différentes sources. Les oligarques ne restent pas les bras croisés, ils préparent des choses. Ils utilisent de l’argent pour acheter des groupes, des nationaux-patriotes qui font tout ce que le pouvoir leur demande et sont utilisés comme provocateurs. La situation est compliquée avec des conditions dignes de la guerre, des attaques violentes du régime, ces groupes de provocateurs, les services secrets,…

    Des provocateurs sont utilisés pour mettre en avant la question de la langue kazakhe, pour abolir l’usage du russe. Il s’agit d’une campagne délibérée destinée à diviser la classe ouvrière. Le Mouvement Socialiste du Kazakhstan répond toujours à ces provocations et les condamne, nous expliquons qu’elles sont utilisées pour nous diviser et que nous ne le tolèrerons pas.

    Nous mettons en avant le besoin d’unifier tous les groupes qui militent ou s’opposent au régime. Nous essayons d’expliquer le capitalisme est mauvais en lui-même, pour tout le monde, c’est une route qui ne va nulle part. La seule issue pour répondre aux besoins de tous est d’établir le socialisme.

    Nous avons réussi à sauver des usines qui avaient été privatisées après la chute de l’URSS. Après 20 ans, les travailleurs pouvaient comprendre la différence. Il y a 20 ans, il y avait beaucoup de propagande sur comment le capitalisme allait changer la vie des gens. On ne pouvait pas dire que c’était le socialisme à cette époque et il y avait beaucoup d’insuffisances, le culte de la personnalité, etc. Mais il y avait des réussites sociales : l’éducation gratuite, même dans le supérieur, des équipements gratuits pour tous, la santé gratuite, les vacances gratuites organisées par les entreprises, les cantines gratuites dans les entreprises, etc. Dans les entreprises il y avait une liste d’attente pour obtenir un logement gratuit.

    Quand les propriétaires du privé sont arrivés, tout cela a disparu. Ils ont commencé à attaquer les droits des travailleurs, à supprimer des emplois, à augmenter la charge de travail, à diminuer les salaires. Les gens ont vu la différence d’eux-mêmes sans qu’on ait à le démontrer. Les travailleurs mettent en avant la renationalisation avant même de demander une augmentation de salaire.

    Comment poursuivre la lutte?

    Nous travaillons dans des conditions très difficiles. Il est difficile de s’opposer au régime, aux oligarques. En particulier nous manquons de finances pour coordonner le mouvement et de voyager d’un endroit à l’autre. Nous avons vraiment besoin de mobiliser plus pour parvenir à nos fins. Nous avons besoin de groupes mobiles qui vont de lieu de travail en lieu de travail, pour faire du travail d’agitation. Nous avons besoin de développer nos propres moyens de communication dont le journal, qui n’est pas suffisant pour l’instant. Il est difficile de le produire, nous avons besoin de fonds. Le matériel imprimé est important, parce que tout le monde n’a pas accès à un ordinateur.

    C’est une guerre et nous devons maintenir nos forces et les renforcer pour continuer à combattre. Je suis convaincu que quoi qu’il arrive, la classe ouvrière va venir au pouvoir. Nous devons apprendre des erreurs passées et ne pas autoriser la venue au pouvoir de personnes qui l’utilisent pour leurs intérêts personnels. Nous voyons la différence entre ceux qui sont impliqués dans le mouvement parce qu’ils sont convaincus et dévoués et ceux qui sont là pour obtenir un peu de prestige, et sont là seulement temporairement.

    Il est très important de construire ces groupes mobiles, pour ouvrir les yeux aux gens, pour construire des groupes d’initiative partout, pour qu’ils s’organisent eux-mêmes dans leur propre endroit et leur expliquer le rôle qu’ils doivent jouer et d’unir et de consolider les individus et les groupes ensemble, de les convaincre que ce n’est que par ce moyen qu’ils peuvent parvenir à leurs fins. Nous devons aussi les convaincre de ne pas être isolés, qu’il ne s’agit pas que de notre pays mais que nous devons établir des liens avec le mouvement ouvrier dans d’autres pays et devenir impliqués activement dans les campagnes de solidarité.

    Je pense que beaucoup de gens viennent à cette conclusion, comme les travailleurs du pétrole, qu’il ne s’agit pas que de lutter dans notre pays mais que c’est une question internationale. Nous pouvons même dire que c’est grâce à la campagne internationale et l’activité dans plusieurs pays que nous avons pu éviter une répétition de ce qui s’est passé avec les travailleurs du pétrole. Ils doivent reconnaitre la force du mouvement et doivent trouver un moyen de résoudre la situation en développant leurs propres contacts internationaux. Cela doit être une coopération mutuelle. Merci encore à cette campagne internationale de solidarité, je suis convaincu que sans cette campagne le nombre de morts aurait été encore pire. La campagne a sauvé des vies humaines.

  • KAZAKHSTAN : La répression est incapable de faire taire l’opposition

    Le régime du président Nazarbayev est bien décidé à poursuivre sa politique d’intimidation à l’extrême. Descentes de police, arrestations abusives et procès truqués se succèdent. Mais la situation reste explosive, la lutte et la résistance continue, et les revendications offensives des travailleurs rencontrent même certaines victoires.

    par Stephane Delcros

    A Zhezkazgan, au centre du pays, 400 travailleurs de la société d’extraction minière Kazakhmys étaient entrés en grève pour une augmentation salariale de 100% et une amélioration de la sécurité au travail. Malgré la menace de l’employeur et de son équipe de sécurité de faire un deuxième ‘‘Zhanaozen’’, référence au lieu du massacre des grévistes du pétrole le 16 décembre dernier, les travailleurs ont tenu bon et ont rapidement été suivis par les ouvriers des puits voisins et d’autres sites de la région.

    Les dirigeants de la société basée à Londres ont été surpris par la rapidité et l’ampleur du développement de la grève. Début mai, ils ont été forcés d’accepter les revendications, avec le doublement progressif du salaire des mineurs de fond et la réalisation d’un nouvel accord collectif.

    Cette première victoire est celle de tous les travailleurs en lutte dans le pays, mais elle ne met pas fin à la lutte. Car la répression ne va pas manquer de toucher les dirigeants de la grève, dont le syndicat venait de rejoindre le syndicat indépendant Zhanartu. Ils sont menacés d’un procès similaire à celui de 37 grévistes du pétrole, sur lesquels le régime met la responsabilité des violences de décembre dernier à Zhanaozen, où les autorités avaient tués environ 200 travailleurs (17 officiellement). Ils risquent des peines allant jusqu’à 10 de prison pour « incitation au mécontentement civique ».

    Mais ce procès des 37 a pris une tournure inattendue pour le régime, révélant les intimidations, tabassages et tortures dont ont été victimes les grévistes en prison. Fabrications de preuves, faux témoins qui avouent finalement avoir été menacés par la police du régime,… Par ce procès-spectacle honteux, le régime voulait organiser le discrédit public de la grève ; il expose au contraire au grand jour les méthodes des alliés de Nazarbayev dans le système judiciaire et répressif. Un état de fait renforcé par l’autre grand procès truqué du moment, celui du militant des droits de l’Homme Vadim Kuramshin qui risque de 7 à 15 ans de prison. Les violations de la procédure y sont légions, niées évidemment par le juge.

    De son côté, le « mouvement des dissidents », rassemblant de nombreuses personnes opposées à la politique et l’attitude du régime, continue à manifester une fois par mois, lui aussi malgré les intimidations dont ses militants sont victimes. Trois militantes du mouvement, dont une membre du Mouvement Socialiste du Kazakhstan (organisation large dont fait partie Résistance Socialiste, parti-frère du PSL), ont récemment été arrêtées et enfermées pendant 15 jours, dans un pays où les prisons sont réputées pour leur conditions inhumaines.

    Il est urgent de réclamer l’arrêt des procès truqués, la libération des militants et l’abandon des charges contre eux ! La victoire des mineurs de Kazakhmys montre la voie à suivre, et incitera sans aucun doute les travailleurs du Kazakhstan à se soulever pour leurs droits. Soutenez cette lutte en mettant la pression sur le régime dictatorial et en manifestant votre soutien aux militants sur place.

  • Kazakhstan : Libération de Natalia Sokolova, l'avocate des grévistes du pétrole !

    Le régime est sous la pression de la campagne internationale

    Le 8 mars, la Cour Suprême du Kazakhstan a pris la décision de ‘requalifier’ les charges criminelles pesant sur Natalia Sokolova, l’avocate des grévistes de l’entreprise pétrolière “KarazhanbasMunai”. En conséquence, la sentence de 6 ans de prison rendue en août 2011 a été annulée. A la place, Natalia Sokolova a été condamnée à 3 ans de conditionnelles, elle sera sous la surveillance de la police pour 2 années supplémentaires et est interdite de participer à des “activités sociales” (c’est-à-dire des activités politiques ou syndicales). Elle a donc été relâchée et a pu retourner chez elle, auprès de son mari.

    Déclaration du Mouvement Socialiste du Kazakhstan

    Le Mouvement Socialiste du Kazakhstan félicite Natalia Sokolova, les travailleurs du Kazakhstan et, plus particulièrement, les travailleurs du secteur pétrolier de Mangystau pour la libération de Natalia Sokolova. Il s’agit là d’une victoire pour la classe ouvrière du Kazakhstan toute entière. Les autorités considéraient la condamnation de Natalia Sokolova comme un avertissement lancé à la population du Kazakhstan, afin de défier quiconque de lutter. Mais au lieu de cela, le régime a dû faire face à une campagne croissante de solidarité internationale, jusqu’au point d’être forcé de la relâcher.

    La campagne internationale de solidarité a impliqué plusieurs syndicats, syndicalistes, organisations de défense des droits de l’Homme, partis de gauche, etc. Un rôle particulièrement important a été joué par le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) et ses différentes sections à travers le monde, qui ont organisé une série de piquet, de protestations et de conférences de presse exigeant, notamment, la libération de Natalia Sokolova. Depuis le Nouvel An, ce travail a été organisé par la Campaign Kazakhstan.

    Ce n’est pas une coïncidence si le Parlement Européen a discuté de la situation au Kazakhstan la semaine suivante. Grâce au travail de la Gauche Unitaire Européenne et, en particulier, de Paul Murphy (député européen du Socialist Party en Irlande et section irlandaise du CIO) ainsi que son équipe, même les factions de droite au Parlement ont soutenu la revendication de la libération de Natalia Sokolova dans leurs résolutions. Ces derniers ignorent généralement la condition des travailleurs et des syndicalistes, qui souffrent sous la poigne de régimes autoritaires, et préfèrent concentrer leur attention sur le cas des politiciens pro-capitalistes et des militants des droits de l’Homme. Mais grâce à la pression continue du bureau de Paul Murphy, cela ne s’est pas produit cette fois-ci. Il était quasiment certain que l’appel à la libération de Natalia Sokolova allait être repris par le Parlement Européen la semaine suivante.

    La visite d’Andrej Hunko au Kazakhstan (un membre du Bundestag allemand et du parti de gauche Die Linke) a également constitué un évènement important. Il soutient la Campaign Kazakhstan. Andrej Hunko a visité le Kazakhstan en tant qu’observateur durant les élections frauduleuses organisées par le régime dans le pays en janvier dernier. Il a utilisé cette opportunité pour visiter Natalia Sokolova en prison, pour lui exprimer sa solidarité et lui assurer qu’il participerait aux efforts visant à mettre le maximum de pression sur le régime.

    Piquets do solidarité

    Dans le monde russophone, la section russe du CIO a été impliquée dans l’organisation de piquets de solidarité dès le début du conflit social dans le pétrole. Plusieurs conférences de presse ont été tenues afin de briser le silence médiatique à propos de la grève et pour assurer que la libération de Natalia Sokolova soit soulevée à chaque fois que cela était possible. Par la suite, ce travail a été renforcé par des piquets tenus à Moscou, Saint Pétersbourg et Kiev avec l’aide d’autres groupes de gauche et d’organisations syndicales.

    En janvier, Natalia a été nominée par le syndicat Zhanartu (affilié au Mouvement Socialiste du Kazakhstan) pour recevoir le prix de l’International Trade Union Congress en tant que “syndicaliste de l’année”. Cette nomination est soutenue par Comité Norvégien Helsinki et par le Bureau International des Droit de l’Homme du Kazakhstan. Cette nomination à elle seule a causé un grand embarras au régime kazakh. Des pressions ont régulièrement été exercées par la sureté d’Etat (KNB) sur Natalia afin qu’elle rejette cette nomination.

    Le rôle joué par le Mouvement Socialiste du Kazakhstan dans le pays n’est pas non plus à négliger. Plusieurs actions et piquets ont été tenus au Kazakhstan, avec souvent à la clé l’arrestation des militants. Zhanna Baitelova, Dmitry Tikhonov et Arman Ozheubaev ont ainsi été détenus en prison durant deux périodes de 15 jours. Des dizaines d’autres activistes ont reçu des amendes pour avoir participé aux actions de protestation. Nos camarades du syndicat Odak ont assuré que l’information concernant ces arrestations et intimidations se répandent dans tout le pays.

    Maintenons la pression sur le régime

    Il est impossible de faire ici une liste complète de toutes les actions qui ont été organisées dans de nombreux pays, en Autriche, en Australie, en Belgique, à Hong Kong, en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Irlande, aux USA, en Suède, en France, au Venezuela, au Pakistan et en Pologne. Des supporters en Irlande et en Belgique ont également déployé des banderoles lors de matchs où jouait l’équipe du Kazakhstan. Des piquets ont été tenus devant des grandes entreprises ayant des contrats au Kazakhstan à Londres et à Berlin. Des dizaines de délégations syndicales à travers le monde se sont aussi saisi du sujet.

    Même si Natalia est toujours considérée comme coupable, sa libération est une grande victoire pour le mouvement ouvrier et la campagne internationale de solidarité. Cela démontre que des victoires peuvent être obtenues malgré l’opposition du régime, des patrons et de leurs partisans sur la scène internationale, malgré aussi le silence des médias officiels et la résistance des bureaucrates syndicaux. La pression exercée sur l’Ak-ordy (la résidence présidentielle) a fonctionné. Nous devons maintenant poursuivre cette campagne et maintenir la pression pour la libération des 43 travailleurs du pétrole actuellement détenus pour “incitation au conflit social” et participation à des “réunions syndicales illégales”, pour la libération de Vadim Karamshin, pour le retrait des charges pesant contre les dirigeants de l’opposition Ainur Kurmanov et Esenbek Ukteshbayev, et pour la libération de tous les prisonniers politiques du pays.

  • Stop à la dictature au Kazakhstan !

    Grâce aux richesses naturelles du pays, la brutale dictature du régime de Nazarbayev est devenue un associé commercial incontournable dans la région. Une mission économique belge s’était d’ailleurs rendue au Kazakhstan en 2010, sous la conduite prestigieuse de SAR le prince Philippe. De plantureux contrats y avaient été signés, notamment par l’entreprise Solvay. Dans le rapport officiel de l’Agence pour le commerce extérieur, nulle mention du déni de démocratie et de l’absence de respect des droits des travailleurs. Un silence complice partagé par les médias, même depuis le massacre perpétré par le régime en décembre.

    Par Thomas (Namur)

    Depuis le mois de mai, une grève dans le secteur pétrolier subit une répression terrible (menaces de mort, assassinats, passage à tabac de journalistes indépendants, arrestations arbitraires, lourdes condamnations,…). L’avocate qui défendait les grévistes Natalia Sokolova, a été condamnée à six ans de prison. Mais cette lutte est en quelque sorte devenue le catalyseur de la frustration présente dans cette société où les masses vivent dans des conditions horribles sur un sol regorgeant pourtant de richesses. Petit à petit, cette lutte syndicale est devenue politique, et a posé la question du contrôle de ces richesses par les travailleurs eux-mêmes. A la revendication de nationalisation sous le contrôle des travailleurs est venue s’ajouter la nécessité de s’organiser en un parti politique indépendant et de faire chuter la dictature.

    La répression qui frappe le mouvement a pris une autre dimension le 16 décembre dernier, lorsque les forces de l’ordre ont tiré sur une foule de manifestants. Des dizaines de victimes étaient alors tombées (le chiffre de 200 a été évoqué). Pour le régime, seuls 17 ‘‘vandales’’ sont décédés. Cette violence illustre, notamment, la crainte du clan présidentiel de voir le pouvoir lui échapper. Les élections du 15 janvier dernier n’avaient été ouvertes qu’à deux partis ‘‘d’opposition’’, en réalité à la solde du régime. Entre la peste et le choléra, les ‘‘élections’’ du 15 ont massivement été boycottées.

    Une véritable chasse aux militants politique est menée par le régime. Deux dirigeants du syndicat indépendant Zhanartu et du Mouvement Socialiste du Kazakhstan (une formation large dans laquelle militent le parti-frère du PSL au Kazakhstan, Résistance Socialiste), Esenbek Ukteshbaev et Ainur Kurmanov, ont dû partir en exil en Russie. Ils sont maintenant traqués par les services secrets russes et kazakhs et vivent sous la menace d’être enlevés et jetés en prison pour leur coller la responsabilité du massacre du 16 décembre.

    Sous la pression de l’activité du député européen Paul Murphy (militant de notre parti-frère en Irlande, le Socialist Party), l’Union Européenne vient de condamner la répression et appelle à la libération des prisonniers politiques ainsi qu’au lancement d’une enquête indépendante concernant le massacre du 16 décembre. C’est un premier pas, mais cela ne suffit évidemment pas. La solidarité internationale doit se poursuivre afin d’aider le plus efficacement possible l’organisation concrète de la lutte contre la dictature au sein même du pays.

    Une campagne internationale de solidarité a démarré sur des chapeaux de roue. Nous saluons notamment les initiatives de soutien prises par les syndicats CGT-SNPE Lorraine en France, IF Mettal en Suède, RMT-Union en Grande-Bretagne,… En Belgique aussi, différentes actions ont déjà eu lieu (protestations à l’ambassade, distribution de tracts lors du match Kazakhstan-Belgique,…) et d’autres viendront encore.

    Soutenez cette campagne de solidarité ! Rendez-vous sur le site international de la campagne afin de signer la pétition : campaignkazakhstan.org, faites un don pour soutenir le travail des militants (n° de compte 001-2260393-78 avec pour mention ”campagne Kazakhstan”), contactez-nous pour participer plus activement à cette campagne !

    • Stop à la répression qui frappe les dirigeants ouvriers et tous les militants ! Nous exigeons la libération de l’avocate des grévistes, Natalia Sokolova, et l’abandon des charges retenues contre elle.
    • Nous exigeons le respect des droits démocratiques pour tous, la liberté de réunion et d’expression, le droit de s’opposer, de faire grève et de rejoindre les syndicats indépendants!

    Inscrivez-vous sur le groupe Facebook de cette campagne

  • A propos du parti – Nouvelles du PSL

    Cette rubrique de socialisme.be vous propose des nouvelles de notre parti, de ses activités et initiatives,… Cette rubrique comprendra donc divers courts rapports d’actions, des brèves de campagne, des appels pour des conférences, des rapports de réunion, ou encore de petits textes de nouveaux membres qui expliquent pourquoi ils ont rejoint notre parti.

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    A noter dans votre agenda

    • Lun. 13 fév. Liège. Meeting avec Eric Byl : Comment poursuivre la lutte contre l’austérité ? 19H30, salle Wittert à l’ULG, place du XX août.
    • Je. 23 fév. Gand. Soirée de soutien pour la manifestation anti-NSV
    • Mer. 7 mars. Anvers. Meeting des Etudiants de Gauche Actifs (EGA) : D’un ”conflit des générations” à une lutte commune des jeunes et des aînés contre l’austérité.
    • Jeu. 8 mars. Liège. Meeting des Etudiants de Gauche Actifs : Défendons le droit à l’avortement ! 19H30, salle Wittert, ULG place du XX août.
    • 8 mars. Louvain. Meeting des Etudiants de Gauche Actifs dans le cadre de la mobilisation pour la manifestation anti-NSV
    • Sa. 10 mars. Anvers. Le PSL et la campagne Tamil Solidarity présentent : la Journée Tamoule du Socialisme.
    • Di. 11 mars. Bruxelles. 14h30 Gare de Bruxelles Nord : Manifestation nationale : "Plus jamais Fukushima"
    • Jeu. 15 mars. Louvain. Manifestation antifasciste anti-NSV. 20h Martelarenplein
    • Sa. 24 mars. Protestations contre le rassemblement anti-avortement à Bruxelles. 14h place Poelaert (devant le Palais de Justice)
    • Sa-Di 28 et 29 avril : ”Socialisme 2012”
    • 7-9 décembre: Congrès National du PSL

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    Comité National du PSL

    Le week-end dernier s’est déroulé le Comité National du PSL, avec des discussions politiques consacrées aux perspectives internationales et belges, ainsi qu’aux structures de notre parti et à ,leur construction. Ce fut l’occasion de débats très riches, qui ont notamment abordé l’étape actuelle du processus révolutionnaire en Afrique du Nord et au Moyen Orient, la crise continuelle du capitalisme (avec une attention plus particulièrement portée sur l’Europe et la Grèce) et les défis auxquels font face les travailleurs et les jeunes en lutte contre ce système en faillite. Dans la discussion sur la Belgique, il a beaucoup été question de la grève générale du 30 janvier et de la manière de poursuivre la lutte. Un tract à ce sujet vient d’être publié sur ce site aujourd’hui même. Nous avons aussi discuté des élections communales de 2012.

    La période qui arrive est traditionnellement bien remplie, avec bon nombre de manifestations pour lesquelles nous jouons un rôle crucial ou livrons un effort sérieux. Nous allons continuer à nous investir dans notre travail à destination de la jeunesse, mais nous avons posé des pas en avant dans le cadre de notre travail syndical, et nous allons continuer dans cette voie. C’est un terrain sur lequel nous commençons à gagner en autorité.

    Après ces manifestations fin février et en mars se déroulera un moment important de discussion et de formation : le week-end ”Socialisme 2012”, les 28 et 29 avril. C’est un rendez-vous très important pour tous les militants.


    Appel financier pour le Kazakhstan

    Ces prochains jours et semaines, nous allons mener une campagne en solidarité avec nos camarades au Kazakhstan. Après le massacre qui a été perpétré contre les grévistes du pétrole à Zhanaozen en décembre 2011, où l’intervention des ”forces de l’ordre” a causé au moins 70 victimes et plus de 500 blessés, la répression se poursuit. Certains responsables de notre section au Kazakhstan du mouvement plus large ‘Mouvement Socialiste du Kazakhstan’ sont actuellement en exil en Russie. Pour aider le travail des socialistes authentiques au Kazakhstan, la solidarité internationale est de la plus haute importance. Plus d’informations suivront bientôt.


    MEETING: Comment poursuivre la lutte contre l’austérité ?

    Ce lundi 13 décembre, 19h30, à l’Université de Liège (ULG), place du XX Août, Salle Wittert

    Avec Eric Byl, responsable du travail syndical du PSL

    La grève générale du 30 janvier dernier a frappé les secteurs privé et publics et a massivement été suivie. Mais le gouvernement persiste dans sa logique d’austérité et d’attaques contre nos services publics, allocations, pensions, conditions de travail,… L’austérité est-elle inévitable ? Comment poursuivre la lutte ? Pourquoi faire grève est-il indispensable ? Comment organiser la lutte à l’échelle européenne ? Comment renverser cette société et construire une société basée sur la satisfaction des besoins de tous ?

  • Kazakhstan : En défense des travailleurs du pétrole

    La bureaucratie syndicale et les groupes de ‘gauche’ attaquent la solidarité du CIO avec les grévistes

    Avec une brutalité incroyable, le régime de Nazarbayev, au Kazakhstan, a tenté de briser l’esprit de combativité des travailleurs du pétrole à Zhanaozen et Aktau, en utilisant la troupe, la police, des tirs à balles réelles, des arrestations de masse, l’imposition d’un couvre-feu et jusqu’à la torture. Le régime admet lui-même que 16 personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées en décembre. En réalité, des dizaines de personnes ont été tuées, des centaines d’autres blessées, et beaucoup sont encore ceux qui sont toujours en garde à vue ou qui sont forcés de se cacher pour éviter la persécution de l’État.

    Rob Jones, CIO-Moscou

    La manifestation des travailleurs du pétrole du 16 décembre dernier à Zhanaozen était une action tout à fait non-violente. Les diverses vidéos, y compris celles de la police, montre les travailleurs du pétrole et leurs partisans sur une place centrale, sans la moindre arme, sans même agiter de bâtons. Elles montrent d’ailleurs au contraire que lorsque l’atmosphère a commencé à s’échauffer et que des insultes ont été lancées en direction de la police, des travailleurs plus expérimentés sont directement intervenus pour calmer la situation.

    Au cours de leur longue grève de 7 mois, ces grévistes avaient déjà pu démontrer en de nombreuses reprises quels étaient leur sang-froid et leur retenue. Les représentants qu’ils avaient élus ont été arrêtés et confrontés à une violence des plus brutales. Leur avocate, Natalia Sokolova, a été condamnée à 6 ans de prison. Des travailleurs ont vu leurs logements brûlés tandis qu’un gréviste et la fille d’un autre gréviste ont été lâchement assassinés. Des milliers de travailleurs du pétrole ont été licenciés. Mais malgré toutes ces provocations, ces héroïques travailleurs ont fait tout leur possible pour maintenir les protestations disciplinées et pacifiques.

    Mais leur patron, avec le soutien plein et entier du régime, a toujours refusé de commencer de véritables négociations avec les grévistes. À plusieurs reprises, l’Etat s’est montré préparé à aller vers une confrontation violente, mais cette approche a été refreinée, par crainte de provoquer un conflit plus large encore à travers le pays. Il ne fait aucun doute que la solidarité croissante envers les grévistes, y compris au niveau international, a joué un rôle important.

    La violence et les révolutions de palais – deux faces d’une même médaille

    Mais à l’approche du 16 décembre, soldats et policiers avaient été déployés à l’avance dans la région, avec armes et balles réelles. Mis à part à Astana, la capitale, tout ce qui avait été prévu dans le pays pour célébré le 20e anniversaire de l’indépendance du pays (le 16 décembre) avait été annulé.

    Il semble que l’attaque armée contre la manifestation des travailleurs du pétrole à Zhanaozen faisait partie d’un plan plus vaste organisé par une partie de l’élite dirigeante. Les violences qui ont dégénéré hors de tout contrôle suite à la fusillade perpétrée par la police ont été utilisées comme prétexte pour démettre plusieurs personnalités clés au sein du régime et des structures du pouvoir. Un des beaux-fils de Nazarbayev, Timur Kulibayev, a été démis de sa fonction de président de ‘KazMunaiGaz’ et du fonds national ‘Samruk-Kazyn’. De plus, des rumeurs font état du possible remplacement du chef de la KNB (la police secrète) par des personnes plus fidèles au groupe Massimov-Musin. Tout indique qu’une révolution de palais s’est produite dans les sphères dirigeantes.

    Attaques contre les grévistes

    Pourtant, les travailleurs du pétrole et leurs partisans ne cessent d’être accusés d’être responsables des tragiques évènements du 16 décembre. Ces accusations des porte-paroles du régime, qui prennent différentes formes, sont reprises telles quelles par les médias, la bureaucratie syndicale et même par certains de groupes de ‘‘gauche’’, qui agissent ainsi en apologistes du régime dictatorial de Nazarbayev.

    Le régime prétend que la ‘‘raison majeure de ces troubles de masse réside dans les actions d’un groupe de hooligans qui a profité du conflit de longue date entre les salariés licenciés et la direction de la société ‘Ozenmunaigaz’.’’ (Déclaration émise par l’Ambassade de la République du Kazakhstan en Autriche, 23 décembre 2011)

    L’ambassadeur kazakh aux Etats-Unis, Erlan Idrissov, a affirmé le 21 décembre 2011, que ‘‘la police a essayé de se comporter aussi responsablement que possible afin de protéger la vie des civils (…) A l’origine, sur la place [de Zhanaozen], seul le chef de la police avait une arme (…) Ce n’est que lorsque le vandalisme a commencé et que des menaces ont commencé à peser sur des vies innocentes – après l’incendie de la Akimat [les locaux des autorités locales] – que la police a dû recourir aux moyens nécessaires pour rétablir l’ordre.’’

    Selon une déclaration faite par le Daulbayev Askhat, le Procureur Général de la République du Kazakhstan, le 16 décembre, les perturbations ont été causées quand ‘‘un groupe de hooligans [sur la place] ont commencé à tabasser les civils et à fracasser les voitures garées près de la place." La déclaration se poursuit comme suit : ‘‘En raison des perturbations, le bureau du bourgmestre, un hôtel et le bâtiment de la société Ozenmunaigaz ont été brûlés.’’

    Ces déclarations, en réaction aux protestations qui se sont déroulées dans le monde entier, sont très manifestement destinées à tromper l’opinion internationale sur les sanglants événements qui se sont produits à Zhanaozen. Dans les premières déclarations du Procureur Général, le 16 décembre, il est affirmé que les bâtiments ont été brûlés "en conséquence des troubles’’, mais cette version a été changée deux jours plus tard pour donner l’impression que ces destructions avaient pris place avant l’intervention meurtrière de la police.

    Mais les différentes déclarations officielles du régime suffisent déjà à poser des questions très sérieuses :

    • Si ce qui s’est passé à Zhanaozen n’était qu’une émeute causée par des hooligans, pourquoi les ‘‘moyens habituels’’ de la police (balles en caoutchouc, canons à eau) n’ont-ils pas été utilisés ? Pourquoi directement recourir aux tirs à balles réelles ?
    • Si la police protégeait la population de la place de ces hooligans, pourquoi ont-ils tirés à balles réelles au sein même de la foule qu’elle était censée protéger ?
    • Si l’action de la police n’a constitué qu’une réponse à des émeutes, pourquoi l’ambassadeur du Kazakhstan aux Etats-Unis juge-t-il nécessaire de consacrer une partie importante de sa déclaration à s’en prendre aux grévistes du pétrole ?
    • Si cela n’était tout simplement qu’une émeute, pourquoi le gouvernement a-t-il interdit toute manifestation, réunion publique et grève et a été jusqu’à interdire l’utilisation de photocopieuses, de TV, de radios, de vidéos et de haut-parleurs ? C’est bien étrange, que les hooligans ont d’habitude fort peu tendance à éditer des tracts et à organiser des conférences de presse.

    Les vidéos et les témoins dissent démontrent clairement que l’attaque policière n’avait aucun fondement

    La vérité, c’est que le massacre de Zhanaozen n’était pas une conséquence d’une riposte légitime de la police face à du hooliganisme ou à des émeutes, il s’agissait bel et bien d’une attaque prédéterminées contre les grévistes du pétrole. C’était une nouvelle tentative de briser leur grève. Plusieurs vidéos démontrent que la place, juste avant l’attaque de la police, n’était occupée que par des manifestants pacifiques, sans armes, et que la police ainsi que les soldats, en marche vers la place, tiraient sur la foule de loin. Dans une vidéo particulièrement pénible à regarder – certaines scènes rappelant celles des journées de juillet 1917 à Petrograd (quand l’armée a tiré sur les manifestants et en a tué des centaines sur la perspective Nevsky) – on eut voir les manifestants fuir à travers la place alors qu’on leur tire dans le dos et que les blessés à terre sont brutalement frappés par les voyous aux ordres du régime.

    Ces films sont tellement révélateurs que même le Procureur général du Kazakhstan a été forcé de réagir. Le 27 décembre, il a annoncé qu’une enquête criminelle était lancée au sujet des "décès causés par la police à la suite d’un ordre de tirer pour tuer.’’ Nous n’avons bien entendu aucune confiance envers les possibilités que cette enquête soit honnêtement et sérieusement menée jusqu’à son terme, mais il est plus que révélateur que la responsabilité des agents de police dans ces meurtres soit reconnue d’une certaine manière. Ceci dit, tandis que ces policiers sont menacés de 5 à 10 ans de prison, l’avocate des grévistes du pétrole, Natalia Sokolova, dont le seul tort est d’avoir honnêtement défendu la cause des grévistes, a déjà été condamné à 6 ans de prison.

    Une autre confirmation qu’un ordre de tirer pour tuer a été lancé provient du ministre de l’Intérieur du Kazakhstan, rien de moins, K. Kazymov. Dans une interview réalisée le 16 décembre, il a admis qu’il avait donné l’ordre d’ouvrir le feu sur la foule. Il a essayé de justifier cet ordre en prétendant que les manifestants "étaient armés d’armes automatiques, et nous aussi". Il a confirmé que la police continuerait de tirer des citoyens kazakhs si cela était ‘‘nécessaire’’. Son interview a été publiée sur internet, accompagnée de vidéos montrant la foule courir dans tous les sens face à la police qui tire très visiblement dans le dos de manifestants désarmés et paniqués.

    Nazarbayev dénonce les ‘influences étrangères’ et les ‘criminels’

    A la lumière de tout cela, les déclarations du dictateur Noursoultan Nazarbayev selon lesquelles les troubles auraient été causés par des ‘‘groupes organisés de criminels en liaison avec des forces étrangères’’ sont particulièrement cyniques.

    Pour une bonne partie de la population du Kazakhstan, le plus grand groupe criminel organisé du pays est celui du clan Nazarbayev lui-même, protégé par un bataillon de soldats formé et équipé par les Etats-Unis. Les diverses photos font toujours apparaître des voitures blindées de confection américaines aux postes de contrôle d’Aktau et de Zhanaozen.

    Mais les déclarations de M. Nazarbayev ne sont destinées qu’à détourner l’attention du rôle de la police, du ministre de l’Intérieur, des troupes spéciales et de ceux qui, au sein du cercle présidentiel, ont planifié ce massacre. C’est pour cela qu’il blâme des personnages du régime tels que Mukhtar Ablazov, Rakhat Aliyev et Bulat Abilov.

    Ces oligarques, tous d’anciens membres de la clique dirigeante, vont sans aucun doute tenter d’exploiter l’opposition qui se développe face au régime actuel pour se construire un certain soutien public afin de défendre leurs propres politiques pro-capitalistes. Mais les divers clans sont tous résolument opposés à l’idée que les travailleurs du pétrole puissent avoir leurs propres syndicats indépendants et leur propre parti politique, pour les travailleurs et sous leur contrôle exclusif.

    Les grévistes du pétrole étaient pacifiques et disciplinés

    L’idée selon laquelle les grévistes du pétrole auraient pu être dirigés, contrôlés et manipulés par une quelconque force secrète de l’extérieur est une véritable insulte à leur détermination ainsi qu’à leur discipline. La décision d’organiser la manifestation pacifique du 16 décembre a été prise ouvertement et collectivement, lors d’un meeting de masse sur cette place. Cette décision a ensuite été publiquement annoncée et les travailleurs du pétrole ont eux-mêmes été prévenir les autorités qu’ils avaient l’intention d’organiser une telle manifestation en avertissant qu’il y avait des risques que des provocations soient organisées par des sections des forces spéciales.

    La manière très publique dont les choses ont été organisées a permis à la campagne ‘‘Campaign Kazakhstan’’ et aux sections du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) de planifier une série d’actions de solidarité et de protestation devant les ambassades du Kazakhstan et les sièges d’entreprises aux intérêts commerciaux liés au régime kazakh dans un certain nombre de pays ce jour-là (notamment en Belgique). Le caractère de solidarité a bien entendu largement cédé la place à celui de la protestation lorsque les nouvelles de ce bain de sang sont parvenues aux manifestants devant les ambassades.

    La semaine qui a suivi le massacre, diverses manifestations ont été organisées à travers l’Europe, y compris à Londres, Bruxelles, Vienne, Berlin, Moscou, Stockholm, Dublin, Athènes et ailleurs également, comme à New York, Hong Kong et Tel Aviv. Le député européen Paul Murphy (élu de la section du CIO en République irlandaise, le Socialist Party) a à la rupture de tous pourparlers entre l’Union Européenne et le gouvernement du Kazakhstan, et a aussi écrit une lettre de protestation signée par plus de 40 eurodéputés. Des communiqués de presse ont été émis dans un certain nombre de pays (lire notamment Massacre au Kazakhstan: Quand l’agence Belga se fait complice du régime) et de conférences de presse ont été organisées à Moscou et à Almaty. [Vous pouvez accéder à différents rapports des protestations sur le site socialistworld.net].

    Rompre le blocage de la presse

    La politique de l’Union Européenne, de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et des Etats-Unis est directement dictée par les intérêts de ces institutions pour l’exploitation du pétrole et du gaz kazakhs. Elles ont tout d’abord ignoré ou réagi de façon bien équivoque face aux nouvelles du massacre. Dans une certaine mesure, cela s’est reflété dans la politique éditoriale d’une grande partie des médias du monde entier. Les premières heures après le massacre, par exemple, des reporters internationaux basés à Moscou ont refusé de relayé les rapports du bain de sang sans ‘‘confirmation indépendante’’ tout en relayant par contre les déclarations officielles du régime. United Press International, par exemple, a qualifié les grévistes du pétrole de ‘‘voyous’’ à trois reprises dans un article de 150 mots seulement.

    La campagne menée par le CIO et Campaign Kazakhstan a aidé à vaincre les tentatives du régime de dissimuler l’ampleur du massacre. Finalement, le poids écrasant cumulé des témoignages, vidéos et rapports de journalistes ont eu raison de cette attitude complice, et les rapports dans les médias ont commencé à être plus équilibrés.

    ‘‘An injury to one is an injury to all’’ – Ce qui en touche un nous touche tous

    Tout aussi rapidement, des syndicalistes ont réagi face à la crise, mais de façon bien différente. A Anvers, par exemple, la délégation de TOTAL a relayé les rapports en direct du CIO sur le site de leur délégation, de sorte que les travailleurs pouvaient voir par eux-mêmes l’étendue de l’horreur des événements. Bien que le site du CIO au Kazakhstan a immédiatement été bloqué par le régime après la fusillade, le site russe du CIO a continuer à fonctionner, jusqu’à ce qu’arrivent des problèmes dus aux trop grand nombre de visiteurs sur le site, dont de nombreux journalistes de médias du monde entier.

    En Suède, Gruvtolvan, le syndicat de l’industrie minière de Kiruna, a condamné sans équivoque "la violence contre les travailleurs (…) suite à l’attaque de la police et des militaires contre une manifestation dans la ville de Zhanaozen." Ils ont appelé le mouvement syndical suédois à activement soutenir les travailleurs du pétrole du Kazakhstan sous la devise "Une victoire pour les travailleurs, où qu’ils soient, est une victoire pour tous les travailleurs, partout!" Cet appel a été accompagné d’une importante donation pour les grévistes.

    Si une véritable organisation syndicale nationale indépendante existait au Kazakhstan, il y aurait immédiatement eu après le 16 décembre convocation de meetings, d’actions de protestations et de grèves dans tout le pays en riposte au massacre de Zhanaozen.

    Une commission indépendante internationale doit enquêter

    Malheureusement, alors que des militants syndicaux ont réagi partout à travers le monde, certains membres de la bureaucratie syndicale internationale ont adopté l’approche de renvoyer chacun dos à dos. Ainsi, la Confédération syndicale internationale (CSI) a publié une déclaration le 16 décembre, signée Sharan Burrow, secrétaire général, qui déclare : "une situation extrême de tension et de désespoir a provoqué des troubles, la panique et le chaos. La violence doit immédiatement cesser, et toutes les parties doivent reconnaître que la seule façon de résoudre des conflits est le dialogue ouvert et la négociation. Le gouvernement doit immédiatement agir pour commencer ce processus."

    Cette déclaration ignore donc la responsabilité du régime dans ce massacre, une attitude partagée par de nombreuses autres organisations, telles que Human Rights Watch, qui a publié une déclaration le 22 décembre. Dans celle-ci sont détaillés plusieurs cas de graves tortures du fait des forces gouvernementales à Zhanaozen et, ensuite, l’organisation tire la conclusion incroyable que ‘‘les autorités du Kazakhstan doivent mener immédiatement une enquête.’’ Cela n’aboutirait qu’à une enquête ignorant totalement la responsabilité écrasante du ministère de l’Intérieur et qui, dans le meilleur des cas, trouverait quelques boucs émissaires afin de laissait un peu de colère s’échapper.

    Le CIO estime qu’il est nécessaire d’organiser une commission d’enquête internationale, totalement indépendante du gouvernement, des structures étatiques et des intérêts pétroliers et gaziers, afin de faire toute la lumière sur les causes réelles du massacre et sur les véritables responsables de ces horribles évènements.

    La “gauche” et les bureaucrates syndicaux poignardent les grévistes dans le dos

    Mais si la Confédération Syndicale Internationale n’a pas ouvertement condamné le régime de Nazarbayev, elle n’a au moins pas directement attaqué les travailleurs du pétrole. De la façon la plus incroyable qui soit, les 17 et 18 décembre, des déclarations sont apparues sur des sites internet de langue russe contrôlés par des syndicats et des groupes de gauche qui, tout en condamnant la violence, se sont lancés dans des attaques contre les grévistes du pétrole, contre leurs revendications et leurs tactiques, répétant d’ailleurs bien souvent l’argumentation des patrons et du gouvernement.

    Le Mouvement Socialiste Russe [section russe du Secrétariat Unifié de la Quatrième Internationale, à laquelle est reliée la LCR belge, n’ayant aucun rapport avec le Mouvement Socialiste du Kazakhstan] a contribué à détourner l’attention de la responsabilité du gouvernement Nazarbayev pour ce massacre en répétant grossièrement les mensonges du régime concernant l’implication de l’oligarque Mukhtar Ablyazov. Ce faisant, ils réduisent le rôle de l’autodiscipline et de la conscience politique des travailleurs du pétrole en les réduisant à l’état de simples pions joués par les oligarques kazakhs et en donnant du crédit aux déclarations du dictateur qui blâme les influences étrangères (Ablyazov vit à Londres) pour tous les problèmes rencontrés au Kazakhstan.

    Les attaques les plus importantes proviennent toutefois de l’Union internationale des travailleurs de l’alimentation (UITA) et de la Confédération du travail de Russie. Même avant les événements du 16 décembre, d’anciens fonctionnaires de l’Union Internationale des travailleurs de l’alimentation à Genève et à Moscou ont travaillé à saper le soutien à la grève. Des pressions ont ainsi été exercées sur Alexei Etmanov, le syndicaliste indépendant le plus connu en Russie, ce qui l’a conduit à revenir sur sa promesse d’organiser des actions de solidarité avec les travailleurs du pétrole par l’intermédiaire du syndicat des travailleurs de l’automobile.

    Le prétexte donné ensuite à ce désistement était que les travailleurs du pétrole avaient été manipulés par des représentants de la ‘‘gauche révolutionnaire’’ – c’est-à-dire par le Comité pour une Internationale Ouvrière. Cela a d’ailleurs été confirmé dans une déclaration de l’UITA le 9 décembre 2011 qui disait: ‘‘Avec pourtant un énorme potentiel d’organisation, dans tout ce temps, les grévistes n’ont jamais mis en place leur propre organisation, tout comme avant ils ne disposent pas de leurs propres représentants et direction élus, avec le droit de représenter les travailleurs dans les négociations avec la direction de la société et les autorités. Cela signifiait que, dès le début, différents groupes politiques ont été en mesure d’utiliser l’énergie sociale et le potentiel du mouvement ouvrier de masse dans leurs propres intérêts. S’exprimant au nom des travailleurs et réécrivant constamment les revendications des travailleurs, ils ont apporté d’énormes préjudices au mouvement, ont fait sortir le conflit du champ de la lutte syndicale et ont réduit au minimum les chances de succès, privant ainsi les habitants de Zhanaozen de leur grève.’’

    Cette déclaration fait écho aux arguments des patrons et du gouvernement et est particulièrement honteuse étant donné que les travailleurs, dès le début, ont élu leurs représentants pour les négociations, ces représentants rencontrant ensuite une répression sévère. Nous avons déjà dit que Natalia Sokolova, l’avocate des grévistes, a été condamnée à 6 ans de prison, Akzhanat Aminov a reçu une peine de deux ans avec sursis, tandis qu’un troisième a vu sa maison brûler !

    Les grévistes du pétrole luttaient pour le droit d’instaurer leurs propres syndicats indépendants

    Il convient de rappeler que la grève de la faim des travailleurs du pétrole a commencé en mai dernier après que les membres du syndicat de Karazhanbasmunai, à Aktau, ont exigé le retour de documents syndicaux de leur ancien président après qu’il ait été démis de ses fonctions par le vote des membres du syndicat. L’ancien leader syndical avait collaboré avec la direction de l’entreprise pour éviter toute véritable négociation portant sur les salaires et les conditions de travail. Il avait été jusqu’à envoyer des gros-bras armés pour qu’ils battent ses adversaires. En Juin, l’UITA avait envoyé toute une série de questions bureaucratiques aux grévistes, dont les réponses ont nécessité 60 pages de documents. Le résultat final a été de déclarer que les travailleurs avaient eu tort de démettre leur ancien dirigeant syndical, comme ils ne pouvaient changer de président qu’une fois tous les 5 ans !

    L’affirmation selon laquelle le CIO a constamment "réécrit" les revendications des travailleurs est absolument ridicule, comme toutes les autres calomnies visant à salir les grévistes. Depuis le début de la grève, le CIO a publié sur ses sites toutes les déclarations produites par les grévistes. Le 1er Juin 2011, après que la police anti-émeute ait attaqué les grévistes de la faim de Zhanaozen, le comité de grève de Zhanaozen avait publié les revendications suivantes:

    • La démission de la direction de la société “KazMunaiGaz” à Aktau;
    • La restauration du statut autonome de la société “OzenMunaiGaz”;
    • L’augmentation de 60% des salaires des médecins et des enseignants de la ville pour compenser la dureté de leur travail dans des conditions écologiques difficiles;
    • Le retour sous statut public, c’est-à-dire la nationalization, des enterprises regroupées dans la société “OzenMunaiGaz” – en particulier TOO “Burylai”, TOO “KazGPZ”, TOO “Kruz”, TOO “Zhondei”.

    En Juillet, des incendies criminels ont eu lieu contre des maisons de militants grévistes, et Zhaksylyk Turbayev a été assassiné quand il est devenu clair qu’il serait élu à la présidence du nouveau syndicat. L’avocate Natalia Sokolova et le militant syndical Akzhanat Aminov ont été arrêtés et ont été confrontés à de graves accusations. Des milliers de grévistes ont été licenciés. Lors de leur rencontre avec le député européen Paul Murphy en juillet dernier, les travailleurs ont défini leurs revendications de la façon suivante:

    • La reconnaissance des droits des travailleurs, notamment leur droit d’élire leurs propres représentants, sans interférence de qui que ce soit ;
    • La libération immédiate de Natalia Sokolova et de Akzhanat Aminov;
    • Le réengagement de tous les travailleurs licenciés aux conditions qui prévalaient avant leur licenciement;
    • L’abandon de toutes les poursuites judiciaires contre les grévistes;
    • Le commencement de véritables négociations avec les représentants élus des travailleurs.

    Les bureaucrates syndicaux soutiennent les briseurs de grève et les éléments diviseurs dans le syndicat

    En réalité, l’UITA et ses ‘‘organisation fraternelle’’ en Russie (KTR) et au Kazakhstan (la ‘‘Confédération des syndicats libres du Kazakhstan’’, CFTUK) tentent depuis le début de faire dévier la grève. Au Kazakhstan, le CFTUK dirigé par Sergei Belkin a depuis longtemps cessé d’exister en tant qu’authentique organisation syndicale. En 2009, Belkin a signé un accord avec le gouvernement destiné à stopper toutes les grèves, les protestations et les manifestations de travailleurs afin de permettre au régime de "maintenir la stabilité’’. En novembre dernier, quand le gouvernement a annoncé qu’il était temps de mener des ‘‘négociations’’ à Zhanaozen, Belkin, totalement absent depuis le début du conflit, est soudain arrivé comme ‘‘expert indépendant’’ pour aider le gouvernement et ses tentatives de briser la grève. La tactique du régime était alors d’essayer par tous les moyens de diviser les grévistes en offrant à certains d’entre eux des emplois dans une nouvelle société, tout en encourageant Belkin pour qu’il mette en place un nouveau syndicat anti-grève dans le cadre de la Confédération syndicale CFTK. Les grévistes, cependant, ont rejeté ces tactiques, insistant pour que tous les travailleurs sans exceptions soient être réintégrés dans leur ancien emploi.

    Hypocritement, l’UITA et le KTR, après avoir soutenu les activités visant à briser la grève et le syndicat anti-grève de Belkin, ont donné des conseils aux travailleurs en leur disant qu’ils devraient : ‘‘décider de suivre le chemin de la construction de leur propre syndicat indépendant, qui peut décider d’une stratégie d’action et proposer leurs revendications à tous niveaux, en s’assurant qu’ils obtiennent, ainsi que leurs familles, les moyens nécessaires pour se défendre et pour mobiliser un soutien international.’’

    Il faut construire de véritables syndicats indépendants

    Depuis le début de la grève, le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) a entièrement pris ses responsabilités en soutenant, non seulement en paroles mais aussi en actes, l’appel diffusé à Zhanaozen et à Aktau sous la signature de milliers de travailleurs en novembre (soit avant les ‘‘conseils’’ de l’UITA. Dans cet appel, ils expliquent que : ‘‘notre combat démontre que vaincre l’injustice et l’arbitraire ne peut se faire qu’en unissant nos forces. Dans cette situation difficile et compliquée, le meilleur soutien et moyen d’action sera de créer une organisation syndicale indépendante et de développer des revendications capables d’unir, comme l’augmentation des salaires, l’amélioration des conditions de vie et de travail et la non-ingérence de l’employeur dans le travail du syndicat. En faisant ce travail d’unification des travailleurs, ce syndicat deviendra une solide fondation pour la création d’un syndicat national indépendant au Kazakhstan.’’

    Le CIO estime que si les syndicats tels que l’UITA et le KTR soutiennent véritablement les travailleurs du pétrole, ils devraient alors publiquement retirer tout leur soutien à la Confédération syndicale kazakh CFTK et donner un soutien pratique et moral à ceux qui tentent de construire un authentique syndicat indépendant dans ces circonstances extrêmement difficiles. Mais même si l’UITA et le KTR refusent d’agir de la sorte, le CIO va continuer à soutenir les grévistes et à les aider.

    Le 17 décembre, le Président du KTR, Boris Kravtchenko, a clairement tenté de blâmer le CIO pour les événements de Zhanaozen: ‘‘Nous croyons que la responsabilité de ces événement et du sang versé par les travailleurs du pétrole incombe entièrement aux dirigeants de la République du Kazakhstan. Cependant, cette responsabilité est partagée par les spéculateurs politiques, auto-désigné ‘‘comité’’ et ‘‘internationale’’, qui utilisent la protestation sociale pour leurs propres intérêts, pour réécrire les revendications des manifestants en transformant politiquement celles-ci et qui, par leurs actions provocatrices, poussent les autorités à utiliser des moyens violents.’’

    Ce que Boris Kravtchenko pense exactement du CIO n’est pas très clair. Nous avons soutenu la grève depuis sa création. Nous avons défendu que les employeurs éliminent tous les obstacles pour que des négociations sérieuses puissent commencer. Nous avons soutenu que ces négociations devraient être dirigées de façon transparente par des représentants élus des grévistes. Dès le début, nous avons été engagés dans la construction de la solidarité avec les grévistes et avons aidé à briser le blocus médiatique. Nous avons discuté avec les grévistes de leur intention d’organiser une manifestation pacifique le 16 décembre et avons convenu d’organiser une campagne internationale de solidarité autour de cet évènement.

    Les staliniens surpassent les bureaucrates syndicaux

    Une attaque encore plus vicieuse contre les travailleurs du pétrole a été lancée par le Parti communiste d’Ukraine, qui était resté silencieux sur cette question jusqu’au 4 janvier. Ce parti a finalement brisé son silence dans un article qui accuse Natalia Sokolova d’être un agent du département d’Etat américain et les travailleurs du pétrole d’être responsables de "la tentative des Etats-Unis pour déstabiliser la situation politico-économique." Ils ont continué en disant: ‘‘Les autorités du Kazakhstan ont agi durement, courageusement et de manière adéquate. Ils ont réagi fermement en instaurant l’Etat d’urgence et la police anti-émeute n’y a pas été de main morte contre les combattants bien armés qui se trouvaient derrière les travailleurs du pétrole. Ils ont montré leur courage quand le président, M. Nazarbayev, a visité la ville de Zhanaozen et a personnellement parlé aux habitants. Leur réponse a été adéquate, en agissant avec fermeté et en expliquant à ces messieurs de l’Union Européenne que ce qui se passe à Zhanaozen est une affaire interne au Kazakhstan."

    La “gauche” attaque les grévistes qui revendiquent la nationalisation

    Le 18 décembre, le site internet de gauche "RabKor" publiait un article d’Aleksei Simoyanov de l’Institut de la Mondialisation, à Moscou. Après presque sept mois de silence et à seulement 2 jours du massacre, l’auteur avait décidé de rejoindre le flot des attaques contre les travailleurs du pétrole : "Il est impossible de ne pas parler d’un certain nombre d’erreurs tactiques effectuées par les manifestants au cours de leur campagne. Aussi longtemps que les principaux slogans des manifestants étaient favorables à des meilleurs salaires, au respect des droits des travailleurs et luttaient contre la dégradation des conditions de travail, ils étaient dans une position forte. Dans les limites d’un conflit entre travailleurs et patron, les autorités avaient les mains liées, et toute pression de leur part aurait été purement illégitime. Le problème s’est compliqué quand, sous l’influence du CIO, les travailleurs ont également défendu des revendications politiques, y compris la nationalisation de la compagnie."

    Pourtant, comme cela peut être vérifié avec l’évolution des revendications des grévistes, les travailleurs du pétrole ont défendu la nationalisation de leur entreprise dès le début du litige. Ils n’ont pas eu besoin du CIO pour savoir que tant que ces entreprises restaient aux mains de capitaux privés liés au régime et aux multinationales étrangères, il n’était pas possible d’obtenir un salaire raisonnable. Le seul changement qui a été opéré avec cette revendication au cours de la grève, c’est de généraliser la revendication de la propriété publique à tout le secteur pétrolier, sous le contrôle des travailleurs. Les travailleurs du Kazakhstan ne sont d’ailleurs pas les seuls à tirer ces conclusions. En décembre, par exemple, des dizaines de milliers de syndicalistes ont défilé à Liège, en Belgique, pour exiger la nationalisation du site liégeois d’ArcelorMittal.

    Toutes les grèves sont politiques dans une certaine mesure

    Simoyanov ne fait avec son texte que démontrer sa profonde incompréhension de cette grève. La direction de l’entreprise a refusé de négocier non pas parce que les ouvriers ont soulevé la revendication de la nationalisation, mais parce qu’ils n’étaient pas prêts à mieux payer les travailleurs. La logique de son article est que les travailleurs devraient restreindre leurs luttes à des questions purement économiques et que s’ils vont plus loin, toute la pression contre eux devient ‘‘légitime’’. Suivant cette logique, les syndicats ne devraient pas exiger le limogeage des responsables antisyndicaux ou faire grève afin de faire tomber des régimes autoritaires. Suivant cette logique encore, les syndicalistes d’Europe, de Grèce, du Portugal, d’Italie et d’ailleurs qui sont en lutte par millions contre les politiques d’austérité de leurs gouvernements ne devraient pas exiger la chute de ces gouvernements ? Simoyanov pensent-il aussi que cette revendication est ‘‘illégitime’’ ?

    L’ironie est que ces critiques, en se précipitant contre les grévistes du pétrole, ont oublié de s’en prendre à la direction de l’entreprise, et finissent même au final à la droite du président Nazarbayev qui, à Aktau, a déclaré après le massacre que : ‘‘Le gouvernement, ainsi que le fonds Samruk Kazyna et la société KazMunaiGas, ont échoué à mettre en œuvre mes instructions sur la résolution rapide de ce conflit. Malheureusement, ils se sont montrés incapables de résoudre le problème."

    La caractéristique des critiques de ‘‘gauche’’ des grévistes est la manière dont ils ferment les yeux sur les bureaucrates syndicaux qui collaborent avec les régimes autoritaires ! Boris Kravtchenko est un membre du conseil consultatif du président russe Medvedev, Alexeï Etmanov est un candidat de la liste pro-Kremlin "Russie juste" et Sergei Belkin a signé une entente pour éliminer les grèves avec le régime de Nazarbayev. Ils sont en colère non pas parce que les travailleurs du pétrole ont adopté des revendications politiques – ils ne les critiqueraient pas s’ils rejoignaient le parti présidentiel. Les critiques n’arrivent que lorsque les travailleurs du pétrole déclarent qu’ils ne vont plus soutenir le parti présidentiel et lancent un appel au boycott total des élections législatives de janvier. Plutôt que de rester derrière l’un ou l’autre parti politique pro-régime et leurs conseillers dans les syndicats, les travailleurs du pétrole ont appelé à la création de leur propre, démocratique et indépendant parti des travailleurs, un instrument politique capable de représenter leurs intérêts sans devoir subir l’influence des oligarques.

    Le 16 décembre – début de la fin pour Nazarbayev

    Les événements du 16 décembre 2011 marquent un tournant dans le développement des luttes ouvrières à travers l’ancienne Union soviétique (la CEI, Communauté des Etats Indépendants). Après sept mois de lutte acharnée, les travailleurs du pétrole ont appris de nombreuses leçons. Ils ont démontré qu’ils étaient capables d’adopter une attitude pacifique et disciplinée et de rejeter les provocations destinées à les conduire à la violence. Ils sont allés plus loin que de simples exigences salariales face à un patron qui n’a aucune envie de payer plus, et ont défendu que l’entreprise devait être nationalisée, sous contrôle ouvrier, de sorte que les richesses du pays puissent être utilisées pour le peuple, plutôt que d’enrichir les oligarques et la famille présidentielle. Ils ont démontré qu’ils peuvent unir autour d’eux tous les pauvres et les exploités de la région en défendant de meilleurs salaires pour ceux qui travaillent qui travaillent dans le secteur public. Ils ont appris qu’il y a beaucoup de ‘‘dirigeants’’ et de ‘‘politiciens’’ qui inondent leurs oreilles de promesses d’amitié éternelle en échange de leurs votes, mais qui désertent aux premiers besoins. Ils ont vu que les seuls amis qu’ils ont vraiment, ce sont les travailleurs d’autres villes et d’autres pays, les seuls à avoir exprimé une véritable solidarité.

    Même après les horribles attentats de la police et de l’armée le 16 décembre 2011, et les nombreux morts, blessés et emprisonnés, les travailleurs du pétrole ont préservé leur dignité et leur discipline. Ils continuent à faire appel aux autres travailleurs pour qu’ils s’organisent en une seule fédération syndicale nationale et indépendante et pour construire un parti des travailleurs. Le Comité pour une Internationale Ouvrière et ses sections est fier de rester à leur côté, et de rester entièrement solidaire de leur combat.

  • Journée historique au Kazakhstan

    Ce vendredi 16 décembre 2011 restera à jamais marqué d’une encre des plus sanglantes dans l’histoire contemporaine du Kazakhstan, des mains de ce régime depuis longtemps déjà criminel, celui de Nazarbayev. En ce jour, des centaines de grévistes et de citoyens pacifiques ont été victimes des tirs d’armes automatiques des soldats et des policiers ; le nombre exact de victimes n’est toujours pas connu. Tout cela est le résultat d’une provocation policière arrangée contre les participants à la manifestation non violente des travailleurs du pétrole en grève et des résidents de la ville de Janaözen, manifestation qui, comme cela avait été annoncé, avait commencé dès le matin sur la grand-place de la ville. Les travailleurs et les membres de leur famille étaient venus protester contre les actions des autorités, unilatéralement et totalement favorables aux patrons, ainsi que pour demander la reprise des négociations et la libération de Natalia Sokolovaïa, leur avocate.

    Par Résistance Socialiste (CIO-Kazakhstan)

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    Pour en savoir plus


    Actions de solidarité

    Belgique : la dictature kazakhe également à l’œuvre à Bruxelles ?

    De pacifiques supporters qui voulaient soutenir les travailleurs du pétrole au Kazakhstan et dénoncer la répression à l’œuvre dans ce pays au régime dictatorial ont implacablement été arrêtés lors du match de ce vendredi 7 octobre entre les Diables Rouges et l’équipe du Kazakhstan. Le pouvoir dictatorial du Président Nazarbayev s’étend apparemment jusqu’à Bruxelles…


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    Selon les communications que nous avons reçues des travailleurs, un fourgon de police a déboulé à grande vitesse, fonçant vers la foule de citoyens. Les travailleurs, poussés au désespoir, sont passés à des actes plus radicaux. Il est évident que la provocation policière était bien consciente, afin de contraindre les grévistes à passer à des mesures extrêmes. Ne supportant pas les railleries et les vexations, les travailleurs ont renversé les barrières policières et, vers midi, ils ont pris d’assaut le bâtiment de l’äkimat (c’est-à-dire l’Hotel de ville) de Janaözen et le bureau de la filiale de production de la société ÖzenMunayGaz, de même qu’un hôtel et d’autres bâtiments administratifs.

    À la suite de cela, la presse pro-gouvernementale a inventé une histoire selon laquelle les travailleurs soi-disant enragés avaient attaqué des enfants qui étaient venus avec des drapeaux et des ballons au concert donné pour célébrer les vingt ans de l’indépendance du Kazakhstan ! Il était clair que cela n’était qu’un pur mensonge de plus, mais cette information s’est tout de même répandue avec insistance sur l’internet, avant que les réseaux sociaux n’aient été bloqués vers 15h.

    Et donc, vers 12h45, les forces de l’OMON (police anti-émeute) et de l’armée ont été envoyées contre les grévistes et les habitants de la ville, en utilisant leurs armes à feu. C’est à ce moment que sont tombés les premiers morts et blessés. Les grévistes ont été bombardés de bombes fumigènes, de gaz lacrymogènes, de grenades aveuglantes, tout cela dans l’unique but de chasser les manifestants hors de la place. Malgré le recourt à des armes à feu, les travailleurs ont commencé à désarmer les policiers et, vers midi, occupaient pratiquement toute la ville.

    À ce moment les autorités ont décidé de mettre en mouvement des unités de brigades spéciales de marines et de tanks venus d’Aqtau, qui déjà avaient été apprêtés pour l’occasion. En conséquence de l’ordre qui avait été donné d’ouvrir le feu, des dizaines de personnes sont mortes ; le nombre de décès s’élevait déjà à 70 tués vers 14 heures locales, et il est bien possible que ce chiffre ait été porté à 150 d’ici à ce samedi matin. Ces données ont été communiquées par les travailleurs eux-mêmes, qui sont parvenus à rester en contact téléphonique permanent avec nous à la rédaction.

    Les tanks et les soldats sont arrivés à Janaözen en soirée, et les travailleurs et habitants, qui étaient descendus en masse dans les rues de la ville, ont à nouveau été évincés de la place et des points-clés en banlieue par l’emploi de “moyens spéciaux”. Mais cette répression n’a que très peu rapporté aux autorités, puisque vers midi déjà, toutes les exploitations pétrolières de la compagnie ÖzenMunayGaz avaient cessé le travail en solidarité. La grève a par la suite été rejointe par les travailleurs de toutes les entreprises d’extraction de la province de Mangistau.

    Une partie des travailleurs a résisté toute la nuit contre les militaires, et jusqu’au matin ont eu lieu en banlieue des escarmouches et des batailles de rues. Le véritable nombre de morts reste pour l’instant inconnu. On sait que tandis qu’ils battaient en retraite, les travailleurs ont emporté les corps de leurs camarades. En plus de tout cela, tous les hôpitaux de Janaözen et d’Aqtau ont été submergés de blessés dans l’après-midi, et au centre de transfusion sanguine, on appelait constamment à de nouveaux donneurs de sang. Il semblerait qu’environ 150 personnes aient été arrêtées, dont 4 membres du Mouvement Socialiste du Kazakhstan, l’organisation dans laquelle milite la section kazakhe du CIO, Résistance Socialiste. Ce matin, 4.000 ouvriers de l’entreprise pétrolière Kalamkas ont stoppé le travail en revendiquant que l’entreprise cesse ses activités à Janaözen.

    Toutes les forces et moyens possibles ont été employés contre les travailleurs en lutte. À Janaözen comme dans les villages voisins, l’électricité a été coupée. Le réseau téléphonique et internet ne fonctionnent plus et, afin de stopper la diffusion de l’information concernant le nombre de morts et de blessés, tous les réseaux sociaux ont été bloqués, de même que les sites internet de l’opposition et notre propre site www.socialismkz.info.

    Il semble que l’accès à tous les sites du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) ait été bloqués sur l’ensemble du territoire kazakh, notamment notre site russe où est organisée une mise à jour constante sur la situation au Kazakhstan. En réponse à l’intervention des travailleurs du pétrole, le ministère des Affaires étrangères a tout d’abord nié l’existence de morts et de blessés ; ce n’est que tard au soir que les autorités ont accepté comme fait établi la mort d’une dizaine de personnes.

    Dans cette situation, le CIO a pu rapidement organisé des actions de protestation en Belgique, en Autriche, en Allemagne, en Angleterre, et en Suède. Aujourd’hui, de nouvelles actions sont organisées en Grèce, en Irlande, aux États-Unis et dans d’autres pays. Notre député européen Paul Murphy (élu de notre section en République irlandaise) a organisé une conférence de presse sur la situation au Kazakhstan. Une campagne spéciale se développe aussi en solidarité avec les militants syndicaux et sociaux en lutte au Kazakhstan. Hier à Odessa et à Kiev, d’autres organisations de gauche ont été déposer des fleurs avec une oraison funèbre devant les représentations du Kazakhstan. Le célèbre défenseur russe des droits de l’Homme Lev Ponomarev a lui aussi rapidement réagi aux événements avec un communiqué spécial. La Conférence du Travail de Russie est également intervenue avec une déclaration adressée aux autorités kazakhes.

    Les événements continuent à se développer pour l’instant, mais une seule chose est claire : la lutte de classe au Kazakhstan a à présent pris les formes les plus âpres, et en ce moment tout le succès ultérieur du mouvement ouvrier dépend de l’unité des travailleurs eux-mêmes et de la possibilité de rapidement s’associer en une lutte généralisée.

    La situation actuelle rappelle douloureusement le dimanche sanglant du 9 janvier 1905 et le massacre de la Léna en 1912, qui ont constitué des points tournants dans le développement de la conscience des travailleurs en tant que classe et dans la formation d’orientations politiques nettes. Les autorités de leur côté ont quant à elles démontré qu’elles ont la ferme intention de noyer dans le sang la lutte des travailleurs, sans lâcher la moindre concession.

    Cela n’a fait que montrer une fois de plus à tous les travailleurs le véritable visage du régime actuel, qui n’existe que pour la défense des intérêts des patrons et de cette bourgeoisie d’oligarques. Ces événements posent à nouveau la question de l’auto-organisation et d’un programme d’actions clair. Nos positions dans toutes ces questions restent inchangées – la création de syndicats unis et la construction de leur propre parti politique par les travailleurs.

    Les principaux slogans et revendications de la lutte actuelle sont les suivants :

      1. Halte à la guerre, l’armée et la police hors de la province de Mangistau !
      2. Enquête immédiate sous le plein contrôle de la population, afin d’établir qui a donné l’ordre d’ouvrir le feu !
      3. Accepter toutes les revendications des travailleurs !
      4. Libération des prisonniers politiques, dont Natalia Sokolovaïa, l’avocate des grévistes !
      5. Démission immédiate du président et du gouvernement !
      6. Création de comités d’action des travailleurs et des habitants dans toutes les régions et dans les entreprises pour la coordination des interventions !
      7. Non aux provocations et à la division sur base nationale, pour l’unité des travailleurs de toutes les nationalités en une lutte généralisée !
      8. Tous dans les rues avec pour but l’organisation du mouvement, pour la grève générale !
      9. Boycott des élections parlementaires, pour une liberté complète de formation d’organisation sociales, politiques et syndicales !
      10. Toutes les richesses du Kazakhstan, entreprises et banques sous le contrôle de comités de travailleurs !
      11. Pour la création d’un parti de masse des travailleurs !
      12. Pour la convocation d’une assemblée constituante révolutionnaire des travailleurs et des couches proches en vue de la formation de nouveaux organes de pouvoir démocratiques !
  • Le régime organise un massacre mais se heurte à la résistance des masses

    Le régime organise un massacre mais se heurte à la résistance des masses

    En cet instant, le régime dictatorial du président Nazarbayev massacre ses opposants. Aujourd’hui, c’est le 20e anniversaire de l’indépendance du pays mais, pour la grande majorité de la population, il y a bien peu à célébrer. Ces 20 dernières années ont été marquées par la dégradation du niveau de vie des travailleurs et des pauvres, tandis que tout droit démocratique leur est encore interdit.

    Communiqué de presse du PSL

    Comme si Nazarbayev voulait encore accentuer ce que son régime a signifié durant cette période d’indépendance, cette journée de commémoration a été marquée par la répression sanglante d’un mouvement de masse à l’ouest du pays. Depuis le mois de mai, des travailleurs du secteur du pétrole y sont en grève et revendiquent des conditions de travail et de salaire décentes. Cet été, leur grève avait notamment reçu le soutien du chanteur Sting, qui avait refusé de donner un concert dans la capitale en solidarité.

    Ce 16 décembre, des milliers de travailleurs du pétrole et d’opposants ont mené une action, mais ils ont dû faire face à une violence des plus sanglantes. En début d’après-midi, les estimations faisaient état de plus de 70 morts et de 500 blessés. Les sites d’information ont été bloqués par le régime. Le Mouvement Socialiste du Kazakhstan, mouvement dans lequel est active l’organisation-sœur du Parti Socialiste de Lutte (PSL) au Kazakhstan, joue un rôle dirigeant dans l’organisation de l’opposition politique au régime ainsi que dans l’organisation de syndicats indépendants. Depuis plusieurs mois, nous menons ainsi des actions de solidarité, notamment avec une audience au Parlement Européen à Bruxelles, organisée par le député européen Paul Murphy (élu de notre parti-frère irlandais le Socialist Party). Durant le match Belgique-Kazakhstan le 7 octobre dernier, des banderoles de solidarité avaient également été déployées et un tract de solidarité distribué.

    Le PSL proteste énergiquement contre ce massacre. Nous dénonçons également le silence complice de l’establishment belge et européen face aux protestations contre la nature dictatoriale du régime de M. Nazarbayev.

    Ainsi, en octobre 2010, une mission économique belge conduite par le Prince Philippe s’est rendue au Kazakhstan. Le ministre wallon du tourisme, Paul Furlan (PS), est lui aussi parti au Kazakhstan en mai de cette année pour y étudier les possibilités de coopération dans domaine du tourisme. De son côté, l’organisation patronale flamande VOKA a aussi organisé cette année une conférence avec l’ambassadeur du Kazakhstan afin de souligner le ‘‘grand potentiel économique’’ du pays. Au niveau international, le pays était encore en 2010 président de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE). Nous voyons aujourd’hui de façon on ne peut plus éclatante quelle est la nature de ce régime.

    Ces dernières années, nous avons constamment protesté contre la dictature kazakhe, et nous allons continuer. Ce matin encore, une délégation du PSL s’était rendue protester aux portes de l’ambassade du Kazakhstan à Bruxelles. Les photos de cette action sont également disponibles en haute résolution.

    Plus d’informations : Nicolas Croes : 0485/05.86.39


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    Actions de solidarité

    Belgique : la dictature kazakhe également à l’œuvre à Bruxelles ?

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  • Kazakhstan. La dictature veut briser les syndicats et les marxistes

    Nazarbajev, au Kazakhstan, est à la tête d’un régime dictatorial depuis l’effondrement de l’Union Soviétique. Mais le régime tremble de peur face à la vague de soulèvements de masse au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, car l’onde de choc se propage vers l’Asie, y compris l’Asie centrale. Parmi les mesures préventives du régime, une répression particulièrement brutale contre les syndicats et les militants marxistes.

    Ce pays est riche en ressources naturelles, y compris en pétrole et en gaz. Les principaux acteurs internationaux actifs dans le pays sont Chevron, Exxon Mobil, Lukoil (Russie), Total et Eni (Italie). Mittal (Inde) est très actif dans le secteur minier. Dans la région de Manguistaou, dans l’ouest du pays, les travailleurs du pétrole sont en grève depuis plusieurs mois. Les revenus du pétrole de cette région sont d’une grande importance pour le régime, et briser la grève est une priorité. Les dirigeants des grévistes reçoivent ainsi régulièrement des menaces anonymes.

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    Match Belgique-Kazakhstan, les droits démocratiques sont-ils hors-jeu ?

    Action de solidarité avec les grévistes du Kazakhstan (Communiqué de presse)

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    Ces menaces n’étaient pas lancées en l’air. L’été dernier, un délégué de l’entreprise MunayFiltrServis a été tué et un peu plus tard a suivi le meurtre de la fille de Kudaybergen Karabalayev, délégué dans l’entreprise de transport UOS-1 de la filiale de production OzenMunayGaz. La jeune fille de 18 ans a eu la mâchoire rompue et le crâne fracturé.

    L’avocate des travailleurs du pétrole a de suite été arrêtée et risque elle-même une longue peine de prison pour ‘‘incitation à l’émeute’’. Une activiste qui faisait une grève de faim est poursuivie par la police, qui affirme qu’elle aurait attaqué un policier lors d’une opération policière. Cette femme pesait alors 45 kilos, mais elle aurait battu un policier anti-émeute de deux mètres… Elle aussi est menacée d’une longue peine de prison.

    Les grévistes ont obtenu un peu d’attention internationale à travers le travail de solidarité du Mouvement Socialiste du Kazakhstan, qui organise des syndicats indépendants et des militants politiques. L’Eurodéputé Paul Murphy a visité la région pour soutenir les travailleurs. Le célèbre chanteur britannique Sting a lui aussi soutenu les grévistes en annulant un concert au Kazakhstan le 11 juillet dernier (prévu dans le cadre de l’anniversaire du président). Sting a versé une contribution au fonds de soutien des grévistes et a affirmé que ‘‘les travailleurs du pétrole et du gaz du Kazakhstan et leurs familles ont besoin de notre soutien et de l’attention des médias internationaux’’.

    Dans la même logique de répression contre les travailleurs en grève, le régime a également lancé une nouvelle vague de répression contre des dirigeants connus du mouvement ouvrier. Ainur Kurmanov et Esenbek Ukteshbayev, deux dirigeants du Mouvement Socialiste du Kazakhstan et membres de la section du CIO au Kazakhstan, risquent des années de prison. A la mi-septembre, leur avocat avait annoncé qu’ils seraient poursuivis. Le journal Vzglyad (un quotidien d’affaire) a fait de cette nouvelle sa première page en disant : ‘‘La condamnation des dirigeants de cette organisations sera utilisée pour la liquider. Sans aucun doute, les autorités estiment que cette organisation est une force réelle et massive pour la contestation et qu’elles ne peuvent que l’attaquer en la brisant.’’

    Ces deux marxistes sont poursuivis suite à une campagne menée contre l’expulsion de personnes incapables de rembourser leurs hypothèques. Lorsque les banques étaient en difficulté, elles ont été sauvées par le gouvernement. Mais quand la population a des problèmes, elle n’a qu’à se débrouiller. Le désespoir en a conduit beaucoup au suicide, mais d’autres ont choisi la voie de la résistance collective. Le Mouvement Socialiste du Kazakhstan a joué un rôle dans cette résistance et ses dirigeants sont maintenant accusés d’avoir poussé les gens au suicide ! Ils sont également accusés de ‘‘despotisme’’, des inculpations qui sont en général utilisées contre des bureaucrates qui sont allés trop loin quand ils se permettent eux-mêmes des privilèges. Tous deux risquent un emprisonnement de deux ans.

    En 2010, le Kazakhstan était encore président de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE). Le pays est considéré, notamment par le gouvernement Belge, comme un régime normal. Le 7 octobre, c’est sans problème qu’a été organisé un match de football entre la Belgique et le Kazakhstan. Pour l’élite, le fait que ce dernier pays connait un régime dictatorial avec une répression arbitraire et brutale contre les dirigeants de l’opposition vaut moins que les très lucratifs contrats commerciaux.

    Tant que leur procès est en cours, Ainur Kurmanov et Esenbek Ukteshbayev ne peuvent quitter la ville d’Almaty. Ainsi, le gouvernement espère éviter qu’ils ne témoignent début octobre devant une conférence de l’OSCE à Varsovie consacrée à la ‘‘dimension des droits humains’’.

    La situation au Kazakhstan est de plus en plus tendue. Les hausses de prix rendent la vie insupportable. Les voix s’élèvent pour un niveau de vie décent et pour le droit de mener des actions collectives deviennent de plus en plus fortes. Tout comme au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, cela peut conduire à des explosions révolutionnaires. La présence d’une force socialiste organisée avec des dirigeants reconnus et un programme combatif de changement révolutionnaire de la société peut faire la différence au Kazakhstan. Le mouvement des travailleurs est en train de croître et commence à perdre sa peur face à l’élite politique et économique.

    Le régime se prépare déjà à attaquer avant que la colère ne se transforme en une résistance révolutionnaire. L’enjeu est énorme pour les marxistes. Si le régime réussit à briser le mouvement des travailleurs et le Mouvement Socialiste du Kazakhstan, la population du pays vivra une période extrêmement sombre et difficile. Mais nous pouvons aider à éviter cela grâce à la solidarité internationale. Le PSL prend ses responsabilités dans ce cadre, et nous organisons plusieurs activités les semaines prochaines afin de soutenir le mouvement ouvrier et les révolutionnaires au Kazakhstan.

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