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Tag: Luc Cortebeeck
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Quel prolongement politique? FGTB et CSC: rompez les liens avec les partis traditionnels!
Cet automne, il n’y a pas que les négociations salariales qui seront importantes pour les militants syndicaux. Le Congrès de la CSC/ACV vient de se tenir et une enquête va bientôt être organisée parmi les membres de la FGTB flamande sur les rapports avec les partis politiques, le SP.a et le PS en particulier.
Geert Cool
“Partenaires priviligiés”?
Le fait que la FGTB flamande ait annoncé la tenue d’une enquête parmi ses membres résulte directement du mouvement contre le Pacte de Solidarité entre les Générations. Dans la discussion sur la réforme des prépensions, il s’est avéré que les propositions de départ de ce Pacte sont nées dans les cabinets sociaux-démocrates. Et, bien évidemment, les actions contre le Pacte de Solidarité n’ont pas été soutenues par les ‘’partenaires’’ politiques des syndicats.
Si à la CSC les liens s’expriment de manière moins formelle, la FGTB pour sa part est toujours représentée au sein du bureau politique du SP.a et du PS. L’ancienne présidente de la FGTB Mia De Vits a opté pour une carrière au Parlement Européen pour le SP.a. Aux élections communales, elle s’est présentée à Gooik comme tête de liste d’un cartel du SP.a, de Groen… et du très libéral VLD !
Lors de ces mêmes élections, les secrétaires de la FGTB d’Anvers et de Gand, Dirk Schoeters et Mil Kooyman, se sont présentés sur des listes du SP.a. Le nombre de voix de préférence qu’ils ont recueillies – 496 et 651 – a été pour eux une amère déception. Selon Kooyman, cela est partiellement dû au « manque de clarté sur les liens avec le monde politique au sein de la FGTB ». Kooyman craint en fait que ce maigre résultat ait pour résultat que le SP.a ne cherche plus de candidats FGTB pour ses prochaines listes.
Ailleurs, les liens entre la direction de la FGTB et celles du PS et du SP.a sont souvent moins directs, mais les partis socialistes demeurent les ‘’partenaires priviligiés’’. Nous pensons qu’il faut immédiatement rompre ces liens. Un lien avec des partis appliquant une politique néolibérale ne fait pas progresser la lutte pour les intérêts des salariés et de leurs familles. Au contraire, ce lien est utilisé par la social-démocratie pour freiner le développement des mouvements de lutte.
Cela ne signifie toutefois pas que les militants syndicaux doivent plaider pour une position ‘‘apolitique’’. La plupart des revendications syndicales ont un contenu explicitement politique. Afin d’imposer des revendications, un prolongement politique est plus que nécéssaire. Sans cela, la lutte syndicale est plus faible. Mais il faut que ce relais politique soit réel et ne se limite pas à de beaux discours pour abuser de la base des syndicats.
Les directions syndicales acceptent la logique néolibérale
Le problème n’est pas uniquement dans le camp des partis. Au lieu de traduire les revendications des syndicalistes sur le plan politique, les directions syndicales elles-mêmes reprennent la logique néolibérale de leurs partenaires politiques. Le récent accord du ‘‘groupe des 10’’ en est une expression concrète.
Le 20 septembre, les partenaires sociaux ont conclu un ‘’accord de septembre du groupe des 10’’. Lorsque cet accord a été discuté au bureau fédéral de la FGTB le 22 septembre, beaucoup de ses membres n’étaient pas encore au courant qu’en échange du lien entre les allocations et le bien-être avait été acceptée une nouvelle baisse plus poussée des charges sur le travail en équipe et sur les heures supplémentaires!
L’absence de démocratie interne et de consultation a fait que cet accord a été une nouvelle fois imposé aux syndiqués. Accepter des baisses de charges sur le travail en équipe et sur les heures supplémentaires signifie donner son accord à une nouvelle vague de cadeaux au patronat et à un nouveau renforcement de la flexibilité.
Luc Cortebeeck, le président de la CSC, a déclaré dans Trends/Tendances (13 octobre, édition flamande) que ‘la diminution du temps de travail collectif n’offre aujourd’hui aucune solution. Il vaut mieux que nous réféchissions à la manière de combiner la flexibilité que demandent les patrons à la flexibilité privée dans nos familles ». Il ne s’agit donc plus de formuler des alternatives, mais bien de discuter sur l’emballage des revendications patronales dans du papier « social » !
Cette voie est véritable un cul-de-sac. On peut toujours essayer de modérer ou de colorer en rose l’avidité du patronat, mais tant que les patrons sentiront qu’ils peuvent imposer des choses, il en exigeront toujours plus.
Nous l’avons encore vu avec les déclarations du dirigeant de Volvo Peter Leyman au magazine Vacature (21 octobre). Leyman a expliqué que le Pacte des Générations n’allait pas encore assez loin et a déclaré à propos des salaires que « Nous sommes allés trop loin au niveau de notre bien-être et je crains que nous soyons confrontés à une période de nivellement. (…) Nous ne pouvons pas nous attendre chaque année à la fois à gagner plus, à travailler moins et à trouver les produits les moins chers du monde. »
Il faut un contre-poids
Luc Cortebeeck a raison quand il déclare qu’un contre-poids est nécessaire. Mais on ne construit pas un contre-poids en acceptant – totalement ou partiellement – la logique des adversaires.
Malgré cela, Cortebeeck se rend compte que beaucoup de défis l’attendent. Au congrès de la CSC, il a expliqué que, dans le monde politique, il existe beaucoup de populisme « qui veut ‘’responsabiliser’’ les plus faibles du fait d’être faibles, qui veut substituer la charité à la solidarité et qui veut maintenant, après avoir vendu les bâtiments de l’Etat, vendre également la société sociale aux assureurs du privé. »
Même si la perspective des élections de 2007 va peut-être amener le gouvernement à postposer les attaques les plus dures, cela ne va pas conduire à la fin de l’offensive. Il faudra construire un rapport de force en organisant la résistance à la logique néolibérale.
Les syndicalistes combatifs devront s’organiser en défendant la démocratie syndicale (à l’inverse des accords secrets tels que celui de septembre) tout autant qu’une position combative qui pousse à l’avant les intérêts des salariés et de leurs familles et non ceux du patronat.
Le Comité pour une Autre Politique pourra jouer un grand rôle dans cette lutte.
Beaucoup de militants et de délégués sont déjà actifs en son sein. Sur base des discussions collectives au sein du CAP, nous pourrons également mettre sur pied un réseau de syndicalistes combatifs capable d’exprimer ce qui vit à la base des syndicats et de le renforcer.
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Leterme suscite de nouveaux remous communautaires
Question nationale
Yves Leterme voulait se faire remarquer et il a réussi. Ses propos dans Libération ont fait couler des litres d’encre dans tous les journaux. Les préparatifs de la réforme de l’Etat ont bel et bien commencé.
Anja Deschoemacker
Selon Leterme (président du CD&V et de la région flamande), les francophones n’ont pas les capacités intellectuelles pour apprendre le néerlandais, mais aussi que ne subsistent de la Belgique que le roi, la bière et le football. De plus, il a menacé les francophones d’abolir les mécanismes qui les protègent comme la parité linguistique au sein du gouvernement fédéral et la procédure de la sonnette d’alarme s’ils remettaient en cause la frontière linguistique. Di Rupo a surenchéri en mettant sur la table les mécanismes de protection des Flamands de Bruxelles et en revendiquant l’alternance linguistique du poste de Premier Ministre.
Chacun sait ainsi à qui il doit s’en prendre: à l’autre communauté. Est-ce le cas? Mais avant d’aller plus loin: les francophones refusent-ils d’apprendre le néerlandais?
Les faits sont les suivants. A Bruxelles, les enfants néerlandophones sont une minorité dans l’enseignement maternel et secondaire. Un quart des jeunes scolarisés vont dans une école néerlandophone. Du côté francophone, quelque 150 écoles primaires et secondaires donnent une partie des cours dans une autre langue que le français. 4 le font en allemand, 29 en anglais et… 115 en néerlandais ! En dépit de sondages qui révèlent qu’une majorité de Bruxellois souhaitent un enseignement bilingue, les politiciens bruxellois flamands s’y opposent. En Flandre, l’enseignement en immersion est interdit et la connaissance du français recule dans la jeunesse. La réduction des moyens pour l’enseignement n’y est pas étrangère.
L’attitude des travailleurs et de leurs familles envers les langues dépend étroitement des exigences du marché du travail. D’après le président de la FEB Jean-Claude Daoust: "L’unilinguisme se paye cash sur le marché du travail. On ne lit même pas les CV des candidats unilingues". C’est ainsi que la grande majorité des Bruxellois flamands se sont francisés dans le passé.
De même aujourd’hui, le taux élevé du chômage en Wallonie et à Bruxelles (avec une grande majorité de chômeurs francophones unilingues) donne lieu à un redoublement d’efforts pour devenir bilingue. Le succès des chèques-langues en témoigne.
Questions/réponses
Les écarts économiques entre la Flandre et la Wallonie doivent-ils mener à la scission de la Belgique?
La Belgique existe depuis près de 200 ans. Pourtant, elle a toujours connu de grandes disparités régionales. Depuis le début du 20e siècle, des voix pour plus d’autonomie régionale se sont exprimées des deux côtés. Seules les deux guerres ont donné lieu à l’expression d’un fort nationalisme belge. Mais il n’y a eu à aucun moment dans l’histoire, ni en Flandre ni en Wallonie, une situation où une majorité de la population s’est prononcée pour la séparation. La plupart des mouvements nationalistes s’en sont toujours tenus à un programme de réformes dans le cadre belge. La bourgeoisie préfèrerait certes un espace linguistique homogène qui est plus propice au développement économique, mais elle préfère encore davantage les grands ensembles cohérents à l’émiettement territorial.
De plus, une scission de la Belgique pourrait donner lieu à un effet domino que les bourgeoisies européennes, c’est le moins qu’on puisse dire, ne souhaitent pas. Et que faire de Bruxelles qui sera revendiquée par la Flandre comme par la Wallonie?
L’unanimité politique flamande reflète-t-elle un fort nationalisme flamand et une volonté de régionalisation accrue parmi la population flamande?
C’est l’impression que l’on a lorsqu’on écoute n’importe quel politicien flamand. Mais alors, comment expliquer que les "sans opinion" l’emportent dans les sondages sur la scission de BHV réalisés en Flandre? Tout comme en Wallonie d’ailleurs. La Flandre et la Wallonie convergent en effet dans le peu d’intérêt que semblent porter leurs populations à la politique communautaire. Dans les sondages sur les dossiers prioritaires à l’approche des élections, ce sont des thèmes comme l’emploi, les soins de santé, la sécurité,… qui sont cités. On ne trouve jamais dans le top 10 " plus de compétences pour les régions et/ou les communautés ", pas plus en Flandre qu’en Wallonie ou à Bruxelles. Dans un sondage réalisé au plus fort de la crise autour de BHV, 84% des Flamands et 92% des Wallons prônaient le maintien de la Belgique.
Qui dit quoi?
- En mars 1999, tous les députés du Parlement flamand (sauf ceux du Vlaams Blok) ont voté les résolutions suivantes: maîtrise totale par la Flandre des soins de santé, de la politique des familles, de la coopération au développement, des télécommunications, de la recherche scientifique et technologique ; autonomie fiscale et financière accrue ; autonomie constitutive illimitée; transfert de l’exploitation et de l’infrastructure ferroviaires; solidarité objective et transparente avec les autres entités fédérées ; homogénéité des paquets de compétences en matière de police et de justice. Leterme fait d’une percée dans ce qui précède, avec la scission de l’arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde, un préalable à l’entrée du CD&V dans un gouvernement fédéral; Vande Lanotte fait de la régionalisation du marché du travail un préalable à la participation du SP.a.
- Le front francophone est jusqu’ici un front défensif. La plupart des politiciens francophones opposent à la revendication de scission de BHV celle du maintien et de l’ancrage des facilités, voire l’extension des limites de la Région de Bruxelles-Capitale.
- Les politiciens bruxellois refusent d’être le dindon de la farce. Ils revendiquent surtout plus d’argent pour Bruxelles.
- Il ressort de plusieurs enquêtes que les petits patrons flamands, regroupés au sein du Voka et d’Unizo, se prononcent en grande majorité pour la régionalisation du marché du travail.
- La FEB en revanche, qui représente les grandes entreprises, se prononce contre la régionalisation du marché du travail. Pour Jean-Claude Daoust (De Standaard 1/9): "Chez Unizo, il s’agit surtout de petites entreprises dont le terrain d’action est souvent très local, circonscrit à la Flandre (…). Elles ignorent les entraves à la libre entreprise que pose une double ou une triple législation".
- La FGTB et la CSC se sont prononcées contre une extension de la régionalisation. Le président de la CSC, Luc Cortebeeck, a dit dans Le Soir (11/9) que la régionalisation du marché du travail n’apporterait rien aux travailleurs flamands et causerait des dégâts au tissu socio-économique.
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Pas touche à nos prépensions!
Les syndicats ne doivent pas négocier le recul, mais organiser la résistance
Les points de vue sur les prépensions sont tellement éloignées que les premières négociations prévues pour le 10 mars n’ont pas pu commencer. Le patronat utilise le vieillissement et le faible taux d’activité pour réclamer, entre autres, l’abolition de la prépension. Les syndicats disent, à juste titre, que le faible taux d’activité ne peut être résolu que par plus d’emplois et que les travailleurs ne peuvent pas être forcés de travailler plus longtemps alors qu’il y a plus de 600.000 chômeurs. Le gouvernement veut démanteler les prépensions, mais a peur des mouvements de masse éventuels.
Anja Deschoemacker
Le président de la CSC Luc Cortebeeck a déjà averti le gouvernement que ce genre d’attaque allait mener à «des actions dures», voire à une grève générale (De Standaard, 10/03/05). Les syndicats ont des propositions alternatives, par exemple l’augmentation du nombre d’emplois, surtout chez les jeunes, comme une manière de maintenir la sécurité sociale. Qui, à part le patronat, pourrait s’y opposer ? A côté de cela, les syndicats veulent lier le débat sur la fin de carrière à un financement alternatif de la sécurité sociale à travers une Cotisation Sociale Généralisée (CSG, une cotisation qui ne frappe pas seulement les revenus du travail).
Et là, on va dans une direction dangereuse. La nécessité d’un financement alternatif de la sécurité sociale provient du fait que, dans le passé, le système a été démantelé en diminuant les cotisations soi-disant patronales. Le système actuel nécessite une procédure de concertation avec les syndicats pour changer les règles, mais rien n’empêchera un gouvernement de droite de modifier unilatéralement le taux de la CSG. A première vue, négocier un financement alternatif peut sembler une bonne solution, mais cela peut entraîner la fin de la sécurité sociale telle qu’on la connaît aujourd’hui, ce qui sera tout bénéfice pour le gouvernement et le patronat.
La sécurité sociale est un acquis des luttes. Depuis la chute du Mur, ce système subit une pression croissante. Mais une large majorité de la population est attachée à la sécurité sociale et est disposée à lutter contre toute attaque.
Les syndicats doivent mobiliser cette volonté d’action et le grand soutien dans l’opinion publique pour refuser toute mesure de démantèlement et faire respecter par le patronat les vieux accords, acquis et droits dans le cadre de la sécurité sociale. Ce ne sont pas les travailleurs qui souhaitent donner moins à la sécurité sociale, mais bien les patrons. Ils cherchent en fait à diminuer nos salaires !
Ni augmentation du temps de travail, ni allongement de la carrière, mais abolition de tous les statuts précaires ! Imposons au patronat des boulots fixes et à temps plein ! Non à la libéralisation de La Poste et des chemins de fer, oui à des créations d’emplois dans les services publics présents et à venir ! Non aux boulots «soft», qui plus est mal payés, pour les travailleurs âgés (comme pour les femmes aujourd’hui), oui à la diminution du temps de travail pour tout le monde, sans perte de salaire et avec embauches compensatoires. Non à l’hyperflexibilité épuisante qui réserve les emplois bien payés (mais éreintants) aux hommes jeunes et en bonne condition !