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Tag: Jean-Claude Marcourt
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Crise économique. Le PS défend le capitalisme, pas les travailleurs
Tout le monde connait la chanson de Jacques Dutronc “Je retourne ma veste… toujours du bon côté”. Le PS aussi. Il semble même en avoir fait son hymne en vue des prochaines élections. Alors que chaque jour apporte son lot de mauvaises nouvelles économiques, les ténors du PS, après avoir bâfré sans état d’âme à l’écuelle des contre-réformes néolibérales pendant ces vingt dernières années, se sentent aujourd’hui obligés de relever la tête et de se muscler le bras gauche. Pour s’en servir ou pour l’esbroufe?
Par Alain (MAS-Namur) et Jean Peltier (MAS-Liège)
Elio et Laurette étaient très en verve au congrès de rentrée du PS pour dénoncer les errements du libéralisme et l’hypocrisie des grands financiers. Dans la foulée, Laurette s’est aussi scandalisée lors de l’émission Mise au point devant les propos provocateurs de Rudy Thomaes de la FEB, qui exigeait que l’on restreigne les coûts des soins de santé. C’était très beau. Mais ces belles colères ne pourront pas faire oublier si facilement à quel point les dirigeants socialistes ont activement contribué à la situation actuelle. Quand ils privatisaient la CGER et Belgacom, quand ils « réformaient » l’enseignement en supprimant des milliers de postes, quand ils donnaient le feu vert à Reynders pour les intérêts notionnels,… Laurette et Elio nous ont montré une toute autre image que celle de courageux Robins des Bois prenant aux riches pour donner aux pauvres !
Le PS étudie la crise…
L’Institut Emile Vandervelde, le centre d’étude du Parti Socialiste, a été mis à contribution pour analyser la crise actuelle et élaborer les réponses du PS. Mais lorsqu’on lit cette étude, on a envie de compléter le refrain « je retourne ma veste… » par « toujours du mauvais côté ».
Le titre de cette étude donne déjà le ton : « Crise mondiale des marchés financiers. Pour un retour à l’économie réelle ! ». L’objectif est répété tout au long du texte : ce « retour à l’économie réelle » doit permettre de « restaurer la confiance… ». Attention, il ne s’agit pas de restaurer le pouvoir d’achat des travailleurs et des allocataires sociaux, encore moins de rétablir la part des salaires dans le produit intérieur brut, qui a diminué en Belgique de près de 7% en 20 ans. Il s’agit de restaurer la confiance… dans un système économique qui fait eau de toute part.
Toute l’analyse de l’IEV vise à glorifier l’ « économie réelle » ou « productive » (et accessoirement ses gentils patrons !) et à dénoncer la « financiarisation excessive » de l’économie « qui pèse négativement sur l’économie réelle et sur le bien-être social des populations ». Avec un diagnostic à la clé : « la crise actuelle est la conséquence inévitable d’une régulation insuffisante des marchés financiers dominés par une frénésie spéculative ».
Tout à sa belle indignation, l’IEV passe cependant sous silence quelques points gênants. Le premier est que cette « financiarisation de l’économie » n’est pas un accident de parcours qui serait du à l’avidité de spéculateurs parasites agissant en dehors de « l’économie réelle », mais bien la réponse soutenue par l’ensemble du patronat – qu’il soit « réel », « productif », « financier » ou « spéculatif » à la baisse des taux de profit dans les années ’70 et ’80. Ensuite que toute la politique néolibérale qui a accompagné cette « financiarisation de l’’économie » s’est faite avec la complicité – gênée ou sans complexe – de tous les PS européens. Et enfin que cette crise était prévisible depuis des années mais que les PS n’ont rien fait nulle part pour organiser une réponse collective des travailleurs avant et pendant cette crise.
…et veut soulager les « bons » patrons
Ce rapport de l’IEV débouche sur une série de propositions « pour le retour à l’économie réelle ». Il propose ainsi de décourager le crédit purement spéculatif, de forcer les banques d’affaires à la transparence, de créer un organe mondial (excusez du peu) de régulation et de contrôle des marchés financiers, d’établir un prélèvement de faible taux sur les transactions purement financières (noter ici le « de faible taux »), de définir un cadre international ou européen de protection des ménages dans le domaine du crédit, d’agir résolument contre les paradis fiscaux et de créer à cet effet une Task Force (c’est encore plus impressionnant quand c’est dit en anglais) au sein du Service Public Fédéral Finance (pour cela, il faudrait d’abord commencer à engager au sein de ce même SPF Finance qui comme beaucoup de services publics manque de personnel et a été consciemment affaibli par les libéraux pour museler toute lutte efficace contre la fraude fiscale patronale). Il est frappant de voir à quel point ces mesures visent à « réguler » le capitalisme et pas à lutter contre celui-ci. Dans toutes ces mesures, il n’y a rien sur la nationalisation des secteurs-clés de l’économie, l’augmentation des salaires et des allocations, le rétablissement complet de l’index, ou encore la diminution du temps de travail avec embauche compensatoire. Et il n’y a non plus pas la moindre proposition visant à organiser une mobilisation et une lutte des travailleurs pour le pouvoir d’achat et l’emploi.
Ce rapport de l’IEV a en fin de compte un immense mérite, celui de montrer ce que signifie vraiment le « tournant à gauche » du PS. L’objectif de celui-ci est simplement d’améliorer la gestion du capitalisme en restreignant le pouvoir des patrons « financiers » (chouchoutés par les libéraux) au bénéfice des patrons « producteurs ». Le PS entend donc se poser plus que jamais en soutien des patrons « responsables » et utiliser le crédit qui lui reste auprès des travailleurs pour rester au pouvoir afin d’aider les « bons » patrons à tenir le coup et à relever la tête.
Face à la faillite du néolibéralisme, le PS n’offre qu’une perspective de replâtrage du capitalisme. Les travailleurs ont besoin d’un autre programme pour une autre société. Et ce ne sont pas Elio, Laurette et les fins penseurs de l’IEV qui le leur proposeront !
LIENS:
- Nationalisons pour sauver les emplois, pas les patrons!
- Crise économique et crise d’idées Interview de Jean-Claude Marcourt (PS) accordée au journal Le Soir
- Avec et autour de la base syndicale, pour un parti syndical! Catégorie consacrée à la question de la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs.
- Tous ensemble pour le pouvoir d’achat et pour l’emploi Tract du MAS
- Archives économiques de ce site
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Crise économique et crise d’idées
Interview de Jean-Claude Marcourt (PS) accordée au journal Le Soir
Sous le titre-citation «C’est un choc. On réagit», le ministre wallon de l’économie a déballé ses idées sur la crise dans l’édition du 16 octobre du journal Le Soir. Marcourt nous apprend ainsi que le PS déposera bientôt une batterie de propositions de lois. On se réjouit de les lire, parce qu’en guise d’avant goût, on reste sur sa faim avec cette interview. Marcourt possède bien quelques idées ici et là, mais le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elles ne peuvent prêter qu’à rire lorsqu’on les compare à la gravité de la situation. C’est toujours ça de pris.
Par Nicolas Croes
Cela n’a l’air de rien, être ministre de l’économie, mais ça demande des compétences qui ne sont pas données à tout le monde. Ainsi, si vous demandez autour de vous ce qu’on pourrait faire face à la crise, personne ne vous répondra : « Il faut revenir à des règles de base où le système sera moins flamboyant quand il monte et moins destructeur quand il descend. Pourquoi ne pas supprimer la dictature des résultats trimestriels, qui obligent les entreprises à se braquer sur des objectifs à court terme ? Les marchés financiers pourraient se contenter de résultats semestriels.»(1) Combien de diplômes doit-on posséder pour pondre une idée pareille?! C’est certain, une telle mesure règlerait bien des choses… Vous voulez des résultats trimestriels ? Et bien non, uniquement semestriels ! Quel coup porté à ceux dont la soif de profit est à la base de la crise actuelle…
Ne soyons toutefois pas malhonnêtes, ce n’est pas le seul projet ambitieux que propose Jean-Claude Marcourt. Il déclare encore au journaliste qu’il a «déposé hier sur la table du gouvernement quatre mesures visant à aider les entreprises qui ont besoin de crédits. (…) Bref, nous sommes derrière l’activité économique.»(1) Et c’est bien vrai ! Pour soutenir «l’activité économique», c’est-à-dire les patrons et les actionnaires, on peut toujours faire confiance au PS. Qui a privatisé Belgacom ? Di Rupo. Qui est responsable des assainissements et de la perte de milliers d’emplois dans l’enseignement ? Di Rupo et Onkelinx. Qui a déclaré que diminuer les taxes sur les entreprises créait de l’emploi ? Onkelinx. Qui a voté la déduction des intérêts notionnels avec le MR? Le PS.
Tout pour les patrons
Le libre marché et le «capitalisme financier» tant décriés aujourd’hui, le PS les connaît comme on connaît un bon pote (inutile d’insister sur le siège de Di Rupo au conseil d’administration de la banque Dexia, mais faisons-le tout de même un peu). Pourtant, sur son blog, Marcourt affirme que «Le libéralisme du « laissez-faire » vient de démontrer ses limites : George Bush voulait toujours moins d’impôts [slogan bien connu en Belgique], une stimulation à outrance de l’offre et plus d’exposition à la libre concurrence pour être plus compétitif.»(2) Il faut un certain culot pour critiquer cette politique néolibérale dont les principes ont été à la base de celle que le PS a appliqué ici : privatisation de La Poste, Pacte des Générations, etc. D’autant plus de la part du créateur du très néolibéral Plan Marshall. La différence de proportion entre les USA et la Belgique tient moins en la pugnacité des élus et des structures du PS qu’en la force et le degré d’organisation des travailleurs.
Exagération ? Que nenni ! D’ailleurs, plus loin dans l’interview, Jean-Claude Marcourt précise pour qui bat son cœur : «J’ai lancé une invitation aux représentants du patronat, de l’Union wallonne des entreprises et des Classes moyennes, aux représentants des pôles de compétitivité et des organisations syndicales, à réfléchir ensemble à ce qui se passe : comment soutenir nos entreprises?» Soutenir les entreprises? Qui créé les richesses produites par ces entreprises ? Ce ne serait par hasard pas ces mêmes travailleurs qui luttent pour leur pouvoir d’achat ? Pourquoi accorder des milliards aux entreprises et aux banques et rien à nous?
Et quand le journaliste du Soir lui demande «craignez vous des mouvements sociaux en Wallonie», il répond : «Le monde patronal ne doit pas y trouver de faux prétexte pour restructurer. S’il y a des difficultés, la transparence des chefs d’entreprises à l’égard des travailleurs sera fondamentale. Il faut faire fonctionner la démocratie à l’intérieur des entreprises. Et puis, la Wallonie n’est pas une terre de gréviculteurs, mais de gens qui veulent travailler.» Quand quelqu’un fait grève, Monsieur Marcourt, ce n’est en rien parce qu’on ne veut pas travailler. C’est parce qu’on ne veut plus travailler sous ces conditions! Et quant à la démocratie dans les entreprises, elle ne sera véritable que quand les travailleurs – ceux qui produisent les richesses – seront les maîtres de leurs lieux de travail et que les patrons et actionnaires – ceux qui volent le fruit du travail des autres – seront du domaine du passé.
Il ne suffit pas de glorifier les luttes du passé sur son blog pour se dire socialiste, il faut soutenir celles d’aujourd’hui. Un chemin tel que celui suivi par Jean-Claude Marcourt conduit face aux travailleurs, pas à leur côté.
(1) Le Soir, 16/10/08, « C’est un choc. On réagit »
(2) Blog de Jean-Claude Marcourt, 25/10/08, Le poker menteur du libéralisme
Liens:
- Avec et autour de la base syndicale, pour un parti syndical! Catégorie consacrée à la question de la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs.
- Tous ensemble pour le pouvoir d’achat et pour l’emploi Tract du MAS
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