Tag: Jean-Claude Marcourt

  • ArcelorMittal : Tout ce qu’il y a à gagner, nous l’arracherons par la lutte

    Aucune confiance envers les politiciens du capital !

    Cela fait plus d’un an et demi maintenant que l’on joue avec les pieds et les nerfs des travailleurs d’ArcelorMittal menacés de licenciement dans la filière chaude ou froide. La stratégie adoptée par le sommet syndical était de faire pression sur les politiciens de l’establishment et de se baser essentiellement sur Jean-Claude Marcourt, ministre wallon de l’économie et figure de proue du PS. Quel bilan en tirer aujourd’hui ?

    Article tiré de l’édition d’été de Lutte Socialiste

    Une belle opération de com’ Tout d’abord que Jean-Claude est passé maître dans l’art de se faire passé pour le caliméro isolé au sein du PS et au sein du gouvernement wallon. La méthode du ‘‘je voudrais bien, mais je ne peux point’’ doit certainement faire l’objet de séances de formation au siège du PS, Boulevard de l’Empereur… Le fameux ‘‘décret expropriation’’ de Marcourt est à considérer dans ce cadre.

    Le ministre ‘‘ami des métallos’’ a présenté au gouvernement wallon un projet de décret qui permettrait à la Région wallonne de s’emparer des sites menacés de fermetures, mais uniquement pour lui retrouver un propriétaire au plus vite. Le principe même de ce ‘‘portage public’’ est déjà totalement vicié car basé sur le principe néolibéral selon lequel le rôle des autorités publiques doit se limiter au strict minimum.

    On se demande d’ailleurs quelles conditions seraient celles de ce ‘‘retour au privé’’. Diminution de salaire ? Réduction de personnel ? Augmentation des cadences ? Cadeaux fiscaux et aides publiques ? N’importe quel patron tirerait avantage de la situation, drapé derrière l’image du nouveau ‘‘sauveur de la sidérurgie’’, et sans pour autant garantir quoi que ce soit à long terme. Le précédent ‘‘sauveur’’ de la sidérurgie liégeoise, c’était en 2006, et il s’appelait Mittal. On sait ce qui l’en est advenu.

    Ce décret ‘‘expropriation’’ qui n’en a décidément que le nom (il n’est pas question de laisser Mittal sans indemnisation…) est surtout une bonne opération de publicité pour un ministre PS qui lui permet de se profiler ‘‘à gauche’’ sans que cela ne coûte grand-chose. C’est que le gouvernement régional est loin d’être chaud sur cette question, par crainte des foudres des marchés et des diverses institutions capitalistes qui ne manqueraient pas de s’abattre pour faire payer un dangereux précédent. L’Etat, même de façon très limitée, n’a pas à se mêler du sacro-saint droit à la propriété privée. Il y a bien eu le cas des banques, mais bon, là, il s’agissait de sauver les spéculateurs, c’était différent…

    Quelle stratégie syndicale ?

    Le problème, c’est que le sommet syndical s’est retrouvé complètement embourbé dans les manœuvres des autorités wallonnes et dans la ‘‘task force’’, le groupe de travail et de réflexion sur l’avenir de la sidérurgie liégeoise qui a réuni les syndicats, la région wallonne et d’autres acteurs. Pour de nombreux travailleurs, l’évolution des choses a été des plus opaques, sans qu’on leur demande trop leur avis…

    Certaines déclarations syndicales surprennent aujourd’hui. ‘‘Il ne faut pas une nationalisation pour une nationalisation’’ a ainsi déclaré le secrétaire général de la CSC Métal, Jordan Atanasov. De son côté, le président de la FGTB-Métal liégeoise Francis Gomez a dit que les choses seraient plus faciles si un repreneur privé se manifestait. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le mot d’ordre de nationalisation des sites n’a pas le même contenu chez tous les syndicalistes…

    De cette absence de confiance envers la possibilité d’une sidérurgie intégrée publique a découlé un plan de lutte manquant particulièrement d’audace, où la construction d’un réel rapport de force a été balayée au profit d’un travail de lobbying auprès de ces mêmes politiciens qui appliquent l’austérité où qu’ils se trouvent. Comment faire confiance aux belles paroles de Jean-Claude Marcourt, un ministre qui parle d’expropriation face caméra, mais qui par ailleurs approuve le traité d’austérité européen (TSCG) ? De quoi est-il question dans les discussions ultraconfidentielles que Marcourt entretient avec Mittal ?

    Dans toute lutte syndicale, le mot d’ordre essentiel devrait être celui de l’indépendance complète et inconditionnelle des syndicats vis-à-vis de l’Etat capitaliste. Cela signifie de transformer les syndicats en véritables organes de lutte des masses avec l’objectif d’une sidérurgie nationalisée, non pas gérée par des fonctionnaires acquis à la logique de la dictature des marchés, mais gérée et contrôlée par les travailleurs eux-mêmes.

    Le premier pas idéal en cette direction devrait être l’occupation des sites par les travailleurs, qui pourraient ainsi disposer de quartiers généraux pour discuter démocratiquement de l’organisation de la lutte – ces discussions ne doivent pas rester confinées aux directions syndicales – et poser les jalons vers une sidérurgie publique et sous le contrôle démocratique des travailleurs.

    La crise économique ne laisse aucune marge pour une ‘‘troisième voie’’ entre la rapacité capitaliste et la démocratie des travailleurs. En Europe, il ne reste plus que 360.000 sidérurgistes travaillant dans un secteur dont la production a chuté de 27 % depuis le début de la crise. Pendant combien de temps allons-nous assister à la mort de cette industrie sans rien faire de conséquent ?

  • ArcelorMittal : Pour un Plan d’action vers la nationalisation sous le contrôle et la gestion des travailleurs !

    Aujourd’hui, à Strasbourg, les métallos d’ArcelorMittal de divers pays sont côte-à-côte, par-delà leurs frontières nationales. Cette solidarité internationale est cruciale dans ce combat contre une des multinationales les plus riches au monde. Une étape a été franchie, plusieurs autres sont encore devant nous.

    Tract du PSL

    La solidarité internationale doit accompagner la construction de la solidarité dans notre environnement le plus proche. La population est très largement acquise à la cause des métallos, en région liégeoise mais également au-delà. Ce potentiel doit être mobilisé. Nous gardons tous en mémoire les grandes manifestations de Seraing (10.000 personnes) et de Liège (40.000 personnes) à l’annonce de la fermeture de la filière chaude. Il est plus que possible de dépasser ces chiffres. Pensons au combat de Clabecq, lorsque le Front Commun des Forges avait appelé à une manifestation à Tubize, à laquelle 70.000 personnes avaient répondu.

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    Journée de discussion et de débat "Pour un syndicalisme de combat!"

    Le 16 février prochain se tiendra à Liège une journée de projection de reportages militants, de débats, de témoignages,… autour de la nécessité de renouer avec le syndicalisme de lutte, à l’opposé du syndicalisme de concertation actuel. Le programme complet de cette journée est disponible ici.

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    Aujourd’hui, les yeux des travailleurs des plus de 11.000 entreprises qui ont fait faillite en 2012 ainsi que ceux des 17.000 travailleurs victimes de licenciements collectifs la même année sont braqués sur l’action des camarades d’ArcelorMittal. Ils sont loin d’être les seuls. La lutte des métallos peut être un véritable phare de résistance. A contrario, la lutte des travailleurs de Renault avait été en son temps épuisée par une succession de manifestations internationales, mais dans un certain isolement en Belgique.

    Les occasions ne manquent pas de rompre cet isolement : demain, les fonctionnaires fédéraux seront dans la rue. Les cheminots – et plusieurs sont ici avec nous à Strasbourg – sont demandeurs d’actions contre le ‘‘Plan Magnette’’. Le 21 février promet d’être une journée de grande mobilisation interprofessionnelle. Il faut se mettre à la tête de cette manifestation, en compagnie des autres sites menacés de fermeture ou de restructuration, pour assurer que la manifestation soit à la hauteur de la revendication de la collectivisation de l’outil. Mais de quel type de nationalisation parlons-nous ? Nous n’avons pas besoin d’une gestion aux mains de managers publics pour qui le service est une machine à produire des dividendes pour des actionnaires privés. Il nous faut une nationalisation sous le contrôle et la gestion démocratiques des travailleurs.

    Pour arracher cela, nous avons besoin d’un plan d’action ambitieux, à l’image de ce que Nico Cué avait proposé contre la politique d’austérité de Di Rupo 1er : un plan de grèves générales de 24, 48 et 72 heures. Une grève générale de 24h pour obliger les politiciens à prendre leurs responsabilités en nationalisant les sites menacés sous le contrôle des travailleurs. Et si une grève de 24 heures ne suffit pas, annonçons directement une nouvelle de 48 heures dans les semaines à venir, pas après des mois, et puis ensuite une autre de 72 heures.

    Nationaliser : Pas possible ?

    Vendredi dernier, l’Etat néerlandais a nationalisé le groupe bancaire et d’assurance SNS Reaal, pour un coût de 3,7 milliards d’euros. Il peut donc bien être question de nationalisation, mais uniquement dans l’intérêt des riches, des actionnaires et des spéculateurs. Dès qu’il s’agit de l’emploi, la volonté politique manque. Jean-Claude Marcourt a bien lancé un ‘‘appel solennel’’ à Mittal en s’engageant à utiliser ‘‘tous les moyens’’ pour faire plier le géant du métal, relayant ainsi la position officielle du PS. Mais de quels moyens parle-t-il ? Ces déclarations sont-elles autre chose que de la poudre aux yeux ?

    Les sondages indiquent que la population veut faire plus payer les entreprises et les riches. Chaque famille est choquée par ces géants capitalistes qui ne payent quasiment rien comme impôt, voire rien du tout. Transformons ce dégoût en combativité ! Une grande manifestation à Liège permettrait de donner une expression à cet Etat d’esprit. Pourquoi ne pas produire des affiches de solidarité défendant la revendication de la collectivisation de l’outil pour les coller dans les entreprises, aux fenêtres des maisons, dans les commerces,… avec la date d’une manifestation monstre dans la Cité Ardente ? On pourra alors voir qui mouillera vraiment sa chemise, et à hauteur de ses moyens, pour faire une réussite de cette initiative. Par ailleurs, pourquoi ne pas commencer à occuper les sites pour les transformer en quartiers généraux à partir d’où organiser la lutte ?

    Ce ne sera pas facile et le boulot ne manque pas. Nous comprenons bien que les délégations syndicales ont fort à faire pour l’instant entre les réunions avec les autorités, la maîtrise de sujet plus techniques,… Pour renforcer ce travail, la constitution d’un Comité d’Action serait d’une aide cruciale afin d’organiser la solidarité locale – mais aussi nationale avec les autres entreprises menacées de fermeture et internationale avec les camarades de Florange et d’ailleurs -, rendre visite aux travailleurs pour assurer l’implication maximale de chacun dans la bataille,…

    • Pour un plan d’action combatif !
    • Occupation des sites pour les transformer en quartier général d’un mouvement d’envergure pour la nationalisation de l’outil !
    • Expropriation de l’outil sans rachat ni indemnité !
    • Nationalisation sous le contrôle et la gestion démocratiques des travailleurs !
  • ArcelorMittal : C’en est assez ! Nationalisation sous le contrôle des travailleurs !

    N’accordons aucune confiance aux politiciens du capital : pour une occupation des sites, première étape vers une nationalisation de la sidérurgie sous le contrôle des travailleurs !

    Ce jeudi 24 janvier 2013, un conseil d’entreprise extraordinaire a été convoqué par le groupe ArcelorMittal et un nouveau plan de licenciements a été dévoilé, concernant une bonne partie de la phase à froid. La fermeture de sept des douze lignes de la phase à froid du bassin liégeois a été annoncée, soit une perte de 1300 emplois qui font suite aux 795 annoncés en conséquence de l’arrêt de la phase à chaud. Le ministre wallon de l’Économie, Jean-Claude Marcourt, s’est dit tout à fait inquiet et Di Rupo, qui était à Davos au Forum Economique Mondial, tout comme Lakshmi Mittal, s’est montré indigné. Alors messieurs ? 5 minutes de courage politique pour nationaliser les sites et ainsi éviter un nouveau bain de sang social et un nouveau désert économique ?

    Par Stéphanie (Liège)

    En septembre 2011, le géant n°1 mondial de l’acier avait annoncé l’arrêt deux hauts fourneaux de la phase à chaud à Liège tout en promettant de réinvestir dans le froid et en menaçant de stopper la totalité de l’activité de la multinationale à Liège si l’accord social élaboré pour la fermeture définitive du chaud n’était pas accepté par les travailleurs. Le gouvernement wallon avait décidé, à l’époque, de soutenir l’amélioration de la phase à froid.

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    Journée de discussion et de débat "Pour un syndicalisme de combat!"

    Le 16 février prochain se tiendra à Liège une journée de projection de reportages militants, de débats, de témoignages,… autour de la nécessité de renouer avec le syndicalisme de lutte, à l’opposé du syndicalisme de concertation actuel. Le programme complet de cette journée est disponible ici.

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    Résultat de cet appel au calme et de ces ronds-de-jambe politiques face à la multinationale ? Que dalle. Les travailleurs craignent à juste titre d’être tous purement et simplement balancés à la poubelle. Une grande tension règne – et c’est compréhensible – entre les syndicalistes et les politiciens de l’austérité. Quelle fut l’attitude des mandataires prétendument ‘‘socialistes’’ pour trouver des solutions face à la monumentale catastrophe annoncée par la direction d’ArcelorMittal ?

    Fin 2011, Jean-Claude Marcourt avait déjà déclarée impossible la revendication de la nationalisation de l’activité, défendue parmi les rangs syndicaux. Pour lui, la Région wallonne n’avait pas ce rôle (manque ‘‘de moyens’’… mais surtout de volonté politique !) et l’Union européenne refuse les nationalisations. Sauf dans le cas des banques bien entendu… En Belgique, comme le faisaient remarquer les syndicats, l’État avait bien été capable de trouver 4 milliards d’euros pour sauver Dexia en quelques instants. Le front commun syndical d’ArcelorMittal avait présenté une demande de nationalisation de la sidérurgie liégeoise à Di Rupo (encore formateur à l’époque) en expliquant que l’Etat aurait à investir 1 milliard d’euros pour remettre les outils en état. Quatre fois moins que Dexia, donc. Les priorités des politiciens établis avaient une fois de plus clairement été illustrées.

    Comme pour caricaturer ce fait, Elio Di Rupo se trouvait au Forum Economique Mondiale de Davos au moment de l’annonce des fermetures dans le froid, un sommet que le même Elio avait qualifié en 2002 dans les pages de La Libre (il s’était alors rendu au Forum Social Mondial de Porto Allegre) de réunion qui ‘‘consiste à sauvegarder une richesse détenue par une infime minorité de la population mondiale.’’ Ironie de l’histoire, à Davos, notre premier ministre ‘‘socialiste’’ a vanté les mérites du mécanisme ultralibéral de la déduction des intérêts notionnels qui, selon lui, ‘‘créent des emplois’’. ArcelorMittal en a bien profité… En 2010 uniquement, la filière financière d’ArcelorMittal avait réalisé un bénéfice de 1,39 milliard d’euros et a été taxée de… 0 euro ! Combien d’emplois ont-ils été sauvés ? Les méthodes libérales de ‘‘sauvegarde de l’emploi’’ ne valent rien pour les travailleurs. Mais pour les patrons et les actionnaires, quelle aubaine !

    Organisons la contre-attaque !

    La direction d’ArcelorMittal demande aujourd’hui aux syndicats d’entrer ‘‘dans un dialogue constructif’’ pour garantir l’avenir des outils restants. C’était déjà la menace qui avait été proférée à l’époque de l’annonce de la fermeture du chaud ! Et on voit où ce chantage a conduit… La faiblesse appelle l’agression ! Comme le proclamait une banderole du SETCa lors de la première manifestation de solidarité avec les travailleurs de la sidérurgie liégeoise à Seraing : ‘‘Aux esclaves prêts à tout accepter, les tyrans n’épargnent rien !’’

    Hier matin, le front commun syndical a promis d’interpeller les responsables politiques et a lancé un appel à la grève sur tous les sites du groupe sidérurgique, ce qu’ils avaient annoncé faire en cas d’annonce de fermetures supplémentaires. Plusieurs assemblées générales se tiendront dès lundi prochain sur les différents sites. Un plan d’action offensif doit être établi. Les manifestations du 26 octobre 2011 à Seraing (environ 10.000 personnes) et du 7 décembre 2011 à Liège (environ 40.000 personnes) ont été de véritables succès, qu’il est encore tout à fait possible de rééditer malgré le fait que tant de temps s’est passé depuis lors. De grandes manifestations capables de réunir les travailleurs et tous leurs partisans sont nécessaires, c’est un fait, mais il faut aller plus loin.

    Le front commun syndical a bien raison de revendiquer la nationalisation de l’outil. Il ne s’agit pas ici seulement d’une grande entreprise qui entraînera des sous-traitants dans sa chute, d’autres grosses unités de production s’effondreront, et une multitude de petites entreprises suivront, sans encore parler de la perte de moyens dans les caisses des communes de Seraing ou de Liège. La région entière sera touchée, et l’impact ne s’arrêtera pas aux frontières de la Province. Avec le Limbourg voisin frappé par l’annonce de la fermeture de l’usine Ford de Genk, quel sera la taille du désert économique et social que l’inaction engendrera ?

    Nous saurons bien comment utiliser l’acier ! Nous avons besoin de plus de crèches, d’hôpitaux, d’écoles (avec autre chose que du préfabriqué…), etc. Pour tout cela, il faut de l’acier. Et rien ne nous empêche de vendre un acier de très bonne qualité bon marché, en récupérant toute la masse de liquidité qui part dans les poches des actionnaires, il y aura encore de quoi donner un bon salaire à chaque travailleur, de quoi diminuer les cadences et de quoi donner un bon emploi aux jeunes.

    Occupation des sites !

    Les travailleurs d’ArcelorMittal ont été trahis par les politiciens capitalistes, à l’instar de leurs collègues cheminots. Ne leur accordons plus aucune confiance, pour obtenir du concret, il faut leur tordre le bras ! A côté de grandes manifestations de solidarité et des actions de grèves, passons à l’occupation des sites ! Ces outils, la collectivité les a déjà assez payé avec les réductions d’impôts et autre, exproprions Mittal et donnons-nous les moyens d’assurer l’avenir de notre région !

    L’occupation des sites serait la meilleure manière d’offrir des espaces de discussion, en assemblées générales souveraines, pour l’organisation du combat, l’élection démocratique d’un comité de lutte, l’organisation d’une solidarité active dans les autres entreprises et dans les quartiers,… Ce serait encore un excellent premier pas pour assurer que les travailleurs restent ensuite au contrôle de leur entreprise, expropriée et nationalisée. Personne ne veut d’une sidérurgie qui fait subir aux métallos ce que la direction de la SNCB fait subir aux cheminots.

    Les métallos connaissent leurs entreprises et sont des ouvriers qualifiés. Qui d’autre qu’eux seraient donc plus à même de les gérer ? En collectivisant l’outil et occupant les entreprises du bassin liégeois, les travailleurs reprendront leur avenir en main et la lutte sera déplacée au sein même de l’économie et des moyens de production. D’une manière plus large, une telle méthode aurait sans doute une répercussion conséquente sur les luttes de tous les pays et dans le cadre des discussions sur la manière de renverser le capitalisme. La collectivité ne peut être laissée aux mains des multinationales qui n’ont que le profit pour motivation.

    Ce n’est pas à nous de payer pour la crise !

    Le PSL soutient toutes les démarches combattives des syndicats ainsi que les métallos. Si du temps a été perdu pour construire un rapport de force conséquent, les métallos ont la capacité de mener la lutte, de trouver un bon plan d’action et d’entraîner la société avec eux. Les travailleurs d’ArcelorMittal ne sont pas les seuls dans la galère. Il y a Ford-Genk, les sous-traitants, et combien d’autres entreprises qui ferment, tombent en faillite ou licencient ? Des record ont été atteint l’an dernier, et 2013 ne s’annonce pas mieux. La riposte doit être unifiée ! Divisés, il est possible de nous avaler les uns après les autres. Mais pour peu qu’une riposte commune soit organisée, rien ne pourra se placer en travers du chemin du mouvement organisé des travailleurs.

    Il nous faut un plan d’action contre l’austérité et pour l’emploi et qui soit notamment orienté vers la nationalisation, sans rachat ni indemnité et sous le contrôle des travailleurs, des entreprises qui opèrent des licenciements collectifs. Ce sont les travailleurs qui créent les richesses, pas les patrons !

    Ce combat sera également le cadre d’un débat intense : celui du type de relais politique large dont nous avons besoin pour représenter les diverses tendances du mouvement ouvrier, celui aussi du type de programme de rupture anticapitaliste à défendre. Selon nous, ce programme ne saurait être orienté que vers la transformation socialiste de la société.

  • Du métal, pas de Mittal !

    A quand un véritable plan d’action pour nationaliser la sidérurgie sous le contrôle des travailleurs ?

    Cela fera bientôt un an que Mittal a annoncé la fermeture de la phase à chaud liégeoise. Parmi les travailleurs, l’exaspération est à son comble suite à la lenteur de l’évolution du dossier et au chantage récemment pratiqué concernant les 138 millions d’euros d’investissements dans la phase à froid (et les 2.000 emplois que cela concerne).

    Par Nicolas Croes

    Nombreux sont ceux qui, à l’instar de Bruno Bauraind, chercheur au Groupe de recherche pour une stratégie économique alternative (Gresea), affirment que la sidérurgie liégeoise est tout à fait viable : ‘‘La direction du géant de l’acier applique une vieille recette en prenant à la gorge les organisations syndicales, piégées par l’équation : sacrifier à moyen terme un secteur d’activité en échange de la préservation à court terme d’une partie de l’emploi. Bon nombre d’observateurs le pensent : privée de ses hauts-fourneaux, la phase à froid liégeoise est de toute façon condamnée. (…) J’ose affirmer qu’il y a place pour une petite sidérurgie indépendante intégrée. Le tout est de s’en donner les moyens.’’ (La Libre, 21/09/12)

    Quelle stratégie ?

    Effectivement, le tout est de se donner les moyens. Très vite après la dramatique annonce de l’an dernier, la FGTB avait élaboré un plan basé sur le rachat par les autorités publiques revenant à 1,1 milliard d’euros en 5 ans. Le syndicat a tout à fait raison de dénoncer les pouvoirs publics qui rechignent à mettre la main à la poche pour sauver des emplois alors qu’ils sont toujours prêts à distribuer des milliards pour ‘‘sauver’’ les banques. Mais, au-delà de cet aspect, cette voie nous semble extrêmement limitée.

    Tout d’abord, c’est loin d’être la solution privilégiée par la Région wallonne. Le ministre wallon de l’économie Jean-Claude Marcourt s’est déjà réfugié derrière divers prétextes pour refuser d’aborder cette solution, notamment sous prétexte que les nationalisations sont interdites par la législation européenne (qui devient caduque quand il s’agit des banques bien entendu, comme dans le cas de Fortis avant la revente à BNP-Paribas). Ensuite, ArcelorMittal refuse jusqu’ici de vendre ses hautsfourneaux liégeois aux pouvoirs publics ou à un concurrent privé.

    Construire un rapport de force !

    Pour Michel Capron, économiste, ancien chercheur à la Fopes (UCL) : ‘‘Les politiques sont dramatiquement absents et, ce faisant, laissent la bride sur le cou de financiers arrogants car sans contre-pouvoir. Il n’y a aucune politique industrielle en Europe. J’ai entendu Jean-Claude Marcourt (ministre wallon de l’Economie, NDLR) et Arnaud Montebourg (ministre français du Redressement productif, NDLR), tous deux critiques au sujet d’Arcelor- Mittal. Mais quels actes ont-ils posés?’’ (Le Soir, 18/09/12) Il exprime ici une réalité ressentie par de nombreux travailleurs : on ne peut pas s’en remettre aux les pouvoirs publics lorsqu’ils sont contrôlés par des élus qui se disent ‘‘de gauche’’ mais qui appliquent docilement la politique patronale.

    Le PSL a toujours défendu l’expropriation et la nationalisation du secteur sidérurgique, sous le contrôle des travailleurs et pas sous la gestion de managers capitalistes mandatés par le gouvernement. Un bon premier pas en cette direction serait de lancer l’occupation du site, qui deviendrait ainsi un excellent centre de discussion démocratique pour élaborer collectivement la stratégie syndicale et pour discuter de la relance de l’activité au bénéfice des travailleurs et de la population.

    Illégal ? Au regard des lois taillées sur mesure pour protéger les intérêts des patrons, très certainement. Par contre, lorsqu’un rapport de force plus favorable aux travailleurs forge d’autres règles, ces mêmes patrons ne se gênent pas pour la fouler aux pieds à la première occasion. ArcelorMittal avait signé en 2009 l’accord-cadre européen ‘‘Maîtriser et anticiper le changement’’ avec la fédération européenne des métallurgistes (FEM) où, en échange de concessions syndicales, ArcelorMittal s’engageait à garantir l’activité des outils européens du groupe et éviter les licenciements secs. Aujourd’hui, la phase à chaud liégeoise est menacée (et l’avenir du froid est sans cesse plus incertain) tandis que des sites de production du géant sidérurgique sont à l’arrêt en France, au Luxembourg et en Espagne, sans la moindre perspective de relance. La loi, c’est toujours les travailleurs qui se la prennent dans la figure, les grands patrons n’ont pas à s’inquiéter.

    A moins que les travailleurs ne relèvent la tête et s’approprient les outils de production par leur mobilisation et leur force collective. L’avenir de l’acier est assuré dès lors qu’il s’agit de produire en fonction des besoins (construire de nouveaux logements, des transports publics, des écoles, des crèches,… nécessite de l’acier) et non plus pour satisfaire la soif de profits de charognards capitalistes.

  • ArcelorMittal : un rapport qui en dit long

    Nationalisation sous le contrôle des travailleurs !

    Alors que Mittal fait un pas de plus vers la condamnation des hauts fourneaux d’Ougrée en annonçant la fermeture en 2014 des centrales au gaz qui les alimentent, un rapport commandé par le conseil d’entreprise européen de la multinationale relance le débat sur la viabilité de la sidérurgie liégeoise. On se rappelle en effet qu’une expertise, le rapport Laplace, commandé par la direction ‘’démontrait’’ la non-rentabilité inéluctable de la phase à chaud. Le rapport Syndex qui vient de tomber contredit l’affirmation du rapport patronal : la sidérurgie liégeoise a bien un avenir, sa rentabilité est avérée. Et de pointer les erreurs de la direction qui handicapent aujourd’hui le site.

    Par Simon (Liège)

    La stratégie de Mittal, dénoncée depuis longtemps par les délégations syndicales, est de rogner sur les investissements nécessaires au maintien d’une productivité compétitive et d’utiliser l’argent ainsi épargné pour faire l’achat d’exploitations minières, un secteur plus favorable à la spéculation. Ceci implique de concentrer les investissements sur certains sites de production au détriment d’autres, condamnés à une mort à plus ou moins long terme ; et entraîne une diminution de la production qui pénalise l’entreprise une fois que la demande reprend. Ainsi, récemment, Mittal a renoncé à une commande de 2,5 millions de tonnes d’acier, production qui correspond exactement à la capacité des hauts fourneaux liégeois. Cette stratégie est d’autant plus scandaleuse qu’elle s’accompagne de prises de bénéfice prodigieuses par les dirigeants du groupe. Le ‘’senior management’’ d’ArcelorMittal, c’est-à-dire l’organe de direction suprême de la multinationale, s’est ainsi accordé un bonus de 7,2 millions de dollars soit une augmentation de 138% par rapport à l’année passée. Le bonus personnel de Lakshmi Mittal a quant à lui pris 199%.

    Du coup, la discussion dans les rangs syndicaux porte plus que jamais sur la nécessite de la nationalisation. A quoi bon en effet rester au sein d’un groupe qui sabote sciemment la productivité d’une de ses propres entreprises ? Pour taper le clou sur la possibilité technique d’une reprise de l’usine par l’Etat, les syndicats pointent le cas de l’aciérie allemande Dillinger Hütte, dans la Sarre. Cette aciérie de taille comparable à celle de Liège, appartenant par le passé à Arcelor poursuit son activité de manière indépendante depuis huit ans. Elle appartient à présent à un holding public régional. Cette entreprise similaire à Cockerill prospérant à deux heures de route du site liégeois démontre de façon éclatante la faisabilité de la nationalisation et son intérêt pour une région wallonne en manque de fonds. N’en déplaise aux politiques qui, il y a peu de temps encore, proclamaient qu’il n’appartient pas à l’état de reprendre des entreprises, tel Jean-Claude Marcourt (PS) ministre wallon de l’économie qui se faisait ainsi le chantre du ‘’tout au marché’’.

    Peu importe que celui-ci ait fait mine depuis lors de retourner sa veste sous la pression de l’opinion. Et peu importe, du reste, les bavardages des politiciens traditionnels. Les questions qui se posent pour les syndicalistes combatifs sont, en premier lieu, comment obtenir la nationalisation et deuxièmement, comment ne pas se faire rouler comme en 2003 avec une pseudo-nationalisation consistant à imposer des sacrifices aux salariés et à revendre au plus vite au secteur privé.

    La réponse à ces deux questions est à chercher dans les traditions de la lutte sociale ouvrière. Pour contraindre Mittal à céder le site y compris la phase à chaud et la recherche et développement, il faut occuper l’entreprise. Afin que les salariés tiennent le coup dans leur lutte et pour leur permettre de soutenir une grève de longue haleine, il faut lancer un appel à la solidarité avec la population dont nous avons vu qu’elle existait lors de l’immense manifestation du 7 décembre à Liège. Les salariés pourront sans aucun doute s’appuyer aussi sur la tradition de solidarité qui existe chez les métallos et dont nous avons encore eu une démonstration à Meister (voir ci-dessous). Mais une fois l’entreprise arrachée aux mains des spéculateurs et des financiers, il faudra encore réclamer que la gestion soit remise aux travailleurs pour éviter que les politiques ne gèrent l’entreprise comme un conseil d’administration du privé. Non à la fermeture de Cockerill ! Nationalisation sous le contrôle des travailleurs sans rachat ni indemnité !

  • Solidarité avec les travailleurs d’ArcelorMittal !

    Grève générale de 24 heures et manifestation ce mercredi 7 décembre 2011 à Liège 10h aux Terrasses (au «Torè»)

    L’heure est grave pour la sidérurgie. ArcelorMittal veut massivement délocaliser l’essentiel des activités vers les pays émergents. La dictature du profit s’illustre de nouveau. On nous a fait payer de tous côtés, et encore une fois maintenant ?

    Tract des Etudiants de Gauche Actifs

    Tract en version PDF

    Manifeste avec les Etudiants de gauche Actifs ! 9h00 devant l’entrée principale de l’université place du XX Août

    Ce mercredi 7 décembre sera une journée de grève interprofessionnelle pour défendre la sidérurgie liégeoise. Une manifestation syndicale de grande ampleur, avec une importance tant nationale qu’internationale, se déroulera à Liège.

    Étudiants de Gauche Actifs veut prendre une part active à cette mobilisation, tout comme pour la mobilisation contre l’austérité du 2 décembre. La raison est simple : en tant que filles et fils de travailleurs, en tant que futurs travailleurs nous-mêmes, ces mobilisations nous concernent !

    Les directives européennes contre les nationalisations ont été levées en 2008 pour porter secours aux banques. Pourquoi pas pour sauver l’emploi ?

    Le seul espoir serait un repreneur privé ? Attirer ce ‘’privé’’ passerait évidemment par la flexibilité ou des concessions salariales sous prétexte de sauver l’emploi. On nous avance que seule une reprise de la part d’un opérateur industriel pourrait sauver la phase à chaud, mais cela veut également dire qu’ArcelorMittal devrait la céder à un concurrent. Pourquoi Mittal est-il en droit de définir quel sera notre avenir et celui de nos enfants ? L’Etat a pu dégager 4 milliards d’euros pour sauver les spéculateurs et les actionnaires de Dexia. Ce n’est pas la première fois que les banques profitent des caisses de la collectivité. Pourquoi l’arme de la nationalisation ne peut-elle pas être utilisée pour la sidérurgie ? Pour sauver les emplois, pas les profits des actionnaires.

    Selon le ministre wallon Jean-Claude Marcourt, il est interdit par l’Union Européenne de nationaliser mais cela a bien été possible pour sauver les banques. Il ne faudrait donc pas compter sur les politiciens traditionnels pour nous aider et gérer une sidérurgie nationalisée si on parvenait à arracher la nationalisation par la lutte. L’exemple de la SNCB illustre très bien la manière dont est actuellement géré le public. Nous aimerions une bonne fois que ça fonctionne au profit des travailleurs.

    Nationaliser, sans rachat ni indemnité, sous le contrôle des travailleurs et de leurs familles

    Une seule chose peut sauver nos emplois : retirer l’outil des griffes du privé pour le placer aux mains de la collectivité

    Pourquoi faudrait-il collectiviser les pertes et privatiser les profits ? L’impact de la sidérurgie sur la région justifie pleinement le rachat de l’outil par les autorités. Mais pourquoi racheter ? La collectivité a suffisamment été volée par ArcelorMittal. En plus des très généreux cadeaux fiscaux, 236 millions d’euros ont été accordés pour les quotas de CO2, la Région wallonne a investi 20 millions en recherche scientifique à destination d’ArcelorMittal,… Il faut même réclamer de l’argent !

    La seule réponse est la nationalisation du secteur entier, sans rachat ni indemnités, sous le contrôle démocratique des travailleurs et de la collectivité. Nous pouvons concrétiser cette idée par une occupation de l’entreprise et par la formation d’un comité de lutte démocratique basé sur des assemblées générales souveraines. Cela signifie que les métallos, qui connaissent parfaitement leur entreprise, forment un collectif de direction démocratique. Nous voulons aider les travailleurs et syndicalistes combatifs à populariser cette idée au sein du mouvement social.

  • Nationalisation du secteur sidérurgique sous le contrôle des travailleurs !

    Combien de trahisons et de mensonges de la part du patronat et des autorités ? Combien de sacrifices pour les travailleurs ? Tout ça pour arriver à la fermeture ?! Voilà le mépris et l’arrogance du capitalisme. Pourquoi poursuivre avec cette logique ? Un secteur aussi vital que celui de la sidérurgie, ou encore de la finance ou de l’énergie, devrait être placé sous le contrôle démocratique de la collectivité. Pourquoi Mittal est-il en droit de définir quel sera notre avenir et celui de nos enfants ?

    Tract du PSL

    Tract en version PDF

    Le front commun syndical est allé protester auprès du formateur Di Rupo : l’Etat a pu dégager 4 milliards d’euros pour sauver les spéculateurs et les actionnaires de Dexia. Ce n’est pas la première fois que les banques profitent des caisses de la collectivité. Pourquoi l’arme de la nationalisation ne peut-elle pas être utilisée pour la sidérurgie ? Pour sauver les emplois, pas les profits des actionnaires.

    Pourquoi notre sueur doit-elle servir LEURS profits?

    Depuis la faillite des Forges de Clabecq en 1997, on a dit aux métallos que la sidérurgie était condamnée. ”Faut se faire une raison ”camarades”… Le seul espoir, c’est un repreneur privé”. Combien de fois a-t-on entendu ce refrain ? Attirer ce ”privé” passe évidemment par la flexibilité ou des concessions salariales. Et des cadeaux au patronat, on en a vu défiler. Combien d’argent est parti dans les caisses des super-riches alors que nos écoles étouffent, faute de moyens ? Et nos pensions, nos routes, nos hôpitaux ? On nous a fait payer de tous côtés, et encore une fois maintenant ?

    Il faut chercher une autre logique. ”Un âne ne butte jamais deux fois sur la même pierre”, dit le proverbe. N’entretenons aucune illusion envers le privé, il n’a pas de solution pour nous. Une seule chose peut sauver nos emplois : retirer l’outil des griffes du privé pour le placer aux mains de la collectivité. Attention, pas pour le refourguer au privé ensuite ! Pourquoi collectiviser les pertes et privatiser les profits ? Nous avons déjà connu cette situation dans les années 1980-1990, avant la vente à Usinor, avec une forte implication du gouvernement wallon, qui attendait de tomber sur un repreneur privé.

    Nationaliser : Impossible ? Et comment ?

    Pour le ministre wallon Jean-Claude Marcourt, c’est ‘‘impossible pour l’Union européenne’’. Seule une reprise de la part d’un opérateur industriel pourrait sauver la phase à chaud. Mais ArcelorMittal devrait la céder à un concurrent. Les directives européennes contre les nationalisations ont été levées en 2008 pour que les États membres courent porter secours aux banques. Pourquoi pas pour sauver l’emploi ?

    Les déclarations de Marcourt & Co illustrent qu’on ne peut pas compter sur les politiciens traditionnels pour nous aider. Si on parvenait à arracher la nationalisation par la lutte, il faudrait éviter à tout prix de laisser de tels énergumènes gérer une sidérurgie nationalisée. La manière dont est actuellement géré le public (la SNCB par exemple) est un argument massue pour dire : non merci ! Cette fois-ci, on aimerait bien que ça fonctionne…

    Nationaliser, sans rachat ni indemnité, sous le contrôle des travailleurs et de leurs familles

    L’impact de la sidérurgie sur la région est tel qu’il justifie pleinement le rachat de l’outil par les autorités. Mais pourquoi racheter ? La collectivité a suffisamment été volée par ArcelorMittal. En plus des très généreux cadeaux fiscaux, 236 millions d’euros ont été accordés pour les quotas de CO2, la Région wallonne a investi 20 millions en recherche scientifique à destination d’ArcelorMittal,… Il faut même réclamer de l’argent !

    ArcelorMittal n’est pas un évènement isolé. Partout dans le monde, les travailleurs et les jeunes entrent en action contre ce système qui n’agit qu’en fonction des profits. Ils occupent les grandes places et les gèrent sur base d’assemblées générales. Pourquoi, après l’occupation des places en Egypte, en Espagne, en Grèce, à Wall Street, ne pas commencer à occuper notre entreprise.

    La seule réponse, c’est la nationalisation du secteur entier, sans rachat ni indemnités, sous le contrôle démocratique des travailleurs et de la collectivité. Cela signifie que les métallos, qui connaissent parfaitement leur entreprise, forment un collectif de direction démocratique.

    Comment pouvons nous concrétiser cette idée ? Par une occupation de l’entreprise et par la formation d’un comité de lutte démocratique, basé sur des assemblées générales souveraines.

    IL FAUT UNE LUTTE INTERNATIONALE

    Au Luxembourg, ArcelorMittal vient d’annoncer la fermeture ‘‘provisoire’’ de l’aciérie et de l’un des deux laminoirs de Schifflange. 600 métallos vont se retrouver dans une ‘‘cellule de reclassement’’ et d’innombrables emplois seront perdus chez les sous-traitants. En France, le site de Florange-Hayange est menacé de fermeture : 1.100 ouvriers au chômage technique et au moins 400 intérimaires aux contrats résiliés. D’autres sites sont encore menacés à travers l’Europe, tandis que les conditions de travail sont attaquées partout dans le groupe.

    Aucune confiance dans le futur gouvernement !

    Leterme l’avait déjà dit : on ne peut pas économiser 2-3 milliards d’euros par an sans toucher à la “population”. Les 10 milliards d’euros qui devront être trouvés l’an prochain le seront sur le dos de notre bien-être.

    VOLER AUX PAUVRES POUR DONNER AUX RICHES

    Quelle alternative ? En 2009, les entreprises ont réalisé 94 milliards d’euros de profit avant imposition en Belgique, et n’ont payé que 11 milliards d’euros d’impôts (soit un taux de 11,8%). Est-il irréaliste de penser faire un effort à ce niveau-là ?

    Selon les quatre partis traditionnels, c’est hors de question. Dès qu’on parle d’impôt sur la fortune, ce ne serait “pas applicable parce qu’il n’y a pas de cadastre sur la fortune”. Si les négociateurs essayent de soulever la question de la hausse de la taxe nucléaire à 750 millions d’euros, le patron de GDF-Suez-Electrabel menace de bloquer tous les investissements en Belgique. Le sommeil des plus riches ne sera pas perturbé par l’austérité…

    Contre cette logique, nous avons besoin d’une bonne riposte syndicale. Le SETCa a soulevé la question d’une grève générale contre l’austérité, et c’est une excellente initiative. Mais le combat syndical doit avoir un prolongement politique.

    Cette fois-ci, le premier ministre sera PS. A quel point le programme d’économies sera-t-il différent? EN Flandre, un nouveau mouvement socialiste a été lancé : ‘ROOD!’ Cette initiative a été prise par SP.a-Rood, l’aile gauche dont le porte-parole Erik De Bruyn avait reçu 33% des votes aux élections présidentielles du SP.a en 2007. Ce groupe était arrivé à la conclusion qu’il est impossible de rendre le SP.a plus à gauche ou plus démocratique.

    Chaque jour, nous sommes harcelés par la propagande des riches, sans que personne n’y réponde. Nous ne disposons plus d’un parti qui se batte pour défendre nos droits.

    Le PSL pense qu’un tel parti, avec des syndicats combatifs, est nécessaire pour mettre fin à la casse sociale. CONTACTEZ-NOUS !

  • Nationalisation du secteur sidérurgique sous le contrôle des travailleurs !

    ArcelorMittal : annonce de la fermeture définitive de la phase à chaud liégeoise

    Séisme en région liégeoise : la direction d’ArcelorMittal a annoncé sa volonté de fermer définitivement la phase à chaud. Après avoir été baladés pendant des années de promesses en désillusions, les travailleurs sont menacés d’être vulgairement balancés à la poubelle. Un millier d’emplois (581 emplois fixes et près de 400 intérimaires) sont directement concernés, bien plus encore indirectement, et l’avenir de la phase à froid est loin d’être garanti. Comment sauver l’emploi ?

    Par Nicolas Croes

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    Les nerfs des travailleurs mis à rude épreuve dix années durant

    L’histoire de la sidérurgie est longue en région liégeoise. Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que les dix dernières années ont été mouvementées.

    En 2001, peu après la fusion d’Usinor (France), Arbed (Luxembourg) et Aceralia (Espagne) qui donnera naissance à Arcelor, le groupe annonce un plan d’économie de 700 millions d’euros. Bien vite, il est aussi question de gel des investissements.

    Début 2003, Arcelor annonce la fermeture de la phase à chaud liégeoise. La manifestation contre la fermeture, en plein centre de Liège, réunira 50.000 personnes, la plus forte mobilisation ouvrière dans la Cité Ardente depuis la ‘‘Grève du siècle’’ de 1961. Suivent aussi deux manifestations au Grand Duché du Luxembourg (où se trouve le siège social du groupe), marquées par une répression policière particulièrement féroce. Un accord social est conclu, prévoyant la fermeture du HF6, le haut fourneau de Seraing, effectif en 2005.

    En juin 2006, Mittal reprend Arcelor, qui confirme la fin de la phase à chaud, puis laisse entendre que cette décision pourrait être revue, ce qui est effectivement fait en 2007. Une première date de relance avait été fixée pour le mois de novembre 2007, reportée en raison du problème des quotas de CO2 (la Région wallonne sortira plusieurs millions d’euros pour accorder des quotas de CO2 supplémentaires à la multinationale..).

    Le 21 janvier 2008 se déroule une grève générale de la sidérurgie liégeoise et, le 27 février, le HF6 est enfin relancé… jusqu’en octobre, où ArcelorMittal annonce sa fermeture ‘‘pour 3 mois’’. Il n’a plus jamais fonctionné depuis. En 2009, le second haut fourneau, le HFB, est ‘‘mis sous cocon’’, puis remis en marche un an, puis ‘‘mis en veille’’ le 1er août de cette année. Enfin est arrivée cette annonce de fermeture définitive.


    Il faut une lutte internationale

    Au Luxembourg, après la délocalisation du service informatique, ArcelorMittal vient d’annoncer la fermeture ‘‘provisoire’’ de l’aciérie et de l’un des deux laminoirs de Schifflange. 600 métallos vont se retrouver dans une ‘‘cellule de reclassement’’ et d’innombrables emplois seront perdus chez les sous-traitants. En France, après l’extinction du site de Gandrange, c’est celui de Florange-Hayange qui est menacé de fermeture, ce qui concerne 1.100 ouvriers au chômage technique et au moins 400 intérimaires aux contrats résiliés. D’autres sites sont encore menacés à travers l’Europe, tandis que les conditions de travail sont attaquées partout dans le groupe.


    Phase à chaud et phase à froid

    Ce que l’on appelle ‘‘phase à chaud’’ ou ‘‘phase liquide’’, ce sont les deux hauts fourneaux (HF6 et HFB), l’agglomération qui prépare le minerais, la coulée continue de Chertal et deux batteries de hauts-fourneaux. La phase à froid, c’est la seconde partie de la production, où les lames d’acier sont transformées en produits finis. Depuis toujours, les syndicats demandent le maintien d’une sidérurgie dite ‘‘intégrée’’. Le froid n’est pas directement menacé aujourd’hui, mais tout laisse à penser que son avenir est des plus sombres dans les plans d’ArcelorMittal.

    Depuis la faillite des Forges de Clabecq en 1997, tous les métallos se sont déjà entendus dire que la sidérurgie était condamnée en Belgique. Ce refrain a été instrumentalisé depuis plus de 10 ans pour faire avaler des efforts incroyables, une flexibilité de travail accrue et, dans le cas d’ArcelorMittal, un gel des salaires en 2009. Au final, ce sont uniquement les bénéfices de la multinationale qui ont été sauvés.

    C’est encore avec cet argument de l’emploi qu’est arrivé tout un tas de mesures fiscales extrêmement favorables au patronat – comme la célèbre Déduction des intérêts notionnels – représentant un gigantesque manque à gagner pour la collectivité. Concrètement, les chiffres sont tout bonnement révoltants.

    Le taux d’imposition ‘normal’ sur les bénéfices des entreprises est de 34% en Belgique. L’an dernier, la filière financière d’Arcelor Mittal (ArcelorMittal Finance and Services Belgium) a réalisé un bénéfice de 1,394 milliard d’euros, sans payer le moindre cent d’impôt. Cette même année, ArcelorMittal Belgium, qui chapeaute l’activité industrielle du groupe en Belgique, a réalisé un bénéfice de 59 millions d’euros, ce sur quoi le groupe a payé 42.000 euros seulement! ArcelorMittal Liège Upstream, dont c’est la fermeture prochaine qui vient d’être annoncée, a réalisé un bénéfice de 35 millions d’euros à elle seule et a payé… 936 euros d’impôts ! Pour sauver l’emploi ? On en voit le résultat…

    Nationaliser ?

    Le front commun syndical d’ArcelorMittal a officiellement demandé au formateur Elio Di Rupo de nationaliser la sidérurgie liégeoise, constatant que l’Etat avait bien pu débourser 4 milliards d’euros pour sauver les spéculateurs et les actionnaires de Dexia, en lui présentant un plan de un milliard d’euros. ‘‘Une idée qui mérite au moins d’être étudiée’’, pour Didier Van Caillie (professeur de stratégie d’entreprise à l’Université de Liège). Mais il par le en fait d’une ‘‘nationalisation-relais’’ temporaire en vue de prévoir la transition vers un nouvel acquéreur privé.

    C’est un peu aussi l’idée de Fabrice Jacquemart, Directeur Politique et Communication de la FGTB Métal Liège-Luxembourg, quand il déclare que ‘‘Notre idée, c’est qu’il faut revenir à la situation des années 1980-1990, avant la vente à Usinor, avec une implication forte du gouvernement wallon en attendant de trouver un autre repreneur industriel.’’

    Le ministre wallon de l’Economie Jean-Claude Marcourt (PS) – que l’on a encore entendu, sans rire, se dira ‘anticapitaliste’ (!) – a très vite expliqué qu’une nationalisation était impossible parce que ce n’est ‘‘pas le rôle de la Région wallonne’’ et que c’est ‘‘impossible pour l’Union européenne’’. A son cabinet, on défend que seule une reprise par un opérateur industriel permettrait de sauver la ligne à chaud liégeoise, ce qui implique qu’ArcelorMittal accepte de céder les outils qu’il souhaite fermer. Et c’est loin d’être garanti.

    D’abord, les directives de l’Union européenne, on en fait ce qu’on veut. Mais, visiblement, uniquement quand il s’agit de l’intérêt des patrons et des banques ! Ainsi, celles s’opposant aux nationalisations ont été levées en 2008 afin de permettre aux divers États membres de se précipiter au chevet des banques. Comment pourrait-on encore défendre de ne pas intervenir dans le cas présent ? Quand il faut sauver l’emploi, ça ne va pas ? Evidemment, si c’est pour que les autorités gèrent une sidérurgie nationalisée comme elles gèrent la SNCB, il y a de quoi se poser des questions… Mais nous entendons autre chose par ‘nationalisation’.

    Sauver l’emploi, pas les profits

    S’en remettre à un hypothétique repreneur, c’est de nouveau livrer l’emploi et la collectivité aux aléas de la soif de profit du privé. Et il n’est pas uniquement question des emplois directs, mais aussi des sous-traitants, des communes (qui dépendent des taxes d’ArcelorMittal pour 5 millions dans le cas de Seraing sur un budget de 90 millions ou encore de 3,7 millions dans le cas d’Oupeye), ou des services publics. Ainsi, 70% du trafic de la gare de triage de Kinkempois concerne la sidérurgie. Si l’activité de la gare n’est pas trop directement menacée par la fermeture de la phase à chaud (essentiellement basée sur le transport fluvial), celle de la phase à froid, à l’avenir plus qu’incertain, constituerait une véritable catastrophe.

    Un secteur de l’économie aussi crucial que la sidérurgie ne devrait pas être laissé aux mains capricieuses et avides de profit du privé. Imaginons qu’à Seraing, le taux de chômage parmi les jeunes est déjà actuellement de 35%…

    Plusieurs économistes affirment d’ailleurs que l’impact de la sidérurgie sur la région est tel que cela justifie amplement le rachat de l’outil par les autorités. Mais pourquoi racheter ? La collectivité a suffisamment été volée par ArcelorMittal et les autres entreprises du secteur. En plus des très généreux cadeaux fiscaux, des dizaines de millions d’euros ont été accordés pour les quotas de CO2, la région wallonne a investi 20 millions en recherche scientifique à destination d’ArcelorMittal,… En fait, c’est même lui réclamer de l’argent qu’il faut faire !

    Partout dans le monde, les travailleurs et les jeunes entrent en action contre ce système qui n’agit qu’en fonction des profits. Ils occupent les grandes places et les gèrent sur base d’assemblées générales régulières et souveraines. A ArcelorMittal, la seule riposte qui s’impose est la nationalisation du secteur entier, sans rachat ni indemnités, sous le contrôle démocratique des travailleurs et de la collectivité. Les métallos connaissent leur entreprise parfaitement et sont bien capables de former un collectif de direction démocratique. Peut-être faudrait-il commencer à réfléchir à la manière d’imposer cela par l’occupation de l’entreprise et par la formation d’un comité de lutte démocratique, basé sur des assemblées générales régulières et souveraines. Ainsi, on passerait de l’occupation des places à la saisie, par la collectivité et les travailleurs, des outils qui devraient leur revenir de droit.


    Nationalisations sous contrôle ouvrier ?

    Voici quelques liens vers des articles qui développent cette idée de nationalisation sous le contrôle démocratique des travailleurs et de la collectivité.

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  • Crise économique. Le PS défend le capitalisme, pas les travailleurs

    Tout le monde connait la chanson de Jacques Dutronc “Je retourne ma veste… toujours du bon côté”. Le PS aussi. Il semble même en avoir fait son hymne en vue des prochaines élections. Alors que chaque jour apporte son lot de mauvaises nouvelles économiques, les ténors du PS, après avoir bâfré sans état d’âme à l’écuelle des contre-réformes néolibérales pendant ces vingt dernières années, se sentent aujourd’hui obligés de relever la tête et de se muscler le bras gauche. Pour s’en servir ou pour l’esbroufe?

    Par Alain (MAS-Namur) et Jean Peltier (MAS-Liège)

    Elio et Laurette étaient très en verve au congrès de rentrée du PS pour dénoncer les errements du libéralisme et l’hypocrisie des grands financiers. Dans la foulée, Laurette s’est aussi scandalisée lors de l’émission Mise au point devant les propos provocateurs de Rudy Thomaes de la FEB, qui exigeait que l’on restreigne les coûts des soins de santé. C’était très beau. Mais ces belles colères ne pourront pas faire oublier si facilement à quel point les dirigeants socialistes ont activement contribué à la situation actuelle. Quand ils privatisaient la CGER et Belgacom, quand ils « réformaient » l’enseignement en supprimant des milliers de postes, quand ils donnaient le feu vert à Reynders pour les intérêts notionnels,… Laurette et Elio nous ont montré une toute autre image que celle de courageux Robins des Bois prenant aux riches pour donner aux pauvres !

    Le PS étudie la crise…

    L’Institut Emile Vandervelde, le centre d’étude du Parti Socialiste, a été mis à contribution pour analyser la crise actuelle et élaborer les réponses du PS. Mais lorsqu’on lit cette étude, on a envie de compléter le refrain « je retourne ma veste… » par « toujours du mauvais côté ».

    Le titre de cette étude donne déjà le ton : « Crise mondiale des marchés financiers. Pour un retour à l’économie réelle ! ». L’objectif est répété tout au long du texte : ce « retour à l’économie réelle » doit permettre de « restaurer la confiance… ». Attention, il ne s’agit pas de restaurer le pouvoir d’achat des travailleurs et des allocataires sociaux, encore moins de rétablir la part des salaires dans le produit intérieur brut, qui a diminué en Belgique de près de 7% en 20 ans. Il s’agit de restaurer la confiance… dans un système économique qui fait eau de toute part.

    Toute l’analyse de l’IEV vise à glorifier l’ « économie réelle » ou « productive » (et accessoirement ses gentils patrons !) et à dénoncer la « financiarisation excessive » de l’économie « qui pèse négativement sur l’économie réelle et sur le bien-être social des populations ». Avec un diagnostic à la clé : « la crise actuelle est la conséquence inévitable d’une régulation insuffisante des marchés financiers dominés par une frénésie spéculative ».

    Tout à sa belle indignation, l’IEV passe cependant sous silence quelques points gênants. Le premier est que cette « financiarisation de l’économie » n’est pas un accident de parcours qui serait du à l’avidité de spéculateurs parasites agissant en dehors de « l’économie réelle », mais bien la réponse soutenue par l’ensemble du patronat – qu’il soit « réel », « productif », « financier » ou « spéculatif » à la baisse des taux de profit dans les années ’70 et ’80. Ensuite que toute la politique néolibérale qui a accompagné cette « financiarisation de l’’économie » s’est faite avec la complicité – gênée ou sans complexe – de tous les PS européens. Et enfin que cette crise était prévisible depuis des années mais que les PS n’ont rien fait nulle part pour organiser une réponse collective des travailleurs avant et pendant cette crise.

    …et veut soulager les « bons » patrons

    Ce rapport de l’IEV débouche sur une série de propositions « pour le retour à l’économie réelle ». Il propose ainsi de décourager le crédit purement spéculatif, de forcer les banques d’affaires à la transparence, de créer un organe mondial (excusez du peu) de régulation et de contrôle des marchés financiers, d’établir un prélèvement de faible taux sur les transactions purement financières (noter ici le « de faible taux »), de définir un cadre international ou européen de protection des ménages dans le domaine du crédit, d’agir résolument contre les paradis fiscaux et de créer à cet effet une Task Force (c’est encore plus impressionnant quand c’est dit en anglais) au sein du Service Public Fédéral Finance (pour cela, il faudrait d’abord commencer à engager au sein de ce même SPF Finance qui comme beaucoup de services publics manque de personnel et a été consciemment affaibli par les libéraux pour museler toute lutte efficace contre la fraude fiscale patronale). Il est frappant de voir à quel point ces mesures visent à « réguler » le capitalisme et pas à lutter contre celui-ci. Dans toutes ces mesures, il n’y a rien sur la nationalisation des secteurs-clés de l’économie, l’augmentation des salaires et des allocations, le rétablissement complet de l’index, ou encore la diminution du temps de travail avec embauche compensatoire. Et il n’y a non plus pas la moindre proposition visant à organiser une mobilisation et une lutte des travailleurs pour le pouvoir d’achat et l’emploi.

    Ce rapport de l’IEV a en fin de compte un immense mérite, celui de montrer ce que signifie vraiment le « tournant à gauche » du PS. L’objectif de celui-ci est simplement d’améliorer la gestion du capitalisme en restreignant le pouvoir des patrons « financiers » (chouchoutés par les libéraux) au bénéfice des patrons « producteurs ». Le PS entend donc se poser plus que jamais en soutien des patrons « responsables » et utiliser le crédit qui lui reste auprès des travailleurs pour rester au pouvoir afin d’aider les « bons » patrons à tenir le coup et à relever la tête.

    Face à la faillite du néolibéralisme, le PS n’offre qu’une perspective de replâtrage du capitalisme. Les travailleurs ont besoin d’un autre programme pour une autre société. Et ce ne sont pas Elio, Laurette et les fins penseurs de l’IEV qui le leur proposeront !


    LIENS:

  • Crise économique et crise d’idées

    Interview de Jean-Claude Marcourt (PS) accordée au journal Le Soir

    Sous le titre-citation «C’est un choc. On réagit», le ministre wallon de l’économie a déballé ses idées sur la crise dans l’édition du 16 octobre du journal Le Soir. Marcourt nous apprend ainsi que le PS déposera bientôt une batterie de propositions de lois. On se réjouit de les lire, parce qu’en guise d’avant goût, on reste sur sa faim avec cette interview. Marcourt possède bien quelques idées ici et là, mais le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elles ne peuvent prêter qu’à rire lorsqu’on les compare à la gravité de la situation. C’est toujours ça de pris.

    Par Nicolas Croes

    Cela n’a l’air de rien, être ministre de l’économie, mais ça demande des compétences qui ne sont pas données à tout le monde. Ainsi, si vous demandez autour de vous ce qu’on pourrait faire face à la crise, personne ne vous répondra : « Il faut revenir à des règles de base où le système sera moins flamboyant quand il monte et moins destructeur quand il descend. Pourquoi ne pas supprimer la dictature des résultats trimestriels, qui obligent les entreprises à se braquer sur des objectifs à court terme ? Les marchés financiers pourraient se contenter de résultats semestriels.»(1) Combien de diplômes doit-on posséder pour pondre une idée pareille?! C’est certain, une telle mesure règlerait bien des choses… Vous voulez des résultats trimestriels ? Et bien non, uniquement semestriels ! Quel coup porté à ceux dont la soif de profit est à la base de la crise actuelle…

    Ne soyons toutefois pas malhonnêtes, ce n’est pas le seul projet ambitieux que propose Jean-Claude Marcourt. Il déclare encore au journaliste qu’il a «déposé hier sur la table du gouvernement quatre mesures visant à aider les entreprises qui ont besoin de crédits. (…) Bref, nous sommes derrière l’activité économique.»(1) Et c’est bien vrai ! Pour soutenir «l’activité économique», c’est-à-dire les patrons et les actionnaires, on peut toujours faire confiance au PS. Qui a privatisé Belgacom ? Di Rupo. Qui est responsable des assainissements et de la perte de milliers d’emplois dans l’enseignement ? Di Rupo et Onkelinx. Qui a déclaré que diminuer les taxes sur les entreprises créait de l’emploi ? Onkelinx. Qui a voté la déduction des intérêts notionnels avec le MR? Le PS.

    Tout pour les patrons

    Le libre marché et le «capitalisme financier» tant décriés aujourd’hui, le PS les connaît comme on connaît un bon pote (inutile d’insister sur le siège de Di Rupo au conseil d’administration de la banque Dexia, mais faisons-le tout de même un peu). Pourtant, sur son blog, Marcourt affirme que «Le libéralisme du « laissez-faire » vient de démontrer ses limites : George Bush voulait toujours moins d’impôts [slogan bien connu en Belgique], une stimulation à outrance de l’offre et plus d’exposition à la libre concurrence pour être plus compétitif.»(2) Il faut un certain culot pour critiquer cette politique néolibérale dont les principes ont été à la base de celle que le PS a appliqué ici : privatisation de La Poste, Pacte des Générations, etc. D’autant plus de la part du créateur du très néolibéral Plan Marshall. La différence de proportion entre les USA et la Belgique tient moins en la pugnacité des élus et des structures du PS qu’en la force et le degré d’organisation des travailleurs.

    Exagération ? Que nenni ! D’ailleurs, plus loin dans l’interview, Jean-Claude Marcourt précise pour qui bat son cœur : «J’ai lancé une invitation aux représentants du patronat, de l’Union wallonne des entreprises et des Classes moyennes, aux représentants des pôles de compétitivité et des organisations syndicales, à réfléchir ensemble à ce qui se passe : comment soutenir nos entreprises?» Soutenir les entreprises? Qui créé les richesses produites par ces entreprises ? Ce ne serait par hasard pas ces mêmes travailleurs qui luttent pour leur pouvoir d’achat ? Pourquoi accorder des milliards aux entreprises et aux banques et rien à nous?

    Et quand le journaliste du Soir lui demande «craignez vous des mouvements sociaux en Wallonie», il répond : «Le monde patronal ne doit pas y trouver de faux prétexte pour restructurer. S’il y a des difficultés, la transparence des chefs d’entreprises à l’égard des travailleurs sera fondamentale. Il faut faire fonctionner la démocratie à l’intérieur des entreprises. Et puis, la Wallonie n’est pas une terre de gréviculteurs, mais de gens qui veulent travailler.» Quand quelqu’un fait grève, Monsieur Marcourt, ce n’est en rien parce qu’on ne veut pas travailler. C’est parce qu’on ne veut plus travailler sous ces conditions! Et quant à la démocratie dans les entreprises, elle ne sera véritable que quand les travailleurs – ceux qui produisent les richesses – seront les maîtres de leurs lieux de travail et que les patrons et actionnaires – ceux qui volent le fruit du travail des autres – seront du domaine du passé.

    Il ne suffit pas de glorifier les luttes du passé sur son blog pour se dire socialiste, il faut soutenir celles d’aujourd’hui. Un chemin tel que celui suivi par Jean-Claude Marcourt conduit face aux travailleurs, pas à leur côté.


    (1) Le Soir, 16/10/08, « C’est un choc. On réagit »
    (2) Blog de Jean-Claude Marcourt, 25/10/08, Le poker menteur du libéralisme

    Liens:

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