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  • Tandis que coût de la vie s’envole, les patrons chargent l’index

    Ces derniers mois, les patrons, les partis traditionnels et les médias dominants n’ont pas tari d’idées pour ‘‘réformer’’ le mécanisme de l’index, le mécanisme d’adaptation automatique des salaires à la hausse des prix. Ces diverses propositions ont pour objectif de créer un climat défavorable aux travailleurs dans le cadre des négociations entre syndicats et patrons portant, entre autres, sur nos salaires pour les deux prochaines années. Avec l’indexation et l’adaptation partielle des salaires aux prix, les travailleurs peuvent encore sauvegarder une partie de leur niveau de vie. Mais pour les grandes entreprises, cette protection est de trop dans une situation d’insécurité économique et de crise de l’euro.

    Par Peter Delsing

    Les propositions patronales visent à vider l’index de sa substance, alors que cet outil pour les travailleurs est déjà considérablement affaibli. Syndicats, le journal de la FGTB, a calculé que le prix des produits compris dans le panier qui sert à calculer l’index a augmenté de 15,66% entre 2005 et 2010. Cela ne tient pas compte de l’augmentation des prix de l’essence qui, depuis l’introduction de l’index-santé, n’est plus compris dans l’index, au contraire du gaz et de l’électricité. Et heureusement ! Mais l’essence, c’est quand même important pour les ménages belges : depuis début septembre, les prix battent les records. Certains à droite veulent aller plus loin et retirer tous les prix de l’énergie, donc également le gaz et l’électricité.

    Hausse des prix, instabilité, crise et nature chaotique du système

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    500 millions de livres de profits grâce à la spéculation alimentaire

    Ces deux dernières années, la banque britannique Barclays a réalisé un profit de 500 millions de livres (626 millions d’euros) grâce à la spéculation sur l’alimentation. Goldman Sachs, Morgan Stanley et Barclays forment le trio de tête de la spéculation alimentaire. Alors que, chez les gens normaux, on apprend aux enfants en bas âge à ne pas jouer avec la nourriture, les choses sont différentes pour les grands banquiers. Eux, ils jouent avec des stocks astronomiques de nourriture, poussent les prix vers le haut et réalisent de gigantesque profits en condamnant des millions de personnes à la faim.

    Les grandes banques parient sur les prix alimentaires et font de la nourriture un produit financier. La faim et la pauvreté deviennent ainsi des ‘opportunités d’affaires’. Un système peut-il être plus cynique que ça ? En 2010, Barclays a réalisé un profit de 340 millions d’euros grâce à la spéculation alimentaire, contre ‘seulement’ 189 millions en 2011, une diminution expliquée par la diminution du prix du maïs et du soja. Les prix élevés de 2010 étaient de très bonnes affaires. Depuis 2000, les institutions financières ont misé plus de 200 milliards de dollars sur le marché des “ressources agricoles”.

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    Les hausses des prix se font sentir sur plusieurs domaines. En 2011, en Belgique, l’inflation était de 3,49%, et elle sera probablement autour des 3% pour l’année 2012. Dans une période de crise, certains prix ont tendance à augmenter – à cause de pénuries consécutives à la nature non-planifiée de la production capitaliste ou à cause des quasi-monopoles tels qu’Electrabel. Mais d’autres prix ont aussi tendance à diminuer quand l’économie entre dans une récession sévère. Lors de l’année de crise 2009, l’économie belge s’est contractée de -2,7% et les prix n’ont augmenté que de 0,26% cette année-là, un chiffre historiquement faible.

    Mais aujourd’hui, alors que nous entrons dans une nouvelle phase de récession, la tendance reste à l’augmentation des prix. Le prix des logements n’a ainsi commencé que très récemment à diminuer en Belgique (-2% durant le premier trimestre de 2012 comparé au dernier trimestre de 2011). Mais d’après l’OCDE et le magazine ‘The Economist’, les prix des logements belges restent surévalués de 50% à 56%. Cette bulle n’a pu grandir qu’à cause du refus des gouvernements successifs de mener une politique sociale d’investissements dans la construction de logements sociaux abordables et convenables.

    En plus, le coût réel du logement est consciemment sous-estimé dans le calcul de l’index. Le loyer d’une maison ne compte par exemple que pour 6,23% du budget d’un ménage d’après le nouveau panier de l’index instauré en 2004. Pour beaucoup de familles, la réalité est pourtant plus proche des 25 à 30% (voire plus).

    La hausse des prix de l’énergie – électricité et gaz – a été stimulée par la politique irresponsable de libéralisation et par la cupidité d’entreprises comme Electrabel et GDF-Suez. Le gaz et l’électricité doivent être protégés de la soif de profits, cela doit être un service à la collectivité placé sous le contrôle démocratique de celle-ci. Quant à la hausse du prix de l’essence, elle résulte de la spéculation boursière et de l’instabilité provoquée au Moyen-Orient par le capitalisme sénile. L’ensemble du secteur de l’énergie doit être planifié de façon démocratique en fonction des besoins de la population et dans le respect de l’environnement.

    Depuis 2007, les marchés alimentaires ont connu deux chocs qui ont fait augmenter les prix de plus de 50% (Wired, 6 mars 2012). Dans les pays occidentaux, cela a entraîné des prix plus élevés dans les supermarchés et une grande pression sur le budget familial mais dans le monde néocolonial, il a été question de véritables famines.

    Les conditions météorologiques plus extrêmes, dans ce système capitaliste incapable de gérer la crise écologique, ont conduit à de plus fréquentes sécheresses. Cela a par exemple eu un impact sur les récoltes de maïs aux Etats-Unis et en Russie, avec en conséquence des pénuries et une hausse des prix. L’utilisation de certaines céréales pour des biocarburants a aussi contribué à ce processus. Plus fondamentalement, la situation résulte d’un système non planifié où seul domine le profit à court terme, sans prendre en considération l’homme ou l’environnement. Les hausses de prix alimentaires sont aussi stimulées par la spéculation des fonds d’investissements privés et des banques d’investissements (Goldman Sachs, Barclays,…) Le ‘soutien aux banques’ et à leurs profits ont ainsi volé le pain de la bouche de 115 millions de personnes à travers le monde néocolonial depuis 2008 (chiffre de la Banque Mondiale).

    Pas touche à l’index !

    Les propositions des patrons et de leurs politiciens pour réformer l’index sont diverses et variées. On parle notamment d’indexer uniquement le salaire net, après imposition, ce qui mine notre sécurité sociale (nos pensions, nos soins de santé, nos allocations,…). On parle aussi de n’adapter que les salaires les plus bas. Mais l’index n’est pas un instrument de redistribution des richesses, seulement un instrument d’adaptation des salaires à la hausse des prix.

    Les salaires des grands managers doivent être limités par une taxe plus élevée sur les hauts revenus, ou – pourquoi pas – en introduisant une différence maximale entre les grands salaires et les autres, sur base d’une décision politique impulsée par le mouvement syndical puisqu’on ne peut s’en remettre à l’Etat capitaliste. La Fédération des Entreprises Belges (FEB) a aussi émis l’idée de négocier sur base de l’estimation d’un taux d’inflation sur deux années, ce qui revient à être dépendants de la décision arbitraire du patronat ou de ce que ce patronat essaie de vendre aux directions syndicales tous les deux ans lors de l’Accord Interprofessionnel. Bien sûr, Karel Van Eetvelt (de la fédération patronale Unizo) n’a pas pu s’empêcher d’aller plus loin : si on ne peut pas toucher à l’index, il faut laisser les travailleurs bosser deux heures de plus par semaine, sans la moindre adaptation du salaire !

    Les travailleurs et leurs familles doivent lutter pour la restauration complète de l’index afin que les adaptations des salaires et des allocations représentent réellement l’augmentation du coût de la vie rencontrée ces 30 dernières années. Chaque bricolage de l’index doit être rejeté. Les patrons et les politiciens établis veulent essentiellement que le pouvoir d’achat et le niveau de vie des travailleurs et de leurs familles se détériore plus vite que dans les pays voisins (la ‘‘compétitivité’’). Obtenir des salaires décents et disposer d’une bonne sécurité sociale, cela se heurte au capitalisme et à sa crise sans issue. Les richesses sont pourtant suffisantes dans la société : entre 1970 et 2011, la croissance économique moyenne fut de l’ordre de 2,3%, bien que ce rythme diminue. Le capitalisme assure que cette richesse soit répartie de manière sans cesse plus inégale. Les travailleurs et les jeunes doivent s’opposer à ce système. Lutter pour la défense de droits sociaux fondamentaux comme l’index, cela signifie lutter pour une autre société, une société socialiste.

  • Crash en Chine : 140 milliards de $ de valeurs boursières partent en fumée

    Crash en Chine : 140 milliards de $ de valeurs boursières partent en fumée

    L’index boursier de Shanghai et de Shenzhen a plongé de pas moins de 9,2% ce mardi 27 février, ce qui correspond à 140 milliard de dollars de pertes en valeurs boursières. Les bourses de Tokyo, Hong Kong, Séoul, Kuala Lumpur et Sidney ont suivis le lendemain. Au Mexique, en Argentine et au Brésil, des pertes de 5,8% à 7,5% ont été enregistrées. A New York, le Dow Jones a connu sa plus grande chute depuis le 11 septembre et, en Europe, 3% des valeurs en moyenne sont parties en fumée. Cela ne mènera probablement pas dans l’immédiat à une récession, mais c’est un signal appréciable d’un futur tremblement de terre de l’économie mondiale.

    Eric Byl

    La croissance mondiale de ces dernière années n’a pas été basée sur un renouvellement des techniques de production, mais surtout sur une baisse d’impôts pour les entreprises et une intensification de l’exploitation des forces de travail. Suite à la chute des caricatures de socialisme à l’Est, l’arrivée de nouveaux travailleurs a fortement augmenté la concurrence sur le marché de l’emploi. Les tentatives de la bureaucratie stalinienne chinoise pour instrumentaliser l’ancien appareil d’Etat et l’infrastructure construite sous l’économie planifiée, afin de se transformer graduellement en nouvelle classe capitaliste, a encore renforcé ce processus. Le nombre de travailleurs mondialement disponibles a doublé, avec pour conséquences des salaires plus bas et des conditions de travail détériorées.

    Les forces de travail très bon marchés et la baisse systématique des charges patronales a conduit à des profits records. La valeur des actions a bondit, provoquant à son tour des investissements spéculatifs et la surévaluation des marchés d’actions, des « bulles ». Si les bas salaires minent le pouvoir d’achat, cela est cependant temporairement compensé par la concentration croissante de richesses dans les mains d’une élite constamment plus petite, ce qui créé un afflux d’argent liquide. Cet argent est mis à disposition à bas taux d’intérêts pour acheter de l’immobilier ou des produits de consommation. Notre pouvoir d’achat est diminué, mais grâce à des crédits bon marchés, nous dépensons aujourd’hui les salaires que nous devons encore gagner à l’avenir. Les ménages, surtout aux Etats-Unis, ploient sous des dettes massives.

    Cette situation ne peut durer. L’abondance d’argent liquide devrait mener à une baisse de la valeur du dollar, mais grâce à l’arrivée de produits chinois bon marchés, l’inflation reste basse pour l’instant. De plus, la Chine, quelques pays asiatiques en voie de développement et les pays de l’OPEP investissent leurs surplus commerciaux en bonds d’Etat américains pour financer les déficits commerciaux et budgétaires des Etats-Unis. Un avertissement de l’ancien président de la Banque Fédérale américaine, Alan Greenspan, sur la possibilité d’une récession aux Etats-Unis ce deuxième semestre a mené à la panique.

    Si la demande de produits chinois aux Etats-Unis et ailleurs diminue, cela provoquera de nombreuses faillites, d’abord en Chine, puis sur le plan mondial. Cela produirait en plus une forte chute du dollar et donc l’implosion des réserves investies dans cette monnaie.

    Ce déséquilibre doit être corrigé. Au plus on attend, au plus se sera pénible. L’économie mondiale se comporte comme un drogué à l’héroïne. L’héroïne mène au dépérissement total de l’organisme mais, à chaque fois, le dernier shoot provoque un sentiment de soulagement. L’économie mondiale est intoxiquée de dettes, qui mènent inévitablement au dépérissement du tissu économique, mais chaque nouveau crédit créé temporairement ce sentiment de soulagement. Dans son chef d’œuvre sur la dépression de 1929, J.K. Galbraith écrit que la raison principale de ce crash était l’énorme écart entre riches et pauvres. A l’occasion du rassemblement de Davos, en Suisse, pour dirigeants d’entreprises et politiciens, Stephen Roach, économiste à Morgan Stanley, a pointé lui aussi les dangers liés à cet écart. Pierre Huylenbroeck, responsable Argent et Investissement au journal flamand Tijd, a écrit que si les cours boursiers ou les profits des entreprises augmentent durant des années de 10%, ou même plus, une rechute devient inévitable. Il a avertit : “Au plus quelque chose monte, au plus cela peut chuter plus tard”.

    Ce crash ne mènera pas immédiatement à une dépression, de nouveaux crédits seront pompés dans l’économie. Mais tôt ou tard, les contradictions énormes du système capitaliste devront exploser et provoquer, comme pendant des récessions précédentes, un doublement, voire plus, du chômage et un accroissement catastrophique de la pauvreté. Les travailleurs ont un intérêt à ce que cela soit postposé afin de pouvoir au mieux préparer leurs forces.

    Le capitalisme ne survit qu’en abusant des travailleurs, de leurs familles, de nos communautés et de notre environnement. Notre choix se limite à l’exploitation chaotique de nous-mêmes et de notre environnement ou à l’utilisation des richesses indescriptibles dont nous disposons en fonction des besoins de tous. Cette dernière option n’est possible que si les travailleurs et leurs familles construisent une force capable de rendre accessible l’alternative du socialisme démocratique.

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