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Tag: Mouvement de Gauche
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Aperçu du Meeting à Bruxelles :“Les suites de l’appel de la FGTB de Charleroi afin de construire un rassemblement de gauche en Belgique !”
La salle était comble ce 18 juin, une centaine de personnes étaient présentes pour participer à ce débat organisé dans le cadre des ‘‘Mardis politiques’’ du Garcia Lorca par ‘‘Alternatives à Bruxelles’’ (un collectif de sections de partis de gauche étrangers en Belgique : Izquierda Unida (Espagne), Rifondazione Comunista (Italie), Die Linke (Allemagne) et le Parti Socialiste Unifié (Maroc)), et par la fondation Joseph Jacquemotte.
Par Boris Malarme
Daniel Piron, secrétaire régional de la FGTB de Charleroi et Sud-Hainaut et Lahoucine Tazribine secrétaire permanent CNE-GNC dans le secteur privé, ont ouvert le débat, suivis par des orateurs de la gauche politique, Saïd Cherrid pour le Mouvement de Gauche, Anja Deschoemacker pour le PSL et Stephen Bouquin pour Rood! Voici un aperçu – non-exhaustif – de cette rencontre.
Daniel Piron a expliqué la démarche de l’appel de la FGTB de Charleroi. Pour celle-ci, il fallait faire quelque chose et ne pas se contenter de gérer les restructurations et les plans d’austérité. Après la grève générale du 30 janvier 2012, de nombreux militants sont montés à la tribune pour s’opposer au lien existant entre la FGTB et un PS qui “trahit” les travailleurs en appliquant l’austérité. Après débat dans le syndicat, cela a conduit à l’appel du 1er mai 2012 appelant à un rassemblement politique anticapitaliste à la gauche du PS et d’Ecolo. Après les élections communales, la régionale de la FGTB s’est réunie avec 8 formations politiques invitées et avec la CNE, la centrale des employés de la CSC, pour créer un espace de discussion entre organisations.
Le 27 avril de cette année, une journée de discussion sur ce thème avait rassemblé environ 400 personnes. Daniel Piron a expliqué que deux conclusions ressortaient de l’événement : une demande ‘‘d’exister avant les élections de 2014’’ et une demande d’étendre l’initiative parmi les travailleurs d’une part, à toutes les régions du pays d’autre part. C’est pourquoi la FGTB de Charleroi prépare une ‘‘plaquette’’ explicative qui sera distribuée en masse dans les entreprises à Charleroi et ailleurs.
Pour Lahoucine Tazribine, il faut premièrement défendre des alternatives aux restructurations, comme la réduction collective du temps de travail. Ensuite, aucun élu des partis traditionnels n’a répondu à l’opposition des syndicats au traité européen d’austérité (le TSCG), la CNE compte bien le rappeler aux prochaines élections. Un autre élément est la percée du PTB, qui a notamment maintenant deux conseillers communaux à Bruxelles, ce qui reste insuffisant. C’est pourquoi il faut soutenir l’appel de la FGTB de Charleroi pour la construction d’un relais politique large pour les luttes des travailleurs. Il a poursuivit en expliquant que le combat de la gauche est celui de l’Egalité, et qu’il faut développer l’unité des travailleurs au-delà des frontières linguistiques et construire un front commun. Il a encore rappelé l’attachement de la CNE à l’indépendance syndicale, ce qui signifie de ne pas avoir de partenaire privilégié et de rester un contre-pouvoir. Il a conclu en expliquant que Bruxelles-Hal-Vilvorde représente la moitié des 160.000 affiliés de la CNE, la centrale s’impliquera donc activement à Bruxelles pour construire autour de l’Appel de Charleroi.
Anja Deschoemacker, a développé que l’Appel de Charleroi est un fait historique en tant qu’expression du gouffre existant entre la basse syndicale et la social-démocratie. Quelle que soit la composition du prochain gouvernement, l’austérité sera approfondie et ce fossé est destiné à croître. Des figures telles que Hollande ou Di Rupo n’ont pas de solution face à la crise, aucun espace n’existe pour un programme néo-keynésien ou néo-réformiste. Appliquer un plan radical d’investissements publics pour répondre aux innombrables nécessités sociales (en termes de logement, d’enseignement, d’emploi, de soins de santé,…) exige de nationaliser les banques ainsi que les secteurs-clés de l’économie.
Après ces éléments de programme, Anja a également développé la proposition du PSL de combiner la campagne autour de la ‘‘plaquette’’ avec un deuxième meeting à Charleroi en octobre après une campagne dans les entreprises de tout le pays afin d’en faire un succès plus massif. Même si ce sont les luttes des travailleurs qui peuvent changer la société, obtenir des élus de gauche en 2014 peut constituer une aide précieuse pour donner plus d’impact aux idées de gauche, développer la conscience de classe et représenter un porte-voix pour les luttes. Comme le PTB est actuellement dans la meilleure position électorale, le PSL a proposé à l’ensemble des formations de gauche de se présenter ensemble aux élections de 2014, sous la forme de listes ‘‘PTB-Unité’’ ou quelque chose de similaire, avec une composition de liste qui soit motivante pour toutes les formations, avec une bonne coordination et la liberté de chaque composante de diffuser son matériel politique propre et d’expliquer les raisons de sa participation à de telles listes.
Ensuite ont suivi les orateurs du Mouvement de Gauche et de Rood!, avant que de nombreuses personnes interviennent de la salle pour exprimer leur soutien à l’Appel de Charleroi et leur volonté de s’engager à l’élargir. Parmi ceux-ci se trouvaient des militants et délégués du Setca et de la LBC à Bruxelles, ou encore des camarades de la gauche européenne comme Maïté Mola (Izquerdia Unida, vice-présidente du PGE, le Parti de la Gauche Européenne) et Giorgos Karatsioubanis (président de Syriza-Belgique). Le seul regret exprimé par la salle était le fait le PTB ait décliné l’invitation de participer au débat.
L’organisation d’un prochain débat à Bruxelles plus orienté vers des syndicalistes a été proposée par les orateurs syndicaux en guise de piste de conclusion, ainsi qu’un appel aux organisations à faire réussir l’initiative, face aux risques qu’ont pris la FGTB de Charleroi Sud-Hainaut et la CNE.
Le PSL a envoyé le 24 mai dernier une lettre ouverte pour l’unité de la gauche. Ce texte est disponible ici.
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[PHOTOS] "Construisons ensemble une alternative de gauche à la crise capitaliste"
Dans l’un des témoignages de militants qui a ouvert la journée, un camarade de la CNE-Non Marchand a dit aux près de 400 participants : ”ici, ce n’est pas la gauche de la gauche, c’est juste la gauche de la droite!" Les applaudissements qui ont fait suite à cette déclaration et l’enthousiasme visible jusqu’à la fin ont confirmé l’accord général : il nous faut construire un relais politique contre les partis de l’austérité – PS et Ecolo inclus – avec et autour de la base syndicale.
Par Nico
- Appel : Construisons ensemble une alternative de gauche à la crise capitaliste
- Pourquoi le PSL soutient l’appel : ‘‘Construisons ensemble une alternative de gauche à la crise capitaliste’’
- [DOSSIER] Pour un relais politique des luttes des travailleurs!
Une petite foule de militants s’était donc donné rendez-vous pour participer à cette première journée faisant suite à l’appel lancé le premier mai 2012 par la régionale de la FGTB de Charleroi, rejoint ensuite par la centrale des employés de la CSC, la CNE. Tous ces gens – membres de la FGTB, de la CNE, mais aussi du Parti du Travail de Belgique, du Parti Communiste, du Parti Socialiste de Lutte, de la Ligue Communiste Révolutionnaire, du Mouvement de Gauche,… – auront maintenant l’occasion de rendre cet appel plus puissant encore à l’occasion de ce premier mai 2013. Ce jour-là, l’important pas en avant réalisé par ce meeting et ce que cela représente devront constituer LE sujet de discussion parmi le monde du travail.
La journée était organisée en trois temps : après une introduction de Daniel Piron (Secrétaire Régional FGTB Charleroi & Sud-Hainaut) et d’Isabelle Vanschoor ‘Secrétaire principale CNE-Hainaut), trois témoignages de militants de la base se sont suivis, de la part d’un délégué du Non marchand de la CNE, d’une militante des Travailleurs sans emploi (TSE) de la FGTB et enfin d’un délégué cheminot de la CGSP. Ensuite, l’ensemble des participants s’est réparti en 5 ateliers, où chacun a pu prendre la parole au sujet de deux questions : quels sont les terrains que les partis traditionnels ont déserté et qu’il faudrait réinvestir, et quelles suites donner à cette première journée ? Enfin, revenus en séance plénière, l’assemblée a pu écouter le rapport général des ateliers de la part d’Isabelle Vanschoor et de Daniel Piron. Concernant la première question, la réponse fut assez simple : les partis traditionnels ont déserté tous les terrains pour embrasser la logique de gestion du capitalisme et de la course aux profits. Le PS a eu beau jouer au militant de gauche lors de son "Congrès" dimanche dernier, personne n’entretient d’illusions sur son rôle véritable. Quant à la seconde question, beaucoup de choses doivent encore être concrétisées, mais la nécessité d’adopter un programme radical et "d’exister dans le débat des élections de 2014" sont ressortis. La volonté d’aller de l’avant et d’assurer que cette journée ne reste pas un événement isolé, mais soit au contraire une étape dans un processus à poursuivre et amplifier, était dans tous les cas très fortement présente.
A l’entrée, toutes les organisations politiques disposaient d’un stand, lieu qui fut littéralement assailli par les nombreux participants désireux de savoir comment et avec quelle énergie les différents partis envisageaient de soutenir cette initiative. Là, tout comme au bar ou lors des ateliers, les discussions ont été franches et fraternelles.
Terminons ici de la même façon que notre tract distribué hier : "Les discussions ne font évidemment que commencer. Les diverses organisations syndicales, politiques ou associatives mèneront des débats et des réflexions à des rythmes différents, mais espérons toutefois que cela ne dure pas une éternité. Cette déclaration et ce meeting ne peuvent pas rester sans lendemain. Continuons dès demain à poursuivre la discussion dans les entreprises et lors des manifestations du premier mai. Fixons-nous une nouvelle rencontre, plus large, plus publique, encore plus explicite à l’automne. Continuons la mobilisation et l’implication de la base, car c’est là que l’urgence de cette alternative sera de plus en plus ressentie."
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[DOSSIER] Pour un relais politique des luttes des travailleurs!
27 avril. Meeting à Charleroi pour une alternative à la gauche du PS et d’Ecolo
“Construisons ensemble une alternative de gauche à la crise capitaliste.” Voilà le thème d’un important meeting à Charleroi ce 27 avril, à la suite du discours osé que fit Daniel Piron, secrétaire général de la FGTB Charleroi Sud-Hainaut, le premier mai dernier. Durant ce discours, il constatait que le PS et Ecolo ne représentent plus les intérêts de la population et lançait un appel à ‘‘un rassemblement à gauche du PS et d’Ecolo afin de redonner espoir et dignité au monde du travail.’’ Le meeting de Charleroi est une initiative commune de la FGTB Charleroi Sud-Hainaut, de la CNE Hainaut et de plus ou moins tous les partis et groupes conséquemment de gauche.
Par Eric Byl
Meeting pour une alternative à la gauche du PS et d’ECOLO Samedi 27 avril de 13h30 à 17h30 à la Géode, rue de l’Ancre – 6000 CHARLEROI (en voiture : sortie ‘expo’ sur le ring de Charleroi, en train, descendre à ‘Charleroi-Sud’) Plus d’infos
Le discours de Daniel Piron n’était pas le fruit d’une irritation personnelle irréfléchie mais au contraire le résultat d’une réflexion parvenue à maturité avec toutes les centrales de la régionale, sur base de discussions avec les militants. Parmi ces derniers, l’appel fut d’ailleurs bien reçu. Mais il a donné des frissons aux appareils du PS et d’Ecolo et probablement aussi à certaines parties des syndicats. Les medias, lesquels ignorent normalement de telles déclarations, ont bien été forcés de la commenter. Après tout, Piron représente une régionale de la FGTB forte de 110.000 membres et d’une grande tradition syndicale. Dans les milieux de droite et patronaux, où le dédain s’est mêlé à l’espoir qu’il ne s’agisse que d’un phénomène passager, il serait surprenant qu’aucun œil attentif n’ait été rivé sur l’initiative.
Les secrétaires de cette régionale de la FGTB auraient pu choisir une voie plus facile. Comme tellement d’autres, ils auraient pu hausser les épaules et attendre que quelqu’un d’autre ose faire le pas. Il y a toujours une raison pour dire qu’il est soit trop tôt, soit trop tard, ou encore que les gens ne sont pas encore prêts, que les autres régionales ne suivent pas, que ce sont les politiques qui doivent prendre l’initiative, etc. Au lieu de cela, ils ont agi selon les habitudes de leurs meilleurs militants. Passer à l’action, cela comporte toujours un risque. Le patron cherche-t-il la provocation ? La base suivra-t-elle ? Les autres syndicats seront-ils de la partie ? Ne court-on pas le risque de s’exposer et d’être vulnérable aux représailles? Ces considérations sont légitimes et ne doivent pas être traitées à la légère. Mais celui qui n’entreprend jamais rien a perdu d’avance.
S’ensuivit alors une période de plusieurs mois durant laquelle le terrain a été tâté, notamment en donnant des interviews et en participant à des débats. Finalement, à partir du mois de janvier, une réunion a rassemblé les représentants des partis réellement de gauche afin d’évaluer leurs réactions et de considérer leurs propositions. Dès le début, les secrétaires ont été clairs : ils ne voulaient rien précipiter, ils ne désiraient pas une répétition de Gauche Unie (3) ou mettre pression sur qui que ce soit, mais ils espéraient obtenir un consensus. D’un autre côté, ils indiquèrent bien l’urgence du projet. Jouer gros jeu, ça, ils l’avaient déjà fait le premier mai 2012. Le prochain pas devait être posé en tenant compte des difficultés et des sensibilités diverses, tout en répondant à l’urgence.
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PSL et PTB+
Le PSL ne veut pas diminuer les mérites du PTB. Aux dernières élections communales, ce parti a obtenu 53 élus. Ce résultat a été préparé avec un engagement militant maintenu des années durant, une implantation importante dans les quartiers et les entreprises et une stratégie médiatique intelligente. Le PTB est la composante de la gauche conséquente la plus visible. Mais un facteur important dans la croissance du PTB, au niveau de ses membres et de son électorat, est constitué par le changement de cap de 2008, vers plus d’ouverture. C’est pour cela que le PTB a pu toucher une fraction du public pour une formation de gauche conséquente.
De nombreux nouveaux membres et encore plus de nouveaux électeurs du PTB ont notamment déterminé leur choix grâce à ces signes visibles de plus d’ouverture, non pas pour en finir avec, mais justement pour encourager ce développement et l’approfondir. A côté du PTB, il existe de nombreux militants organisés et non-organisés qui disposent aussi d’une implantation importante. Le pas logique suivant est donc de les impliquer et d’utiliser leur potentiel de manière maximale. Le PSL comprend bien la prudence du PTB, sa peur de rentrer dans une aventure et sa volonté absolue de ne pas risquer son nom, mais laisser ce potentiel de côté pourrait bien avoir un effet contraire. Le PSL a déjà précédemment suggéré au PTB et aux autres partis et groupes de la gauche conséquente d’élaborer ensemble un projet pilote. Nous restons prêts à réfléchir ensemble à ce sujet.
C’est ainsi que nous en sommes finalement arrivés à ce meeting, où la question d’un relai politique sera présentée sans autres détours à plusieurs centaines de militants. Des militants d’autres syndicats et d’autres centrales et régionales qui ont peut-être encore des doutes pourront venir sentir l’atmosphère avant de risquer le plongeon. Les partis et groupes véritablement de gauche pourront non seulement y échanger leurs opinions mais avant tout venir évaluer comment la base syndicale réagit. Finalement, et c’est le pourquoi de cette date du 27 avril, la base peut être posée afin que cette question cruciale soit clairement présente parmi les militants lors des innombrables activités du premier mai.
Le mouvement ouvrier belge a fortement souffert des innombrables mécanismes de ‘diviser pour régner’ que la bourgeoisie a intégrés dans notre système, surtout sur base linguistique et religieuse. Heureusement, chez les secrétaires de la régionale, aucune illusion régionaliste n’était perceptible. Les militants flamands sont plus que bienvenus, non pas en tant que spectateurs mais comme des alliés indispensables. Si l’initiative arrive à s’étendre d’avantage, ce sera une donnée à prendre en considération. De surcroit, le syndicat chrétien des employés (la CNE) prendra place à la tribune à côté de la FGTB Charleroi Sud-Hainaut. Les déclarations de son secrétaire général Félipe van Keirsbilck connaissent un soutien considérable parmi sa base, bien que la CNE (170.000 membres) reconnaisse que la discussion n’est pas encore à un stade aussi avancé parmi ses membres qu’au sein de la régionale FGTB.
Cela explique pourquoi une mobilisation interne de quelques centaines de militants a été décidée au lieu d’une large mobilisation publique avec d’innombrables tracts dans les entreprises et en rue. Espérons que cela soit pour une autre fois. Bien entendu, les opposants à cet appel vont exagérer ses faiblesses. Sous le titre ‘‘Menaces à gauche pour le PS et Ecolo’’, l’hebdomadaire Le Vif signala que ‘‘Piron et les siens sont confrontés à un problème d’envergure: leur isolement dans le syndicat socialiste.’’ Subtilement, on remarque que la CNE exclu de faire un appel direct pour une liste en 2014. Félipe van Keirsbilck est cité : ‘‘Nos règlements nous interdisent d’avoir des amis politiques’’. Mais van Keirsbilck ajoute tout de même que les élus qui prochainement vont signer le pacte budgétaire européen ‘‘n’auront pas notre confiance en 2014. Dans l’isoloir, cela va déjà éliminer pas mal de candidats.’’
L’appel de Piron n’est pas le premier du genre. L’attitude loyale de la social-démocratie et des verts face à la casse sociale ne date pas d’hier. La résistance contre le Plan Global en 1993 avait déjà conduit à Gauches Unies. En 1994, à Anvers, le Mouvement pour le Renouveau Social est né. Pour les élections européennes de 1999, Roberto D’Orazio (de la lutte de Clabecq) avait rassemblé la gauche radicale sur une liste européenne sous le nom de ‘Debout!’. Mais tout cela est arrivé après la chute du Mur de Berlin et du stalinisme, qu’on présentait alors erronément comme étant du ‘‘socialisme’’, et dans une période de croissance économique dans les pays occidentaux. L’illusion selon laquelle le capitalisme allait en fin de compte assurer la prospérité de tous existait encore. Nous savons ce qu’il en est aujourd’hui.
Depuis, le PSL a participé à presque chaque tentative de parvenir à un nouveau rassemblement de gauche large, inclusif et pluraliste. Les plus récents ? Le Comité pour une Autre Politique (CAP, né après la lutte contre le Pacte des Générations), Rood avec l’ancien candidat-président du SP.a Erik De Bruyn, le Front de Gauche à Charleroi et La Louvière, le Front des Gauches puis Gauches Communes à Bruxelles, ainsi que VEGA à Liège. Était-ce une faute ? Nous ne le pensons pas, nous avons appris énormément de ces expériences et nous n’avons jamais arrêté la construction du PSL en parallèle.
Mais une idée a beau être correcte, il faut des événements concrets pour qu’elle soit reprise par des couches plus larges de la société. La conscience a de toute façon un retard sur les conditions matérielles pour alors, sur base d’événements concrets, les rattraper par bonds. Pensons aux révolutions au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Nous pensons que ce n’est pas une coïncidence quelques années après le début de la plus grande crise du capitalisme depuis les années ’30 une régionale importante de la FGTB et une centrale importante de la CSC mettent si explicitement la nécessité d’une nouvelle formation de gauche à l’agenda.
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Qu’un long chemin soit encore devant nous, personne ne le nie, et certainement pas ceux qui ont pris l’initiative. La question d’une liste commune en 2014 n’est d’ailleurs pas à l’ordre du jour. Mais il y a bien une raison qui explique pourquoi Le Vif s’est senti obligé d’écrire à ce sujet et pourquoi les autres medias ne peuvent eux non plus pas tout simplement ignorer l’initiative: qu’une régionale entière de la FGTB et qu’une centrale de la CSC qui réunissent ensemble 280.000 membres s’expriment explicitement pour une alternative de gauche, c’est une première absolue. Ça ne va pas disparaitre comme ça, c’est une expression de l’écart croissant entre la base syndicale et leurs partenaires politiques traditionnels, un écart qui ne va que s’agrandir dans les mois et années à venir.
Quatre questions auxquelles répondre :
Qu’arrivera-t-il si aucune alternative large de gauche n’est lancée ?
Dans son discours du premier mai 2012, Daniel Piron remarquait que la formule magique ‘‘ce serait pire sans nous’’ fait offense à l’intelligence des syndicalistes. Il citait Jean-Claude Van Cauwenberghe (PS) qui, durant le conflit Splintex, qualifiait les grévistes de ‘‘tache noire sur la carte de la Wallonie.’’ Longtemps, le PS a su se dissimuler derrière une ‘‘Flandre de droite’’ et se profiler comme opposition au sein du gouvernement. C’est bel et bien fini. En tant que Premier Ministre, Di Rupo a introduit le plan d’austérité le plus dur jamais mis en œuvre en Belgique. Est-ce la fin du ‘‘moindre mal’’ ? Bien des travailleurs continueront de voter PS avec une pince à linge sur le nez faute d’une alternative suffisamment développée. Nous ne devons pas chercher bien loin pour nous faire une idée du scenario auquel la Wallonie et Bruxelles peuvent s’attendre si aucune alternative large de gauche n’arrive. Bien plus rapidement que son parti-frère francophone, le SPa flamand s’est défait de son passé “socialiste” et de sa base traditionnelle. De ses maisons du peuple, de sa riche vie associative, de ses meetings fortement fréquentés et de ses cellules jeunes critiques, il ne reste presque plus rien. Durant les conflits sociaux, les travailleurs aperçoivent généralement le SPa de l’autre côté des barricades.
Cependant, à chaque élection, l’appareil de l’ABVV (l’aile flamande de la FGTB) envoie ses militants voter pour ce parti. La Ministre de l’Emploi SPa Monica De Coninck a remercié l’ABVV en ces termes : ‘‘Aussitôt qu’on négocie un accord interprofessionnel, il y a toujours quelque chose qu’ils ne peuvent accepter.’’ (4) Bruno Tobback, Président du SPa, a déclaré que : ‘‘L’ABVV n’a aucune culture pour expliquer les choses difficiles. Vous ne pouvez pas demander le maintien de l’Index et en même temps vous attendre à ce qu’il reste une marge pour une augmentation des salaires.’’ (5) ‘‘Avec les autres, ce serait pire’’, c’est un argument usé jusqu’à la corde.
Faute d’une alternative sérieuse, les militants regardent de plus en plus vers l’opposition la plus visible, même si celle-ci est populiste et économiquement de droite comme l’est la N-VA. En 2010, seuls 32% des membres de l’ABVV ont voté pour le SPa contre 22% pour la N-VA et 19% pour le Vlaams Belang! Pour l’ACV (l’aile flamande de la CSC), ce n’est pas mieux: 27% ont voté CD&V, 31% N-VA et 13,5% Vlaams Belang. (6)
Un parti syndical ?
Le professeur Jan Blommaert (université de Gand) écrivait en mars : ‘‘Pourquoi pas un parti syndical ?’’ (7) ‘‘Un parti de la Solidarité, de l’Action Sociale, ferait battre bien des cœurs, y compris dans l’isoloir… Il mettrait les thèmes socioéconomiques à l’agenda, pas dans la marge des débats mais bien au centre. (…) L’idée d’un parti syndical provient des milieux syndicaux eux-mêmes. (…) Plus j’y pense, plus logique et plus important cela me parait. Si les syndicats prennent leur rôle historique au sérieux, tout comme leurs origines, alors ils doivent poser ce pas en avant maintenant. Dans une crise aussi profonde et avec de telles répercussions, ils ne peuvent éviter la question du pouvoir.’’
Pour lui, il va de soi que l’initiative parte des syndicats. La place nous a manqué pour publier ici l’intégralité de l’appel pour le 27 avril (voir Construisons ensemble une alternative de gauche à la crise capitaliste) Ce texte répète le constat du 1er mai 2012 en confirmant son actualité et en affirmant également : ‘‘Il nous faut mettre ce système capitaliste aux oubliettes de l’histoire. Ce système ne peut être réformé. Il doit disparaître. Mais se contenter de l’affirmer du haut de cette tribune ne suffit pas. Faut-il encore nous en donner les moyens et le relais politique pour concrétiser notre objectif.’’ S’il faut compter sur le sommet syndical pour ça, alors nous avons encore un long calvaire devant nous.
Anticapitaliste ?
Le PSL est d’accord avec l’appel. Nous défendons une économie basée sur la solidarité et non sur la concurrence. Cela exige la nationalisation des secteurs clés de l’économie, du secteur financier, du transport, de l’énergie ainsi que l’enseignement et les soins de santé. Mais aussi des entreprises menacées de fermeture ou de restructuration comme Ford, ArcellorMittal, Caterpillar, MLMK, etc. Non pas avec des chefs d’entreprise comme Didier Bellens ou Johnny Thys, mais sous le contrôle des travailleurs et de la collectivité. Il sera alors possible de planifier l’économie de manière véritablement démocratique en fonction de nos besoins et non plus des profits d’une poignée de capitalistes dont les fortunes disparaissent sous les tropiques.
Nous défendrons également notre programme dans un relai politique qui reste à concrétiser. Mais si, temporairement, nous ne pouvons pas convaincre tout le monde, cela ne nous arrêtera pas pour prendre part à une initiative moins explicitement ‘‘anticapitaliste’’ ou ‘‘socialiste révolutionnaire’’, pourvu qu’une austérité au dépend des travailleurs et des allocataires sociaux ne soit tolérée et que le rétablissement complet de l’index et la revalorisation des allocations fasse partie du programme, pourvu que l’on mette en avant une réduction générale du temps de travail sans perte de salaire pour combattre le chômage, pourvu que la défense des services publics soit dans le programme.
Selon les politiciens actuels, les idées ne se réalisent qu’en prenant part au gouvernement. C’est faux, historiquement et dans les faits. Tous nos grands acquis sociaux ont été le fruit de la construction d’un rapport de force à travers la lutte. Une véritable alternative de gauche ne chercherait pas d’alliés parmi des partenaires de coalition de droite qui l’entrainerait dans une politique d’austérité, mais bien dans les entreprises et dans la rue. Nous devons rompre avec cette politique de coalitions d’austérité et construire au contraire un parti de lutte.
Indépendance syndicale ?
Nous comprenons les militants syndicaux qui défendent l’indépendance syndicale. Aujourd’hui, nos dirigeants syndicaux sont généralement une courroie de transmission pour leurs ‘‘amis politiques’’. Mais ce sont bien des dirigeants syndicaux, surtout ceux de gauche, qui se retrouvent aujourd’hui dans une situation extraordinaire en offrant des facilités (organisationnellement, financièrement et surtout en engageant leurs délégués) pour donner forme à une telle initiative. Pourquoi ne pas s’engager en se mettant eux-mêmes au premier rang ?
Nous ne devons pas être dupes. Durant la formation syndicale de nos nouveaux militants, nous expliquons qu’il y a trois choses qui n’existent pas dans notre société de classe: l’objectivité, la neutralité et l’indépendance. L’indépendance de classe ne compte d’ailleurs pas pour les chefs syndicaux de droite quand il s’agit de faire cause commune avec ceux qui sont au premier rang pour mener la casse sociale. Ne laissons pas notre indépendance syndicale être un obstacle pour mettre sur pied une réelle alternative à la gauche du PS et d’Ecolo. Avec les délégués de gauche, les secrétaires et présidents de gauche dans n’importe quelle centrale ou syndicat ont également à prendre leurs responsabilités.
Pour éviter qu’une véritable alternative de gauche ne prenne le même chemin que les partenaires politiques traditionnels, nous avons avant tout besoin de démocratie, aussi bien au sein de cette alternative de gauche que dans les syndicats eux-mêmes. Cela signifie entre autres qu’un élu doit prendre ses responsabilités et à la rigueur être révoqué et remplacé. Cela signifie aussi que cet élu, tout comme les milliers de délégués et militants dans les entreprises, ne puisse pas gagner d’avantage que la moyenne de ceux qu’il ou elle représente. Comment peut-on après tout représenter des employés si on possède un niveau de vie qui ne ressemble en rien aux conditions dans lesquelles ils vivent et travaillent ?
Notes :
- http://jeunesfgtbcharleroi.wordpress.com/2012/05/03/discours-de-daniel-piron-secretaire-regional-de-la-fgtb-charleroi-1er-mai-2012/
- PTB-PVDA, Rood, Mouvement de Gauche, Front de Gauche Charleroi, Parti Communiste, Parti Humaniste, LCT, LCR-SAP, PSL-LSP
- Voir cadre .
- Humo 19 février 2013
- Het Nieuwblad 21 février 2013
- Sur base d’une étude électorale à la KUL en 2010
- https://jmeblommaert.wordpress.com/2013/03/19/waarom-geen-vakbondspartij/
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Bruxelles : Meeting pour un Front de Gauche en Belgique, une rencontre importante.
A l’appel de ‘‘Gauches Communes’’, un meeting a été organisé entre des représentants de différentes listes unitaire de gauche qui s’étaient présentées aux dernières élections communales. Un peu plus de 70 personnes ont participé à cette rencontre collective. Etaient présents comme orateur : Jean Pierre Michiels pour la liste Front de Gauche à La Louvière, René Andersen pour le Front de Gauche – Charleroi, François Schreuer, élu de la liste Véga à Liège et enfin Anja Deschoemaecker pour Gauches Communes (Bruxelles). L’orateur prévu pour Rood! Anvers n’a malheureusement pas pu venir. A partir de la salle, des représentants du Mouvement de Gauche, de la liste Front de Gauche de Schaerbeek et de la liste Gauche à Etterbeek ont également pris la parole.
Rapport et photos de Nico M. (Bruxelles)
Des diverses prises de parole, nous avons pu constater que la question du vide politique à gauche des partis traditionnels, à gauche du PS et d’Ecolo, était centrale dans la démarche de leur liste unitaire. Chacune des interventions à la tribune a également fait état du très bon bilan concernant la collaboration entre différentes forces de gauche et de la manière dont chacun a géré les relations entre ces différentes forces présentes sur les listes. Les élections communales ont aussi été l’occasion pour les militants de discuter localement des programmes et des idées politiques à défendre. Dans son programme, Gauches Communes avait fait un point central de la nécessité de poursuivre le travail en dehors des élections en soutenant et en participant à toutes les luttes sociales. Gauches Communes, à chacune de ses interventions, a également fait part de sa volonté de discuter et de soutenir toutes les initiatives visant à construire un Front de Gauche en Belgique, ce qui est nécessaire pour remplir le vide politique existant à gauche ainsi que pour renforcer les luttes sociales en leur offrant un prolongement politique.
Au cours de cette dernière période, plusieurs dirigeants syndicaux – de la CNE jusqu’à la FGTB Charleroi – ont pris la parole pour mettre à l’ordre du jour une rupture des liens entre les syndicats et les partis traditionnels. Ces appels ont été accompagnés d’invitations à réfléchir et à prendre des initiatives pour constituer une nouvelle formation politique large à gauche.
C’est dans ce cadre que Gauches Communes avait lancé les invitations pour ce meeting. Pour avancer dans ce débat, nous avons notamment voulu rencontrer les anciens partenaires du Front des Gauches (PC, LCR), les listes unitaires présentes aux élections communales (ce meeting était un premier contact dans ce sens) mais aussi les autres partis et formations de gauche – le PTB, le Mouvement de Gauche – mais aussi les centrales syndicales qui ont récemment lancé ces appels orienté vers la nécessité de construire un Front de Gauche en Belgique.
Ce meeting était une étape, le travail continue. Plusieurs intervenants ont souligné l’importance de la situation que les travailleurs et les jeunes traversent en Belgique avec une austérité généralisée et de plus en plus profonde mais aussi une colère généralisée et la volonté de lutter, une situation dans laquelle une initiative pour un Front de Gauche pourrait intervenir et proposer une alternative unitaire contre l’austérité et pour l’emploi, en tant que premier vers la création d’un nouveau parti pour et par les travailleurs en Belgique.
Anja Deschoemaecker, Gauches Communes (Bruxelles)
René Andersen, Front de Gauche – Charleroi
François Schreuer, Véga (Liège)
Jean Pierre Michiels, Front de Gauche – La Louvière
Julien Degreef, Mouvement de Gauche
<p Séphian Samyn, Gauche (Etterbeek)
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Le parcours d’intégration : un moyen de cohésion ou de division ?
Est-ce le contexte de crise économique qui pousse la droite européenne à épouser les thèses de l’extrême-droite ? Est-ce la proximité des élections communales ? Les libéraux ont créé le buzz ces dernières semaines avec les déclarations de Didier Reynders sur le fait que ‘‘Molenbeek, c’est déjà l’étranger’’ puis en proposant (en urgence s’il vous plaît !) une loi sur un nouveau parcours d’intégration.
Il faut dire qu’ils ont étés bien aidés par les intégristes de sharia4belgium à qui on pourrait décerner la palme de l’idiot utile de la xénophobie. On est habitué depuis longtemps aux accents poujadistes du MR et à ses poussées de fièvres conservatrices ou xénophobes. Afin de convaincre les plus sceptiques, rappelons simplement que certains des parlementaires MR avaient voté contre la loi permettant l’adoption pour les couples homosexuels.
On aimerait être étonné que des partis comme le PS et Ecolo ne remettent pas en question la nécessité du parcours d’intégration mais on est hélas habitué à ce que ces partis emboîtent le pas à la pensée dominante du moment. Si ces partis proposent une version adoucie du parcours d’intégration, aucun ne s’est interrogé sur sa pertinence et sur sa signification. Le parcours d’intégration apparaît pour renforcer et donner raison au préjugé xénophobe ‘‘les étrangers ne s’intègrent pas à la société belge.’’ Première mise au point : les travailleurs immigrés font partie de la société belge. Ils sont cette société au même titre que les travailleurs belges de souche. La surpopulation des écoles d’alphabétisation et d’apprentissage des langues nationales prouve à elle seule la volonté des étrangers primo-arrivants de se donner la possibilité d’évoluer au sein de cette société. Le parcours d’intégration, obligatoire ou non, ne va pas influer sur cet état de fait et sert donc surtout à conforter ceux qui voudraient voir les travailleurs immigrés renoncer à leur culture pour adopter tous les aspects de la culture dominante.
Cet angle d’approche ne doit pourtant pas masquer d’autres raisons, plus profondes, pour lesquelles le MR fait de la question de l’intégration des immigrés son cheval de bataille. Nous vivons des temps de crise économique profonde. Si l’austérité ne frappe pas la Belgique de plein fouet, on a commencé à en voir la tête avec les premières mesures contre les chômeurs. Dans ce contexte de crise, et face à des travailleurs qui pourraient vouloir s’organiser contre des mesures qui vont aller croissantes pour défaire leurs acquis sociaux, les bonnes vieilles recettes du patronat refont surface pour semer la division. Faire croire que les travailleurs belges et immigrés n’ont pas les mêmes intérêts est un de ces tours de passe-passe. Il est important pour le MR, surtout face à un PS fort en Wallonie, de montrer au patronat belge qu’il est le meilleur pour ce job. Le PS, bien sûr, ne voudra pas laisser si facilement filer sa place de premier de la classe, raison pour laquelle il emboîte le pas au MR. Et si Ecolo fait de même, il aura démontré publiquement ce qu’il est devenu : un autre parti du patronat qui n’a pas encore fait son coming out.
Le fait qu’aucun parti traditionnel ne veuille prendre position pour l’unité des travailleurs, contre un parcours d’intégration et pour la création d’une société solidaire et respectueuse de la culture de chacun où le vivre ensemble est le maître mot, montre encore plus clairement l’urgence de se doter d’un parti de classe. Un parti qui défende les intérêts de l’ensemble des travailleurs de façon aussi efficace que l’ensemble des politiciens défendent les intérêts de la bourgeoisie. A ce titre, le soutien de Bernard Wesphael (qui vient de lancer son Mouvement de Gauche) à la demande d’urgence déposée par le MR au Parlement wallon concernant le parcours d’intégration est une très mauvaise indication.
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‘‘Gauches Communes’’ et Rood ! ont lancé leurs campagnes avec le soutien de la gauche européenne
Cet automne, la crise la plus importante depuis la Grande Dépression des années ’30 en sera à sa quatrième année. Le capitalisme, son idéologie, ses institutions et ses représentants politiques font l’objet d’une profonde crise de légitimité. Cela nécessite une alternative issue de la seule force de cette société capable d’aboutir à un véritable changement : la classe ouvrière, soutenue par toutes les couches exploitées de la société.
Par Eric Byl
L’activité militante n’a pas connu de pause, comme le prouvent les nombreuses mobilisations de masse et grèves qui ont eu lieu. Sans traduction politique hélas. Ce n’est que maintenant que nous assistons aux débuts du développement d’une représentation politique des luttes avec le Front de Gauche en France ou Syriza en Grèce. En Belgique aussi, nous avons besoin d’une formation de gauche conséquente, basée sur la coopération, le respect mutuel et l’ouverture. C’est pourquoi les militants du PSL vont participer aux prochaines élections communales dans diverses initiatives unitaires. Ce mois de juin, trois d’entre elles (à Anvers, Gand et Bruxelles) ont lancé leur campagne avec des meetings internationaux. L’auteur de ces lignes était présent à Anvers et Bruxelles.
A Anvers, Erik De Bruyn (de Rood !) a réfuté devant les 85 auditeurs l’idée selon laquelle les élections communales n’ont rien à voir avec la politique nationale. C’est pourquoi Rood ! a commencé sa campagne par une rencontre internationale, parce que l’austérité imposée à l’échelle européenne trouve une traduction à l’échelle nationale, régionale et communale. Il explique pourquoi il n’existe aucun moyen pour les jeunes, ce qu’a également abordé Tine Pauwels, la plus jeune candidate sur la Liste Rood ! à Anvers, ou pour l’enseignement et le logement, ce qu’a aussi abordé l’enseignante Elke Heirman. ‘‘Il y a de l’argent à Anvers’’, a déclaré Jarmo De Regemorter (PSL), ‘‘sous les matelas et sur les comptes bancaires des fraudeurs diamantaires et des patrons de l’industrie portuaire.’’ Peter Veltmans, du SAP (la LCR en Flandre), militant de la CGSP-Finances, a souligné une autre source possible pour les dépenses sociales: un audit sur la dette de la ville et un moratoire sur le remboursement. Frank Baeyens, conseiller de district à Merksem, a fait le tour de la politique appliquée dans son district. Ivo Janssen, qui tirera la liste de Rood! à Anvers, a expliqué que Rood ! veut être le porte-parole de tous ceux qui ne se sentent plus représentés par les politiciens traditionnels.
Anja Deschoemacker a développé ce même point lors du meeting de ‘‘Gauches Communes’’ à Bruxelles, où 150 personnes étaient présentes. La volonté de Johan Vande Lanotte de reporter la publication du budget fédéral au lendemain des élections communales ‘‘n’est pas motivée par la peur que le 1% soit en désaccord’’ a-t-elle souligné, ‘‘mais par la prise de conscience que les 99% les puniraient.’’ Le fait que la politique locale n’est pas déconnectée de la politique nationale, elle-même inséparable de la politique internationale, a été souligné par de nombreux orateurs. Bernard Wesphael (du Mouvement de Gauche) a averti de la catastrophe que représentera l’application du nouveau traité fiscal européen et a appelé à un front uni sur cette question. Paul Murphy, le seul eurodéputé européen irlandais à avoir voté contre ce traité d’austérité lors du référendum irlandais, a précisé la saignée massive que cela représenterait pour la population. L’économie européenne va s’effondrer en plein dans la récession. Il a réfuté le mensonge selon lequel ce traité allait aider à sauver l’Irlande. La seule chose qui sera aidée, a-t-il dit, c’est la montée du chômage et de l’émigration. Paul venait tout juste de rentrer de Grèce ‘‘la ligne de front de la guerre de classe.’’ L’importance de ce combat pour tous les travailleurs, les étudiants, les allocataires sociaux ou les malades nous a été expliquée par Panayota Maniou, collaboratrice de Nikos Chountis, député européen de Syriza. Elle a parlé d’une véritable catastrophe humanitaire. Syriza sera présent à la fois au Parlement et dans la rue en opposition à la politique d’austérité, a-t-elle affirmé. Charlotte Balavoine (Front de Gauche) a donné une idée des points centraux autour desquels le FdG tente d’organiser la résistance : la redistribution des richesses par la nationalisation des banques et le financement massif d’un secteur public au service du peuple, la démocratisation des diverses institutions qui sont devenues exclusivement des outils pour les riches et enfin la révision de la construction européenne, notamment par l’abrogation des traités de Lisbonne et de Maastricht.
Réaliser un tel programme à Liverpool, dans les années ’80, a exigé des politiciens défendant les intérêts des travailleurs et de leurs familles avec autant d’acharnement que celui qu’ont les politiciens au service des banquiers et des spéculateurs, a déclaré Tony Mulhearn. Il fut cette année candidat à la mairie de Liverpool sur une liste de coalition de militants syndicaux et marxistes. Selon lui, un parti de masse des travailleurs et des opprimés constamment opposé à l’austérité peut très certainement l’emporter à l’avenir. L’ère des partis monolithiques est derrière nous. Tant Jose Menendez (Izquierda Unida, Espagne) que Stephen Bouquin (de Rood !) ont insisté sur le fait que la gauche doit se rassembler dans une atmosphère d’ouverture et de respect mutuel. Le fait que le parti communiste grec ait perdu la moitié de ses voix en pleine crise du capitalisme et au moment où Syriza a quintuplé son soutien électoral est riche d’enseignements, y compris pour la gauche en Belgique.
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Lancement tonitruant de ‘‘Gauches Communes’’, avec le soutien de la gauche européenne
‘‘Gauches Communes’’ – un collectif de progressistes, de syndicalistes et de militants qui déposera des listes aux élections communales à Bruxelles – n’a pas raté le lancement de sa campagne. La Garcia Lorca, en plein centre de Bruxelles, n’avait plus vu autant de monde depuis un bon moment : plus de 150 personnes. Même le meeting international du Front des Gauches lors de la campagne électorale de 2010 n’avait pas fait mieux, alors qu’il s’agissait pourtant du meeting principal d’une campagne nationale. Comme le lecteur peut le voir sur les photos, ce n’était pas seulement la salle qui était pleine à craquer, mais également le hall d’entrée, converti en annexe de salle de conférence.
Rapport par Eric, photos par Els
- Communiqué de presse des listes unitaires ‘Gauches Communes’ – Reprenons nos Communes – Sortir de la crise, tous ensemble, on le peut !
- Nous avons besoin d’un relais politique !
- Elections communales 2012 : A chaque niveau de pouvoir, organisons la résistance contre l’austérité !
José Menendez, coordinateur d’Izquierda Unida (Gauche Unie, Espagne) en Belgique, a fait allusion au fait que les "Mardis politiques" passeraient dorénavant au mercredi après ce meeting. Chaque semaine, un collectif international de sections de partis de gauche (Izquierda Unida (Espagne), Rifondazione Comunista (Italie), Die Linke (Allemagne) et le Parti Socialiste Unifié (Maroc)) organisent des débats politiques au centre culturel Garcia Lorca sous le nom de ‘‘Alternative à Bruxelles’’. Avec quel objectif ? Promouvoir la collaboration entre les diverses organisations progressistes, dans une atmosphère d’ouverture et de respect. C’est exactement ce à quoi vise ‘‘Gauches Communes’’, initiative soutenue par le Parti Humaniste, le Comité pour une Autre Politique et le Parti Socialiste de Lutte.
Au vu des réactions des participants au meeting, cette approche rencontrait leurs attentes. Parmi la salle se trouvaient des habitants de Saint-Gilles dont la curiosité avait été piquée par la personnalité d’Anja Deschoemacker (tête de liste de ‘‘Gauches Communes’’ à Saint Gilles pour les communales). Les diverses organisations participantes avaient aussi bien entendu battu le rappel de leurs partisans, et l’affiche impressionnante a grandement contribué à elle seule à la réussite de la mobilisation. Mais si Charlotte Balavoine, qui fut candidate du Front de Gauche pour la circonscription du Benelux aux dernières élections législatives françaises, était présente à cette réunion, c’était en raison de la nature ouverte et collective de l’approche de Gauches Communes. C’est pour la même raison que Panayota Maniou, assistante du député européen de Syriza Nikos Chountis, était présente. Panayota a immédiatement annoncé qu’elle voterait pour Anja au mois d’octobre.
Un rapport complet de cette réunion et de deux autres réunions similaires organisées par Rood à Anvers et Gand suivra cette semaine. Ce rapport abordera les contributions des divers intervenants mentionnés ci-dessus aiinsi que celles des autres orateurs ; l’eurodéputé irlandais Paul Murphy, l’ancien candidat pour la mairie de Liverpool Tony Mulhearn, Stephen Bouquin de Rood ! et Bernard Westphael du Mouvement de Gauche.