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  • AB-Inbev : grève contre la gestion criminelle de la crise sanitaire par la multinationale

    Seuls les travailleurs peuvent protéger les travailleurs

    En septembre, le site d’AB Inbev à Jupille (Liège) a été touché par une grève initiée par la délégation FGTB qui a duré plus d’une dizaine de jours. Leur revendication ? Tout simplement travailler dans des conditions de travail sûres. Plutôt que de reconnaître la légitimité des revendications des grévistes, la multinationale brassicole n’a pas hésité à envoyer des huissiers aux domiciles des travailleurs pour menacer de saisir leurs meubles tandis que des grévistes ont reçu des astreintes qui ont été jusqu’à 11.000 euros pour le délégué principal !

    Les grévistes avaient débrayé à la suite de la détection d’un foyer de Covid au sein d’un département logistique : une dizaine de travailleurs s’étaient retrouvés infectés dont deux ont été hospitalisés dans un état grave. Cette situation découle directement de la politique criminelle du profit d’abord. Lorsque la direction a connu les premiers cas, elle n’a pensé qu’à la sauvegarde de ses profits et a dissimulé la vérité et à cacher diverses informations. Elle a refusé de procéder à un tracing et les travailleurs qui avaient été en contact avec les cas positifs ont continué à travailler et à contaminer leurs collègues malgré eux. Ensuite, la direction a intimidé les grévistes en leur envoyant des sms, en leur téléphonant à leur domicile pour les pousser à reprendre le travail ainsi qu’en s’appuyant sur des huissiers pour briser la grève.

    De son côté, la FGTB-Horval exigeait que les mesures nécessaires soient enfin adoptées pour stopper la propagation du virus dans l’entreprise de même que l’écartement, pour le site de Jupille, de la directrice des ressources humaines et du conseiller en prévention.

    La solidarité ouvrière

    Ce fut un conflit très dur, mais la délégation s’est notamment constituée autour de luttes telles que celle de 2010, une grève de 17 jours contre des licenciements, en plein hiver, qui s’était conclue par une victoire. C’est à cette occasion qu’une banderole « InBev 1st Social Killer » avait été produite, qui trônait au piquet 10 ans plus tard.

    Les différents sites d’AB Inbev se sont montrés solidaires, un développement assez récent dans les conflits liés à cette entreprise. Ainsi, les dépôts d’Ans, de Jumet et d’Anderlecht de même que les brasseries de Louvain et Hoegaarden se sont mis à l’arrêt en soutien aux grévistes de Jupille.

    Quant au piquet de Jupille, tenu jour et nuit, il a connu des visites de solidarité de la part du PTB, du PSL, de la CGSP, et de délégations de la sucrerie d’Awans, de Biowanze, de la FN-Herstal, de la TEC,… Une motion de solidarité a été adoptée par la CGSP-ALR (Administrations locales et régionales) à Bruxelles qui déclarait notamment : « Ils méritent le soutient des travailleurs du secteur public qui ont eux aussi été victimes des manquements de l’autorité publique. Mais AB Inbev n’est que le sommet de l’iceberg. Car combien d’employeurs respectent aujourd’hui les mesures de sécurités suggérées par le Conseil National de Sécurité ? »

    Finalement, la direction a accepté de prendre des mesures (installation de plaques de plexiglas,…) et de travailler à un nouveau protocole sanitaire avec la délégation FGTB, négociation à laquelle ne participeront pas la directrice RH et le conseiller en prévention, qui n’ont toutefois pas été démis de leurs fonctions.

    Si une chose a bien été démontré par ce conflit, c’est que nous ne sommes pas « tous dans le même bateau ». Pour les actionnaires, les travailleurs sont sacrifiables pourvu que la production et les profits continuent. Le nouveau protocole sanitaire défendu par la FGTB-Horval peut constituer un exemple pour lancer une campagne et des luttes dans les autres entreprises. C’est avant tout par le travail que le virus se propage, les organisations syndicales doivent prendre les leçons de cette grève au sérieux (notamment l’efficacité des grèves de solidarité) pour assurer la défense de chaque travailleuse et de chaque travailleur.

  • AB Inbev : la CGSP-ALR soutient les travailleurs en grève

    Nous publions ci-dessous une importante motion de solidarité de la CGSP-ALR à destination des grévistes d’InBev. Nous invitons un maxium de délégations et structures syndicales à faire de même.

    La CGSP-ALR apporte son soutien entier aux travailleurs d’AB Inbev en grève pour le droit de travailler en toute sécurité dans le contexte de la pandémie de Covid-19. Un droit que la direction a foulé aux pieds.

    Dix travailleurs du secteur logistique de l’usine AB Inbev Jupille sont contaminés, dont deux sont hospitalisés dans un état grave. Conséquence tragique de la politique criminelle du profit d’abord.

    Le 30 avril dernier, le patron de la FEB Pieter Timmermans était pourtant catégorique : « L’endroit où vous travaillez est peut-être le lieu le plus sûr pour ne pas être contaminés » (RTBF 30 avril 2020). Le patronat s’inquiétait alors des pertes financières liées au confinement.

    Aujourd’hui la situation à Jupille démontre tragiquement le contraire. Ce qui est d’ailleurs confirmé par une récente enquête de l’Agence flamande de Soin et Santé : les principaux lieux de contamination au Covid-19 sont l’école et le lieu de travail. C’est ce qui explique l’augmentation du nombre de cas depuis la rentrée (RTBF 10 septembre 2020).

    Face aux premiers cas de contamination, la direction d’AB Inbev a fait la sourde oreille. Pire, elle n’a pas informé les travailleurs. Elle a sciemment caché la réalité pour ne pas mettre en péril la production. Résultat : un des travailleurs est dans le coma.

    Et bien aujourd’hui la production est à l’arrêt.

    Depuis le 3 septembre, les travailleurs de Jupille sont en grève pour leur droit légitime de pouvoir travailler en toute sécurité. Une simple revendication qui n’est pas du goût de la direction qui après avoir masqué la réalité attaque le droit de grève des travailleurs à coup de pressions et d’intimidations. La direction a envoyé des huissiers au domicile des délégués et travailleurs avec menace d’astreintes de 2.500 euros par jour.

    Le 7 septembre, c’était au tour des travailleurs de Jumet et d’Anderlecht d’apporter leur soutient à ceux de Jupille. Le 9 septembre, des arrêts de travail ont eu lieu à Louvain et Hoegaerden.

    Ce qui se passe à AB Inbev démasque la logique des patrons des grandes entreprises de protéger avant tout leurs profits. Quitte à sacrifier sur son autel la santé des travailleurs.

    C’est cette politique criminelle contre laquelle les travailleurs d’AB Inbev se battent aujourd’hui.

    Ils méritent le soutient des travailleurs du secteur public qui ont eux aussi été victimes des manquements de l’autorité publique.

    Mais AB Inbev n’est que le sommet de l’iceberg. Car combien d’employeurs respectent aujourd’hui les mesures de sécurités suggérées par le Conseil National de Sécurité ?

    Pour la CGSP-ALR, la santé des travailleurs ne se négocie pas. Elle enverra une délégation pour soutenir le droit des travailleurs d’AB Inbev à faire grève pour se protéger.

    Bruxelles, 11/09/2020,

  • Foyer de coronavirus et grève à Inbev-Jupille : « On est sacrifiés pour la production »

    Un foyer de coronavirus a été détecté sur le site de la multinationale AB-Inbev à Jupille, en région liégeoise. Dix travailleurs sont touchés. L’un d’eux, Carlo, est actuellement entre la vie et la mort. Le message de la direction est simple : « la vie continue ». Une grève a été déclenchée jeudi 3 septembre dernier. L’attitude de la direction est inacceptable : qu’elle aille dire que « la vie continue » à la famille de Carlo ! Comme pour mieux illustrer son manque d’humanité, la direction a envoyé un huissier au piquet ce dimanche soir et ce lundi matin.

    Ce lundi matin, au piquet de grève, la colère est palpable. « Il n’y a plus d’humanité, il n’y en a que pour l’argent. C’est une entreprise à milliards, pour eux, on n’est que des numéros. Et nos enfants, que vont-ils devenir si on laisser passer ça ? » On se rappelle bien parmi les travailleurs qu’il avait déjà fallu entrer en action pour imposer les premières mesures de sécurité. Et quelle était l’attitude de la direction à l’époque ? « Le responsable des ressources humaines est sorti nous dire qu’en Italie, on travaillait ! Mais on mourrait aussi en Italie ! On est sacrifiés pour la production, il n’y a que ça qui compte. » Evidemment, à ce moment-là, les grosses têtes de la direction ne se pressaient pas sur le site…

    Un autre travailleur ajoute : « La direction ne fait pas preuve de la moindre humanité, mais ce n’est pas neuf. Dans les conditions de travail de manière générale, il y a une dégradation et un relâchement au niveau de l’hygiène et de l’entretien. C’était visible bien avant l’arrivée du Covid19. Avant, on faisait des révisions sérieuses du matériel. On prenait le temps pour ça. Mais on économise sur tout aujourd’hui, notamment au travers d’un système d’enveloppes, de budgets, pour chaque secteur. »

    Chaque participant au piquet est bien entendu scandalisé par l’envoi d’un huissier. A cela s’ajoutent encore des coups de pression par sms de la part de la hiérarchie, y compris des coups de téléphone : « Le retour au travail en toute sécurité est assuré à la brasserie. Tous les résultats connus des tests effectués jeudi sont négatifs. Nous vous rappelons que si vous ne travaillez pas, vous ne serez pas payés. Soyons positifs et reprenons rapidement le travail pour assurer le futur de Jupille en continuant le respect strict des mesures COVID-19. » Rester positif dans ces conditions ? Si les travailleurs n’étaient pas entrés en grève, combien de personnes infectées aurait-il fallu avant que quelque chose ne soit fait ? 50 ? 100 ?

    Au piquet, nous rencontrons également des militants du PTB, dont Raoul Hedebouw. Au cours de l’échange que nous avons, il explique : « Ça explique bien à quel point le grand patronat s’en fout. Ça fait deux semaines qu’on a des échos inquiétant du terrain. Deuxièmement, on voit bien que quand les travailleurs résistent, on envoie les huissiers. C’est une justice de classe. »

    La FGTB exige le départ de la direction des Ressources Humaines ainsi que celui du responsable de la Sécurité. Patrick Rehan, Secrétaire Régional FGTB Horval, a expliqué à la presse « On a des éléments qui prouvent qu’ils ont commis des erreurs dans la gestion de cette situation. Ces personnes ne peuvent plus faire partie de l’entreprise. On n’a plus confiance. (…) La direction met la pression. Elle envoie des sms à des travailleurs en grève pour leur demander de reprendre leur poste. Mais on tient bon, on ne bougera pas. »

    Les messages visant à pousser les grévistes à reprendre le travail et l’envoi d’un huissier représentent des entraves graves au droit à la grève ! Cela illustre très clairement le chemin suivi par le patronat dans ce contexte de crise sanitaire et économique. Il faut riposter et construire un rapport de force contre chaque atteinte aux droits de travailleurs. La manifestation de la santé appelée par le réseau d’action militant La Santé en Lutte et qui se tiendra ce dimanche à Bruxelles peut constituer une bonne étape dans cette direction. Rendez-vous ce 13 septembre à 13h au Mont des Arts à Bruxelles (à côté de la gare centrale) !

  • DOSSIER: Capitalisme = barbarie. Pour une société socialiste !

    Le capitalisme est plongé dans une profonde crise systémique. De temps à autre, certains essaient de sauver la face en annonçant que la fin du tunnel est proche, mais c’est toujours pour ajouter très vite qu’il faudra quand même faire de sérieux efforts et des assainissements drastiques. En clair, cela signifie démanteler l’Etat-providence au cours des 5 à 10 années à venir. A la population de régler la facture de la crise qui nous a déjà coûté une longue liste de concessions salariales et horaires, de flexibilisation, d’attaques contre la sécurité sociale, les fins de carrière, les services publics, les soins de santé,…

    Dossier par Bart Vandersteene

    Remettre en cause le marché ‘libre’ ou en éviter simplement les excès?

    La chute du Mur en 1989 a inauguré le règne du dogme selon lequel le marché ‘libre’ était le meilleur système de création de richesses. On considérait comme une critique marginale de dire que cette génération de richesse était basée sur des bulles de savon spéculatives. Quant à l’écart grandissant entre pauvres et riches, tant au niveau mondial qu’en Occident, il ne devait s’agir que d’un grain de beauté destiné à disparaître avec le temps et la bonne gouvernance. La force soi-disant créatrice du marché ‘libre’ a engendré beaucoup d’illusions. Dans la pratique, elle s’est surtout révélée être une force destructrice.

    Pourtant, aujourd’hui, le marché ‘libre’ n’est pas fondamentalement remis en question. Bien au contraire, on essaie même de le sauver en disant qu’il faut seulement en éliminer les pires excès. Selon certains, il suffirait d’écrémer quelque peu les bonus des top-managers et de saupoudrer le marché d’un peu plus de régulation pour parvenir à dompter le capitalisme. L’absence d’une alternative socialiste suffisamment forte et clairement définie est aujourd’hui le plus grand obstacle au développement d’une lutte massive contre l’impact de la crise. Avec la chute du Mur, a été prédite la fin du socialisme en tant que modèle de société. Mais ce qui a disparu n’était toutefois qu’une caricature dictatoriale et non pas des modèles d’Etats socialistes.

    Le capitalisme conduit inévitablement à la crise. Avec leur salaire, les travailleurs sont incapables d’acheter la valeur qu’ils produisent collectivement, ce qui cause une tendance constante à la surproduction ou à la sous-consommation. Un tel problème peut être postposé un temps, en poussant grâce au crédit les travailleurs à déjà dépenser aujourd’hui leur salaire de demain. Mais un jour ou l’autre, la facture doit être payée.

    La faillite du système de marché ‘libre’ ne peut que stimuler la quête d’une alternative. Le marxisme va à nouveau trouver un soutien parmi les travailleurs et les jeunes à la recherche d’une solution à l’avenir sans issue qu’offre le capitalisme. Cela explique sans doute pourquoi l’ouvrage de Marx Le Capital est republié en néerlandais (ce qui n’était plus le cas depuis une trentaine d’années) ou le fait qu’un film (une comédie) se référant au révolutionnaire russe Léon Trotsky sorte au Canada. Dans de nombreux livres, textes et articles, on trouve à nouveau des références au socialisme et au marxisme.

    PS et SP.a: le capitalisme pour seul horizon

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    Cherchez l’erreur : le socialisme selon…

    • Dictionnaire Van Dale: ordre socio-économique dans lequel il n’y a plus de contradictions de classes.
    • Woorden.org: système économique dans lequel les moyens de production n’appartiennent pas à des particuliers et où les revenus de ces moyens de production bénéficient autant que possible à toute la population.
    • Larousse: Théorie visant à transformer l’organisation sociale dans un but de justice entre les hommes sur le plan du travail, de la rétribution, de l’éducation, du logement, etc.
    • Caroline Gennez (présidente du SP.a): le socialisme est une forme évoluée du libéralisme (mai 2009).

    Les quatre premiers articles de la Charte de Quaregnon:

    1. Les richesses, en général, et spécialement les moyens de production, sont ou des agents naturels ou le fruit du travail – manuel et cérébral – des générations antérieures, aussi bien que de la génération actuelle ; elles doivent, par conséquent, être considérées comme le patrimoine commun de l’humanité.

    2. Le droit à la jouissance de ce patrimoine, par des individus ou par des groupes, ne peut avoir d’autre fondement que l’utilité sociale, et d’autre but que d’assurer à tout être humain la plus grande somme possible de liberté et de bien-être.

    3. La réalisation de cet idéal est incompatible avec le maintien du régime capitaliste qui divise la société en deux classes nécessairement antagonistes : l’une, qui peut jouir de la propriété, sans travail, l’autre, obligée d’abandonner une part de son produit à la classe possédante.

    4.Les travailleurs ne peuvent attendre leur complet affranchissement que de la suppression des classes et d’une transformation radicale de la société actuelle. Cette transformation ne sera pas seulement favorable au prolétariat, mais à l’humanité toute entière; néanmoins, comme elle est contraire aux intérêts immédiats de la classe possédante, l’émancipation des travailleurs sera essentiellement l’œuvre des travailleurs eux-mêmes.

    Le fait n’est pas neuf, les sociaux-démocrates ne remettent plus en question le capitalisme, ils considèrent le marché ‘libre’ et la propriété privée des moyens de production comme des lois naturelles, à l’instar de la gravité. Bruno Tobback, le chef du groupe parlementaire du SP.a à la Chambre ne laisse planer aucun doute à ce sujet. Il a ainsi répondu dans une interview que remettre en question le marché ‘libre’, c’était comme remettre en question le fait d’avoir des relations sexuelles…

    Commentant cette situation, le journaliste Franck Albers a écrit dans le Knack (du 17 février 2010): ‘‘Evidement, le SP.a a d’autres accents que les capitalistes de Voka (une référence vers les extrémistes patronaux de la fédération patronale flamande, ndlr). L’un veut un peu plus de redistribution par l’Etat, l’autre veut un peu plus de ‘libre marché’. Le système en Europe fait yoyo entre ces deux pôles depuis déjà plus d’un demi-siècle. Mais peut-être faut-il des remèdes plus radicaux pour une solution fondamentale et orientée sur l’avenir.’’

    Même si le PS essaie de travailler son image à gauche, bien plus que le SP.a, et si Elio Di Rupo est fier de prétendre que le PS est le plus à gauche de tous les sociaux-démocrates en Europe, il se garde bien lui aussi de remettre en question le ‘libre’ marché: ‘‘les socialistes d’aujourd’hui acceptent le libre marché. Ils le voient comme un facteur dans les relations, les échanges, le progrès et le bien-être de l’individu et du collectif. Ils le voient comme un moyen de satisfaire un grand nombre de besoins.’’ (Être Socialiste Aujourd’hui, 2009). Le PS peut bien se raccrocher de temps en temps à des slogans comme ‘‘Le capitalisme nuit gravement à la santé’’ (de la FGTB wallonne), ce n’est qu’une question d’image.

    Nous pensons qu’il n’est pas possible d’éliminer les pires conséquences du capitalisme en restant dans ce système. La maximalisation des profits est un élément central, véritablement au cœur de la bête, auquel le reste n’est que subordonné. Nous assistons aujourd’hui à une spéculation contre la montagne de dettes grecques, les spéculateurs poussent la Grèce au bord de la faillite. De façon identique, la crise alimentaire de 2008 était une conséquence de la rétention de stocks de blé ou de riz par les spéculateurs, qui comptaient sur l’augmentation conséquente des prix. Des multinationales exploitent aujourd’hui des maisons de repos et même des prisons et elles n’ont aucune honte à expliquer, chiffres à l’appui, comment l’Etat peut servir de vache à lait, au mépris des conséquences sociales.

    Tout se réduit à la notion de marchandise, tant les relations humaines que le corps humain ou encore la nature. La crise environnementale crée même de nouvelles ‘‘opportunités’’ avec le commerce des droits d’émission et la commercialisation des labels ‘‘écologiques’’. Le sommet de Copenhague s’est ainsi déroulé sous les slogans hypocrites et opportunistes de Coca-Cola, Mc Donald, Carlsberg, Siemens,… De leur côté, la recherche scientifique et la justice sont ‘‘influencées’’ pour aboutir à des conclusions ‘‘correctes’’. Cette société dégouline de la pourriture du capitalisme par tous les pores.

    Le marché ‘libre’ n’est rien de plus et rien de moins que la dictature de la maximalisation des profits. On n’impose pas de règles à ce système, on l’élimine.

    Que signifie le socialisme?

    ‘‘La tâche historique de notre époque consiste à remplacer le jeu déchaîné du marché par un plan raisonnable, à discipliner les forces productives, à les contraindre d’agir avec harmonie, en servant docilement les besoins de l’homme. C’est seulement sur cette nouvelle base sociale que l’homme pourra redresser son dos fatigué et – non seulement des élus – mais chacun et chacune, devenir un citoyen ayant plein pouvoir dans le domaine de la pensée.’’ (Leon Trotsky, En défense d’Octobre, 1932)

    Nationalisation du secteur financier

    L’an dernier, plusieurs Etats ont été obligés de prendre le secteur bancaire dans leurs mains, partiellement ou entièrement. De là est née l’expression de “socialisme pour les riches”: les profits éventuels sont réservés aux grands actionnaires tandis que les pertes sont prises en charge par le gouvernement (et donc la collectivité).

    D’anciens apôtres du marché ‘libre’ en sont arrivés, avec une gêne sincère, à la conclusion que ce système n’est quand même peut-être pas l’idéal, comme Paul De Grauwe: ‘‘La théorie était que les banquiers savaient mieux que le gouvernement ce qui était bon pour eux et pour nous, et que le système avait assez de qualités autorégulatrices. Les faits nous ont démontré à quel point cette théorie était incorrecte.’’ (De Standaard, 26 janvier 2010)

    On cherche actuellement de nouvelles règles pour le secteur bancaire, mais de nombreux commentateurs crient déjà depuis des mois que rien n’a changé depuis le début de la crise, que les produits et mécanismes responsables de la chute du secteur financier il y a deux ans sont à nouveau utilisés à plein régime. Ce n’est aucunement une surprise. Obama a par exemple nommé les top-managers de la banque Goldman Sachs à son cabinet des Finances. Goldman Sachs était d’ailleurs un des plus grands bailleurs de fonds de la campagne électorale d’Obama. Les politiciens traditionnels ne sont pas grand-chose d’autre que des marionnettes aux mains des décideurs économiques. Ils sont d’ailleurs richement récompensés par la suite avec des postes lucratifs dans les conseils d’administration: Dehaene chez Inbev et Dexia, Willy Claes chez Carrefour,…

    Le secteur financier doit être retiré des mains de ces charognards. Seul un secteur financier aux mains de la collectivité sous le contrôle des travailleurs et des usagers peut garantir que ce secteur remplisse ses tâches essentielles.

    Pour une économie nationalisée et planifiée

    Affiche du PSL pour les élections de 2009

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    Ce qui vaut pour le secteur bancaire vaut également ailleurs. Tant que les différents secteurs de l’économie restent aux mains d’une petite minorité de grands capitalistes, ils resteront bloqués dans la logique du système selon laquelle les profits sont prioritaires sur toute autre considération.

    ‘‘Le marché libre est un grand mensonge. Il n’existe d’ailleurs pas. La confusion entre libre marché et liberté humaine est dangereuse. (…) Cette crise confirme que le monde repose sur sa tête, les pieds en l’air et la tête en bas. Ce qui doit être puni est récompensé et vice versa. La spéculation est récompensée et le travail est puni. Aujourd’hui, le système est démasqué, c’est un système basé sur la privatisation des profits et la socialisation des pertes.’’ (Eduardo Galeano, Mo-magazine, 27 mai 2009)

    Dans une société socialiste, les usines, les machines et les terrains des secteurs clés seraient propriété publique afin qu’ils soient au service de la satisfaction des besoins de la population.

    Pour une société démocratique et socialiste

    Une économie socialiste doit être une économie planifiée. C’est la seule option permettant que la technologie, les forces de travail, la science et les matières premières soient utilisées de manière efficace et durable pour la satisfaction des besoins humains.

    Toute la société doit être activement impliquée dans l’élaboration d’un tel plan et dans les décisions sur la façon de produire. Des réunions locales pourraient élire des représentants mandatés à participer aux discussions et décisions au niveau régional, national et même international. Ces élus devraient systématiquement rendre des comptes à leur base et être révocables à tout moment. La motivation d’un élu ne pouvant jamais être basée sur des privilèges, les représentants ne pourraient pas gagner plus que le salaire moyen d’un travailleur.

    Pour permettre à chacun de participer à la gestion de la société, le temps de travail doit être drastiquement réduit, mais cela est parfaitement possible si on stoppe toute production inutile et si la production est orientée vers des produits durables et non des produits jetables propres à la société capitaliste. La répartition du temps de travail en impliquant les centaines de millions de chômeurs actuels aurait aussi un impact important pour diminuer le temps de travail de chacun.

    Enfin, seule une économie socialiste où la richesse et les investissements sont gérés collectivement est apte à garantir le développement de méthodes de production qui préservent notre environnement. Pour notre avenir, le socialisme est la seule option.


    Les 125 ans du Parti Ouvrier Belge – Les 120 ans du premier mai

    Le 5 et le 6 avril, nous avons fêté le 125e anniversaire de la fondation du Parti Ouvrier Belge (le prédécesseur du PS et du SP.a). La mise sur pied d’un parti ouvrier en 1885 a constitué un important pas en avant pour le mouvement ouvrier de notre pays. Avant cela, les travailleurs comptaient sur les libéraux de gauche présents au Parlement. Mais une telle approche ne faisait notamment pas progresser la lutte pour le suffrage universel. Avec la mobilisation des masses et la constitution d’un parti ouvrier indépendant de la bourgeoisie, une arme plus forte a été forgée.

    Le POB a été fondé par une centaine de personnes représentant pas moins de 59 associations, dont des mutuelles, des syndicats, des groupes politiques, des groupes de lecteurs et des coopératives. Dès le début, il y a eu beaucoup de confusion. Les coopératives ont toujours plus déterminé les positions politiques du parti et cela a plusieurs fois signifié d’éviter tout élargissement conséquent de la lutte.

    La lutte pour le suffrage universel (pour les hommes…) a été menée grâce à la grande pression de la base du parti et contre la grande peur qu’éprouvait la bourgeoisie face à la croissance du POB. Dans ce contexte s’est tenu en 1894 un congrès idéologique qui a adopté la Charte de Quaregnon (voir ci-contre). En comparaison, et même si un certain nombre de faiblesses étaient présentes, les programmes actuels du PS et du SP.a font pâle figure.

    Le POB ne remettait pas suffisamment conséquemment en cause le capitalisme, mais c’était là un outil de taille à disposition des travailleurs afin qu’ils puissent lutter pour améliorer leurs conditions de vie et de travail. C’est cette lutte qui a donné d’importantes victoires, comme la journée des huit heures.

    Ce combat pour la journée des huit heures est inséparablement lié au Premier mai. Il y a 120 ans, le premier mai était la première journée d’action internationale pour les huit heures. Dès 1890, après des actions antérieures qui se sont déroulées aux Etats-Unis, des grèves ont eu lieu partout le premier mai, souvent réprimées. En Belgique aussi, des travailleurs ont été tués parce qu’ils militaient le Premier mai.

    Aujourd’hui, il n’y a plus de grand parti ouvrier – le PS et le SP.a sont devenus des partis vides où seule compte la politique gouvernementale néolibérale – et cela a dans beaucoup de cas vidé les commémorations du Premier mai de son essence combattive. Au même moment, le principe de la journée des huit heures subit des attaques de toutes parts.

    En vue des attaques à venir contre nos salaires, nos pensions, les soins de santé, l’enseignement,… nous allons devoir renouer avec ces traditions établies il y a de cela 125 et 120 années. Nous avons besoin de notre propre parti des travailleurs de masse et nous allons devoir lutter, internationalement, pour défendre nos intérêts! Cela constitue une part de la lutte pour une alternative socialiste contre la barbarie capitaliste.

  • Il pleut, il pleut bergère…

    En cet automne pluvieux, quelques bonnes nouvelles ne font pas de tort. Ainsi, Le Soir Magazine (1) a publié le hit-parade des 25 familles les plus riches de Belgique. Ils se portent bien ! Pour nous, l’avenir, de radieux, devient bien sombre (les ménages doivent s’attendre à débourser 500 euros de plus l’an prochain pour leurs factures !), et le parapluie de l’index-santé est bien troué face à l’averse de hausse des prix !

    Jean Peltier

    La valse des milliards…

    Premier enseignement du classement de Le Soir Magazine, c’est la bière qui rapporte le plus ! On trouve en effet en n°1 les De Spoelbech (de la brasserie Haacht) et en n°4 les Vandamme (Piedboeuf et Stella Artois), tous désormais bien calés au chaud dans le groupe multinational Inbev, ces deux familles pesant respectivement 3,13 et 1,63 milliards d’euros. Deuxième découverte, l’acier wallon mène à tout… à condition d’en sortir à temps : les Frère (passés depuis au groupe médias RTL-Bertelsmann) sont n°2 avec 2,98 milliards et les Boël (réinvestis dans le holding Sofina) n°4 avec 1,42 milliards. Au milieu on trouve la famille Colruyt, n°3 avec 2,52 milliards d’euros.

    Si Le Soir Magazine a un regard ému pour les petits péchés mignons de ces messieurs-dames (les arbres pour Philippe de Spoelbergh, le vin pour Albert Frère), il n’a pas eu le mauvais goût de dresser en parallèle le hit-parade des milliers de licenciements qui ont jalonné le chemin de ces « riches bien de chez nous »…

    …les trous dans la tirelire…

    On redescend sur terre avec un autre hit-parade. Test-Achats a calculé l’impact de quelques-unes des hausses de prix déjà annoncées pour 2008 sur le budget d’un ménage moyen (2). Ca va faire mal !

    En n°1, le gaz : + 247 euros (75 pour la distribution et 172 pour la consommation). En n°2, l’alimentation : + 140 euros (pain, beurre, lait, poulet, légumes en conserve… et bière, ce qui devrait quand même faire plaisir aux familles Spoelbech et Vandamme). En n°3, l’électricité : + 30 euros. Rien que ces trois postes représentent 417 euros. Test-Achat n’a pas pu chiffrer l’impact de l’essence et du mazout de chauffage parce qu’il est impossible de prévoir quand (ou si) les prix vont se stabiliser un jour. Mais on doit s’attendre à devoir sortir de notre poche un minimum de 500 euros en plus l’an prochain.

    …et le parachute troué de l’index-santé

    Comme on ne peut pas vraiment espérer que les familles Frère, Boël et Colruyt vont y aller de leur poche pour nous aider (elles sont actuellement fort occupées à appuyer les efforts des libéraux pour imposer une nouvelle réforme fiscale en faveur des riches), il reste à se consoler en se disant que l’index absorbera les hausses de prix. Stop, on arrête de rêver. L’index des prix a été tellement bien trafiqué par les gouvernements précédents que l’index-santé (c’est son nom officiel) exclut purement et simplement le tabac, les alcools et les carburants dans son calcul. En plus, la part consacrée dans son calcul aux postes les plus importants – 19% pour les dépenses d’alimentation, 6% pour le loyer, 15,5% pour le logement en général – est largement sous-estimée par rapport a ce qu’ils représentent réellement dans les dépenses des familles populaires.

    Résultat, ces manipulations nous coûtent au bas mot 20 euros net par mois par rapport à la hausse réelle du coût de la vie (3). C’est-à-dire la moitié des augmentations prévues l’an prochain…


    1. Le Soir Magazine du 3 octobre

    2. La Meuse du 16 octobre

    3. La Meuse du 25 octobre

  • Des riches plus riches, des pauvres plus pauvres.

    Le magazine Forbes a récemment publié son rapport annuel sur les milliardaires: ils sont à l’heure actuelle 946 à travers le monde. La richesse cumulée de ces parasites qui vivent de l’exploitation est de … 3.500 milliards de dollars (!).

    En 2005, ils étaient un peu moins (793) et pesaient ensemble 2.600 milliards de dollars. En une année, c’est une croissance de 35%! A titre de comparaison, 2.600 milliards de dollars, c’est un peu plus que le Produit Intérieur Brut de l’Allemagne, première économie européenne et septième économie mondiale! Luisa Kroll, la journaliste de Forbes, explique: "Ce fut tout simplement une année extraordinaire pour les marchés de par le monde"…

    Pendant ce temps…

    • Pendant ce temps, près de 1,3 milliards de personnes, vivent avec moins de 1$ par jour.
    • Pendant ce temps, plus d’un milliard d’êtres humains n’ont pas d’accès à l’eau potable.
    • Pendant ce temps, l’espérance de vie de près d’un tiers des habitants des pays pauvres n’atteint pas 40 ans.

      (Chiffres de l’ONU).

    Et cette situation ne s’améliore pas, loin de là. Alors que les 20% les plus pauvres de la population mondiale recevaient 2,3% de la richesse mondiale en 1960, ils ne recevaient plus que 1,4% en 1991, et 1,1% actuellement.

    On peut aussi parler de ce qui se passe ici, chez nous, où le taux de pauvreté est de 15% actuellement! Il serait de 44% sans sécurité sociale…

    Les conditions de travail se dégradent, le chômage augmente, le pouvoir d’achat diminue,… Mais ce n’est pas pareil pour tous!

    Didier Bellens, le patron de Belgacom, touche 2,2 millions d’euros par an, le patron de Dexia touche 1,450 million d’euros, comme le patron de Delhaize (1,4 million). Johnny Thijs, le patron de la Poste, touche lui 800.000 euros… Tout ça sans parler des divers avantages de leurs fonctions, des actions en Bourse,…

    Si en France, les 40 plus grandes sociétés cotées en Bourse ont annoncé un bénéfice net de 100 milliards d’euros, les entreprises belges n’ont pas à se plaindre. Belgacom, Mobistar, Groupe Bruxelles Lambert, Delhaize, Solvay, Suez, le brasseur Inbev… Les 18 grands groupes belges ont réalisé 23,3 milliards d’euros en 2006. L’an dernier, les bénéfices étaient de 16,5 milliards d’euros, et de 12,4 milliards d’euros en 2004. Donc, en 2 ans seulement, les bénéfices ont presque doublé…

    Ce sont les actionnaires qui sont contents! Sur les 23,3 milliards de bénéfice, ils recevront la bagatelle de 8,18 milliards! Dexia, qui a fait 2,750 milliards de bénéfice, va reverser un milliard à ses actionnaires.

    Quant à l’emploi, Belgacom donne l’exemple: un bénéfice de 973 millions d’euros en 2006 et l’annonce d’une restructuration qui va toucher de plein fouet 1.500 des 18.000 travailleurs du groupe.

    Difficile de contester la nécessité de changer de système face à de telles données…

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