Tag: Liban

  • Impérialisme américain. Un colosse aux pieds d’argile

    La décision de Bush d’envoyer 21.500 soldats supplémentaires en Irak est une fuite désespérée en avant. La seule puissance militaire n’est pas suffisante pour ‘stabiliser’ un pays. Quel contraste avec la situation qui a suivi immédiatement les attentats du 11 septembre ! Bush était alors au summum de son soutien populaire et s’en est servi pour envahir l’Afghanistan et chasser le régime intégriste des talibans qui accueillait et protégeait Ben Laden.

    Peter Delsing

    Enlisement au Moyen-Orient

    Les Talibans éjectés, Karzaï, ami des Etats-Unis, est arrivé au pouvoir. A ce moment-là déjà, les Etats-Unis auraient dû savoir que le « changement de régime » ne disposait pas d’une base économique et politique suffisante pour assurer un régime stable. Mais il va de soi que les capitalistes américains et afghans n’ont pas utilisé les millions de dollars pour élever le niveau de vie de la population.

    Aujourd’hui la culture d’opium est redevenue la ressource principale du pays tandis que les Talibans ont entamé une nouvelle offensive. Au cas où cela intéresserait encore Bush, le « terroriste n°1 » Ben Laden n’a toujours pas été retrouvé. Aucune amélioration sociale n’est possible dans des pays qui, comme l’Afghanistan, restent sous la coupe de l’impérialisme malgré un vernis d’indépendance.

    Le nouveau front ouvert par Bush contre le terrorisme s’est révélé être un terreau fertile pour de futurs terroristes. L’invasion militaire de l’Irak était destinée à redessiner la carte du Moyen-Orient, à obtenir le contrôle des richesses pétrolières et à enrégimenter la classe ouvrière américaine en lançant un cri de guerre.

    En guise de contrôle sur le Moyen-Orient, la région est maintenant devenue une véritable poudrière. En Irak, ce sont des groupes chiites liés à l’Iran qui portent le régime. Le pays sombre dans une guerre civile plus ou moins ouverte entre chiites et sunnites. Les deux camps recourrent aux attentats et à la purification ethnique des quartiers. 15% de la population a fui le pays ou s’est réfugiée dans une autre région.

    L’armée américaine, dont plus de 3.000 soldats ont trouvé la mort en Irak, est transformée en cible ambulante. Les soldats sont chargés de traquer et « d’éliminer » activement les groupes rebelles, selon les propres paroles de Bush. Une telle politique déplacera les problèmes plutôt que de les résoudre. S’il est vrai que les partisans du dirigeant chiite radical Al Sadr se sont partiellement retirés de Badgad, cela ne sera qu’un phénomène temporaire.

    Bush est de plus en plus isolé avec les débris de sa politique. Lors des récentes élections de mi-mandat, son parti a été châtié par les électeurs. Tony Blair, son plus fidèle allié, vient d’annoncer un premier retrait de 1.600 soldats d’Irak. C’est un aveu significatif, le gouvernement britannique reconnaît avoir fait fausse route.

    Ailleurs dans la région, l’impérialisme a perdu du terrain. La Palestine est au bord d’une guerre civile entre le Fatah et les fondamentalistes du Hamas au pouvoir. Les deux factions palestiniennes se sont ‘réunies’ dans un gouvernement d’unité nationale instable. Au Liban, les islamistes du Hezbollah ont renforcé leur position après avoir mené une résistance réussie contre l’armée israélienne. La population craint qu’une nouvelle guerre civile n’accentue les tensions ethniques et religieuses dans le pays.

    Du changement de régime au retour du «containment»?

    Le plan des néoconservateurs selon lequel un changement de régime en Irak conduirait à un scénario où les régimes de la région non alignés sur les USA (Syrie, Iran,…) tomberaient les uns après les autres comme une chaîne de dominos sous la pression militaire américaine s’est embourbé dans le sable irakien.

    Entretemps, en Amérique Latine, le « jardin des Etats-Unis », un processus révolutionnaire pointe à l’horizon. Au Vénézuela, par exemple, des couches larges de la population discutent du socialisme. La seule superpuissance sortie de la guerre froide n’a pas les moyens d’intervenir, l’effet serait trop radicalisant.

    Récemment, Bush a même dû conclure un accord avec la Corée du Nord stalinienne, qui recevra du pétrole en échange de l’arrêt et du démantèlement de son programme nucléaire. L’Iran, soupçonnée également d’ambitions nucléaires militaires, attend sans doute un accord économique similaire.

    L’illusion d’un impérialisme américain capable d’envahir plusieurs pays et de les « occuper » s’est effondrée durablement. La Corée du Nord a donc reçu l’ancien traitement de « containment » (contenir un régime en maniant à la fois le bâton et la carotte)

    Cependant l’envoi d’un porte-avions US en direction de l’Iran montre que l’influence des néoconservateurs n’a toujours pas disparu. Une attaque aérienne sur les installations nucléaires, au lieu d’une attaque terrestre, n’est pas exclue.

    Une telle attaque aurait pourtant des conséquences extrêmement dangereuses au Moyen-Orient et dans le monde entier. Mais la guerre connaît ses dynamiques propres et la clique autour de Bush n’est pas spécialement réputée pour son attention au contrôle des dégâts.

    La réalité oblige Bush à appliquer une politique un peu plus pragmatique. Mais tout reste possible.

  • Luttons pour le socialisme !

    Contre le racisme, la guerre, le capitalisme

    Le fossé entre riches et pauvres n’a jamais été aussi grand qu’aujourd’hui : 0,01% de la population mondiale contrôle 24% de la richesse globale. A elles seules, les cinq plus grandes multinationales pétrolières ont réalisé ensemble un profit de 120 milliards de dollars l’an dernier.

    Benoit Douchy

    Résistance contre la guerre

    Cette richesse n’est pas utilisée dans l’intérêt de la majorité de la population. Les investissements sont faits à la seule fin de réaliser encore plus de profits. Pour cela, tous les moyens sont bons, depuis les restructurations sauvages et les licenciements massifs jusqu’aux guerres, comme celle que Bush a lancée pour s’assurer le contrôle de l’Irak et de ses réserves de pétrole.

    Les interventions brutales des Etats-Unis et de leurs alliés en Irak et en Afghanistan n’ont pas mené à plus de paix et de démocratie. Chaque mois, 4.000 Irakiens meurent dans les violences confessionnelles et les attentats. L’intervention américaine a renforcé les contradictions internes et conduit droit à une escalade de la violence et de la guerre civile.

    L’invasion d’Israël au Liban l’été dernier a eu le même effet. Les bombardements ont fait des centaines de morts et ont détruit une grande partie des infrastructures du pays. Un mouvement de protestation ouvrière et populaire contre les hausses de prix incessantes et les privatisations a été stoppé par la guerre. Après celle-ci, la pauvreté a encore grandi. Plus que jamais, une résistance unifiée est nécessaire, par-delà les divisions religieuses.

    Il y a quatre ans, le monde entier a connu une vague de grandes manifestations anti-guerre qui a montré que la grande majorité des jeunes et des travailleurs s’oppose à la guerre et veut se battre pour un monde meilleur. Depuis lors, cette opposition a continué à grandir, y compris aux Etats-Unis où aucun président depuis Nixon dans les années ’70 n’a été aussi impopulaire que Bush aujourd’hui.

    Résistance contre le racisme

    Une des tactiques les plus utilisées par le patronat pour augmenter ses profits est d’attiser les divisions en montant les travailleurs les uns contre les autres sur base de la couleur de peau, de la religion,…

    En 2006, les travailleurs immigrés aux Etats-Unis ont lutté pour dénoncer leurs conditions de travail et pour s’opposer à de nouvelles lois établissant un contrôle accru de l’immigration et la criminalisation de toute aide aux “illégaux”. De telles lois visent à faire des immigrés des victimes plus dociles pour les marchands de sommeil et pour les patrons qui leur imposent un travail en noir sous-payé et bien souvent dangereux. En Belgique aussi, les sans-papiers se sont mobilisés tout au long de l’année pour réclamer leur régularisation. Vaincre les préjugés racistes, lutter tous ensemble, nous rend plus fort.

    Résistance contre le capitalisme

    Le capitalisme mène à la guerre, à la misère, à l’exploitation, au racisme,… Même notre environnement est sacrifié. Le désastre du navire pétrolier Erika en 1999 est encore dans les mémoires. A peu près 15.000 tonnes de pétrole brut ont pollué les côtes françaises. Traîné en justice, Total va probablement devoir payer 0,5 milliard d’euros en dédommagements. C’est très peu pour une entreprise qui a fait 12,5 milliards d’euros de profits uniquement en 2006. Un tel profit ne peut être atteint qu’en économisant sur la sécurité et l’environnement, comme avec l’Erika (le navire n’était pas en bon état, mais il était bon marché…).

    Contre ce système où seul le profit compte, il faut une alternative. La situation en Amérique latine nous montre l’avenir qui pointe ici aussi : un tournant à gauche qui rend à nouveau possible de discuter de la possibilité d’une alternative socialiste. Pour offrir une réponse à la misère, à la guerre et au racisme que produit le capitalisme, une planification démocratique de l’économie sous le contrôle des travailleurs est indispensable.

    Nous luttons pour une telle alternative socialiste. N’hésite plus. Rejoins-nous!

  • 9e Congrès Mondial du CIO. Unifier la planète pour un monde socialiste!

    9e Congrès Mondial du CIO

    Venus d’une trentaine de pays des quatre coins du globe, 130 militants se sont réunis à la mi-janvier pour une pleine semaine de discussions portant sur la situation politique, économique et sociale internationale, mais également sur la construction de l’organisation marxiste internationale qu’est le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO). Ce Congrès restera dans les mémoires grâce au formidable enthousiasme et à la grande confiance en notre travail qui font suite aux résultats positifs obtenus depuis notre dernier Congrès Mondial, il y a un peu plus de quatre ans en 2002.

    Nicolas Croes

    La domination américaine contestée

    Depuis lors, de grands changements sont survenus, à la fois pour la la bourgeoisie et pour les travailleurs du monde entier. A l’époque, la scène internationale était dominée par les attentats du 11 septembre et leurs répercussions. L’impérialisme américain était résolu à s’occuper par la force armée, même unilatéralement, de tous les points "chauds" et on nous rabattait les oreilles de perspectives grandioses pour le "siècle américain". Ce siècle n’a pourtant duré que quelques années… Jamais dans l’Histoire l’influence d’une puissance n’a connu de déclin aussi rapide et nous ne sommes encore qu’au début d’une crise prolongée. La majorité de la population mondiale considère à l’heure actuelle que Washigton est une plus grande menace que Téhéran !

    Dans ce processus, l’intervention en Irak a été un point crucial. Depuis mars 2003, il y a eu en moyenne 4.000 personnes tuées chaque mois, majoritairement des civils et ce chiffre n’a pas arrêté d’augmenter au cours des derniers mois. Alors que l’Irak était autrefois l’un des pays les plus modernes du monde arabe, les infrastructures essentielles sont détruites, la population tente de survivre quasiment sans électricité ni eau courante. La majorité des habitants affirme vivre dans des conditions pires que sous Saddam alors que le pays s’enfonce toujours plus dans une guerre civile, à la fois confessionelle et pour le contrôle des richesses. Tout le Moyen-Orient est secoué par une série de crises (Iran, Liban, Palestine,…) que les Etats-Unis ont de plus en plus de mal à contrôler.

    Même dans l’antre de la bête US, le mouvement ouvrier commence à montrer ses crocs, poussé par les travailleurs immigrés (qui ont manifesté à plusieurs millions contre les lois racistes de Bush l’an dernier) largement issus d’Amérique Latine et qui réflètent la formidable remontée de la lutte des travailleurs qui s’opère dans cette région.

    Mais l’impérialisme américain n’est pas le seul colosse au pied d’argile sérieusement ébrêché. L’expérience est le meilleur professeur qui soit, et la mondialisation est maintenant vue par les masses – et non plus par les seules couches radicalisées – comme un signe d’insécurité et de pollution extrême. L’ère du "Nouvel Ordre Mondial" et le règne proclamé éternel du néo-libéralisme ont subi le même sort que le "siècle américain".

    Des riches plus riches, des pauvres plus pauvres

    Notre monde connaît partout une croissance économique soutenue. Or, comme le disait Marx, "une croissance économique doit aussi se refléter dans la poche des travailleurs". Ce n’est plus du tout le cas aujourd’hui et si les profits augmentent bien et atteignent des records faramineux, les salaires sont loin de suivre la même courbe : il est plutôt question de sortir de la classe moyenne que d’y rentrer.

    Les capitalistes deviennent de plus en plus des parasites: le 0,01% le plus riche de la population mondiale contrôle pour ses seuls intérêts 24% des richesses…

    Cependant, la masse d’argent qui tombe dans leurs mains et l’arrogance sans limites qui est l’apanage de ces puissants les aveuglent alors que des nuages menaçants s’accumulent au-dessus des Bourses.

    Car l’économie mondiale s’érige sur le sable extrêmement mouvant des relations économiques entre les USA et la Chine: les investissements américains dans la Chine soi-disant "communiste" contribuent à la production massive de produits chinois qui, en retour, sont vendus à bas prix aux consommateurs américains. Cela permet de maintenir la consommation – et la croissance économique – aux Etats-Unis malgré la stagnation des salaires réels depuis 20 ans. En échange, les profits chinois sont placés en dollars dans les coffres des banques américaines, ce qui permet de limiter l’effet de l’endettement astronomique des Etats-Unis. Mais les consommateurs américains sont aussi des travailleurs. A force d’attaques sur les salaires et les conditions de vie, ceux-ci éprouvent des difficultés croissantes à maintenir leur consommation. Et la politique de crédit à bas prix qui les a poussés à dépenser même l’argent qu’ils n’avaient pas encore gagné a des limites. Il est encore trop tôt pour dire si une récession arrivera en 2007 – le timing est trop aléatoire (des événements comme, par exemple, le cyclone Katrina et ses conséquences sont imprévisibles) mais l’important est de voir le processus et celui-ci mène à une crise d’importance.

    La Chine peut-elle sauver l’économie mondiale?

    Ce qui est certain, c’est que la Chine ne dispose pas d’un marché intérieur capable d’absorber sa production. Une récession, plus que probable, du marché mondial, engendrerait donc une crise majeure dans le pays au grand déplaisir de la bureaucratie chinoise qui tente lentement de transformer l’économie bureaucratiquement planifiée du pays en une économie capitaliste (entre 1989 et 2002, 45 millions d’emplois ont été perdus à cause de privatisations).

    L’impact de cette crise ne serait pas seulement économique, mais également politique. Actuellement, il y a déjà une grève toutes les 5 minutes en Chine "populaire" et il y a eu officiellement 78.000 actions de protestation rien que pour l’année 2005, à la fois contre les conditions de travail (dans certaines usines, on travaille 12 heures par jour, 7 jour sur 7 et parfois même de nuit quand les objectifs ne sont pas atteints, pour des salaires de misère) et contre la pollution croissante.

    Montée de la résistance anti-néolibérale

    Mais en terme de remontée des luttes et d’espoir, l’Amérique Latine fait figure de phare. Nous sommes arrivés à un moment crucial dans cette région où le capitalisme n’a jamais été autant critiqué. Dans plusieurs pays, les luttes massives des travailleurs et des pauvres ont amené au pouvoir des gouvernements qui évoluent vers des positions plus radicales sous la pression de la base.

    Même les gouvernements de droite restés au pouvoir connaissent une contestation grandissante qui rend leur position instable (l’exemple le plus flagrant est celui du Mexique). L’impérialisme américain, habitué à faire appliquer sa loi en Amérique Latine (on se rappelle de Pinochet…) est aujourd’hui fortement affaibli. Outre le fait que 40% de son matériel militaire est immobilisé en Irak, le discrédit du néo-libéralisme et la crise de la domination idéologique américaine laisse plus de marges à un développement favorable des protestations anti-capitalistes dans cette région comme partout ailleurs.

    Un des éléments importants dans ce développement est l’exemple, même imparfait, donné par Cuba comme alternative au capitalisme. Mais celui qui a le plus aidé à la diffusion des idées socialistes a été le président vénézueliens Hugo Chavez. Il a même été récemment jusqu’à annoncer que le Venezuela allait devenir une république socialiste et à dire qu’il était trotskiste (ce qui voudrait dire communiste anti-stalinien et opposé à la collaboration avec la bourgeoisie nationale dans le cadre de la lutte contre l’impérialisme et pour la construction d’une société socialiste)!.

    Mais ce sont surtout là des paroles car dans un même temps, Chavez appelle les capitalistes vénézuéliens à rejoindre le processus révolutionnaire! Au Vénézuela comme partout en Amérique Latine ou dans le reste du monde néo-colonial, les travailleurs ne doivent compter que sur leurs seules forces pour arracher leurs chaînes et ne pas remplacer celles qu’ils subissent actuellement par celles que les bourgeoisies locales rêvent de leur attacher.

    Jadis engourdis par la capitulation des anciens partis ouvriers et des directions syndicales face au néo-libéralisme et à la nouvelle situation née de l’effondrement du stalinisme, les travailleurs recommencent partout à prendre le chemin de la lutte. Même l’Europe connaît cette situation comme l’ont exprimé les mobilisations contre la Constitution Européenne, les grèves générales en Italie, en Grèce (et même en Belgique !) ou encore la lutte contre le Contrat Première Embauche en France.

    Plus que jamais, notre tâche est d’aider au développement de cette résistance en développant des organes de lutte comme de nouveaux partis des travailleurs dans lesquels nous défendons une orientation clairement socialiste tout en continuant la construction de notre parti révolutionnaire international.

    Balisons la route vers un avenir débarassé de l’exploitation, un avenir socialiste!

  • Italie : Les étroites limites du « moindre mal »

    Les élections d’avril 2006 ont porté la coalition de Prodi au pouvoir, mais surtout fait tomber Berlusconi. Christel Dicembre, membre de Lotta per il Socialismo, organisation-soeur du Mouvement pour une Alternative Socialiste en Italie, nous explique quel bilan nous pouvons déjà tirer de cette élection du « moindre mal ».

    Alternative Socialiste : En avril 2006, la coalition de Prodi l’a emporté de justesse sur Berlusconi. On peut dire que cette légère victoire était surtout dû à l’effet anti-Berlusconi plutôt qu’à un vrai programme. Peut-on déjà faire une petite analyse du gouvernement Prodi et voir ses résultats ?

    Christel Dicembre : "Et ses dégâts ! Ce que l’on peut constater c’est que, comme on l’avait prévu lors de la campagne électorale, Prodi se trouve être un atout de la bourgeoisie pour attaquer les travailleurs tout en limitant au maximum la contestation sociale. En décembre, un sondage réalisé par l’Institut National de Statistiques pendant la crise du budget, a fait ressortir qu’à la question de savoir si Prodi faisait mieux ou pire que berlusconi, 40% des sondés ont répondus « pire ». L’illusion du moindre mal n’a pas duré longtemps. Sa situation actuelle résulte de 3 facteurs :

    1. Le sentiment anti-Berlusconi qui règne encore, renforcé par une manifestation ce 2 décembre dernier où Berlusconi a réussi à mobiliser sa base à tel point que l’on a pu assister au défilé d’un million de manifestants à Rome pour réclamer la chute du gouvernement et la démission de Prodi.

    2. Le rôle de la bureaucratie syndicale. En Italie, le taux de syndicalisation est nettement plus bas qu’en belgique et la base est étouffée par une bureaucratie qui est comme cul et chemise avec le gouvernement et l’équivalent italien de la FEB, la Confindustria.

    3. L’absence d’un parti capable de représenter les intérêts des jeunes, des travailleurs et des immigrés."

    AS : Il existe tout de même le PRC (Partito di Rifondazione Comunista/Parti de la refondation communiste, créé en 1991 et issu de l’aile gauche du vieux Parti Communiste italien). N’est-il pas capable de représenter la classe ouvrière ?

    CD : "Le PRC participe au gouvernement et a jusqu’à présent a signé toutes les attaques qui en sont sorties."

    AS : Peux-tu préciser ?

    CD : "Le PRC a finalement signé le refinancement de la mission militaire italienne en Afghanistan, la mission de l’ONU au Liban (le mouvement anti-guerre est assez fort en Italie NDLR), mais surtout, le PRC a signé le Budget (Finanziaria) qui prévoit des coupes drastiques dans l’enseignement et l’augmentation du nombre d’élèves par classe (alors qu’il y a déjà 30 élèves par classe actuellement), des coupes dans les soins de santé (avec l’instauration d’une taxe supplémentaire pour les urgences selon la gravité), le passage à un système d’enveloppe fermées pour les transports publics dans les communes et le service civil (pompiers, gardes forestiers,…), et d’autres choses encore."

    AS : Le PRC a-t-il un autre choix pour éviter le retour de Berlusconi ?

    CD : "Il faut savoir que Refondazione Comunista était, ou est encore, mais de moins en moins, un parti radical qui a eu jusqu’à l’invasion de l’Irak un grand potentiel de mobilisation avec une implantation aussi bien chez les jeunes que chez les travailleurs. Si, comme il le prétend, il s’est présenté dans la coalition de Prodi pour la tirer à gauche, il aurait pu tout à fait donner un soutien critique au gouvernement en restant à l’extérieur et en donnant son accord en fonction des propositions comme c’était le cas lors du précédent gouvernement Prodi (entre 1996 et 1998). Il y a une incohérence complète : il participe à la fois au gouvernement et essaye de mobiliser à la base. Ce double jeu ne peut duper longtemps les travailleurs. Alors que dans cette période de remontée des luttes au niveau européen, on peut assister à la création de nouveaux parti des travailleurs (comme le WASG en Allemagne ou le CAP en Belgique), le PRC aurait pu être un fameux facteur d’attraction. Mais sa direction est complètement bourgeoisifiée, a oublié sa base et se tourne vers la « gauche » européenne. Et vu que le PRC a en son sein des tendances bien plus radicales, on ne peut lui donner encore une espérance de vie bien longue."

    AS : En 1998, c’était le PRC qui avait fait chuter Prodi en lui retirant son soutien, Berlusconi était ensuite arrivé au pouvoir. Est-ce qu’on en est réduit à un jeu de pendule entre Berlusconi et Prodi ?

    CD : "Entre 1996 et 1998, il y a eu le début de la libéralisation des chemins de fer, l’introduction de l’Italie dans le processus de l’euro (qui a signifié une inflation de 50% pour les Italiens…et l’incapacité de dévaluée la monnaie comme ce fut le cas dans le passé) entre autres mesures associales. Plutôt qu’un balancement entre Prodi e Berlusconi, il y a une continuité. Mais c’est vrai que tant qu’il n’y a pas d’alternative à la politique néo-libérale, ce sera sans cesse un jeu entre une droite dure et un « moindre mal » qui ressemble au choix entre la peste et le choléra. Mais si le PRC n’abaissait pas son programme et défendait vraiment un programme socialiste, au vu de son potentiel de mobilisation, il irait vers un succès croissant, notamment avec le détachement des travailleurs par rapport aux syndicats confédéraux et la montée d’influence de syndicats de base (comme COBAS).

    "Pour illustrer cela, on a vu il y a quelques semaines le directeur général de la CGIL (Confédération générale italienne du travail), se rendre à l’usine Mirafiori (l’usine historique de Fiat) pour y défendre le budget du gouvernement. Il s’est fait suffler par les travailleurs, qui sont sortis avant la fin du speetch, certains criant « Bertinotti, traître ! » (Bertinotti est l’ancien président du PRC et depuis peu Président de la Chambre des députés italienne).

    "Un appel à la grève générale a été lancé par COBAS pour le 17 novembre contre le Budget austère de Prodi, la CGIL est aller tracter devant les usines pour dire que la grève ne serait couverte en aucun cas !

    "Le PRC reste un point de référence, mais cela risque de basculer avec les nouvelles réformes des pensions (une augmentation de l’âge pour accéder à la retraite) alors que le PRC s’est toujours présenté comme le défenseur des pensions. Bertinotti n’en souffrira pas, il a déjà deux pensions en plus d’un salaire…"

    AS : Peux-tu dire un mot au sujet de notre organisation en Italie ?

    "Nous sommes très très peu présent pour l’instant puisque le travail du CIO (Comité pour une internationale Ouvrière, organisation révolutionnaire mondiale dont le MAS/LSP est la section belge) sur place ne date que de 4 mois, en envoyant là-bas des camarades de différents pays. On ne peut pas développer de véritable travail en Europe sans être présent en Italie, où le développement des luttes est impressionant.

    "Nous avons cependant déjà de bonnes perspectives de construction. cela faisait déjà quelques années que nous avions des contacts sur place, mais nous tirions nos analyses et perspectives de l’extérieur. Mais de l’extérieur, il est difficile de savoir exactement ce qui vit parmi la classe ouvrière."

  • Israel-Liban-Palestine. Contre la guerre et l'exploitation

    A près plus d’un mois de guerre, l’intervention de Tsahal au Liban se solde par un fiasco pour l’impéralisme israélien et américain. Le Hezbollah n’est pas affaibli et sa capacité militaire est loin d’être détruite. Face à l’attitude passive des régimes arabes, il est perçu par les masses dans l’ensemble des pays arabes comme la résistance sur le terrain aux planx de l’Administration Bush ppour son " Nouveau Moyen-Orient ". 97% des Palestiniens soutiennent les actions du Hezbollah. L’enlèvement des deux soldats a été ressenti comme un geste de solidarité suite aux opérations militaires israéliennes en cours depuis le 28 juin à Gaza.

    Boris Malarme

    En Israël, la cote de popularité du triumvirat Olmert-Livni-Peretz, qui voulaient casser leur image de civils et prouver leurs capacités guerrières est au plus bas. Seuls 20% des Israéliens considèrent l’intervention au Liban comme une victoire pour Israël alors que le conflit devait illustrer sa puissance dans la région.

    L’impérialisme américain a soutenu sans relâche l’intervention israélienne et n’a cessé de livrer des munitions à Tsahal. La guerre au Liban contre le Hezbollah devait renforcer sa position dans son bras de fer avec le régime iranien. Après le vote de la résolution de l’ONU, l’Iran donne le ton en annonçant que si Israël et les Etats-Unis s’avisaient de l’agresser, il devaient craindre le jour ou des missiles de 2000 km de portée frapperaient le coeur de Tel-Aviv. L’issue du conflit est un nouvel échec pour l’Administration Bush après les bourbiers irakien et afghan.

    Avec plus de 1.800 de civils libanais tués, les attaques ont été visiblement plus efficaces contre la population que contre les combattants du Hezbollah. Les dommages économiques causés par les bombardements intensifs et l’embargo israélien sont énormes. Ce sont les travailleurs et la population pauvre au Sud-Liban qui paient le prix fort pour la guerre. Tandis que la reconstruction offrira de plantureux profits aux capitalistes, des dizaines de milliers de travailleurs se retrouvent sans emploi.

    L’aide promise par le Hezbollah ne résoudra pas les problèmes sociaux. Le Hezbollah est incapable de sortir le Moyen-Orient de la domination impérialiste. Les victimes de ses missiles ne sont pas les Olmert, Blair et Bush, mais les travailleurs juifs et arabes en Israël, ce qui pousse la population israélienne à soutenir la politique de guerre.

    L’attitude de la France qui exige d’avoir toute latitude d’utiliser la force illustre que l’envoi de troupes n’a pas pour objectif plus de sécurité mais bien sa volonté d’étendre son influence dans la région. Le renforcement de la FINUL créera de nouvelles tensions au Liban.

    Seul le mouvement ouvrier a le potentiel de sortir le Moyen-Orient de la pauvreté et d’empêcher de nouvelles guerres impérialiste d’y faire rage.

  • Une guerre lourde de conséquences. L’impérialisme mène à la guerre et la population en paie le prix

    Les armes se sont provisoirement tues après 33 jours de bombardements intensifs sur le Liban et de tirs nourris de roquettes sur le nord d’Israël. Tant Israël que le Hezbollah se sont empressés de crier victoire. Mais cette guerre va laisser des traces profondes dans les sociétés libanaise et israélienne et, au-delà, dans tout le Proche-Orient.

    Thierry Pierret

    Le bilan humain et matériel de cette guerre est désastreux pour le Liban. Les bombardements israéliens y ont tué plus de 1.800 personnes et en ont blessé des milliers d’autres, dont une écrasante majorité de non-combattants. Ils ont provoqué l’exode d’un million de personnes, soit un quart de la population.

    Les dégâts causés aux infrastructures libanaises sont évalués à plus de 2,5 milliards de dollars. De plus, il faut prendre en compte l’interruption durable d’activités commerciales et industrielles due au blocus naval, aérien et terrestre, ainsi que la perte de la saison touristique.

    Rivalités inter-impérialistes

    Dès le déclenchement des hostilités, le Conseil de Sécurité de l’ONU s’est divisé entre d’une part les Etats-Unis et la Grande-Bretagne qui voulaient laisser à Israël le plus de temps possible pour accomplir son œuvre destructrice – ce que la chef de la diplomatie américaine appelait cyniquement " les contractions du nouveau Moyen-Orient " – et les autres membres du Conseil emmenés par la France qui voulaient imposer un cessez-le-feu immédiat.

    Le massacre de Cana et la réprobation unanime qu’il a suscité ont finalement obligé les Etats-Unis et la Grande-Bretagne à assouplir leurs positions. La résolution 1701 est un texte de compromis qui impose un cessez-le-feu dès le 14 août sans exiger le retrait immédiat de l’armée israélienne et la levée du blocus naval et aérien.

    L’armée israélienne restera au Liban jusqu’à l’arrivée de 15.000 soldats libanais, qui ont commencé à se déployer le 17 août au sud-Liban, et de 15.000 membres de la FINUL. Mais la France qui était pressentie pour en être l’épine dorsale, semble faire marche arrière. Du coup, les autres pays reconsidèrent leur engagement….

    Le fiasco de Tsahal

    L’armée israélienne (Tsahal) a été incapable de repousser le Hezbollah au nord du fleuve Litani, encore moins de le briser. L’état-major israélien s’était vanté d’en finir avec le Hezbollah par la seule force de son aviation. Après trois semaines de bombardements intensifs qui ont à peine entamé le potentiel militaire du Hezbollah, ils ont dû improviser des opérations terrestres qui ont été extrêmement meurtrières pour Tsahal qui a perdu 101 soldats sur le sol libanais. Ils n’ont pas davantage récupéré les deux soldats enlevés le 12 juillet.

    Plus grave, Tsahal n’a pas été capable de protéger le territoire israélien. Le Hezbollah a tiré des roquettes sur le nord d’Israël jusqu’au dernier jour de la guerre, soit 4.000 au total, qui ont tué 53 civils et militaires et jeté sur les routes quelque 330.000 Israéliens, soit 4,5% de la population. Ces roquettes ont totalement détruit 4.000 bâtiments. 16.000 familles ont perdu leur logement. Mais, par-dessus tout, c’est le mythe de l’invincibilité de Tsahal qui a été brisé au Liban. Alors qu’Israël avait lancé son offensive pour restaurer le prestige de son armée au moment où elle est engagée dans une guerre d’agression ouverte depuis fin juin contre l’Autorité palestinienne, il a abouti au résultat inverse. La résistance palestinienne est galvanisée par l’échec de Tsahal au Liban.

    Le consensus national vole partout en éclats

    La population israélienne, après avoir fait bloc autour de ses dirigeants politiques et militaires, demande maintenant des comptes sur la façon dont la guerre a été menée. D’après un sondage, seuls 20% des Israéliens pensent qu’Israël a atteint ses objectifs. La façon dont la protection civile a été organisée est aussi contestée. Les pompiers qui ont lutté pied à pied contre les incendies provoqués par les roquettes tardent à être payés par des municipalités gangrenées par la corruption. Dans le nord d’Israël, les habitants pauvres des localités juives et les habitants des localités arabes ont été laissés à leur sort. Certaines municipalités ont obligé le personnel municipal à continuer de travailler sous les tirs de roquettes sous peine de licenciement.

    On a également appris que le chef d’état-major, Dan Halutz, déjà contesté pour ses choix tactiques, avait vendu pour 21.000$ d’actions le 12 juillet, juste après l’incursion du Hezbollah et juste avant la riposte israélienne. Il avait anticipé la chute de la Bourse de Tel-Aviv. Ainsi, au moment de lancer le pays dans une guerre périlleuse, le chef de l’armée ne pensait qu’à son portefeuille d’actions… Les Israéliens découvrent que les chefs de l’armée sont aussi corrompus que les politiciens. Olmert et Peretz sont en chute libre dans les sondages au profit de Benjamin Netanyahou, le dirigeant de la droite dure, qui a vu sa cote de popularité grimper à 58% au lendemain de la guerre.

    Dans les pays arabes, la population a pris fait et cause pour le Liban. Les régimes arabes ont été conspués pour la mollesse de leur réaction face à l’agression israélienne. Les gouvernements arabes ont eu toutes les peines du monde à contenir la colère de leur population. La peur est en train de changer de camp. La population ose de plus en plus défier les régimes autoritaires. En Irak, des centaines de milliers de chiites ont défié les troupes d’occupation américaines en manifestant leur solidarité avec le Hezbollah.

    Au Liban, l’unité nationale autour du Hezbollah ne tardera pas non plus à voler en éclats. Les critiques de sa stratégie, qui étaient inaudibles pendant la guerre, vont désormais se faire entendre. De plus, la pression pour désarmer le Hezbollah en application de la Résolution 1559 va s’accentuer avec le déploiement de l’armée libanaise et de la FINUL dans le sud. Le Hezbollah va sans doute essayer de négocier l’intégration de sa milice au sein de l’armée libanaise. C’est non seulement inacceptable pour Israël, mais cela renforcerait le poids des chiites au sein de l’armée. D’où la résurgence prévisible des tensions internes et externes.

    On peut déjà prévoir que l’énorme chantier de la reconstruction va aggraver les inégalités sociales comme ce fut le cas après la guerre civile (qui a déchiré le Liban entre 1975 et 1990). Une minorité d’entrepreneurs et de promoteurs arabes et libanais vont s’enrichir en un temps record grâce au marché de la reconstruction qui mobilisera d’énormes quantités de capitaux. Mais si les infrastructures vitales seront vite reconstruites, les quartiers populaires resteront livrés à leur sort. Certes, le Hezbollah a promis de reconstruire, mais il ne se souciera sans doute que de la communauté chiite, ce qui attisera aussi les tensions intercommunautaires.

    Pour une opposition socialiste à la guerre et à l’exploitation

    Nous ne joindrons pas notre voix à celles qui s’élèvent de partout pour imputer au Hezbollah la responsabilité de la guerre. Si son action du 12 juillet en a été la cause immédiate, sa cause profonde réside dans la lutte de la bourgeoisie israélienne pour sauvegarder son rôle dirigeant qui est de plus en plus contesté par les travailleurs et les jeunes israéliens. Les Libanais, les Israéliens et les Palestiniens tués dans ce conflit en sont les victimes collatérales.

    Pour autant, nous n’accordons pas un soutien aveugle au Hezbollah. Il est incapable de surmonter durablement les divisions communautaires, car il s’enracine dans une seule communauté. Son projet social se base sur le clientélisme et ne remet pas en cause les fondements de l’exploitation capitaliste. La République islamique d’Iran, qui est son modèle, est un échec total tant sur le plan de la justice sociale que des droits démocratiques. De plus, il a une attitude sectaire envers la population juive israélienne dont il nie le droit à l’autodétermination. Par cette attitude et ses bombardements aveugles sur le nord d’Israël, il pousse les travailleurs et les jeunes israéliens à faire bloc avec leur classe dirigeante malgré la haine croissante qu’elle leur inspire.

    Voilà pourquoi nous avons défendu le mot d’ordre, dès le début du conflit, de la mise sur pied de comités d’autodéfense par delà les divisions communautaires. Ces comités élus et révocables n’auraient pas seulement pris en charge la défense armée de la population, mais auraient aussi discuté de la façon dont le pays est géré. Ils auraient, par exemple, exigé que la reconstruction se fasse sous le contrôle de la population et soit payée par ceux qui se sont enrichis lors de la reconstruction d’après la guerre civile. Pour cela, il faudrait nationaliser les secteurs-clés de l’économie sous le contrôle démocratique des travailleurs et de leurs familles afin de veiller à ce que l’utilisation des richesses se fasse au service de la population. Seule une confédération socialiste du Proche-Orient, incluant le Liban, Israël, la Palestine et d’autres pays sur une base volontaire, permettra d’en finir avec la guerre, la misère et l’oppression.

  • Liban : l’arène perpétuelle des luttes inter-impérialistes

    Les derniers événements choquants au Liban, ont démontré inébranlablement le degré d’implication des puissances mondiales et régionales dans la scène politique libanaise, caractérisée, depuis sa création par un décret colonial français en août 1920, par des implosions et des guerres interminables.

    Sofiene C., sympathisante du CIO

    La récente invasion israélienne des territoires libanaises, commencée le 12 juillet dernier, montre, tout à la fois et simultanément, la fragilité du système politique au Liban et son aliénation et attachement envers les pays étrangers, ainsi que la complaisance des régimes de la « communauté internationale » avec Israël dans sa destruction systématique du « pays du Cèdre ».

    L’offensive israélienne au Liban n’est pas la première. On dénombre maintes reprises de déploiements de forces israéliennes dans ce pays. En 1978, pendant la guerre civile inter-confessionnelle, Israël occupût le sud de Liban, pour mettre en place une zone-tampon contrôlée par une milice libanaise armée par lui. C’était, lors, pour soutenir les milices de l’extrême droite, représentantes de la bourgeoisie chrétienne maronite, à travers le Parti des Phalangistes ; contre les troupes palestiniennes et musulmanes libanaises, guidées par les communistes libanais et le Parti Démocratique Progressiste de Kamel Joumblatt.

    Puis, en 1982, profitant de la faiblesse et la discorde entre les pays arabes, l’armée israélienne envahit tout le Liban et atteint les faubourgs de Beyrouth, chassant les milices palestiniennes et imposant le Chef des Phalangistes, Bechir Gemayl en tête du pouvoir, qui a été rapidement assassiné par ordre de la Syrie. Tout le monde se rappel, lors de son retrait, le massacre du camp palestinien du Sabra et Chatila en septembre 1982, sous l’ordre direct de Sharon.

    Cependant, les milices du Hezbollah, contrôlaient de plus en plus la région à majorité chiite au Sud Liban et à Bayrouth-Sud. Appuyé et financé par l’Iran et la Syrie, ce parti ultraconservateur, conservait une popularité grandissante, en menant une politique sociale et culturelle de solidarité et de gestion locale (constitution des mosquées et des écoles relieuses, création des hôpitaux et de services d’aides sociales…). Il a pu s’invétérer dans les couches populaires réclament le chiisme révolutionnaire (communément, le chiisme était, durant l’histoire des musulmans, dans la conscience imaginative, une source et propulseur des révoltes des opprimés contre l’ordre dominant. On illustre plusieurs révolutions des nègres et des esclaves à travers l’histoire de la région). C’est un Etat dans l’Etat.

    En Outre, le « PARTI DE DIEUX » se réclame de l’anti-communisme. Citons comme titre de preuve l’assassinat de l’intellectuelle progressiste Mehdi Amel, sous L’ordre Cheikh Nassrallah.

    En revanche, profitant des disputes entre les partis libanais, notamment entre la coalition dite de 14 Mars, qui rassemble les forces anti-syrienne ; d’un coté, et d’autre coté les pro-syrien, y inclus Hisbollah, l’armée israélienne ravagent le territoire au Liban. Sous l’effet des bombardements incessants par des tires d’aviations et d’artilleries israéliennes, l’infrastructure délicate au Liban a été, catégoriquement, détruite. On estime jusqu’à maintenant 2 milliards de dollar la somme de perte. Une vague de la diaspora massive vers les pays étrangers comptant environ 1 million de réfugiés sur 4 millions habitants. Parallèlement, on estime proximativement 1000 morts, de majorité civile. Les représailles israéliennes absurdes et odieuses, n’ont pas, le plus souvent, de limites.

    L’invasion, israélienne engendre, une autre fois, le désastre et la mort dans la zone, et cela, sous le silence et la compromission des puissances mondiales.

    Une communauté internationale à coté d’Israël

    Les Etats-Unis continue à soutenir la politique expansionniste d’Israël. En empêchant, la proclamation d’une résolution du conseil de sécurité pour un cessez de feu, et en fournissant, avant la date préalable, des armes ultra-modernes, les Etats-Unis approuve, incontestablement, sa relation organique avec Israël. A cet égard, le Chef du Hezbollah, a indiqué, vraisemblablement, en faisant référence à la visite de la Chef de la diplomatie américaine en région que les Etats-Unis essaye « d’imposer ses conditions au Liban pour servir son projet de nouveau Moyen Orient et servir Israël » Submergé dans le chaos irakien, les Etats-Unis n’a de force pour ouvrir un autre front militaire. Et pourtant, sa volonté d’ancrer sa mainmise dans le monde n’a jamais cessé. Elle se croit invincible.

    En fait, elle cherche à affaiblir les deux puissances de la région qui n’ont pas, jusqu’ à maintenant, étaient mises en place sous sa tutelle directe. Suite aux pressions politico-médiatiques et diplomatiques envers ces deux pays, une attaque contre leurs bras tendus au frontière nord israélienne, le Hezbollah ; est exigeante pour les anéantir. C’est à Israël de jouer le rôle de l’écrasement de la milice libanaise.

    Et alors ?

    Fondamentalement, aucun des pions politiques au Liban ne reflète, clairement les couches sociales opprimées qui subissent-elles seules les répercussions des guerres qui ne sont pas leurs siennes. Les conflits confessionnels et les terribles guerres entre les pays n’ont causé que, essentiellement, des bains de sang et, généralement, ont renforcé la haine entre les peuples et les déshérités. Ni Hezbollah, ni le parti Amel chiite, ni le front du Bristol (composé principalement par Walid Joumblatt et Saâd Al Hariri), qui soutient cyniquement la résistance islamique ne peuvent exprimer les vraies ambitions des libanais. Nul n’ignore la nécessité et l’importance de la lutte armée contre l’intrusion israélienne mais qu’elle doit, obligatoirement, sous l’égide d’un mouvement enraciné dans les classes populaire, dépassent toutes les divisions inter-religieuses et les survivances moyenâgeuses, et promettant une perspective et alternative socialiste pour toute la région.

  • Mettons un terme à la deuxième guerre du Liban!

    Le tract suivant, critiquant le projet de guerre du gouvernement Olmert, a été distribué en hébreu par les membres de Maavak Sozialisti (Lutte Socialiste), notre organisation-soeur en Israël.

    Mettons un terme à la deuxième guerre du Liban !

    Les politiciens et les généraux nous enfoncent dans un bourbier.

    La guerre en cours n’a pas pour objectif de s’assurer que les soldats capturés soient relâchés, ni d’apporter la sécurité aux colonies nordiques. Les généraux et politiciens ne sont pas capables de supporter l’affront qui a été fait à leur prestige lors des attaques qui ont causé la mort et la capture des soldats à Keren Shalom et sur la frontière nord, et c’est pour cette raison qu’ils envoient combattre de simples soldats (c’est-à-dire, beaucoup de jeunes qui sont en train de faire leur service militaire, des réservistes, etc.), et qu’ils conseillent à plus d’un million de travailleurs et à leurs familles "d’encaisser les coups calmement".

    Ces braves politiciens et géénéraux sont préparés à combattre jusqu’à la dernière goutte de sang – non pas leur sang, mais celui des milliers de simples gens, qu’ils soient Israéliens ou Libanais…

    Les politiciens nous disent que le bombardement aérien est destiné à "briser le Hezbollah", et que le fait de forcer des centaines de milliers de Libanais à devenir des réfugiés, mettra la pression sur le gouvernement libanais afin qu’il force le Hezbollah à se rendre.

    Mais aucune de ces choses ne se passe ! Les bombardements massifs ont fait bien plus de tort aux travailleurs qu’ils n’en ont fait au Hezbollah – qui est en train d’attirer l’armée israélienne dans le piège qu’il a préparé au Liban méridional.

    Et maintenant, après nous avoir promis qu’il n’y aurait pas besoin d’une invasion terrestre et d’une réoccupation du Liban, les mêmes politiciens et généraux envoient des soldats ordinaires, précisément dans ces buts.

    Au même moment, dans le Nord, les nettoyeurs de rue de Nahareeeya sont forcés de continuer à ramasser les déchets dans les rues abandonnées – sous la menace d’un licenciement immédiat et de la perte de leur salaire dérisoire.

    Les incendies provoqués par les tirs de missile sont éteints par des pompiers qui n’ont pas été payés depuis deux mois. Des centaines de milliers d’habitants du Nord ont bien compris que le gouvernement est incapable de les défendre, et ont migré vers le Sud – et ne restent en arrière que ceux qui n’ont pas de cousins pour les accueillir au centre du pays, et qui n’ont pas non plus d’argent pour payer la facture de l’hôtel : en d’autres termes, les travailleurs pauvres.

    Le gouvernement ne se soucie pas du tout des habitants du Nord, ni de ceux qui n’ont pas pu s’en aller.

    Le système capitaliste, qui en temps normal est déjà incapable de nous assurer une vie, une éducation, et des soins de santé décents, sans parler du logement, est tout aussi incapable de nous apporter de la sécurité, et nous entraîne dans un nouveau bourbier à Gaza, sur la Rive Ouest et au Liban.

    Les capitalistes qui ont profité des privatisations et du dernier boom économique, recevront aussi des compensations pour les pertes qu’ils auront subies pendant la guerre, et c’est nous qui serons forcés d’en payer le prix, par notre sang et notre pauvreté.

    Il n’y a que nous, millions de travailleurs et de jeunes, qui pouvons mettre un terme à cela – grâce à une campagne massive de manifestations et de grèves.

    • Lutte de masse des travailleurs israéliens et de la jeunesse pour arrêter le bombardement du Liban et pour retirer l’armée du Liban, de Gaza et de la Cisjordanie.
    • Construction de logements pour les travailleurs qui ont été forcés de quitter leurs maisons.
    • Paiement immédiat de tous les salaires qui ont été retenus. Paiement des salaires aux ouvriers de Haïfa et du nord sans qu’ils doivent risquer leurs vies pour travailler. Interdiction de renvoyer des travailleurs.
    • Ce n’est pas à la classe ouvrière de payer le prix de la guerre. Aucune coupe dans les dépenses sociales.
    • Pour la construction d’un parti de masse des travailleurs armé d’un programme socialiste, seule alternative au système capitaliste qui crée guerre et pauvreté.
  • L'attaque aérienne d'Israël contre le Liban fait peser des menaces de guerre régionale

    ” Nous allons remonter le pendule du Liban de 20 ans en arrière “. Cette menace émise par un général israélien est maintenant mise en pratique par un bombardement brutal du Liban par l’armée israélienne. En 7 jours beaucoup de parties du Liban ont été ” bombardées clandestinement ” comme l’a très clairement décrit un militant socialiste de Beyrouth.

    Kevin Simpson, CIO, Londres

    Le régime israélien, avec le soutien de l’administration Bush et son sous-fifre le Premier Ministre Blair, court le danger d’entraîner la région dans une guerre à moins que les capitalistes israéliens ne soient forcés à reculer. L’incursion de l’armée israélienne, l’IDF, dans Gaza a été un vrai désastre. L’histoire du régime d’Israël est faite de multiples invasions et occupations du Liban. Cependant, la dernière invasion aérienne du Liban se situe à une échelle qualitative d’un tout autre ordre, compte tenu de la puissance de feux largement renforcée de l’armement militaire d’Israël qui a dévasté le pays.

    La spirale des évènements devient hors de contrôle. Des reportages de la télévision jordanienne parlent des avertissements d’Israël au régime syrien pour qu’il force le Hezbollah à renoncer ou alors à s’exposer à des bombardements massifs dans les 72h qui suivent. Le Premier Ministre israélien, Olmert, prédit une ” longue guerre “, alors que Cheik Nasrullah, dirigeant du Hezbollah, menace Israël d’intensifier les tirs de rockets et met ses menaces à exécution. Un diplomate occidental a dit ” si [le scénario de cauchemar] se développe nous allons au devant de gros, gros problèmes ” (Observer, 16 Juillet 2006).

    Les guerres et conflits militaires ont une logique propre. Au Moyen Orient, inondé de haine contre l’impérialisme américain et les décennies d’oppression barbare des palestiniens, cela est encore plus le cas. Depuis l’occupation de la bande de Gaza en 1967 et la guerre arabo-israélienne, plus de 650000 actes d’emprisonnements de palestiniens ont été émis par l’état d’Israël. Plus de 9000 prisonniers palestiniens et libanais dépérissent dans les prisons israéliennes. Ce n’est qu’une partie de l’oppression à laquelle les masses palestiniennes font face.

    Il n’est pas exclu que le régime d’Israël soit obligé de reculer s’il est au bord d’une guerre totale. Mais cette possibilité se réduit de jours en jours. Cependant, même dans ce cas, la situation au Moyen Orient montre certaines similitudes avec les énormes tensions et la colère amère qui existaient parmi les masses arabes dans la période précédant les guerres israélo-arabes de 1956 et 1967.

    D’immenses parties du sud de Beyrouth ont été réduites à des tas de cendres dans lesquels les résidents errent en état de choc face à cette destruction massive qui s’est abattue sur eux sous forme d’une pluie de missiles et de bombes venant de la terre, de l’air et de la mer. Les ponts, les routes et les installations électriques sont pulvérisés. La destruction des usines a commencé. Tous les ports, les aéroports du Liban sont bombardés. Le manque de nourriture et d’eau est répandu. La faim et les maladies, qui accompagnent toujours les guerres et les conflits, menacent maintenant les Libanais les plus pauvres.

    Des centaines de morts

    Des centaines de civils libanais ont été tués, beaucoup d’entre eux mis en pièces par les bombes de l’IDF alors qu’ils essayaient de quitter le pays en direction de la capitale syrienne, Damas. 1 million de réfugiés ont fui Beyrouth. Des massacres ont déjà eu lieu. Samedi 15 juillet l’IDF a averti les habitants de Marwaheen dans le sud Liban de quitter leur village. Quand ils l’ont fait, un convoi de camions a été frappé par un missile israélien. Il y a eu 20 tués, dont beaucoup d’enfants. Des images horribles de corps démembrés sont passé sur les télévisions du monde arabe et musulman.

    Mais, comme c’est le cas dans tous les conflits, c’est la classe ouvrière et les paysans pauvres des deux côtés qui souffrent, pas les généraux, les politiciens et les élites capitalistes, qui sont loin du danger, y compris ceux comme le fils de Hariri, l’ancien président du Liban, qui était bien installé dans un hôtel 5 étoiles de Damas. Ce sont les travailleurs et les jeunes libanais qui ont subit le plus de morts et de destruction.

    Cependant, de plus en plus de travailleurs israéliens juifs vont aussi souffrir, comme le montre déjà la mort de 8 cheminots israéliens touchés par un missile du Hezbollah contre Haifa le week-end dernier. Les Arabes d’Israël ont eux aussi été victimes des rockets du Hezbollah lors d’attaques contre des villages en Israël comme Majd el Krum où un habitant arabe d’Israël disait que le Hezbollah ne ” faisait pas de différence entre les juifs et les Arabes. Mais nous mangeons tous au même râtelier. ”

    Au niveau international, les travailleurs et les jeunes seront rendu totalement furieux parla brutalité de ce conflit et le mépris cynique des civils innocents montré par l’impérialisme américain et les puissances européennes. Quand on demandé à un représentant du président si Bush condamnerait cette réponse disproportionnée d’Israël, il a dit ” Le Président n’a pas l’intention de donner des conseils militaires à Israël ” (London Times, samedi 15 juillet 2006). Pourtant au sommet du G8, dans une conversation privée avec Blair, qui a été enregistrée, bush disait ” ce qu’ils doivent faire c’est pousser la Syrie à forcer le Hezbollah à arrêter cette merde “.

    L’élite arabe est faible et servile. Une réunion de la Ligue arabe le week-end dernier a été incapable d’adopter une déclaration. L’Arabie Saoudite a dans un premier temps soutenu l’action d’Israël contre le hezbollah. Les masses arabes se souviendront de toutes ces actions et ces dirigeants paieront pour ces actions dans le futur.

    Cependant, ce qui rende vraiment furieux ceux qui sont horrifiés par les scènes de destruction montrées à la télévision toutes les nuits et qui conduit les Arabes et les Musulmans à un tel degré de colère, est que l’impérialisme américain soutien si ouvertement le régime d’Israël. Le sommet du G8 sous une importante pression de la part de l’impérialisme américain, a édité une déclaration mettant la responsabilité sur le Hezbollah et refusant d’appeler à un cessez-le feu. Une réunion des ministres des affaires étrangères de l’Union Européenne leur a emboîté le pas avec des commentaires similaires, refusant de condamner Israël. Cela revient à apporter un soutien ouvert à la punition collective de la nation entière du Liban faite par le régime d’Israël. L’impérialisme occidental va regretter le jour où ils ont donné feu vert à la pulvérisation du Liban par le régime d’Israël, ce qui revient à rien de moins que du terrorisme d’état de masse.

    L’attitude de l’impérialisme américain par rapport à Israël n’a rien de nouveau. Ces dernières années, Bush a soutenu Israël dans sa construction de camps de colons sur la bande de Gaza et a quasiment donné carte blanche au plan de Olmert d’imposer de façon unilatérale un ” accord final ” aux Palestiniens, qui ne leur laisse que 1% de la surface de la terre originelle de Palestine, laquelle sera divisée en cantons entourés d’un ” mur de séparation ” du type mur de Berlin.

    La période où l’impérialisme américain apparaissait plus neutre est bien loin. Il es aujourd’hui bien plus difficile pour l’administration Bush de même prétendre qu’elle agit comme une opposition face à la répression du régime militaire violent d’Israël. Même l’élite arabe s’en rend compte.

    Un changement de politique

    Une partie de cela représente un changement de politique du 2ème gouvernement Bush. Mais cela est aussi lié au fait que la capacité de l’impérialisme américain d’intervenir et d’influencer les événements mondiaux est bien plus limitée qu’avant. Suite aux attentats du 11 septembre, où la puissance américaine a temporairement donné l’impression d’avoir plus d’espace pour intervenir militairement à travers le monde, le régime Bush a mis en avant l’idée qu’il allait réorganiser le Moyen Orient. Ils élimineraient les talibans d’Afghanistan et mettraient en place un ” régime démocratique laïque”. On s’occuperait de l’Irak de Saddam Hussein et un nouvel état stable favorable aux Etats-Unis fleurirait au Moyen Orient pour fournir de l’énergie bon marché à l’Occident. Une transformation ” démocratique ” du reste de la région devait suivre, balayant le régime iranien qui faisait partie de ” l’axe du mal “, et le régime baasiste syrien de Bashar el-Assad, et peut être même remplacer les anciens alliés des Etats-Unis par des dirigeants plus dociles et stables dans des pays comme l’Egypte et l’Arabie Saoudite. Une solution définitive au conflit Israélo-Palestinien serait trouvée résultant de l’écrasement des groupes islamistes les plus extrêmes des territoires occupés.

    L’Utopie des néo-conservateurs est remplacée par une horrible catastrophe pour les masses et a provoqué un cauchemar militaire et politique pour les impérialistes où qu’ils se tournent. L’Irak est dans une situation pire que lors du régime violent de Saddam Hussein. Jour après jour, la possibilité que le pays éclate en mini états hostiles et instables devient plus grande. L’Iran s’est renforcé de manière qualitative dans la région car les partis Chiites liés au régime sont en progression en Irak.

    De plus, le régime iranien a refusé de céder aux pressions de l’Occident de stopper sa production d’uranium enrichi, gagnant ainsi le soutien de la majorité des iraniens grâce à son discours anti-impérialiste. L’Arabie Saoudite et l’Egypte font face à une menace montante de la part des groupes islamistes réactionnaires armés liés à Al Qaida. De plus, les Frères musulmans ont obtenu des gains substantiels dans les dernières élections générales en Egypte. Mais l’humiliation la plus cinglante pour les plans de l’impérialisme américain pour la région est venue avec le raz de marée qu’a connu le Hamas aux élections palestiniennes, en janvier de cette année. Cet exemple montre l’hypocrisie complète du gouvernement Bush. Il a lancé une campagne accompagnée de menaces d’intervention militaire dans tout le Moyen Orient au nom de la ” démocratie “. Et pourtant quand des élections ont lieu l’impérialisme américain n’a pas aimé le résultat. Par conséquent, quand la classe dirigeante israélienne a déployé encore plus de destruction contre les masses palestiniennes en réaction aux résultas des élections, ils ont reçu le total soutien de l’impérialisme américain et ses valets.

    Mais le tour que prennent les évènements est encore plus sérieux. Au départ, l’attaque du Hezbollah contre les convois militaires israéliens avait pour objectif de renforcer sa position à l’intérieur du Liban, puisque le retrait des troupes syriennes leur a enlevé ce qu’ils considéraient comme un allié. L’objectif de l’attaque était aussi de détourner l’attention de la demande des Nations Unies de désarmement des milices du Hezbollah. Le Hezbollah, mieux armé et moins divisé que le Hamas représente un formidable ennemi pour le régime israélien. Certains observateurs militaires le considèrent maintenant comme la 3ème force la plus armée dans la région. C’est lui qui a poussé l’armée israélienne a se retiré de façon prématurée du sud Liban en 2000, grâce a un soutien massif parmi la population Chiite et grâce à ses attaques armées contre les troupes israéliennes. Cela a constitué un coup majeur porté au prestige de l’armée. C’est pourquoi certains commentateurs font référence au Liban comme ” le Vietnam d’Israël. ”

    Contre-productif

    Le Hezbollah a le droit de résister à l’agression israélienne mais le faire au moyen d’attaques indiscriminées sur les zones civiles israéliennes est contre-productif. Loin d’affaiblir le soutien au régime israélien parmi la population, celles-ci risquent de cimenter les jeunes et les travailleurs derrière le régime israélien.

    Quand le Hezbollah a tué 7 soldats et en a capturé deux autres les militaires israéliens ont subi un autre coup majeur. Depuis que le conflit est monté en intensité, le Hezbollah a montré qu’il était capable d’atteindre d’importants centres de population israéliens comme Haïfa. Plus d’un million des habitants de cette ville, la 3ème du pays, ont fuit vers le sud, et les principaux lieux de travail sont fermés. Cela veut dire que le prestige du régime israélien est poussé à sa limite. Sa promesse vieille de dix ans d’apporter une sécurité complète à la population juive est de plus en plus exposée comme une imposture.

    C’est l’une des principales raisons pour lesquelles la riposte aux attaques du Hezbollah a été si brutale. Il est clair de la part de l’élite militaire israélienne que c’est pour souligner une politique qu’ils appellent ” découragement “. Cela ne vaut pas pour autant dire qu’ils vont s’opposer au plan du gouvernement Olmert de se retirer de certaines parties de la Cisjordanie et de trouver un accord final avec les Palestiniens. Mais il est clair qu’ils veulent le faire en écrasant tout signe de résistance afin de souligner que le point que le capitalisme israélien est le principal pouvoir militaire dans la région et que un retrait ne serait pas un signe de faiblesse. La principale nature de la riposte aux attaques par roquette du Hezbollah est un clair message à ses opposants ainsi qu’aux masses arabes : si vous vous opposez à nous vous allez en subir les conséquences.

    L’armée israélienne espère que ses bombardements vont forcer le gouvernement libanais et la population de se retourner contre le Hezbollah et les obliger au désarmement et de se retirer jusqu’à la rivière Litani, à 40 kilomètre au nord de la frontière israélo-libanaise. Dans les faits, cela voudrait dire que le Hezbollah devrait se retirer des zones où il a le plus de soutien.

    Cependant, la tactique de l’armée israélienne ne va faire qu’empirer les choses. Parmi quelques sections de la population qui soutient les plus réactionnaires des partis chrétiens du Liban, il y a un soutien complet à l’idée d’écrasement du Hezbollah, qui est l’opposant historique à ces partis du temps de la guerre civile libanaise. Au début des bombardements, de larges parties de la population pensaient qu’ils étaient faits pour punir les actions du Hezbollah. Mais, du fait de la brutalité de l’attaque de l’armée israélienne, l’humeur a changé et la haine pour la brutalité des attaques israéliennes a poussé au soutien au Hezbollah et pas seulement parmi les chiites.

    En Israël aussi il y a eu des changements importants dans l’humeur et dans le niveau de conscience. Jamais auparavant dans l’histoire du capitalisme israélien la riche élite n’avait été autant haïe par la classe ouvrière juive, notamment du fait des attaques néolibérales sur leur niveau de vie, et la corruption croissante parmi les politiciens. Les généraux de l’armée ont vu leur haute reconnaissance dans la société s’affaiblir. Mais la menace d’une multiplication des attaques de roquettes, l’idée de plus en plus présente d’être entouré de pays arabes hostiles qui veulent les rejeter à la mer, fait que actuellement l’humeur change de nouveau. Il y a maintenant un soutient croissant pour une action militaire décisive et pour le gouvernement Olmert même si cela est combiné à du doute et des critiques. Avec l’expérience de la futilité d’utiliser des moyens militaires pour écraser une opposition de masse et l’incapacité du capitalisme israélien à protéger physiquement et socialement, l’ambiance en Israël changera de nouveau. Mais pour l’instant cela va vers une mentalité acceptant la guerre.

    Tout cela polarise encore plus la situation et explique pourquoi le capitalisme israélien, l’impérialisme, et les dirigeants arabes ont si peu d’espace pour manœuvrer. Il suffit d’une atrocité d’un des deux côté pour faire pencher la balance. L’armée israélienne a dissimulé des forces terrestres au Liban. Olmert a signé un décret le 18 juillet pour rappeler 3 bataillons de réservistes. C’est un signal indiquant que l’armée prépare une invasion terrestre.

    Mais la poursuite des attaques aériennes acharnées pourrait probablement conduire à la chute du gouvernement libanais, et permettre ainsi au Hezbollah de prendre un contrôle complet des régions où il a un soutien majoritaire. Le régime syrien pourrait prendre cela comme excuse pour envoyer ses forces déguisées au Liban en combattant du Hezbollah. Il ne peut pas être écarté que le régime iranien, qui a déjà fourni une aide militaire et des instructeurs au Hezbollah, puisse envoyer des combattants volontaires au Liban.

    Une partie de la spirale de guerre pourrait être potentiellement des bombardements d’Israël sur la Syrie et aussi l’Iran, particulièrement sur les installations nucléaires. Cela ne peut être écarté longtemps même si ce n’est pas certains si les pressions sur le capitalisme israélien pour un cessez le feu augmentent. Mais si le terrible scénario se produisait, une guerre régionale deviendrait probable. Le capitalisme israélien et l’impérialisme US parient sur le fait que le Hezbollah est isolé dans le monde arabo-musulman, avec beaucoup de dirigeants sunnites qui voient le conflit comme une opportunité pour couper les pattes d’un compétiteur qui se renforce. Des spécialistes des affaires militaires ont fait remarqué la réponse assez retenue du régime syrien aux attaques israéliennes comme une évidence qu’il hésite à y mettre son nez. Ils ont également fait remarqué que le Ministre des Affaires étrangères iranien a appelé à un cessez le feu et à des négociations, et au relâchement des prisonniers, comme une preuve des limites de leur soutien au Hezbollah.

    Mais il y a aussi une grande colère parmi les masses arabes. Si le conflit s’étend alors les régimes arabes pourraient connaître tôt ou tard une instabilité importante, des mouvements de masse et même le renversement de certains régimes. L’administration égyptienne est sur le fil du rasoir, et des pays comme l’Arabie Saoudite, même avec le prix élevé du pétrole, sont tourmentés par l’instabilité comme jamais avant. L’idée d’un tourbillon étendant le conflit armé du Liban vers la Syrie, l’Iran, et enfin l’Irak où 140 000 soldats Us sont toujours stationnés, n’est pas si éloignée.

    Effets économiques

    Cela aurait des effets catastrophiques sur l’économie mondiale où le pétrole est presque à 80 dollars le baril et pourrait rapidement grimper à 100 dollars. Cela pourrait dessiner la perspective d’une crise économique à l’échelle de celle de 1974-75 qui a partiellement été causée par une hausse soudaine du prix du pétrole.

    De même la tactique brutale de l’armée israélienne et de ses soutiens impérialistes a déjà eu des effets profonds et cela va continuer. Par exemple, l’occupation militaire de l’Afghanistan a renforcé les Talibans et Al Qaeda, alors qu’en Irak ça jouait en faveur de Al-Zarqaoui et a conduit indirectement aux attentats de Madrid et de Londres. La répercussion de l’attaque sur le Liban pourrait être une nouvelle vague d’actes terroristes de part le monde et dans lesquelles les travailleurs seraient invariablement les victimes.

    La classe ouvrière de la région avec l’appui de la paysannerie pauvre est la seule force capable de défaire l’impérialisme, le capitalisme et les élites arabes corrompues et accomplir le désir des palestiniens pour leur libération nationale et sociale. Pareillement, ce sont ces parties de la population qui souffrent le plus dans les situations de conflits armés et de guerre.

    L’immense colère qui existe contre l’impérialisme doit être canalisée dans la construction de mouvements et de partis de la classe ouvrière, basée sur les idées d’un retrait des forces impérialistes, le renversement du capitalisme et du féodalisme dans la région, et pour une confédération socialiste du Proche et du Moyen Orient.

    Sans aucun doute, la perspective de nouvelles guerres et conflit remplit de frayeur les travailleurs et jeunes du monde entier et particulièrement au Moyen Orient, notamment à cause des importantes souffrances que cela signifie. Cependant les guerres capitalistes verront des mouvements de grève et de lutte se développer, contre les privatisations et les attaques sur le niveau de vie des travailleurs comme cela se voit déjà avec des grèves en Iran, en Egypte et en Israël. De tels mouvements vont revenir sur le devant de la scène mais avec une conscience différente alimentée par le désir d’un arrêt du bain de sang et pour une société où la masse de la population contrôle les immenses richesses qui existent dans la région.

    Cette perspective est basée sur l’expérience historique. Au plus fort de l’autodestructrice guerre civile libanaise, en 1988, les travailleurs, dépassant les divisions religieuses, ont commencé des actions de grève commune contre l’effondrement du salaire minimum dû à l’inflation galopante causée par le conflit. Le long de la ” ligne verte ” qui divisait Beyrouth entre chrétiens et musulmans, des manifestations communes eurent lieu. A la même période, entre 500 000 et un million d’Israélien manifestèrent à Tel Aviv pour protester contre l’invasion du Liban par l’armée israélienne. Cependant, les socialistes révolutionnaires, les militants ne peuvent s’asseoir et attendre simplement que de tels évènements se produisent. Un mouvement pour un changement socialiste révolutionnaire a besoin d’être construit, dans toute la région.

    > Non à la terreur de masse du régime israélien contre le peuple libanais. Arrêt des bombardements contre le Liban. Construisons une opposition internationale de masse à la ” punition collective ” infligée au peuple libanais.

    > Pour le droit des travailleurs et des paysans pauvres du Liban de se défendre contre l’agression par l’Etat d’Israël. Non aux bombardements aveugles sur les zones civiles. Pour des comités de défense armés, inter communautaires sous le contrôle démocratique des masses libanaises. Non au concept de punition collective de civils innocents.

    > Relaxe de tous les prisonniers politiques. Toutes les forces impérialistes, hors de la région.

    > Pour un mouvement de masse des arabes et des palestiniens rassemblant les travailleurs, les paysans pauvres et les jeunes pour renverser le système capitaliste qui nourrit la guerre, la pauvreté, le chômage de masse, et les attaques néo-libérales au Proche et au Moyen Orient. Pour une confédération socialiste des états arabes basée sur une économie démocratiquement planifiée, sous le contrôle et la direction des travailleurs. Pour un mouvement de masse des travailleurs d’Israël pour renverser le régime capitaliste israélien qui signifie guerre sans fin et attaques sur les niveaux de vie. Pour une Palestine et un Israël socialiste faisant partie d’une fédération socialiste du Proche Orient dans laquelle les travailleurs, les paysans pauvres décideront de comment la société doit être organisée et dirigée et ou les droits nationaux, religieux, culturels de toutes les minorités seront garantis.

  • Manifs massives contre les caricatures de Mahomet

    Ces dernières semaines, des manifestations contre la publication des dessins représentant Mahomet dans divers journaux européens ont montré l’énorme colère provoquée parmi les musulmans par « la guerre contre le terrorisme » de Bush et l’invasion de l’Irak. Beaucoup voient ces dessins comme les dernières provocations et actes agressifs d’une longue série: l’occupation de l’Afghanistan et de l’Irak, l’extension d’Israël dans de plus en plus de territoires palestiniens, etc. Dans les pays européens, un ressentiment se développe parmi des musulmans contre les politiques de plus en plus racistes des gouvernements occidentaux et l’augmentation perçue des sentiments anti-islamiques.

    Ces développements sont un avertissement des tensions et des divisions qui peuvent se développer en l’absence d’un mouvement ouvrier socialiste fort, offrant une alternative de classe.

    Dans un certain nombre de pays arabes, les manifestations ont pris un caractère anti-impérialiste. Bien qu’il s’avère dans un pays tel que la Syrie que le régime a utilisé les manifestations pour ses propres intérêts, afin de donner un avertissement à l’Occident et réaffirmer en même temps ses intérêts au Liban.

    Toutefois, le caractère de certaines de ces manifestations, venant après une série d’attaques terroristes sur les cibles civiles occidentales, a renforcé la tendance des divisions entre les musulmans et les non-musulmans dans plusieurs pays.

    Cette situation se développe alors qu’il y a déjà des pressions au niveau européen et des tensions produites par le transfert du travail et la migration forcée – résultant des effets de la mondialisation capitaliste et de l’offensive néo-libérale.

    Tous les opportunistes, que ce soient les religieux sectaires ou les racistes, veulent exploiter la situation. Les gouvernements des puissances occidentales utilisent cette situation pour renforcer leur politique sécuritaire et raciste, comme par exemple au Danemark ou en France, où les lois sur l’immigration se durcissent.

    Dans les pays arabes, les chefs religieux islamiques de droite ont saisi l’occasion de renforcer leur position d’« opposition » à l’impérialisme et également leur pouvoir sur la société.

    Le manque d’une opposition de classe se voit partout au Moyen-Orient. Les élections en Palestine en sont un exemple clair. Le vote massif pour le Hamas montre un ras-le-bol complet dans la population palestinienne face à la politique d’occupation israélienne, mais également face à l’énorme corruption qui s’est développée dans le Fatah.

    Le Hamas n’est absolument pas une réelle alternative à la politique menée aujourd’hui en Israël-Palestine. Mais sa victoire montre clairement l’incapacité de l’impérialisme à construire une stabilité dans la région et, plus généralement, la faillite du capitalisme à trouver une solution au conflit au Moyen-Orient.

    Ce qui est absent, est une voix socialiste puissante qui peut intervenir et empêcher l’exploitation de cette situation par les religieux sectaires ou les racistes. Mais, à moins que le mouvement ouvrier internationalement puisse offrir une alternative, la prochaine période de la crise pourrait voir des sociétés déchirées par des divisions impliquant des conflits religieux, ethniques et nationaux.

    C’est pourquoi nous luttons contre toute oppression basée sur la religion, la race, la nationalité, l’orientation sexuelle, et soutenons le droit des opprimés à se défendre. EGA, le MAS, et ses sections-sœurs à travers le monde, travaillent pour construire un mouvement uni des jeunes et travailleurs pour lutter contre l’oppression et le capitalisme, et commencer à créer une société socialiste.

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