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  • Comment vaincre la machine d’austérité européenne ?

    Depuis le début de la crise de la zone euro, les mobilisations de masse n’ont pas manqué contre la politique d’austérité, avec toute une série de manifestations et de grèves mais aussi de grèves générales. Mais même si ces explosions de colère et de rage ne peuvent plus tout simplement être passées sous silence – malgré le contrôle des médias dominants et de l’information par la classe dominante – le bulldozer de la casse sociale n’en a pas moins poursuivi sa course, une course d’ailleurs destinée à devenir plus meurtrière encore avec l’adoption du ‘‘Traité européen d’austérité’’ (le Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance, TSCG). Quelle contre-attaque organiser et comment (re)mobiliser les découragés de la lutte sociale ?

    Par Nicolas Croes

    A faux diagnostique, faux remède

    La logique austéritaire ne fonctionne tout simplement pas. Tout y est faux, du début à la fin. Cette politique de bain de sang social est basée sur une explication totalement erronée : la crise de la zone euro proviendrait non pas de la faillite du secteur bancaire et de la collectivisation des pertes du privé – elles-mêmes conséquences des contradictions du système capitaliste – mais des dépenses publiques ‘‘impayables’’. Banquiers et spéculateurs ont en fait bénéficié de la complicité active et enthousiaste des politiciens capitalistes et des médias dominants pour se cacher, eux et leurs responsabilités, derrière les fonctionnaires ‘‘fainéants’’, les travailleurs ‘‘privilégiés’’, les chômeurs ‘‘parasites’’ et les pensionnés ‘‘destructeurs de sécurité sociale’’. A cette liste se sont rajoutés – au gré des besoins – les immigrés, les homosexuels, les femmes, les syndicats,… et l’extrême-droite est loin d’être la seule à avoir tenu la plume.

    Il a toujours été clair que cette politique n’allait rien arranger pour les masses, que nous serrer la ceinture n’allait pas nous préparer des jours meilleurs et qu’il nous faudrait au contraire percer de nouveaux trous. La maîtrise relative de la dette publique avant 2008 n’avait d’ailleurs pas empêché les divers pays européens de sombrer profondément dans la crise. S’il en était encore besoin, un bref coup d’œil porté aujourd’hui sur cette Union Européenne dévastée suffit à illustrer la faillite totale de l’austérité.

    En Espagne, après des années de coupes dans les budgets des autorités, d’augmentations de taxes (pour l’homme de la rue, pas pour ceux qui nous regardent du haut de leur tour d’ivoire) et de destruction des conditions de travail et des salaires, l’avenir du pays reste plombé par la récession. Le taux de chômage vient d’y franchir un seuil historique lors du premier trimestre de cette année en atteignant les 27,16%. Derrière ce chiffre, il y a 6.202.700 personnes plongées dans la misère (pas moins de 237.400 de plus qu’au trimestre précédent). Dans cette course macabre, l’Espagne ne cède la place qu’à la Grèce (27,2% de chômage officiel en janvier). Quant à cette fameuse dette publique dont la réduction justifie tous les sacrifices (pour autant qu’ils ne touchent pas l’élite de la société), elle a elle aussi atteint un nouveau record au premier trimestre de 2013 : 923,31 milliards d’euros, soit 87,8% de la totalité des richesses produites en un an dans le pays (le PIB, Produit Intérieur Brut). La Banque centrale prévoit qu’elle poursuivra son ascension vers les 91,4% du PIB en 2013 et les 99,8% en 2016. Et quand ça ne marche pas on fait quoi ? Et bien on continue !

    La saignée est inefficace, allons-y à la hache !

    En Grèce, l’austérité massive n’a pas empêché la dette publique d’atteindre les 159,9% de son PIB fin 2012 (une croissance de 8,6% entre 2010 et 2012). Ce taux aurait d’ailleurs largement dépassé les 190% si le tiers de la dette grecque (100 milliards d’euros) n’avait pas été annulé en mars 2012. Fin 2012 toujours, la dette souveraine de l’Irlande représentait 117,6% de son PIB (+ 25,5% entre 2010 et 2012) et celle du Portugal 123,6% (+ 29,6% entre 2010 et 2012).

    Ces trois pays sont ceux à avoir subi le plus directement la dictature des marchés, par l’intermédiaire de l’action dévastatrice de la troïka européenne (qui réunit la Banque Centrale Européenne, la Commission Européenne et le Fonds Monétaire International). Afin de bénéficier de ‘‘l’assistance’’ du Fonds Européen de Stabilité Financière, puis du Mécanisme Européen de Stabilité, les gouvernements de ces pays se sont engagés à appliquer une politique antisociale extrêmement brutale. Le résultat de cette politique (explosion du chômage, des suicides, des expulsions de logements, de malades incapables de payer leurs soins,…) ne peut que faire froid dans le dos, notamment à la population chypriote dont le pays vient de rejoindre le club des Etats mis en coupe réglée par la troïka européenne. Il est pourtant question de mettre toute la population européenne au même régime à l’aide du TSCG, le ‘‘traité d’austérité’’ européen. Ce texte a été signé le 2 mars 2012 par 25 pays de l’Union Européenne (tous sauf le Royaume-Uni et la République tchèque) et prévoit de ‘‘renforcer le pilier économique de l’Union économique et monétaire en adoptant un ensemble de règles destinées à favoriser la discipline budgétaire au moyen d’un pacte budgétaire, à renforcer la coordination de leurs politiques économiques et à améliorer la gouvernance de la zone euro.’’ En gros, il condamne l’Union Européenne à une austérité permanente.

    TSCG : une dictature des marchés de plus en plus ouverte

    L’article 3 du Traité interdit de dépasser un ‘‘déficit structurel’’ de 0,5% pour le budget d’un gouvernement (doublé dans le cas où la dette publique se situe sous les 60% du PIB). Respecter cette règle signifiera d’opérer des coupes encore plus profondes dans les dépenses publiques à un moment où les investissements de l’Etat dans l’économie sont plus que jamais nécessaires. De plus, cette notion de ‘‘déficit structurel’’ est absolument arbitraire. En 2006, le Fonds Monétaire International avait par exemple estimé le déficit structurel irlandais à 5,4% du PIB, tandis que la Commission Européenne l’avait estimé à 2,2%. Et c’est la Commission Européenne – le quartier général européen de l’offensive antisociale – qui décidera du chiffre à garder, de même que des moyens à mettre en œuvre pour rester dans le cadre de la discipline budgétaire !

    Il ne s’agit là que d’un exemple, tout le reste du texte est du même acabit, uniquement basé sur une vision à court terme de l’économie capitaliste et sur la recherche du profit maximal le plus rapidement possible. L’élite européenne est tellement idéologiquement liée au néolibéralisme qu’elle est incapable de voir l’impact dévastateur qu’aura ce traité, même en considérant les intérêts des capitalistes à plus long terme.

    Ce traité est aussi une attaque anti-démocratique de taille. L’Union Européenne est déjà une institution anti-démocratique, ce n’est même pas une ‘‘démocratie parlementaire’’. Le pouvoir y est concentré dans la Commission Européenne et le Conseil Européen. Fin 2011, 6 mesures ont été adoptées (le ‘‘six-pack’’) pour transférer d’importants pouvoirs de décision des gouvernements élus vers la Commission Européenne non-élue, tandis que la prise de décision a été modifiée au sein du Conseil Européen afin de rendre les sanctions punitives quasiment automatiques en cas de non-respect des dictats néolibéraux.

    Le texte du Traité prévoit de considérer le néolibéralisme comme une obligation et non plus comme un choix économique. L’article 5 prévoit ainsi de placer un pays directement sous administration des autorités européennes. Actuellement, plus de vingt pays sur les 27 que comprend l’Union Européenne sont exposés à cette tutelle !

    Quel type de résistance ?

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    Pourquoi l’austérité ?

    Comme expliqué ci-contre, l’austérité ne vise pas à ‘‘rééquilibrer les budgets des autorités’’. Dans le cadre de la crise de surproduction dans laquelle est plongée la totalité du système capitaliste (et pas uniquement l’Europe), il s’agit pour ‘‘nos’’ élites de restaurer par la manière forte le taux de profits des capitalistes, les détenteurs des moyens de production. A la manière dont Naomi Klein l’avait développé dans son livre ‘‘La stratégie du choc’’ (également disponible gratuitement sous forme film-documentaire sur internet), le choc de la crise a servi de prétexte pour accroitre l’offensive contre les acquis sociaux que le mouvement des travailleurs avait pu obtenir par le passé grâce à sa lutte.

    Il s’agit de l’accentuation de la politique néolibérale de transfert de richesses de la collectivité vers le privé, initiée en leur temps par Pinochet au Chili, Reagan aux Etats-Unis et Thatcher au Royaume-Uni. Cette politique économique était devenue nécessaire suite à la crise économique des années ‘70 et a pris son plein essor suite à l’effondrement du stalinisme au début des années ’90. Depuis lors, les privatisations d’entreprises publiques, les réductions de moyens pour les budgets sociaux et les diminutions de taxes pour les grosses entreprises se sont suivies au pas de charge. Mais cela n’a pas pu empêcher la crise d’éclater.

    Quel programme contre l’austérité ?

    • Non à l’austérité ! Pour la défense des services publics et des pensions ! C’est aux patrons de payer pour leur crise !
    • Pour des syndicats combatifs et démocratiques et des partis larges de travailleurs combatifs !
    • Dans chaque pays : pour un plan d’action combatif, démocratiquement discuté à la base, afin de construire le meilleur rapport de force contre l’offensive antisociale et d’élever la conscience des masses par la discussion et l’action collective !
    • Pour un plan d’action vers une grève générale de 24 heures à l’échelle européenne !
    • Non à la dictature des marchés ! À bas les agences internationales de notation de crédit et le FMI ! Stop au paiement des dettes de l’État aux capitalistes ! Arrachons la richesse des mains des spéculateurs super riches !
    • Nationalisation des secteurs-clés de l’économie (finance, énergie, sidérurgie…) sous le contrôle démocratique et la gestion des travailleurs !
    • Non au chômage de masse ! Pour la réduction du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires !
    • Pour des programmes massifs de travaux publics afin de créer des emplois socialement utiles et de répondre aux besoins de la population
    • Non à l’Europe des patrons et des marchés ! Pour une Europe socialiste démocratique !

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    Les pétitions, cartes blanches, déclarations,… n’ont pas manqué pour dénoncer ce traité. Les positions défendues dans ces critiques étaient souvent très bonnes, mais les moyens exposés pour vaincre le TSCG n’ont pas été à la hauteur de l’attaque. Le TSCG n’a été soumis au référendum qu’en Irlande, avec une offensive patronale et un chantage extraordinaire qui ont réussi à faire passer le ‘‘oui’’ de justesse. Dans les autres pays, ce sont les parlements nationaux qui étaient responsables de l’acceptation du texte ou de son rejet. En Belgique, cela signifie de passer devant le Parlement flamand et le Sénat (où le traité a déjà été approuvé), à la Chambre du Parlement fédéral, au Parlement wallon, au Parlement bruxellois, au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles et au Parlement germanophone. Hélas, l’opposition à l’austérité européenne s’est limitée à un lobbying à destination de parlementaires qui appliquent quotidiennement la casse sociale…

    Ainsi, la centrale des employés de la CSC (CNE), malgré des prises de positions combatives ces derniers temps (notamment concernant la nécessité d’organiser une grève générale contre la politique des autorités belges ou face à la nécessité de construire un nouveau relais politique large pour les travailleurs aux côtés de la FGTB Charleroi & Sud-Hainaut), a appelé ‘‘tous les parlementaires belges à un sursaut de courage pour défendre notre démocratie. Ratifier ce traité serait comme choisir, en pleine mer, la ceinture de plomb plutôt que la bouée.’’ De même, le CEPAG (Centre d’Education Populaire André Genot, une ASBL d’éducation permanente liée à la FGTB et dont l’actuel administrateur général est Thierry Bodson, le président de la FGTB wallonne) a lancé une pétition déclarant notamment : ‘‘Nous devons agir pour que nos représentants élus ouvrent les yeux, refusent d’obéir à l’Europe de l’austérité et rejettent la Traité budgétaire. Mettons la pression sur les parlementaires afin qu’ils ne signent pas un texte en totale contradiction avec les intérêts de la population !’’ Ce lobbying est insuffisant, on ne peut convaincre les politiciens capitalistes d’agir dans nos intérêts que par la force. En ce sens, la manifestation appelée par la FGTB wallonne devant le Parlement Wallon le 29 mai dernier était un premier pas – tardif – dans la bonne direction, qui ne doit pas rester un acte isolé, doit être amplifié et être considéré dans le cadre de la lutte plus large contre l’austérité et les licenciements. Qu’attendre encore pour un vrai plan d’action avec grève(s) générale(s) ?

    Pas mal de gens se demandent comment combattre cette Union Européenne antisociale qui parait être si lointaine. De nombreux politiciens traditionnels se servent d’ailleurs de ce sentiment d’impuissance pour justifier leurs attaques, sur le mode ‘‘c’est pas nous, c’est l’Europe’’. Cette question est loin d’être neuve. Karl Marx répondait déjà à son époque que ‘‘la lutte de classes est internationale dans son contenu mais nationale dans sa forme’’. Il n’en va pas différemment aujourd’hui. La majeure partie des problèmes auxquels sont confrontés les travailleurs oppose directement ces derniers à la classe dominante de leur pays. Hélas, partout en Europe, nous sommes forcés de constater que les sommets syndicaux manquent d’audace et évitent soigneusement toute stratégie d’affrontement direct avec l’Etat capitaliste et les diverses bourgeoisies nationales.

    L’exemple de la Grèce est à ce titre des plus édifiants. Ces dernières années, les grèves générales se sont succédées comme nulle part ailleurs en Europe, mais décidées et stoppées d’en haut, sans aucun plan d’action, bien plus destinées à laisser échapper la pression de la base qu’à sérieusement bloquer l’économie pour aller chercher les moyens là où ils se trouvent : dans les caisses des grandes entreprises et des banques. Dans chaque pays, le mouvement des travailleurs doit lutter pour récupérer ses instruments de lutte de masse, ce qui signifie de lutter résolument pour une démocratie syndicale (entre autres parce qu’une lutte déclenchée par la base est plus difficile à stopper par le sommet syndical), pour la fin du syndicalisme de négociation et de concertation et pour le retour d’un syndicalisme de lutte.

    Pour nous, cette timidité dans la contre-offensive provient directement de l’absence d’idée concernant l’alternative à défendre contre la société capitaliste. ‘‘Nos’’ dirigeants syndicaux ont été tellement impliqués dans le ‘‘moindre mal’’ et dans la concertation avec les institutions capitalistes qu’ils refusent de sérieusement considérer qu’une voie de sortie existe en dehors du capitalisme. Revenir à un syndicalisme de lutte signifie donc aussi de s’armer d’un programme anticrise anticapitaliste basé sur la collectivisation des moyens de production et leur contrôle et gestion démocratiques. C’est la seule manière d’obtenir un plan de relance basé sur les nécessités sociales et écologiques et non pas sur la recherche de profit. Réclamer tout simplement une ‘‘fiscalité plus juste’’ est largement insuffisant, en plus de nier la possibilité de l’évasion de capitaux qu’il faut résolument saisir et donc exproprier. Cela nécessite aussi de disposer d’un prolongement politique large pour porter les exigences des travailleurs sur l’arène politique tout en étant un parti de lutte, qui ne se cantonne pas à l’activité électorale. Les PS, Partis Travaillistes, Pasok et autres sont totalement passés dans l’autre camp depuis belle lurette.

    Pour une grève générale européenne

    De même que la lutte internationale ne doit pas servir de prétexte à laisser sa propre classe dirigeante nationale tranquille, une coordination des luttes par-delà les frontières – et particulièrement au niveau européen – est absolument cruciale. A ce niveau aussi, la faiblesse de la direction du mouvement des travailleurs est criante : la Confédération Européenne des Syndicats (CES) reçoit ainsi une partie de ses subsides de la Commission Européenne, et a toujours considéré son action dans le cadre de la construction loyale d’une Union Européenne capitaliste ‘‘sociale’’. On en voit le résultat.

    Le mot d’ordre d’une grève générale européenne est aujourd’hui d’une extrême importance, et la journée d’action européenne du 14 novembre dernier en a illustré le potentiel. Cette action coordonnée de plus grande ampleur que par le passé était un reflet de la pression grandissante de la base syndicale sur les divers syndicats européens et sur la CES elle-même. En Espagne et au Portugal, des grèves générales de 24 heures ont eu lieu (ce fut la plus massive et militante depuis 1974 au Portugal tandis qu’un million de personnes avaient manifesté à Barcelone et à Madrid). Des actions de grève avaient aussi eu lieu en Italie, en Grèce, à Malte, à Chypre et en Belgique. Comme nous le disions à l’époque : ‘‘Le génie des actions de grèves internationales est sorti de sa lampe.’’

    La combativité nécessaire à la victoire est bel et bien présente. Mais toute cette énergie ne peut être que dilapidée si elle n’est pas canalisée au travers d’un plan d’action combatif, avec un échéancier clair capable de peu à peu (re)mobiliser tous ceux qui veulent se battre mais se rendent bien compte que nombre de responsables syndicaux ne sont eux-mêmes pas convaincus qu’il est possible d’inverser la tendance antisociale actuelle. Laisser cette situation perdurer équivaut à ouvrir grand la voie à la droite la plus réactionnaire et à l’extrême-droite. Avec les conséquences que cela implique.

  • Vers une grève générale européenne de 24 heures !

    Le 14 novembre : journée de lutte historique contre l’austérité

    Le 14 novembre dernier, la Confédération Européenne des Syndicats (CES) avait appelé à une journée internationale d’action contre l’austérité. Nous avons pu avoir un petit aperçu de la force réellement monumentale qui est celle du mouvement des travailleurs. Des millions de travailleurs sont partis en grève ou ont manifesté le même jour, dans plus d’une vingtaine de pays. Comment aller de l’avant à présent ?

    Par Nicolas Croes

    Cette journée d’action fut – et de loin – la plus importante jamais organisée par la CES. Le 29 septembre 2010, elle avait organisé une journée d’action, mais il était essentiellement question d’une manifestation à Bruxelles, capitale de l’Union européenne. Plus de 100.000 personnes y avaient participé tandis que l’Espagne connaissait, seule, une grève générale de 24 heures. À l’époque déjà, le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) et ses sections (dont le PSL en Belgique) avait défendu la nécessité d’une grève générale européenne de 24 heures comme prochaine étape dans la construction d’un rapport de force international contre l’austérité.

    Le tract du CIO distribué en plusieurs langues dans le cortège de la manifestation dans les rues de Bruxelles expliquait notamment : « La Confédération Européenne des Syndicats a été obligée d’appeler à cette journée de lutte à cause de la pression exercée par la base syndicale en faveur d’actions solidaires à échelle internationale. Toutefois, certains dirigeants syndicaux verront en cette journée une autre possibilité de faire baisser “la pression” en organisant des actions symboliques inefficaces. (…) Les grèves et les manifestations (…) devraient être entreprises dans la perspective (…) de construire une grève générale de 24 heures dans toute l’Europe. Une telle grève ébranlerait les fondations du capitalisme européen et renforcerait infiniment la confiance et la détermination des travailleurs et des jeunes contre l’offensive d’austérité. »

    Nous avons saisi chaque occasion pour faire entendre ce mot d’ordre, notamment lorsque la Fédération européenne des sidérurgistes (FEM) avait appelé tous les travailleurs d’ArcelorMittal et de ses sous-traitants en Europe à faire grève le 7 décembre 2011, un « exemple à énergiquement utiliser pour défendre l’organisation d’une grève générale européenne de 24 heures », comme nous l’avions dit dans notre matériel politique diffusé à la manifestation du 6 décembre 2011 à Liège, en solidarité avec les métallos d’ArcelorMittal.

    Il a fallu attendre longtemps, jusqu’au 29 février 2012, pour avoir un nouvel appel de la CES, un appel dont l’ambition avait été particulièrement revue à la baisse puisqu’il ne s’agissait que d’organiser des “actions symboliques”. En Belgique, ce mot d’ordre timoré a d’ailleurs été instrumentalisé par nos directions syndicales dans le cadre de leurs efforts visant à faire honteusement atterrir le mouvement anti-austérité qui avait culminé avec la grève générale du 30 janvier 2012.

    La pression de la base se développe

    Cette décision d’organiser le 14 novembre une action coordonnée de plus grande ampleur reflète la pression grandissante issue de la base syndicale, pression qui s’est ouvertement exprimée le jour même. En Espagne et au Portugal, l’appel avait concrètement pris la forme de grèves générales de 24 heures. Au Portugal, cette grève générale fut la plus massive et militante depuis la Révolution des Œillets de 1974 qui avait fait tomber la dictature salazariste au pouvoir depuis 1933. En Espagne, les syndicats parlent d’une participation à hauteur de 77% des travailleurs, soit un pourcentage bien plus élevé que lors des précédentes grèves générales. À Barcelone et à Madrid, un million de personnes ont battu le pavé tandis que de nombreuses régions connaissaient les plus importantes manifestations de leur histoire.

    En Italie, la principale confédération syndicale du pays, la Confédération générale italienne du travail (Confederazione Generale Italiana del Lavoro, CGIL) avait appelé à une « grève générale de 4 heures ». Mais dans plusieurs secteurs, comme le commerce, les télécommunications, les écoles et la fonction publique, la grève a été étendue à 8 heures. La participation aux manifestations a de plus été réellement impressionnante. En Grèce, le secteur privé a stoppé le travail en solidarité durant 3 heures, mais le pays venait de sortir d’une grève générale de 48 heures une semaine auparavant. À Malte et à Chypre, des actions de grève ont également eu lieu. La prochaine étape du mouvement sera très probablement une grève générale commune au sud de l’Europe. Le génie des actions de grèves internationales est sorti de sa lampe.

    Il nous faut un plan d’action !

    Le caractère destructif et interminable de l’austérité n’est pas partout perçu de la même façon. Certains espèrent encore un “retour à la normale” ou pensent que la contagion du scénario grec restera cadenassée au sud de l’Europe. La pression de la base varie donc en intensité. Les dirigeants syndicaux n’ont de plus pas d’alternative à proposer à la classe sociale et sont souvent pieds et poings liés à la social-démocratie. Ils n’offrent pas de perspective qui gonfle suffisamment la confiance des travailleurs pour que ces derniers se lancent dans la lutte. Soit ils n’organisent rien (ce fut le cas le 14 novembre en Flandre), soit ils organisent des actions sans lendemain, dont on ne peut que suspecter qu’elles ont principalement pour but de faire baisser la pression (ce fut le cas en Wallonie et à Bruxelles le 14 novembre).

    Comme nous l’expliquions dans notre tract distribué en Belgique : « Cette situation diminue la pression qui peut venir de la base, un élément qui à son tour est utilisé comme excuse pour ne rien faire de la part de certaines directions syndicales. D’autres préfèrent la fuite en avant dans la radicalité, mais sans avoir préparé le terrain. Il ne nous faut ni passivité, ni aventurisme, mais un plan d’action bien élaboré qui offre une perspective de victoire. »

    L’autorité du capitalisme n’a jamais été aussi minée depuis les années ‘30. Mais la faiblesse des capitalistes ne conduit pas automatiquement à la victoire du mouvement des travailleurs. Cette tâche exige de sérieusement organiser l’offensive, avec des assemblées générales d’information sur les lieux de travail, dans les écoles, les universités et les quartiers pour discuter d’un plan d’action comprenant de bons piquets de grève aux entreprises, dans les zonings industriels et les centres-villes, des manifestations (ce qui permet d’impliquer ceux qui ne sont pas intégrés dans les délégations syndicales comme les chômeurs, les jeunes, les retraités, les travailleurs précaires…), des occupations d’entreprises…

    Cela nécessite également de construire des relais politiques pour les luttes sociales, avec de nouveaux partis pour et par les travailleurs, larges et démocratiques, qui considèrent que l’essentiel de leur activité est dans la rue auprès de la base syndicale et non dans les Parlements. Les élections et l’activité parlementaires ne doivent être que des moyens au service de la lutte des masses contre l’austérité et, in fine, pour un projet de société basé sur l’épanouissement des possibilités de chacun et la satisfaction des besoins de tous. C’est ce que nous appelons le socialisme démocratique.

    • Non à l’austérité! Pour la défense des services publics et des pensions! C’est aux patrons de payer pour leur crise!
    • Pour des syndicats combatifs et démocratiques et des partis larges de travailleurs combatifs!
    • Dans chaque pays : pour un plan d’action combatif, démocratiquement discuté à la base, afin de construire le meilleur rapport de force contre l’offensive antisociale et d’élever la conscience des masses par la discussion et l’action collective !
    • Pour un plan d’action vers une grève générale de 24 heures à l’échelle européenne!
    • Non à la dictature des marchés ! À bas les agences internationales de notations de crédit et le FMI ! Stop au paiement des dettes de l’État aux capitalistes! Arrachons la richesse des mains des spéculateurs super riches!
    • Nationalisation des secteurs clés de l’économie (finance, énergie, sidérurgie…) sous le contrôle démocratique et la gestion des travailleurs!
    • Non au chômage de masse ! Pour la réduction du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires !
    • Pour des programmes massifs de travaux publics afin de créer des emplois socialement utiles et de répondre aux besoins de la population!
    • Non à l’Europe des patrons et des marchés! Pour une Europe socialiste démocratique!
  • 14 novembre : Le mouvement ouvrier espagnol illustre quelle est sa force

    • La lutte doit se poursuivre ! Pour une grève générale de 48 heures !
    • La lutte doit aller de l’avant et s’intensifier, dans l’Etat espagnol comme en Europe !

    La grève générale du 14 novembre dernier, à l’instar de celles du 29 mars de cette année et de celle du 29 septembre 2010, a secoué toute la société de l’État espagnol. Les syndicats parlent d’une forte participation à la grève, à hauteur de 77%, un pourcentage bien plus élevé que lors des précédents mouvements de grève. La mobilisation, et la paralysie qui en est issue, a été particulièrement forte dans l’industrie et dans les transports, les plus forts bastions du mouvement ouvrier organisé.

    Déclaration de Socialismo Revolucionario (CIO-Espagne)

    De plus, bien plus de chômeurs, de jeunes, de retraités et de travailleurs précaires employés dans des secteurs moins bien organisés (tels que les services et l’hôtellerie) et incapables de faire grève car étant sous la menace d’un licenciement immédiat, ont montré leur soutien actif à la grève en participant à de gigantesques manifestations tout au long de la journée. Des millions de personnes – 5 millions selon les sources syndicales – ont défilé dans tout l’Etat, avec notamment des manifestations de plus d’un million à Barcelone et Madrid. Certains endroits ont connu les plus grandes manifestations de leur histoire, comme la région du nord de la Galice, où un demi-million de personnes ont défilé dans les principales villes. Même les données déformées de la police et de la presse capitaliste (60.000 à A Coruna et 45.000 à Ferrol) donnent l’indication d’un tournant historique.

    Dans les principaux lieux de travail de l’industrie du pays, (par exemple Telefonica, Seat, Toyota, etc.), ainsi que dans les transports (alors qu’un ”service minimum” avait été convenu), la grève générale a touché près de 100% des travailleurs. La paralysie de l’économie ainsi que le blocage des centres-villes à travers tout l’État, une des caractéristiques de cette journée du 14 novembre, sont autant de rappels que, fondamentalement, l’économie est incapable de tourner sans la permission de la classe ouvrière organisée.

    Il n’y a quasiment eu qu’un seul ”point noir” : le refus des dirigeants des syndicats nationalistes basques – ELA et LAB – de soutenir l’appel à la grève générale. Cette décision reflète un sectarisme absurde, en particulier au regard du caractère international de la mobilisation et des grèves générales ce 14 novembre. En dépit de cela toutefois, un grand nombre de membres de la base de ces syndicats sont parti en action de façon extrêmement déterminée. Dans certaines usines d’importance, comme Volkswagen à Pampelune, les travailleurs sont partis en grève malgré l’attitude de leurs directions syndicales. Tout cela illustre la volonté de la base du mouvement ouvrier et sa préparation à partir en lutte, y compris en passant sur la tête de ses ”dirigeants” si cela est nécessaire. Cette tendance est à renforcer, et deviendra de plus en plus forte dans la prochaine période de la lutte.

    Vers la démobilisation ou l’intensification?

    Le succès remporté par la grève générale et les diverses mobilisations montre clairement, une fois de plus, que notre classe n’est pas prête à accepter des conditions de vie de misère, le chômage, la perte de ses droits et la destruction des services publics. En bref, les travailleurs refusent la politique imposée par le gouvernement et la dictature des marchés.

    Il nous faut cependant tirer les leçons des grèves générales précédentes et nous battre pour le 14 novembre ne soit pas seulement une action symbolique de plus organisée par les directions des syndicats majoritaires (CCOO et UGT) afin de permettre à la colère de se défouler avant de rapidement organiser la démobilisation par la suite. Après la grève générale du 29 mars dernier contre la réforme du travail du Parti Populaire, cette stratégie de démobilisation a conduit à l’adoption d’une législation encore plus défavorable aux travailleurs que celle prévue avant la tenue de la grève ! Après la grève, les dirigeants syndicaux Toxo et Mendez n’avaient seulement plaidé que pour une ”amélioration” de la réforme par le Parlement Voilà où conduit la stratégie des directions syndicales qui consiste à préférer les discussions avec les politiciens capitalistes à la mobilisation de la toute la force de la classe ouvrière pour vaincre les attaques antisociales.

    Nous sommes actuellement dans une conjoncture similaire. Le jeudi, les dirigeants du CCOO et de l’UGT parlaient du grand succès de la grève pour appeler le gouvernement à modifier sa politique ou à chercher ”l’approbation du peuple” en demandant un référendum ! Nous devons bien comprendre qu’aucun changement dans la politique du gouvernement ne sera obtenu sans une lutte soutenue et croissante de la classe ouvrière et de la jeunesse, pour vraiment faire monter la pression. Un aperçu en a été donné dans les derniers développements de la lutte contre les expulsions de maisons. Les nouvelles mesures annoncées par le gouvernement après la grève (l’imposition d’un moratoire sur les expulsions dans un petit nombre de cas), en dépit de leur caractère largement insuffisant, sont le produit direct de la lutte de ces dernières années, y compris des actions directes de blocage d’expulsions, de manifestation et d’occupation des banques, etc.

    C’est dans ce même esprit que nous devons poursuivre la lutte contre ce gouvernement d’austérité et de misère jusqu’à ce qu’il soit abattu. Mais il nous faut aussi lutter contre ceux qui veulent démobiliser notre mouvement quand il ne fait que commencer. Avant le 14 novembre, les initiatives locales de diverses plates-formes militantes, souvent issues du "15M" (les Indignés), ont instauré des "comités de grève” dans les quartiers et ont notamment organisé les travailleurs de la construction au niveau local.

    Ces comités doivent maintenant être utilisés pour organiser le mouvement de la base et pour nous battre pour une stratégie combative, pour vaincre la stratégie démobilisatrice des dirigeants syndicaux. Certains syndicats plus petits (comme les Cobas) ont déjà pris position en faveur de l’appel à une nouvelle grève générale, dans le cadre d’un plan d’action visant à vaincre l’austérité du gouvernement du PP et des autres gouvernements. Socialismo Revolucionario, la section du Comité pour une Internationale Ouvrière dans l’Etat espagnol, soutient la convocation d’une nouvelle grève générale, pour 48 heures, ainsi qu’une escalade de l’action du mouvement ouvrier avec un bon plan d’action. L’occupation partielle des travailleurs des hôpitaux de Madrid pourrait également constituer un autre élément de la stratégie de lutte, celle de l’occupation des lieux de travail, des bâtiments officiels et des ministères, pour résister aux licenciements et aux privatisations.

    Des comités démocratiques et des assemblées peuvent jouer un rôle crucial dans le cadre du "service minimum" exigé dans les principaux services essentiels (hôpitaux, etc.), où les gouvernements régionaux et central tirent parti de la législation anti-syndicale afin d’imposer des niveaux abusifs de présence pour le service minimum dans un large éventail de secteurs (par exemple, jusqu’à 50% dans les transports publics dans certaines régions!). Les énormes variations qui existent dans l’imposition du service minimum entre les différentes régions résultent de la pression des gouvernements locaux et des patrons.

    Comme le scandale des expulsions forcées de logement et les tentatives du gouvernement de calmer la situation l’ont montré, l’administration Rajoy est dans une position beaucoup plus faible que lors de la grève générale du 29 mars. La colère massive contre les expulsions et la législation hypothécaire abusive actuelle s’est étendue jusqu’à des secteurs où on ne l’attendait pas : les juges, la police, et même des personnalités au sein du PP lui-même ! Tout cela illustre la faiblesse du gouvernement.

    Le PP fera tout pour s’accrocher au pouvoir, notamment grâce à sa majorité parlementaire, mais l’affaiblissement du gouvernement se poursuivra, et ouvrira la possibilité d’une lutte victorieuse pour faire tomber ce gouvernement et pour défendre l’arrivée d’un gouvernement ouvrier orienté vers la défense de nos intérêts. Cependant, pour la réalisation de cette tâche, les travailleurs et les jeunes doivent être armés d’un relais politique sous la forme d’une gauche de anticapitaliste armée d’un programme authentiquement socialiste qui refuse le paiement de la dette et défend la nationalisation des banques et des secteurs-clés de l’économie, sous le contrôle et la gestion démocratique des travailleurs.

    Une fois toutes ces ressources aux mains du public, les besoins de tous pourraient être garantis (un revenu de base, un travail digne, de bons soins de santé, un enseignement gratuit et de qualité, de bons logements accessibles, etc.) dans le cadre d’une économie démocratiquement planifiée.

    Le 14 novembre fut la première grève générale de la péninsule ibérique. Des grèves partielles de quelques heures ont également eu lieu en Grèce et en Italie, et des grèves et d’autres actions ont également été organisées dans des pays du nord de l’Europe comme en Belgique, en Allemagne et en France.

    Cette coordination historique des luttes est d’une grande importance, et pose la question d’une grève générale européenne de 24 heures, une grève contre l’austérité de l’Europe capitaliste qui sacrifie les travailleurs et les chômeurs pour satisfaire les diktats du marché. Cela peut poser les bases d’une lutte pour une nouvelle Europe des travailleurs, gérée dans l’intérêt de la grande majorité.

  • Actions de solidarité à Bruxelles: en Belgique aussi Portugais et Espagnols sont descendus dans la rue!

    Ce samedi, l’Espagne et le Portugal ont connu une actualité sociale mouvementée: des manifestations de masse ont pris place contre les politiques d’austérité brutale menées par les gouvernements espagnol et portugais. Des milliers de personnes à Madrid et à Lisbonne sont descendues dans les rues pour rejeter les nouvelles coupes budgétaires annoncées. Notons aussi que des milliers d’Allemands étaient également dans les rues ce samedi tandis que, le dimanche, une manifestation a également pris place à Paris contre la traité européen d’austérité. “Virez-les virez-les” ont scandé les Espagnols aux portes du parlement. Ces actions à travers l’Europe ce week-end montre la voie à suivre, celle d’une lutte unifiée à travers toute l’Europe. C’est ce qui est nécessaire pour faire dégager l’austérité et nos gouvernements par la même occasion. A cette occasion, deux actions de solidarité ont pris place à Bruxelles pour soutenir ces initiatives.

    Nico M (Bruxelles)

  • Occupy souffle sa première bougie. Nous tenons l'allumette pour la suite !

    Ce lundi 17 septembre 2012, le mouvement Occupy souffle sa première bougie. Et si en cette période, il semble s’être justement éteint, il ne faut pas crier à la défaite et se laisser bercer par la nostalgie. Tout reste à faire ! Retour en arrière…

    Par Elodie (Liège)

    Apogée

    Le 17 septembre 2011 marque le début officiel du mouvement Occupy. Né au États-Unis, il a tout d’abord regroupé quelques centaines de jeunes, organisés en campement dans le Zucotti Park de New-York, autour de la constatation des inégalités économiques et sociales croissantes qui émanent du système capitaliste actuel. Très rapidement, ce mouvement s’est vu renforcé par l’adhésion de plusieurs milliers de personnes, jeunes et travailleurs. Le 17 septembre, une manifestation est organisée dans le quartier de Wall Street, véritable fleuron du capitalisme financier. Un millier de personnes y participent. Il ne faut pas attendre longtemps pour voir ce mouvement de protestation s’étendre et dépasser les frontières new-yorkaises. Seulement deux semaines plus tard, le 5 octobre, une seconde manifestation s’organise à Wall Street rassemblant cette fois 12000 personnes ! Le 9 octobre, l’occupation s’empare de 900 villes à travers le monde : Sydney, Chicago, Boston, Paris, Hong Kong, Madrid, Berlin pour n’en citer que quelques unes. Aucun continent n’est épargné ! A la date du 15 octobre, on dénombre des manifestations dans pas moins de 1500 villes de 82 pays. De ce mouvement colossal mondial émane un slogan : « We are the 99 % » !

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    Liège: MEETING des Etudiants de Gauche Actifs

    Un an après Occupy Wall Street

    • Un an après, où en est-on ?
    • Comment les ‘’99%’’ peuvent-ils lutter contre les ‘’1%’’ ?
    • Les mobilisations de masse peuvent-elles changer les choses ?
    • Quelle alternative aux partis de Wall Street ?
    • Comment renverser le système capitaliste ?
    • Par quelle alternative le remplacer ?

    Mardi 25 septembre, 19h00, Université de Liège, place du XX Août, Salle Wittert

    Page Facebook du meeting
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    Inégalités, précarisation, la logique capitaliste

    La crise économique de ces dernières années a révélé de façon encore plus manifeste les contradictions et les inégalités inhérentes au système capitaliste. Les 1% les plus riches de la population, qui détenaient déjà dans leur mains la plus grosse part de richesse mondiale avant la crise, ne cessent de voir leur capital augmenter. Le régime est différent pour les 99% restants de la population. La crise ne fait pas que des heureux. Elle a laissé une ardoise considérable qui doit être résorbée… L’austérité sous le vocable d’ « effort collectif » devient alors l’apanage des différents gouvernements à travers le monde pour la sortie de crise. Coupes budgétaires, licenciements, chômage, attaques sur les conditions et les droits sociaux, le « collectif » devient une notion relative, épargnant les mieux lotis véritables responsables de la crise. L’effort sera donc uniquement fourni par ceux qui luttaient déjà bien souvent pour leur survie économique. A la clé ? La promesse d’un futur heureux sous un capitalisme moral rendu possible grâce à un retour de l’intervention étatique et à la sacro-sainte régulation qui empêcherait toute réitération de la crise.

    Au début de celle-ci, la présence de l’État fut en effet rendu directement perceptible par les opérations de nationalisation de nombreuses institutions bancaires et financières à travers le monde. Mais le terme de « nationalisation » utilisé lors de ces opérations diffère bien de celui que nous entendons en tant que révolutionnaires socialistes. Sitôt renflouées par l’argent public, ces institutions furent aussitôt rendues au privée. La question de la dette publique et des plans d’austérité a vite remplacé celle de la nationalisation et de l’intervention étatique. C’est que l’économie de marché et le système capitaliste sont, de l’avis de nos politiciens traditionnels (qu’ils soient libéraux ou sociaux-démocrates !), les meilleurs qui soient. Seulement voila, si le slogan « there is no alternative » a pu trouvé auditoire pendant un certain temps, plus question pour la population et les travailleurs d’y recourir. Le système montre, de façon presque risible, ses contradictions par la montée des inégalités sociales et économiques. Les uns trinquent, les autres déboursent ! Les conditions qui ont donné un terreau à la crise, loin d’avoir été écartées et abolies, ont été renforcées. C’est à partir de cette constatation que s’est constitué le mouvement Occupy. Le mouvement des indignés espagnols mais surtout le processus révolutionnaire en Afrique du Nord et au Moyen-Orient qui s’étaient déroulés auparavant ont certainement ouvert la voie en illustrant qu’une mobilisation peut payer ! L’ensemble de ces mouvements de protestation ont eu pour mérite d’inaugurer un nouveau terrain idéologique. Non, Monsieur Fukuyama, le capitalisme n’est pas la fin de l’histoire ! Il ne faudra cependant pas se contenter de le regarder s’auto-décomposer, car le capitalisme s’est muni de nombreux moyens économiques et politiques pour survivre. Il faudra donner une impulsion à sa perte, une impulsion qui ne peut passer que par une mobilisation et surtout une organisation de masse !

    La force de la mobilisation

    Le mouvement Occupy a eu le mérite de pointer du doigt les véritables responsables de la crise. Aux États-Unis, les politiciens de droite du Parti Républicain et du Tea Party, surfant sur la vague de la désillusion suite à la présence d’Obama et du Parti démocrate au gouvernement, n’avaient de cesse de s’en prendre au service public et aux syndicats comme initiateurs de la crise. Les démocrates n’opposaient pas une grande résistance face à ces déclarations et à cette logique. Un terrain idéologique de droite se démarquait au sein de l’ensemble du monde politique américain. Le gouverneur républicain du Wisconsin, Scott Walker avait d’ailleurs proposé une législation détériorant les conditions de travail des enseignants et d’autres fonctionnaires. Celle-ci fut adoptée dans plusieurs États républicains après que les dirigeants syndicaux aient démobilisé la lutte contre ces mesures.

    Le début du mouvement Occupy a marqué une rupture avec ces politiques réactionnaires. Plus question de s’en prendre au secteur public et aux syndicats. Il était temps de remettre les pendules à l’heure en s’attaquant aux véritables responsables de la crise désignés comme les banquiers de Wall Street et les actionnaires millionnaires. Ayant rejoint les constatations du mouvement, de nombreux militants syndicaux se sont organisés et ont initié des actions concrètes telles que la grève générale à Oakland (Californie) en novembre 2011. La ville portuaire avait alors décidé de fermer cinq écoles pour raisons budgétaires. La population est alors entré en lutte. Une première manifestation fut organisée le 25 octobre 2011. Celle-ci fut brutalement réprimée. Mais les travailleurs ne se sont pas laissé faire : une grève générale fut votée en assemblée. La première aux États-Unis depuis 1946 ! La ville, qui abrite le 5ème plus grand port américain, s’est vu bloquée par des milliers de citoyens.

    Cette action, qui ne fut pas la seule, a véritablement démontré aux participants la nécessité de s’organiser en tant que classe des travailleurs contre le système capitaliste. Face à la force de cette protestation et de ces mouvements qui trouvaient du soutien global au sein de la population américaine, les politiciens, et plus particulièrement les démocrates, furent contraints d’adapter leur discours en conséquence afin d’y insérer (en surface du moins) les revendications des « 99% ».

    La lacune de l’organisation

    Malgré son immense potentiel, le mouvement Occupy s’est laissé dépassé par ses faiblesses. La plus grande de celle-ci était la volonté de ce mouvement de s’établir comme « a-politique ». Aucune revendication concrète n’a pu alors émerger. De par cette lacune, peu sont les citoyens ayant participé activement au mouvement. Le soutien fut majoritairement passif. Cela est sans aucun doute dû à une absence de visée, de programme et par conséquent de plan d’action.

    La question du ras-le-bol était bien présente, mais celle de l’alternative à apporter à la société actuelle était beaucoup plus floue. Beaucoup se focalisaient sur le maintien des campements, y voyaient des embryons d’une société plus égalitaire. En plus de rester fortement éloigné de la question immédiate de l’emploi qui était la préoccupation majeure des travailleurs, ceux-ci ont rapidement été dispersés par les forces de l’ordre. Les actions et mobilisations du mouvement sont restés trop souvent dans le domaine du symbolique pour négliger les actions concrètes.

    Selon nous, un changement de société doit passer par une organisation politique de masse capable de porter et d’organiser un plan d’action concret favorable aux travailleurs et à la majorité de la population. Le problème est qu’actuellement, plus aucun parti traditionnel ne représente les intérêts des travailleurs et ne portent leur revendications. Il ne tient qu’à nous de nous réorganiser autour d’un véritable projet politique favorable à la majorité de la population qui puisse tendre vers une société véritablement égalitaire : une société socialiste !

    Si aujourd’hui le mouvement Occupy semble s’être éteint, son souvenir restera une étincelle dans la mémoire de la population et des travailleurs. Il a montré que le dégoût de cette société capitaliste inégalitaire et remplie de contradictions est partagé par un grand nombre de citoyens qui sont prêts à se mobiliser et cela à travers le monde. Ne laissons pas cette étincelle s’éteindre définitivement ! Donner à cette mobilisation une visée et un plan d’actions concret ! Il ne tient qu’à nous d’allumer le feu ! Contre le capitalisme ! Pour une société socialiste !

  • Les mineurs espagnols montrent la voie à la classe ouvrière

    Nous avons tous suivi depuis le 28 mai dernier le combat déterminé que mènent les mineurs esapgnols afin de sauver leurs emplois. La fin annoncée des aides au secteur minier, déjà approuvée par le gouvernement précédent du PSOE (Parti socialiste ouvrier Espagnol), a juste été accélérée par le gouvernement du Parti Populaire. Si le gouvernement gagne, cela entrainera la fermeture des mines d’ici 2018 au plus tard et la disparition de milliers d’emplois.

    Par Karim Brikci, tête de liste de Gauches Communes à Ixelles

    • Collectif Krasnyi – Reportage – ”Madrid ouvrier avec les mineurs"

    La Marcha Negra :

    Les mineurs ont su renouer très rapidement avec les meilleures traditions de lutte de la classe ouvrière espagnole : grève illimitée, bloquages et occcupations. Parallèlemement aux actions locales dans des régions très rurales, les mineurs ont organisé une marche noire sur Madrid pour construire le soutien et défier le gouvernement. Partie des différentes régions minières du pays, cette marche a traversé des dizaines de villes dans lesquelles les mineurs ont à chaque fois vécu des moments de solidarité inoubliables.

    L’arrivée à Madrid restera une référence importante de la lutte sociale en Espagne pendant encore longtemps. Aux cris de “Vive la lutte de la classe ouvrière” ou encore “Madrid ouvrier avec les mineurs”, des dizaines de milliers de madrilènes ont acceuilli magnifiquement les mineurs en lutte. La manifestation qui a débuté à 22h pour normalement finir à minuit à la puerta del sol (lieu symbolique de la contestation en Espagne depuis le mouvement des Indignés) ne s’acheva qu’à plus de 2h du matin dans une ambiance combative solidaire et remplie d’émotions. N’en déplaise à la presse de droite, les mineurs ont prouvé que la solidarité ouvrière n’a pas disparue!

    La grande manifestation syndicale du 11 juillet

    Le lendemain de la marche nocturne a eu lieu la grande manifestation syndicale pour la défense des emplois dans les bassins miniers. Le succès est au rendez vous. La foule compacte exprime sa totale solidarité avec la lutte des mineurs. Des travailleurs du secteur public et du privé manifestent sous leurs banderoles réclamant l’abolition de la réforme du travail imposée par le gouvernement il y a quelques mois tout en exprimant leur total soutien aux mineurs en grève.

    Alors que les discours des dirigeants syndicaux ne sont même pas finis, la police attaqua la manifestation et provoqua des affrontements avec des mineurs en colère. La réaction collective et organisée de certains groupe de mineurs a pu protéger le cortège et empêcher la police de continuer à abbattre sa violence à coup de matraques.

    Plusieurs arrestations et blessés seront quand même à comptabiliser à la fin de la journée. Le travail de criminalisation débuté dans les Asturies continuait…

    La timidité de la direction syndicale induit l’arrogance du gouvernement

    Les mineurs ont montré le chemin que doit reprendre l’ensemble de la classe ouvrière espagnole et ce chemin est celui de la lutte de classe. Les mineurs l’ont compri, leurs camarades aussi, mais apriori, pas leurs dirigeants.

    La grève illimitée massivement suivie par les mineurs n’a fait que confirmer leur volonté ininterrompue de mener le combat jusqu’à sa conclusion logique: la victoire. Il est malheureux de noter une fois de plus l’attitude timide voire contre productive des directions syndicales. On a déjà parlé de l’enthousiasme énorme qu’a suscité la lutte des mineurs et leur marche sur Madrid. La question était posée par les mineurs d’occuper la puerta del sol à leur arrivée à Madrid . Même si l’on peut discuter de la pertinence d’occuper une place comme moyen d’action à long terme (expérience des indignés), les directions syndicales, elles, ont refusé de discuter de la suite des actions et de la façon de saisir le potentiel présent pour construire un réel mouvement massif contre la politique antiouvrière du gouvernement Rajoy. A la fin de la tant attendue Marche sur Madrid, les syndicats ont laissé les mineurs seuls face aux forces de l’ordre sans service d’ordre et surtout sans aucun mot d’ordre pour la suite du combat, exception faite de leurs chaleureux remerciements pour la lutte menée. Refrain connu : “Merci pour tout et à bientôt”.

    Le gouvernement quant à lui ne fait pas preuve de la même timidité. Le comble de son arrogance aura même été d’annoncer le jour de la grande manifestation des mineurs le plus grand plan d’austérité qu’a connu le pays. Alors que les mineurs reprenaient leurs bus, les fonctionnaires descendaient dans la rue.

    Il est criminel que les directions syndicales continuent aujourd’hui à appliquer une politique de division consciente des différentes couches de travailleurs qui entrent en action. La situation sociale, l’arrogance du gouvernement et l’énorme soutien qu’ont réussi à construire les mineurs malgrès une campagne médiatique très dure aurait du être l’occasion d’appeler à une réaction unifiée de l’ensemble de la classe ouvrière espagnole. L’appel à une grève générale de 48 h comme premier pas de la lutte pour la chute de ce gouvernement d’austérité peut avoir aujourd’hui un écho énorme dans la société espagnole.

    Depuis le 11 juillet, chaque jour, chaque soir et chaque ville vit son lot de manifestations combatives, déterminées et brutalement réprimées. Le combat ne fait que commencer en Espagne mais demande en urgence une direction adéquate et déterminée à gagner!

  • Espagne : Les mineurs se rendent à Madrid et montrent la voie de la lutte aux travailleurs !

    Pour une grève générale de 48 heures destinée à renverser le gouvernement Rajoy

    Des milliers de mineurs sont arrivés à Madrid la semaine dernière, au terme d’une marche sur la capitale dans le cadre de leur lutte pour défendre leurs emplois. Ils y ont été accueillis par des milliers de travailleurs et jeunes madrilènes descendus afin d’exprimer leur solidarité tandis que des pompiers les ont escortés à travers la capitale, jusqu’au devant du parlement. Le jour même de l’arrivée des mineurs, Rajoy et le gouvernement de droite du PP (Parti Populaire) ont annoncé de nouvelles mesures budgétaires, qui comprennent selon divers observateurs les pires coupes budgétaires depuis 1956, à l’époque de la dictature fasciste de Franco.

    John Hird, Socialismo Revolucionario (CIO-Espagne)

    La couverture du magazine satirique EL JUEVES montre Mariano Rajoy embrasser à pleine bouche le joueur de foot Iker Casillas, en parodie du fameux baiser qu’Iker avait donné à sa compagne lorsque l’Espagne avait remporté la coupe du monde de foot il y a deux ans. Rajoy a tout tenté pour être associé à la récente victoire de l’équipe espagnole lors de la coupe de l’Euro 2012. Rajoy a même appelé le coach Vincente Del Bosque à “gagner la coupe pour l’Espagne afin de nous aider à oublier la crise.” Del Bosque a répondu que son équipe ferait de son mieux, mais que la victoire ne résoudrait pas les problèmes sociaux-économiques du pays. Quel grand coach et quel homme avisé !

    Les mineurs des Asturies et d’autres régions ont apporté la lutte de classe jusqu’à la porte de Rajoy et ont balayé le facteur ’Euro Cup’. Le célèbre footballeur David Villa (du FC Barcelone et de l’équipe nationale) a même ouvertement déclaré son soutien pour les mineurs et leur lutte. Alors que les mineurs étaient en marche à Madrid, ils chantaient : "Esta es nuestra selección" (“voilà notre équipe”.) Un mineur a commenté dans les médias qu’il s’attendait à un bon accueil à Madrid, mais qu’avec l’accueil incroyable qu’ils ont finalement reçu, il se sentait réellement comme étant dans ’La selección’.

    L’arrivée des mineurs à Madrid a été telle une catharsis pour les autres couches de travailleurs également cibles d’attaques antisociales, comme les pompiers, les enseignants et les fonctionnaires locaux. “Les mineurs sont notre fierté!” Les chants d’encouragement de ces travailleurs illustrent que le mouvement des mineurs rassemble la colère qui vit en Espagne. Les mineurs eux-mêmes reprennent des chants de la guerre civile espagnole comme “Santa Barbara”. Même le grand quotidien bourgeois El Pais admet l’idée que la “lucha obrera” (la lutte ouvrière) reprend de la vigueur. Mais en général, les médias espagnols continuent de jouer un rôle des plus lamentables. Alors que des dizaines de milliers de travailleurs manifestent dans les rues de Madrid, les chaînes de TV continuent de diffuser un menu d’émissions de sport, de films américains et de d’émissions de variété.

    La presse gouvernementale ne fait que publier des mensonges à propos des mineurs. Selon ABC, les mines sont si sûres que les femmes peuvent s’y rendre en hauts talons, alors que les mineurs reçoivent des salaires de 2.100 euros par mois, ce qui est loin d’être le cas. Les mineurs auraient dilapidé les millions d’euros de subsides qu’ils ont reçu et – l’attaque n’est pas neuve – ce seraient des gens violents. Dans les faits, les mineurs reçoivent en moyenne un salaire compris entre 1.000 et 1.500 euros par mois pôur un travail très dangereux. Un policier gagne environ 1.900 euros.

    Toute l’industrie est subsidiée en Espagne, y compris les transports et l’agriculture. Pourquoi s’en prendre aux mineurs, dont les subsides ne représentent qu’1% de l’aide publique totale ? Les banques espagnoles ont encore récemment reçu une centaine de milliards d’euros, et où est passé tout cet argent ? Les subsidies accordés aux compagnies minières ont été gaspillées auprès des entreprises minières privées et des gouvernements locaux et régionaux. Cela aurait dû être consacré à l’amélioration des infrastructures et à la création d’emplois. Les mineurs ne sont pas responsables de cela, et de nombreux travailleurs espagnols le comprennent fort bien. Concernant la violence, que peut-il bien y avoir de plus violent que la destruction brutale de 8.000 emplois directs dans les mines et de 30.000 emplois indirects dans toute la collectivité ? La seule réponse de Rajoy face aux exigences des mineurs a été de mobiliser la police nationale et la Garde Civile, ce qui constitue une véritable provocation pour les communautés de mineurs. Les mineurs et leurs familles ont déjà souffert de leur brutale répression. A Ciñera, León, des balles en caoutchouc ont été utilisées, de même que des gaz lacrymogènes.

    Les mineurs féminines ont aussi marché des Asturies à Madrid, et les femmes des mineurs ont aussi commencé à s’organiser. Des milliers de personnes ont pris part aux manifestations massives aux portes du ministère de l’Industrie, avec les mineurs aux côtés de leurs familles et de travailleurs de tous les secteurs de Madrid, parmi lesquels les travailleurs du secteur de l’enseignement. Les manifestations se sont principalement déroulées pacifiquement, malgré les provocations policières. Mais de véritables batailles rangées ont eu lieu, avec le quartier général du Parti Populaire protégé par une douzaine de véhicules armés de la police.

    Les politiciens vivent en plein déni. Esperanza Aguirre, présidente de la communauté de Madrid, a refusé d’admettre l’ampleur de la marche des mineurs, tandis que Rajoy n’a jusqu’à présent pas une seule fois mentionné leur cas. A Los Cortes, seul le dirigeant d’Izquierda Unida (Gauche Unie) a quelque peu reflété la colère qui prend place dans le pays en affirmant que les récentes mesures de coupes budgétaires étaient comme de jeter de l’essence dans les rues d’Espagne.

    Pour une grève générale de 48 heures

    Alors que les mineurs étaient en pleine manifestation, Rajoy a annoncé une augmentation de la TVA de 3% et une réduction importante des allocations de chômage. Rajoy a affirmé que cela “encouragerait” les chômeurs à trouver de l’emploi ! Il y a actuellement plus de 5 millions de travailleurs sans emploi dans le pays… Au total, le pays devra économiser sur les deux ans et demi à venir, c’est à dire d’ici à la fin 2014, 65 milliards d’euros supplémentaires, en plus des précédentes mesures. Le gouvernement capitaliste propose aussi de réduire le nombre de permanents dans les syndicats afin de les rendre moins aptes à défendre les travailleurs. Des protestations spontanées de travailleurs du secteur public (enseignants, fonctionnaires, éboueurs, et même certaines sections de la garde civile) ont eu lieu dans les rues. Selon El Pais, certains membres de la police anti-émeute ont retiré leurs casques à un moment, en signe de solidarité. Tout cela n’est qu’une anticipation de l’explosion sociale massive et des lutes qui vont surgir en Espagne au cours des prochaines mois.

    Samedi dernier, Rajoy a dû annuler des apparitions publiques en raison des protestations. D’anciens premiers ministres, comme Aznar et Zapatero, ont déjà dû faire face à une aversion semblable. Mais comme El Pais le souligne, ils ont eu à le faire après 5 années passées au pouvoir alors que Rajoy n’est au pouvoir que depuis 6 mois !

    La ligne de front est claire. Le gouvernement n’agit que pour le grand capital. Leur seule politique est de faire payer les pauvres et la classe ouvrière. Hier encore, de nombreux travailleurs étaient en colère face à ce constat, mais n’avaient pas encore la confiance suffisante pour résolument parti à la contre-attaque. C’était hier. Aujourd’hui, les mineurs espagnols ont montré la voie de la résistance à toute la classe des travailleurs. Les syndicats ont appelé à des protestations nationales pour ce 19 juillet. Cela ne sera pas suffisant. Une grève générale de 48 heures est nécessaire en tant que prochaine étape dans la lutte pour renverser le gouvernement Rajoy et lutter pour une alternative favorable aux travailleurs.


    La police anti-émeute solidaire des manifestants

    Sur la photo ci-dessous, on peut voir les policiers placés devant le Parlement de Madrid retirer leurs casques afin de soutenir les manifestants. Cette image est bien entendu très populaires sur les médias sociaux, tandis que la presse traditionnelle reste étrangement silencieuse à ce sujet…

  • Espagne : Solidarité avec les luttes des mineurs

    Depuis plus d’un mois les mineurs de plusieurs régions d’Espagne sont entrés dans une lutte déterminée afin de protester contre la diminution drastique des subventions au secteur minier de la part du gouvernement qui au même moment, renfloue à hauteur de 24 milliards la Bankia. Il s’agit d’une atteinte de plus aux conditions de vie des 99% afin de satisfaire l’avidité des 1%.

    Par Nicolas P. (Bruxelles)

    Depuis le 28 mai, les milliers de mineurs des régions des Asturies, de Léon et d’Aragon ont entamé une grève, devenue illimitée trois jours plus tard. Pour des raisons d’économies budgétaires, le gouvernement espagnol entend réduire de 63% les subventions accordées au secteur minier, ce qui représente la somme de 190 millions d’euros pour l’année 2012. Il s’agit de la suppression des deux tiers des subventions, et donc, dans les faits, de la fermeture d’ici 2018 des mines qui n’emploient plus aujourd’hui que 8000 personnes (contre plus de 45 000 en 1991).

    La grève illimitée a conduit à l’occupation des mines, de puits, de routes et de chemins de fer. Le 18 juin, les deux grands syndicats espagnols, l’UGT et la CC.OO ont lancé un mot d’ordre de grève générale dans les régions concernées, les Asturies, l’Andalousie, en Castille et en Aragon. Celle-ci a partout été massivement suivie. Une des raisons du succès de la solidarité envers les mineurs est sans aucun doute le fait qu’au moment même ou la vie des dizaines de milliers de personnes est jetée à la poubelle, le gouvernement cherche et trouve près de 24 milliards d’euros, afin de soutenir de façon touchante la Bankia (conglomérat de banque qui se vante d’un chiffre d’affaires de 486 milliards d’euros) qui décidément nécessitait un coup de main de la part d’amis dévoués. Une solidarité sélective de la part du gouvernement espagnol qui pousse toute la population à l’indignation et à la colère. Ce n’est pas une nécessité ”mal comprise” par les gens stupides comme se plaisent à le faire croire les médias traditionnels, mais bien un choix politique parfaitement compris et totalement rejeté par la population, un choix qui favorise les 1% au détriment de la vie des 99%.

    Le 18 juin des manifestations ont eu lieu dans tout le pays avec des records à Oviedo (50.000 participants) et à Léon (150.00 manifestants) avec l’occupation du conseil provincial. Une ”marche noire” a débuté fin juin et devrait se terminer le 11 juillet à Madrid. Partout la police a tenté d’attaquer les grèves et les manifestations mais a dû reculer face au soutien indéfectible de la population locale. Les scènes de violence, de barricades en feu et de lance-roquettes improvisés ont fait la une de la presse, celle-ci trop heureuse d’éviter une analyse de fond pour se consacrer à de violents discours contre la brutalité primaire d’ouvriers incapables de comprendre que leur emploi ne peut avoir de place dans une économie mondialisée et des finances publiques saines.

    Ce mouvement n’est pas sans rappeler les grèves des Asturies qui, entre 1962 et 1963, avaient bousculé l’Espagne franquiste. Les mineurs étaient partis d’abord en lutte pour des augmentations de salaires et des conditions sociales meilleures et avaient ensuite orienté leurs actions vers les droits démocratiques comme la reconnaissance du droit de grève ou l’élection libre des représentants syndicaux. Malgré quelques concessions notables, le mouvement n’avait pas réussi à renverser le régime franquiste, notamment à cause d’erreurs tactiques de la part du Parti Communiste Espagnol, fer de lance de la lutte dans les régions concernées. Cependant, l’ampleur du mouvement est attestée par Guy Debord qui écrivait qu’il s’agissait certainement de ”l’événement le plus important de l’année pour le mouvement ouvrier en Europe.”

    Comme lors de ce conflit, les mineurs d’aujourd’hui tiennent tête avec force aux policiers, déçus de ne plus pouvoir se défouler sans risque sur des Indignés. Le chef des unités de police spécialisées dans la lutte contre les ”désordres publics” (les CRS espagnols) a déclaré à la presse : ”Avez-vous vu les biceps de la plupart des mineurs. D’une simple gifle, ils arrachent les casques de nos hommes.” Un autre CRS, nostalgique des après-midi de ”gestion des foules” à la Puerta Del Sol déclarait qu’avec les étudiants au moins ”on leur file un coup et le sang coule de leur nez délicat.” Le chômage des jeunes est de plus de 60% dans les régions concernées et avec la mort du secteur minier, c’est toute une partie de l’Espagne qui risque de sombrer dans la misère. La résistance est donc à la hauteur du risque, n’en déplaise aux policiers et au gouvernement.

    Les arguments classiques contre les mineurs et leur travail sont visibles partout dans les médias : archaïque, polluant, coûteux… Un dernier adjectif qui pourrait tout aussi bien qualifier la ratification du Traité de stabilité, qui oblige aujourd’hui l’Espagne à appliquer une austérité brutale qui, de toute évidence, n’enchante pas tout le monde. Avant même le mouvement des mineurs, l’Espagne connaissait une grève générale le 29 mars, suivie par plus de dix millions de travailleurs à travers le pays. La lutte des mineurs doit s’inscrire dans une lutte globale contre l’austérité afin de répondre sur tous les fronts aux injonctions des banques et des marchés. Un gouvernement qui s’opposerait à celle-ci défendrait réellement les intérêts des travailleurs et serait en mesure de nationaliser la totalité du secteur énergétique du pays et d’allier progrès écologique avec la sauvegarde d’emplois et de conditions de vies décentes.

  • Espagne / Portugal : Des centaines de milliers ‘d’Indignados’ ont occupé les rues le ‘15-O’

    Construisons la résistance de masse contre l’austérité!

    Les “Indignad@s”, les “Wall Street occupiers” et des centaines de milliers d’autres manifestants, partout à travers le globe, ont occupé les rues ce samedi 15 octobre. Ils contestaient le pouvoir des grandes banques et du Grand Capital dans le cadre d’une protestation internationale (‘15-O’). Voici ci-dessous un rapport d’Espagne et du Portugal, où se sont déroulées certaines des plus grosses mobilisations.

    Par des correspondants de Socialismo Revolucionario (CIO-Espagne) et de Socialismo Revolucionario (CIO-Portugal)

    Espagne

    Puerta del Sol, à Madrid, le berceau du mouvement des indignados, a connu une puissante manifestation ce 15 octobre : cinq cents mille personnes ont envahi les rues ce jour-là ! À Barcelone, les organisateurs ont compté 400.000 participants, et 60.000 à Seville. Des dizaines de milliers d’autres ont défilé dans les rue de Valence, de Bilbao et ailleurs dans le pays. Les Indignés étaient de retour, avec une colère inchangée. L’aggravation de la crise économique du capitalisme espagnol ainsi que l’avalanche de coupes budgétaires et d’attaques contre le niveau de vie continuent à attiser les flammes de la protestation et de la radicalisation. Les élections auront lieu le 20 novembre prochain mais les manifestations massives de ce samedi ont constitué un vibrant rappel du fait que cette multitude de travailleurs, de jeunes et de chômeurs affirment qu’ils ne sont pas représentés par les partis de l’establishment.

    Après l’explosion du mouvement après les manifestations ‘Democracia Real Ya !’ le 15 mai dernier, le mouvement 15-M, comme il s’est par la suite fait connaître, a réussi à s’enraciner dans la société espagnole. Bien qu’à une échelle plus limitées, les assemblées populaire que le mouvement a lancées dans les grandes villes d’Espagne ont continué à fonctionner tout au long de l’été. A partir des protestations massives de mai et de juin, le mouvement s’est orienté vers des campagnes locales, en organisant par exemple la résistance contre des centaines d’expulsions de logements ou avec des blocages de masse pour aider ceux qui étaient menacés d’être mis à la porte de chez eux. Samedi dernier, le mouvement a pu démontrer qu’il était encore capable de mobiliser des centaines de milliers de personnes, la participation rivalisant avec celle du 19 juin dernier, quand plus d’un million de personnes avaient manifesté. Mais cette fois, ils ont été rejoints par des centaines de milliers d’autres sur les 5 continents.

    La puissante réaction des travailleurs face aux coupes brutales mises en œuvre par le PSOE et le PP dans les gouvernements fédéraux et régionaux au cours de ces derniers mois – y compris la lutte des enseignants en défense de leurs emplois et de leurs conditions de travail à Madrid et dans d’autres régions – a également eu un impact sur le mouvement. Les masses de jeunes ont été rejoints par de nombreux travailleurs plus âgés et des militants anti-austérités, avec des slogans soulignant l’opposition du Mouvement contre le massacre des budgets publics et revendiquant des soins de santé et une éducation gratuits et de qualité. Ces revendications sont essentielles pour que le mouvement soit capable de se développer plus loin, en tant que force de masse capable de fédérer l’opposition qui existe dans la société en une lutte de masse pour une alternative à l’austérité et le chômage de masse.

    Socialismo Revolucionario (CIO-Espagne) a participé à des manifestations de plusieurs villes du pays, en plaidant pour que le mouvement avance à partir du 15 octobre en direction d’actions encore plus efficaces, comme en construisant de la base une grève générale. Le 15-M peut constituer un puissant outil pour aider les travailleurs à pousser les dirigeants syndicaux à entrer en action en défense de la majorité de la population. Les assemblées doivent dorénavant être à nouveau ‘remplies’, et s’implanter également sur les lieux de travail afin de commencer à construire le blocage de l’économie. De cette façon, on pourrait réellement faire sentir le pouvoir de la majorité. Armé d’un programme politique alternatif appelant à la propriété publique et démocratique des banques et des principaux piliers de l’économie, ce mouvement pourrait soulever la possibilité d’une lutte capable de mettre fin à ce système pourri et d’instaurer une véritable démocratie.

    Portugal: 100.000 personnes à Lisbonne

    Environ 100.000 manifestants ont défilé à travers Lisbonne samedi dernier, 20.000 autres à Porto et des milliers encore dans diverses autres villes et villages portugais. La campagne de mobilisation pour le ’15-O ‘, dans laquelle les militants de Socialismo Revolucionario (CIO-Portugal) étaient profondément impliqués, avait duré plusieurs semaines. Des dizaines de milliers de personnes ont pris d’assaut la police anti-émeute pour occuper les marches du Parlement à Lisbonne, et on a pu voir des scènes jamais vues depuis la Révolution portugaise de 1974.

    Les manifestations ont fortement été inspirées par le mouvement des indignés espagnols qui, avec des protestations de masse, des occupations et des assemblées populaires, a paralysé les centres ville et su capter un large soutien dans la population. Nombreux sont ceux qui veulent voir se développer un tel mouvement au Portugal. Plus de 10.000 personnes ont assisté à une assemblée de masse après la manifestation de Lisbonne, où les décisions de camper la nuit dans le centre-ville et d’organiser une nouvelle manifestation de masse le 26 novembre ont été prises. Des syndicalistes de la base, y compris des membres de SR, se sont également adressés à l’Assemblée, où un énorme soutien a été exprimé pour l’appel à l’organisation démocratique d’une grève générale dans le cadre d’un mouvement de masse destiné à lutter contre le gouvernement et l’austérité de la troïka (Commission européenne, de la Banque centrale européenne et du FMI). Reflétant la pression de la jeunesse en révolte, les dirigeants syndicaux du CGTP ont annoncé, la veille de la manifestation, que leur plan d’action comprendrait l’organisation d’une grève générale. D’autre part, une déclaration a fait état du fait que le personnel militaire avait informé le gouvernement qu’il prenait le côté du peuple dans leur lutte contre l’austérité, tout en avertissant d’une ‘‘révolution’’.

    Les manifestants, principalement jeunes, ont utilisés leurs slogans et pancartes pour dénoncer le massacre des conditions de vie actuellement mené par le gouvernement, suivant les diktats de la “Troika”. Le gouvernement a annoncé de nouvelles et brutales mesures d’austérité au fur-et-à-mesure que la journée du 15 octobre arrivait. Ce mouvement, qui doit maintenant aller de l’avant et construire des assemblées et des occupations en gagnant le soutien actif des travailleurs, peut constituer une partie cruciale de la riposte contre la destruction de l’économie, de nos niveaux de vie et de l’avenir des Portugais.

  • Les Indignados : un soulèvement contre les effets de leur crise

    Le mouvement des Indignados, sous le slogan principal : ‘‘Nous ne sommes pas des marchandises dans les mains des politiciens et des banquiers’’, a illustré tant la colère présente que le refus de payer leur crise. Ce mouvement exprime aussi que cette génération sans avenir développe un sentiment anticapitaliste.

    Par Clara (Bruxelles)

    La crise a eu un effet dévastateur en Espagne et le malaise est évident. Les retraites ont été augmentées de 65 à 67 ans, les services publics ont vu leurs budgets rabotés, les banques ont commencé à exproprier des familles incapables de rembourser leurs hypothèques, 40% des jeunes sont au chômage (il y a 4,9 millions de chômeurs au total), la nouvelle Réforme du Travail attaque durement les conditions déjà précaires de tous les contrats de travail et a augmenté la flexibilité. Parallèlement, des dizaines de candidats du PSOE (sociaux-démocrates) et du PP (droite officielle) sont accusés de corruption ou de crimes divers. Les gens savent à ce à quoi ils s’opposent et sont à la recherche d’une alternative. Les Indignados : un mouvement plein de potentiel.

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    Ce mouvement, premièrement inspiré par les révolutions en Egypte et en Tunisie, a eu à son tour un impact sur la scène internationale. Les assemblées populaires sur les places de villes et de villages se sont multipliées, dans des pays aussi divers que la Grèce (où le mouvement est très massif) ou Israël.

    Le 19 Juin dernier, journée internationale de mobilisation à l’appel des Indignados, une nouvelle étape a été franchie avec des manifestations massives (275.000 personnes à Barcelone, 150.000 à Madrid,…) contre le Pacte de l’euro, un accord entre gouvernements européens qui suppose plus d’austérité, de coupes budgétaires et de réformes du travail pro-patronales. Cela, en plus du mouvement contre les expulsions de maisons, représente un puissant instinct au sein des Indignados pour faire appel à la classe ouvrière et unir tous ceux qui souffrent de la dévastation économique.

    Les occupations de la Puerta del sol (Madrid) et de Plaça Catalunya (Barcelone) ont été levées afin d’enraciner la contestation plus en profondeur dans la société en s’orientant vers les assemblées populaires des quartiers. Cela peut constituer un sérieux pas en avant, en impliquant des couches plus larges de travailleurs et de jeunes. Jusqu’ici, les diverses assemblées ont regroupé des centaines de personnes mais leur élargissement et la reprise du mouvement à la rentrée est un solide défi.

    Le mouvement n’est pas homogène, mais les voix favorables à la grève générale se font plus nombreuses. Durant la manifestation du 19 juin à Barcelone, par exemple un calicot clamait en tête de cortège ‘‘vers une grève générale’’. Plaça Catalunya, dès le début du mouvement, une Commission Grève Générale défendait qu’il faut bloquer l’économie et étendre la lutte dans les lieux de travail pour remporter la victoire. Cette commission s’est développée depuis lors et s’appelle dorénavant la ‘‘Coordination Nationale du 15-M (Mouvement 15 Mai) vers une Grève Générale’’. Tout en comprenant bien le rôle de frein des directions syndicales, elle s’adresse aux organisations de travailleurs pour entrer en contact avec la base des syndicats en défendant que le mouvement doit également développer des assemblées dans les entreprises.

    Mais il existe des opinions contraires dans le mouvement, ce qui se reflète avec le slogan pour le 15 octobre (la nouvelle journée internationale de mobilisation) ‘‘pour un changement global’’. Ce slogan est flou et, en étant moins concret, représente un pas en arrière vis-à-vis du 19 juin. Ce n’est pas une bonne approche pour élargir le mouvement à la classe des travailleurs. Derrière cela se pose la question du besoin crucial d’un fonctionnement réellement démocratique au sein du mouvement, car il est aussi incorrect que dangereux que de tels slogans – destinés à représenter le mouvement dans son ensemble – soient décidés par un petit groupe de personnes non élues imposant leur décision par internet. Il est primordial de se diriger vers l’élection démocratique de représentants des assemblées des barrios (quartiers) destinés à siéger à des assemblées de coordination de ville, qui doivent à leur tour envoyer leurs représentants à une assemblée nationale, en toute transparence et avec le droit de révoquer et de remplacer ces élus à tout moment. La démocratie réelle, c’est l’abolition du capitalisme !

    Les revendications officielles comprennent de très bonnes choses, contre la réforme des pensions et celle du travail, pour que les politiciens ne reçoivent pas plus que le salaire moyen de la population, contre le renflouement des banques et pour la nationalisation des banques en difficulté, pour la diminution du temps de travail sans perte de salaire, contre les expropriation et pour plus de logements sociaux, pour taxer les grosses fortunes, pour des services publics de qualité,… Souvent, ces revendications vont d’ailleurs bien plus loin lors des assemblées.

    Mais toutes ces exigences sont impossibles à réaliser dans ce système basé sur la logique de profit. Seule une rupture fondamentale avec le capitalisme et l’instauration d’une alternative démocratique pour contrôler les richesses et les secteurs clés de l’économie peuvent réellement vaincre les coupes budgétaires et réaliser concrètement une démocratie réelle, à partir d’un gouvernement des travailleurs et des jeunes, c’est-à-dire une alternative socialiste.

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