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  • La politique européenne de libéralisation menace 5000 emplois à bpost

    La politique européenne de libéralisation est des plus néfastes pour nos services publics, et le personnel de la poste peut déjà particulièrement en témoigner. Chaque année est un nouveau bain de sang social avec une réduction drastique du personnel tandis que les ‘‘réformes’’ se succèdent rapidement. L’élément central a systématiquement été d’augmenter la flexibilité et la dégradation progressive de la prestation de service aux utilisateurs. Mais ce n’est pas encore fini et de bien sombres nuages sont encore à l’horizon.

    Après la fermeture de nombreux bureaux de poste et l’augmentation de la flexibilité des postiers via les divers plans ‘‘Georoute’’, il semble maintenant que tout cela n’est pas suffisant pour la Commission européenne ! Cette dernière examine actuellement le soutien des autorités à bpost, et l’entreprise pourrait avoir à rembourser des centaines de millions d’euros. Même le subside public annuel de 321 millions d’euros pour mission de service public (paiement des pensions à domicile, distribution du courrier électoral, vente de timbres d’amendes et distribution de journaux) est en pleine ligne de mire. En tout, ce ne sont pas moins de 5.000 emplois qui sont menacés.

    Ces dernières années, bpost nous a été présenté comme l’exemple type de la politique de libéralisation. En un temps record, les attaques se sont succédées contre la prestation de service et le personnel. En réaction, différentes grèves locales ont eu lieu, bureau par bureau, pour lutter notamment contre l’introduction des plans Georoute ou encore contre la fermeture de bureaux de postes. Hélas, il n’y a pas eu de véritable lutte nationale unifiée, et toutes ces mesures ont finalement pu être imposées.

    Le résultat de cette politique de casse sociale est une entreprise rentable – dont une part importante du profit réalisé s’envole vers les caisses de l’actionnaire privé CVC – avec un topmanager de haut vol avec un salaire extravagant et moins de personnel, des conditions de travail plus éprouvantes et une qualité de service diminuée. Pour la Commission européenne, ce n’est pas encore suffisant.

    Le quotidien économique L’Echo / De Tijd a dévoilé que des documents internes circulent dans les cercles gouvernementaux au sujet d’une enquête européenne consacrée à l’aide ‘‘illégale’’ de l’Etat, ce qui menace directement 5.000 emplois. Sans le soutien du gouvernement, la livraison des journaux et des retraites est mise en péril, et la distribution de journaux concerne à elle seule 2500 emplois.

    En 2010, le nombre d’équivalents temps plein (ETP) a chuté pour la première fois sous les 30.000. En 2008, il y avait une moyenne de 31.460 travailleurs, pour 30.030 en 2009 et 29.324 en 2010. Cela signifie donc qu’il y a eu une diminution de 1430 emplois et puis une autre de 706. En sept ans, 12.000 emplois ont disparu, et la direction veut en faire disparaitre 6300 autres d’ici 2017. Ce carnage social provient du fait que le personnel n’est pas entièrement remplacé quand il part en retraite. Des 2000 départs naturels en pension, seule la moitié est remplacée, avec des conséquences très négatives. Mais de juteux profits sont ainsi réalisés dans le service public. Pour l’exercice 2010, 209,6 millions d’euros de bénéfice ont été versés aux actionnaires, pour un bénéfice total d’exploitation de 319,2 millions d’euros. Le CEO de bpost, Johnny Thijs, s’est quant à lui mis 1,07 million d’euros en poche.

    Au-delà du massacre annuel ‘’habituel’’ sur l’emploi, la Commission européenne veut donc s’en prendre à 5000 autres. Plutôt que de couper dans les dividendes aux actionnaires, la Commission souhaite s’attaquer au personnel. Selon la direction de bpost, cela n’est pas encore à l’ordre du jour, le rapport de la Commission européenne n’étant pas encore terminé. Les syndicats ont eux aussi déclaré que les nouvelles publiées dans L’Echo sont ‘‘très prématurées’’.

    Il est vrai qu’aucune décision n’a encore été prise, mais la direction du processus de libéralisation est on ne peut plus claire. Peut-être bien que cette attaque contre les emplois n’arrivera pas, mais si nous nous ne faisons rien, cette logique sera exécutée. La direction n’a jamais hésité à sabrer joyeusement dans l’emploi et les conditions de travail ‘‘au nom de l’Europe’’. Le gouvernement perçoit chaque année environ un tiers de l’aide publique en retour sous forme de dividendes tandis que les actionnaires privés ont pu se mettre en poche des centaines de millions d’euros ces dernières années. Et c’est cette logique que veut appuyer la Commission Européenne. Un marché postal libéralisé signifie que des bénéfices doivent être faits. Point.

    La meilleure manière d’assurer de pouvoir éviter toute nouvelle attaque éventuelle est d’enfin organiser sérieusement l’opposition aux politiques de libéralisation ainsi que la résistance au bain de sang social annuel de bpost. La livraison de courrier est un service public et non pas une vache à lait pour les actionnaires privés, ce qui signifie un service de qualité et centralisé, effectué par des travailleurs aux bonnes conditions de travail et avec de bons salaires.

  • Bpost: Ensemble, en grève pour nos droits et la prestation de services

    Ce vendredi 11 février 2011, il y a grève à Bpost, après des années d’économies au détriment de la prestation de services et du personnel. La goutte qui a maintenant fait déborder le vase est ”le plan stratégique 2020” et le dossier concernant les ‘‘facteurs auxiliaires’’ qui traîne déjà depuis un moment. Plus de 10.000 statutaires devraient ainsi être remplacés par 7.000 facteurs auxiliaires en équivalent temps plein.

    Model 9 Tract pour et par des facteurs combatifs. PDF

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    Action à Charleroi en 2009. Depuis lors, de nouveaux chiffres ont été connus: en 2009, Johnny Thijs a gagné 1 million d’euros. Le salaire pour les facteurs auxiliaires a été augmenté jusqu’à 9,8 euros de l’heure. Thijs a obtenu 25% d’augmentation, contre 16% pour les facteurs auxiliaires, et eux à partir d’un salaire de misère proprement scandaleux.

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    A travail égal salaire égal!

    Le terme de ‘‘facteur auxiliaire’’ pourrait laisser penser qu’ils sont là pour aider les facteurs dans leur travail. Mais en réalité, ces facteurs auxiliaires vont véritablement remplacer les facteurs.

    Ces facteurs auxiliaires effectueront un même travail que les facteurs classiques, mais avec de plus mauvais salaires et conditions de travail. C’est une lourde violation du principe ”à travail égal salaire égal”!

    Suite à l’annonce de la grève, le patron de la poste, Johnny Thijs, a déclaré qu’il était prêt à parler des salaires des postiers de secours (9,8 euros brut de l’heure). Une journée nationale de grève entraîne un résultat. Maintenant, il faut maintenir la pression pour que les facteurs auxiliaires obtiennent réellement un salaire égal pour un travail égal!

    De lourdes pertes d’emplois dans les bureaux locaux

    Ces dernières années, il y a eu environ 2.000 départs naturels de statutaires chaque année, remplacés par un millier de travailleurs avec de plus mauvaises conditions sociales, en intérim,… Résultat: des 40.000 membres du personnel en 2003, il ne doit pas maintenant en rester plus de 30.000.

    Le nouveau plan stratégique qui doit être appliqué en 2011-2015 a pour but la transformation totale du tri, du transport et de la distribution. Cela signifie que le travail serait davantage automatisé et centralisé dans les grands centres de tri, avec en conséquence de lourdes pertes d’emplois dans les bureaux locaux.

    Une partie du travail du facteur est aussi en danger. Les tournées seraient organisées par numéros de maison et le nombre de bureaux de distribution diminuerait de 589 à seulement 55. Les centres de tri deviendront de grandes usines de courrier. ‘‘Le personnel devra aller travailler dans un des grands centres de tri’’ déclara la direction. A terme, Bruxelles X deviendra l’unique centre de distribution.

    Encore plus de flexibilité

    La flexibilité devrait aussi augmenter. Le personnel travaillerait ainsi moins de temps en été (5 à 6 heures) et en hiver de 9 jusqu’à même 10 heures ! Et cela sans la moindre compensation. La productivité serait plus sévèrement contrôlée et serait augmentée au travers de tout un tas de moyens de pression.

    Bpost aurait aussi recourt à toutes sortes de sous-traitance pour les tâches administratives ou encore pour les services de mails, et le nettoyage, les restaurants, les multi-snacks,… seraient totalement sous-traités. Ce sont là des méthodes pour s’en prendre aux statuts, ou plutôt à ce qu’il en reste.

    Ensemble en action

    Nous soutenons l’action de grève du 11 février parce que nous sommes contre la destruction des acquis sociaux du personnel, nous voulons que soit respecté le principe ”à salaire égal travail égal”, de même que nous voulons une prestation de services de qualité, ce que devrait être un service public pour la population ! Avec cette grève, les travailleurs de Bpost peuvent mettre une pression massive sur la direction.

    Le personnel doit élaborer un plan d’action avec les syndicats afin de parvenir à totalement balayer ces projets. Cela ne pourra s’effectuer qu’en tenant des assemblées de discussion et d’information démocratiques et que si les syndicats de Bpost s’orientent vers un plan d’action combatif. Lutter bureau par bureau ne suffira pas, nous devons lutter ensemble. Il faut également faire appel au mécontentement qui vit parmi les usagers. Les économies appliquées des années durant ont aussi mis la prestation de services sous pression, notamment avec la fermeture des bureaux de poste. Le personnel et les utilisateurs ont des intérêts identiques dans la lutte contre le la libéralisation du marché du courrier, où la recherche de bénéfice est centrale au détriment de la prestation de services.

    Partir en action ensemble est nécessaire pour stopper la politique d’austérité !

  • Libéralisation : La mort du facteur

    Bpost suivra-t-il bientôt l’exemple néerlandais ?

    TNT Post est la plus grande entreprise postale des Pays-Bas et compte quelques 75.000 travailleurs, dont 12.500 facteurs à plein temps. TNT Post est le successeur de ce qui était autrefois le service public postal, maintenant filiale de la société TNT qui comprend TNT Express (transport), TNT Fashion Group (mode) et TNT Business Solutions (consultants). La voie de l’avenir ?

    Par Christophe

    Les travailleurs de TNT Post ont lancé une grève nationale le 16 novembre dernier pour protester contre la proposition de la direction de remplacer tous les facteurs par des distributeurs de poste, meilleurs marché. La direction veut du personnel à mi-temps (12 heures par semaine) qui travaille pour des bas salaires (environ 8 euros de l’heure). Cerise sur le gâteau, les facteurs doivent en plus travailler avec leur propre bicyclette… de tels ‘‘Mc Facteurs ™’’, il y en a déjà 13.000 aux Pays-Bas, chiffre que la direction veut pousser jusqu’à 35.000, au détriment de 11.000 emplois à plein temps, dont 3.100 licenciements directs. Après le succès de la grève du 16 novembre dernier et les 10.000 manifestants dans les rues de La Haye, les travailleurs veulent poursuivre leurs actions.

    TNT reçoit même des millions d’euros de subsides européens pour se débarrasser des travailleurs à temps plein et les remplacer par des contrats précaires. En 2009, TNT a ainsi reçu 4,1 millions d’euros du Fonds Social Européen pour recruter et former des travailleurs à mitemps. L’entreprise a également obtenu 5,5 millions d’euros pour la formation des postiers qu’elle veut licencier ! Ce type de mesures ne sont pas inconnues chez Bpost, cela n’est en fait que la résultante de la politique de libéralisation du marché du courrier. Les conditions de travail et de salaire sont attaquées dans tous les pays afin d’être suffisamment ‘‘compétitives’’. Pour le personnel et pour la prestation de services, cela signifie concrètement une spirale vers le bas.

    Aux Pays-Bas, la libéralisation de la poste a conduit tout droit à une situation où trois entreprises postales se disputent le terrain à coups de bas tarifs. Mais les restructurations successives minent la qualité de la distribution du courrier et la pression au travail est bien trop élevée. Des quartiers passent ainsi parfois plusieurs jours sans la moindre distribution tandis que l’arrivée de nombreux contrats précaires augmente la pression sur tout le personnel. Finalement, le résultat de la politique de libéralisation, c’est la fin du facteur et du service postal !


    Bpost quasiment prêt à la libéralisation…

    La direction estime que Bpost est presque prêt pour la libéralisation. Les bénéfices ont augmenté pour atteindre les 240 millions d’euros en 2009, et le résultat de 2010 sera encore meilleur : résultats obtenus au détriment du personnel et des services.

    Des dizaines de bureaux de poste ont été fermés, il ne reste aujourd’hui que 29.600 des 40.000 travailleurs de 2003 et le patron Johnny Thijs veut encore réduire le personnel ! Chaque année, 2.000 travailleurs quittent l’entreprise (plus de la moitié des travailleurs a plus de 45 ans), mais le patron ne veut en remplacer que la moitié et donc liquider 1.000 postes chaque année ! D’après Thijs, cela doit réduire ‘‘les frais du personnel’’. Pas question, par contre, de mettre en question son salaire personnel de 1 million d’euros en 2009. En 1994, le topmanager de La Poste gagnait six fois l’équivalent du salaire moyen d’un facteur. En 2009, ce chiffre était monté à 45 fois. Ça aussi, c’est la réalité des libéralisations !

  • La crise exige une modification de la politique économique – La lutte des classes en déterminera le caractère (Troisième partie)

    Dans cette partie, nous regardons dans quelles mesure les caractéristiques de la crise économique internationale se manifestent aussi en Belgique. Nous parcourons le marché immobilier, l’inflation, les cadeaux fiscaux aux entreprises et les salaires des managers. Nous expliquons comment cela conduit aux grèves spontanées que la bourgeoisie et les politiciens aimeraient brider. La combativité à la base s’est reflétée dans des discours plus radicaux le premier mai, dans un bon résultat pour les délégations syndicales combatives dans les élections sociales, et enfin dans la semaine d’actions de juin 2008.

    Texte de perspectives du Congrès National DU PSL/LSP. Ce texte a été écrit durant l’été.

    La folie des bourses laisse des traces aussi en Belgique

    75. En termes de distribution inégale de richesse, la Belgique n’est pas mieux placée que les autres pays de l’OCDE. En juillet 2008, les fortunes nets des familles belges étaient de 1.610 milliards d’euros, à peu près 352.000 euros par foyer ou 151.000 euros par Belge. (1) Cela fait entretemps 14 ans qu’il n’y a plus eu de recherche sur la répartition de cette fortune. En 1994, Jef Vuchelen et Koen Rademaeckers sont arrivés à la conclusion que les 50% des fortunes appartenaient à 10% des familles les plus riches, contre seulement 1,1% des fortunes pour les 10% des familles les plus pauvres. Nous supposons que cette différence s’est plutôt creusée que diminuée. (2) Selon Merill Lynch, à la fin 2006, il y avait 68.000 millionnaires en dollars en Belgique, fin 2007 ils étaient déjà 72.000. (3) En 2007, les entreprises belges cotées en bourse ont vu pour la première fois en 5 ans diminuer leurs profits suite à la crise du crédit. En 2005 et en 2006, ces profits avaient encore monté à chaque fois de 30% contre une baisse de 11% en 2007 jusque 19,14 milliards d’euros. Pourtant, ces mêmes entreprises ont distribué 10,2 milliards d’euros aux actionnaires, une augmentation de 42% comparée à l’année précédente. Cela fait qu’en 2007, malgré la crise du crédit ou peut-être justement à cause d’elle, la moitié du profit net a été versée aux actionnaires contre un tiers en 2006.(4)

    76. Ainsi, la fine fleur du capital belge s’est protégée contre les conséquences de la crise du crédit. Celle-ci n’a pas épargné la Belgique. Il est difficile de prévoir où le BEL-20 se trouvera fin 2008, mais avec une perte d’en moyenne 23%, le premier semestre de 2008 était la pire chute en 21 ans, depuis le crash boursier de 87.(5) Surtout les banques, qui représentaient en 2006 encore 42% du BEL-20, ont fortement chuté. Cela s’explique par le fait que toutes les grandes banques belges, y compris la KBC qui a perdu 32,4% de sa valeur boursière lors du premier semestre de 2008, se sont laissées séduire par des instruments financiers souvent couverts par des hypothèques à grand risque américaines. Pour Dexia (-44,4% de la valeur boursière), s’y ajoutent les difficultés de sa filiale américaine, le rehausseur de crédit FSA. Pour Fortis, -46,48% de sa valeur boursière, s’y ajoute sa reprise annoncée en grandes pompes mais mal planifiée, d’ABN Amro. Cela fait que l’action Fortis vaut aujourd’hui (juillet 2008) à peu près la moitié d’une action de la Société Générale en 1998. Au printemps précédent, l’action Fortis valait encore 35€, à la fin du premier semestre 2008 moins de 10€. (6)

    77. La Banque nationale a calculé la perte totale des Belges en conséquence de la crise boursière en juillet 2008 à 50 milliards d’euros, dont la moitié en conséquence de la baisse des valeurs des actions, et l’autre moitié en perte sur des fonds de pension et des fonds d’investissement (les sicav). Les dettes des familles ont aussi augmenté. Mais c’est surtout le personnel qui paiera la facture. « Des changements des banques belges qui prendraient normalement 15 ans, tels que la rationalisation du réseau couteux des agences, seront grâce à la crise du crédit réalisés en quelques années », dit Dick-Jan Abbringh, auteur de « Trendbreuk.be ? Nieuwe spelregels in een digitale wereld » (« Inversion de la tendance.be ? Nouvelles règles du jeu dans un monde digital »), son livre pour lequel il a interviewé 15 managers du monde financier en Belgique. « Il est certain qu’il y aura des licenciements massifs. Il y a un bel avenir pour des gens qui donnent des conseils financiers de haute qualité, mais non pas pour les employés de banques qui aident les clients à remplir les formulaires de virement. » (7) En bref, celui qui amène beaucoup d’argent obtiendra un siège confortable, mais celui qui a des difficultés à s’en sortir selon laissé à son propre sort.

    Les fondements minés

    78. Jusqu’ici, l’économie belge n’a pourtant pas presté de façon faible. Avec un chiffre de croissance de 2,8% en 2006 et en 2007, elle a même fait un peu mieux que la zone euro. Après une augmentation du chômage en 2005, il y a eu une légère baisse en 2006, suivie d’une baisse plus forte en 2007. Le déficit budgétaire était légèrement négatif en 2007 (-0,2%), mais quand même moins que la moyenne de la zone euro (-0,6%).(8) Après quelques années de diminution (2000-2005) ou de croissance faible (2006) (9), les investissements en 2007 ont connu une vraie accélération de 8%. Notre pays s’avère d’ailleurs être une des localités les plus attirantes de l’Europe pour les investissements étrangers. En Europe (27), seulement 4 grands pays, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France et l’Espagne, ont accueilli plus d’investissements. Entre 2003 et 2007, les investissements étrangers directs représentaient 12,3% du PIB ! Ceci n’est que de 1,2% pour l’Allemagne, 3,4% pour la France, 5,3% pour les Pays-Bas et 3% pour la chine.(10) Nous devons évidemment considérer les proportions et aussi le caractère de ces investissements, mais prétendre que la Belgique ne serait pas attractive pour des investisseurs étrangers n’est pas possible. Grâce à la prestation durant le premier semestre, la croissance des investissements en 2008 sera de 6,6%, mais retombera ensuite jusqu’à seulement 1,7% en 2009.(11)

    79. Ici s’arrêtent les bonnes nouvelles. Depuis, les 6 marchés d’exportations les plus importants de l’économie belge sont au bord de la récession. Il s’agit de l’Allemagne, de la France, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, l’Espagne et l’Italie. Ensemble, ils représentent deux tiers de notre exportation. Pour un pays dont l’exportation des marchandises représente 71% du PIB, c’est d’une importance vitale. De plus, l’industrie belge livre beaucoup de produits semi-finis. Elle est une sorte de sous-traitant pour l’industrie des partenaires commerciaux.(12) Sur cette base, la KBC estime réaliste que l’économie belge parte en récession technique à partir du deuxième semestre 2008.(13) Qu’importe, pour la première fois en 16 ans, la balance commerciale risque en 2008 d’être déficitaire. Pendant les 5 premiers mois, la Belgique a connu un déficit de 7 milliards d’euros contre un surplus de 2,5 milliards d’euros l’année dernière. Le refroidissement de l’exportation est une des raisons principales pour lesquelles le Bureau du Plan a dû réajuster ses perspectives de croissance vers 1,6% en 2008 et seulement 1,2% en 2009.(14)

    Marché immobilier : illusions statistiques ?

    80. L’autre raison est le ralentissement de la demande intérieure, principalement la consommation particulière. Sa croissance en 2007 encore de 2,6% retombe en 2008 à 1,4% et en 2009 même à 0,8%.Les augmentations de prix de ces derniers mois et années y sont pour quelque chose. Entre 97 et 2007, les prix des maisons dans notre pays ont augmenté en moyenne de 142% ou 9,2% par an. Même le FMI trouve, compte tenu de la croissance des revenus nets, de la population à l’âge du travail, de la croissance du crédit et des cours des actions, que c’est 17% de trop. Moins qu’en Irlande, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, mais autant qu’en Espagne et même 5% de plus qu’aux Etats-Unis. Ne devons-nous pas alors craindre une chute du marché immobilier ? Oui, selon certains économistes et le secteur immobilier. L’économiste Van de Cloot, de ING, estime que les augmentations de prix sont derrière nous et que nous allons vivre pour la première fois depuis le crash de 79-82 une stabilisation, il n’exclu même pas la première baisse des prix depuis cette époque. (15)

    81. Les prix des maisons et des terrains à construire ont bien augmenté lors de la première partie de 2008 comparé au premier semestre de 2007 – de 8,1% pour des maisons d’habitation, de 5,5% pour des appartements et même de 9,7% pour des terrains à construire – mais des promoteurs parlent d’une « illusion statistique ». Ils prétendent avoir constaté un point tournant en octobre et sont d’avis qu’une correction est en train de se faire. « Ce ne sera pas de la même force qu’au RU, en Irlande ou en Espagne, disent-ils, mais elle peut durer pendant quelques années. » (16) Pourquoi pas de la même force ? Selon Dick-Jan Abbringh, parce qu’en Belgique, le marché des prêts hypothécaires ne correspond qu’à 34% du PIB contre plus de 100% aux Pays-Bas. (17) Pourquoi pendant quelques années ? Selon Van de Cloot, parce que « on croit de plus en plus au caractère élevé structurel de l’inflation. Si cela se traduit en un taux d’intérêt à long terme fondamentalement plus élevé, nous pouvons oublier un retour à l’époque des prix hypothécaires bons marché. Justement ces prêts là étaient la force conductrice derrière la croissance immobilière de ces dernières années. » (18) N’avons-nous donc rien à craindre ? La KBC ne s’attend pas seulement à une stabilisation des prix des maisons, mais aussi à une chute de la construction. (19) Ce que cela va signifier pour l’emploi dans le secteur de la construction n’a pas encore été chiffré.

    82. Nous saisissons l’occasion de démontrer une autre illusion statistique beaucoup plus grande. Selon le Bureau du Plan, le revenu réel disponible des foyers, donc de salaires, y compris des managers, et d’allocations, mais aussi de fortunes financières et immobilières, connaitrait en 2008 encore une croissance de 0,1% et en 2009 même de 1,8%.(20) Avec « réel », on veut dire en tenant compte de l’inflation. Il faut se poser la question : quelle inflation ? Pour le Financial Times, l’inflation aux USA, qui serait de 2,5%, serait de 8,9% si l’on appliquait la manière de calcul d’avant 1992, qui a changé radicalement depuis !(21) Le chiffre national de l’indexation des prix de consommation, qui serait de 4,7% cette année-ci, contre 4,2% de l’index-santé, et qui serait de 2,7% l’an prochain, contre 2,6% pour l’index-santé, n’est pas du tout une réflexion correcte des véritables augmentations de prix. Ceux-ci sont beaucoup plus importants parce que des postes de dépense importants tels que le loyer y ont un poids inférieur au poids qu’ils représentent dans la réalité. Le loyer compte pour 6,2% (22) Plus de 23% de la population sont des locataires. La consommation d’habitation totale dans notre pays représente d’ailleurs 20% de toutes les dépenses des foyers. (23)

    83. Ceci nous aide immédiatement à comprendre pourquoi le loyer commence à être impayable pour les familles. Une étude commandée par le gouvernement flamand démontre qu’après retrait des dépenses d’habitation, les locataires disposaient en 2005 encore de 881 euros contre, corrigé après inflation, 1041 euros en 1992 ! Le pouvoir d’achat des locataires est fortement réduit depuis 1992, de 86 euros dans la période 1992-1997 et de 161 euros dans la période 1997-2005. En 2005, les locataires détiennent depuis 1992 en moyenne 16% de moins après avoir payé leur loyer qu’en 1992.(24) Ceci a évidemment à faire avec la faiblesse du secteur des logements sociaux qui en Belgique (10%) a un grand retard sur des pays tels que les Pays-Bas (largement 40%), le RU et la Suède

    Hystérie de l’inflation

    84. Les CPAS de Wallonie ont construit un « index de précarité » sur base des dépenses des foyers pauvres. Il apparait qu’un foyer qui vit du revenu d’insertion social de 997€, dépense en moyenne 27% à l’alimentation, et pas moins de 42,5% à l’habitation contre une moyenne de 26% pour toute la Wallonie. L’index de précarité a connu entre janvier 2006 et janvier 2008, donc avant la forte augmentation de l’inflation, une croissance deux fois plus élevée que le chiffre officiel d’indexation. La fédération wallonne des CPAS demande une adaptation urgente du revenu d’insertion sociale, pour une personne isolé de 698 à 860€ et pour une famille avec enfant, de 930 à 1548€. Ceci signifierait selon la Cour des Comptes, une dépense additionnelle de 1,25 milliards d’euros par an si c’est appliqué sur le plan national.(25)

    85. Le Bureau du Plan admet lui-même que le revenu réel des foyers a été « négativement influencé » parce que l’augmentation des prix de l’énergie n’est pas tenu en compte dans l’index-santé qui règle l’adaptation des salaires et des allocations aux augmentations des prix.(26) Cette augmentation n’est pas des moindres. Beaucoup de familles de travailleurs ont toujours été méfiants à propos de la fable selon laquelle la libéralisation du marché de l’énergie réduirait les frais du consommateur. Cette méfiance a été confirmée en octobre 2007. Après Electrabel, c’était aux distributeurs d’augmenter leurs tarifs. (27) En février, la Banque Nationale a demandé des compétences supplémentaires pour le Creg, le régulateur fédéral du marché de l’énergie, afin d’annuler au moins une partie des augmentations de prix.(28) Le Creg lui-même demande de réduire le tarif de la TVA sur l’énergie de 21 à 6%, et une approche plus dure tant vers les producteurs que vers les distributeurs (29). En avril, il est apparu que les dépenses pour se chauffer et se nourrir pour une famille moyenne avec deux enfants vont monter de 676€ en 2008, et pour une personne isolée de 330 €. (30) Vers septembre, le prix du gaz avait déjà augmenté de 48,7% sur base annuelle, celui de l’électricité de 20,7% et on y ajoute que les prix vont encore monter. (31)

    86. À partir de février, les arguments du patronat sur l’hystérie de l’inflation ont définitivement été balayés. (32) Il apparait que les prix des produits alimentaires transformés montent en force depuis la deuxième partie de 2007. Ces augmentations sont d’ailleurs en moyenne de 6% plus élevées qu’ailleurs dans la zone euro. L’abolition du prix du pain réglementé en 2004 a fait monter les prix hors proportion. Sur base annuelle, les prix des produits alimentaires transformés ont monté de près de 9%. (33) Mais lorsqu’il s’agit de son propre commerce, Unizo n’est plus unilatéralement en faveur du marché libre. Au contraire, Unizo n’est pas d’accord avec la Banque Nationale que plus de concurrence et moins de règlementations contribueraient à un niveau de prix plus bas. Dans sa réaction, l’économiste en chef Van de Cloot avertit de surtout ne pas répéter les fautes des années ‘70, lorsque les augmentations de prix ont été compensées par des augmentations générales de salaires. (34)

    Cadeaux fiscaux aux entreprises

    87. « Le mazout : +61%. Le gaz naturel : +52%. Le spaghetti : +42%. Le diesel : +32%. L’essence : +32%. L’électricité : +20%. » C’est ainsi que De Tijd a commencé son éditorial du 31 juillet, comme s’il fallait compenser ses précédents écrits sur l’hystérie du pouvoir d’achat. Même le chiffre officiel de l’indexation, cette illusion statistique, a dû, même si ce n’est que partiellement, refléter de telles augmentations de prix. En juillet, il a atteint 5,91%, le deuxième niveau les plus élevé en Europe, le plus élevé en 24 ans. (35) « Il est plus facile de rejoindre des manifestations pour plus de pouvoir d’achat », écrivait l’éditorialiste du Tijd, comme s’il ne faisait rien d’autre de ses journées, « que de remettre en question des systèmes que nous utilisons depuis des années. Mais nous devons aussi reconnaitre qu’il n’est pas raisonnable de faire payer l’inflation par les entreprises ou les autorités, les employeurs les plus importants, qui n’ont pas cette inflation en main. » Quoi ?

    88. Entre-temps, un sondage de City Bank Belgique a montré que 9 belges sur 10 réduisent leurs dépenses en réaction à la baisse du pouvoir d’achat. C’est surtout sur les loisirs, le chauffage, les vêtements et les appareils ménagers que nous faisons des économies.(36) Les 10% restants n’en ont pas besoin, ils se sont construit une bonne réserve depuis longtemps. Malgré la crise du crédit, les entreprises ont réalisé en 2007 en Belgique un profit record de 79 milliards d’euros, 4 milliards de plus que l’année record précédente, en 2006.(37) Ils ont eu beaucoup d’aide de la part des autorités. Selon le rapport annuel de la Banque Nationale, les entreprises ont reçu, en 5 ans, de 2003 à 2007 compris, 21,85 milliards d’euros en diminutions des contributions patronales à la sécurité sociale. En 2007 uniquement, c’était déjà largement 5 milliards d’euros. De plus, pendant cette même période, ils ont reçu pour 1,28 milliards d’euros de diminution du précompte professionnel, surtout sur le travail en équipe et de nuit (38), dont 730 millions rien que pour 2007.

    89. Mais le vol du siècle a sans aucun doute été la déduction des intérêts notionnels, introduite à partir du 1er janvier 2006 sous le gouvernement violet, un argument que Reynders lance régulièrement à ceux qui le critiquent au sein du PS et du SP.a. Le fait est que la violette avait initialement estimé le coût des intérêts notionnels à 500 millions d’euros, alors que cela coutera 2,4 milliards d’euros annuellement. Selon ce système, des entreprises peuvent déduire fiscalement non seulement l’intérêt qu’elles paient sur des prêts, mais dorénavant aussi un intérêt fictif sur leur propre actif. Cette mesure doit stimuler les entreprises à renforcer leur propre actif et même à encrer l’industrie en Belgique. On veut de cette manière compenser l’abolition des centres de coordination.(39) L’Europe considère ceux-ci comme une aide publique illégale et doivent être dissous au plus tard fin 2010.(40)

    90. Pour les entreprises, qui doivent officiellement payer 33,99% d’impôts, il s’agissait d’un jackpot. Cela réduit le taux d’imposition moyen des entreprises à seulement 25%.(41) Ce n’est donc pas étonnant que, déjà en 2006, 41% des 381.288 entreprises en ont fait usage. Le tout mis ensemble, cette année là a connu 6 milliards d’euros de déduction d’intérêt, dont 37% qui ont été accordé à seulement 25 entreprises. (42) Selon De Tijd, l’intérêt notionnel explique le fait que l’influx de capitaux en Belgique a doublé jusqu’à 72 milliards d’euros en 2006, soit plus que vers la Chine. De Tijd reconnait bien qu’une partie importante de ces capitaux sont des capitaux endormis qui créent à peine des emplois.(43)

    91. Mais la déduction des intérêts notionnels est controversée. En février 2008 déjà, Di Rupo brandissait une liste sur laquelle apparaissait le fait que les entreprises du BEL-20 payaient à peine encore des impôts. (44) Les entreprises publiques sont également passées à la caisse. La Banque nationale a ainsi épargné 17 millions d’euros en taxes ; la SNCB 1,4 millions d’euros et La Poste 8,6 millions d’euros. (45) De plus, le calcul des intérêts notionnels incite à la fraude, pleins d’entreprises cumulant toutes sortes de déductions, d’une telle ampleur que l’administration fiscale a du mettre sur pied un groupe spécial d’intervention pour les combattre. (46) Mais les patrons ne vont pas facilement abandonner leur fleuron. Ils ont même fait appel à la Banque nationale pour relativiser le coût de la mesure. L’avantage fiscal de 2,4 milliards d’euros pour les entreprises est un coût brut, argumente la Banque Nationale. Sur base de « données provisoires » pour 2006, elle conclut, une année et demi plus tard, que le coût net en 2006 se situerait « quelque part entre 140 et 430 millions d’euros ». (47) La Banque admet d’ailleurs qu’une fois que la mesure arrivera à sa vitesse de croisière, le revenu des impôts des entreprises sera fortement réduit. L’administration fiscale donne des chiffres plus précis, elle a calculé le coût net de la mesure à 1,2 milliards d’euros ! (48)

    92. En terme d’effets sur l’emploi, la Banque Nationale estime « possible » que la mesure aie créé 3.000 emplois. Cela fait entre 46.500 et 144.000 euros par emploi. Si nous prenons les chiffres de l’administration fiscale, cela fait même 400.000 euros par emploi. Si on avait dépensé tout cela pour élever le pouvoir d’achat, l’effet sur l’emploi aurait probablement rapporté des dizaines de fois plus, et qui sait si cela n’aurait pas amené plus d’investissement. Le PS et le SP.a devaient bien essayer de corriger le tir quelque part. Le SP.a avec sa proposition d’une mesure anti-abus, par laquelle l’administration fiscale peut refuser la déduction des intérêts notionnels si la seule intention n’est que fiscale sans création d’emploi. Le PS avec sa proposition de taxe sur la valeur ajoutée sur la vente des actions, tel que cela existe en Italie et en France. (49) Les deux propositions sont restées au frigo.

    93. Depuis 1988, le SP.a et le PS se trouvent au gouvernement, pour le SP.a jusqu’en 2007, pour le PS jusqu’à aujourd’hui. Suffisamment de temps donc, si ce n’est que pendant cette même période, de nombreux dossiers de fraude ont dépassé la prescription. Paul Dhaeyer, chef de la section financière du parquet de Bruxelles, ne le cache pas. « Beaucoup d’étrangers considèrent la Belgique comme un paradis fiscal, depuis des années nous sommes en sous-effectif. Il y avait un manque chronique de moyens. C’était un choix politique. » (50) Aussi, dans le scandale récent à « Liechtenstein Global Trust », au moins une cinquantaine de personnes résidant en Belgique seraient impliqué.

    94. Malgré cela, les patrons et leurs représentants politiques trouvent qu’ils paient encore trop. Et donc, Unizo et Voka plaident pour laisser les entités fédérées déterminer le taux d’imposition des entreprises. Ils pensent pouvoir ainsi réduire les impôts des sociétés jusqu’à 20%. Mais ce n’est pas seulement l’impôt des sociétés qui doit être réduit, les impôts sur les personnes physiques, qui doivent entre autres financer les services publics collectifs, sont selon eux trop élevé. Pour le CD&V Hendrik Boogaert, la pression fiscale aux Pays-Bas serait de 40% du PIB contre 44% en Belgique. « Les impôts doivent donc être réduits de 14 milliard d’euros. », conclut-il, ce qui correspond à 4% du PIB (51).

    95. Ceux qui prônent les réductions de charge argumentent toujours les ‘effets de retour’. Ce que cela vaut, nous le savions déjà, mais cela a été récemment confirmé scientifiquement par deux recherches. Ive Marx, sociologue du CSB à Anvers et Kristian Orsini, doctorant à la KUL, ont constaté tous deux que l’effet des baisses des charges est surestimé. Orsini est d’ailleurs tout sauf quelqu’un de gauche. Il plaide pour une limitation des allocations de chômage dans le temps pour remplacer la baisse des charges. (52)

    Des rémunérations généreuses pour les patrons

    96. Ce qui n’échappe pas non plus à l’attention de beaucoup de familles de travailleurs, ce sont les salaires exagérés des managers des entreprises. Ce n’est pas pour rien que les économistes bourgeois parlent d’avidité, surtout lorsque l’on considère la modération salariale qui a été imposée aux travailleurs depuis des années. L’appel pour plus de contrôles devient de plus en plus pressant. Certainement aux Etats-Unis, où un mouvement, soutenu par les démocrates, s’est créé sous le nom « Say on pay », mais également un peu partout dans le monde, y compris en Belgique. Le patron d’Inbev, Brito, a reçu en 2007 une augmentation salariale de 9%, jusqu’à 4,25 millions d’euros, plus ou moins 375.000 euros par mois ou 12.500 euros par jour. Le patron de Fortis, Votron, a reçu une augmentation de 15% à 3,9 millions d’euros. (53) De nouveau, les patrons des entreprises publiques suivent leurs collègues du secteur privé. Didier Bellens de Belgacom a reçu en 2007 une augmentation de 42%, à 2,7 millions d’euros, à peu près 225.000 euros par mois, même si, depuis, il a dû assainir. Cette même année, Johnny Thijs a allégé la Poste de 900.000 euros, soit 75.000 euros par mois, autant que le salaire combiné d’un bon bureau de Poste de distribution. (54)

    97. Pour Vincent Van Quickenborne (VLD), ce sont les affaires des actionnaires, dans lesquelles les autorités ne doivent pas intervenir. C’est ce même Van Quick qui trouve qu’il y a trop de fonctionnaires. Son camarade De Gucht est plus réaliste. « Pendant que les salaires les plus élevés connaissent un pic, il y a une classe moyenne croissante qui est de plus en plus en difficulté. Ceci fait obstacle au ‘plaidoyer de modération’ dans la sécurité sociale. (…) Le sommet des entreprises doit bien se réaliser qu’il ferait mieux lui aussi de modérer afin de ne pas stimuler des tendances populistes ; les gouvernements de l’occident doivent mieux répartir les fruits de la mondialisation, sans détruire ces fruits. » (55) De Gucht est plus ou moins le prototype du libéral, l’homme de la raison, sans dogme, et évidemment franc-maçon. Ce n’est pas un libéral vulgaire comme Van Quick, qui n’a retenu du libéralisme que le droit de se remplir les poches de façon illimitée. Pour De Gucht, le libéralisme n’est pas une carte blanche pour l’avidité. Il estime évidemment la liberté de l’individu et la propriété privée comme étant supérieure à Dieu, à la Nation, ou à la communauté collective, même si cette liberté mine celle des autres. Ce qui est inacceptable selon lui, c’est que le système même qui permet à l’individu de jouir de cette liberté soit miné.

    98. Le problème de De Gucht, c’est que son système libéral est en contradiction avec les lois de fonctionnement du capitalisme. Il a dû lui-même subir cela lorsqu’il a voulu donner des leçons à Kabila et aux autorités congolaises sur la corruption et l’incompétence. Non seulement Leterme a dû intervenir pour sauver les meubles, en fait surtout les contrats lucratifs, mais en plus, son camarade Pierre Chevalier, nommé représentant belge des Nations Unies au Congo, à condition qu’il délaisse son mandat à Forrest International, avait été en cachette renommé administrateur délégué de Forrest Int. Rik Daems, le tueur de la Sabena, un autre camarade de De Gucht et ancien ministre des télécoms (de 1999 à 2003), aurait agit comme consultant en 2007 pour Belgacom au Qatar. Coïncidence ? Nous ne le pensons pas. Un système basé sur la chasse aux profits a comme conséquence inévitable que certains dépassent les lignes quand ils colorient.

    Actions pour plus de salaire

    99. Il n’est donc pas étonnant que beaucoup de travailleurs soient insensibles aux arguments de De Tijd et soient bien d’avis qu’il est temps que les patrons et les autorités y mettent de leur poche. Après une année record en 2005, l’année du Pacte de solidarité entre les générations, avec 669.982 journées de grèves enregistrées, il y a eu une pause de deux ans. (56) Il n’y a pas encore de statistique pour 2008, mais il est pratiquement sûr que la courbe de grève cette année fera un saut. On aurait pu le savoir. En avril 2007, quelques grèves spontanées avaient déjà éclaté à Zaventem et chez les fournisseurs de Ford Genk. Le système de sous-traitance, de fournisseur, de travail intérimaire, de travail à temps partiel ou temporaire, avait été mis sur pied afin de diminuer la force des travailleurs. Mais, comme tout système, celui-ci connait aussi ses limites. Dans une carte blanche dans De Tijd, on souligne le fait que « les travailleurs de la ‘périphérie’ (de la production) savent à peine qui est leur vrai employeur, les syndicats les considèrent comme des forces étrangères, et notre modèle de concertation n’a pas prévu de donner à ces travailleurs le sentiment qu’ils font partie du système. » (57)

    100. Chez les fournisseurs de Ford Genk, on savait très bien qui étaient les vrais employeurs. Le fait que Ford Genk pouvait à peine suivre la demande n’avait pas échappé à sa ‘périphérie’. C’était le bon moment de se mettre en action. A commencer par le 14 janvier 2008, à Syncreon, fournisseur de panneaux de portière et de pots d’échappement. Ils ont obtenu 0,47 centimes d’euros et deux boni de 500 euros. Après cela, la vague de grèves spontanées ne pouvait plus être arrêtée. Fin janvier, la vague avait déjà touché 32 entreprises, dont 14 au Limbourg, mais aussi 6 à Liège et 5 à Anvers. C’était surtout le secteur automobile, avec 12 entreprises, et d’autres entreprises métallurgiques (9) qui ont été touchées. (58) Nous n’avions plus vécu une telle vague de grèves spontanées depuis la fin des années ‘60 et surtout le début des années ‘70. Là aussi, les travailleurs avaient le sentiment qu’ils avaient insuffisamment reçu les fruits de la bonne conjoncture.

    101. Agoria, l’organisation patronale du métal, qualifiait ces grèves « d’illégales ». La FEB et le sommet de la CSC ont tempéré et insistaient surtout sur le fait qu’il fallait sauvegarder le modèle de concertation. (59) Finalement, selon Agoria, 42 entreprises du secteur auraient été confrontées à des revendications salariales supplémentaires. Ce n’est pas une coïncidence. Dans le secteur du métal s’applique ce qu’on appelle les « accords all-in » ou leur version adoucie, les « accords saldo ». (60) Le sommet syndical a réussi à faire dévier les revendications pour plus de salaires vers une vague de bonus. Ce système n’était entré en application qu’un mois auparavant. Il détermine que des entreprises peuvent, à un tarif fiscalement intéressant, payer un bonus jusqu’à 2.200€ nets par an au travailleur. (61) C’est attractif, mais nous devons tenir compte du fait qu’on ne paie pas des cotisations sociales et que c’est une mesure unique. Les syndicalistes les plus combatifs ont donc insistés sur des augmentations salariales réelles, ce qui explique la popularité de la revendication « 1€ en plus par heure ».

    102. En mars, les actions pour l’augmentation du pouvoir d’achat ont commencé à toucher le secteur public. Les 24.000 fonctionnaires de l’administration flamande ont exigé une augmentation du pouvoir d’achat de 5% dans la période 2008-2009 avec des augmentations des primes de fin d’année et une cotisation plus élevées de l’employeur en chèques repas. Par voie du futur ex-ministre Bourgeois, le gouvernement a répondu ne pas avoir les moyens et Kris Peeters a menacé de réquisitions si les blocages des écluses n’étaient pas arrêtés. Parallèlement, ils ont avancé des propositions provocatrices pour rendre possible le travail intérimaire et niveler le statut des travailleurs statutaires au niveau de celui des travailleurs contractuels. Finalement, une augmentation salariale minimale de 2% a été imposée. Plus tard, des actions du personnel des CPAS et des communes ont suivi dans tout le pays.

    Premier mai – élections sociales et semaine d’actions

    103. Il fallait que les dirigeants syndicaux expriment tout cela le premier mai. Dans ses discours, la FGTB a revendiqué une augmentation salariale de 10%… pour les prochaines années. En utilisant pour cela l’argent qui va aujourd’hui à l’intérêt notionnel. Jan Renders du MOC : « certains veulent un gros poisson communautaire, d’autres veulent un gros poisson fiscal. Mais nous voulons un gros poisson social. » Luc Cortebeek : « Avec les employeurs, cet automne, il faut arriver à un accord interprofessionnel qui rende possibles des augmentations salariales. Les profits et les salaires des managers ont aussi augmenté. Celui qui ne veut pas y collaborer peut s’attendre à un hiver chaud. »

    104. A nouveau dans la première partie de ce même mois de mai 2008, 1,4 millions de salariés dans à peu près 6.300 entreprises pouvaient voter pour 142.000 candidats pour les comités de prévention et les conseils d’entreprise. C’est le double des candidats que les partis politiques ont présenté lors des élections communales en 2006, 13% de plus qu’en 2004. (62) Pour la CSC, il y avait 68.000, pour la FGTB, 55.000. Contrairement à la majorité des pays de l’OCDE, le degré de syndicalisation net en Belgique a continué à croitre pendant les années 90. Avec degré de syndicalisation net, nous voulons dire seulement ceux qui sont effectivement au boulot, donc pas les pensionnés ni les chômeurs ni d’autres catégories considéré comme membres mais qui ne paient pas de contribution. (63) Pour 2003, les syndicats donnent les chiffres de 1,6 millions de membres pour la CSC, 1,2 million pour la FGTB, et 223.000 pour la CGSLB.(64)

    105. Bien que 1,4 million d’électeurs soit un record, le degré de couverture des élections sociales diminuerait petit à petit. Selon une étude de Hiva, il y a divers raisons : dans les services publics, des élections sociales ne sont organisées presque nulle part, il y a la PME-tisation de l’économie, qui fait qu’il y a plus d’entreprises qui n’atteignent pas le seuil électoral, et il y a la croissance du travail intérimaire et de la construction où des élections sociales ne sont pas organisées. (65) Le degré de participation serait bien retombé un peu, mais il reste, sans obligation de vote, très élevé : 72,4% pour les comités de prévention et 70,6% pour les Conseils d’entreprises. Des jeunes qui peuvent voter, 42,5% ont participé, contre 52,4% en 2004. Probablement, le degré de participation était plus bas dans ces entreprises où des élections sociales n’étaient pas tenues par le passé. (66)

    106. Comme nous l’avions pensé, les élections sociales n’ont pas amené de très grands glissements. Contrairement à ce qu’elle avait annoncé, la CGSLB n’a de nouveau finalement pas obtenu les 10%. La FGTB a avancé légèrement, tant en Flandre qu’en Wallonie. La CSC a reculé légèrement, mais gagne à Bruxelles. Les listes séparées de cadre, de la Confédération Nationale des Cadres, et les listes individuelles d’entreprises ont fortement perdu. Un phénomène classique lors de l’augmentation de la lutte des classes, c’est que le mouvement entraine différentes couches à différents moments. Pendant qu’une avant-garde tire déjà ses premières conclusions politiques, il y a des couches qui viennent seulement de rejoindre le mouvement et qui reflètent encore la phase précédente du développement. (67) Nous ne pouvons donc pas concentrer notre attention sur la stabilité apparente des résultats généraux. Au contraire, lorsque l’on regarde de plus prêt, la FGTB a gagné dans les entreprises, surtout dans le secteur automobile, où des actions sur le pouvoir d’achat ont été menées plus tôt dans l’année. En général, les délégations syndicales qui sont connues comme étant combatives ont gagné, indépendamment du syndicat auquel elles adhèrent.

    107. En juin, les délégations nouvellement élues étaient déjà confrontées à un test important, lorsque les directions syndicales ont annoncé une semaine nationale d’action pour le pouvoir d’achat. A peu près partout, la mobilisation était très forte, 80.000 travailleurs au total ont répondu à l’appel. Celui qui prétendait que le débat sur le pouvoir d’achat ne vivait pas en Wallonie a eu sa réponse. Les manifestations à Liège, Mons, Namur et même Arlon, étaient systématiquement plus grandes qu’en Flandre. A Anvers et à Hasselt, tout comme en Wallonie, différentes entreprises ont spontanément fait grève. La présence de beaucoup de femmes, mais surtout de jeunes, souvent élus pour la première fois, démontre qu’une nouvelle couche combative a pris sa place. Rarement nous avons reçu une telle ouverture, tant pour notre programme que pour notre appel aux syndicats de casser les liens avec leurs partenaires politiques traditionnels. Là où les syndicats ont optés pour des actions « nouvelles », telles que « Foodstock » à Gand ou des ballades en vélo ou d’autres inventions de ce type à Bruges et à Courtrai, la mobilisation était faible. La méthode d’action ne correspondait pas à la demande de la base.

    Le droit de grève restreint ?

    108. « Les actions d’une minorité pour plus de salaire sont absurdes » déclare Caroline Ven, anciennement active dans le service d’étude de l’organisation patronale flamande VKW, et désormais économiste en chef du Cabinet du Premier Ministre Leterme, qui est pourtant officiellement de tendance ACW (MOC en Flandre). (68) « Ils n’ont jamais été aussi forts et pourtant ils n’ont jamais eu aussi peu à dire », déclare un élu de la chambre du CD&V- qui n’a pas de cachet ACW. (69) Caroline Ven et les patrons essayent, en fait, de toujours présenter les actions comme de l’aventurisme d’une minorité bruyante, contre laquelle la majorité silencieuse n’ose pas se rebeller. De cette manière, on prépare l’opinion publique aux restrictions sur le droit de grève.

    109. En avril 2007, le personnel de sécurité et les pompiers de l’aéroport de Zaventem ont commencé une grève spontanée. 26.000 passagers ont été bloqués. L’avocat de droite Peter Cafmeyer qui, pendant le Pacte des Générations, était déjà le conseiller juridique des patrons ayant subis des pertes à cause de la grève, s’est attaqué à cette grève. Cafmeyer a réussi à laisser payer 500 passagers pour plaider une affaire contre 46 employés et CSC-Transcom. Pour retrouver l’identité de ces 46 employés, il a fait appel à des détectives privés. Cafmeyer a agi de sa propre initiative et il est peu probable qu’il gagnera cette affaire qui a été reportée à la fin de l’année 2009. Cela n’empêche pas Rudi Thomaes de la FEB d’espérer un procès, selon ses propres dires. « Une condamnation ferait réfléchir les autres avant qu’ils ne passent à des actions inacceptables ».

    110. Selon Thomaes, ce n’est pas une atteinte au droit de grève. (70) Pour lui, le droit de grève doit exister, mais doit être réglementé à un tel point que dans la pratique il ne reste presque plus rien. Mais cela aussi à ses limites. Ainsi Guy Cox, directeur général du service de médiation collective du travail, estime que les procédures de concertation moyennes prennent tellement de temps que la pression de la base devient trop forte. (71) D’une manière ou d’une autre, les grèves spontanées sont attaquées. En août 2007, Ryanair a menacé de partir de Charleroi si les syndicats n’acceptaient pas un service minimum, et ils ont également exigé une indemnisation immédiate d’un million d’euros pour la grève spontanée du 15 juin. En mai 2008, le Ministre wallon du transport, André Antoine, a jugé une grève de la TEC comme étant une habitude « inadmissible ». Presque au même moment, l’Open VLD a plaidé pour la prestation d’un service minimum à la SNCB. Pour Vervotte, Ministre responsable des Services Publics, c’est une mesure “inapplicable”, mais elle a affirmé en même temps vouloir discuter sur des procédures plus strictes, plus claires et plus responsables des mouvements spontanés. (72)

    111. En août 2008, la discussion est revenue sur table à la suite d’une grève spontanée des bagagistes. Dans un premier temps, toutes les responsabilités étaient mises sur le dos des grévistes mais, pour une fois, l’attention de la presse a commencé à se déplacer également sur les conditions de travail intenables. (73) Même De Tijd qui, dans son édito du 12 août avait plaidé pour dresser une liste des services stratégiques, a dû remettre une balance dans le journal du samedi. « Ce qui est arrivé cette semaine à Zaventem est la conséquence du rachat de l’activité de l’aéroport… La sous-traitance a aussi des inconvénients. Que devons-nous proposer par un service minimum dans ce cas ? Que seuls les bagages des passagers de la classe Business soient emmenés ? D’ailleurs, le traitement des bagages est-il un service essentiel ? Non. Le trafic aérien n’est plus une affaire du gouvernement, il a été privatisé il y a déjà longtemps. » (74) Compare cette attitude à l’accord que les syndicats ont signé avec la direction de la SNCB, accord qui dit notamment qu’une grève spontanée peut être une raison acceptable pour un licenciement.


    (1) De Tijd, 25 juillet 2008, Financieële crisis kost Belgiëen 50 miljard euro

    (2) De Tijd, 28 juillet 2007, Belgiëen samen 71 miljard rijker dan verwacht.

    (3) Le Soir, 25 juin 2008, La Belgique abrite 72.000 millionaires.

    (4) De Tijd, 5 avril 2008, Belgische bedrijven geven aandeelhouders 10 miljard

    (5) Le Soir, 2 juillet 2008, La pire chute depuis 21 ans.

    (6) Le Soir, 29 juillet 2008, L’action Fortis vaut une demi G-Banque.

    (7) De Tijd, 20 septembre 2008, “Grote ontslagronde bij Belgische banken onvermijdbaar”.

    (8) BNB, indicateur économique pour la Belgique, 19 septembre 2008.

    (9) De Tijd, 8 janvier 2008, Ondernemingen trekken investeringen dit jaar op

    (10) The Economist, country briefings, fact sheet par pays

    (11) Bureau fédéral du Plan, communiqué 12 septembre 2008.

    (12) De Tijd, 10 septembre 2008, Belgische afzetmarkten op rand van recessie

    (13) KBC épargner et investir, 5 septembre 2008, Wanneer de zon schijnt in New York …

    (14) Bureau fédéral du Plan, communiqué 12 septembre 2008.

    (15) De Tijd, 4 avril 2008, Economen verwachten afvlakking huizenprijzen

    (16) De Tijd, 26 août 2008, Hogere vastgoedprijzen zijn statistische illusie et Le Soir, 26 augustus 2008, Prix en hausse, baisse en cours

    (17) De Tijd, 20 septembre 2008, ‘Grote ontslagronde bij Belgische banken onvermijdbaar’

    (18) De Tijd, 26 août 2008, De onvermijdelijke correctie op de vastgoedmarkt is begonnen.

    (19) De Tijd, 4 avril 2008, Economen verwachten afvlakking huizenprijzen

    (20) Bureau fédéral du Plan, communiqué 12 septembre 2008

    (21) Financial Times, 7 septembre 2008, Government lies and squishy ethics

    (22) La liste complète des produits et de leur poids dans le panier de l’index peut être trouvé sur le site du Service Public fédéral sous index des prix à la consommation ou ici : http://www.statbel.fgov.be/indicators/cpi/cpi1_fr.pdf

    (23) BBSH Bouwen aan Vertrouwen in de Woningmarkt, Ruimte geven, bescherming bieden Een visie op de woningmarkt

    (24) De Morgen, 30 juillet 2008, Woning huren wordt voor gezinnen onbetaalbaar

    (25) Le Soir, 30 août 2008, La crise cogne d’abord les précaires.

    (26) Bureau fédéral du Plan, communiqué 12 septembre 2008

    (27) Le Soir, 13 octobre 2007, Le gaz en hausse (épisode II)

    (28) De Morgen, 23 février 2008, Gas en electriciteit toch fors duurder

    (29) De tijd, 19 janvier 2008, Creg vraagt lager btw-tarief voor energie

    (30) La Libre, 12 avril 2008, Selon Olivier Derruine van de studiedienst van het CSC

    (31) Le Soir, 19 septembre 2008, Le prix du gaz enflera encore

    (32) L’édito de De Tijd du 30 janvier 2008 a pour titre: “inflatiehysterie » et l’éditorialiste conclu : « il est important de ne pas prendre des mesures hâtives. Puisque jusqu’ici, il n’y a vraiment pas de raison de créer de l’hystérie sur l’inflation. »

    (33) BNB, Indicateurs économiques pour la Belgique, 19 septembre 2008

    (34) De Tijd, 23 fevrier 2008, Belg betaalt levensmiddelen te duur

    (35) Le Soir, 31 juillet 2008, Pas d vacances pour l’inflation

    (36) De Tijd, 22 mai 2008, Negen op de tien Belgen schroeven uitgaven terug

    (37) De Tijd, 14 fevrier 2008, Bedrijfswinsten stijgen tot record van 79 miljard euro, sur base du rapport de la Banque Nationale

    (38) Rapport annuel de la Banque Nationale, 2007, p. 98 tableau 25

    (39) Les centres de coordination ont été introduits à la fin de l’année 1982 comme un régime fiscal favorable aux entreprises belges ou aux multinationales avec des filiales belges. Pour en illustrer l’importance : le 31 décembre 1997, 236 centres de coordination ont assuré 11,4% des profits avant impôt et 13,5% après impôt pour l’ensemble des entreprises belges. Ces mêmes centres de coordination n’ont pourtant payé que 0,82% des impôts de sociétés. Voir : taxincentives : analyse van de impact van notionele interestaftrek – Riet Janssens – http://statbel.fgov.be/studies/ac735_nl.pdf

    (40) Rapport annuel de la Banque Nationale, 2007, p. 159

    (41) De Tijd, 27 octobre 2007, Didier Reynders, vader van de notionele intrestaftrek

    (42) De Tijd, 20 août 2008, Bijna helft firma’s pas notionele rente toe

    (43) De Tijd, 27 octobre 2007, Heldere belastingen

    (44) De Tijd, 12 février 2008, Bel 20’ers betalen amper belastingen

    (45) Le Soir, 5 mars 2008, Les entreprises publiques profitent des notionnels

    (46) De Tijd, 27 octobre 2007, Van ‘double dip’ tot misbruik

    (47) Le Soir, 24 juillet 2008, La BNB clémente avec les intérêts notionnels

    (48) De Tijd, 20 août 2008, Bijna helft firma’s pas notionele rente toe

    (49) De Tijd, 25 janvier 2008, ‘U vernietigt de notionele intrestaftrek’

    (50) De Tijd, 31 mai 2008, ‘Achterstand was politiek keuze’

    (51) De Tijd, 5 avril 2008, ‘Belastingen moeten met 14 miljard euro omlaag’

    (52) DeTijd, 7 mai 2008, Effect lastenverlaging wordt overschat

    (53) Le Soir, 3 avril 2008, Salaire des patrons: “une affaire des actionnaires.”

    (54) L’Echo, 15 mars 2008, Les salaires fous du secteur public

    (55) De Morgen, 24 mars 2007, Karel De Gucht bindt de strijd aan met de toplonen.

    (56) Site des autorités Fédérales, grèves

    (57) De Tijd, 19 avril 2007, De opstand van de periferie

    (58) De Tijd, 31 janvier 2008, Stakingsgolf januari trof 32 privebedrijven

    (59) De Tijd, 31 janvier 2008, ACV en VBO willen vermijden dat stakingsgolf escaleert

    (60) Dans les accords all-in, la norme salariale est un plafond absolu qui ne peut pas être dépassé, même pas si l’index-santé dépasse la norme salariale. Dans des accords saldo, le même principe s’applique, mais sans pouvoir toucher à l’indexation. Dans De Standaard du 13 avril 2008, un exemple concret est calculé. (61) De Standaard, 28 septembre 2007, Akkoord over loonbonus

    (62) De Tijd, 30 avril 2008, 13 procent meer kandidaten voor sociale verkiezingen

    (63) Monthly Labour Review, janvier 2006, Union membership statistics in 24 countries

    (64) Le Soir, 5 mei 2008, Les Belges et le syndicat: l’amour-haine

    (65) De Tijd, 4 april 2008, Amper een op drie kan stemmen

    (66) De Tijd, 11 september 2008, Liberale vakbond haalt 10 procent toch niet

    (67) Trotsky explique ce phénomène dans son livre sur la révolution russe lorsqu’il décrit la situation en juin 1917. C’était au moment où les partis du gouvernement provisoire, qui avaient été portés au pouvoir lors de la révolution de février, perdaient le soutien des travailleurs et des soldats les plus actifs et conscients à l’avantage des bolcheviks, du moins dans les grandes villes. La surprise était donc grande, surtout chez elle-même, lorsque le plus grand parti gouvernementale, les SRs, gagnaient les élections avec plus de 60%. Trotsky dit là-dessus que la révolution de février avait provoqué beaucoup de poussière et avait fait un impact sur, avec quelques mois de retards, beaucoup de valets de maisons et d’écuries. Ceux-ci adhéraient logiquement chez ceux que la révolution de février aveint mis au pouvoir, c’est-à-dire les sociaux-révolutionnaires. Ils n’étaient pas encore conscients du frein que ce parti représentait, ceci ne serait compris généralement qu’après le coup échoué du général Kornilov en août 1917. Trotsky remarquait que les révolutionnaires doivent baser leur politique sur les couches les plus actives et conscientes parce que celles-ci reflètent le mieux les conditions réelles et ne doivent donc pas se baser sur les couches qui ne commencent à s’intéresser au changement qu’avec un certain retard.

    (68) De Tijd, 10 mai 2008, ‘Acties van een minderheid voor meer loon zijn absurd’

    (69) De Standaard, 27 avril 2008, Wij zijn allen ACW’er

    (70) Le Soir, 28 avril 2008, Raid surprise sur grève sauvage

    (71) De Tijd, 21 avril 2007, Hoe wild is wilde stakingsactie

    (72) Le Soir, 21 mai 2008, Grève: les priorités de la ministre.

    (73) Le Soir, 12 août 2008, Pourquoi les bagagistes débrayent en plein coup de feu.

    (74) De Tijd, 16 août 2008, De cruciale rol van bagagesjouwers

  • La Poste : vagues de grèves

    Le patron veut fixer le rythme des départs entre 1.000 et 1.500 emplois par an

    La direction de La Poste a annoncé fin octobre comment l’entreprise allait se préparer à la « libéralisation » totale du marché des produits postaux en 2011. Ces projets de changement, qui sont déjà en cours depuis 2003, n’ont pas amélioré la prestation de service, le rôle social et les conditions de travail du personnel postal. Bien au contraire !

    Par un correspondant

    Depuis l’installation de Johnny Thijs à la tête de La Poste en janvier 2002, secondé par Bernard Delvaux depuis janvier 2004 (Delvaux était auparavant responsable du plan de reconversion BEST à Belgacom qui a coûté 5.000 emplois), les « réformes » ont atteint leur vitesse de croisière.

    Pour la période 2008-2012, la direction prévoit pour Retail (ventes) :

    • 650 bureaux de poste et 650 points-postes. Cela signifie qu’il faudra encore fermer 650 bureaux ! Et dire que Thijs trouve que seuls 300 bureaux sont rentables…
    • La mise en commun de Kilopost et Taxipost pour les paquets et les express
    • Une nouvelle hausse de tarif dès le 4 février : les timbres prior coûteront désormais 0,54 euro

    Le réseau logistique de Mail (distribution) sera « optimalisé ». Les bureaux distributeurs actuels seront transformés en :

    • 150 plate-formes opérationnelles où on prépare les opérations de distribution et d’où partent les tournées qui comprennent des opérations complexes. On entend par opérations complexes les pensions, les envois recommandés, les envois contre remboursement, …
    • 1.500 dépôts de distribution d’où on organisera les opérations de distribution simples (les ENA : envois non-adressés)

    Les 5 nouveaux centres de tri trieront de plus en plus le courrier selon le principe du tri par tournée. Le travail de préparation des facteurs s’en trouvera diminué. Le temps libéré ne servira pas à diminuer la pression du travail, mais à lancer une nouvelle attaque contre les facteurs. Ils devraient être remplacés par des distributeurs de courrier qui travailleraient avec un salaire (encore) plus bas et avec moins d’avantages sociaux. Johnny Thijs a d’abord reproché à la concurrence de ne s’intéresser qu’aux segments rentables du marché postal en faisant du bradage social avec l’utilisation de travailleurs très bon marché. La Poste fait exactement la même chose. Quelle hypocrisie !

    Le tri par tournée ne fait pas que diminuer le travail préparatoire, il aura aussi des conséquences pour les services de nuit. Ils devraient commencer à fonctionner à une heure antisociale (0h05, 3h, 4h) avec perte partielle de la prime de nuit. En outre, ce sont des heures auxquelles on ne peut pas compter sur les transports en commun pour rejoindre son lieu de travail. Ces propositions ont déjà provoqué des grèves dans les services de nuit à Bruxelles : surtout à Bruxelles 1 (centre-ville), mais aussi à Bruxelles 2 (Laeken), Bruxelles 3 (Schaerbeek), Bruxelles 4 (Etterbeek), Bruxelles 7 (Anderlecht), Bruxelles 8 (Ganshoren, Berchem-Sainte-Agathe, Koekelberg) et Bruxelles 21 (Saint-Josse-Ten-Noode). Il y a eu aussi des mouvements de grève à Anvers, Schilde, Nijlen, Liège X, …

    La dernière campagne publicitaire de La Poste interpelle ainsi le public : « Qui d’autre ? ». Nous nous posons la question : qui d’autre que le personnel est victime de l’énième restructuration ? On impose des économies sous prétexte d’une baisse du volume de courrier. Si le courrier entre particuliers diminue bel et bien, le volume global de courrier n’en augmente pas moins à cause du marketing direct et des envois internationaux. Le premier semestre de 2007, le chiffre d’affaire était de 1.137 euros (+ 4%).

    L’administrateur-délégué Thijs connaît d’autant bien ces chiffres qu’ils lui ont valu une prime de 100.000 euros. Tandis qu’il empochait cette prime, il annonçait déjà qu’il voulait voir le personnel de La Poste baisser de 1.000 à 1.500 unités par an dans les années à venir. De plus, ils vont économiser sur les salaires en engageant des distributeurs de courrier. Et nous pouvons gager que la prime de fin d’année des simples postiers n’arrivera pas à la cheville de celle de Thijs.

  • LA POSTE. Johnny Thijs lance la chasse aux malades

    Le grand patron de la Poste, Johnny Thijs, a profité de l’été pour envoyer une nouvelle gifle au personnel. Dans une lettre envoyée à tous les membres du personnel, Thijs s’attaque à l’absentéisme. Selon lui, il y a trop de travailleurs absents et ils coûtent trop cher à la société. Thijs considère bien sûr que l’absentéisme est de la seule responsabilité du personnel et il ne voit naturellement pas de rapport avec le rythme de travail…

    Le nombre d’absents à la Poste a effectivement augmenté depuis l’été 2006 et a atteint un nouveau record en juin 2007 : 8,67% du personnel était alors malade. Thijs en déduit que La Poste paie 3.200 personnes sans qu’elles travaillent. Le calcul est facile et rapide : 117 millions d’euros ont été payés en un an pour des travailleurs absents. Vu que cela est plus que le salaire de haute volée que Thijs empoche lui-même, il est urgent d’agir.

    Thijs avance que chacun doit prendre ces responsabilités et émet au passage quelques menaces : « Si on constate clairement des abus, nous devrons prendre des mesures pour pouvoir continuer à protéger nos collègues malades ». La protection des collègues malades est bien sur un noble but mais, dans la phrase de Thijs, cet objectif n’est utilisé que comme menace de contrôles accrus et de sanctions plus sévères.

    La réaction indignée des syndicats à cette lettre est compréhensible. Ils posent quelques questions : « Les syndicats nie sont naturellement pas pour la protection de profiteurs mais qu’est-ce que Mr. Thijs espère obtenir avec une lettre aussi agressive? Enfoncer encore un peu plus des gens déjà malades? Ceci est un mauvais signal. Il est exact qu’il y a davantage de malades. Mais la direction s’est-elle déjà demandée quelle en est la cause ? Que Mr. Thijs réfléchisse au lancement du nouveau projet et à la façon dont cela a été fait. Il règne une incertitude énorme qui mène à plus de stress et plus de malades. » mettent en avant Marc De Mulder (CSC) et Jozef De Doncker (CGSP).

    Les restructurations à répétition ont mené ces dernières années à une pression de travail de plus en plus forte et à une plus grande flexibilité du personnel. La direction de La Poste veut rendre l’entreprise concurrentielle sur le marché européen car se prépare une libéralisation généralisée du marché de la poste. Résultat ? Depuis 2002, on a déjà perdu 5.000 emplois et, cette année, 270 bureau de poste fermeront leurs portes. En même temps, le prix des lettres a augmenté, entre autres à cause de l’abolition du timbre non-prior. Une libéralisation signifie donc une hausse des prix pour les consommateurs et, pour le personnel, cela veut dire travailler plus dur pour le même salaire et avec moins de collègues. Le but final étant bien sur une hausse des profits.

    Pendant que ces 5.000 emplois étaient supprimés (plus qu’à VW ou à Opel récemment !), le volume de courrier à traiter n’a pas baissé. Par le passé, Johnny Thijs a déjà exigé que la productivité du travail soit augmentée de 30% par travailleur. C’était notamment le but de l’introduction de Géoroute : traiter le même volume avec moins de personnel. Le résultat ne s’est pas fait attendre : l’absentéisme en est une conséquence logique. « Quand les gens se sentent mal dans leur peau, l’absentéisme augmente encore plus » comme l’a rappelé Jozef de Doncker.

    En affirmant que tout le monde doit prendre ses responsabilités dans la lutte contre l’absentéisme à la Poste, Thijs nage dans l’hypocrisie. Ce n’est pas la faute du personnel si la pression du travail a été augmentée à ce point. Mais, dans la bonne tradition patronale, Thijs essaie de décharger la responsabilité d’une politique néolibérale ratée sur les epaules des travailleurs individuels, en y ajoutant des menaces à peine voilées à l’égard du personnel malade. En semant la discorde au sein du personnel, il n’améliore pas l’atmosphère de travail, ce qui aura aussi des répercussions sur l ‘absentéisme…

    8.67% d’absents, cela indique surtout qu’un changement de cap s’impose : au lieu d’augmenter le rythme de travail en diminuant le personnel et en offrant moins de services aux clients ordinaires, La Poste doit redevenir un véritable service public. Ce qui veut dire que le service à la population doit de nouveau être central et que les moyens financiers nécessaires doivent lui être alloués, y compris en matière de personnel.

  • La Poste: Partout le ras-le-bol !

    Le 25 mai aura finalement lieu une journée de grève nationale à La Poste, après plusieurs mois de petites actions locales et spontanées du personnel contre les différentes « réformes » telles que Géoroute. En 2006, il y a eu pas moins de 241 grèves. Après autant d’actions locales, il est grand temps de passer aux actions nationales.

    Le CAP aux côtés des postiers

    Sur les listes du CAP, il y a beaucoup de « simples » travailleurs. Parmi eux, il y a évidemment aussi des postiers ou d’ex-postiers. Quatre d’entre eux sont ainsi candidats sur les listes.

    « Merci pour votre soutien »

    Un postier a réagi sur le site du CAP: « Merci pour votre soutien au personnel de La Poste, vous êtes les seuls à prêtez l’oreille aux revendications du personnel. Bien que j’avais déjà en tête de voter pour vous le 10 juin, je vais maintenant aussi essayer de convaincre le plus de monde possible de faire de même. Le CAP est un parti qui est absolument nécessaire pour ceux qui doivent gagner leur pain en travaillant. Le CAP est absolument nécessaire dans cette société de profits et de moi-je, moi-je et moi-je. »

    Pression au travail

    En terme de personnel, c’est l’hémorragie à La Poste : il y avait 43.000 salariés en 1998, la direction veut arriver à seulement 30.000 en 2008. En 2005, La Poste a déjà reçu le titre peu enviable de champion des licenciements avec 2.255 emplois perdus.

    Les coupes budgétaires ont été faites sur le dos des travailleurs. Beaucoup d’intérimaires ont été embauchés – en 2006, La Poste était l’entreprise où le plus d’heures de travail intérimaires ont été prestées (1,1 million d’heures de travail !) – pour le reste, le personnel doit travailler avec plus de flexibilité, c’est-à-dire faire autant de travail avec moins de personnel.

    C’est à cela qu’ont servi des « réformes » comme Géoroute qui a « adapté » les tournées des facteurs. Mais les centres de tri ont aussi souffert. Les syndicats estiment que 100 millions d’euros d’ « assainissement » ont été faits sur le dos de l’ensemble du personnel (facteurs, services d’entretien, employés des centres de tri,…).

    Profits records, services démantelés

    Pendant ce temps, la direction peut s’octroyer des primes élevées et un paquet d’actions. Les actionnaires sont d’ailleurs très heureux : en 2006, les profits nets de La Poste ont atteint 96,1 millions d’EUR, dont 42,4 millions payés en dividendes. CVC et la Poste danoise ont reçu 20 millions d’EUR.

    Les membres de la direction ne sont pas en reste. Avec 0,9 million d’EUR par an, Johnny Thijs n’est peut-être pas le topmanager le mieux payé mais, avec 2.500 EUR par jour, il gagne chaque jour (weekends inclus) à peu près le double de ce qu’un postier gagne net par mois.

    Pour augmenter les profits, le personnel paie cash. En conséquence, le service se détériore. Cette année, à peu près 270 bureaux de poste vont disparaître pour être remplacés par des « points-poste ». Evidemment, ces points-poste ne vont pas offrir le même service mais la direction ne considère pas cela pas comme une priorité.

    Solidarité entre usagers et personnel

    Des campagnes locales contre la fermeture des bureaux de poste se sont développées dans beaucoup d’endroits, principalement en Flandre mais aussi dans la région de Mons, à Liège,… (voir aussi l’encadré sur Schaerbeek). A l’occasion d’une grève à Gand, le CAP a mis sur pied une campagne de solidarité avec des affiches à mettre aux fenêtres du quartier pour montrer le soutien au personnel de La Poste en grève.

    Ce large soutien est essentiel pour le personnel : les usagers des services de La Poste subissent aussi les conséquences des attaques sur le personnel et le service.

    En entrant ensemble en action, travailleurs et usagers peuvent faire grandir la résistance contre les plans et les mesures déjà appliquées par la direction de La Poste. En plus, cela peut mettre l’accent sur la nécessité d’actions de protestation nationales. La grève nationale de La Poste du 25 mai peut être à la base d’une résistance coordonnée nationalement. Et le CAP peut jouer un rôle dans ce processus, tant parmi les membres du personnel que parmi les usagers.

    >www.lsp-mas.be/mas/laposte/

  • Des riches plus riches, des pauvres plus pauvres.

    Le magazine Forbes a récemment publié son rapport annuel sur les milliardaires: ils sont à l’heure actuelle 946 à travers le monde. La richesse cumulée de ces parasites qui vivent de l’exploitation est de … 3.500 milliards de dollars (!).

    En 2005, ils étaient un peu moins (793) et pesaient ensemble 2.600 milliards de dollars. En une année, c’est une croissance de 35%! A titre de comparaison, 2.600 milliards de dollars, c’est un peu plus que le Produit Intérieur Brut de l’Allemagne, première économie européenne et septième économie mondiale! Luisa Kroll, la journaliste de Forbes, explique: "Ce fut tout simplement une année extraordinaire pour les marchés de par le monde"…

    Pendant ce temps…

    • Pendant ce temps, près de 1,3 milliards de personnes, vivent avec moins de 1$ par jour.
    • Pendant ce temps, plus d’un milliard d’êtres humains n’ont pas d’accès à l’eau potable.
    • Pendant ce temps, l’espérance de vie de près d’un tiers des habitants des pays pauvres n’atteint pas 40 ans.

      (Chiffres de l’ONU).

    Et cette situation ne s’améliore pas, loin de là. Alors que les 20% les plus pauvres de la population mondiale recevaient 2,3% de la richesse mondiale en 1960, ils ne recevaient plus que 1,4% en 1991, et 1,1% actuellement.

    On peut aussi parler de ce qui se passe ici, chez nous, où le taux de pauvreté est de 15% actuellement! Il serait de 44% sans sécurité sociale…

    Les conditions de travail se dégradent, le chômage augmente, le pouvoir d’achat diminue,… Mais ce n’est pas pareil pour tous!

    Didier Bellens, le patron de Belgacom, touche 2,2 millions d’euros par an, le patron de Dexia touche 1,450 million d’euros, comme le patron de Delhaize (1,4 million). Johnny Thijs, le patron de la Poste, touche lui 800.000 euros… Tout ça sans parler des divers avantages de leurs fonctions, des actions en Bourse,…

    Si en France, les 40 plus grandes sociétés cotées en Bourse ont annoncé un bénéfice net de 100 milliards d’euros, les entreprises belges n’ont pas à se plaindre. Belgacom, Mobistar, Groupe Bruxelles Lambert, Delhaize, Solvay, Suez, le brasseur Inbev… Les 18 grands groupes belges ont réalisé 23,3 milliards d’euros en 2006. L’an dernier, les bénéfices étaient de 16,5 milliards d’euros, et de 12,4 milliards d’euros en 2004. Donc, en 2 ans seulement, les bénéfices ont presque doublé…

    Ce sont les actionnaires qui sont contents! Sur les 23,3 milliards de bénéfice, ils recevront la bagatelle de 8,18 milliards! Dexia, qui a fait 2,750 milliards de bénéfice, va reverser un milliard à ses actionnaires.

    Quant à l’emploi, Belgacom donne l’exemple: un bénéfice de 973 millions d’euros en 2006 et l’annonce d’une restructuration qui va toucher de plein fouet 1.500 des 18.000 travailleurs du groupe.

    Difficile de contester la nécessité de changer de système face à de telles données…

  • La Poste: encore de nouvelles attaques en vue!

    A la mi-mars, les postiers ont eu la surprise de recevoir un courrier signé par leur « collègue » Johnny Thijs, patron de La Poste. Le message qui leur a été délivré est on ne peut plus clair. Le top manager, proche de Verhofstadt, agite de nouveau la menace de la concurrence due à la privatisation de La Poste pour justifier une nouvelle vague de durcissement des conditions de travail.

    Dans le courant de la mi-juin, après les élections, les services de nuit seront supprimés et transférés au privé, ce qui se traduira par la mise à la retraite anticipée des agents les plus âgés et par des pertes d’emploi massives. Les postiers qui y survivront auront leur tournée encore allongée d’une bonne centaine de boîtes au minimum. Ils seront également soumis à un contrôle journalier draconien et à des moyens de pression faisant intervenir la carotte et le bâton. Ainsi, au bout de quelques manquements seulement, le postier risque de perdre sa place et d’être remplacé par un intérimaire.

    Ce dernier devra encore plus se plier aux quatre volontés du patronat de crainte de ne pas voir son contrat renouvelé.

    Les projets de la direction ont soulevé un réel mécontentement parmi les postiers. Plus personne n’est dupe : Johnny Thijs et sa bande parlent d’économies et de surcroît de travail alors que les gaspillages en tout genre se multiplient et que les profits réalisés par La Poste n’ont jamais été aussi importants.

  • Partenariat avec la Poste Danoise. La Poste en de bonnes mains?

    La mi-janvier a vu La Poste belge finaliser son accord de partenariat avec le consortium constitué de la poste danoise et du groupe financier britannique CVC Capital Partners. Le consortium est désormais propriétaire de la moitié des actions moins une de La Poste. En 2003, il avait déjà souscrit une augmentation de capital de 300 millions d’euros auxquels l’Etat belge a ajouté 40 millions.

    Un correspondant

    D’après La Libre Belgique, «La Poste se retrouve assainie financièrement avec un capital de 784 millions d’euros». (LLB du 18/01/2006). Pourtant, le même journal révélait en novembre que cette augmentation de capital n’en était pas vraiment une (LLB des 10 et 11/11/2005). En effet, l’Etat belge y a vu l’occasion de se débarrasser de sa dette cumulée de 330 millions d’euros envers La Poste.

    L’Etat a négocié avec La Poste la transformation de cette dette en réduction du capital de telle sorte que le capital social de La Poste au 31 décembre 2004 restait pratiquement inchangé après la recapitalisation! Ce tour de passé-passe a permis au gouvernement de présenter un budget en équilibre et au consortium d’acquérir la moitié des parts moins une de La Poste pour 300 millions au lieu de 600 millions.

    Le même article révèle que l’accord de partenariat prévoit que la moitié du bénéfice net de La Poste sera distribué aux actionnaires en 2006 et en 2007.

    Cerise sur le gâteau: les actionnaires sont assurés de recevoir un dividende de 10 millions d’euros en 2008 quitte à les prélever sur le capital si les bénéfices sont insuffisants… Bref: ils reçoivent le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière. De plus, on sait que CVC Capital Partners ne restera que 5 ans. Le temps de ramasser le pognon et de se tirer? D’ici là, l’emploi et les conditions de travail devront suivre une courbe inverse à celle des dividendes des actionnaires.

    D’après Johnny Thijs, le patron de La Poste, l’entreprise est passée de 37.905 équivalents temps plein à 35.640 entre 2004 et 2005. Quelque 2500 personnes quitteront encore La Poste cette année. La Poste prévoit d’en engager entre 1000 et 1500 dans le même temps. Non seulement ça ne compense pas les pertes, mais les nouveaux engagés le seront sous des contrats précaires alors que la majorité des emplois perdus sont des emplois fixes. Les effectifs de La Poste devront passer sous les 30.000 en 2008.

    Le projet de contrat de gestion entre La Poste, le gouvernement et le consortium prévoit le maintien de 1300 «magasins postaux» dont seulement 589 (soit un par commune) devront être tenus par des postiers. Les autres magasins postaux pourront n’être que des “points poste” (librairies, grands magasins, gares,…) aux mains du privé ou d’autres entreprises (provisoirement) publiques.

    La mise en oeuvre de Géoroute 2 n’a pas d’autres objectifs que la compression de l’emploi. Géoroute 1 avait déjà permis de supprimer bon nombre d’emplois de facteurs en taillant dans les services de nuit et en réduisant le nombre de tournées qui sont devenues plus longues dans la majorité des cas. Géoroute 2 renforce encore l’automatisation du tri et se traduira par la perte de centaines d’emplois supplémentaires. Le service à la population s’améliore-t-il pour autant? Que du contraire! Dans de nombreux endroits, le facteur ne passe plus qu’une seule fois et souvent plus tard qu’avant.

    La lutte contre ces mesures se fait malheureusement en ordre dispersé. Les syndicats se contentent le plus souvent de «couvrir» les actions au coup par coup au lieu d’organiser un mouvement d’ensemble contre ces mesures antisociales et pour la sauvegarde de La Poste en tant que service public.

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