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Tag: Margaret Thatcher
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“Une guerre civile sans fusils”
Par Tifaine (Alternatywa Socjalistyczna, CIO-Pologne)
Il y a 30 ans, les mineurs britanniques entraient en grève contre l’accélération des fermetures de leurs mines. 47.000 emplois avaient déjà été supprimés les 5 années précédentes dans le secteur. L’intention de Thatcher était de désindustrialiser ce secteur afin de supprimer ce bastion-clé du mouvement ouvrier qui avait remporté deux grèves en 1972 et 1974 et l’avait forcée à reculer en 1981 dans son offensive pour briser le syndicalisme de classe.
Cette grève qui allait durer presque un an a été une véritable guerre civile entre les mineurs soutenus par la classe ouvrière, et la classe dominante rangée derrière Thatcher. Tout son appareil répressif (violence policière, services secrets, tribunaux, licenciements,…) a été déployé contre les grévistes ; elle avait même envisagé de mobiliser l’armée pour extraire le charbon.
Contrairement à ce qu’en ont dit beaucoup de commentateurs de droite comme de gauche, la victoire était possible, étant donné le poids économique des mineurs (les stocks de charbon constitués en vue de la grève commençaient à s’épuiser), leur combativité, leur détermination à résister aux attaques des conservateurs et le soutien qu’ils recevaient.
Ils ont trouvé un formidable soutien de la classe ouvrière britannique et des mineurs du monde entier en termes d’aide matérielle et d’actions de solidarité. Mais la trahison des dirigeants syndicaux, qui craignaient le pouvoir de la classe ouvrière organisée, a empêché que cela ne se concrétise en grève générale qui aurait pu mener à la victoire.
La défaite des mineurs a conduit à la destruction de leurs communautés et à la transformation des bassins miniers en déserts économiques et sociaux. Elle a ouvert la voie au virage à droite des directions syndicales et du Labour Party, dont les dirigeants défendaient que la lutte des classes était dépassée et qu’il fallait accepter l’économie de marché.
Si la grève avait été victorieuse, non seulement le plan de fermeture de puits aurait été suspendu, mais Thatcher et les conservateurs auraient été discrédités et peut-être mêmes renversés. Cette victoire aurait redonné confiance à la classe ouvrière pour les prochaines luttes et aurait mis la pression sur ces dirigeants.
L’auteur de ‘‘une guerre civile sans fusils’’, Ken Smith, membre de Militant (précurseur du Socialist Party, le parti-frère du PSL en Angleterre et au Pays de Galles) a présidé le groupe de soutien aux mineurs de Llynfi and Afan Valley, qui organisait le soutien politique et financier pour près d’un millier de mineurs.
Dans son livre, il combat les idées pessimistes selon lesquelles la grève ne pouvait pas être gagnée et donne une analyse marxiste des raisons de la défaite. Il revient sur les questions stratégiques et tactiques qui se sont posées pendant le conflit, comme l’opportunité d’organiser un vote sur la grève ou non, les cibles des actions à mener ou les moyens de faire pression sur les dirigeants droitiers des syndicats.
L’héroïsme et la détermination des mineurs est une source d’inspiration pour les luttes actuelles et il est important d’en tirer les leçons, en particulier pour les militants de gauche dans les syndicats.
Son ouvrage est disponible en anglais en tant que livre et en français sous forme de brochure.
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Pour stopper la casse sociale – Un vrai plan d’action avec grève(s) générale(s)
Le 21 février, des dizaines de milliers de syndicalistes en colère et motivés ont manifesté contre le refus du gouvernement de prendre en considération leurs revendications. A leurs côtés se trouvent d’autres dizaines de milliers qui n’étaient pas dans les rues de Bruxelles ce jour-là mais partagent une même indignation. C’est facile à comprendre. La majorité de la population – les salariés, les pensionnés, les allocataires sociaux – doivent se serrer la ceinture. Pendant ce temps, on ne touche pas aux salaires et primes mirobolants de managers et aux profits gigantesques des grandes entreprises.
Par Bart Vandersteene
Nous devons sacrifier nos conditions de vie au nom de la concurrence avec les pays à bas salaires. Pour ça, il ne faut pas aller chercher jusqu’en Europe de l’Est ou en Asie. En Allemagne, 6,5 millions de travailleurs ont un salaire horaire net compris entre 4 et 5 euros. En Saxe, à l’Est du pays, les coiffeurs gagnent 3,06 euros nets de l’heure. C’est face à ça qu’il faut être compétitif ? C’est dans cette mesure-là qu’il faut détruire nos conditions de travail et de vie pour faire plaisir aux patrons ? C’est encore une autre illusion néolibérale que l’on veut nous faire avaler : il serait possible de restaurer l’économie en sabrant dans le pouvoir d’achat et le niveau de vie de la majorité de la population. Le résultat de l’application d’une austérité drastique en Europe du Sud est la preuve parfaite que cette logique n’a aucun sens.
Avant et après la manifestation du 21, les syndicats ont dû essuyer des salves successives d’accusations de la part des médias et de tous les partis représentés aux Parlements. La ministre de l’emploi Monica De Coninck (SP.a), veut jouer à la Margaret Thatcher du gouvernement, a parlé des ‘‘ringards’’ des syndicats. Au PS, on tente de faire croire qu’on est de gauche en parole, mais Reynders n’a pas difficile de répondre aux critiques de Magnette en rappelant que le PS est au pouvoir depuis 1988 et a participé à l’application de toutes les politiques néolibérales. Pour Reynders, derrière toutes les gesticulations du PS, il y a toutefois une réalité : les ministres du MR et du PS restent ‘‘sur la même longueur d’onde’’ au gouvernement. C’est ça les partenaires de la FGTB au gouvernement ?
Les travailleurs de Ford et d’Arcelor, les fonctionnaires fédéraux, les cheminots, le non-marchand, etc. ont fait grève ou ont manifesté ces dernières semaines. Mais le gouvernement s’en fout, et les demandes polies ne vont rien changer à ça. Une mobilisation syndicale, ça doit servir à autre chose qu’à se défouler, ça doit aider à construire un rapport de force pour appliquer une autre politique. Ce n’est qu’avec la préparation d’une grève générale que les politiciens établis comprendront vraiment que nous ne plaisantons pas.
La timidité des dirigeants syndicaux soulève bien plus de doutes et de critiques que d’approbations. Pourtant, le soutien pour des mots d’ordre clairs peut être très large. Selon un récent sondage de La Libre et de la RTBF, 43% des Belges sont favorables à la nationalisation d’entreprises pour que l’activité se poursuive, une revendication que nous défendons depuis longtemps. Ce n’est aucunement un hasard si ce genre de position politique bénéficie d’un soutien croissant. La situation actuelle appelle à des propositions radicales et réellement socialistes.
Pour y parvenir, le mouvement des travailleurs doit résolument passer à l’offensive. Imaginons quel serait l’impact sur l’opinion publique d’un parti qui défendrait sans relâche sur le terrain politique ce que défendent les syndicats dans les entreprises ! Il est grand temps que les syndicalistes combatifs se dirigent vers la construction d’une telle force large et inclusive pour réunir les forces qui veulent clairement faire avancer la lutte.
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22 au 24 juin : Week-end de formation du Parti Socialiste de Lutte
Dans la continuité du travail de construction de cette année, l’enthousiasme est toujours de mise avec ce premier week-end de formation régional. Ce sera l’occasion de faire le point sur l’année qui se termine, qui aura vu un renforcement de la conscience de classe parmi les masses partout en Europe et aussi chez nous avec en point d’orgue la grève générale du 30 janvier.
la volonté de l’avant-garde syndicale ouvrière de « la lettre d’Anvers » au premier mai à Charleroi – de mettre les bureaucraties syndicales sous pression, et qu’enfin ils coupent les ponts avec les partis de l’austérité. Surtout, nous devons préparer la prochaine période, le gouvernement Di rupo 1er n’a selon lui pas le choix, après les soins de santé, les allocations de chômage, les prépensions,… une nouvelle vague d’austérité se profile en début d’année prochaine. C’est pourquoi nous devons être prêts à jouer notre rôle ! Ce week-end donnera aux nouveaux militants des différentes villes, et à notre périphérie proche, les armes et la formation nécessaires pour être actifs dans la période qui vient.
Différentes commissions sont programmées au long du week-end en petit groupe pour faciliter le débat et la participation de chacun.
Le vendredi soir, nous bénéficions de la présence de Tony Mulhearn, un camarade anglais, qui était conseiller communal de la ville de Liverpool, dans la seconde moitié des années 80.
Un conseil communal qui a entamé une bataille contre le gouvernement conservateur de Margaret Thatcher. Organisant un mouvement de masse dans la cinquième plus grande ville du Royaume-Uni contre le plan d’austérité et de privatisation. Ce week-end end est une occasion exceptionnelle de réunir la majorité des militants et futurs militants dans des discussions politiques, en n’oubliant pas de faire la fête aussi, c’est l’été et le barbecue est déjà sorti.
Où ? Rue célestin hastir 6b, Floreffe. En face de la friterie, prendre le chemin de terre indiqué « local scout ».
Prévente : 15 euros pour les étudiants et chômeurs. 20 euros pour les travailleurs. Sur Place : 5 euros de plus. Le prix comprend la nourriture tout au long du week-end mais les boissons seront vendues au profit du fond de lutte régional. Les camarades sont invités à prendre des matelas de sols et des sacs de couchages. Deux grands dortoirs sont à dispositions. Le bâtiment est pourvu de douches avec eau chaude, wc, une grande cuisine et un grand jardin.
Vendredi 22 juin
18h00 – 19h00 Arrivée & inscriptions
19h00 – 22h00 Présentation du week-end
MEETING : Liverpool avec Tony Mulhearn
Samedi 23 juin
10h00 – 12h30 Crise du système capitaliste – La résistance s’organise.
14h00 – 16h30 Comment combattre les discriminations ?
- le racisme / fascisme
- le sexisme
- l’homophobie
17h00 – 19h30 Les leçons du passé pour les luttes actuelles.
- La grève générale : Leçons du XXe siècle pour aujourd’hui.
- La révolution : Leçons du XXe siècle Afrique du Nord et du Moyen-Orient.
- L’anarchisme.
Dimanche 24 juin
11h00 – 13h30 Qu’est-ce que le socialisme ?
- L’économie planifiée
- Le matérialisme et dialectique :
- La méthode du marxisme.
15h00 – 17h00 Eté 2012 : le PSL en campagne
17h10 Rangement.
Infos et inscriptions: thomas.psl.namur@gmail.com
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L’extrême-droite et la crise : l’impasse du nationalisme
Face à la crise européenne, le repli nationaliste semble constituer un refuge aux yeux de beaucoup de personnes. C’est une aubaine pour la droite populiste et l’extrême-droite, qui peuvent ainsi plus facilement masquer leur véritable agenda antisocial et néolibéral. C’est ce qu’illustrent les récents succès remportés par les Vrais Finnois ou Marine Le Pen.
15 mars : Manifestation antifasciste à Louvain contre le NSV – 20h00 Martelarenplein
L’impact de la crise a considérablement renforcé l’aversion pour toutes les institutions qui imposent les politiques néolibérales. En étroite collaboration avec leurs gouvernements, la Commission européenne a infligé aux divers Etats une politique intense de libéralisations et de privatisations. Les spéculateurs s’en sont donnés à coeur joie. Mais il est bien facile d’uniquement pointer la responsabilité de l’Union Européenne. Un des pays les plus critiques face à l’Union, le Royaume-Uni, a été parmi les pionniers de cette politique néolibérale, sous le gouvernement de Margaret Thatcher dans les années 1980.
La tendance actuelle de l’UE à saper toute forme de démocratie et à imposer l’austérité, si besoin est en plaçant des gouvernements non-élus de technocrates, reflète son incapacité à solutionner cette crise systémique. Le coeur de cette crise n’est pas à chercher dans les structures européennes, mais plus profondément, dans le coeur même du système de production capitaliste.
Sur ce point précis, l’extrême-droite reste bien sagement silencieuse, malgré toutes ses éructations sur le ‘‘mondialisme’’. Le repli souverainiste et nationaliste qu’ils invoquent face à la crise ne vise pas à se démarquer de la politique antisociale européenne. Ce constat s’impose de lui-même au regard de l’activité de l’extrême-droite dans leurs pays respectifs. Aux Pays-Bas, le PVV de Geert Wilders accepte la logique des cadeaux aux banques sur le dos des budgets sociaux. En Grèce, le parti d’extrême-droite LAOS a collaboré un temps au gouvernement imposé par l’UE de Papademos. Lorsque ce parti a quitté le gouvernement, par crainte de trop perdre de son soutien électoral et non par opposition à la politique de bain de sang social, le ministre du LAOS Makis Voridis, par ailleurs très bon ami de l’ancien président du Vlaams Belang Frank Vanhecke, a continué de soutenir le gouvernement et son plan d’austérité sauvage.
Dans notre propre pays aussi, la pensée unique néolibérale règne en maître sur l’extrême-droite, que ce soit dans les divers groupuscules francophones ou au Vlaams Belang. Ainsi, le Congrès économique du Vlaams Belang en 2005 avait présenté la politique de libéralisation à l’oeuvre en Irlande comme le modèle à suivre pour la Flandre. Nous ne savons pas ce qu’ils en disent aujourd’hui…
Dans son appel pour manifester le 15 mars, le NSV, l’organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang, affirme que la crise de l’euro provient du manque de respect des règles européennes. Visiblement, l’extrême-droite pense que la politique d’austérité n’est pas suffisamment stricte et sévère. C’est assez paradoxal compte tenu de leur analyse de la crise financière mondiale, attribuée aux ‘‘politiques néolibérales internationalistes’’. Le NSV ignore où se trouvent les racines réelles de la crise, et est incapable de formuler une alternative. Ces étudiants d’extrême droite se limitent à tenter de détourner la frustration et le mécontentement sur une voie de garage, celle du nationalisme.
En fait, le Vlaams Belang essaye de copier le grand frère français construit par Jean-Marie Le Pen en rêvant des chiffres qu’obtient Marine Le Pen dans les sondages, notamment sur base de ses critiques contre l’Union Européenne. Cette rhétorique ne peut fonctionner que si la gauche et le mouvement des travailleurs lui laissent la voie libre.
Nous devons construire l’opposition active à la dictature des marchés, mobiliser pour lutter contre les politiciens capitalistes, les institutions capitalistes internationales et les gouvernements et les parlements nationaux. Nous devons mettre en exergue la contradiction principale dans la société, celle qui existe entre les 1% qui détiennent les moyens de production et les richesses et les 99% qui font tourner l’économie, produisent les richesses, mais doivent lutter pour des miettes. Le mouvement syndical doit s’organiser à l’échelle européenne et internationale afin de lancer une campagne de solidarité qui ne laisse aucune chance aux discours stigmatisant les Grecs, le Sud de l’Europe ou les immigrés comme responsables de la crise. Nous sommes tous sur le même bateau, et nous devons en prendre possession, pas lutter entre nous. Une grève générale européenne serait une première étape en cette direction.
Sur ce terrain de l’organisation de la défense des droits sociaux, l’extrême droite n’a rien à dire. Le Vlaams Belang a pour maxime ‘‘le travail produit, la grève nuit’’. Son porte-parole Filip Dewinter l’a encore récemment répété à l’occasion des dernières grèves et manifestations contre l’austérité dans notre pays. L’extrême droite veut instrumentaliser la crise, mais n’a aucun moyen de livrer la moindre solution.
Dans le cadre de notre lutte internationale contre la dictature des 1%, pour le non-paiement de la dette nationale, pour la nationalisation des secteurs clés de l’économie sous le contrôle et la gestion démocratique de la collectivité, pour des investissements massifs en matière d’emploi, le logement, d’enseignement, etc., l’extrême droite est un ennemi qui cherche à nous diviser. Les campagnes de l’extrême droite visent à détourner la lutte contre des boucs émissaires plutôt que contre les réels responsables, les 1% dont l’extrême droite constitue le chien de garde.
Nous appelons à rejeter le chantage des marchés et à lutter collectivement, en masse, pour bloquer l’austérité. Tout ce qui divise cette lutte l’affaiblit. Ce combat doit s’orienter vers la construction d’une Europe des peuples, une confédération socialiste démocratique des Etats européens libres et indépendants.
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Si nous ne voulons pas payer pour la crise : Il est temps de descendre dans la rue
Il semble qu’il ne reste que l’option d’élections anticipées qui soit capable d’offrir une issue à l’impasse que les partis politiques ont eux-mêmes créée. Plusieurs mois de négociation n’ont pas semblé avoir d’impact négatif sur le pays. Dans cette période, la croissance économique belge est passée de 0,4% (attendu lors de l’élaboration du budget fin 2009) à 2,1%. Le déficit budgétaire est quant à lui passé de 6% en 2009 à 4,8% en 2010. Il en faudrait moins pour se permettre une nouvelle ronde communautaire. Mais cette situation ‘favorable’ n’était dans la crise qu’une petite pause au cours de laquelle la Belgique a surfé sur la croissance économique de l’Allemagne, plus forte et vers où se dirige une bonne part de l’exportation belge.
Par Bart Vandersteene, article tiré de l’édition de février de Lutte Socialiste
‘Les marchés’ règnent sur le pays
‘Les marchés’ ont la Belgique dans le collimateur, cette pression externe a ramené De Wever & Co autour de la table de négociation. “Nous devons rassurer les marchés,” répète-t-on partout. Le Roi a ainsi demandé au premier ministre démissionnaire Yves Leterme d’épargner cette année 4 milliards d’euros sur le budget, plus que prévu, pour prouver ‘aux marchés’ que la Belgique peut commencer à appliquer l’austérité même sans nouveau gouvernement.
Le chômage et la pauvreté croissante sont bien loin de procurer des nuits blanches ‘aux marchés’ et à nos politiciens, au contraire de leur capacité à continuer à garantir les superprofits pour les riches.
C’est pourquoi il faut couper dans le budget, pour calmer des ‘marchés’ souvent présentés comme une donnée neutre, anonyme. Mais la réalité les montre simplement tels des charognards capitalistes avides de faibles proies sur le dos desquelles plus de profits peuvent être réalisés. Obéir ‘aux marchés’ signifie accepter leur dictature, et pas un seul parti présent au Parlement ne veut y changer quoi que ce soit. Mais ça ne signifie pas pour autant que c’est impossible.
‘‘You can’t buck the market’’ (tu ne peux rien faire contre le marché), proclamait Margaret Thatcher il y a 30 ans. Sous son impulsion en tant que premier ministre de Grande-Bretagne, un changement politique important s’est opéré : tout ce qui était aux mains du gouvernement a été privatisé. Le marché libre était destiné à régner sans restriction, avec en conséquence un gigantesque transfert de richesses des pauvres vers les riches. La destruction de l’Etat-providence s’est accompagnée de bénéfices illimités pour les riches. Cette politique est précisément à la base de la crise économique actuelle, dont on nous dit qu’elle nécessite des années d’austérité sévères pour au final se retrouver abandonner dans une société fondamentalement autre.
Prendre la rue !
Les syndicats, les mouvements sociaux, et la gauche conséquente doivent se réunir autour d’une plateforme d’action claire: ne pas payer pour leur crise, retirer le secteur financier des mains des requins capitalistes, défendre la sécurité sociale, instaurer un salaire minimum de 2.000 euros bruts/mois, supprimer la Déduction des Intérêts Notionnels, appliquer un impôt sur les fortunes (pour les fortunes supérieures à un million d’euros),…
Un tel programme combatif pourrait compter sur un grand enthousiasme parmi la population. Finalement, les discussions communautaires seraient réduites à leur juste proportion et les organisations patronales comme le Voka, l’Unizo, la FEB et leurs amis ‘des marchés’ recevraient une bonne réponse sous forme de riposte sociale.
Ce n’est que si la rue commence à sérieusement remuer que les travailleurs et leurs familles, l’immense majorité de la population, pourront mettre tout leur poids dans la balance. Les 4 milliards à assainir cette année ne sont qu’un avantgoût de ce qui va nous tomber dessus : nous devons refuser de les laisser aller chercher cet argent dans nos poches. La suppression de cadeaux fiscaux pour les patrons, comme la Déduction des Intérêts Notionnels, rapporterait au-delà de ces 4 milliards. Mais ce n’est pas ce genre de politique que défendent les partis traditionnels.
Ne nous laissons pas faire ! Résistons et affirmons clairement : nous ne voulons pas payer leur crise!
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L’histoire du Comité pour une Internationale Ouvrière
Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.
Le CIO est une organisation socialiste internationale qui comprend des sections dans environ quarante pays sur tous les continents.
Lors du Congrès de fondation du CIO en avril 1974, quatre sections existaient alors (Grande-Bretagne, Allemagne, Irlande et Suède) et des membres étaient présents de Belgique, d’Inde, d’Espagne et du Sri Lanka, des pays où aucune section n’existait encore.
Au moment de notre neuvième Congrès Mondial (en janvier 2007), des représentants de sections du CIO de tous les continents étaient là : d’Allemagne, d’Angleterre et Pays de Galles, d’Australie, d’Autriche, de Belgique, du Brésil, du Cachemire, du Chili, de Chypre, d’Ecosse, des Etats-Unis, de France, de Grèce, d’Inde, d’Irlande, d’Israël, d’Italie, du Kazakstan, de Malaisie, du Pakistan, des Pays-Bas, de Pologne, du Portugal, de Russie, du Sri Lanka, de Suède, de Tchéquie, d’Ukraine et du Venezuela.
Les origines du CIO sont ancrées dans la lutte menée par Léon Trotsky contre la progression du Stalinisme. L’isolement de l’Union soviétique combinée à l’arriération du pays héritée du tsarisme a permis l’émergence du régime totalitaire stalinien. La lutte de Trotsky et de ses partisans contre ce régime a conduit à la fondation de la Quatrième Internationale, organisation internationale créée pour la défense de la démocratie ouvrière et du socialisme. Peu de temps après la fondation de la Quatrième Internationale a éclaté la seconde guerre mondiale et de nombreux militants, dont Trotsky lui-même, ont été assassinés tant par les fascistes que par les staliniens.
La dégénérescence de la Quatrième Internationale
Après la guerre, les dirigeants de la Quatrième Internationale survivants ont été confrontés à d’énormes difficultés dans la compréhension des changements qui étaient survenus dans la situation mondiale. Ils n’ont pas réussi à saisir le caractère de la croissance économique d’après-guerre en Occident, ni à comprendre les raisons du renforcement du stalinisme en Russie et en Europe de l’Est. Cette incompréhension s’est également vue dans l’analyse des révolutions du monde néo-colonial ainsi que dans l’analyse du rôle décisif de la classe ouvrière dans le changement de société.
En effet, la longue croissance économique exceptionnelle de l’après-guerre amena de substantielles améliorations dans le niveau de vie de la classe ouvrière, tout au moins dans les pays capitalistes développés. Beaucoup de ‘marxistes’ en tirèrent un peu vite la conclusion que les travailleurs salariés s’étaient ‘embourgeoisés’, et ne pouvaient dès lors plus constituer le moteur d’un changement socialiste de société. Ce fatalisme les poussa vers la recherche de nouvelles forces sociales pouvant se substituer au mouvement ouvrier.
Sous l’impulsion des mouvements de libération nationale qui explosèrent dans le monde colonial et semi-colonial (Asie, Afrique, Amérique Latine) dans les années’50 et ’60, les dirigeants de la Quatrième Internationale glissèrent vers un soutien acritique à la direction – souvent fortement influencée par le stalinisme – de ces mouvements. Les mouvements à prédominance paysanne et les méthodes de guérilla furent ainsi érigés en modèles, tandis que l’épicentre de la révolution mondiale fut déplacé vers le monde colonial et semi-colonial. Mao Zedong (en Chine), Fidel Castro (à Cuba) ou Hô Chi Minh (au Vietnam) furent ainsi présentés comme des «trotskistes inconscients», pendant que le réveil de la classe ouvrière en Europe, exprimé à merveille par l’immense grève générale des travailleurs français en mai’68, prit de court les dirigeants de la Quatrième Internationale, aveuglés par des perspectives erronées.
Une série d’erreurs politiques de ce type eurent comme conséquence l’effondrement de l’organisation et un fractionnement de celle-ci dans des dizaines de groupes différents.
Le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) puise quant à lui ses racines chez des troskistes britanniques qui n’ont pas ignoré la nouvelle situation, mais n’ont pas cherché à l’exploiter de façon opportuniste pour obtenir des succès faciles ou chercher des raccourcis. Nous ne nous sommes pas non plus limités à l’analyse de la situation, mais avons cherché sans cesse à intervenir autant que possible dans les luttes pour diffuser les idées du marxisme parmi les travailleurs et la jeunesse.
Notre organisation a pendant longtemps été très petite et uniquement active en Grande-Bretagne ; pour autant, nous avons toujours conservé et exprimé sur le terrain une attitude internationaliste intransigeante. Dès ses débuts, notre journal anglais «The Militant» consacrait un nombre significatif de ses colonnes à la couverture des luttes au niveau international. Nous avons ainsi gagné davantage de militants, établi des contacts successifs dans d’autres pays, et à la fin des années ‘60, la possibilité de mettre en place les fondations qui ont été à la base de la création et de la croissance ultérieure du Comité pour une Internationale Ouvrière.
L’entrisme
Pour construire ses forces, le CIO a appliqué différentes tactiques à différents stades de son évolution, en fonction des conditions objectives du moment, tout en maintenant à tout moment une orientation consciente vers le mouvement ouvrier, en particulier vers ses couches les plus combatives.
Avant que la vague néo-libérale des années ’80, puis le tournant majeur représenté par la chute du stalinisme dans les années ’90, ne viennent affecter durablement la composition et le programme des partis sociaux-démocrates, ces derniers exerçaient encore une grande attraction sur un nombre important de travailleurs et de jeunes. Les partis sociaux-démocrates correspondaient typiquement à la définition que donnait Lénine de «partis ouvriers bourgeois» : des partis ouvriers de masse, bien que dominés par une direction réformiste et bureaucratique. A la base, les rangs de la social-démocratie comprenaient encore beaucoup de travailleurs activement engagés pour le parti, et étaient encore traversés de vifs débats politiques. Celui qui voulait être actif dans le mouvement ouvrier pouvait difficilement passer à côté de cette réalité.
La tâche des révolutionnaires demande d’être en contact le plus étroit possible avec les travailleurs. Par conséquent, les militants du CIO étaient d’avis qu’il était préférable de militer à l’intérieur même de la social-démocratie, en défendant conséquemment et ouvertement un programme marxiste, plutôt que de s’isoler en dehors de ces partis. A l’inverse d’autres groupes, cette tactique d’«entrisme» dans la social-démocratie n’a jamais été pour nous une panacée, ou un prétexte pour succomber aux idées réformistes et masquer le programme révolutionnaire. Bien au contraire, nous avons toujours mené notre travail drapeau déployé, défendant nos positions marxistes dans le but de combattre l’influence exercée par la direction bureaucratique sur ces partis d’une part, afin de gagner les travailleurs et les jeunes organisés dans ces partis à nos positions d’autre part. C’est ainsi que nous avons par exemple acquis une solide base de soutien au sein des Jeunesses Socialistes du Labour Party en Angleterre dans les années ‘70, ou de celle du SP en Flandre dans les années ‘80.
Pourtant, dès le milieu des années ’80, mais surtout après la chute du mur de Berlin, la situation a commencé à tourner. La chute des régimes staliniens a ouvert la voie à une offensive idéologique majeure de la part des représentants du capitalisme, et a servi d’excuse aux dirigeants des organisations de la social-démocratie pour retourner définitivement leurs vestes. Les idées de lutte, de solidarité et de socialisme furent mises de côté au profit d’une adhésion aux principes du libre-marché. La trahison des directions ouvrières traditionnelles a laissé place à un vide et à la confusion politique.
Dans ces conditions, l’idée selon laquelle les travailleurs et les jeunes en lutte se dirigeraient en premier lieu vers la social-démocratie devenait de plus en plus invraisemblable. C’est pourquoi petit à petit, la plupart des sections du CIO ont opté pour la création d’organisations révolutionnaires indépendantes et ouvertes, tout en appelant, dès le début des années ’90, à la formation de nouveaux partis larges des travailleurs, sur base de l’analyse de cette bourgeoisification des anciens partis ouvriers.
Liverpool et la lutte contre la Poll Tax
Un élément important dans le développement de quasiment toutes nos sections est notre engagement dans les différentes formes de lutte. Notre rôle n’a d’ailleurs pas seulement été limité à une participation active aux luttes car dans beaucoup de cas, notre organisation a su jouer un rôle crucial.
Les mouvements de lutte les plus importants que nous avons eu à diriger jusqu’à présent se sont déroulés en Grande-Bretagne, notamment contre Margaret Thatcher lorsqu’elle était Premier ministre. Au milieu des années ‘80, nos camarades (dont l’organisation s’appelait à ce moment-là Militant) ont dirigé la lutte de la commune de Liverpool contre les plans d’assainissement, une lutte accompagnée d’actions de grève et de manifestations massives. Plus tard, nous avons aussi été fortement impliqués dans la campagne contre la Poll Tax (un impôt introduit par Thatcher mais rejeté en masse par la population). Une campagne massive de désobéissance civile avait été organisée à tel point que 18 millions de personnes n’ont pas payé la Poll Tax. Les manifestations ont rassemblé jusqu’à 250.000 personnes. Grace à cela Thatcher a été contrainte de retirer cette taxe et même de prendre la porte.
Cette lutte avait été organisée en opposition à la direction du Labour Party (le parti travailliste) et à la plupart des dirigeants syndicaux. A Liverpool, ils ont même appelé les Conservateurs en soutien pour combattre la protestation. Avec la Poll Tax, ils n’ont pas réussi à en faire autant. Notre lutte contre les dirigeants pro-capitalistes du mouvement ouvrier a toujours été une donnée importante dans le développement de notre organisation.
Mais ce genre de lutte est bien plus difficile dans beaucoup de pays tels que la Grèce, l’Espagne, l’Afrique du Sud et la Suède. La direction des organisations ouvrières établies avait peur d’une répétition du succès rencontré en Grande Bretagne où, durant plus de 15 ans, nous avons pu diriger les sections jeunes du parti travailliste et où, dans les années ’80, nous avons pu faire élire trois camarades au parlement sous le slogan : «un parlementaire ouvrier à un salaire d’ouvrier».
Le Comité pour une Internationale Ouvrière a toujours été impliqué dans différents domaines des luttes. Parfois, nous avons même été les précurseurs autour de nouveaux thèmes, comme pour une campagne contre la violence domestique. D’autres initiatives ont également été très importantes, comme la fondation de «Youth against Racism in Europe» («Jeunes contre le racisme en Europe», en Belgique : «Blobuster» et «Résistance Internationale»), une organisation anti-fasciste internationale qui avait organisé une manifestation européenne à Bruxelles en octobre 1992 à laquelle 40.000 manifestants avaient participé.
À côté de nos campagnes sur les lieux de travail et dans les quartiers, les membres du CIO participent aussi aux élections. Dans se cadre là, nous insistons sur le fait que les élus du CIO participent activement aux mouvements de lutte et gagnent un salaire identique à celui des travailleurs qui les ont élus. En ce moment, différents membres du CIO sont élus dans des conseils communaux en Grande Bretagne, en Irlande, en Suède et en Allemagne. Jusqu’il y a peu, nous avons également eu un député au parlement irlandais, Joe Higgins.
Lutter contre les dictatures et la division de la classe ouvrière
Dans d’autres pays, nous avons activement contribué à la lutte contre les dictatures, comme lorsque nous nous sommes impliqués pour la construction de syndicats combatifs en Afrique du Sud à l’époque du régime de l’apartheid. D’autres camarades ont clandestinement milité au Chili contre le régime de Pinochet. Au Nigéria, après l’annulation des élections présidentielles de 1993 par les généraux, l’opposition démocratique a soutenu l’appel de nos camarades pour une grève générale.
Dans certains pays, nous avons été confrontés à des situations extrêmement difficiles. Ainsi nos camarades d’Irlande du Nord et du Sri Lanka ont dû s’opposer à la division nationale ou religieuse. Nous avons toujours défendu la nécessité de l’unité des travailleurs dans les luttes et la résistance contre la répression d’Etat. Nous avons été les seuls dans la gauche à défendre une position constante et principielle à propos de la question nationale en partant des intérêts de la classe ouvrière dans son ensemble.
La chute de l’Union Soviétique a conduit à une situation mondiale fondamentalement différente et a eu d’énormes répercussions sur toutes les organisations politiques. Face à ces évènements, bon nombre d’organisations et d’individus ont été désorientés, confus, et ont abandonné la lutte pour le socialisme en capitulant face à l’idéologie de la classe dominante. Le CIO a analysé et tenté de comprendre la signification de la chute du bloc de l’Est : entre autres le renforcement de la position de l’impérialisme américain et le virage à droite de nombreuses organisations ouvrières. Mais nous avons toujours défendu la nécessité du socialisme comme seule alternative au capitalisme et avons toujours cherché à l’expliquer le plus largement possible.
Le CIO a utilisé la méthode d’analyse marxiste pour approfondir la compréhension des événements et des processus qui se sont développés depuis les années ‘90. Contrairement à beaucoup d’autres groupes de gauche, nous avons ainsi non seulement pu conserver nos membres au cours des très dures années ’90, mais nous avons en outre beaucoup renforcé nos organisations ainsi que gagné de nouvelles forces dans différentes régions du monde. La nouvelle période qui se trouve face à nous aujourd’hui va nous permettre de mettre bien plus en avant le précieux héritage que nous avons préservé dans ces années bien difficiles.
Rejoignez le CIO !
Mais la construction de nos propres forces ne nous a pas empêché d’avoir des discussions avec d’autres groupes pour, si possible, mener des actions en commun. Si ces discussions conduisent à un accord politique sur les principes fondamentaux, une organisation commune peut alors naître, comme cela s’est passé notamment en Belgique ou en France au cours des années ‘90.
Le CIO est ouvert à toute personne qui veut lutter pour un monde meilleur, un monde socialiste, et qui est ouverte à discuter de nos idées. Nous avons toujours été préparés à discuter avec différents groupes et individus qui ont acquis une autre expérience que la nôtre dans les différentes luttes et qui veulent construire un mouvement socialiste.
Alors si vous êtes intéressés par les idées du CIO, n’hésitez pas à nous contacter et à nous rejoindre!
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- Site du CIO – socialistworld.net
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Le patronat envoie à nouveau des huissiers contre les grévistes
Cela faisait quelques années que l’on avait plus vu le patronat recourir aux tribunaux contre les grèves, mais cette méthode est à nouveau utilisée contre les grévistes. A la société textile « Beaulieu », à Wielsbeke, les huissiers ont été utilisés après une demande unilatérale de la direction.
Le personnel du secteur textile est durement touché par les restructurations et les licenciements. À Beaulieu, il s’agit près de 400 emplois sont menacés. La FTGB a déclaré dans un communiqué de presse : « les employés de ces secteurs n’obtiennent pas de parachutes dorés et le gouvernement pompe des milliards pour le sauvetage des sociétés. »
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Beaulieu fait partie de "Beaulieu International Group", ou B.I.G. A la manifestation du 6 octobre à Gand, le personnel avait clairement dit ce qu’il pensait des manières de la direction… (Sur la banderole: "Un employeur avec des manières de cochons")
[/box]Les travailleurs s’opposent aux licenciements et aux primes de départ limitées. Alors que la presse croule sous les informations sur les millions d’euros de parachutes dorés, la direction propose à Beaulieu de ne payer que 150 euros par année d’ancienneté. C’est à peine suffisant pour acheter un parachute ordinaire. On est loin des parachutes dorés…
Le mécontentement est grand parmi les travailleurs, raison des actions menées, auxquelles la direction ne répond qu’en envoyant des requêtes unilatérales et des astreintes pour briser la grève. Cette décision du juge sur les astreintes a conduit à envoyer un huissier aux grévistes. Une astreinte de 1.000 euros par personne et par violation a été fixée si le personnel qui voulait travailler ne pouvait pas passer le piquet. En d’autres termes, le piquet de grève est interdit par le juge ou est réduit à une expression purement symbolique.
Il s’agit bien entendu d’une violation du droit de grève, on essaye de briser la grève en faisant appel au système judiciaire et aux huissiers pour régler un conflit collectif. Pourtant, la législation du travail précise qu’un juge ne peut pas intervenir dans un conflit collectif. La manière dont cette règle est interprétée dépend visiblement des relations de force.
Afin de répondre à cette agression patronale et à cette attaque contre le droit de grève, les travailleurs de Beaulieu ne doivent pas être les seuls à se battre. Beaulieu est dans les mains de la famille De Clerck, dont le pater familias peut compter pour sa fête d’anniversaire sur la présence non-fortuite de Margaret Thatcher et de Bush sénior, entre autres. On ne doit pas attendre beaucoup de compréhensions pour les travailleurs et leurs organisations de la part de ces cercles. C’est l’option patronale dure qui prévaut, seuls comptent les bénéfices.
Face à cette agression, la solidarité entre travailleurs est nécessaire, dans le secteur textile mais aussi dans les autres. Face aux tentatives de semer la division, l’unité et la solidarité représentent les armes les plus fortes. Si les travailleurs de Beaulieu doivent se battre seuls, ils seront plus faibles et les provocations et agressions du patronat pourront dès lors avoir un impact.
> Tous ensemble pour plus de pouvoir d’achat et pour l’emploi
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8 mars : journée des femmes. Les inégalités persistent…
Si le statut juridique des femmes a connu des améliorations, l’égalité entre hommes et femmes, mentionnée dans la Constitution belge, est loin d’être réalisée. Ce que l’on trouve sur papier est loin de correspondre à la réalité. Chômage, travail précaire, pauvreté, … ces maux sont de plus en plus répandus mais ne touchent pas hommes et femmes de la même manière.
En Belgique, l’écart salarial moyen entre hommes et femmes est de 24%. Même lorsqu’elles remplissent une fonction complètement équivalente, il subsiste encore un décalage salarial de 6%. Cet écart se creuse d’autant plus qu’augmente le niveau de formation. Autre constatation : plus la profession se féminise, plus le salaire diminue.
Le risque de pauvreté est également plus grand pour les femmes que pour les hommes (27% contre 13% en Wallonie) de même que l’occupation de postes à temps partiel (40% des femmes en Belgique contre 7,1% des hommes). Et, en 2004, le taux de chômage féminin était de 14,5% pour 10,5% chez les hommes. Face à la pension, l’inégalité persiste, les femmes touchant moins souvent leur pension complète, notamment à cause des arrêts de carrière (principalement pour s’occuper des enfants).
Si les femmes ont néanmoins gagné une certaine indépendance économique et sociale ces dernières décennies, les inégalités subsistent toujours en matière de tâches ménagères. De plus, la violence contre les femmes sévit toujours fortement et reste banalisée. En Belgique, une femme sur sept est victime de violences conjugales graves et, selon une étude de 1998, 68% des femmes interrogées ont déclaré avoir connu la violence physique et sexuelle. Même sur leur lieu de travail, les femmes sont encore trop souvent confrontées à différentes formes de harcèlement sexuel.
Que faire face à cette situation ? Beaucoup pensent que le problème vient des hommes et qu’il faut favoriser l’accession au pouvoir de femmes dans les entreprises et les gouvernements. L’arrivée au pouvoir de Michelle Bachelet au Chili, la candidature de Ségolène Royal à la présidence française ou celle d’Hillary Clinton aux USA ont repopularisé ce genre d’idées.
Aux USA, dans les années 60, un ensemble de mesures préférentielles dans les domaines de l’emploi, de l’admission dans les universités,… appelé « affirmative action » a été mis en place. Les résultats ont toutefois été décevants, l’affirmative action ayant avant tout profité aux moins défavorisé(e)s.
Et force est de constater que le rôle important de Colin Powell dans l’équipe Bush n’a pas fait grand chose pour le sort des Noirs aux USA, si ce n’est les aider à aller se faire tuer en Irak. Dans le domaine des femmes, Margaret Thatcher a été pire que ses prédécesseurs masculins à la tête de la Grande-Bretagne en terme d’attaques anti-sociales qui ont plus durement touché les femmes. Et que dire alors de Condoleezza Rice, femme et noire, et donc représentante de deux groupes discriminés qui parcourt le monde pour défendre la politique de Bush… Plus proche de nous, combien de femmes se sont-elles retrouvées sans emploi à cause des « assainissements » de Laurette Onkelinx dans l’enseignement ?
Quant aux entreprises, s’il est difficile de trouver des femmes aux hauts postes à reponsabilité, l’exemple de Laurence Parisot, à la tête du MEDEF, l’association des patrons français, est édifiant. Selon elle « La vie, la santé, l’amour sont précaires. Pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ? ».
Alors, hommes et femmes, tous pourris ? La question ne se situe pas à ce niveau. La contradiction principale dans notre société n’est pas une lutte entre le féminin et le masculin, mais bien une lutte entre riches et pauvres, entre ceux qui possèdent les entreprises, les richesses et les rênes du pouvoir et ceux qui subissent leur exploitation. L’oppression des femmes – encore souvent entretenue par les discours religieux et politiques – est, dans ce cadre, un moyen efficace pour obtenir un travail gratuit (le travail ménager), peser à la baisse sur l’ensemble des salaires et susciter des divisions qui freinent les possibilités de lutter en commun.
Il y a presque un siècle, en 1910, la création d’une Journée internationale des Femmes a été proposée par la socialiste allemande Clara Zetkin à une conférence internationale des femmes socialistes afin de « militer pour le droit de vote, l’égalité entre les sexes et le socialisme ». Ce lien entre la lutte pour l’émancipation des femmes et celles des travailleurs ne doit pas être oublié.
La lutte pour en finir avec les discriminations et les violences envers les femmes est une lutte qui doit être menée quotidiennement. Mais une véritable égalité entre les hommes et les femmes ne sera possible que sous un système où ce ne seront plus les profits d’une minorité qui décideront de tout mais les intérêts de la majorité de la population.