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Tag: Luxembourg
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TEC. Une défaite, malgré la combativité de la base
Les travailleurs des TEC ont mené, pendant plus de trois semaines, en mai dernier, un enchaînement de grèves à l’occasion du renouvellement de la convention collective. Ce fut à la fois un combat tenace, difficile et courageux car la direction de la SRWT (PS), le gouvernement wallon (et en particulier le ministre des Transports, le CDH André Antoine) et les médias se sont acharnés sur les travailleurs des TEC pour salir leur combat.
Vincent Devaux
SRWT, TEC et apparatchiks
La Société Régionale Wallonne du Transport (SRWT) chapeaute les TEC (transports en commun) du Brabant wallon, de Charleroi, du Hainaut, de Liège/Verviers et de Namur/Luxembourg. En Flandre, il n’y a qu’une seule société (De Lijn) et les billets sont valables dans toute la Flandre. En Wallonie, un billet du TEC Charleroi ne peut être utilisé à Liège. La structure féodale chapeautée par la SRWT a été faite pour placer des directeurs grassement payés (et qui ont en poche la carte du PS). Un exemple? Jean-Claude Phlypo touche 300.000 euros/an comme administrateur général de la SRWT et 200.000 euros/an comme président d’Eurobus holding, une société privée qu’il a créée en 1996 en puisant 650.000 euros dans les caisses des TEC!
Mensonges et provocations
A l’annonce du dépôt d’un préavis de grève pour le 9 mai, la direction de la SRWT a déclaré de façon provocatrice que "les syndicats des TEC abusaient de leur position pour poser des revendications déraisonnables". Déraisonnable? Les syndicats demandaient 3% d’augmentation en deux ans. En avril, le conciliateur social avait proposé 6% (index compris), ce qui revenait à une augmentation de 1,1% en deux ans: une misère! La direction de la SRWT a ensuite déclaré dans la presse que les chauffeurs gagnaient entre 1.500 et 2.200 euros nets par mois. Un mensonge éhonté pour isoler les travailleurs des TEC de la population: un chauffeur avec 13 ans d’ancienneté gagne 1.200€ par mois en travaillant tous les jours et deux week-ends par mois!
L’action se durcit
Le 12 mai, les chauffeurs ont bloqué le siège de la SRWT avec une centaine de bus. Au cours des négociations menées sous la conduite d’un conciliateur social, la SRWT a proposé une augmentation de 0,15 euro l’heure (le front commun CGSP/CGSLB demandait 0,25€), une prime de 15% pour le travail du samedi (les syndicats demandaient 25%), 30% d’intéressement du personnel aux recettes (les syndicats demandaient 50%). Les médias ont continué de dénigrer les grévistes à tour de bras ("chaos", "climat pourri", "prise d’otage des voyageurs"…). Les conciliateurs, insultés par l’administrateur général de la SRWT ("Marchands de frites!") ont fini par démissionner. Trois grévistes qui avaient arrêté, de façon musclée, un bus d’une société de sous-traitance ont été licenciés.
Les appareils syndicaux
La presse a écrit que les dirigeants syndicaux "ne contrôlaient plus leur base"… comme si leur rôle était d’être les gendarmes de la base plutôt que de suivre l’avis des travailleurs qui les ont élus et qui les rétribuent grâce aux cotisations syndicales. Chacun à leur manière, les dirigeants syndicaux ont tenté de reprendre la situation en mains.
La CCSP (CSC) a proposé une action "tarif zéro" (rouler sans faire payer les passagers). Nous avons déjà expliqué que cette forme d’action est peu efficace (les abonnés ont déjà payé) et peu mobilisatrice. La direction de la SRWT a immédiatement menacé de licencier pour faute grave tout chauffeur qui pratiquerait le "tarif zéro"!
A la fin mai, les responsables de la CGSP (FGTB) ont commencé à dire "qu’on était condamné à s’entendre" : en fait ils ne voulaient pas se heurter au PS, à travers les responsables de la Région wallonne. La CGSP et la CGSLB ont fini par accepter une augmentation de 0,17 euro l’heure et une prime unique de 35 euros. Brut évidemment! Après une lutte aussi dure, le résultat est maigre! La CCSP, de son côté, n’a rien signé du tout car elle voulait un meilleur intéressement du personnel aux recettes.
Les limites du conflit
Ce n’est ni le courage ni la combativité qui ont manqué aux travailleurs des TEC pour remporter une victoire, mais la capacité de mettre sur pied, face à la bureaucratie syndicale qui voulait ménager les dirigeants de la Région wallonne, une direction de grève alternative (un comité de grève wallon démocratiquement élu dans les assemblées de dépôts) qui aurait coordonné les actions et négocié sans prendre de gants avec les responsables politiques.
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France et Pays-Bas.
France et Pays-Bas
En France et aux Pays-Bas, ils ont voté respectivement à 55 % et 61 % contre la Constitution Européenne. C’était surtout un vote d’opposition des travailleurs et des jeunes. Alors que tout l’establishment politique appelait à voter pour la Constitution.
Qui a voté contre?
66 % des français qui gagnent moins de 1.500 euros par mois ont voté contre. Parmi ceux qui gagnent plus de 3.000 euros, il y avait une majorité de votes pour.
Dans 18 des 25 régions françaises, la différence est claire. Ce sont les régions où les travailleurs sont traditionnellement les plus forts : Nord, Haute Normandie, Languedoc-Roussillon et les départements du sud de la France. Dans le Pas-de-Calais il y a eu 69,5% contre. Dans les banlieues des grandes villes, le camp du « Non » a récolté plus de 70%.
Le camp du « Non » récolte en outre une majorité parmi les travailleurs à temps partiel, surtout chez les jeunes. Les 18-29 ans ont voté contre à 62 %. Ce n’est pas une coïncidence. Avec la réforme de l’enseignement, il est devenu clair que la « marchandisation » signifie: moins de moyens et prévu surtout pour un enseignement élitaire. Cela va conduire à adapter l’enseignement aux besoins du monde des entreprises, également par l’introduction des accords de Bologne pour l’enseignement supérieur. C’est notament pour ces raisons-là qu’il y a eu des grandes manifestations et grèves lycéennes en France ces derniers mois.
79 % des travailleurs manuels, 71 % des chômeurs, 64 % des salariés du secteur public et 56 % de ceux du secteur privé ont voté contre en France. C’est donc clairement un vote des travailleurs (et aussi des agriculteurs).
On constate un phénomène similaire aux Pays-Bas. Il y a de grandes différences à Amsterdam. Dans les parties les plus riches le résultat est de 50-50. Dans le centre il y a 52 % pour et en périphérie même de 56 à 64 %. Dans les quartiers les plus pauvres il y a un vote pour le Non sans appel: 73% dans le Nord et 71% dans les Sud-Ouest. Dans les quartiers populaires de Volewijk et Buiksloterham il y a eu 79% de Non. 68% des néerlandais qui ont des bas revenus ont voté contre.
Celui qui prétend qu’il n’y a plus d’opposition de classes, ou qu’elles ne ressortent plus, va avoir du mal pour expliquer la composition des votes pour le Non.
Les médias essayent de faire passer le résultat des deux référendums comme une victoire de l’extrême-droite. Néanmoins la victoire du vote d’opposition n’est pas une victoire pour le FN de Jean-Marie Lepen en France ou de Geert Wilders aux Pays-Bas. Malgré qu’il soit omniprésent dans les média, Wilders recule en arrière-plan dans les sondage d’opinion aux Pays-Bas. Dans les sondages français, portant sur les raisons pour lesquelles les gens ont voté contre l’UE, il semble que le thème de l’éventuelle entrée de la Turquie dans l’UE a joué un rôle limité. 18 % des gens qui ont voté « Non » disent que cela les a influencé. Selon les sondages, début 2005, il y avait encore 65 % de soutien pour la constitution en France. En février, ce pourcentage a commencé à diminuer après une série de mobilisations et de grèves contre les plans d’austérité visant la suppression des 35 heures.
La discussion sur la constitution atteignait un autre niveaux lorsque la CGT ( la deuxième plus grande fédération syndicale) a décidé -contre la volonté des dirigeants nationaux- d’appeler à voter « Non ». L’opposition à la constitution devenait alors un thème social, s’intégrant dans la lutte contre la politique néo-libérale, cristallisée sous la forme des mobilisations contre le gouvernement Raffarin (500.000 participants pour la défense des 35 heures le 5 février et plus d’un million le 10 mars). La confiance dans la politique traditionnelle et dans le patronat a atteint son point le plus bas. Moins de 21 % des travailleurs ont confiance dans leurs patrons. La popularité du président Chirac est tombée à 40 %, le chiffre le plus bas en 8 ans. En même temps, le plus grand parti d’opposition, le PS, connait une crise qui divise ses rangs entre le « camp du OUI » et le « camp du NON ».
Aux Pays-Bas, la popularité de la coalition gouvernementale CDA (chrétiens-démocrates), VVD (libéraux) et D66 (libéraux de « gauche ») est tombée à 19 %. De plus, le pays connaît une crise économique incessante et fait partie des trois pays qui ont la plus rapide croissance de chômage dans l’UE. Le parti d’opposition PVDA (social-démocrate) et Groen-Links (vert-gauche) ont appelé à voté pour la constitution européenne. Les partisans pouvaient par conséquent compter sur le soutien de 85 % des parlementaires, ce qui est le même pourcentage de parlementaires que ceux qui en Belgique ont approuvé la constitution au parlement fédéral.
Fin 2004, les travailleurs hollandais avaient déjà montré qu’ils n’acceptent pas sans lutte les énormes mesure austérités du gouvernement Balkenende. Le 2 octobre, 300.000 personnes ont défilé dans les rues pour protester contre la politique du gouvernement. C’était la plus grande manifestation aux Pays-Bas depuis 15 ans. Le camp du « Non » néerlandais s’est trouvé renforcé par le « Non » français. La forte augmentation du nombre de votes pour le « Non » après le résultat en France était une expression de la solidarité internationale. Après le « Non » français et néerlandais, il y a d’ailleurs une tendance similaire au G-D du Luxembourg où le camp du « Non » dans les sondages est en augmentation de 23 % à 45 % (au 9 juin). Les campagnes autour de la Constitution Européenne ont comme conséquences un renforcement de la solidarité entre les travailleurs et les jeunes des différents pays et leur résistance contre le projet européen des grandes entreprises et des riches.
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Mouvement de grève aux TEC
Depuis le 29 avril, les Transports En Commun (région wallonne) sont en grève, des arrêts de travail ont eu lieu suite aux négociations pour le Contrat de Gestion 2004-2009 et les augmentations salariales.
Vincent Devaux
Alors que la SRWT (Société régionale wallonne des transports) estime qu’il faudrait 15.667.000 d’euros pour la sécurité et les ‘ressources humaines’ pour les cinq prochaines années, elle n’est prête à mettre que 500.000 euros. Or elle n’accepte de concéder qu’une augmentation de 6% sur 2 ans, index et augmentation barémique comprise. Donc une augmentation de 1.1 % pour les chauffeurs, dont il faut déduire les cotisations sociales, les impôts et l’augmentation du coût de la vie non intégralement compris dans l’index: en conséquence, une perte du pouvoir d’achat. Les chauffeurs réclament 3 % d’augmentation hors index et une augmentation barémique. Le 9 mai, la grève en front commun (CGSP-CCSP) a été suivie à près de 100 % en ce qui concerne les firmes publiques ; du côté des firmes privées, desservant plutôt les zones rurales et la province du Luxembourg, la grève était suivie à 30-40 %. Le mercredi 11, plus d’une centaine de bus ont bloqué les artères de Jambes où siège la SRWT. Pour la première fois, alors que les syndicats avaient déposé un préavis pour le mercredi 18 afin de couvrir les chauffeurs en grève, la direction des TEC a fait un lock-out, demandant aux centres régionaux de bloquer l’accès des bus aux chauffeurs.
André Antoine, ministre CDH des transports, a annoncé que les chauffeurs gagnent entre 1.500 et 2.200 euros. Ces chiffres ne sont valables que dans le cas d’un grand nombre d’heures supplémentaires par mois et en y intégrant les titres-repas, primes de fin d’année, chèques vacances. Selon Charly Covaert, porte-parole de la CCSP (CSC), le salaire moyen des chauffeurs se situe entre 1.200 et 1.300 euros. Un argument utilisé contre les travailleurs est le budget à enveloppe fermée, mais lorsque les syndicats s’adressent à André Antoine, celui-ci répond que l’interlocuteur est la SRWT et qu’il n’est pas question de l’augmenter car cela se ferait au détriment du non-marchand ou de la fonction publique. Diviser les travailleurs pour mieux rêgner ! Malgré les mots d’ordre des syndicats de suspendre les actions durant les négociations, celles-ci ont eu lieu spontanément, notamment dans le Hainaut. Vu la détermination des travailleurs, il n’est pas exclu que le mouvement prenne de l’ampleur si la SRWT ne fait pas de concessions.
Les mécontentements dans les TEC sont une facette de l’insuffisance de moyens qui touche tous les transports publics. Quelques exemples : De Lijn, dans le Brabant flamand a débrayé le 6 mai afin de protester contre le mauvais entretien des bus ; dans la région d’Alost et en Flandre Orientale, des actions ont eu lieu pour exiger de nouveaux engagements et de meilleures conditions de travail; à Bruxelles, la STIB a eu 6 jours de grève entre octobre et janvier derniers,… Seul un syndicalisme de combat et un élargissement de la grève peut obtenir des concessions et préserver les transports publics mis à mal par la politique néo-libérale.
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Les soins de santé suffoquent
LA PRESSE le dit tous les jours: la situation des soins de santé est “inquiétante”. En 2004 le budget avait un déficit de 850.000.000 d’euros. Excellente raison pour Rudy Demotte (ministre PS des Affaires Sociales et de la Santé) d’intervenir avec toute une batterie de coupes budgétaires.
Bart Van der Biest
Expliquer toutes ces mesures prendrait trop de place, mais l’on peut déjà dire que toutes sortes de sommes forfaitaires vont êtres augmentées, certaines consultations vont être limitées, la partie non-remboursée pour les visites à domicile va être augmentées,…
Part dans le budget de l’Inami (en milliards d’euros):
Salaires des médecins: 5013 (30,8%)
Jour d’hospitalisation: 3803,5 (23,4%)
Médicaments: 2876 (17,7%)
Maisons de repos: 1407,5 (8,7%)
Infirmiers: 689,6 (4,2%)
Orthodontie: 512,7 (3,1%)
Kinésithérapeutes: 414,5 (2,5%)
Implants: 374,4 (2,3%)
Revalidation: 337,9 (2,1%)
Autres: 828,7 (5,1%)Il est intéressant de voir la répartition des coûts dans les soins de santé (voir cadre). Le budget total de l’Inami (qui n’était pas suffisant) est de 16.257,8 milliards d’euros. Fait remarquable: une grande partie de cette somme arrive chez les médecins (30,8%), et l’industrie pharmaceutique n’est pas non plus en reste, puisque quelque 17,7% leur sont réservés (à comparer avec 12 ,2 % au Luxembourg, 11% aux Pays-Bas et 8,5% au Danemark). L’industrie pharmaceutique belge coule des jours heureux… En comparaison de ces deux goinfres, le coût des infirmiers (4,2%) est presque négligeable. Demotte annonce en fanfare qu’il va s’attaquer à l’industrie pharmaceutique… ce boucan permet de passer sous silence ce qu’il compte faire avec les patients. «Tout le monde doit payer sa part », déclare t-il. Léger problème: en s’en prenant aux patients, ce ne sont pas les profits qui passsent à la trappes, mais notre santé.
Le modèle kiwi: l’oeuf de Colomb?
Une proposition lancée par un docteur du PTB, défendue par le ministre Spa et les présidents du SP.A, VLD et CD&V, applaudie par la presse bourgeoise… on se méfierait à moins! Mais qu’est-ce-que le modèle kiwi? En Nouvelle Zélande l’Etat fait des adjudications publiques ouvertes, et seul le médicament générique le meilleur marché répondant aux exigences du produit est remboursé par la mutuelle. Grâce à cela les médicaments y sont 50 à 90% moins chers qu’en Belgique. Par patient et par an, la mutuelle rembourse 63 euros, contre une moyenne de 270 euros en Belgique.
Mais en Nouvelle Zélande, l’industrie pharmaceutique fait également des profits. Le modèle kiwi n’est donc certainement pas une mesure « anticapitaliste », mais cherche justement à maintenir la fonction de vache à lait pour les médecins et l’industrie pharmaceutique, protégeant ainsi ce beau monde de leur propre gloutonnerie: si le système n’est plus tenable, fini les profits!
L’argument selon lequel on laisserait jouer le marché libre est tout aussi dénué de sens. Le jeune capitalisme de la libre concurrence est mort, et a laissé place au capitalisme monopoliste, dans lequel les grandes multinationales dictent leur loi.
L’industrie pharmaceutique a une machine de marketing énorme qui doit assurer que seuls les produits les plus chers sont disponibles. De différentes manières, les prescripteurs sont «convaincus»: offre de petits voyage masqués comme jours d’étude, restaurants de luxe, échantillons gratuits (qui obligent plus ou moins le patient à continuer après avec le même médicament), sponsoring des magazines professionnels,… La «pharma-maffia» dépense plus en publicités qu’en recherches. Pour autant que cela continue, on pourrait encore installer 100 modèles kiwi, sans réel changement. Un autre cancer des soins de santé: la médecine de prestation Au lieu d’abolir résolument la médecine de prestation (dans lequel le médecin est payé par « client »), Demotte se limite à quelques mécanismes de contrôle.
Chaque hôpital regorge d’histoires d’abus de prestations (non-nécessaires, ou tout simplement inexistantes). Cela peut revêtir la forme de consultations hebdomadaires de tous les patients d’un hôpital, pour finalement ne pas s’y intéresser. Comment un mécanisme de contrôle va-t-il différencier ce qui est nécessaire de ce qui ne l’est pas? Les patients qui en ont besoin sont menacés d’être les victimes de ces mesures limitatives. Un contrôle de qualité va s’avérer pratiquement impossible.
Dernière couche d’absurdité ; ce sont bien souvent les infirmiers qui s’occupent de ces prestations, le rôle du médecin se limitant à garder ouvert son portefeuille.
Une alternative socialiste
au hold-up capitaliste sur les soins de santé Pour un programme socialiste relatif aux soins de santé, nous mettons en avant les trois éléments suivants, parmi d’autres:
1. La mise sur pied d’un service de santé national aux mains de l’état et sous contrôle des travailleurs et des consommateurs. Cela permet d’éliminer la concurrence entre hôpitaux et de simplifier le financement. Actuellement, les hôpitaux dépendent de subventions de l’état et des cotisations des médecins.
2. L’abolition résolue de la médecine de prestation et le payement des médecins comme des salariés: la surconsommation n’aurait donc plus aucun intérêt. De plus, il serait fini le temps des médecins se comportant en seigneurs intouchables dans leur hôpital.
3. La nationalisation de l’industrie pharmaceutique afin que seuls les meilleurs produits soient vendus, et à bas prix. La montagne d’argent qui est gaspillée aujourd’hui dans la publicité pourrait aller intégralement à la recherche.
Est-ce que la scission est une solution?
L’explosion des dépenses a renforcé l’appel flamand pour une fédéralisation des soins de santé. Des deux côtés de la frontière linguistique, chiffres et statistiques sont mis en avant. Mais ces chiffres sont flexibles et peuvent être interprétés de différentes manières.
En plus, les avocats de la scission ne proposent pas de projet réfléchi. Pour les travailleurs et les consommateurs une scission serait tout sauf une bénédiction. Selon Gilbert De Swert (CSC) une sécurité sociale flamande serait (encore) plus libérale étant donné que le rapport de forces est moins favorable à classe ouvrière en Flandre qu’en Wallonie. Il ne se passerait guère de temps avant qu’on ne commence à privatiser le secteur peu à peu. Aux Etats- Unis on voit bien ce qu’un tel système a à offrir: bien qu’une partie importante de la population vit dans la précarité, les dépenses par habitant sont les plus élevées du monde développé, et cela avec une espérance de vie et un degré de mortalité infantile tragique. Difficile de voir là un modèle d’efficacité. Quoique encore une fois, tout dépend du côté où l’on se trouve.
Il n’y a aucun espoir de diminution des abus tant que la maximalisation des profits reste le moteur des soins de santé. Ceux-ci ne peuvent être de qualité et durable que dans une société socialiste qui part des besoins de la population et non pas des profits des entreprises.
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La Belgique n’est pas un paradis social
La fin d’un mythe!
UNE ETUDE récente du Centre pour une Politique Sociale (CSB) de l’université d’Anvers montre qu’un grand nombre de retraités perçoivent une pension plus basse que celle de la plupart des retraités des pays européens.
Karel Mortier
En Belgique, un couple de pensionnés recevait en 2001 près de 753 euros par mois. Le montant de la moyenne européenne est de 1.135 euros, soit presque 400 euros de plus. Au Grand Duché de Luxembourg un couple reçoit 1.379 euros, presque le double. En France et aux Pays-Bas respectivement 1.281 euros et 1.126 euros. Le pouvoir d’achat d’un couple de pensionnés en Belgique est inférieur de 34% à la moyenne européenne.
Il n’y a pas que les pensionnés. Beaucoup de gens vivant du minimex (maintenant appelé “revenu d’intégration sociale”) sont également dans une plus mauvaise situation que dans les pays voisins. Un couple percevant le minimex reçoit en Belgique 100 euros en moins que la moyenne européenne. L’étude montre également que l’argument du prétendu "piège au chômage" ne tient pas la route. L’idée que si les allocations augmentaient, les gens n’iraient plus travailler car ils ne gagneraient pas beaucoup plus qu’au chômage, se révèle fausse. L’écart entre les allocations et le salaire minimum est plus grand que dans la plupart des autres pays européens. Notre pays fait également partie des pays peu nombreux où le montant des allocations (chômage, invalidité, pensions du secteur privé) n’est pas couplé à l’augmentation des salaires.
De plus, la récente augmentation du prix du pétrole n’est plus répercutée dans l’index: depuis longtemps l’essence n’est plus reprise dans l’index santé. Les automobilistes dépensent donc plus pour se déplacer. Ces mesures d’austérité et beaucoup d’autres, ont été menées dans les années 90 pour respecter les normes de Maastricht. Ces normes devaient être atteintes pour pouvoir lancer l’euro en Belgique. Dans les années 90 le niveau de vie d’une grande partie de ceux qui doivent vivre d’allocations a régressé. Selon le rapport, l’image donnée de la Belgique ("le pays qui jouit d’une grande protection sociale") doit donc également être fortement nuancée.
La Belgique est aussi un des pays qui accorde le moins d’aide à ceux qui ont des difficultés financières pour se loger décemment. Ainsi beaucoup de gens sont obligés de consacrer une partie plus importante de leurs revenus au loyer. Le prix des loyers augmente plus vite que les salaires, et ne parlons pas des allocations!
Actuellement, certains responsables politiques ne parlent que de "l’Etat social actif" et avancent l’idée que la Belgique est en retard en matière de mesures d’austérité par rapport aux pays voisins. Dans les années 90 l’Etat providence a été rangé au frigo pour pouvoir lancer l’euro.
Quels niveaux vont atteindre nos pensions si nous laissons faire les gouvernements actuels, qui poursuivent leur logique néo-libérale?
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UE: Le modèle néo-libéral imposé aux travailleurs et à la jeunesse
Union européenne:
LE 13 JUIN on votera aussi pour le Parlement européen. L’Union européenne est devenue ces dernières années synonyme de plan d’austérité et de privatisation. Combien de politiciens sociaux-démocrates ou verts se disent incapables d’empêcher les mesures asociales «à cause de l’Europe». Comme si c’était un ordre de venu du ciel. Et comme si leurs propres responsabilités devaient être mise de côté.
Pour entrer dans la zone de l’euro, le gouvernement belge a imposé aux travailleurs, dans les années 90, une austérité de cheval. Le traité de Maastricht imposait de limiter le déficit public (la différence entre les recettes et les dépenses de l’état) à 3% du Produit Intérieur Brut (PIB). De plus la dette publique devait être ramenée à 60% du PIB et les normes fixées en commun pour l’inflation (augmentation des prix) sont gérées par la Banque centrale européenne.
L’Europe est un projet fait par et pour les capitalistes. Pensez par exemple au rôle de la Table ronde des Industriels européens, le plus important groupement de multinationales européennes. Ce club de capitalistes qui se partagent les profits déclare presque ouvertement que les mesures asociales doivent devenir la règle en Europe. De cette manière ils veulent devenir plus fort contre les deux autres blocs capitalistes importants: les États-Unis et l’Asie regroupée derrière le Japon.
La phase de reprise économique de l’après-guerre et la menace du bloc de l’Est stalinien, a été le ciment qui a permis – même sur une base capitaliste – une certaine collaboration et une intégration européennes. Dès que le gâteau est devenu trop petit à partager, les intérêts nationaux ont refait surface. Même avec une régression générale depuis les années 70 en arrière-plan, la période temporaire de croissance des années 90 a permis le lancement d’une monnaie commune sous la forme de l’euro.
L’Union monétaire européenne (UME) était dans une large mesure, contrainte sous la pression «d’en haut», d’accélérer la liquidation des droits sociaux des travailleurs. Nous retrouvons au travers de cela l’importance de l’unité des capitalistes européens.
Aujourd’hui les chefs des états qui ont imposé le respect des critères de Maastricht sont beaucoup plus souples lorsqu’il s’agit de continuer à les faire respecter par leur propre pays. Le président de la Commission européenne, Romano Prodi, va traîner la France et l’Allemagne devant la Cour de Luxembourg car ces pays ne respectent plus scrupuleusement la norme du pacte de stabilité des 3%.
Les tensions entre états européens se sont aussi fait jour sur la question de la guerre en Irak. Plus récemment la procédure sur la répartition des postes de commissaires à la Commission, consécutive à l’élargissement de l’Union à dix autres pays, a mené à un conflit ouvert avec l’Espagne et la Pologne qui ne veulent pas que l’on touche à leurs intérêts nationaux.
Ce n’est pas la bonne âme des capitalistes qui a préservé l’Europe de la guerre pendant ces 50 dernières années, mais l’importance de la classe ouvrière qui ne va pas renoncer à ses acquis sans bataille. A terme, les divergences entre les différentes bourgeoisies fera capoter l’Union européenne. Seule une Fédération socialiste des pays européens, et du reste du monde, peut véritablement créer l’unité.