Tag: Industrie pharmaceutique

  • Propriété intellectuelle. Big Pharma gagne des milliards grâce à l’apartheid vaccinal

    Image : wikicommons

    Tant que le monde ne sera pas protégé contre le COVID, chacun sera en danger et nous verrons l’émergence de nouveaux variants les unes après les autres. Le monde devra apprendre l’alphabet de bien d’autres langues si l’on ne met pas fin aux pratiques des multinationales pharmaceutiques.

    Par Cathal Curran, Socialist Party (ASI-Irlande)

    A peine un mois après la découverte du variant Omicron, celui-ci s’est déjà répandu dans le monde entier, a entraîné le retour de restrictions sévères sur la vie de millions de personnes et a rapporté des milliards aux actionnaires des fabricants de vaccins. Au cours de la première semaine qui a suivi la découverte du nouveau variant, les huit principaux actionnaires de Pfizer et Moderna ont gagné plus de 10 milliards de dollars grâce à l’envolée de leurs actions, en plus des centaines de milliards qu’ils étaient déjà prêts à gagner grâce à la production de vaccins.

    L’apartheid vaccinal

    La monopolisation de ces vaccins vitaux permet à Pfizer et Moderna de contrôler toute la production et de vendre au plus offrant, en laissant les pays pauvres avec un nombre minimal de doses. En Afrique, 10 % seulement de la population est entièrement vaccinée, alors que la moyenne en Europe, en Asie et en Amérique du Nord est d’environ 65 %.

    La plupart des États membres des Nations unies ont voté en faveur de dérogations aux brevets sur les vaccins Covid afin que les sociétés pharmaceutiques partagent leurs “recettes” pour que la production soit assurée par les États eux-mêmes. Les installations que cela exige existent. L’Organisation mondiale de la santé a contré le discours raciste selon lequel ces pays ne disposent pas des capacités et compétences nécessaires en soutenant une usine et des scientifiques en Afrique du Sud pour développer et produire leur propre vaccin. Toutefois, il est admis que de nombreuses années et vies pourraient être sauvées s’ils n’avaient pas à créer leur propre recette.

    La propriété intellectuelle

    La plupart des grands gouvernements capitalistes ont résisté à cet appel jusqu’à présent, car ils considèrent la propriété intellectuelle comme une propriété fondamentalement privée, c’est-à-dire absolument cruciale pour l’existence du capitalisme. Dans le cas présent, les détenteurs de la propriété intellectuelle (Pfizer et Moderna) acquièrent des connaissances (des vaccins à ARNm qui sauvent des vies) par certains moyens (une recherche financée à 100% par les autorités publiques concernant Moderna, dans une large proportion concernant Pfizer) et font ensuite payer ce qu’ils veulent pour cela, en refusant l’accès à toute personne incapable de payer. Procéder de la sorte serait nécessaire afin de fournir une « incitation » et « s’assurer que nous avons quelqu’un pour développer le prochain vaccin », malgré le fait que les humains ont toujours développé des médicaments et de nouvelles technologies, bien avant que de telles lois ou le capitalisme lui-même n’existent.

    Comme tous les produits, les produits de la connaissance sont créés par des travailleuses et des travailleurs. Toutefois, dans le cadre du capitalisme, celles et ceux-ci ne sont pas propriétaires de ce qu’ils produisent, mais plutôt du capitaliste qui loue l’utilisation de ces connaissances à un prix élevé. Les lois sur la propriété intellectuelle signifient que la méthode de production, le processus de création du produit, est également la propriété exclusive du capitaliste, ce qui prive les autres de la possibilité de l’utiliser. Par conséquent, ces lois inhibent le progrès au lieu de l’encourager, car elles empêchent l’expérimentation et la collaboration, et aboutissent à un système où le premier à revendiquer un brevet obtient tout et où toutes celles et ceux qui ont contribué à sa création, ainsi que le reste de la société, n’obtiennent rien.

    Les gouvernements capitalistes craignent que la levée des brevets dans cette situation n’entraîne ne constitue un dangereux précédent. Cela ouvrirait la porte à la remise en question générale des lois sur la propriété intellectuelle qui restreignent la production d’autres médicaments vitaux ou encore de nouvelles technologies capables d’aider à affronter la crise climatique. Les grandes entreprises ne seront peut-être plus libres d’accaparer ces nouvelles avancées dans le but de faire plus de profits, mais l’humanité dans son ensemble pourra en bénéficier.

    La propriété publique démocratique

    Les multinationales pharmaceutiques réalisent leurs profits à nos dépens. En accaparant la propriété intellectuelle afin d’être les seuls à pouvoir fabriquer et vendre les vaccins, Pfizer et Moderna font ce que les entreprises d’une économie capitaliste doivent faire : placer leurs profits au-dessus de tout. Il appartient à la classe ouvrière et aux pauvres du monde entier de lutter pour mettre fin à ce monopole. C’est la seule façon de parvenir à l’équité mondiale en matière de vaccins dont nous avons désespérément besoin.

    La levée des lois sur la propriété intellectuelle pour les vaccins Covid est une revendication immédiate, afin que les usines et les pays du monde entier puissent commencer à produire leurs propres vaccins et mettre fin à cette pandémie une fois pour toutes. Mais ces entreprises pharmaceutiques devraient être nationalisées sous contrôle et gestion démocratiques afin que tous les progrès de la science médicale soient partagés dans le monde entier dans le but de sauver des vies.

    Si Pfizer et Moderna étaient détenues par le secteur public et dirigées démocratiquement par les travailleuses et travailleurs – c’est-à-dire par celles et ceux qui ont réellement créé le vaccin – ces entreprises pourraient partager leur travail afin de permettre de vivre dans une collectivité sûre et saine. Comme le disait Karl Marx : « Ce sont généralement les capitalistes les plus inutiles et les plus misérables qui tirent le plus grand profit de tous les nouveaux développements du travail universel de l’esprit humain et de leur application sociale par le travail combiné. »

  • Vaincre la cupidité de Big Pharma par la nationalisation du secteur

    Photo : Flickr/cookiem

    La population a été bouleversée par le sort de la petite Pia. Elle a fait preuve d’une extraordinaire solidarité pour permettre à ce bébé d’une dizaine de mois de bénéficier du Zolgensma, un médicament au prix inexplicablement élevé, selon les experts. Hier, on pouvait lire dans les pages du Standaard les propos du professeur de sciences pharmaceutiques Jan Rosiers (KULeuven) : ‘‘En fait, on ne peut guère parler de lien. Les prix des nouveaux médicaments augmentent plus vite que les coûts de la recherche et du développement qui les sous-tendent depuis des années’’. L’entreprise pharmaceutique Novartis s’est déclarée prête à ‘‘collaborer de manière constructive’’ avec les autorités belges, mais seule la solidarité de la population s’est révélée concrète jusqu’ici.

    Il n’aura fallu que quelques jours pour récolter la somme nécessaire, soit 1,9 million d’euros. Voilà qui répond à tous ceux qui pensaient que les Flamands étaient tous tombés dans le piège de l’idéologie néolibérale du ‘‘tire ton plan’’ ou de sa variante d’extrême droite. Des centaines de milliers de personnes ont envoyé un SMS pour contribuer à hauteur de 2 euros. Plusieurs questions se posent : qu’en est-il du prochain bébé ? Comment vaincre la toute-puissance des grandes compagnies pharmaceutiques ?

    Sur Radio Een, le philosophe Ignaas Devisch (professeur de philosophie, de philosophie médicale et d’éthique à l’Université de Gand) a fait remarquer à juste titre : ‘‘Il est particulièrement choquant qu’un médicament qui peut sauver des vies puisse appartenir à cet ordre de prix. Cela provient de son développement, qui a, à chaque étape, été laissé à un certain nombre d’acteurs qui raisonnent premièrement en termes de profits.’’ Le fait que des profits soient réalisés dans le secteur pharmaceutique est un euphémisme… L’an dernier, Novartis a réalisé un bénéfice net de 12,6 milliards de dollars. Il ne faut donc pas aller bien loin pour expliquer le prix du médicament qui peut sauver la petite Pia : cela s’explique par la cupidité capitaliste.

    Comment peut-on justifier de laisser ce secteur qui peut sauver tant de vies à la merci de la soif de profits du secteur privé ? Dans cette logique, la recherche est essentiellement orientée vers le développement de médicaments très rentables. Les maladies rares sont donc laissées de côté. Imposer des règles ou jouer sur la concurrence entre les différentes compagnies pharmaceutiques peut légèrement faire baisser les prix. Mais cela limite notre champ d’action à la marge du problème. Encore une fois, la communauté ne peut contrôler que ce qu’elle possède ! L’industrie pharmaceutique dispose d’une énorme machine de marketing et de lobbying ainsi que d’une armée de politiciens consentants. Le secteur dépense même plus pour la publicité que pour la recherche ! Qu’importe les arguments et les situations dramatiques, nous ne parviendrons pas à convaincre ou à attendrir la “mafia pharmaceutique”. Ce système est malade et nous avons besoin d’un médicament radical !

    Le remède qui s’impose, c’est la nationalisation du secteur sous contrôle et gestion démocratiques de la collectivité dans le cadre d’un service national de soins de santé. La collectivité est à la base de la richesse du secteur par la force de travail des travailleurs dans l’industrie et des soins de santé, par les cotisations générés par les richesses créés qui alimentent les caisses de la sécurités sociales, par la recherche qui est largement dépendante du secteur public et financée par ce dernier. Tout cela démontre que la contradiction principale réside dans le fait que la production de richesse est sociale mais l’appropriation de cette richesse est privée et se concentre dans quelques mains.

    La santé est trop importante pour être laissée aux profits du secteur privé. Il est grand temps de placer tout ce qui concerne la santé aux mains du secteur public afin que le personnel et les patients disposent de moyens suffisants. Cela signifie également de dégager des fonds publics pour la recherche et le développement afin de satisfaire les besoins de la collectivité et la soif de profits des grandes entreprises. Qu’attendent les syndicats et les partis de gauche pour mettre en place une campagne de mobilisation active ? Pour protester aux portes de Novartis ? Pour faire entendre les syndicalistes du secteur dans ce débat public et pour renforcer le soutien à l’idée de la nationalisation du secteur pharmaceutique ?

  • D’Ebola aux pénuries de médicaments, comment lutter contre big pharma ?

    [two_third]Ces derniers jours, plusieurs éléments dans l’actualité ont mis en avant divers dysfonctionnements de l’industrie pharmaceutique. Au niveau international, la contamination de deux américains par le virus Ebola a pu être soignée par l’administration d’un médicament expérimental qui a pu améliorer leur état de santé. Au niveau belge, la pénurie d’une centaine de médicaments est constatée dans les pharmacies.

    Ebola : les profits des actionnaires plutôt que la santé publique

    Divers pays d’Afrique (Guinée, Liberia, Sierra Leone) sont actuellement touchés par le virus Ebola. Celui-ci a déjà fait près de 900 victimes et la craintes est grande de voir cette pandémie se répandre dans le monde entier. Le taux de mortalité du virus peut atteindre 90%. Jusqu’à aujourd’hui il n’y a pas de traitement officiel reconnu.

    Le virus a pourtant été identifié dès 1976 : comment expliquer qu’il n’y ait eu aucun traitement développé contre lui ? À cette question, posée par le Nouvel Obs, Sylvain Baize (responsable au CNR fièvre hémorragique virale à l’institut Pasteur) a cette réponse limpide : « Contrairement aux infections bactériennes, il est généralement très compliqué de combattre un virus par un traitement. En 40 ans, il n’y a eu qu’environ 2.000 cas atteints par le virus Ebola, donc les groupes pharmaceutiques ne vont pas se battre pour trouver un remède. ». Il ne fait aucun doute que le profit passe avant la santé publique. D’autant plus que dans ces pays, la privatisation des services publics suite aux plans d’ajustements structurels et aux différentes politiques d’austérité ont amené les services publics de santé et d’éducation (hygiène et prévention) à la déliquescence complète.

    Les grandes entreprises pharmaceutiques n’ont pas développé de recherche de traitement. C’est donc une PME, Zmapp, qui a lancé les recherches, encore à un stade initial, pour le sérum qui a permis au deux travailleurs de la santé américains infectés de se rétablir quelque peu. Cet exemple illustre à quel point il est nécessaire de disposer d’une infrastructure de santé publique performante d’une part et, d’autre part, cela démontre à quel point le régime de propriété actuel nuit gravement au bien être global.

    Les pénuries de médicaments : quand la stratégie des entreprises pharmaceutiques rentrent en conflit avec le bien-être des patients

    En Belgique, mais aussi en France et dans d’autre pays européens, nous sommes confrontés à une pénurie de près de 500 médicaments (entre 300 et 500). Cette pénurie a des conséquences sur le bien-être des patients atteints de pathologies diverses : affection ostéo-articulaires, psychoses, patients en attente de greffe, hypotension artérielle, maladies thromboemboliques veineuses.

    Alors que ce problème était relativement absent de par le passé, il semble prendre de l’importance depuis 5 ans. Les lobbies pharmas auront beau expliquer ça de différentes manières, nous pensons que le problème principal réside dans les contradictions de l’économie capitaliste elle-même.

    Production de valeur d’échange et non de valeur d’usage

    L’une des contradictions fondamentales c’est le fait que ceux qui possèdent les instruments de productions produisent non pas pour répondre à des besoins mais bien pour tirer de la plus-value de leur investissement via l’exploitation du travail. Dans le cas de l’industrie pharma, les médicaments produits ne le sont pas pour répondre aux besoins de la société dans son ensemble mais bien à la demande solvable. Cela explique, par exemple que les maladies orphelines ne bénéficient pas des investissements nécessaires pour répondre aux besoins des patients.

    Organisation scientifique du travail dans les usines face à l’anarchie du marché

    La production de médicaments est un procès de travail extrêmement complexe. Il nécessite l’application des dernières connaissances scientifiques et techniques ainsi que la collaboration d’un grand nombre de travailleuses et travailleurs.

    Les capitaux nécessaires pour lancer la production d’un médicament sont tels qu’afin de protéger leurs investissements, les capitalistes ont développé la pratique de breveter les innovations. Le problème lié à cela est que cela freine la coopération, pourtant primordiale à la science pour continuer à avancer. Au lieu d’investir dans la recherche et le développement de nouvelles molécules, on investit dans la protection et la sécurisation des données pour protéger le secret industriel.

    La cause des pénuries

    Les pénuries que nous subissons actuellement sont multifactorielles. Mais la plupart de ces causes trouvent leurs origines dans la course au profit et dans le système de production capitaliste.

    Une des premières causes mises en avant c’est le contingentement ou les quotas. La plupart des médicaments ne se vendent pas partout dans le monde au même prix. Selon la région du monde les prix vont varier. Selon le principe de libre circulation des marchandises, il est possible aux intermédiaires et grossistes de racheter là où le médicament est le moins cher pour le vendre là où il est plus cher. Afin de protéger leurs profits, les capitalistes de l’industrie pharma ont mis au point un système de quota de produits par région. Mais les nouveaux systèmes de production en flux tendu (just in time – zéro stock) entraînent des pénuries.

    Une des autres causes est l’accident dans le processus de production. On pourrait dire ici que cela est inévitable. Mais dans certains cas, les accidents de productions sont prévisibles. Des bâtiments de productions trop vieux; des économies dans les services et, notamment, dans les services de maintenance, ce qui fait que nous passons d’une maintenance préventive à une maintenance réparatrice;… tout ceci est lié au fait que les travailleurs n’ont pas voix au chapitre dans les décisions stratégiques des entreprises.

    Une des dernières causes listées est la non-conformité des dossiers d’enregistrement et de mise sur le marché. Les autorités publiques ont pour rôle de protéger les intérêts de patients en s’assurant que les médicaments mis sur le marché répondent bien à un besoin identifié de santé publique. Ils doivent aussi effectuer des études de risques-bénéfices pour autoriser la mise sur le marché d’un médicament. Dans ce cadre, une industrie nationalisée qui aurait pour mission la santé publique et qui fonctionnerait main dans la main avec les autorités de santé serait bien plus efficace.

    Pour la nationalisation et la mise sous contrôle des travailleurs et de la collectivité de l’industrie pharmaceutique

    L’industrie pharma qui est associée au complexe techno-scientifique de par ses pratiques et surtout de par son régime de propriété génère de plus en plus de méfiance dans les différentes couches de la population. L’un des inventeurs du vaccin de la Polio, Salk, a refusé de mettre un brevet sur son invention en répliquant que « l’on ne pouvait breveter le soleil. » De la même manière, nous pensons au PSL qu’on ne peut pas faire de profit sur la santé. Une partie de l’amélioration de la santé publique dépend de la couverture en solution médicamenteuse et en solution vaccinale. Il faut donc s’assurer que ces derniers soient produit en toute transparence, ont une efficacité avéré et génèrent le moins d’effet indésirable possible et tout cela à un prix raisonnable.

    La question du modèle Kiwi

    Le modèle Kiwi permet de diminuer le prix du médicament pour le patient. Mais dans un système de course aux profits, le prix des médicaments n’est pas le seul problème, comme nous l’avons montré plus haut. De plus la pression sur les prix ne peut déboucher que sur une pression sur les coûts entre autre des salaires. Dans un pays comme la Belgique, qui dépend pour partie de l’industrie pharma, des prix aux baisses constantes pourraient entrainer un désastre économique. Dans le secteur de la production de vaccin, chez GSK, malgré les profits réalisés ces dernières années, les conditions d’emplois des jeunes ont été lynchées (plus de contrat à durée indéterminée et création d’un nouveau type de contrat précaire; le CAT). La compétitivité a été donnée comme argument aux travailleurs pour justifier ces reculs.

    Nous pensons au PSL que pour faire face aux différentes contradictions de l’industrie pharma, seule la nationalisation et la mise sous contrôle de la collectivité peut se révéler efficace.

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