Tag: La Santé en Lutte

  • Pas de profits sur nos vies ! Plus de 3.000 personnes à Bruxelles pour la santé

    Après un mois de mai plutôt maussade, le soleil était de la partie hier pour accompagner la deuxième Grande manifestation de la santé organisée par le groupe d’action militant La Santé en Lutte. « Une ambiance festive, déterminée, revendicative », comme l’explique le collectif.

    L’appel international pour la santé dans lequel prenait place cette mobilisation a réuni plus de 60 collectifs et syndicats. En Italie, en Espagne, en France et au Royaume uni, les gens sont sortis dans la rue pour défendre les soins de santé ! Ce 29 mai a donc marqué le début potentiel d’une coordination internationale combative dans les soins de santé.

    En Belgique, au côté de La Santé en Lutte, des dizaines d’organisations, dont plusieurs structures syndicales, se sont impliquées dans cette mobilisation exigeant un refinancement des soins de santé, de meilleures conditions de travail et une hausse des bas salaire. On retrouvait bien entendu des membres du personnel soignant dans la foule, mais aussi des enseignants dans une délégation « Ecole en lutte », des sans-papiers, des activistes féministes, des travailleurs sociaux, des militants pour le droit au logement,… Après de nombreuses prises de paroles qui ont illustré toute la diversité des collectifs réunis, le rassemblement est parti en manifestation de la Place Albertine vers la gare du midi. L’air de rien, c’était le premier cortège de cette taille depuis la manifestation à l’occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes en mars 2020…

    Cette mobilisation était la deuxième mobilisation d’ampleur de La Santé en Lutte, après un rassemblement en septembre qui avait réuni plus de 7000 personnes. Le contexte était différent à l’époque, avant que ne se déclenche le deuxième confinement dont nous ne commençons qu’à peine à sortir. La mobilisation avait également à l’époque pu se dérouler durant plus longtemps. Peut-être des gens se sont-ils également souvenus de la répression policière brutale qui avait marqué la fin du rassemblement sans autre but que d’intimider la protestation sociale. Mais la donnée la plus importante, c’est très certainement que le personnel soignant est tout simplement à bout après plus d’un an d’efforts incroyables en dépit du mépris des autorités.

    Comme l’explique La Santé en Lutte : « Pour faire face à la pandémie l’État prête aux hôpitaux, ceux-ci vont donc devoir rembourser ! La santé de la population à crédit !? En réalité, la volonté de restreindre les budgets de la santé reste la même. Où sont les moyens supplémentaires après trois vagues de contaminations !? La pression à la rentabilité quoiqu’il en coûte humainement se maintient sur les institutions et sur le personnel. À la clé, nous voyons déjà sur le terrain des menaces de licenciement et des fermetures de maisons de repos. En résumé : pression sur les effectifs, cacahuètes pour les salaires et marchandisation toujours en cours… La santé vite applaudie, vite oubliée… »

    Nous rejoignons totalement ce constat. Il nous faut un refinancement public massif du secteur des soins, avec contrôle démocratique sur l’allocation des budgets ! Et soyons clairs : la situation n’est pas meilleure dans les logements sociaux, l’enseignement et les autres services publics. Là aussi, il nous faut un sérieux refinancement public.

    Le PSL/LSP est intervenu dans l’événement avec plusieurs stands où notre matériel politique était proposé tandis que des militantes et militants passaient dans la foule proposer notre mensuel, Lutte Socialiste, ou le tract de la Campagne ROSA édité pour l’occasion qui soulignait que des victoires sont possibles par la lutte, sur base de l’obtention du salaire minimum de 14 euros de l’heure à l’université de Gand. Quand le rassemblement est devenu manifestation, nous avons constitué une délégation combative et dynamique. « De l’argent, il y en a, dans les caisses du patronat, et l’argent, on le prendra, dans les caisses du patronat ! »

    Cette journée fut donc une belle réussite, qui en appelle d’autres ! Espérons qu’elle permettre d’atténuer la frilosité qui règne dans certains sommets syndicaux vis-à-vis de l’initiative très importante que constitue La Santé en Lutte.

    Rencontres avec La Santé en Lutte :

    Photos de Liesbeth

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    Photos de Nico

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    Photos de Virginie, Marina et Dali Live

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  • Les soins de santé sont essentiels ! Nous sommes essentiels ! Tract de la Campagne ROSA

    Le personnel soignant dénonçait la catastrophe en cours dans les soins de santé depuis longtemps déjà. Le collectif d’action militant La Santé en Lutte a d’ailleurs été lancé avant la pandémie. Depuis lors, celle-ci a tout amplifié, de la mauvaise gestion due à la commercialisation du secteur aux pénuries de lits, de matériel, de personnel,… Le secteur craque !

    Tract en version PDF

    Tout le drame de la pandémie a eu beau être exposé dans chaque JT, les divers gouvernements n’ont fondamentalement rien changé à leur politique. Il y a bien eu des avancées timides, mais elles sont le fruit des luttes du personnel soignant, de ses assemblées, de ses rassemblements, de ses actions, de ses grèves et arrêts de travail. C’est la voie à suivre !

    Il nous faut un refinancement public massif du secteur des soins, avec contrôle démocratique sur l’allocation des budgets ! Et soyons clairs : la situation n’est pas meilleure dans les logements sociaux, l’enseignement et les autres services publics. Là aussi, il nous faut un sérieux refinancement public.

    La lutte paie !

    Des victoires sont possibles, comme le démontre l’arrivée du salaire minimum de 14€/h à l’Université de Gand ! Cette excellente nouvelle pour les travailleuses des crèches et des restos universitaires découle du combat de longue haleine porté par la délégation syndicale CGSP, qui a cherché l’implication du personnel et des étudiant.e.s. La Campagne ROSA s’est également jetée dans la bataille, d’abord en participant à la récolte de signatures pour la pétition et à la construction de la grève du 9 mars 2020 appelée par la délégation CGSP et le comité de grève des femmes (Women Strike UGent). Puis en organisant une manifestation pour les 14€/h.

    Ce n’était pas une grève décrétée d’en haut, mais une grève préparée longtemps à l’avance depuis la base et sur le terrain. Ce n’était pas une action symbolique, mais le fruit de la construction d’un rapport de force autour d’une revendication concrète dans le but d’arracher une victoire et pas seulement de marquer le coup. Les militant.e.s ont illustré dans la pratique comment faire de cette revendication féministe une réalité : par l’unité et la solidarité au boulot et à l’unif’, pour repousser la précarité et les discriminations. Ce 21 mai, nous avons également appris que la société sous-traitante responsable du nettoyage à l’UGent (ISS) a accepté d’augmenter les salaires les plus bas à 14 euros de l’heure !

    Récemment aussi, chez Lidl (dans la distribution, autre secteur largement féminin), la menace d’une grève le 8 mai a permis d’imposer l’embauche de plus de personnel.

    Pour
    >> un refinancement public massif des soins de santé, de l’enseignement et des services publics.
    >> un salaire minimum de 14€/h (2300€ brut/mois).
    >> l’individualisation des droits sociaux et augmentation des allocations au-delà du seuil de pauvreté.
    >> une réduction collective du temps de travail, sans perte de salaire, avec embauches compensatoires et réduction de la charge de travail.
    >> un renforcement et développement des services publics : accueil extra-scolaire, aide à la famille, blanchisseries, etc.
    >> un plan public massif de rénovation et de construction de logements sociaux.
    Attaquons-nous à la racine du problème : le capitalisme repose sur les inégalités. Une infime élite d’ultra-riches nous exploite et a besoin de nous diviser pour continuer de le faire. Renversons le capitalisme pour donner naissance à une société reposant sur l’épanouissement de chacun.e. Voilà ce que nous entendons par “féminisme socialiste”.

    Rejoins la Campagne ROSA

    • Tu veux combiner ton combat contre l’oppression des femmes et des personnes LGBTQI+ à celui contre les politiques antisociales, contre l’austérité ?
    • Tu veux renforcer la lutte féministe en combattant également les autres discriminations telles que le racisme ?
    • Tu penses que le féminisme ne signifie pas s’opposer aux hommes, mais lutter ensemble contre le système qui perpétue l’oppression des femmes ?
    • Tu veux t’en prendre à la racine du problème : le capitalisme, un système reposant sur les inégalités, où une infime minorité d’ultra-riches s’enrichit en nous exploitant ?
    • Tu veux lutter pour une société basée sur l’épanouissement de chaque personne ?
    • Alors, implique-toi dans la Campagne ROSA et ses activités, propose d’en organiser d’autres !
    Tu es d’accord avec ce que nous défendons, en parole ou en acte ? Alors rejoins à la Campagne ROSA et / ou soutiens-nous financièrement pour nous permettre de poursuivre nos activités.
    • fr.campagnerosa.be/devenir-membre
    • ROSA : BE54 5230 8095 8497

    Pride is a Protest ! 27 juin

    Stay Proud, Stay Pride : Rejoignez les manifestations ” Pride is a protest” à Anvers, Gand et à Bruges le dimanche 27 juin 2021 à 15h, la veille de l’anniversaire de la légendaire rébellion de Stonewall. Occupons la rue et construisons le rapport de forces nécessaire pour arracher un changement réel ! Organisons-nous contre la violence et les discriminations envers les personnes LGBTQI+.

    Camp d’été contre l’oppression et le capitalisme : du 2 au 9 juillet

    Une occasion à ne pas manquer ! La Campagne ROSA organise un camp d’été (en collaboration avec le PSL/LSP et les Etudiants de Gauche Actifs) pour se détendre et se rencontrer après le (semi)confinement, mais aussi et surtout, pour discuter de la stratégie et du programme nécessaires au renversement du capitalisme. Pour combattre ce système qui exploite et discrimine, nous devons impérativement comprendre comment il fonctionne !

    Evénement Facebook

  • La santé pour tous ? Impossible sous le capitalisme !

    La catastrophe des soins de santé est devenue douloureusement évidente depuis que la pandémie fait rage. Il est impossible d’estimer combien de vies auraient pu être sauvées sans les dégâts causés par des décennies de mesures d’austérité dans les soins de santé. Avant même que n’éclate la pandémie, l’exaspération du personnel était déjà endémique en raison de la charge de travail trop élevée, des salaires trop bas, des ressources insuffisantes pour assurer des soins de qualité à toutes et tous. Déjà à l’époque, une partie de la population a dû reporter ses soins pour des raisons financières, non seulement les soins spécialisés, mais aussi des soins de base. Ne parlons même pas des parents pauvres du secteur tels que la santé mentale ou l’aide aux personnes handicapées, où les listes d’attente sont tellement longues qu’il faut souvent patienter des mois, voire des années.

    Par Anja Deschoemacker, article du mensuel Lutte Socialiste

    La pandémie a douloureusement souligné la nécessité d’un refinancement majeur et d’une revalorisation du secteur. Le monde politique tente par tous les moyens de prétendre qu’il s’agit de « besoins temporaires » et que seules suffisent les primes et les augmentations de budget temporaires. En réalité il faut réviser le secteur de fond en comble pour que le personnel soignant puisse se rendre au travail sans appréhension et qu’aucun patient ne soit laissé de côté. Le point de départ, c’est de bannir la logique de profit des soins de santé.
    Des soins de santé efficaces : des soins organisés par le public !

    Revaloriser les soins primaires

    Contrairement à plusieurs pays européens, les soins primaires en Belgique sont restés aux mains de médecins indépendants. Comme tous les prestataires de soins de santé, les médecins généralistes ont été débordés pendant la pandémie. Nombre d’entre eux ont dû travailler jusque tard dans la nuit pour maintenir leurs dossiers à jour. Même avant, pas mal de généralistes avaient des horaires anormalement chargés, mais leurs revenus en dépendent. Quant aux soins infirmiers à domicile, ils sont répartis entre différents services et prestataires de soins privés. La pénurie d’infirmiers signifie que les heures de travail peuvent atteindre des niveaux inouïs faute de trouver du personnel.

    Pour la population, le caractère privé des soins primaires signifie que la manière dont vos besoins peuvent être satisfaits dépend de l’endroit où vous vivez. Heureusement, il est désormais possible de n’avoir à payer que le ticket modérateur, mais pour les médecins généralistes, c’est une charge administrative supplémentaire. Des soins primaires publics permettraient de rendre ces soins gratuits, en supprimant toutes les barrières financières pour celles et ceux qui ont besoin d’être soignés. Pour les médecins, cela signifierait qu’ils ne devraient plus être disponibles 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, qu’ils pourraient eux-mêmes tomber malades sans devoir continuer à travailler, qu’ils pourraient laisser la charge administrative au personnel administratif, qu’ils pourraient suivre des cours pour se perfectionner sans perdre de revenu, etc.

    Un système de soins de santé primaires fortement développé, accessible à toutes et tous, qui attribue un rôle important aux médecins généralistes dans l’ensemble du processus de soins de santé et offre un salaire décent à tous les travailleurs du secteur jouerait un rôle préventif important au sein de toutes les couches de la population, y compris les plus pauvres. Le développement d’un réseau dense de centres de santé de quartier, couvrant tous les aspects des soins primaires, serait bénéfique pour les usagers et les travailleurs de la santé, ainsi que pour la société dans son ensemble. En cas d’épidémie, une action rapide et efficace serait également possible, par exemple pour une recherche efficace des contacts et une stratégie de dépistage et de vaccination.

    Un réseau public coordonné d’hôpitaux

    Une grande partie des hôpitaux étaient déjà dans le rouge avant la pandémie faute de financement public. En fonction des revenus complémentaires, cela pousse l’ensemble du système à encourager les services techniques qui « se rémunèrent » (mais imposent également des coûts supplémentaires aux patients et à l’assurance maladie) mais ne répondent pas nécessairement aux besoins réels en matière de soins de santé. La concurrence entre les différents groupes hospitaliers (publics, non-marchand, privés) va dans le même sens.

    Pour le personnel, cela signifie qu’il y a une pression constante sur les dépenses, avec des catégories entières de personnel qui ne touchent même pas 14 euros de l’heure (et peinent donc à vivre décemment) et une lourde charge de travail en raison de la pénurie de personnel. Pour celles et ceux qui ont besoin de soins, cela signifie des listes d’attente et un accès inégal aux soins de qualité.

    Dans l’ensemble, cela signifie qu’aucune vision globale des besoins n’est développée pour garantir que toutes les formes de soins nécessaires soient également accessibles partout. Juste avant la pandémie, la réduction du nombre de maternités a donné lieu à un vaste débat dans les médias, opposant l’argument de la rentabilité à la nécessité d’une maternité de proximité.

    Cela soulève également la question de ce qui constitue des soins nécessaires. Aujourd’hui, de nombreux patients, y compris des mères et des bébés, doivent rentrer au domicile alors qu’ils et elles ont encore besoin de soins à l’hôpital car les soins professionnels à domicile sont insuffisamment organisés. Ces soins retombent bien souvent sur les familles, le plus souvent sur les épaules des femmes. Un service national de soins de santé pourrait développer une vue d’ensemble des soins hospitaliers et des soins à domicile et veiller à ce que les aidants informels reçoivent le soutien nécessaire et ne doivent pas organiser leur vie entière en fonction de ces soins informels.

    Le profit est incompatible avec des soins de qualité accessibles

    Ce n’est pas une coïncidence si c’est dans les maisons de soins résidentielles que la pénurie de personnel a entraîné le plus de décès. Plus encore que dans d’autres établissements de soins, le personnel testé positivement devait rester sur place et il fallait faire appel à des bénévoles pour garantir les soins. Cette situation affligeante contraste fortement avec le coût élevé pour les résidents, en moyenne près du double de la pension moyenne !

    Même avant la pandémie, il était clair que ce prix de revient élevé ne permettait pas d’obtenir des soins de qualité. Les maisons de repos et de soin privées ont beaucoup moins de personnel par nombre de résidents que celles du public, qui disposent pourtant elles aussi d’un personnel insuffisant. La qualité de vie des résidents, en termes d’emploi du temps, de repas sains et frais et de traitement humain, est bien moins prioritaire que les bénéfices qui finiront dans les poches des actionnaires. Maintenant que la pandémie a entraîné un faible taux d’occupation, plusieurs groupes d’investissement menacent de se retirer à moins que le gouvernement ne prenne en charge les frais des lits vacants.
    C’est une utilisation absurde des ressources que de permettre au secteur privé de conserver des bénéfices, alors que ces ressources seraient beaucoup plus durables et iraient effectivement aux soins et non aux actionnaires si elles étaient dépensées dans le cadre d’un service public. Dans les services privatisés, les bénéfices sont toujours privés, mais les coûts sont transférés au public autant que possible.

    Les soins de santé ne sont rentables que s’ils ne sont pas destinés à tout le monde et si les intérêts du patient et du système de santé public au sens large sont secondaires. La seule façon de garantir que les soins de santé fonctionnent dans l’intérêt de la population et puissent mobiliser suffisamment de personnel pour organiser des soins de qualité grâce à de bonnes conditions de travail, c’est de revaloriser substantiellement le secteur en tant que service public, coordonné tant au niveau national que local.

    Le 29 mai, nous descendrons à nouveau dans la rue à Bruxelles et nous continuerons à nous battre pour toute amélioration qui pourra être obtenue. Nous devons continuer et faire pression pour obtenir plus de ressources dans le domaine des soins de santé et soutenir pleinement La Santé et Lutte / Zorg in Actie dans ce sens.

    L’existence de ces ressources est évidente si l’on considère les chiffres des bénéfices de l’industrie pharmaceutique. Ces profits sont réalisés sur le dos de l’assurance maladie et des patients du monde entier. Elles sont faites en ne donnant tout simplement pas à tous l’accès aux soins nécessaires, ce qui, dans le contexte de la pandémie, signifie qu’il n’y a pas de fin en vue, mais que de nouvelles vagues apparaissent constamment. Si la pandémie nous apprend quelque chose, c’est que des soins de santé entièrement publics et dotés de ressources adéquates – y compris, donc, une industrie pharmaceutique nationalisée sous le contrôle des travailleurs et des utilisateurs – sont une nécessité urgente pour l’ensemble de l’humanité.

  • Trois vagues Covid plus tard : où en est la revalorisation des soins de santé ?

    29 mai : Grande Manifestation de la Santé, acte 2, Bruxelles central, 15h

    Nous appelons tous nos lecteurs à noter la date du 29 mai dans leur agenda. C’est la date de la deuxième Grande Manifestation de la Santé, organisée par La Santé en Lutte avec le soutien de divers co-organisateurs. Venez manifester, mais ne vous arrêtez pas là : demandez à vos collègues, votre famille et vos amis de vous accompagner et demandez-leur de mobiliser d’autres à leur tour. Soutenez davantage La Santé en Lutte de toutes les manières possibles, leur courage et leur détermination constituent un exemple qui mérite d’être suivi !

    Par Anja Deschoemacker

    Les choses ne vont pas bien dans le domaine des soins de santé et même la fin de la pandémie – si elle arrive un jour avec cette stratégie de vaccination taillée sur mesure pour les grandes entreprises pharmaceutiques – ne résoudra pas les problèmes existants. La situation était déjà mauvaise avant la pandémie et elle n’a fait qu’empirer depuis. Quelques gouttes d’eau dans le désert ne vont pas suffire !

    Des soins de santé accessibles et de qualité : le fruit de décennies de luttes des travailleurs

    L’accès aux soins de santé est une question centrale depuis le tout début de la lutte des travailleurs, les premières caisses mutuelles existant déjà au sein des premières organisations ouvrières dans notre pays. La lutte pour le développement des hôpitaux publics et l’accessibilité des soins de première ligne a été l’un des fers de lance des premiers élus socialistes. Ce sont les travailleurs et les pauvres qui en bénéficient le plus, car les riches sont en mesure de payer des soins coûteux.

    Après la Seconde Guerre mondiale, un système d’assurance obligatoire a finalement été mis en place dans le cadre de la création de la sécurité sociale. Des décennies de lutte ouvrière ont été nécessaires pour faire entrer suffisamment de fonds dans les caisses de la sécurité sociale et pour construire le système de soins de santé de telle sorte que, dans les années 1980, les responsables politiques belges pouvaient se vanter d’avoir « les meilleurs soins de santé du monde ».

    En réalité, la Belgique n’a jamais pu rivaliser avec les pays qui ont développé un système de soins de santé entièrement public, y compris un système de soins de première ligne gratuits pour les usagers. Mais ce qu’il faut retenir, c’est que ce sont précisément les mêmes responsables politiques vantards qui se sont approprié les décennies de lutte pour des soins de santé accessibles qui ont commencé à organiser leur dégradation structurelle.

    L’arrivée des décennies de politiques néolibérales

    À partir du début des années 1990, une série d’exercices de réduction des coûts a débuté et s’est poursuivie jusqu’à aujourd’hui. Les quelque 4 milliards d’euros supplémentaires consacrés aux soins de santé depuis l’été dernier ne sont donc qu’une goutte d’eau dans le désert. La réduction du ratio infirmières/patients a été très loin. Par exemple, le financement des hôpitaux ne permet qu’une infirmière pour 11 patients, contre une infirmière pour 8 patients en moyenne dans l’Union européenne et une pour 5 patients en Norvège (données de 2019).

    La colossale charge de travail qui en résulte, associée aux faibles salaires, signifie que les infirmières connaissent souvent des maladies de longue durée et que la durée moyenne de la carrière d’une infirmière n’est que de 7 ans. Les conséquences sont également pernicieuses pour les patients : déjà en 2014, une recherche européenne a calculé que pour chaque patient supplémentaire, les patients ont 7 % de risque en plus de mourir dans les 30 jours suivant une opération (de routine). Pourtant, le gouvernement de l’époque, avec Maggie De Block à la santé, a imposé de nouvelles économies budgétaires !

    De plus, les coupes budgétaires successives ont massivement réduit l’accès aux soins. Selon une enquête réalisée par Solidaris en septembre 2020, 46,9 % des personnes reportent au moins une fois des soins nécessaires pour des raisons financières, ce chiffre atteignant 52,6% chez les femmes et 60,5% dans les foyers monoparentaux.

    Intensifier la lutte pour un refinancement et une revalorisation massive des soins de santé

    La pandémie a douloureusement mis en évidence les conséquences de ces économies – il est évident pour tout le monde dans le secteur des soins que ces économies passées ont été le principal facteur du nombre élevé de décès dus à la pandémie. Les 4 milliards supplémentaires obtenus grâce à la lutte des travailleurs de la santé pendant la pandémie ne peuvent être considérés que comme un premier pas pour inverser la situation et aller vers des soins de qualité, accessibles et humains pour tous, avec des conditions de travail et des salaires décents pour tout le personnel.
    Après tout, si nous voulons résoudre la pénurie de personnel, des salaires plus élevés ne suffiront pas et certainement pas les concessions obtenues aujourd’hui. La charge de travail doit être réduite de manière drastique et les soins doivent être prodigués de manière humaine. Il faut donc abandonner l’idée que les soins doivent être “rentables” et que les institutions de soins sont gérées comme des usines. Sinon, les professionnels des soins continueront à quitter le secteur.

    Nous soutenons pleinement les revendications de La Santé en Lutte :

    Pour un refinancement des soins de santé :

    1. Investir dans les institutions de soins : plus de personnel dans toutes les catégories
    2. Renforcer les normes d’encadrement
    3. Mettre fin à la charge administrative
    4. Revaloriser les bas salaires et mettre fin aux contrats précaires
    5. Pour un contrôle démocratique des budgets par les travailleurs et les utilisateurs
    6. Pour des soins de qualité accessibles à tous
    7. Ouvrir les brevets sur les vaccins et sur la production pharmaceutique en général.

    Grâce à des actions ciblées, les travailleurs de la santé ont pu repousser plusieurs attaques et imposer plusieurs concessions l’année dernière. La prise de conscience de la nécessité de soins de santé adéquats par le grand public a considérablement modifié le rapport de force en défaveur des gouvernements. Le fait que ces gouvernements dépensent également des milliards pour maintenir l’économie à flot signifie également que l’argument utilisé au cours des décennies précédentes du néolibéralisme – « les caisses sont vides » – ne peut plus être utilisé.

    Nous sommes tous intéressés par la lutte des travailleurs des soins de santé, non seulement en tant qu’utilisateurs, mais aussi en tant que travailleurs d’autres secteurs. Transformer ce rapport de force en véritables victoires permettra à tous les travailleurs des services et professions essentiels, de l’éducation, des transports publics, de l’entretien et de la distribution,… de progresser.

    La Santé en Lutte est clair : tous les groupes de personnes oubliés par les gouvernements dans la crise – des jeunes aux personnes âgées qui ont dû enterrer leur vie sociale parce que sinon le système de santé s’effondrerait, des enseignants aux sans-papiers travaillant dans le secteur informel, des travailleurs essentiels aux chômeurs (temporaires),… toutes les victimes de la crise sont les bienvenues à la manifestation avec leurs propres revendications. Ce n’est qu’ensemble que nous pourrons gagner la bataille pour une société dans laquelle les soins et les services essentiels pour tous ont la priorité sur les profits de l’élite économique.

  • Les soins de santé sont essentiels – Nous sommes essentiels ! Tract de la Campagne ROSA

    29 mai, 15h, Bruxelles-central :
    GRANDE MANIF’ DE LA SANTÉ ET DES OUBLIÉ·ES ACTE 2 !

    La Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) mobilise pour que la manifestation du collectif militant La Santé en Lutte soit la plus grande possible. La Campagne ROSA a pris en charge d’organiser un des divers « blocs » du cortège. Le combat pour les soins de santé est bien entendu un combat féministe : on trouve 78% de femmes parmi le personnel soignant. Rejoins-nous !

    Lits, matériel, personnel,… tout manque pour affronter la crise sanitaire. Il faut dire que la situation était déjà lamentable avant ça. Le combat du personnel soignant pour des soins de santé de qualité et accessibles à toutes et tous est aussi le nôtre : nous sommes toutes et tous des patients potentiels !

    Des avancées ont été possibles grâce aux luttes de celles et ceux qui font tourner ce monde – les travailleuses et travailleurs – grâce à des assemblées, des rassemblements, des actions et des grèves. Mais c’est loin d’être suffisant.

    Souvenons-nous que lorsque Maggie de Block était Ministre de la Santé, le gouvernement a coupé 2,1 milliards d’euros dans le budget des soins de santé, après des décennies où le sous-financement était déjà dramatique. La Santé en Lutte explique également qu’actuellement « l’État prête aux hôpitaux, et que ceux-ci vont donc devoir rembourser ! » Certaines institutions utilisent le « fond blouses blanches » (obtenu grâce aux luttes de 2019) pour éponger leurs dettes !

    Nous ne voulons pas d’une santé à crédit. Nous avons besoins d’un refinancement public massif du secteur avec un contrôle démocratique sur l’allocation des budgets. D’autres secteurs déterminants pour notre bonne santé en ont également un urgent besoin : les logements sociaux, l’enseignement, etc.

    Essentielles, mais précaires

    Les salaires les plus bas sont composés à 70% de femmes. Elles sont également largement majoritaires dans les métiers dits « essentiels » : distribution (supermarché), soins de santé, aide aux personnes, enseignement,… A contrario, le patron de Delhaize, lui, a vu son salaire augmenter de 34%. Ce n’est pas la crise pour tout le monde !

    Un écart salarial entre femmes et hommes existe toujours en Belgique. Les femmes gagnent annuellement 23,1% de moins que les hommes, cet écart atteint 30% à la pension. Les salaires sont notamment déjà très faibles les soins aux personnes et 44% des travailleuses y bossent à temps partiel.

    Ce ne sont pas les hommes qui sont trop bien payés, ce sont les femmes qui ne le sont pas assez, pas même pour être financièrement indépendantes. Elles sont donc deux fois plus nombreuses à se retrouver dans une situation de dépendance financière.

    Luttons pour un salaire minimum de 14€/heure, soit 2300€ bruts par mois. Luttons contre les temps partiels involontaires en répartissant le travail disponible entre toutes et tous par la réduction collective du temps de travail sans perte de salaire, avec embauches compensatoires et réduction de la charge de travail. Luttons aussi pour des services publics qui permettent de réellement concilier vie de famille et vie professionnelle.

    Une crise économique particulièrement violente pour les femmes

    Selon l’ONEM, en 2020, le nombre de chômeurs temporaires a été trois fois plus élevé que lors de la crise économique de 2009. Un certain effet d’amortissement existe aujourd’hui, mais il ne durera pas. Les femmes sont surreprésentées dans les emplois précaires, elles constituent encore et toujours une main-d’œuvre de réserve et leur revenu est souvent considéré comme un simple complément au ménage. Ce sont elles les premières à être frappées par les pertes d’emploi. Ainsi, en décembre, pratiquement 100% des pertes d’emplois aux USA et 98% en Italie concernaient des femmes.

    Tout cela contribue largement à aggraver le manque de considération dont pâtissent les femmes dans la société, ce qui alimente et renforce dangereusement le sexisme. D’autre part, l’explosion du nombre de personnes sans emploi instaure une pression à la baisse sur l’ensemble des conditions de travail et de salaire.

    Entrons en résistance et engageons-nous dans la lutte pour la défense de nos droits et pour en arracher de nouveaux !

    Entrons en lutte contre la précarité et les pénuries

    La grande manifestation de la santé et des oublié.e.s nous concerne toutes et tous. Tous les secteurs précarisés et oubliés de la crise y ont leur place, comme ceux de la petite enfance et de l’enseignement, dont le manque de moyens a lui aussi été mis en lumière par la pandémie. Les secteurs les moins impactés par le coronavirus devraient aussi massivement mobiliser, en solidarité. Il n’y a pas d’autre voie pour obtenir de nouvelles conquêtes sociales que celle de la solidarité et de l’unité dans la lutte.

    La Campagne ROSA défend un féminisme socialiste et veut s’attaquer à la racine du problème : le capitalisme. Une infime élite capitaliste nous exploite et a besoin de nous diviser (par le racisme, le sexisme, la LGBTQI-phobie,…) pour affaiblir notre résistance. Débarrassons-nous de ce système pour donner naissance à une société reposant sur l’épanouissement de chacun.e.

    Rejoins le bloc ROSA le 29 mai !

    Tu es d’accord avec ce que nous défendons, en parole ou en acte, alors adhère à la Campagne ROSA et / ou soutiens-nous financièrement pour nous permettre de poursuivre nos activités ROSA: BE54 5230 8095 8497.

    • fr.campagnerosa.be
    • contact@campagnerosa.be
    • facebook.com/CampagneROSAFR
    • 0474 35 30 36 (Emily Burns)

    Summercamp 2021 du 2 au 9 juillet / Against Opression & Capitalism

    Une occasion à ne pas manquer ! La Campagne ROSA organisent un camp d’été (en collaboration avec le PSL/LSP et les Etudiants de Gauche Actifs) pour se détendre et se rencontrer après le (semi)confinement, mais aussi et surtout, pour discuter de la stratégie et du programme nécessaire au renversement du capitalisme. Pour combattre ce système qui exploite et discrimine, nous devons impérativement comprendre comment il fonctionne !

    Ce camp est organisé par le PSL/LSP, la Campagne ROSA, la Campagne Solidarity – FR et les Étudiants de Gauche Actifs – EGA.

     

     

     

     

     

     

     

  • [VIDEO] Déconfinons la lutte sociale !

    Crise sanitaire, crise économique,… nous n’avons pas d’autre choix que de nous organiser et de lutter ! Lors du meeting du 3 avril, Anja Deschoemacker (Campagne ROSA) et Samuel (pour les Étudiants de Gauche Actifs / Actief Linkse Studenten) sont intervenus sur les mobilisations dans les Soins de santé (et du rôle joué par La Santé en Lutte) et parmi la jeunesse. Cette vidéo reprend leurs interventions.

  • [La Santé en Lutte] Encore une fois les lieux de travail pointés du doigt !

    Nous l’avons souvent dénoncé et aujourd’hui, alors (qu’enfin) les chiffres viennent confirmer notre analyse, le gouvernement maintien son cap du confinement du social et du privé au profit du travail et de la consommation. Le deux poids deux mesures continue. Celui-ci est le résultat d’une vision marchande de la société, une vision ou l’intérêt économique prime sur le bien être et la santé.

    Depuis le début de la pandémie l’État cherche à sous estimer et à minimiser l’impacte du travail sur les contaminations au Covid-19 (absence de chiffre, absence de contrôle, recommandations sans sanctions, etc etc). D’un côté la culture, les loisirs, le social et le privé stigmatisés, contrôlés et confinés à grand renfort de police; de l’autre la consommation, le travail et l’école encouragés, comme si c’était des lieux, ou des activités, plus sûrs que les autres. En réalité il n’est certainement pas plus sûr d’être au travail sans pouvoir respecté les distanciations physiques qu’être dans une salle de cinéma à deux sièges de son voisin.

    Le gouvernement fait des choix, ceux-ci sont en faveur des intérêts économiques des employeurs et de la finance. Ils ne sont pas en faveur des PME, de l’économie locale, associative ou culturelle, et encore moins de notre vie sociale. Ces choix sont ceux d’un État qui préserve coûte que coûte le cap néo libéral au détriment de la santé physique ou mental de la population.

    Lutter pour notre santé c’est aussi lutter pour une changement de paradigme et remettre le bien être (la santé physique et mentale) au centre de nos réflexions !

    PS : Rappelons quand même que monsieur Timmermans, président de la fédération des employeurs belge (FEB), osait dire fin avril que “l’endroit où vous travaillez est peut-être le lieu le plus sûr pour ne pas être contaminé”. Cette affirmation sans fondement scientifique avait comme seul objectif de déconfiner le travail afin de préserver les intérêts des employeurs. Cette propagande, menée par nos employeurs et nos gouvernements, cherche à tromper les citoyen·nes afin de faire accepter les mesures inégales sur le plan sanitaire.

    Envoyez nous vos témoignages via email lasanteenlutte@gmail.com ou via message sur facebook. Racontez nous comment ça se passe dans votre institution de soin !

    Une problématique sur votre lieu de travail? Contactez La santé en lutte si vous désirez de l’aide pour vous organiser, du renfort dans vos mobilisations, un relais médiatique ou quoi que ce soit qui pourrait contribuer à la lutte !

  • Karim Brikci-Nigassa (CGSP ALR) : « Il faut renouer avec un syndicalisme de lutte et de changement de société »

    Nous reproduisons ici un entretien avec notre camarade Karim réalisé par « Camarade ! », un journal d’actualité et de réflexion syndicale par et pour les jeunes syndicalistes édité par les Jeunes FGTB.

    Depuis le déclenchement de la crise sanitaire, les travailleur·euse·s de la santé sont en première ligne pour combattre la pandémie. Mais elles et ils ont aussi été les premier·e·s à dénoncer la gestion néolibérale de la crise par le gouvernement et revendiquer de meilleures conditions de travail. Rencontre avec Karim Brikci-Nigassa, délégué-permanent CGSP ALR pour l’Hôpital Brugmann où il travaille comme brancardier depuis quinze ans. Il est également l’un des organisateurs du collectif « La Santé En Lutte ».

    Est-ce que tu peux décrire la situation dans le secteur de la santé avant la crise et en quoi cela a évolué avec la crise ?

    Je vais le dire clairement, la situation est catastrophique dans les soins de santé et dans l’ensemble des services publics de manière générale et ce depuis très longtemps. La crise a permis de mettre en lumière les secteurs dits « essentiels ». C’est d’ailleurs intéressant de voir que ce sont tous les métiers qui sont en général les moins valorisés dans la société. Dans le secteur de la santé, il n’a pas fallu attendre la crise Covid, en tout cas du côté des travailleur·euse·s, pour dénoncer les conditions de travail et les économies budgétaires absolument brutales qui ont été faites ces dernières années, quels que soient les gouvernements qu’on a pu avoir.

    A l’échelle de mon hôpital par exemple, un an et demi avant la crise, on s’était déjà mobilisés assez massivement. Le manque de personnel, le manque de moyens pour assurer des soins de qualité à toutes et tous était un problème crucial de société déjà bien avant la crise Covid. C’est clair que la crise a permis de mettre en lumière et de faire comprendre plus largement qu’il y a un souci profond qui nous concerne toutes et tous, pas seulement les travailleur·euse·s du secteur. Ça c’est, entre guillemets, l’avantage de la situation au vu du cauchemar que l’on vit aujourd’hui au quotidien.

    La CGSP ALR est un secteur qui se mobilise beaucoup. Comment faites-vous au quotidien pour mobiliser les collègues sur le terrain ?
    Le constat que l’on tire c’est que face aux enjeux de société et à la réalité du monde du travail, on est beaucoup de Camarades de la CGSP ALR à penser qu’il faut renouer avec un syndicalisme de lutte, un syndicalisme qui met en avant la lutte de travailleur·euse·s comme seule solution pour obtenir des avancées. Un syndicalisme qui s’inscrit aussi dans une perspective de changement de société parce que ce système nous mène droit dans le mur.

    C’est pourquoi, il y a un peu plus de deux ans, en septembre 2018, on a lancé une campagne avec la CGSP ALR sur la question des bas salaires dans notre secteur.

    Notre postulat de départ était le suivant : quel type de campagne doit-on mettre sur pieds pour essayer de sensibiliser et mobiliser le plus largement possible ? Après débats dans nos structures, il a été décidé de mettre sur pied une campagne autour de la revalorisation salariale qui est un sujet qui touche largement et sur lequel on pensait pouvoir mobiliser.

    Evidemment on ne s’est pas limité à cette question. Toute une série d’autres points ont été mis sur la table comme l’amélioration du bien-être au travail et des conditions de travail avec de l’engagement de personnel supplémentaire parce que l’ensemble des services publics a vécu des coupes dans le personnel sur les dernières années. On a aussi abordé la question de la réduction collective du temps de travail qui est pour nous une revendication historique du mouvement syndical mais qui malheureusement a été un petit peu mise de côté. On pensait, au contraire, qu’il fallait clairement remettre cette revendication en avant comme solution pour l’amélioration de nos conditions de travail et de bien-être mais aussi comme seule et unique solution à la lutte contre le chômage et le fait que l’on laisse des centaines de milliers de personnes à Bruxelles dans la précarité.

    C’était donc une campagne de sensibilisation qu’on a liée à toute une série d’actions pour construire un rapport de force. On a réfléchi à un plan d’action sur le long terme parce qu’on estime que faire juste une manifestation qui vise à faire lâcher la vapeur et espérer que les employeurs se mettent autour de la table, c’est une illusion qui a peut-être trop imprégné nos organisations syndicales.

    Ça fait deux ans qu’on est occupé avec cette campagne et aujourd’hui on a obtenu quelques petites avancées (restauration d’une petite prime de fin d’année dans les hôpitaux et remboursements de l’abonnement STIB, une prime dans les communes et CPAS et le début d’une négociation sur une revalorisation salariale). Mais ce qu’on a obtenu avant tout – et c’est le plus important – c’est la capacité à remettre les travailleur·euse·s dans la rue que ce soit dans des actions sur les lieux de travail ou dans des manifestations sectorielles plus larges sur base de revendications offensives. Cela signifie, qu’à un moment, le mouvement syndical doit arrêter de toujours être sur la défensive, de toujours ne faire que réagir à des attaques brutales du gouvernement ou d’un employeur. A un moment c’est notre rôle aussi de mettre en avant des revendications positives et offensives en partant des besoins des travailleur·euse·s du secteur.

    Concernant la démocratie syndicale, c’est aussi un autre aspect que j’estime crucial. Il y a une défiance par rapport aux organisations syndicales et je l’estime justifiée jusqu’à un certain point. Cela fait environ trente ou quarante ans que la « concertation sociale » est le leitmotiv de nos directions syndicales. Cela signifie que tout se discute dans des bureaux fermés entre représentant·e·s syndicaux et employeurs, ce qui exclut du processus l’ensemble de nos affilié·e·s et des travailleur·euse·s. Je ne dis pas qu’au niveau de la CGSP ALR, on a dépassé ces limites mais on pense clairement que la concertation sociale sans rapport de force n’existera jamais.

    Ce qui est important pour nous dans le cadre d’une lutte, que ce soit au niveau local ou au niveau régional, c’est que tout soit discutée à chaque étape avec les travailleur·euse·s concerné·e·s. Ce sont elles et eux qui discutent, débattent, prennent la confiance et peuvent à un moment donné se dire que cette lutte leur appartient. Les travailleur·euse·s doivent pouvoir s’exprimer par rapport à ça et imposer des mandats aux responsables syndicaux.

    Je suis permanent syndical de la CGSP Brugmann. Dans les quelques grèves qu’on a connu ces dernières années, ce sont les travailleur·euse·s en grève qui décident quand on part en grève, ce sont elles et eux qui décident si les revendications les satisfont ou pas, si on doit continuer la grève ou pas, … A aucun moment je n’estime avoir la légitimité de décider au nom des collègues que je représente face à l’employeur. C’est quelque chose qui permet de renforcer une lutte.

    Le bilan que j’en tire, c’est que quand les travailleur·euse·s rentrent en lutte, ils sont clairement la plupart du temps plus combatif·ve·s et plus persévérant·e·s que ne peuvent l’être les responsables syndicaux qui subissent évidement une certaine pression de la part des patrons (moi y compris). Souvent ces dernier·e·s sortent des négociations avec l’idée que « c’est déjà pas mal ce qu’on a sur la table » et leur rôle serait alors de retourner vers les travailleur·e·s et de leur vendre l’accord obtenu. Moi personnellement, je me refuse à faire ça. Je vais restituer les faits clairs de ce qu’on a pu obtenir dans la négociation et ce sont les travailleur·e·s qui estiment si ces avancées sont suffisantes ou pas. Et donc on pense que c’est hyper important de laisser la place aux travailleur·e·s dans le cadre de la lutte sociale et d’organiser dans le cadre de nos mobilisations des Assemblées Générales démocratiques et décisionnelles. C’est aux travailleur·euse·s de prendre les décisions…

    Une organisation syndicale doit pouvoir proposer des mots d’ordre et des stratégies syndicales. Jusqu’à un certain point, il y a des choses qui peuvent venir du sommet syndical, la question est plutôt de comment les mettre en débat et comment laisser l’espace pour que les travailleur·e·s se se les approprient et comprennent les perspectives. Pour ça il faut donc qu’il y ait une perspective et pas des mots d’ordre déconnectés de ce qui est vécu sur le terrain. En tout cas, on ne prend pas assez le temps de discuter ou d’organiser des Assemblées Générales comme outil principal de mobilisation dans le cadre d’une lutte.

    Peux-tu dire un mot sur les mardis des blouses blanches qui ont précédé dans le secteur et la création de La Santé en Lutte et sur la négociation du fonds blouses blanches ?

    Par rapport à l’exemple des mardis des blouses blanches, je remets un cadre rapidement parce que j’ai entendu beaucoup de choses dans tous les sens.

    Tout d’abord, au printemps 2019 il y a des grèves qui éclatent dans certains hôpitaux bruxellois à l’initiative des travailleur·euse·s de terrain. C’est assez exceptionnel dans notre secteur parce qu’on n’est pas un secteur à haut taux de syndicalisation ou à tradition de lutte. Evidemment, il y a une médiatisation assez importante de ces petits conflits que ça soit à l’Hôpital Brugmann, à Saint-Pierre ou à d’autres endroits. Suite à cette mobilisation certaines organisations syndicales, pour ne pas en citer une en particulier, voient que ça bouge et le 3 juin 2019, il y a une grève de l’ensemble des hôpitaux publics du Réseau Iris pour revendiquer plus de personnel, plus de salaires et de meilleures conditions de travail. Mobilisation qui est un succès en soi, mais qui est surtout un succès parce qu’elle est la continuité de petits conflits locaux, avec l’aide des organisations syndicales mais surtout à l’initiative des travailleur·euse·s elleux-mêmes.

    Quand les travailleur·e·s se sont réapproprié cette mobilisation, ça a entrainé un succès de mobilisation que les organisations syndicales n’auraient pas été capables d’organiser d’elles même, sans cette motivation, cet enthousiasme et cette colère pour se mobiliser. Sur base de l’impact médiatique qui a précédé et de la grève du 3 juin à Iris, une organisation syndicale appelle au « mardi des blouses blanches » dès le lendemain.

    Je n’ai aucun problème avec le fait qu’ils ont saisi le contexte intéressant pour le faire, c’est d’ailleurs la position qu’on a eue dans les hôpitaux publics alors que c’est un mot d’ordre lancé du privé. Nous au niveau des hôpitaux publics on a évidemment rejoint l’appel de partir sur ces actions récurrentes tous les mardis. Pour la boutade nous on l’a pratiqué tout l’été alors que les mardis de blouses blanche ça n’a duré que trois semaines.

    Tout ça pour dire qu’il n’y a pas une organisation syndicale qui a pris le bon mot d’ordre au bon moment : ce sont les travailleur·euse·s de terrain qui ont exprimé leur colère, ce qui a aussi permis de rouvrir les négociations avec un gouvernement qui a méprisé pendant quatre ans les représentant·e·s syndicaux. En effet, la concertation sociale pour De Block, ça n’existait pas et il y a pas mal de haut·e·s responsables syndicaux qui vivaient mal ce mépris que nous on vit tous les jours sur nos lieux de travail par rapport à nos directions. Evidemment, le gouvernement a été mis sous pression pour enclencher des discussions, il y a eu une proposition au parlement du « fonds blouse blanche » qui quelques mois auparavant était rejetée en bloc par quasi tous les partis politiques. Evidemment, les discussions sur le fond blouses blanches et les avancées à ce niveau-là, c’était une manière pour le gouvernement de calmer les travailleur·eu·s de terrain.

    Je vais même aller plus loin, le « fonds blouses blanches » peut sembler une somme importante mais dans la pratique ça ne règle en rien les problématiques auxquelles nous sommes confrontés. Pour donner un exemple, pour de gros hôpitaux ça représente quelque chose comme quinze à vingt équivalents temps plein supplémentaires qui sont les bienvenus mais aujourd’hui pour soigner correctement les patient·e·s, ce n’est pas avec ça qu’on y arrivera. Et encore faut-il les trouver vu qu’aujourd’hui les conditions de travail repoussent énormément de personnel infirmier ou autres à retravailler dans les hôpitaux. En plus, ça ne concerne que les hôpitaux, ça ne concerne pas les maisons de repos, les maisons médicales et tout ce qu’on pourrait appeler la médecine de première ligne.

    Suite à la crise Covid, on a eu beaucoup de mobilisations dont la « haie déshonneur » à Saint-Pierre qui a remis un coup de pression symbolique mais très fort auprès du fédéral. Suite à cette initiative de travailleur·euse·s de terrain, les directions syndicales sont reconvoquées durant les mois de juin et juillet 2020 pour négocier un accord au niveau des soins de santé. Et là aussi, il y a 600 millions d’euros qui sont mis sur la table. Nouvelle somme qui semble être extraordinaire, sauf que remis dans un contexte, le « fonds Blouses Blanches » plus ces 600 millions, c’est moins que ce qui a été économisé dans le secteur sur les quatre dernières années par le gouvernement De Block.

    Dans le meilleur des scénarios, ils nous rendent ce qu’ils nous ont pris sur les quatre dernières années mais pratiquement ça ne se concrétise par aucune avancée. Face à la deuxième vague, on est encore moins bien préparés qu’au mois de mars. En plus de ça, la fatigue s’est accentuée, les collègues sont en train de tomber comme des mouches et donc en fait les représentant·e·s politiques n’ont absolument rien anticipé et ne nous ont donné aucun renfort.

    Certaines organisations syndicales ont affirmé qu’on avait obtenu un accord historique au mois de juillet et que par conséquent la lutte était finie. A un moment, cette mobilisation est à l’initiative des travailleur·euse·s de terrain, affilé·e·s ou pas, de quelconque organisation syndicale et ce qui est vécu aujourd’hui sur le terrain, c’est que la lutte on doit la continuer, que ce n’est pas suffisant. C’est une preuve de ce que je disais au tout début : la combativité et la volonté d’améliorer les choses sur le terrain me semble beaucoup plus élevée que certain·e·s responsables· syndicaux veulent bien entendre.

    Même si d’un côté, je critique l’insuffisance du « fond blouses blanches » – ce que beaucoup de collègues terrain pensent – en même temps on revendique que c’est une victoire ! On y voit le côté positif mais sans pour autant y voir une fin en soi. Il faut lire ça comme « c’est possible en luttant d’obtenir quelque chose » et donc il faut traduire ça dans une volonté de continuer la mobilisation et la lutte.

    Peux-tu expliquer la création de La Santé en Lutte ?

    De février à juin 2019 on a vécu toute une série de mobilisations dans les hôpitaux publics à Bruxelles, mais il y a aussi eu des soubresauts ailleurs dans d’autres institutions de soins, avec cette grève du 3 juin en front commun syndical dans les hôpitaux Iris, par exemple. A la fin de cette journée de grève, on se réunit en Assemblée Générale où on discute de la suite à donner à la mobilisation. Lors de cette discussion plusieurs questions sont soulevées.

    On était en front commun syndical ce jour-là et l’ensemble des organisations du secteur public soutenaient la mobilisation, mais s’est rapidement posé la question de comment se fédérer entre travailleur·euse·s syndiqué·e·s ou non-syndiqué·e·s de l’ensemble des hôpitaux publics du Réseau Iris.

    Lors de cette journée de grève, il y avait aussi des collègues du privé qui étaient venus par solidarité, et rapidement s’est posé la question d’élargir cette mobilisation à d’autres institutions de soins, en sachant que travailleur·euse·s du public et du privé ont les mêmes intérêts, le même vécu au travail.

    Lors de cette discussion, les travailleur·euse·s expriment la volonté d’élargir la mobilisation à d’autres secteurs comme la CGSP ALR l’avait déjà fait précédemment en appelant les organisations du privé à se mettre autour de la table et mettre sur pied un plan d’action de l’ensemble du secteur. Malheureusement ces invitations, pour la plupart, sont restées sans réponse.

    Mais du coup, les travailleur·euse·s de terrain se sont approprié l’idée. Sur base de cette discussion fut décidé de lancer une nouvelle Assemblée Générale trois semaines plus tard vers la fin juin pour laquelle on mobiliserait plus largement. Lors de cette assemblée on s’est retrouvé avec des collègues du privé, des maisons de repos, de maisons médicales, … Et très rapidement s’est posé la question d’élargir la lutte, à laquelle les organisations syndicales dans leurs structurations actuelles ne sont pas capables de répondre. Pas capable parce que les structures des fois peuvent être un frein, ou parce que certains responsables syndicaux ne veulent pas en entendre parler, soyons clairs.

    A cette AG, on décide de mettre sur pied La Santé En Lutte en tant que collectif de mobilisation du personnel soignant, dans lequel on veut pouvoir intégrer tous les travailleur·euse·s – quelle que soit leur affiliation syndicale, leur affiliation à une association professionnelle ou autres – dans le cadre d’une mobilisation large pour un refinancement des soins de santé. Voilà d’où ça vient, les militant·e·s de la CGSP ALR, que ça soit de l’hôpital Brugmann ou de Saint-Pierre, sont pleinement partie prenante de ce processus.

    Ce qui est d’ailleurs assez étonnant, de notre point de vue, ce sont les critiques que l’on peut entendre en interne de nos organisations syndicales qui affirment que La Santé En Lutte est antisyndicale, qu’elle serait proche de tel ou tel groupuscule d’extrême gauche ou autre. Je tiens à clarifier dans cette interview que La Santé En Lutte est un collectif de soignant·e·s, avec des travailleur·euse·s syndiqué·e·s ou non, des militant·e·s syndicaux impliqué·e·s dans la structure syndicale et d’autres travailleur·euse·s qui n’ont jamais mené une grève de leur vie. Pour nous l’important c’est d’être capables de s’unifier et d’élargir la mobilisation.

    Je pense que sur la dernière année, cette stratégie s’est montrée efficace simplement en étant capables d’être les porte-voix de la souffrance sur nos lieux de travail et de sensibiliser plus largement par rapport à notre communication sur les réseaux sociaux, mais aussi dans la concrétisation avec la manifestation du 13 septembre 2020 pour laquelle on avait appelé l’ensemble des structures syndicales à se mobiliser. Triste constat de se rendre compte que malgré la période Covid, beaucoup de responsables syndicaux ont tergiversé ou n’ont même pas répondu à notre invitation.

    Certain·e·s estimaient d’ailleurs que cette manifestation arrivait au mauvais moment, comment expliques-tu cela ?

    Je pense qu’à partir du moment où il y avait des négociations avec le cabinet De Block en juin et juillet, et qu’on était sorti de là avec « un accord absolument extraordinaire », je suis ironique, certain·e·s n’avaient absolument pas pour idée de mobiliser mais voulaient utiliser cet accord – dans le contexte des élections sociales – pour retourner vers les travailleur·euse·s et dire « regardez ce que l’on a obtenu ».

    Deux choses là-dessus. D’abord, ce qu’on a obtenu, c’est grâce à la mobilisation de terrain. Cela serait bien que les responsables syndicaux n’oublient jamais ça ! Ensuite, on le dit avec La Santé En lutte et je le dis aussi au nom de la CGSP ALR, ou des travailleur·euse·s des soins de santé des hôpitaux de Bruxelles, cet accord dit « historique » est loin d’être suffisant et avec La Santé En Lutte et toutes les organisations syndicales qui le souhaitent, il faut continuer la mobilisation pour un refinancement des soins de santé et plus largement de la sécurité sociale. Cet enjeu ne concerne pas que les travailleur·euse·s des soins de santé syndiqués dans telle ou telle organisation, c’est un enjeu de société qui concerne toutes et tous, c’est donc pour ça qu’avec la Santé En lutte, on appelle à une mobilisation la plus large possible.

    Sur ce qui a été dit dans la presse, certaines attaques sont assez malhonnêtes. Et derrière la réalité, il y a un agenda propre à chaque organisation qui fait que la manifestation du 13 septembre n’arrangeait pas. Mais à un moment, ce n’est pas comprendre ou ne plus entendre ce qui se passe sur le terrain. Ces derniers temps dans la presse, beaucoup d’interview d’infirmier·e·s et d’aides soignant·e·s ont prouvé que cet accord – aussi bien qu’il puisse être – n’est absolument pas concret pour la plupart d’entre nous, il n’a absolument rien changé à notre quotidien. C’est encore pire aujourd’hui, on attaque une deuxième vague alors qu’on est plus sur les rotules qu’auparavant. Ce serait bien que les responsables syndicaux l’entendent.

    Comment la création de La Santé En Lutte a-t-elle été accueillie ?

    A Bruxelles, le secrétariat de la CGSP ALR a suivi le processus dès le début et n’est pas tombé dans les mêmes pièges que ce qui a pu être répété par certain·e·s qui ne connaissent pas La Santé En Lutte mais qui n’ont à aucun moment cherché à s’y intéresser. Grace à ça, on a réussi à obtenir un positionnement assez clair de la FGTB Bruxelles que je tiens d’ailleurs à remercier. C’était important et ça prouve que La Santé En Lutte a une approche envers les organisations syndicales et qu’elle espère pouvoir continuer à développer ces liens. La Santé En Lutte et la CGSP ALR appellent depuis maintenant plus d’un an à une journée de grève nationale de l’ensemble du secteur de la santé. Je réitère donc notre appel à l’ensemble des responsables syndicaux du public et du privé afin de se mettre rapidement autour de la table pour mettre sur pied un plan d’action offensif sur la question des soins de santé. Plan d’action que La Santé En Lutte sera certainement très enthousiaste à soutenir et à aider dans le cadre de la mobilisation.

    Concernant le reste de la structure, les avis divergent mais de manière générale, je peux dire que l’essentiel se passe dans les couloirs, dans des critiques informelles mais à aucun moment avec un positionnement clair et assumé. On colporte des rumeurs ou des idées préconçues qui permettent de ne pas s’impliquer ou de justifier une non-implication, ce qu’on trouve assez dommageable et regrettable. En avril passé, on avait écrit une lettre ouverte à tous les responsables syndicaux concernant l’appel à la manifestation du 13 septembre, force est de constater que très peu y ont répondu, très peu ont essayé s’intéresser à l’idée qu’il y avait derrière.

    Dans la pratique il y a eu un refus d’appeler à cette manifestation, sans le justifier de manière ouverte. La seule réponse que j’ai pu entendre, c’est que « La Santé En Lutte, ça n’existe pas côté wallon, ça n’a pas d’impact », ce qui n’est pas une réponse à la question posée : « est-ce qu’on utilise une date pour se mobiliser largement ?». Je crois qu’il y a de la méfiance de la part de certain·e·s responsables syndicaux et ça leur appartiendra de justifier le pourquoi.

    Quoiqu’il en soit, on pense que la mobilisation doit continuer et qu’elle va continuer avec celles et ceux qui le veulent. Mais on réitère notre appel à rapidement prévoir un plan d’action offensif dans le secteur, parce que le potentiel est là, la volonté des travailleur·euse·s est là et il faut peut-être arrêter les bagarres de chapelles inter-centrales ou inter-organisations syndicales qui déforcent la mobilisation et qui ne sont généralement pas animées par l’intérêt de défense les travailleur·euse·s.

    L’objectif est donc qu’il y ait une journée d’action au printemps, où en sont les discussions ?

    On va écrire une nouvelle lettre ouverte à l’ensemble des responsables syndicaux pour mettre cette proposition en avant, on espère que cette fois-ci nous serons mieux entendus.

    Vu la situation, je pense que beaucoup des Camarades et militant·e·s de la CGSP dans les hôpitaux publics à Bruxelles sont prêt·e·s pour cette journée de grève nationale et si La Santé En Lutte en fait l’appel, on aura la discussion en interne mais je pense que c’est assez clair qu’il y a la volonté d’y aller et de déposer un préavis de grève. On espère que l’on ne sera pas les seuls, que cela fera tache d’huile et qu’il faut être capable à un moment de couvrir tous les travailleur·euse·s au niveau du territoire national pour participer à cette journée de grève dont les modalités sont évidemment encore à discuter.

    Est-ce que vous voyez des retombées en tant que CGSP ALR de votre implication dans la Santé en Lutte ? Est-ce que cela permet de renforcer votre base syndicale ?

    Merci pour la question parce que je pense que c’est ce que certains de nos Camarades ne comprennent pas. Un outil comme la Santé en Lutte n’est pas un outil qui en soi met en danger les organisations syndicales, c’est sans doute un outil qui bouscule mais qui a pour ambition la mobilisation et la lutte sociale.

    Dans ce sens-là, tout ce que je peux dire à mon échelle, c’est que depuis le début du processus la CGSP Brugmann, donc ma délégation, soutient La Santé En Lutte de manière ouverte. On a participé à l’ensemble des actions, on est présent·e·s en tant que structure syndicale et ça permet aussi de montrer que les syndicats, contrairement à certains préjugés, ne sont pas contre la mobilisation des travailleur·euse·s de terrain actuellement.

    Mais oui, très clairement, nous ça nous a permis de renforcer notre délégation. La Santé En Lutte est un outil de mobilisation qui nous permet d’envisager les choses en dehors uniquement de notre lieu de travail mais la délégation syndicale sur le lieu de travail est un outil hyper important et crucial, et donc on a beaucoup de collègues qui se sont impliqués dans leurs premières actions, leurs premières grèves au printemps 2019, elles et ils se sont impliqué·e·s dans La Santé En Lutte et un nombre assez important d’entre-elles et eux a aujourd’hui intégré la délégation syndicale de leur hôpital, dans le sens où ce combat large que l’on peut mener il faut également le concrétiser dans une bagarre au quotidien avec notre employeur.

    Mon bilan, c’est que le collectif de la Santé En Lutte et l’outil de mobilisation qu’il représente a permis de renforcer notre organisation syndicale au niveau des hôpitaux publics, en tout cas à Bruxelles. J’invite donc l’ensemble des collègues des autres hôpitaux à considérer ce bilan et peut-être envisager d’approcher les choses de manière différente.

    D’autant qu’on a vu que quand les travailleur·euse·s se mobilisent, il y a aussi derrière de la répression …

    Oui, par rapport à ça, les employeurs publics ont un double discours que je trouve personnellement assez irritant et très hypocrite. D’un côté, sur base de la pression et du ras le bol qu’expriment les travailleur·euse·s depuis deux ans, ils ont un discours semi-officiel de dire qu’ils comprennent la réalité, le manque de moyens, … c’est déjà bien qu’ils le reconnaissent parce que quelques mois avant les premières mobilisations, ils tenaient un discours complètement inverse et se faisaient pour beaucoup les soldats de l’austérité.

    Maintenant c’est bien de le dire, sauf que dans la pratique, leur management est autoritaire, brutal et se fait au quotidien la volonté d’appliquer au mieux l’austérité dans nos institutions de soin et c’est aussi ce que les travailleur·euse·s dénoncent. Oui, répression il y a. Oui, pressions insupportables au travail y a. Et donc ces combats sont à mener aussi à l’échelle de chaque lieu de travail face à des employeurs qui, certes sont mis sous pression aussi, mais jusqu’à preuve du contraire auraient d’autres possibilités, d’autres types de management à mettre en place mais qu’ils refusent d’envisager aujourd’hui. Mais on compte bien leur faire comprendre qu’on n’acceptera pas ça beaucoup plus longtemps…

    Dans les revendications de la Santé En lutte, il y a l’aspect financement mais il y a aussi l’aspect organisation du travail et « managerialisation » qui est en fait l’un des aspects le plus pénible du travail ?

    Très clairement ! Le terme manager est apparu il y a une dizaine d’années dans le secteur public. Je vous passe tous les termes anglais qu’on nous sort, j’ai parfois l’impression qu’on bosse dans une multinationale comme Coca Cola. Donc oui, sous la pression des coupes budgétaires imposées au secteur, il y a eu une adaptation totale des employeurs publics à cette logique mercantile et autoritaire qui entraîne des dégâts humains absolument incroyables.

    La plupart de ces managers ne sont pas au contact des patient·e·s, ce sont eux qui nous tiennent le discours qui consiste à dire que les patient·e·s sont au centre de tout sauf qu’à aucun moment on ne va réfléchir pour mettre les moyens nécessaires pour le faire. On est bien d’accord que les patient·e·s doivent être au centre de tout mais pour ça il faut pouvoir entendre que la réalité de terrain est bien toute autre. Alors oui, on leur dit aujourd’hui clairement qu’ils aillent tous se faire voir avec leurs tableaux Excel et leurs statistiques ! Nous, ce qui nous importe, c’est de donner des soins de qualité à toutes et tous, quelle que soit son origine sociale. Et les managers qu’on a mis à la tête de beaucoup de nos institutions publiques n’ont absolument pas cette réflexion et refusent d’entendre raison.

    C’est là qu’il y a un double discours. Il y a le profil médiatique qu’ils vont pouvoir avoir en disant « oui, c’est vrai, ce n’est pas cool les économies imposées », et puis il y a au quotidien ce qu’ils font vivre et la politique d’austérité en interne qu’ils imposent sans sourciller avec toute la souffrance humaine que ça amène.

    A côté de ça, on nous dit de rendre l’hôpital attractif sauf que tout ce qu’ils mettent en place est à l’opposé de ce qui pourrait être attractif. Si on veut être attractifs, ça serait peut-être aujourd’hui considérer qu’il faut de bonnes conditions de travail, avoir assez de personnel, d’écouter les travailleur·euse·s du terrain par rapport aux problématiques qu’elles et ils soulèvent et d’arrêter ce management « top-down », pour utiliser leurs termes, qui est absolument nocif. C’est une des choses que l’on dénonce avec La Santé En Lutte ainsi qu’avec la CGSP ALR. C’est un combat important que l’on va devoir mener. C’est une chose de se retrouver dans une situation de manque de moyens, ça en est une autre de vivre cette situation combinée à un management malveillant.

    Les employeurs disent « on est tous dans le même bateau » sauf que dans le bateau il y a une première classe et une troisième classe. La plupart des travailleur·euse·s qui sont en troisième classe estiment que si on est dans le même bateau, alors nous devons être toutes et tous autour de la table. Pas dans une idée de concertation sociale mais dans l’idée de mettre des choses en place pour qu’on puisse travailler toutes et tous correctement. C’est bien entendu un discours que la plupart des employeurs ne veulent pas entendre.

    Par rapport à la crise sanitaire que l’on vit actuellement et la manière dont celle-ci a été gérée par le monde politique, est-ce que pour toi, la réponse syndicale a-t-elle été suffisamment forte ?

    Je pense que l’ensemble des structures syndicales n’a pas joué son rôle et cela pour plusieurs raisons. Je peux entendre que le premier confinement et la première vague a pu surprendre tout le monde, qu’on n’était pas préparé à cette situation, c’est une réalité sur laquelle on peut effectivement tirer un bilan.

    Par contre, toute la période de déconfinement et tout ce qui s’en est suivi jusqu’à aujourd’hui, j’ai très peu lu et très peu vu. Il y a les exemples des collègues de la STIB qui ont exercé leurs droits de retrait et les collègues de chez AB Inbev qui ont osé mener une grève courageuse suite à des contaminations sur le lieu de travail qui ont été cachées par le patron. Avec la CGSP ALR, on a mené une campagne à notre échelle sur la question de la situation sur les lieux de travail ; on est dans un contexte politique où on se contamine dans sa vie sociale, mais le lieu de travail n’existe pas dans la donnée. C’est interpellant et faux, les lieux de travail sont une des sources de contamination principales.

    Evidemment, il y a une volonté politique de préserver les intérêts des grandes entreprises, mais dans la pratique, tous les jours on met nos collègues en danger. Le gouvernement n’a pris aucune mesure contraignante envers les employeurs. Tout ce qu’on peut lire comme directives officielles s’accompagne toujours d’un « si possible », ce qui fait que les employeurs estiment toujours que ce n’est pas possible et nous laissent travailler dans des conditions dangereuses pour notre santé et celle de nos collègues, de nos familles.

    On est donc confrontés à des situations hyper problématiques. Les employeurs cachent les contaminations aux membres du personnel alors qu’ils ont l’obligation légale d’avertir si quelqu’un a été en contact avec une personne positive. Les employeurs refusent de prévenir les membres du CPPT de contaminations sur le lieu de travail alors qu’ils ont l’obligation légale de le faire. Par rapport à ça, oui, j’aurais apprécié que mon organisation syndicale, que le sommet de la FGTB, mène une campagne sérieuse et dénonce d’une manière efficace ce qui se passe et clairement d’envisager que si le gouvernement et les employeurs ne nous protègent pas, c’est à nous de nous protéger. Donc oui, je pense que s’il faut en arriver à des situations d’application du droit de retrait ou de grève pour se protéger, je pense qu’on doit l’envisager et rapidement.

    Depuis septembre, on a un nouveau gouvernement qui promet un « refinancement historique » des soins de santé, quel est ton avis sur cet accord et qu’est-ce que ça laisse présager ?

    On peut avoir deux lectures. Il y a celles et ceux qui se disent qu’après des gouvernements d’austérité brutale sur les dernières décennies, on pourrait lire cet accord de manière positive. Je pense qu’on se trompe : l’accord de gouvernement ne remet absolument rien en question, on compte continuer la politique d’austérité et je pense qu’on le verra dans la pratique. Il y a une volonté de faire payer la crise Covid sur le dos des travailleur·euse·s et je pense que les mois qui viennent nous donneront raison là-dessus.

    Ce gouvernement ne remet absolument pas en question la politique des années précédentes. On nous dit que c’est un gouvernement plus à gauche et plus social mais et jusqu’à preuve du contraire le départ à la pension à 67 ans n’est pas remis en question. La question des hausses de salaire, on va en rediscuter pratiquement et on verra un peu. Même sur la question des soins de santé, il y a beaucoup de belles intentions sur papier mais le tout sera de voir ce qui sera mis en place et je doute sincèrement. Il faudra se préparer à la lutte ne serait-ce que pour mettre une pression et de mettre le rapport de forces en place pour obliger le gouvernement à mener à bien le peu de politique sociale qu’ils envisagent peut-être dans leur accord.

    En tout cas, je pose la question : est-ce que c’est parce que la social-démocratie est à nouveau au pouvoir, qu’on estime avoir fait des pas en avant ? Je rappelle quand même que sur les trente dernières années la social-démocratie a participé à quasi tous les gouvernements, sauf le dernier, et qu’elle est responsable en grande partie de la casse de la sécurité sociale et des acquis sociaux qu’on a pu obtenir de longue lutte. C’est quand même assez étonnant de tomber à nouveau dans le piège…

  • La Santé en Lutte rue de la Loi : en route vers l’acte 2 de la Grande Manifestation de la Santé !

    Communiqué de La Santé en Lutte suite au rassemblement de ce vendredi 11 décembre.

    Ce soir, nous étions nombreuses et nombreux devant les lieux de pouvoir ! Aujourd’hui encore, nous leur avons montré notre détermination à combattre leurs politiques austéritaires et tous les drames qu’elles ne manquent pas de produire ! Nous sommes nombreu·ses à défendre un droit pour toutes et tous à un système de santé de qualité ! La Santé est un droit fondamental !

    MERCI à toutes et tous d’être venu·es !

    Aujourd’hui encore, nous leur avons montré que nous ne sommes pas dupes : les gouvernements qui se succèdent ne remettent nulle part en question le choix de la marchandisation du secteur de la Santé. Ce ne sont ni les remerciements, ni les applaudissements ou les primes qui nous préserverons toutes et tous, soignant.es comme patient.es, de revivre un tel cauchemar !

    Nous avons besoin de plus de bras. Maintenant ! Pas l’année prochaine ! Pour ça il faut engager. Maintenant ! Pas l’année prochaine. Du personnel est disponible, il faut développer des bonnes conditions de travail pour maintenir le personnel en place et attirer de nouveaux/elles collègues. Il existe 19000 infirmièr·es diplomé·es dans la nature (1) et plus encore à temps partiel. Nous avons un taux de chômage à 6% et les structures de soins maintiennent beaucoup de collègues en contrat précaire : CDD, intérim, temps partiel imposé. Au lieu d’améliorer nos conditions, le gouvernement exploite la bonne volonté de la population pour la faire travailler gratuitement via le recours au volontariat. Au lieu d’engager des aides soignant·es ou plus de personnel d’entretien, par exemple, l’Etat instrumentalise les étudiant·es. En somme, au lieu de réinvestir et d’engager, le gouvernement préfère brader nos métiers et mettre en concurrence les bénévoles et les étudiant·es avec les travailleur·euses salarié·es… c’est un comble ! Pire, une injure.

    Au lieu d’un réel débat public et d’une défense de la Santé comme un droit fondamental, ce sont des primes à la consommation que l’on nous verse pour essayer de nous faire taire. Nous ne les laisserons pas nous leurrer !

    C’est la tarification à l’activité qu’il faut dénoncer, instaurée il y a plus de 15 ans, qui n’a fait que créer une course à la rentabilité, et dont la logique est antinomique de celle du soin. C’est l’austérité appliquée au secteur, engendrant morts et complications médicales, qu’il faut combattre. C’est la réduction du nombre de lits d’hôpital qu’il faut dénoncer, qui ne cessent de baisser depuis 1990 (2). Ce sont les causes des pénuries d’infirmièr·es qu’il faut questionner. C’est de la précarisation des métiers logistique et hôtelier qu’il faut parler. C’est de l’organisation actuelle des soins de santé, morcelés entre diverses compétences publiques, qu’il faut débattre. C’est du nombre de médecin en activité à temps plein – moins d’1 médecin pour 1000 habitant·es selon l’INAMI en 2016 (3) – qu’il faut parler. C’est la baisse continue de l’accessibilité réelle et effective aux soins qu’il faut dénoncer. C’est l’augmentation du nombre de patient·es par soignant·es. C’est le “marché des séniors” qu’il faut remettre en cause. Ce sont ces questions qui sont essentielles, et qui sont les seules à même d’apporter une réponse structurelle et pérenne !

    Il est urgent de dénoncer tout ça et demander justice et dignité pour nous toutes et tous. Nous museler au prétexte des risques sanitaires auxquels nous sommes par ailleurs exposés du fait du maintien des occupations non essentielles et de l’absence de mesures de protection adéquates (par exemple dans les transports en commun et dans les écoles) c’est encore ajouter une violence à celle que nous subissons depuis tant d’années.

    Nous voulons un changement clair de la politique des soins, maintenant. Nous refusons de travailler pour du chiffre et de soigner des numéros ! Nous voulons une politique de prévention efficace et du temps pour prendre soin de la population. Nous voulons plus d’effectifs soignants, logistiques, administratifs et hôtelier afin de d’améliorer le travail au chevet des patient·es et les conditions de travail de l’ensemble des professions lié au secteur de la Santé. Il faut mettre fin à la dynamique austéritaire de nos gouvernements qui provoquent un affaiblissement des nos services publics, et renforcer le financement de la Santé pour améliorer les conditions de travail et la qualité des soins.

    Que nous soyons soignant·es, patient·es d’aujourd’hui ou de demain, nous sommes toutes et tous concerné·es par la Santé ! Notre détermination est sans faille ! Nous devons augmenter le rapport de force ! Nous appelons toutes les personnes qui le souhaitent à nous rejoindre pour renforcer le combat ! Et c’est pourquoi La santé en lutte appelle à une grande journée d’action et de grève de l’ensemble du secteur au printemps !

    Bientôt, nous nous redonnerons rendez-vous dans la rue pour l’acte 2 de la Grande Manifestation de la Santé !!
    VIVE LA LUTTE DE LA SANTE !
    VIVE LA LUTTE POPULAIRE !
    VIVE LA SANTE EN LUTTE !

    Photos de marina et Celia

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  • Secteur des soins – Le gouvernement bat le chaud et le froid

    Photo : La Santé en Lutte

    Frank Vandenbroucke (SP.a, ministre fédéral de la santé publique) et Ben Weyts (N-VA, ministre flamand de l’enseignement) appliquent la même méthode: battre le chaud et le froid. Ben Weyts souhaite que les syndicats acceptent plus facilement le licenciement des enseignants en échange d’une nomination plus rapide (qui aurait immédiatement beaucoup moins d’intérêt en termes de sécurité d’emploi). Frank Vandenbroucke souhaite que le personnel soignant accepte la nouvelle loi concernant la délégation des tâches de soins infirmiers en échange d’une prime supplémentaire (qui ne serait que ponctuelle). Ils ne changeront pas la situation désastreuse de ces deux services essentiels.

    Par Anja Deschoemacker

    Que demande le personnel soignant ? La manifestation du 13 septembre organisée par le collectif La Santé en Lutte – qui a mobilisé des milliers de travailleuses et travailleurs de la santé en dépit des contaminations et des mesures sanitaires – exigeait un refinancement public du secteur afin de disposer de plus de personnel avec de meilleurs salaires et d’un service de qualité accessible à toutes et tous. Ils ont dû repousser une tentative d’interdire leur manifestation en faisant appel à l’opinion publique par le biais d’une lettre ouverte signée par plus de 1.000 soignants et ont fait face à la répression policière pendant la manifestation.

    Aujourd’hui, Frank Vandenbroucke ajoute l’insulte à l’injure : le personnel soignant peut recevoir une prime unique, une petite tape dans le dos. Mais le gouvernement refuse tout changement fondamental pour éviter au personnel des efforts surhumains et ne pas les placer devant le choix inhumain de décider qui sera soigné ou pas.

    La loi sur la délégation des tâches infirmières n’est pas seulement une insulte aux infirmières et infirmiers, c’est un cadeau au patronat du secteur pour encore plus presser le personnel comme des citrons tout en réduisant la qualité des soins. Dans son tract de novembre, La Santé en Lutte déclare : « une révolte légitime se développe dans nos rangs ».

    Organisons une deuxième vague de lutte !

    Au moment d’envoyer ce journal à l’impression, les premières actions étaient déjà annoncées. La pandémie a fait comprendre à de larges pans de la population ce que le personnel savait déjà : la loi du profit et la logique d’austérité tuent le secteur de la santé. Depuis des années, il pleut des témoignages de soignants selon lesquels la qualité des soins est mise à mal en raison du manque de personnel. Bien avant la pandémie, le risque d’épuisement mental et de burn-out y était très élevé. En Belgique, une infirmière s’occupe en moyenne de 10 patients, contre 5 dans un pays comme la Norvège. Ce n’est pas avec un membre du personnel supplémentaire par équipe (la seule chose déjà accordée) que la situation deviendra gérable.

    Le gouvernement fait la sourde oreille. Des moyens supplémentaires ont été consacrés à la santé, mais pas pour un véritable refinancement et pour mettre fin à la logique commerciale qui domine le secteur depuis ces dernières décennies, tant dans le secteur privé que dans le secteur public. Les fonds supplémentaires visent à combler certains trous et – surtout ! – à mettre fin à la “révolte légitime” des travailleuses et des travailleurs.

    Une deuxième vague de résistance est absolument nécessaire si nous voulons des soins de santé à la hauteur, sans bénévoles non qualifiés et non rémunérés, sans que le personnel testé positif au covid ne doive se rendre au travail et supporter la lourde charge mentale du risque d’infecter des patients déjà très vulnérables, sans que les tâches infirmières ne doivent être effectuées par du personnel ne disposant pas des connaissances professionnelles indispensables.

    Pour le 11 décembre, La Santé en Lutte appelle à un rassemblement rue de la Loi. Nous appelons chaleureusement nos lecteurs à y participer. Une nouvelle grande manifestation et l’élaboration d’un plan d’action syndical dans le secteur devraient être les prochaines étapes pour abroger cette loi et imposer au gouvernement de répondre aux exigences réelles du personnel.

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