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  • Économie mondiale : ''Les banques centrales naviguent dans le noir''

    La grave récession de 2008-2009 a fait de l’économie mondiale un véritable laboratoire d’expérimentations. Mais ni l’austérité extrême ni les trillions injectés dans les banques n’ont conduit à une véritable reprise. Les politiciens et les économistes sont désormais de plus en plus préoccupés.

    Per-Åke Westerlund, Rättvisepartiet Socialisterna (CIO-Suède)

    Au centre des préoccupations, la crise européenne. Au début de 2012, l’Italie et l’Espagne étaient proches du défaut souverain (fait pour un gouvernement de ne pas pouvoir payer sa dette), une situation qui, à son tour, aurait pu voir le projet euro entier s’effondrer. Les dirigeants et les institutions européennes, par crainte, ont du prendre des mesures extrêmes.

    La Banque Centrale Européenne (BCE) a promis un ”accès illimité” au capital pour les États et les banques. Depuis lors, la BCE a prêté 360 milliards d’euros aux banques espagnoles et 260 milliards aux banques italiennes. Une grande partie de ces sommes a été utilisée pour racheter leurs obligations d’État respectives. L’écart de taux d’intérêt – ce qui coûte en plus à l’Espagne et à l’Italie pour emprunter par rapport à l’Allemagne – a chuté de 6-7% à 2-3%.

    La générosité de la BCE est compensée par les autres banques centrales. La Réserve Fédérale Américaine (FED) est à sa quatrième phase d’assouplissement quantitatif, ce qui signifie que la FED rachète des parts de la dette publique à raison de 85 milliards de dollars par mois.

    Le nouveau gouvernement de droite du Japon s’est lancé dans une politique monétaire ”quantitative et qualitative”, une double mesure par rapport à celle de la FED. En deux ans, la banque centrale (la Banque du Japon, BOJ) va utiliser l’équivalent d’un quart de son PIB – le Japon est la troisième plus grande économie mondiale – pour acheter des obligations d’État, des actions et des biens immobiliers.

    Les Banques centrales

    Mais désormais, il y a une inquiétude croissante quant à savoir si les interventions des banques centrales sont bel et bien la solution ou au contraire aggraveraient la crise. ”Certaines figures de proue des Banques centrales avouent qu’ils naviguent dans le noir dans le pilotage de leur économie” a rapporté le Financial Times (18 avril) après la dernière réunion du Fonds Monétaire International (FMI).

    Selon Lorenzo Samgh de la direction de la BCE : ”Nous ne comprenons pas entièrement ce qui se passe dans les économies avancées”. Le chef de la Banque d’Angleterre, Mervyn King, a affirmé que personne ne pouvait être sûr que la politique monétaire expansionniste était correcte et s’est interrogé sur le fait qu’elle pouvait ”courir le risque d’attiser les problèmes qui ont conduit à la crise préalablement”.

    L’intervention de la Banque centrale a assoupli la crise immédiate pour les banques et les États les plus vulnérables. Mais ils n’ont pas reboosté l’économie – les investissements dans les pays capitalistes avancés sont toujours au record le plus bas.

    Cependant, la nouvelle politique a initié des conflits plus nets entre les Etats-Nations. La monnaie japonaise, le Yen, a chuté de 25% depuis l’année dernière. Cela a profité à l’industrie d’exportation japonaise au détriment, entre autres, des industries allemande et sud-coréenne.

    Les rapports semi-annuels d’avril du FMI (le Rapport du Stabilité financière global et des Perspectives économiques mondiales) notent que les actions des Banques centrales ont provoqué un ”large rassemblement de marché” mais ont aussi créé de nouveaux risques. Le capital passe maintenant des pays les plus riches vers les pays en développement, créant une instabilité potentielle. Le patron de la FED, Ben Bernanke, a récemment averti que la spéculation des banques pourrait augmenter.

    Le FMI

    Mais ce qui inquiète véritablement le FMI est ce qui se passera quand la politique d’assouplissement se terminera. Il n’y a pas de précédents historiques sur lequel se baser. ”Des améliorations continues nécessiteront un redressement du bilan du secteur financier et un déroulement harmonieux des sur-endettements public et privé. Si nous ne relevons pas ces défis à moyen terme, les risques pourraient réapparaitre. La crise financière mondiale pourrait se transformer en une phase plus chronique marquée par une détérioration des conditions financières et des épisodes récurrents d’instabilité financière”, écrit le FMI. Mais tout a jusqu’ici échoué, la situation tend vers une crise plus chronique.

    La deuxième étape de la politique de crise – les mesures d’austérité extrêmes – ont eu de pires effets immédiats. 19,2 millions de personnes sont actuellement au chômage dans la zone euro, dont six millions en Espagne seulement. En Grèce, le chômage des jeunes s’élève à 59,1%. Le New York Times a rapporté dans un article sur les écoles grecques que les enfants s’évanouissaient de faim et fouillaient les poubelles pour trouver de la nourriture.

    Le premier ministre portugais, Pedro Passos Caolho – un fervent partisan de l’infâme austérité de la Troïka (FMI, UE et BCE) – a promis en 2011 que ces ”deux terribles années” seraient suivies par une reprise. Mais en raison de l’austérité extrême, en 2013, le Portugal ”fait face à une récession plus profonde et plus longue que celle prévue par le gouvernement et les prêteurs internationaux.” (Financial Times).

    Le FMI a estimé en avril que le risque de récession (le fait que l’économie se contracte) dans la zone euro était de 50%. Depuis lors, le président de la BCE, Mario Draghi, a averti que même la France s’était engouffrée plus profondément dans la crise. L’UE a accordé à l’Espagne et à la France deux années supplémentaires pour se conformer à la règle selon laquelle les déficits budgétaires ne doivent pas dépasser 3% du PIB. Selon les nouvelles règles, ces deux pays auraient, aussi non, été condamnés à une amende.

    Dans une grande enquête effectuée par l’agence de notation Fitch auprès des capitalistes et des investisseurs financiers en Europe, une grande majorité pense que le calme qui règne cette année en Europe n’est que passager. ”Fitch met en garde dans un communiqué qu’elle [l’année 2013] peut revoir un été marqué par la crise de l’euro, tout comme ce fut le cas en 2011 et 2012, car il y a une forte contradiction entre le récent rallye boursier et la montée du chômage” (Dagens Industri, quotidien suédois).

    Pas de solution capitaliste

    Aucune institution capitaliste n’a de solutions. Beaucoup avertissent que l’austérité est allée trop loin, mais continuent de souligner la nécessité d’un budget équilibré pour le ”moyen terme”.

    En combien de temps la crise chypriote qui menace de s’étendre montrera que les pays de l’UE ont besoin d’une union bancaire, écrit le FMI dans son rapport ? Et avant que les flux de capitaux illimités de la BCE n’atténuent la crise, les politiciens dirigeants de l’UE comme Angela Merkel et le président de la Commission européenne Barroso déclaraient que l’UE avait besoin d’une politique budgétaire beaucoup plus stricte et synchronisée.

    Mais les intérêts nationaux et les conflits rendent spécialement les dirigeants allemands hésitants. Le risque, à leurs yeux, est que l’Allemagne devienne définitivement le garant des banques à travers l’Europe.

    En parallèle avec les contradictions croissantes au sein des États membres de l’UE, il y a une méfiance grandissante contre l’Europe elle-même. Aujourd’hui, en Espagne, 72% de la population est critique par rapport à l’Europe contre 23% avant la crise. En Allemagne, cette méfiance est passé de 36 à 59%.

    La crise a été utilisée pour pousser en avant les contre-réformes néolibérales dont rêvaient les capitalistes. Des pensions encore pires en Italie, des facilités pour licencier les travailleurs en Espagne, des réductions de salaire de 50% en Grèce et ainsi de suite. De la même façon, les capitalistes augmentent leur pression sur le président français François Hollande. Il a déjà aboli l’impôt sur les gains en capital et a promis de réduire les allocations de chômage, des pensions et des municipalités.

    En même temps, la pression politique par le bas est de plus en plus forte. Dans un sondage d’opinion français, 70% des sondés pensent qu’une ”explosion sociale” est possible dans les prochains mois.

    Le FMI, en avril, a à nouveau abaissé ses prévisions pour la croissance économique mondiale de cette année à 3,3% (3,5% néanmoins en Octobre). Le commerce mondial ne devrait augmenter que de 3,6% cette année après 2,5% l’année dernière.

    L’indice des directeurs d’achats des grandes entreprises européennes et japonaises est encore en dessous de 50, ce qui indique que l’économie ne se développe pas. Mais même dans le cas de la Chine, ce chiffre ne dépasse pas beaucoup les 50.

    La Chine

    L’économie de la Chine – la deuxième plus grande au monde mais dont on estimera qu’elle dépassera les États-Unis d’ici 2020 – est en train de ralentir fortement. Le grand plan de relance de 2009, qui a tenu la croissance grâce à des investissements massifs, frappe désormais de son revers avec force. Les dettes des municipalités et des provinces sont estimées à entre 20 et 40% du PIB du pays. Au cours du premier trimestre de cette années, ces dettes ont augmenté deux fois plus vite que dans la même période en 2012.

    Le FMI et les politiciens occidentaux parlent de la façon dont la consommation en Chine devrait augmenter et l’investissement diminuer. Mais l’abaissement de la part de l’investissement dans le PIB de 50 à 30%, dans une situation ou la croissance économique sera de 6% au lieu des 10% précédents, ”provoquerait une dépression à lui tout seul” conclut le chroniqueur économique du Financial Times, Martin Wolf. La demande s’effondrerait avec un impact considérable sur l’économie mondiale.

    Les gouvernements et les classes capitalistes mettent désormais davantage de pression sur d’autres États. Les États-Unis veulent voir une plus grande demande en Allemagne et en Europe, tandis que les politiciens européens exigent que les déficits des États-Unis et du Japon soient réduits. Le déficit budgétaire du Japon cette année est à près de 10% du PIB, pour la cinquième année consécutive. La dette publique devrait être à 255% du PIB en 2018.

    Le déficit américain est de 5% du PIB et la dette s’élève à 110% de celui-ci. La croissance cette année aux États-Unis devrait être la plus élevée dans les pays capitalistes développées, soit 1,2%. Mais les prévisions sont incertaines puisque les coupes automatiques, la mise sous séquestre, n’auront effet que dans la seconde moitié de l’année.

    Avec l’échec des ”méthodes peu orthodoxes”, de plus en plus de gens se rendent compte qu’il n’y a pas de solution dans le cadre du système capitaliste. La résistance des travailleurs et des pauvres va augmenter, comme l’ont montré les manifestations de masse au Portugal au début de mars qui étaient les plus importantes depuis la révolution de 1974. La tâche des socialistes est de construire de nouveaux partis des travailleurs avec une réponse socialiste claire face à la crise.

  • La zone euro à nouveau sauvée ? Jusqu’à la prochaine opération de sauvetage !

    La marche de la zone euro : un pas en avant, cinq pas en arrière

    Sur une échelle de 0 à 10, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso donne actuellement un 5 à la zone euro. ‘‘Nous nous trouvons à un point critique’’, explique-t-il. ‘‘A partir de là, tout peut devenir bien pire ou bien mieux.’’ Pendant ce temps, de nouvelles actions de masse prennent place en Espagne et au Portugal. Là-bas, pour la majorité de la population, la situation est déjà ‘‘bien pire’’.

    Dossier de Tanja Niemeier, collaboratrice de la fraction de la Gauche Unitaire Européenne (GUE-NGL) au Parlement Européen

    Un bazooka pour sauver l’euro

    Fin septembre 2012, la crise financière et économique mondiale était tel un amoncellement de nuages d’orage au-dessus de l’Europe et plus particulièrement de la zone euro. Cette crise dure maintenant depuis 4 ans déjà. L’Irlande, le Portugal, Chypre et la Grèce sont littéralement pris dans les tenailles de la troïka (Fonds Monétaire International, Commission Européenne et Banque Centrale Européenne). Les gouvernements font toujours plus de projets d’assainissement avec en résultat un chômage continuellement croissant – surtout parmi les jeunes, malgré l’émigration – le retour de la faim à une échelle de masse, un nombre de suicides en plein développement,… La fuite de capitaux hors des pays en crise assure qu’une croissance économique est hors de question. Même le moteur de l’économie allemande commence à avoir des ratés.

    Mais du point de vue de l’élite européenne, Barroso a raison : un scénario encore pire est de l’ordre du possible. Les élections aux Pays-Bas n’ont pas conduit à la victoire du parti de gauche SP, la Cour Constitutionnelle allemande ne s’est pas opposée au fonds d’urgence MSE (Mécanisme de Stabilité Européen) et la Grèce va probablement avoir un peu plus de temps pour appliquer ses mesures d’austérité, et peut donc temporairement rester au sein de la zone euro.

    Le président de la BCE, Mario Draghi, a annoncé que, malgré le vote allemand qui s’y oppose, la BCE va passer à l’achat illimité d’obligations d’Etats européennes sur les marchés secondaires afin de contrôler le taux d’intérêt et de rassurer les marchés. D’après ‘super Mario’ ce ‘bazooka’ peut sauver l’euro et ne laisse planer aucun doute : ‘‘L’euro est irréversible’’. On voit même apparaître un optimisme prudent dans les médias dominants.

    Entre plus d’intégration et moins d’Europe

    Barroso n’était pas moins grandiloquent dans son ‘State of the Union’ (‘Etat de l’union’). Ce discours prononcé dans l’enceinte du Parlement Européen le 12 septembre dernier affirmait qu’après le ‘pacte fiscal’ et le ‘pacte de croissance’, l’Europe a besoin d’un ‘pacte décisif’ qui, selon lui, ne peut laisser ‘‘aucun doute sur l’intégrité de l’Union et l’irréversibilité de l’euro.’’ Le temps des demi-mesures est fini, a-t-il dit. Barroso a de suite appelé à une union politique : ‘‘Aujourd’hui, j’en appelle à une fédération des nations.’’ Il a encore déclaré qu’il y a des pas à poser en direction d’une union bancaire.

    Ces déclarations sont-elles de nature à résoudre les contradictions européennes et l’absence d’une union fiscale et politique ? Le combat entre les tenants de plus d’intégration et leurs opposants défendant la primauté des intérêts nationaux est-il fini ? Barroso ne vit-il pas plutôt au Pays des Merveilles ?

    Les propositions de la Commission Européenne expriment une tendance à l’œuvre en Europe. La Commission veut se présenter comme le représentant idéal de tous les capitalistes européens et veut renforcer la position de concurrence de l’Europe avec un marché unique plus fort et un euro capable de rivaliser avec le dollar ou le renminbi Chinois.

    Mais, parallèlement, continuent d’exister les forces historiques centrifuges composées des 27 élites nationales et des 27 gouvernements. Malgré toutes les attaques lancées contre les principes démocratiques, ces gouvernements doivent tout de même être réélus et doivent donc tenir un petit peu compte de leur population. Ces élites et les divers intérêts nationaux sont en concurrence les uns avec les autres, tant dans l’Union Européenne qu’à l’extérieur de l’Union.

    Ces forces centrifuges ont trouvé une réponse avec les nombreuses critiques du groupe de réflexion ‘Future for Europe Group’ (Groupe pour l’avenir de l’Europe). Ce groupe est dirigé par le ministre des Affaires étrangères allemand, le libéral Guido Westerwelle, qui plaide pour plus d’intégration européenne, mais même des ministres ayant contribué à ce projet n’étaient pas d’accord avec tous les éléments. En France, par exemple, on trouve peu d’enthousiasme pour une modification des traités. Quant au ministre des Affaires étrangères britannique, il a de suite déclaré : ‘‘Nous ne sommes pas prêts à donner plus de pouvoir à l’Europe.’’

    Laquelle de ces deux tendances rivales va-t-elle l’emporter ? Cela dépend partiellement de la volonté politique. Mais cette volonté politique n’existe pas dans le vide ou dans la tour d’ivoire des institutions européennes. Plusieurs facteurs jouent un rôle, et le développement économique n’est pas le moindre de ces facteurs. La position des dirigeants politiques en Europe est largement déterminée par les acteurs économiques nationaux. Leur position est largement décidée par une analyse des coûts et des avantages.

    Efficace, le bazooka ?

    L’annonce de la BCE a déjà conduit à une baisse des taux d’intérêt sur les emprunts d’Etat espagnols et italiens. Le gouvernement espagnol, sous une pression croissante dans son propre pays, pourrait ainsi gagner du temps et retarder la demande d’aide auprès des fonds européens ESM ou FESF. Les faibles taux d’intérêt permettront aux pays d’émettre de nouvelles obligations et d’utiliser cet argent pour rembourser les créanciers.

    Les propositions allant dans la direction d’une union bancaire où la BCE exercerait une surveillance sur l’ensemble du système bancaire européen sont principalement destinées à permettre aux banques d’être directement refinancées par l’ESM de sorte que la dette nationale n’exagère pas trop. Mais il s’agit là avant tout d’une construction théorique qui doit encore être concrétisée.

    Une question reste en suspend : qui se passera-t-il si les marchés financiers commencent à s’en prendre à la BCE ? Et plus fondamentalement : qui va prendre en charge de garantir les fonds nécessaires à cette ‘‘solution’’ ? La Cour constitutionnelle allemande a approuvé l’ESM, mais il n’est pas certain que le Parlement accepte de céder les fonds nécessaires (190 milliards d’euros). Avec des élections fédérales à l’horizon, c’est vraiment loin d’être assuré.

    Autre question cruciale : jusqu’où le taux de croissance doit-il arriver pour assurer une fin durable de la crise. Les pays qui revendiquent qu’il soit possible à la BCE de directement acheter des obligations d’Etat doivent demander le ‘‘soutien’’ de l’ESM, ce qui implique des conditions drastiques en termes de ‘‘discipline budgétaire’’. Concrètement, cela signifie encore plus de casse sociale : des attaques contre tous les acquis sociaux, une croissance de la pauvreté et du chômage ainsi qu’une sévère dégradation des conditions de vie de la population.

    Dans l’actuel contexte de crise économique mondiale, cela ne signifie qu’une nouvelle explosion de la dette publique. Dans le magasine ‘‘New Europe’’, la journaliste Cate Long a comparé ces mesures à ‘‘un réarrangement des chaises sur le Titanic’’. L’option d’un Grexit (une sortie de la Grèce de la zone euro) ou même de la désintégration pure et simple de la zone euro reste un scénario probable.

    Résistance contre la politique de casse sociale !

    Un autre facteur attire bien moins l’attention des médias dominant tout en constituant toutefois un élément décisif pour l’avenir de l’Europe : la réaction des victimes de la crise. Que vont faire les travailleurs, les chômeurs, les retraités et les jeunes en Europe ? Pour l’establishment, ce n’est là qu’un ‘‘électorat’’ qui doit être protégé des ‘‘populistes’’ et des ‘‘eurosceptiques’’.

    Cette approche purement parlementaire ignore volontairement la puissance potentielle de la classe ouvrière. Ces dernières années, les exemples de résistance active contre l’austérité n’ont pas manqué avec plusieurs grèves générales et des manifestations massives. Il est important de structurer la force potentielle du mouvement ouvrier et de la rendre plus efficace à travers l’organisation d’une lutte coordonnée – comme avec une grève générale européenne – et la construction de relais politiques.


    Pour une fédération socialiste et volontaire des Etats Européens !

    Trouver une véritable solution nécessite de lutter contre les véritables causes de la crise. C’est là que le bât blesse. Pour le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, les causes de la crise résident ‘‘dans les pratiques irresponsables du secteur financier, dans la dette publique insoutenable des pays et dans le manque de compétitivité de tout un nombre de pays.’’ C’est bien faible comme explication. Par exemple, d’où proviennent ces ‘‘pratiques irresponsables’’ ? >p> Pour nous, il s’agit du résultat logique du fonctionnement du capitalisme. Notre système économique est basé sur la concurrence et la maximalisation du profit. Le capital est investi sur base d’une perspective de profit à court terme et non sur base de la satisfaction des besoins. La propriété privée des moyens de production et l’existence des Etats nationaux assurent que les intérêts du capital d’un pays sont opposés aux intérêts du capital des autres pays. La croissance du secteur financier et ses ‘‘pratiques irresponsables’’ proviennent du fait que les investissements dans l’économie réelle produisent des profits insuffisants pour les détenteurs de capitaux. Le capital se concentre ainsi dans le secteur financier, où il peut réaliser de monumentaux profits à court terme, entre autres par la spéculation.

    Toutes les mesures prises ou proposées par le Conseil européen et la Commission européenne n’ont jusqu’ici réussi qu’à limiter la souveraineté nationale des Etats-membres en introduisent plus d’intégration européenne, de manière anti-démocratique. Mais nous opposer à cette politique n’implique pas automatiquement que nous sommes en faveur de plus de ‘‘souveraineté nationale’’.

    Nous voulons nous en prendre aux fondements capitalistes de l’Union Européenne et construire à la place une fédération socialiste et volontaire des Etats Européens. Une politique socialiste utiliserait les 2.000 milliards d’euros des grandes entreprises européennes qui dorment sur des comptes en banque pour investir dans la création d’emplois utiles et décents, dans des services publics comme les soins de santé, l’enseignement, la recherche et dans la protection de l’environnement. Une politique socialiste mettrait fin à l’évasion fiscale légale et illégale qui existe aujourd’hui dans les milieux des grandes entreprises et des super-riches.

    M. Barroso a déclaré que les citoyens européens doivent participer au ‘‘débat sur l’avenir de l’Europe’’. Notre contribution à ce débat sera probablement peu appréciée par Barroso. Mais il est vrai que le mouvement ouvrier et les syndicats doivent discuter de leurs propres solutions et de nos alternatives afin de renforcer notre lutte pour une autre Europe, une Europe qui fonctionnerait dans l’intérêt de la majorité de la population.

  • Solidarité avec les travailleurs grecs !

    «Nous sommes confiants par rapport aux élections grecques du 17 juin. Le 6 mai, les Grecs ont voté contre le système. Maintenant, ils ont peur.» C’est ce qu’un dirigeant européen a déclaré, sous le couvert d’anonymat, dans les pages du Soir du 25 mai dernier. Propager l’angoisse, c’est tout ce qu’il reste aux classes dirigeantes européennes pour s’assurer de disposer encore d’une certaine base sociale. Pour maintenir leur poigne de fer sur l’économie et imposer l’austérité, elles sont prêtes à tout, du chantage à l’imposition de gouvernements non-élus directement aux ordres de la dictature des marchés.

    En Belgique comme dans chaque pays d’Europe, des millions de travailleurs, de chômeurs, de pensionnés et de pauvres suivent avec attention les développements qui prennent place en Grèce. Une part de cet intérêt s’explique par la crainte des conséquences qu’un approfondissement de la crise de l’eurozone pourrait avoir sur notre pays, mais un autre élément, de grande importance, est constitué par le véritable défi lancé par la population grecque à la troïka (Fonds Monétaire International, Banque Centrale Européenne, Union Européenne).

    Pas moins de 17 grèves générales ont ébranlé la Grèce ces deux dernières années, en riposte au gigantesque appauvrissement collectif qui était imposé au peuple. Cette colère de la classe ouvrière et de la classe moyenne grecque s’est également exprimée dans les urnes, sous forme de séisme politique pour les partis traditionnels (le Pasok et la Nouvelle Démocratie). La coalition de gauche radicale Syriza a été le plus grand bénéficiaire de cette atmosphère anti-austérité, et est passée de 4,6% à 16.78%.

    Depuis lors, Syriza a refusé avec raison de rejoindre une coalition gouvernementale destinée à appliquer la politique d’austérité contre une population innocente, réclamant au contraire la constitution d’un gouvernement de gauche pour faire payer les vrais responsables de la crise : banquiers, grands patrons et spéculateurs. Certains sondages l’ont depuis crédité de 28%. Cela, ainsi que le succès du Front de Gauche en France, exprime le potentiel dont peut disposer une politique de gauche clairement opposée aux coupes budgétaires et déterminée à s’en prendre à l’élite capitaliste parasitaire.

    Les classes capitalistes européennes tentent de faire pression sur la classe ouvrière grecque pour qu’elle vote ‘‘comme il faut’’ le 17 juin prochain. Toute alternative à la politique dominante serait ainsi une erreur lourde de conséquences. C’est un refrain que nous connaissons bien en Belgique également, à un moindre niveau, avec le bouclier du ‘‘moindre mal’’ auquel recourt le PS à chaque fois qu’il est placé devant ses responsabilités et les conséquences de sa politique antisociale, ou encore avec l’instrumentalisation des discussions communautaires.

    Nous devons être solidaires des luttes des travailleurs de Grèce et d’ailleurs, mais aussi nous inspirer de leur combat pour en tirer les leçons en Belgique. Notre pays n’est pas une île, l’austérité a déjà frappé, et elle frappera encore, comme l’illustrent ces 27.000 personnes qui seront exclues des allocations de chômages d’ici 2015.

    Dans ce cadre, nous avons besoin d’un plan de lutte syndical destiné à repousser chaque attaque et à partir à l’offensive pour réclamer toutes ces richesses que nous produisons par notre travail et qui nous sont volées. Il nous faut aussi nous diriger dès à présent vers la construction de notre propre prolongement politique.

    Enfin, notre lutte ne peut être qu’internationale. Les rencontres entre le dirigeant de Syriza et ceux du Front de Gauche en France et de Die Linke en Allemagne étaient une bonne initiative pour commencer à contrer le repli nationaliste, mais il nous faut aller plus loin. Imaginons quelle inspiration donnerait une journée de grève générale européenne pour les formations de gauche et pour la base syndicale !

    Ils cherchent à nous faire peur, mais leurs menaces ne sont que des gesticulations pour tenter de dissimuler leur propre panique. Le fait que Mario Draghi parle pour la première fois d’une mutualisation de la dette prouve qu’une partie importante de la classe dirigeante est en train de reculer par peur des conséquences d’un embrasement social et d’un éclatement de la zone euro. Mais cette concession, si elle prend forme, arrivera un peu tard, et ne règlera pas tout. En fait, la classe dirigeante n’a aucune solution pour sortir leur système de la crise. A nous d’avoir l’audace de réclamer notre avenir avec la société que nous méritons, une société où l’économie fonctionnera pour le bien-être de tous et non plus seulement pour une infime minorité de requins capitalistes.


    MEETINGS : Pour une alternative à l’austérité en Europe socialiste !

    Une autre politique est-elle possible en Europe ? Nous le pensons. Fin juin, nous organisons d’ailleurs des meetings à ce sujet à Bruxelles, Anvers et Gand. Ces soirées seront d’importants échanges d’expériences, tant de Belgique que de l’étranger. Une semaine à peine après les élections grecques, nous accueillerons un orateur de Syriza qui abordera la possibilité d’une politique de gauche au pouvoir en Grèce. Nous accueillerons également Tony Mulhearn qui, dans les années ’80, a activement participé à la politique réellement socialiste menée dans cette ville. Dernièrement, il a remporté 5% aux élections locales élisant le bourgmestre de la ville.

    Bruxelles Mercredi 20 juin, 19h30: Meeting organisé par Alternatives à Bruxelles & ‘‘Reprenons nos Communes’’ avec Paul Murphy (député européen membre du Socialist Party irlandais), Tony Mulhearn (TUSC, Angleterre), Charlotte Balavoine (Front de Gauche, France), Marisa Matias (eurodéputée du Bloc de Gauche au Portugal), Anja Deschoemacker (‘Reprenons nos communes’), Stephen Bouquin (Rood!) et un représentant de Syriza (Grèce). Au Garcia Lorca, Rue Volders 47/49, 1000 Bruxelles (métro Anneessens)

    Anvers Jeudi 21 juin, 20h : Meeting avec Erik De Bruyn (Rood!), Tony Mulhearn et un orateur de Syriza. Salle Elcker-Ik (Breughelstraat 31- 33, 2018 Anvers).

    Gand Samedi 23 juin, 18h : Fête de Rood! Dans le bâtiment de la FGTB Ons Huis (Meersenierstraat, Vrijdagmarkt) avec Tony Mulhearn, un orateur de Syriza, Erik De Bruyn et Bart Vandersteene (tête de liste de Rood! à Gand).

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  • France : L'austérité rejetée dans la seconde économie de l'eurozone

    A côté de la profonde défaite des partis pro-austérité en Grèce, la chute de Sarkozy constitue un réel tournant dans la situation actuelle. Il s’agit du huitième gouvernement européen à subir le désaveu des urnes au cours de cette dernière année, mais les élections françaises et grecques ont représenté jusqu’ici les plus grands rejets de l’austérité sur le plan électoral.

    Par Robert Bechert, CIO

    A la suite de la lutte massive sur les pensions en 2010, nombreux ont été les travailleurs, les jeunes et les membres d’autres couches de la société à concentrer leur attention sur l’effort visant à assurer que Sarkozy ne soit pas réélu. Mais cette élection présidentielle n’a pas seulement été un vote de nature à rejeter la personne de l’arrogant président Nicolas “bling-bling” Sarkozy. Il s’agissait également d’un rejet des attaques antisociales qu’il a lancées ainsi que d’une réaction face à l’impact croissant de la crise économique sur les travailleurs et leurs familles.

    Tous les sondages illustrent que la plupart des gens n’ont pas voté pour Hollande en soutien à sa politique, mais principalement pour faire dégager Sarkozy. Cependant, la victoire de Hollande a suscité de grands espoirs et de grandes attentes, pas seulement en France mais internationalement, que le temps est venu pour un changement face à la politique d’attaques contre les conditions de vie. Hollande a dû refléter cette pression anti-austerité et anti-riches issue de la base de la société, en faisant quelques promesses limitées et en se présentant comme le candidat de la croissance et contre l’austérité. Le programme de Hollande comprend ainsi une augmentation du salaire minimum, la création de 150.000 emplois pour la jeunesse, l’engagement de 60.000 nouveaux enseignants et de 5.000 policiers supplémentaires.

    Hollande a continué à jouer sur le thème pro-croissance lors de la soirée des élections, en disant que “L’austérité ne peut plus être la seule option” dans son discours à Tulle. Plus tard cette nuit-là, Place de la Bastille à Paris, Hollande a affirmé à la foule que “Vous êtes plus que des gens qui veulent un changement. Vous êtes déjà un mouvement qui se lève en Europe et peut-être dans le monde.” Cela est vrai, mais Hollande peut-il donner ce que des millions de gens réclament et espèrent ?

    Que fera Hollande?

    L’étroite victoire de Hollande est la première pour le Parti Socialiste (PS) aux élections présidentielles depuis 24 ans, et il s’agit seulement de la troisième (après 1981 et 1988) dans toute l’histoire de la cinquième République, créée en 1958 par Charles de Gaulle. Mais, en dépit du nom du parti de François Hollande, ce n’est en rien une victoire pour le socialisme pour ce qui est de rompre avec le capitalisme. Bien que, dans sa campagne, Hollande ait déclaré que son “réel adversaire” était le monde de la finance, il n’y oppose aucune résistance réelle sous la forme de la nationalisation des banques, des sociétés financières et des grandes entreprises. Le PS est un parti qui cherche avant tout à fonctionner au sein même du système capitaliste. Cela ne signifie toutefois pas que de nombreux partisans du PS ne veulent pas de changement, de réformes, etc., cela veut simplement dire que ce n’est pas un parti qui a vocation d’en finir avec le capitalisme. Le fait que Dominique Strauss-Kahn, l’ancien chef millionnaire du Fonds Monétaire International, ait été avant sa disgrâce publique le candidat favori du PS en dit énormément au sujet de l’attitude du PS face au capitalisme.

    A côté de ses promesses d’améliorations, Hollande a également un plan de réduction du déficit similaire à celui de Sarkozy. Tant les plans économique de Hollande que ceux de Sarkozy sont basés sur une perspective de croissance de 1,7% pour l’an prochain. Cela est incroyablement irréaliste; une croissance plus faible ou aucune croissance du tout augmentera la pression des marchés sur Hollande.

    Le nouveau président français propose également d’introduire une obligation constitutionnelle pour que le gouvernement ait systématiquement un budget en équilibre et d’éliminer le déficit budgétaire d’ici 2017, un an plus tard que ce que Sarkozy avait prévu de faire. Hollande cherche à y parvenir en sauvant 100 milliards d’euros par an avec un mélange d’augmentation de taxes et de coupes dans les dépenses, sans qu’il ait précisé de quelles coupes il allait être question.

    Le potentiel pour des luttes de masse

    Cependant, de nombreux capitalistes craignent que Hollande soit sous pression pour au moins limiter les mesures d’austérité et l’impact de la crise sur la population. Sa victoire a renforcé la confiance des travailleurs, des jeunes et de tous les opprimés de France en montrant que la droite pouvait être vaincue.

    Cela peut réveiller les traditions françaises de mouvements de masse par en-bas, ce qui pourrait forcer Hollande à aller plus loin que ce qu’il avait initialement prévu.

    De telles luttes pourraient surgir tant sur base de revendications offensives, comme pour des augmentations de salaire, que sur base de riposte contre des attaques, comme des licenciements. A la fin du mois d’avril déjà, Hollande avait averti dans Le Parisien que sa victoire pourrait voir une vague de licenciements en disant que des décisions prises puis postposées pour après les élections, et que ce n’était pas l’arrivée du PS au pouvoir qui allait être responsable de ces licenciements. Dans une interview radio, Hollande a déclaré qu’il ne laisserait pas ce cortège de licenciements prendre place. Les travailleurs qui auront à faire face à ces attaques tenteront de pousser Hollande à respecter ces phrases et lui demanderont de soutenir leurs luttes.

    Hollande et son gouvernement feront face à une grande pression des marchés pour résister à l’opposition aux coupes budgétaires et aux revendications visant à améliorer les conditions de vie des masses. Mais en même temps, les divisions deviennent de plus en plus grandes entre les divers gouvernements et capitalistes concernant ce qu’il convient de faire. Même les agences de notation reflètent cette situation en demandant plus de coupes et en se plaignant simultanément que trop peu est fait pour stimuler la croissance économique, ce qui est nécessaire pour rembourser les dettes.

    L’Europe de l’après "Merkozy"

    Merkel et le gouvernement allemand ne veulent pas changer de position, tant face à l’appel de Hollande pour renégocier le traité fiscal européen que sur la Grèce, mais ils pourraient être forcés d’accepter certaines mesures destinées à atténuer l’impact de la crise. De tous les dirigeants des principaux pays européens qui étaient en fonction au début de la crise, seule Angela Merkel est restée au pouvoir, et il est loin d’être garanti que l’actuel gouvernement allemand survivra aux prochaines élections de septembre 2014. Le jour de la victoire de Hollande, Merkel a parlé des “deux faces d’une même pièce – le progrès n’est possible qu’avec des finances solides, en plus de la croissance”.

    Un commentateur allemand a écrit “Jusqu’à présent, il n’existe pas d’alternative réaliste sur la table autre que de consolider les budgets nationaux en coupant dans les dépenses. Hollande devra reconnaître ce fait dans un délai de quelques courtes semaines. Le nouveau dirigeant français aura un paquet de stimulus en tant que complément au pacte fiscal, mais rien de plus. Cette concession a déjà été acceptée par la chancelière allemande, par le président de l’euro-goupe Jean-Claude Juncker et par le président de la Banque Centrale Européenne Mario Draghi.”

    La pression combinée de la crise économique et de la base de la société constituera un test pour Hollande. Sans défier le capitalisme, Hollande pourra être poussé dans des directions contradictoires, forcé à la fois de faire des concessions sociales et de mener des attaques contre le niveau de vie de la population.

    Après les leçons tirées de l’expérience du PS au pouvoir entre 1981 et 1995 sous la présidence de François Mitterrand et entre 1997 et 2002 avec le gouvernement Jospin, de nombreux travailleurs en France n’accordent plus aucune confiance au PS, un parti qui est considéré par cette couche radicale comme un administrateur du capitalisme. Le gouvernement de Jospin a ainsi plus privatisé que les gouvernements de la droite traditionnelle. Cela explique l’enthousiasme extraordinaire qui a soutenu la candidature de Jean-Luc Mélenchon et du Front de gauche aux premier tour des présidentielles, dont le slogan de “Prenez le pouvoir” a été vu comme un cris de ralliement contre la classe dirigeante. Cette atmosphère anticapitaliste a aussi été illustrée par les plus de 600.000 personnes qui ont voté au premier tour pour le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) et pour Lutte Ouvrière (LO), qui se situent à la gauche du PS et du FdG. De façon similaire, le soutien électoral était déjà large en 2002 et en 2007 pour LO et la LCR qui se situaient à la gauche de la ‘Gauche Plurielle’ de Jospin (qui rassemblait le PS et le Parti Communiste).

    Dans cette période trouble, Hollande va être testé. Mais comme son gouvernement se base sur le capitalisme, il est inévitable qu’un processus similaire à celui connu avec Jospin se développe après un certain temps. Mais en ces temps de crises sociale et économique, cette période sera bien plus agitée qu’alors. Nous assiterons à une radicalisation à gauche, avec l’opportunité de construire une nouvelle force capable de rompre avec le capitalisme. Mais des opportunités existent aussi pour le Front National qui recourt à un mélange de populisme, de racisme et de nationalisme afin de se construire un soutien. Une nouveau chapitre s’ouvre en France et en Europe.

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