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Irlande : le Traité fiscal européen est passé
Une victoire à la Pyrrhus pour l’establishment, qui dévoile leur vrai visage
Le référendum irlandais portant sur le Traité Fiscal européen a constitué un enjeu international de grande importance. Ce pacte budgétaire européen, officiellement appelé traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG), comprend une série de règles budgétaires parmi lesquelles le fait que les divers pays doivent réduire leurs déficits structurels à 0,5 % de leur PIB et la dette globale à 60 % de leur PIB. Ce traité institutionnalise l’austérité et représente une attaque très sérieuse contre les droits démocratiques en renforçant de façon importante les pouvoirs de la Commission européenne.
Par des correspondants du Socialist Party (CIO-Irlande)
Lors de ce référendum, le monde des affaires et les ‘‘dirigeants’’ de l’Union Européenne appuyaient le ‘‘Oui’’. A leur opposé, la classe ouvrière, en Grèce tout comme dans bien d’autres pays, espérait voir la victoire du ‘‘Non’’ en comprenant bien que la lutte contre l’austérité et le capitalisme à travers toute l’Europe se doit d’êtrer unifiée. Un ‘‘Non’’ aurait permis de donner un nouvel élan à cette lutte.
En fin de compte, le Traité Fiscal (surnommé par nous et d’autres comme étant le Traité d’Austérité) a été adopté ce jeudi 31 mai à 60% contre 40, avec un taux de participation de 50,6 %. Ce résultat ne peut toutefois pas être interprété par le gouvernement comme étant une grande victoire ou une approbation de la politique d’austérité. Aucun enthousiasme ne se trouve derrière ce vote pour le ‘‘Oui’’. Comme un ministre l’a admis, ceux qui ont voté en faveur du traité l’ont fait avec une ‘‘réticence extrême’’. Un éditorial du Sunday Independent a d’ailleurs commenté que ‘‘loin d’être un vote de confiance envers l’Europe, ou le gouvernement, le Oui maussade que ce référendum a obtenu de la part d’une population réticente était un acte de désespoir.’’
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MEETINGS : Pour une alternative à l’Europe d’austérité !
Une autre politique est-elle possible en Europe ? Nous le pensons. Fin juin, nous organisons d’ailleurs des meetings à ce sujet à Bruxelles, Anvers et Gand. Ces soirées seront d’importants échanges d’expériences, tant de Belgique que de l’étranger. Une semaine à peine après les élections grecques, nous accueillerons un orateur de Syriza qui abordera la possibilité d’une politique de gauche au pouvoir en Grèce. Nous accueillerons également Tony Mulhearn qui, dans les années ’80, a activement participé à la politique réellement socialiste menée dans cette ville. Dernièrement, il a remporté 5% aux élections locales élisant le bourgmestre de la ville.
Bruxelles – Mercredi 20 juin, 19h30
Meeting organisé par Alternatives à Bruxelles & ‘‘Gauches Communes’’ avec :
- Nikos Chountis, eurodéputé de Syriza, Grèce
- Paul Murphy, député européen du Socialist Party, Irlande
- Charlotte Balavoine, candidate du Front de Gauche aux législatives pour la circonscription du Bénélux
- Tony Mulhearn, Trade Union and Socialist Coalition, Angleterre
- Un représentant d’Izquierda Unida, Espagne
- Stephen Bouquin, de Rood!
- Anja Deschoemacker, ‘Gauches Communes’
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Le Socialist Party (section du CIO en République Irlandaise) et ses représentants les plus proéminents, les députés Clare Daly et Joe Higgins ainsi que le député européen Paul Murphy, se sont battus dans une campagne très soutenue commentée par de nombreuses personnes.
Un chantage et une intimidation sans précédent
La campagne du ‘‘Oui’’ a entièrement reposé sur le chantage et la menace. Le texte du Traité Fiscal a été décidé l’été dernier mais, en février, un préambule a été ajouté selon lequel seuls les pays ayant accepté le Traité Fiscal seraient en mesure d’accéder aux fonds du mécanisme européen de stabilité qui doit bientôt voir le jour (MES, qui doit remplacer en juillet 2012 le Fonds européen de stabilité financière et le Mécanisme européen de stabilité financière qui avaient été mis en place suite à la crise de la zone euro). Ce MES est un nouveau de 700 milliards d’euros destiné à renflouer les spéculateurs et les banquiers et à restaurer la stabilité de l’euro au détriment de la classe ouvrière européenne.
Cette clause de chantage soutenue par le gouvernement irlandais a été spécialement conçue pour faire de la question de l’accès à une aide financière en cas de future insolvabilité ou de faillite le thème dominant de cette campagne. Cette clause a véritablement représenté une arme pointée sur la tête des électeurs afin de les forcer à voter ‘‘Oui’’, sous la menace de sinon devoir faire face à un effondrement financier. Voilà qui en dit beaucoup sur les aspirations démocratiques de l’Union européenne ou du gouvernement irlandais.
Avec cette menace, l’establishment a affiché son impitoyable détermination de voir le traité passer de force. Cette intimidation a eu un impact majeur en se basant sur les craintes bien réelles d’un approfondissement majeur de la crise économique. Les partisans du ‘‘Oui’’ recevront une récompense amère pour ces intimidations brutale au cours des mois et années à venir.
Durant la campagne, la population a été menacée par l’idée que, sans source de financement et de crédit, l’année 2014 serait immédiatement marquée par une austérité catastrophique pire encore que celle que les travailleurs irlandais et leurs familles ont dû subir jusqu’à présent ; que le Budget de décembre serait également pire en cas de défaite du ‘‘Oui’’ ; que le ‘‘Oui’’ signifiait stabilité, investissements et emplois au contraire du ‘‘Non’’, etc. L’establishment a également reçu l’aide de la Commission référendaire, soi-disant indépendante.
Une loi datant de 1994 force les médias (TV et radio) à respecté une parité à) l’occasion des campagnes référendaires. Les médias sont donc formellement tenus d’accorder une couverture identique aux deux camps dans le cadre d’une campagne pour un référendum. En dépit de cette obligation juridique, la partialité des médias a atteint des sommets qui n’avaient jusqu’alors jamais été vus.
De nombreux présentateurs ont publiquement soutenu l’establishment et ont aidé à concentrer le débat sur la question du financement afin d’éviter toute véritable discussion sur le contenu réel du Traité Fiscal et de son impact en termes d’austérité.
La clause de chantage sur le financement et le rôle des médias sont des facteurs centraux pour permettre de comprendre le résultat final du référendum. Ce résultat est révélateur de l’atmosphère actuelle et de l’état de conscience général des masses. La compréhension que l’austérité est mauvaise pour l’économie est générale, et le sentiment anti-austérité est général à son encontre, comme l’a d’ailleurs exprimé l’opposition à la récente taxe sur les ménages (voir notre article : Un Irlandais sur deux a refusé de payer la nouvelle taxe d’habitation). C’est parmi la classe ouvrière et parmi ceux qui sont les plus touchés par diverses réductions budgétaires, nouveaux impôts et mesures d’austérité que ce sentiment est le plus fort.
Une réelle crainte d’un effondrement financier
Cependant, pour des couches importantes de la population, dont la classe moyenne et certaines sections de la classe ouvrière qui s’en sortent mieux, la peur de l’austérité est surpassée par la crainte d’un potentiel effondrement financier à l’arrivée du terme de l’actuel programme de l’Union Européenne et du Fonds Monétaire International (l’Irlande, avec la Grèce et le Portugal, es passée sous la tutelle directe de ses créanciers par les plans d’ « aide » conclu avec la Troïka – la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international). Même si de très nombreuses personnes ne croient pas sérieusement en la menace que l’Union Européenne pourrait bloquer ses fonds en cas de victoire du ‘‘Non’’, ils ont malgré tout voté pour ce qu’ils considéraient comme étant l’option la moins risquée.
La réalité, qui est que la politique d’austérité détruit l’économie irlandaise et européenne, a été quelque peu étouffée par l’intense propagande qui a défendu que ce Traité faisait partie d’un plan de relance. Le gouvernement irlandais a même essayé d’incorporer la victoire de François Hollande en France dans leur campagne afin de diffuser l’idée que l’austérité peut aller de pair avec la croissance, prétendant même que des plans de croissance importants sont en vue, une fois le traité adopté bien entendu.
L’establishment a encore tenté de présenter l’effondrement de l’économie grecque et l’instabilité du pays comme des conséquences directes de la lutte contre l’austérité et du non respect des conditions de la troïka. Pour l’essentiel, le vote ‘‘Oui’’ est donc basé sur la combinaison d’une intense campagne d’intimidation avec des promesses de relance de l’économie.
Mais il faut aussi mentionner l’absence de la compréhension qu’une alternative existe face à la dictature du capitalisme et des marchés et qu’il est possible d’instaurer des politiques de type socialiste. Cela a clairement freiné la confiance de la population à voter ‘‘Non’’.
Une opposition sans cesse plus dure contre l’austérité et l’Union Européenne
Compte tenu de l’ensemble de ces facteurs, le fait que 40 % des électeurs aient tout de même voté contre le traité est un très important et très significatif. Il s’agit d’un élément très positif quant à la détermination de larges sections de la classe ouvrière, plus particulièrement. Cela indique clairement que la campagne du ‘‘Non’’, dominée par la gauche, a eu un impact.
Alors qu’un nombre important de personnes issues de la classe ouvrière ont voté oui, il est également exact d’affirmer que ce vote reflète une grande polarisation de classe. Seules cinq des quarante trois circonscriptions a connu une majorité contre le traité, mais il est clair que, globalement, la majorité de la classe ouvrière a voté contre. Le ‘‘Oui’’ a bénéficié de fortes majorités dans les zones qui concentrent la classe moyenne, et dans les zones rurales et agricoles. En revanche, les résultats indiquent que de nombreuses villes et districts où est concentrée la classe ouvrière, le vote ‘‘Non’’ a pu atteindre les 70 %, 80 % ou même 85 %.
Après les élections générales de février 2011, nous avions très correctement prédis que la coalition au pouvoir, le Fine Gael et le parti travailliste, connaîtraient une importante baisse de soutien. De la même manière, le résultat de ce référendum sera ébranlé par les événements à venir. L’establishment a obtenu son ‘‘oui’’ en se basant sur l’intimidation, le chantage et de fausses promesses. Le fait même que le gouvernement ait fondé sa campagne sur la nécessité d’être en mesure d’accéder aux fonds européens dans le cas de la nécessité d’un nouveau plan de sauvetage est en soi la preuve de l’échec total de la politique d’austérité. Durant la campagne, le premier ministre Enda Kenny et d’autres ont une fois de plus promis l’arrivée d’une reprise économique, mais l’approfondissement de la crise économique et de la crise de la dette au sein de la zone euro exposeront la nature mensongère de ces promesses de la part du gouvernement.
Kenny a également déclaré qu’un accord sera conclu avec l’Union Européenne pour réduire l’insoutenable dette du pays. A mesure qu’il deviendra clair qu’il n’y aura ni reprise économique ni réduction du chômage et que toute modification de la dette sera conditionnée à de nouvelles mesures d’austérité, l’Irlande sera ravagée par le genre d’instabilité que l’establishment essaye désespérément d’éviter.
L’intimidation n’est pas une politique durable, elle ne pourra pas être un barrage éternel pour protéger l’establishment capitaliste. Comme l’a dit Napoléon : ‘‘on peut faire beaucoup de choses avec les baïonnettes, sauf s’assoir dessus.’’ L’aggravation de la crise économique combinée à de plus importantes mesures d’austérité et à plus d’attaques contre les droits démocratiques préparera le terrain pour une explosion de la colère, des lutte et de la radicalisation politique.
La question du financement
Certains commentateurs ont affirmé que puisque le résultat final du référendum correspond aux premiers sondages parus avant le début de la campagne, cette dernière n’aurait pas eu d’effet. C’est faux. L’establishment irlandais, l’Union Européenne et les médias étaient très bien préparés et ont agi de façon extrêmement coordonnée dans le cadre d’une offensive massive contre la campagne du ‘‘Non’’ avec la menace du financement du pays comme arme principale.
Fondamentalement, ils ont utilisé leur contrôle capitaliste sur le système financier comme un levier destiner à forcer la population à accepter plus encore d’austérité capitaliste. De la même manière que le contrôle de l’eau et l’approvisionnement en eau doit être domaine du public, il n’y a aucune raison que le crédit et la fiance ne soient pas considérées comme une fonction publique essentielle plutôt que d’être laissée soumise à la soif de profits des investisseurs privés. Ce contrôle privé est utilisé pour forcer les gens à payer une forte rançon, à l’instar des usuriers. Toute contestation de ce fait conduit à des exigences pires encore. Cette course vers le bas ne peut être efficacement défiée que par le biais de la lutte pour mettre fin au contrôle du système financier.
Les médias, en jouant sur la peur, ont utilisé leur influence pour faire passer l’idée que tous les financiers étaient prêts à immédiatement retirer leurs fonds d’Irlande. Ensuite, ils ont massivement appuyé la thèse selon laquelle il n’existait aucune crédibilité sans une solution immédiate qui soit acceptable pour les marchés financiers. Dans la première semaine et demi de la campagne, le camp du ‘‘Oui’’ et les médias ont restreint le débat sous cet angle et frappé à grands coups contre le camp du ‘‘Non’’. Ils ont alors considérablement augmenté le soutien pour voter Oui.
Il s’agit d’une version émoussée du vieil argument antisocialiste ‘‘c’est très bien, mais d’où proviendra l’argent?’’ Cette attaque a eu plus d’effet maintenant qu’elle n’en a eu dans les années ‘70 et ‘80 en raison des problèmes économiques qui semblent plus aigus qu’à l’époque, et aussi en raison du fait que l’idée de prendre collectivement possession des richesses et des leviers du pouvoir est plus éloignée de l’esprit des gens qu’il y a quelques décennies.
Cependant, il est évident que plus d’austérité conduira à une crise plus profonde, et il pourra y avoir un changement radical dans la manière qu’ont les gens de voir les choses, et notamment ce qui est possible et nécessaire pour riposter face à la crise. La population deviendra moins sensible aux diktats, à l’intimidation et aux manipulations, et bien plus de personnes seront ouvertes à entendre des solutions réelles et radicales. Nous avons d’ailleurs déjà pu quelque peu le constater durant la campagne, à mesure que nous répondions aux attaques de la campagne du ‘‘Oui’’ concernant l’austérité. Nous avons pu réussir à briser l’élan initial du camp du ‘‘Oui’’.
Alors que la campagne du ‘‘Non’’ a été en mesure de saper les arguments de l’establishment, elle n’a pas été capable de réellement développer une forte impulsion derrière elle. En fin de compte, nous avons obtenu un résultat avec lequel peu de gens soutiennent, une majorité acquise pour ce qu’ils considéraient comme le moindre mal, sans enthousiasme.
Retombées politiques
Ce résultat n’a pas renforcé le gouvernement, qui a l’accueilli avec soulagement. Mais s’ils avaient perdu le référendum, ils auraient fortement été affaiblis. Pour faire passer le traité, ils ont fait des promesses qu’ils ne seront pas capables de tenir ; l’ébranlement du soutien au gouvernement va donc s’accélérer à mesure que la crise va persister et s’empirer.
Le soutien pour le parti travailliste est particulièrement en déclin. Après une année au pouvoir, ils ont déjà perdu 50% de leurs votes, selon un sondage effectué il y a maintenant un peu plus d’une semaine. D’autre part, de nombreux rapports font état de l’accueil hostile qu’ils ont reçu dans les quartiers ouvriers durant la campagne. Cette pression sur et à l’intérieur du parti travailliste va certainement empirer.
<h>Le Sinn Fein et l’United Left Alliance sortent gagnants
Même s’ils figurent dans le camp des perdants, ceux à qui cette campagne a principalement bénéficié sont le Sinn Fein et l’United Left Alliance (une alliance large de gauche qui dispose de 5 élus au parlement, dont deux du Socialist Party), les principales forces du camp du Non. Le Sinn Fein et le Socialist Party ont tous deux bénéficié du soutien financier du groupe parlementaire européen de la Gauche Unitaire Européenne (GUE/NGL). Avec ses ressources financières massives, ses 14 députés et ses 54 conseillers locaux, le Sinn Fein avait déjà d’énormes réserves et ressources avec lesquelles faire campagne.
Le Sinn Fein a bénéficié d’une large couverture médiatique pour le camp du ‘‘Non’’ et leur campagne a eu un impact. Ils se sont positionnés en opposition à l’austérité et ont choisi d’accentuer cela plutôt que d’attaquer sous l’angle les droits démocratiques dans une optique de souveraineté nationale ou de droits nationaux. Mais ont limité leurs critiques contre l’Union Européenne et le capitalisme, impliquant ainsi qu’un meilleur accord pouvait être tiré des négociations avec l’Union Européenne.
De façon très ironique, le parti travailliste a riposté en expliquant que le Sinn Fein s’oppose à l’austérité en République irlandaise alors qu’ils l’imposent en Irlande du Nord. Cette belle hypocrisie a été vaine car le parti travailliste, plus que personne d’autre, ne dispose dorénavant d’aucune crédibilité pour mener ce genre d’attaque. Cela a eu peu d’effet.
Il nous faut un nouveau parti des travailleurs !
Le soutien au Sinn Fein a régulièrement augmenté depuis les élections législatives de l’an dernier où ils avaient obtenu 10%. Le dernier sondage leur donne maintenant 24%, soit 3% de plus que lors du précédent sondage et plus de deux fois le score du parti travailliste.
Mais certaines parmi la classe ouvrière ne voteront jamais pour le Sinn Fein quelles que soient les circonstances. Cependant, il semble bien que le Sinn Fein sera le principal bénéficiaire de la crise politique qui concerne tous les partis traditionnels, à moins qu’une réelle alternative issue de la classe ouvrière et authentiquement à gauche puisse se développer. Au vu de la tendance actuelle, le Sinn Fein pourrait devenir le plus grand parti dans les prochains sondages.
Les conditions peuvent-elles se développer pour le lancement d’une force de gauche réellement socialiste avant même l’explosion politique et sociale inhérente à la situation actuelle ? Pour répondre à cela, la manière dont se développera la lutte contre la ‘‘Household Tax’’ (la taxe sur les ménages) sera d’une importance cruciale.
La campagne du Socialist Party
Le Socialist Party est arrivé dans cette campagne en plus forte position que lors des précédents référendums européens. En 2008, pour la campagne du premier référendum sur le Traité de Lisbonne, notre camarade Joe Higgins avait joué un rôle crucial alors qu’il n’était pas encore élu député. Il a eu un impact réel sur le résultat du vote. Cette fois nous n’avions pas seulement Joe, qui a fait beaucoup d’apparitions publiques énergiques, nous avions aussi la députée Clare Daly et le parlementaire européen Paul Murphy (qui remplace Joe Higgins au parlement Européen où il a été élu en 2009 avant d’être élu au Parlement Irlandais).
C’était la première campagne référendaire de Clare en tant que députée et il est unanimement admis qu’elle a fait une très bonne performance dans toute une série d’apparitions et de débats, dont des débats contre d’importants porte-paroles du gouvernement. Elle a eu un réel impact sur cette campagne, à l’image de son impact dans les diverses campagnes depuis son entrée au Parlement l’an dernier, aux côtés de Joe Higgins.
Ce referendum était particulièrement important pour notre député européen Paul Murphy. Contrairement à Joe et Clare, Paul n’a jamais été candidat lors d’une élection et ne disposait pas du même parcours ni du même profil que nos autres camarades. Mais de nombreux commentateurs l’ont décrit comme l’un des plus capables représentants du camp du Non, un porte-parole parmi les plus clairs. Ils ont ainsi affirmé que sur base de sa performance et de son nouveau profil, il a grandement augmenté ses chances d’être réélu au parlement Européen en 2014.
En mars, et à nouveau durant la campagne en mai, le Socialist Party a distribué des milliers de tracts dans chaque foyer de Dublin, au-delà des 400.000. De plus, nous avons organisé la distribution massive de plus de 50.000 tracts, dont une diffusion massive dans des communautés de la classe ouvrière cruciales à Cork. Nos membres ont été actifs dans les comtés de Meath, Kildare, Wicklow, Wexford, Waterford, Kerry, Tipperary, Clare, Laois, Offaly et dans les villes de Galway, Limerick Kilkenny et Carlow et Drogheda.
Nos camarades se sont aussi impliqués dans les activités de la campagne contre la household tax et de l’United Left Alliance. Cependant, ce sont les affiches et les panneaux du Socialist Party qui ont le plus d’impact dans la campagne et qui ont suscité le plus de commentaires. L’Irish Times, dans sa revue de campagne de dimanche, parlait ainsi de ‘‘l’ubiquité des affiches de référendum’’ du Socialit Party. Selon le dictionnaire, ‘‘ubiquité’’ signifie ‘‘omniprésence, fait d’être partout ou dans un nombre d’endroits indéfini en même temps.’’
Nous avons produit des milliers d’affiches en 4 versions différentes pour lancer la campagne, suivis au milieu de la campagne par 4 versions de très grands panneaux d’affichages, surtout aux centres-villes. Nous avons fini la campagne d’affichage avec des milliers de nouvelles petites affiches.
Nos affiches, combinant contenu et graphisme frappant, l’emportaient sur les autres, en particulier avec le manque de contenu des affiches du Oui. Elles figuraient dans de nombreux journaux, reportages télé et blogs, que ce soit en Irlande ou à l’étranger, ainsi que dans les réseaux sociaux. Les affiches sont un moyen très important de faire passer un message à une échelle de masse très rapidement, et ont un impact réel.
Nos affiches liaient l’austérité à la household tax et à la water tax (une nouvelle taxe sur l’eau). Nos panneaux d’affichages de 8 pieds sur 4 avec une photo d’Angela Merkel et la citation ‘‘Les freins à la dette seront obligatoires et valables pour toujours. Jamais vous ne pourrez les changer par une majorité parlementaire’’ et avec la phrase ‘‘le traité détruit la démocratie’’ étaient frappantes. Nos panneaux qui utilisaient l’image connue du film Les Dents de la Mer (où le requin arrive des profondeurs) pour illustrer les coupes budgétaires que le Traité implique ont provoqué beaucoup de commentaires et ont été repris sur de nombreux blogs. Un magazine de musique et d’actualités irlandais, de même que le quotidien The Guardian, ont commenté l’impact que l’une de nos petites affiches avait eu sur les réseaux sociaux. L’affiche disait ‘‘les super riches de l’UE cachent 3 milliards d’euros en cash – alors qu’il y a 25 millions de chômeurs – opposons les besoins du publics à l’avidité capitaliste – Votez Non’’ et montrait une image de Montgomery Burns enlaçant des paquets de billets.
Household tax – deuxième tour
Cette campagne est une très bonne plate-forme à partir de laquelle le Socialist Party et l’United Left Alliance peuvent croître et avancer dans les mois à venir.
Dans cette période, la lutte contre la household tax va aussi certainement se relancer puisqu’il est vraisemblable que le gouvernement tente de conduire devant les tribunaux ceux qui ont refusé de payer ce nouvel impôt. 50% des foyers ne se sont toujours pas enregistrées pour le payer. Nous aurons dès lors de grandes opportunités pour mettre ce vote de côté et construire un mouvement capable de battre ce gouvernement, l’Union européenne et leur politique d’austérité.
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8 mars Journée Internationale des Femmes: Petit état des lieux international
Voici différents témoignages et explications de la situation des femmes au Venezuela, en Irlande, à Hong Kong, en Chine, en Inde, en Suède, en Grande-Bretagne, en Italie et en Egypte, recueillis par socialistworld.net, le site internet du Comité pour une Internationale Ouvrière.
Comité pour une Internationale Ouvrière
Chine: Les jeunes femmes se battent pour une meilleure vie
Chinaworker.org
En Chine, les jeunes femmes constituent la majorité des travailleurs dans l’industrie de la transformation et dans l’assemblage destiné à l’exportation. Dans beaucoup d’usines, elles représentent 80% du personnel. Il n’est dès lors pas surprenant de voir qu’elles ont joué un rôle clé dans plus de 40 grèves qui se sont développées dans l’industrie de l’exportation ces dernières années, des grèves pour de meilleurs salaires et pour des syndicats de base en contrepoids aux syndicats d’entreprise qui sont les seules organisations légales des travailleurs en Chine.
Les jeunes femmes, encore plus que les hommes, quittent la campagne et rejoignent les forces de travail immigrées parce que la pauvreté et la routine abêtissante de la vie à la campagne les touchent plus spécialement et très durement. Souvent, elles sont retirées des écoles pour travailler dans la ferme de leurs parents, ou alors sont-elles poussées à trouver du travail comme immigrée, souvent à partir de l’âge de 14 ans déjà. Dans quelques régions campagnardes, 40% des jeunes quittent l’école avant d’obtenir un diplôme, contre un degré national de 5%. Les filles font généralement les deux tiers des jeunes qui quittent l’école trop tôt.
Cela est reflété dans le taux d’analphabétisme en Chine, où 70% des 85 millions d’analphabètes sont des femmes. Malgré le fait qu’il est devenu interdit de demander des frais de scolarité dans l’enseignement primaire en 2005, cela reste une réalité dans beaucoup de régions rurales parce que les gouvernements locaux sont en faillite ou ont dépensés tous les moyens dans des projets d’infrastructure qui stimulent les données économique et qui sont de bonnes opportunités de pots-de-vin pour les bureaucrates. Beaucoup de familles des campagnes ne savent pas se permettre de payer le coût de l’enseignement et considèrent que l’enseignement est moins important pour une fille, ce qui est dû à la pression économique et au manque de moyens pour les pensions et les soins des personnes âgées.
Les femmes sont sensées se marier et prendre des parents de leur mari, mais pas de leurs propres parents, ce qui explique aussi pourquoi il y a tant d’avortement sélectifs selon le genre du nouveau né à venir, malgré le fait que cela est interdit, avec en conséquence un déséquilibre de genre : pour 100 filles nées en Chine, il y a 119 garçons. Ce déséquilibre croissant signifie que la prostitution imposée et la traite des êtres humains connaissent une développent illimité dans quelques régions du pays. Selon un rapport récent, la Chine a aussi le taux de suicide le plus élevé au monde parmi les femmes – 25% plus haut que chez les hommes. A nouveau, il s’agit surtout de femmes des campagnes. «La moitié des suicides se produisent chez les femmes des régions rurales, qui boivent généralement des pesticides pour en finir avec leur vie», écrit le China Daily. La pauvreté, la pression financière et les mariages malheureux, forcés ou violents sont les causes les plus importantes.
Hong Kong : Les femmes se battent contre la discrimination et l’injustice sociale
Socialist Action, CIO Hong Kong
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Irlande
L’Irlande du Sud reflète l’énorme changement en attitudes sociales qui a trouvé place ces dernières années. Une recherche comportementale du « Irish Times », faite en octobre 2010, est parvenue aux constats suivant:
- 60% des -45-ans aideraient une copine à obtenir un avortement
- Plus de 60% pense que les mariages homosexuels doivent être permis
- Presque la moitié pense que les couples homosexuels doivent pouvoir adopter des enfants
Asie
Les travailleuses dans le textile en Asie subissent des conditions de travail et de vie qui font penser à l’esclavagisme. Forcées de travailler plus de 10 heures par jour, sept jours par semaine, dans des usines sans sécurité, où les harcèlements sexuels sont monnaie courante. Elles sont souvent logées dans des logements surpeuplés. Mais des centaines et des centaines de milliers de jeunes femmes sont entrées en grève pour un salaire viable. Le mouvement a été provoqué par les prix croissants de nourriture et des produits de base. Elles sont restées debout devant le gaz lacrymogène, devant les matraques électriques, devant les canons à eau et d’autres armes d’assaut. Des milliers ont été arrêtées et des centaines ont été blessées, surtout au Bangladesh où la répression était la plus brutale. Cependant, elles ne se sont pas laissé intimidées et elles ont obtenu quelques concessions. La lutte est loin d’être finie et elle est une inspiration pour les travailleuses partout dans le monde.
Egypte
En Egypte des milliers de travailleuses sont entrées en grève pour leurs droits et pour la fin du régime. Le 10 février, le personnel, principalement féminin, du Centre de Recherche de la Santé des Animaux Egyptien a fait une manifestation devant la porte de leur centre, où ils demandaient la démission immédiate du directeur:
“Elle est totalement corrompue”, disait un docteur. ”Elle utilise l’argent prévu pour l’étude et la prévention de la grippe aviaire pour construire des villas personnelles au Caire et en Alexandria”
“La seule raison pour laquelle elle a cette position est que son frère travaille au bureau du Ministre de la Santé”, disait une autre. D’autres participants à la grève parlaient de mauvaises conditions de travail et du népotisme comme raisons pour leur protestation. A peu près 45 des 150 travailleurs ont commencé à chanter quand le directeur est arrivé en voiture, pour tout de suite repartir quand elle a vu les protestations, après quoi des cris de joie ont résonné.
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Les femmes, et surtout les femmes de la classe ouvrière, ont beaucoup de raisons de se fâcher sur la manière dont la société est aujourd’hui gérée. Les femmes sont traitées comme des travailleurs de second rang, leurs salaires ont stagné durant les 10 dernières années parce que le patronat a utilisé la crise économique pour garder les salaires au plus bas. Pour les travailleuses et travailleurs, la crise a conduit à une augmentation sensible du temps de travail. Cela touche spécifiquement très durement les femmes, qui ont moins de temps et plus de stress pour être présentes pour leurs enfants. Beaucoup de femmes n’ont pas d’autre choix que d’accepter des boulots précaires ou dans l’économie informelle – leur nombre a doublé ces cinq dernières années.
Le revenu médian des employées était de 8.500 HK$ en 2009, soit à peu près 30% de moins que pour les hommes. Il est d’usage dans les entreprises de moins payer les femmes pour des emplois identiques. C’est surtout le cas dans le secteur de la restauration.
Ce n’est donc pas étonnant que le nombre de femmes qui vivent sous le seuil de pauvreté a augmenté entre 1996 et 2008 de 485.000 à 635.000 personnes. Hong Kong a le fossé entre riches et pauvres le plus extrême de toutes les économies développées, et la pauvreté augmente plus vite parmi les femmes. Les femmes sont les plus grandes perdantes de la politique pro-riche et anti-providence de Donald Tsang (chef de l’exécutif de l’administration de Hong Kong) et de ses partisans.
La discrimination contre les femmes mariées sur le marché du travail a même encore empiré depuis la crise économique. Chaque année, la moitié des 300 plaintes qui entrent à la Commission pour l’Egalité concernant des discriminations sur base du sexe est liée à la question de la grossesse. La discrimination est souvent cachée, comme de faire travailler une femme enceinte sans air conditionné ou en utilisant des autres formes de pression et d’harcèlement.
En 2010, une importante percée a eu lieu avec la première législation autour d’un salaire minimum à Hong Kong. Cela s’est produit après plus de dix ans de retards, avec une énorme pression sur le gouvernement et le patronat. Mais il faut beaucoup plus que ça. Le niveau du salaire minimum, 28 HK$ par heure, est toujours trop bas. Et la nouvelle loi discrimine aussi les immigrés, les personnes handicapées et les étudiants. Les patrons cherchent aussi des manières de limiter la loi et de couper dans leurs frais – en embauchant plus de travailleurs à temps partiel et en forçant les travailleurs à devenir des pseudo-indépendants.
Les syndicats à Hong Kong doivent étayer leurs paroles sur de meilleurs salaires et une diminution du temps de travail avec des actions et avec une volonté de réellement passer à la lutte. Nous voulons un salaire minimum juste et totalement inclusif, ainsi que le droit à des négociations salariales collectives pour tous les travailleurs. Cela est lié à la nécessité de transformer les syndicats en organisations de lutte, contrôlées par leurs membres, avec des sections démocratiques au niveau du lieu de travail et avec des dirigeants qui vivent au salaire moyen d’un travailleur qualifié.
Venezuela : Réformes sous attaque
Denise Dudley, Socialismo Revolucionario, (CIT/CIO Venezuela)
Lors des premières années de la Révolution Bolivarienne, des pas en avant importants ont été faits pour les ouvrières, entre autres avec la fondation d’un Ministère pour les Femmes et de différents programmes d’éducation et de santé (Missions) qui avaient pour but de tirer les femmes hors de la pauvreté et de la dépendance financière. Malheureusement, nous avons vu que ces réformes ont de plus en plus été réduites ces dernières années, partiellement en résultat de la récession de deux ans qui a conduit à des coupes budgétaires (jusqu’à 50% en moins des moyens de beaucoup de Missions).
Le président du Venezuela, Hugo Chavez, a parlé de son gouvernement comme étant “féministe”. Cependant, le Conseil National (le Parlement) récemment élu a aboli la «Commission Femmes» mise sur pied pour combattre le sexisme et le «machismo» qui restent dominant dans la société vénézuélienne d’aujourd’hui. En plus, l’avortement reste illégal, avec un grand impact sur la vie et le bien-être de centaines de milliers de femmes.
Il y a au Venezuela de grands obstacles pour s’organiser autour de ces questions, notamment l’extrême polarisation politique entre les défenseurs et les adversaires de Chavez. Une des conséquences est que beaucoup de gens à gauche doutent ou refusent de participer à une campagne qui pourrait être vue comme une campagne «contre» le gouvernement et faisant partie de l’aile droite organisée.
A cette Journée Internationale des Femmes, une Conférence Internationale des Femmes est toutefois organisée à Caracas, ce qui offre un forum et une opportunité de discuter de ces questions et où on espère qu’un plan d’action va être proposé pour mener la lutte pour les droits des femmes.
Suède : Un nouveau réseau lutte contre la politique de droite
Elin Gauffin, Rättvisepartiet Socialisterna (CIO-Suède)
Pour le 8 mars de cette année, un nouveau réseau a été mis sur pied en Suède sous le nom “Luttes des Femmes contre la Droite”. La première de ses tâches est l’organisation d’une manifestation à Stockholm pour la Journée Internationale des Femmes.
Les slogans centraux de la manifestation sont: “Non aux privatisations” ; ”Abolition du RUT” (une réduction d’impôts pour les gens qui emploient du personnel domestique) ; ”Des emplois stables et sûrs” ; ”Pour la providence générale” ; ”Pas de profits sur les corps des femme” ; ”Arrêtez le sexisme” ; ”Solidarité internationale des femmes et justice globale”.
Après plus de quatre années d’un gouvernement de droite en Suède, l’égalité a été attaquée sur beaucoup de terrains. Les diminutions d’impôts ont fait augmenter le fossé entre le revenu des femmes et celui des hommes à 1.000 Kroon par mois (100 euros). Le fossé entre hommes et femmes au niveau de l’emploi est le plus grand en 20 années, avec 230.000 plus d’hommes que de femmes ayant un emploi – un mauvais rapport pour un gouvernement qui affirme que l’emploi est sa priorité.
Un emploi pour chacun, la providence générale et un secteur public efficace sont la base nécessaire pour parvenir à une véritable égalité, comme lorsque de bons moyens existaient en Suède pour les soins de santé, les soins aux personnes âgées et aux enfants, en résultat des luttes des femmes et des travailleurs. Aujourd’hui, tout le monde est sensé résoudre de plus en plus de problèmes sur base individuelle.
Presque 100.000 habitants du district de Stockholm ont obtenu l’an dernier une diminution d’impôts pour employer du personnel domestique. Cela a fait augmenter la division de classe parmi les femmes. Celles qui peuvent se permettre d’employer quelqu’un pour nettoyer leur maison obtiennent une diminution d’impôts alors que ce genre d’emploi est souvent très précaire et le plus souvent très mal payé. Au lieu de ça, il faudrait libérer plus de moyens publics pour l’élargissement des soins aux enfants et aux personnes âgées pour ceux qui en ont besoin.
Sanna Tefke, secrétaire jeune de Kommunal (syndicat des travailleurs communaux) Section 26, est membre de Rättvisepartiet Socialisterna (CIO-Suède) et l’une des initiatrices de la manifestation du 8 mars. Elle déclare: ”La privatisation des soins de santé à Stockholm a été si loin que dans beaucoup de districts, il n’y a plus de soins publiquement financés. Des millions de Kroon de l’argent des contribuables va vers les profits et les dividendes des propriétaires privés.”
“L’initiative “Lutte des Femmes contre la Droite” était nécessaire pour en quelque sorte armer le 8 mars. Nous devons reconstruire un mouvement combatif qui puisse donner une réponse à la contre-révolution qui est menée aujourd’hui. Nous ressentons que les initiatives déjà existantes autour du 8 mars sont trop vagues et trop douces.”
Une autre question reprise est celle de la violence masculine contre les femmes. Maria Rashidi, de l’ ”Association pour les Droits des Femmes”, nous raconte : ”Chaque jour, je rencontre une femme qui a été abusée par son mari. Les victimes de violence masculine ne sont souvent pas traitées de façon sérieuse par la police et les services sociaux. Les femmes dans une procédure d’asile sont touchées le plus fortement. Beaucoup doivent déménager tous les mois et sont exploitées comme des forces de travail bon marché. Les femmes travaillent par exemple dans des restaurants où elles font la vaisselle pour 20 SEK (2 euros) par heure et elles doivent y rester la nuit.”
“Je reçois deux ou trois coups de téléphone par semaine de femmes qui ont été abusées comme ”nouvelle mariée par la poste”. Il faudrait avoir un accueil spécifique pour ces femmes. Le 8 mars, il est important de constater le progrès que les femmes ont obtenu, mais aussi de rappeler que, par la lutte, nous pouvons obtenir beaucoup plus.”
Irlande : La lutte des travailleuses de Laura Ashley en inspire d’autres
Dans le nord et dans le sud de l’Irlande, des assainissements tels que personne n’en a vu se produisent dans le secteur public, de même que des attaques contre les salaires – y compris une diminution du salaire minimum dans le sud avec 1 euro – touchent très durement les travailleuses et les femmes qui dépendent des services publics. Dans ce cadre, les travailleuses de Laura Ashley sont un exemple édifiant de femmes qui partent en contre-offensive.
Déléguée et gréviste de Laura Ashley, Laura Waters, écrit sur ses expériences:
“Avec 15 de mes collègues, surtout des femmes, j’ai été en grève un peu plus de trois mois. J’ai travaillé plus de huit années dans le fleuron de Laura Ashley à Grafton Street, à Dublin. En octobre, l’an dernier, nous avons appris que notre magasin allait fermer après une offre de bail de Disney Group.
“Deux semaines avant la fermeture, nous avons tous reçu la promesse que nos emplois étaient en sécurité et que nous allions être mutées vers un nouveau magasin. Mais cela ne s’est pas produit, pas même quand Laura Ashley a été mise sous pression pour faire muter du personnel vers d’autres magasins ; la direction n’offrait que six emplois pour 22 travailleurs. La plupart d’entre nous travaillaient à temps plein, mais la meilleure nouvelle offre était un contrat de 16 heures au salaire très bas. Il n’y avait pas d’offre d’emploi semblable aux nôtres et Laura Ashley avait en plus le culot de nous offrir ces nouveaux emplois à condition de toutes passer à nouveau la procédure d’embauche.
”Les 22 travailleurs ont donc été confrontés à un licenciement imposé, où Laura Ashley ne voulait pas payer les primes de licenciement légalement prévues, dont il récupère pourtant 60% du gouvernement irlandais. Et cela malgré le fait que Laura Ashley est sur le point d’annoncer pour l’année passée des profits qui dépassent les 21 millions d’euros! Nous pensons aussi qu’il a obtenu une somme d’à peu près 90.000 euros pour la vente de notre magasin à Disney.
“Pour nous, il ne restait pas d’autre option que les actions de grève afin d’éviter qu’une entreprise rapace et rentable comme Laura Ashley ne marche sur nous tous. Nous avions le sentiment qu’on devait se battre, pas seulement pour nous, mais pour tous les travailleurs qui étaient traités de cette façon.
“Pendant notre grève de 15 semaines, il est devenu clair que la direction syndicale n’était pas représentative pour de simples travailleurs comme nous. Elle a échoué à chaque opportunité de conduire notre lutte vers une solution, alors que leur manque d’action n’avait pour effet que de tirer en longueur le conflit. La direction syndicale est totalement détachée de la lutte réelle à laquelle sont confrontés ses membres sur le terrain. Ainsi, notre indemnité de grève est de 40 euros par semaine. Je défie chaque fonctionnaire syndical de vivre avec 40 euros par semaine! Cela ne couvre qu’à peine les coûts de déplacement pour aller et revenir du piquet, ne parlons pas de l’hypothèque ou des factures des grévistes.
“Par mon implication dans cette lutte, je me suis plus largement rendu compte de la crise, pas seulement dans le mouvement syndical, mais dans notre gouvernement et notre société en général. Tel que les choses sont pour l’instant, les simples travailleurs ne sont pas représentés par notre gouvernement, ce qui est tout de suite clarifié par leur volonté d’imposer des mesures d’austérité qui déciment les vies des simples travailleurs. Alors que les banquiers et les spéculateurs qui ont causé cette récession ont été sauvés avec des sommes massives, les simples travailleurs restent en plan, avec une lutte à mener contre l’austérité.
“Pourquoi est-ce que nous devons continuer à payer pour la crise économique? Pourquoi les simples travailleurs doivent-ils supporter les horribles conséquences de l’austérité ? Pourquoi devons nous supporter les charges des fautes de l’élite riche ? Nous ne devons pas faire ça et c’est aussi la raison pour laquelle j’ai décidé de rejoindre le Socialist Party (CIO-Irlande). Je crois qu’il y a une alternative réelle et viable contre le système actuel. Je crois à une économie planifiée en fonction des intérêts des travailleurs, en opposition à la pauvreté et à l’inégalité créées par le capitalisme. Nous, la classe ouvrière, sommes la majorité et si nous luttons ensemble, nous pouvons vraiment faire la différence et devenir une force qui sait vraiment changer fondamentalement la société dans laquelle nous vivons.”
Grande-Bretagne : Les femmes condamnées
Jane James, Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)
L’impact des assainissements du gouvernement des Conservateurs et des Libéraux Démocrates (Con-Dem) sur les femmes va être horrible. Tous les groupes d’âge vont être touchés, des jeunes femmes – qui n’auront plus accès à l’aide prévue spécialement pour elles, comme au sujet de la contraception, et des droits pour les grossesses des teenagers – jusqu’aux femmes qui ont la perspective de la pension juste devant elles. Des refuges pour femmes abusées vont fermer, ce qui va rendre encore plus difficile pour les femmes de quitter des compagnons violents.
Maintenant, déjà 11 milliard de livres ont été retiré du budget des allocations sociales, ce dont les femmes seront les plus grandes victimes. Le gel des allocations familiales et les coupes dans les primes pour les femmes enceintes vont ensemble coûter 2,4 milliards euros. Les familles avec les revenus les plus bas et avec des nouveau nés vont perdre 1.293 livres par an une fois ces mesures totalement appliquées.
Les femmes constituent les trois quarts du personnel dans le secteur public en Grande-Bretagne, ce qui fait que la perte d’emploi va avoir un effet important sur elles. Malgré la haute représentation syndicale dans le secteur public, il y a peu de signes de lutte dans la plupart des cas. Les travailleuses, ensemble avec les militants syndicaux masculins, vont devoir revendiquer de l’action de leurs dirigeants.
L’an dernier, c’était le 40e anniversaire de la Loi sur le Salaire Egal en Grande-Bretagne, ce qui a été obtenu par la lute. Cette année, les femmes vont devoir se battre pour sauver leurs emplois.
Beaucoup de femmes plus âgées que 50 ans sont furieuses de l’augmentation de l’âge de départ en pension dans le secteur public: beaucoup d’entre elles vont devoir travailler au moins un an en plus. Beaucoup de ces femmes sont seules et n’ont pas de pension privée sur laquelle retomber. Cela vient en plus des attaques contre les pensions professionnelles, ce qui peut constituer l’occasion d’une lutte unifiée dans le secteur public.
Cette année, beaucoup d’organisations féministes mettent en avant la victoire de la lutte pour le droit de vote. Nous soutenons aussi cette victoire, mais le Socialist Party d’Angleterre et du Pays de Galles va surtout mettre l’accent sur la nécessité pour les femmes de rejoindre la lutte contre les assainissements avec leurs syndicats et les comités anti-austérité qui sont mis sur pied partout dans le pays.
Succès pour la campagne “Stop the Strip”
Une campagne "Stop the Strip" à New Cross, au sud de Londres, a été mise sur pied par des gens du quartier et des membres du Socialist Party et a réussi à obtenir la fermeture d’un bar lap-dance dans le café White Hart.
Tania Eadie, une des organisatrices, explique l’importance de cette campagne:
“Nous avons obtenu notre objectif de faire fermer un bar lap-dance, mais il y en a au moins 300 dans le Royaume Uni. Les femmes qui travaillent dans ces bars ne le font pas parce que c’est ”chouette”. Les raisons peuvent être complexes, mais pour beaucoup c’est bien simple : elles ont besoin d’argent.
“Il ne s’agit, pour plein de gens, pas du choix entre une vacance à l’intérieur ou à l’extérieur du pays; c’est le choix terrible entre la nourriture pour la semaine ou la facture de chauffage. Des lieux comme White Hart semblent offrir la promesse d’argent facile et rapide. En réalité ils offrent ”l’opportunité” de se faire humilier et d’être traité comme un objet sexuel. Ils offrent aussi la chance de travailler dans un environnement violent et dangereux. Il existe aussi de tels lieux, où on attend des femmes qui y travaillent qu’elles aient des relations sexuelles avec les clients.
“Ces bars augmentent aussi le risque de violence dans un quartier. Quand nous avons eu notre manifestation de 100 personnes, plusieurs femmes nous ont raconté que la présence du lap dance bar dans le quartier leur faisait se sentir en insécurité. Ce n’est pas étonnant dans un quartier qui a le sixième plus haut taux de viols à Londres.
“Après la manifestation de protestation, un homme qui venait du bar est venait chez nous pour nous expliquer qu’il ne s’agissait que d’un peu de fun. Le lap dance est ”normalisé”. Mais ce n’est pas normal. Ces bars traitent les femmes comme des objets, des choses à regarder. Personne de nous ne devrait accepter cela.
“Nous avons pu faire fermer le lap dance bar du White Hart-café, mais il y a encore beaucoup de lieux similaires. Les socialistes doivent mener campagne pour les fermer, expliquer pourquoi les femmes y travaillent et mener la lutte pour de bons emplois et de véritable chances pour chacun.”
Inde : La lutte d’une femme contre l’oppression – Irom Sharmila
Socialist Alternative, CIO-Inde
La lutte pour l’émancipation des femmes du sexisme et pour l’égalité sociale, politique et économique continue dans différents mouvements de lutte en Inde. Mais à l’occasion de la Journée Internationale des Femmes, il faut mettre en avant la lutte exceptionnelle d’une femme contre l’Etat indien brutal et son pouvoir draconien. Avec sa lutte déterminée, elle a lancé un défi au pouvoir de l’armée indienne à elle seule.
Irom Sharmila, une jeune femme Manipuri, se prive de nourriture depuis novembre 2000 en protestation du meurtre d’innocents par les services de sécurité sensé les protéger. Elle s’oppose aux Pouvoirs Spéciaux pour l’armée, une loi introduite pour opprimer la révolte. Sous cette loi, les agents de sécurité peuvent tirer sur n’importe qui ou les arrêter, faire des perquisitions, etc., sur base du seul soupçon de faire partie de la révolte. Souvent, ils prennent des simples personnes comme cible, où utilisent leurs pouvoirs spéciaux. Les journaux font rapport d’innombrables incidents. Des organisations des droits de l’homme ont enregistré des centaines de cas de meurtre, d’arrestation, de viol ou de torture de personnes innocentes.
A Manipur, les gens vivent dans la peur. De l’un côté, ils ont peur des rebelles, de l’autre côté, des troupes de sécurité. Un cycle de violence a été mis en route par ces deux camps. Les gens se trouvent dans la ligne de feu entre les deux, et ont perdu dans cette belle région tout semblant de vie normale. Loin d’être une mesure effective contre la révolte, la loi sur les Pouvoirs Spéciaux renforce la révolte.
En novembre 2000, dix personnes innocentes ont été tuées par les troupes de sécurité au Malom, un village près d’Imphal. Irom Sharmila, fille d’une famille d’Imphal, ne pouvait plus accepter cette situation. En réponse à cette tragédie, elle est entrée en jeûne en revendiquant l’abolition de la loi sur les Pouvoirs Spéciaux au Manipur. Elle a refusé de manger jusqu’à ce que cette loi soit abolie. Plus tard le même mois, elle a été arrêtée par le gouvernement, qui lui a imposé de la nourriture forcée. Dès lors, elle a été plusieurs fois libérée et à nouveau arrêtée. Depuis plus de huit ans déjà, elle insiste sur sa revendication et refuse de manger. La plupart de ces années, elle les a passées toute seule dans la prison d’Imphal.
Alors que nous sommes inspirés par l’énorme courage et la détermination d’Irom Shamila, nous aspirons, avec Alternative Socialiste (CIO-Inde), à construire des organisations et des mouvements qui se basent sur la puissante classe ouvrière indienne. Cette classe va, suivant dans les pas des mouvements de masse dans le Moyen-Orient aujourd’hui, être capable de ne non seulement virer la loi sur les Pouvoirs Spéciaux et l’oppression militaire, mais aussi de faire disparaître tout ce système capitaliste pourri et corrompu et la grande propriété terrienne en Inde. Les femmes devront jouer un rôle vital dans ce mouvement ; sans elles, ce mouvement ne sera jamais capable de gagner.
Italie : Un million de personnes manifestent contre le sexisme
Christine Thomas, Controcorrente (CIO-Italie)
Le 13 février un million de femmes (et d’hommes) ont manifesté dans 230 villes et communes en Italie. C’était une protestation spontanée provoquée par les accusations contre le président Italien Silvio Berlusconi selon lesquelles il aurait entre autres payé pour des relations sexuelles avec une prostituée mineure. Mais il s’agissait de bien plus que ça. C’était une protestation contre la façon dont son propre comportement personnel et son contrôle (direct ou indirect) sur toutes les chaînes de télévision (sauf une) et son empire médiatique dressent un portrait des femmes comme des objets sexuels qui sont là pour être guignées et contrôlées par les hommes.
Une culture sexiste est créée, dans laquelle quelques jeunes filles pensent maintenant que leur corps est leur seule qualité à valoir quelque chose, et que c’est le seul chemin vers la réussite dans la vie. Dans ce pays, le Ministre pour l’Egalité des Chances est une ancienne modèle topless ! C’est le pays qui se trouve sur la 74 e place (sur 134) dans le classement de fossé de genre (33 places en-dessous de Kazakhstan !).
Des dizaines de milliers de femmes qui étaient descendues dans la rue disaient qu’il fallait un changement. «Si pas maintenant, quand alors?», était le slogan central de la protestation. Pour beaucoup, ce slogan se référait aussi à la démission de Berlusconi. ”Je suis ici parce que je connais ce que cela signifie de se faire molester par un homme qui pourrait être ton grand-père”, disait une des manifestantes. ”Je suis enceinte”, disait une infirmière, ”mais je ne sais pas le dire au boulot parce que je le perdrai alors.”
Des membres du CIO distribuaient un tract à ces manifestations avec le titre: “Nous ne sommes pas des marchandises; capitalisme = profits = inégalité”. Les protestations ont rassemblés des femmes de plusieurs classes sociales et de différents milieux, mais nous avons expliqué comment le sexisme et la dépréciation des femmes de Berlusconi sont une expression logique (même extrême) d’un système où les profits sont la chose la plus importante et où tout a son prix, un système basé sur l’inégalité de richesse et l’inégalité de genre. Seule une lutte anticapitaliste impliquant des femmes et des hommes peut poser la base pour la fin du sexisme et peut conduire à une véritable égalité permanente entre femmes et hommes.
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Mise à jour : Joe Higgins (CIO-Irlande) remporte une victoire sensationnelle lors des élections européennes !
Un siège remporté sur base d’un programme clairement socialiste et de lutte, de même que 6 sièges aux élections communales
Joe Higgins, du Socialist Party (le CIO en Irlande du sud) a été élu au Parlement européen par sa circonscription de Dublin, ce qui porte un énorme coup à l’establishment politique irlandais. Avec 50.510 voix de préférence, Joe a remporté le troisième siège attribué à sa circonscription, battant Eoin Ryan du Fianna Fáil (1), et Mary Lou McDonald du Sinn Fein (le parti nationaliste), qui perdent ainsi leur siège au Parlement européen. Cette victoire, une grande première pour le CIO, est le résultat d’une infatigable campagne menée par les membres et les sympathisants du Socialist Party, et reflète la colère vrombissante contre le gouvernement et la classe politique irlandaise.
socialistworld.net
La victoire de Joe Higgins illustre le potentiel présent pour les candidats qui mettent en avant une alternative socialiste claire. Son parcours de lutte pour les travailleurs – y compris un mois de prison pour s’être opposé aux taxes sur les sacs poubelles en 2003, la direction de la campagne victorieuse contre la taxe sur l’eau en 1997, et le rôle majeur qu’i la joué lors de la lutte contre la surexploitation des travailleurs immigrés lors du conflit à GAMMA en 2005 – lors de son mandat de TD (2) (Parlementaire), de 1997 à 2007, période durant laquelle il ne recevait que le salaire moyen d’un travailleur, lui a permis, ainsi qu’au Socialist Party, de gagner un respect et un soutien larges. Le Socialist Party a remporté six sièges lors des élections communales qui se déroulaient simultanément – deux sièges de plus. Plus d’analyses suivront bientôt.
Extrait du Irish Times, 8 juin 2009
«M. Higgins, qui a entre autres passé un mois en prison dans le cadre d’une campagne contre les taxes poubelles, a battu M. Ryan de plus de 7.000 voix pour le dernier siège de sa circonscription, tandis que l’aube se levait aujourd’hui.
Il a été déclaré élu à 5h15 du matin, après que 400 assesseurs aient oeuvré toute la nuit au centre de comptage électoral de RDS. M. Higgins a remporté un transfert massif de 22.000 voix de la part de Mme McDonald, qui l’ont propulsé au devant de M. Ryan.
M. Mitchell a été élu avant minuit, tandis que M. de Rossa a atteint le quota de 101 659 un peu avant 4h du matin.
Entouré de sa vieille mère et de douzaines de jeunes partisans, M. Higgins a déclaré que : «Les pays européens sont dominés par des gouvernements de droite, qui mènent les mêmes politiques capitalistes qu’ici en Irlande, et font payer les travailleurs pour leurs propres erreurs.»
Il a fait le serment d’unir les travailleurs d’Irlande et à travers l’UE. Lorsqu’on lui pose la question de savoir comment il s’arrangerait pour supporter le rythme effréné de voyages entre Bruxelles et Strasbourg, il répond : «J’ai déjà beaucoup voyagé dans les intérêts du socialisme, et je suis certain que je parviendrai à tenir le coup».
Il a affirmé ne pas prendre plus que le salaire moyen d’un travailleur, et ses frais légitimes seront publiés. Mme Ellen Higgins, qui rendait régulièrement visite à son fils à la prison de Mountjoy en 2003, nous a confié ceci : «Je suis fière de lui. Je pense qu’il est très bien».
Originaire du Comté de Kerry, M. Higgins, âgé de 60 ans, a d’abord étudié la prêtrise, pour devenir plus tard athée. Ses contributions incisives au Dáil (3) ont fait de lui une épine dans le pied de l’ancien Taoiseach Bertie Ahern, de 1997 à 2007.
Sa campagne électorale a été financée sur base d’un budget extrêmement restreint, et ses affiches en noir et blanc affirmaient qu’il est «Le meilleur combattant qui ne puisse être acheté».»
1. Le Fianna Fáil (prononcé Fyiënë fool) est le parti libéral irlandais, au pouvoir avec le parti écolo depuis l’an passé 2. TD = Teachta Dála (prononcé Tyakhtë daalë), càd un parlementaire irlandais 3. Le Dáil (prononcé dwaal) est la Chambre des Représentants irlandais 4. Le Taoiseach (prononcé Tiishëkh) est le Premier Ministre et chef du gouvernement irlandais (sous un président à titre honorifique)
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Victoire du NON
Victoire du NON!

53% des Irlandais qui ont participé au référendum au sujet du traité de Lisbonne l’ont rejeté. Après que le traité sur la Constitution Européenne ait été rejeté après le résultat des référendums en France et aux Pays-Bas, certains espéraient qu’une version légèrement retravaillée de cette Constitution passerait plus facilement si aucune référendum n’était tenu. Seule l’Irlande a organisé en a organisé un (obligatoire selon la Constitution irlandaise). Le résultat est maintenant connu : le traité de Lisbonne a été rejeté et le projet néolibéral de l’UE est de nouveau en crise. L’establishment politique complet a reçu un camouflet.
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Joe Higgins au sujet de la victoire du Non
Dans le journal Irish Times, Joe Higgins a parlé de la victoire du camp du Non en déclarant que ce vote est une expression de la résistance des travailleurs et de leurs familles en Europe. Ceci est une défaite pour l’establishment politique.
« De l’avis du Socialist Party, il est clair que les points centraux que nous avons cité, notre préoccupation au sujet des services publics, de la militarisation et des droits des travailleurs a trouvé un écho parmi les travailleurs et dans les quartiers ouvriers. Cela ressort clairement du résultat.
« Ce n’est pas la catastrophe qu’on essaye de nous faire croire. Cela peut au contraire faire avancer la position des travailleurs à travers l’Europe qui en ont assez de la politique néolibérale de l’Union Européenne sur le plan de la privatisation des services, des attaques contre les retraites et contre le droit d’un véritable emploi avec un bon salaire.
« Les travailleurs doivent se lever et engager le combat pour leurs services, contre le projet de militarisation et contre la spirale à la baisse sur le plan des salaires et des conditions de travail, entre autres par l’abus de travailleurs immigrés qui est soutenu par l’UE, ce qui est apparu avec l’arrêté-Laval et d’autres discours. »
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Il y a en Irlande une tradition de résistance contre le projet néolibéral de l’Union Européenne. Là aussi on peut voir que l’UE soutient les intérêts des grandes multinationales et impose des mesures comme la libéralisation des services publics. De plus, l’idée d’une armée européenne est un sujet très sensible en Irlande. Le traité de Nice avait été rejeté par référendum également il y a quelques années. L’establishment politique a trouvé une solution originale pour revenir sur la victoire du Non : un nouveau référendum, dans l’espoir que le résultat serait différent, en combinaison avec une campagne d’ampleur avec le soutien de tous les partis établis pour le Oui. Cette méthode a bien entendu suscité des critiques : pourquoi organiser un référendum si ce n’est que pour arriver au résultat souhaité par l’establishment ?
La pression durant de ce référendum a été intense. Tous les partis établis ont appelé à voter Oui, de même que tous les médias traditionnels. Même les verts, jadis opposants à la Constitution Européenne – mais depuis lors présent au gouvernement – ont soutenu le Oui. Les partis traditionnels n’ont craint ni l’argent, ni les efforts pour tenter de persuader la population. Ils ont même reçu le soutien de la direction syndicale qui a aussi appelé à voter Oui. Mais tout cela n’a pas suffit. Le taux de participation a été faible et les opposants au Traité étaient majoritaires. C’est surtout dans les campagnes et dans les quartiers ouvriers que l’atmosphère penchait vers le Non, ce sont les quartiers riches qui ont voté en faveur du Traité. L’establishment a clarifié que parmi la minorité de la population politiquement plus consciente (le taux de participation était seulement de 40%), il ne dispose plus d’une majorité.
Les opposants au Traité l’ont emporté, mais cela est présenté à tort comme la manifestation d’une réaction conservatrice. Certains ont été jusqu’à parler d’ingratitude! Un éditorial du quotidien flamand De Standaard a utilisé ce terme, et les autres journaux (francophones aussi) allaient dans le même sens. L’Irlande aurait dû être reconnaissante vis-à-vis des subsides de l’Union et se comporterait maintenant comme un enfant gâté. Cette vision des choses passe évidemment sous silence le caractère de l’UE aujourd’hui. Ces dernières années, l’Europe a systématiquement été évoquée pour les libéralisations ainsi que pour les attaques contre les travailleurs et leurs familles. La politique néolibérale de l’UE reçoit de moins en moins de soutien, ce qui était déjà apparu au moment du Traité constitutionnel européen. Les 53% de Non face au Traité de Lisbonne sont dans la lignée de la résistance qui avait pris place en France et aux Pays Bas contre la politique néolibérale de l’UE.
Mais le camp du Non était hétéroclite. Il y a même eu un riche populiste de droite qui s’est cru dans le droit de se nommer porte-parole du camp du Non. De même, des nationalistes conservateurs et des nationalistes moins conservateurs ont appelé à voter contre. Ainsi, le Sinn Fein (l’aile politique de l’IRA, qui n’est pas très forte dans le sud de l’Irlande) a aussi a aussi pris position contre la militarisation de l’UE. Mais l’opposition la plus importante contre le Traité est toutefois venue des travailleurs et de la campagne. Les travailleurs ont voté essentiellement contre le Traité parce qu’ils savent pour quoi l’UE se positionne. La question est naturellement de savoir vers quelle représentation politique ils doivent se tourner pour pousser leur avis. Le Socialist Party, notre parti-frère en Irlande, a joué un rôle très actif dans la campagne contre le Traité de Lisbonne et notre ancien parlementaire Joe Higgins (qui a perdu son siège l’an dernier) a fait plusieurs apparitions dans les médias. Le défi pour le Socialist Party est maintenant de construire sur base de ce référendum une traduction politique pour le large mécontentement qui règne en Irlande. L’illusion du Tigre Celtique entretenue par la croissance économique de ces dernières années se dissipe sous le souffle du vent qui arrive de la crise immobilière américaine vers l’Irlande, avec des prix qui chutent et une crise dans le secteur de la construction. Le rêve du Tigre Celtique arrive à sa fin, les travailleurs Irlandais et leurs familles sortent du cauchemar de l’Union Européenne néolibérale.
Vidéo avec une argumentation contre le traité de Lisbonne
Vous pouvez accéder ici à un discours de Joe Higgins lors d’un meeting de mobilisation contre le Traité de Lisbonne et en dessous, quelques liens intéressants.
Liens:
- Irlande : pour la victoire du Non au référendum sur le traité de Lisbonne Communiqué de presse international de Joe Higgins et du Socialist Party durant la campagne.
- Le néo-libéralisme mis en cause. Union européenne: une claque magistrale! Article de 2005, juste après la victoire du Non dans les référendums de France et des Pays-Bas