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Tag: Immigration
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Manifestation contre la venue de Marine Le Pen à Bruxelles : Communiqué de presse
Le 15 septembre 2015, le parti néofasciste Vlaams Belang organise à Bruxelles un colloque avec Marine Le Pen « contre les diktats de l’Union européenne » et pour s’en prendre aux migrants et aux populations du sud de l’Europe.Cette collaboration entre le Front National de Marine Le Pen et le Vlaams Belang est renforcée par la mise sur pied de leur nouveau groupe d’extrême droite au Parlement européen : « Europe des Nations et des Libertés ».
Ce 15 septembre, à l’initiative des Étudiants de Gauche Actifs/Actief Linkse Studenten et de Blokbuster, une manifestation prendra place pour illustrer l’opposition aux idées et politiques d’extrême droite. Le rendez-vous est fixé le 15 septembre à 19h Place Surlet de Chokier (Madou), la manifestation se déplacera jusqu’à la place du Luxembourg.
«Contre les diktats de l’Union européenne»
Nous devons dénoncer l’hypocrisie de l’Union européenne. La crise économique profonde du capitalisme, les politiques néocoloniales et les interventions militaires au Moyen-Orient et en Afrique ont créé une instabilité politique, alimenté la violence sectaire et disloqué les économies des pays touchés. Certains prennent le risque d’une périlleuse traversée de la Méditerranée. La politique d’asile de l’Union européenne criminalise les réfugiés et militarise ses frontières.
Pour Julien Englebert (Etudiants de Gauche Actifs) «Cette situation d’arrivée massive de réfugiés à nos frontières est instrumentalisée par l’extrême droite pour alimenter la division et le racisme. Les immigrés sont les boucs émissaires des crises économiques du capitalisme. C’est aux multinationales qu’il faut s’en prendre, pas à leurs victimes».
On peut lire sur le compte Twitter du FN : «Des frontières et des charters : la solution pour Calais et le reste ! »
L’extrême droite ne constitue pas une alternative pour les jeunes et les travailleurs.
D’un autre côté, le FN clame que ce n’est pas aux Français de payer pour les Grecs. Dans l’annonce du colloque, l’extrême droite propose d’arrêter les efforts financiers pour les demandeurs d’asile et l’Europe du Sud pour utiliser ces moyens afin de « baisser les impôts et ainsi donner de l’oxygène à l’économie. » L’extrême droite s’oppose aux victimes de la crise en donnant de nouveaux cadeaux aux responsables pour cette crise.
Geert Cool de Blokbuster : «Ces dettes ne sont pas celle des Grecs, des Espagnols, des Français, des Allemands ou des Belges et ne doivent pas être payées par eux. Ce sont celles des spéculateurs: banquiers et multinationales. Nous avons besoin d’une lutte collective des jeunes et des travailleurs contre l’austérité, pour un plan massif d’investissements publics pour répondre aux besoins de la population : des services publics, des écoles, des logements sociaux et la création d’emplois décents pour tous… »
Ne nous laissons pas diviser! Une lutte unifiée des travailleurs et des jeunes, avec ou sans papiers, avec ou sans emploi, est nécessaire pour arrêter l’austérité en Belgique et en Europe.
STOP au meeting raciste du Vlaams Belang !
STOP aux diktats de L’Europe du Capital !
Cette initiative est également soutenue par : Association Joseph Jacquemotte, CADTM – Belgique, Collectif Antifascisti Bruxelles, FEWLA, FAF (Front AntiFasciste), Initiative Solidarité avec la Grèce qui résiste, Jeunes FGTB-Charleroi, JOC-Bruxelles, Jong ACV-Jeunes CSC Bruxelles, Mouvement Anti-FN (France), PSL-LSP, Syndicalisten TEGEN Fascisme/Syndicalistes contre le Fascisme, USE – Jeunes FGTB,…
Contacts presse :
FR : Julien Englebert – 0473 25 33 25 – julien.englert@gmail.com (Etudiants de Gauche Actifs). www.gauche.be
NL : Geert Cool – 0485 40 07 80 – geertcool@hotmail.com (Blokbuster). www.blokbuster.be
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[DOSSIER] Europe-Forteresse, mondialisation et capitalisme
C’est pas les immigrés qu’il faut virer, c’est le capitalisme qu’il faut éliminer !Vous disposez d’un compte en banque avec 1 million d’euros ? Vous souhaitez investir dans une société en Europe? Dans ce cas, les gouvernements européens vous accueillent sans problème comme un immigré de grande valeur. Pas besoin de risquer votre vie en traversant la Méditerranée en bateau de fortune, ou de passer des mois à Calais dans des conditions de famine avant d’embarquer, caché, dans un camion ou un train. L’histoire est bien différente pour la majorité de ceux qui fuient la guerre, la dictature et la misère, au Moyen-Orient et en Afrique par exemple. La plupart se retrouvent sans ressource et affamés dans leur propre pays ou dans une région voisine avant de finir aux mains de passeurs, risquant leur vie pour traverser la Méditerranée.
Par Pietro (Bruxelles), article tiré de l’édition de septembre de Lutte Socialiste.
L’Europe-Forteresse
Les récents événements observés à Lampedusa ou sur les côtes grecques reflètent l’incapacité du capitalisme à gérer le phénomène de l’immigration. L’année dernière, 219.000 personnes sont arrivées en Europe par ces moyens, un chiffre qui devrait être plus élevé en 2015 (nous en étions à 137.000 à la fin du mois de juin). Il y a eu 900.000 demandes d’asile en 2014, ce qui représente une augmentation de plus de 45% par rapport à 2013. D’innombrables milliers d’autres ont trouvé la mort en tentant de traverser la méditerranée. (1)
La majorité de ceux qui risquent leur vie sont des réfugiés fuyant des conflits et des guerres. Parmi ceux qui parviennent tout d’abord en Grèce et en Italie, plus de 85% proviennent de Syrie, d’Afghanistan, d’Irak et de Somalie, des pays où l’intervention militaire de l’impérialisme occidental a joué un rôle-clé dans la création de situations cauchemardesques. La crise économique profonde du capitalisme, les politiques néocoloniales et les interventions militaires impérialistes ont créé une instabilité politique, alimenté la violence sectaire et disloqué les économies des pays touchés. Un nombre grandissant ne voit plus d’autre issue que de prendre le risque de tenter une périlleuse traversée de la Méditerranée.
On entend souvent dire dans les médias que le phénomène migratoire représente une richesse pour les pays en voie de développement, ce que réfutent complètement les études statistiques. Le cas du Malawi est représentatif : la grande majorité des infirmiers a quitté le pays au point qu’il ne reste aujourd’hui que 336 infirmiers pour 12 millions d’habitants ! (2)
Mais même si l’Europe n’est concernée que par une infime minorité des réfugiés à travers le monde, la politique d’asile de l’Union Européenne repose sur la criminalisation des réfugiés et la militarisation de ses frontières.
Ce fut tout d’abord Frontex, puis Triton, des opérations visant à augmenter la défense et la sécurité des frontières européennes. A suivi ensuite une opération du gouvernement italien, ‘‘Mos Maiorum’’, dont l’objectif était de renforcer les contrôles en mer, de récupérer les immigrés et de les expulser. 150.000 personnes ont ainsi été sauvées et ramenées aux côtes italiennes. Mais en prétendant agir pour réduire les naufrages et sauver des vies, l’Union Européenne et ses États-membres n’ont fait que verrouiller l’accès à leur territoire via leur politique de visas, l’agence Frontex ou encore le système de surveillance Eurosur.
Pour résoudre le problème de l’accumulation de réfugiés dans certains pays, l’Union Européenne a largement débattu de l’instauration d’un système de ‘‘quotas’’ visant à répartir les réfugiés dans les différents pays membres. Cette approche a bien évidemment subi les foudres de l’extrême-droite et de la droite populiste pour lesquelles il est impensable de dépenser de l’argent pour sauver des immigrés. Tous les Etats ont commencé à se renvoyer la balle les uns aux autres.
Immigration et capitalisme
La faillite des élites européennes illustre l’une des contradictions inhérentes au développement du capitalisme : la tension entre le développement des forces productives et l’État-nation. Alors que le marché pousse les forces productives au-delà des frontières de l’État, la réalité est que le capitalisme a besoin de frontières nationales et des États-nations. Les entreprises ont besoin de l’État pour servir leurs intérêts ainsi que d’un appareil d’Etat – police, armée, tribunaux, prisons, etc. – afin d’empêcher la classe des travailleurs et les opprimés de se soulever et de protéger la propriété privée des moyens de production. Cependant, même s’il est clair que les limites des forces productives ont largement dépassé le cadre des frontières nationales, la majorité de la classe des travailleurs reste captive de ces limitations.
Alors qu’il y a 250 ans, la différence entre les pays les plus riches et les plus pauvres était de 1 sur 5, nous en sommes actuellement à 1 sur 400. (3) L’objectif principal de la classe dominante capitaliste reste l’accumulation de profits. La montée exponentielle des inégalités – particulièrement ces 30 dernières années – s’est accompagnée d’une énorme augmentation du phénomène migratoire. L’impact politique de ce phénomène est une mise en concurrence accrue de tous les travailleurs.
Assemblée bruxelloise du PSL consacrée à la migration et à la crise des réfugiés, avec : Said, membre de la La Coordination des Sans-Papiers de Bruxelles – Pietro Tosi, Animateur MOC – groupe migrant CSC Bruxelles – Anja Deschoemacker, porte-parole de Gauches Communes et du PSL // Ce mercredi 16 septembre, Pianofabriek, 35, rue du Fort – Bruxelles.La super-exploitation des travailleurs migrants en Europe a un intérêt double: l’exploitation d’une main d’œuvre à bas salaire et l’instauration d’une pression à la baisse sur le coût du travail, notamment dans des secteurs impossibles à délocaliser : la logistique, le nettoyage ou encore l’Horeca. Si le gouvernement ne veut pas régulariser les sans-papiers, c’est essentiellement pour continuer à servir les intérêts des entreprises et du patronat, sur ce domaine comme sur les autres. La criminalisation des sans-papiers n’est pas un hasard, mais une volonté politique destinée à augmenter les profits!
L’Union Européenne prévoit la libre circulation de ses ressortissants en son sein. Mais il s’agit d’une conception de la ‘‘liberté’’ bien particulière, produite par le capitalisme et soumise à la Loi du marché et au principe de la mise en concurrence des travailleurs. C’est sur cette base que l’on a ainsi pu lire dans le magazine The Economist (avril 2011) un dossier défendant la liberté de circulation totale et l’ouverture des frontières.
Reste que cette prétendue liberté de circulation ne fonctionne pas dans les faits, comme l’illustrent ces migrants d’Italie qui ont été refoulés aux frontières françaises. Dans la grande majorité des Etats capitalistes, l’ouverture pure et simple des frontières serait bien plus déstabilisante qu’autre chose.
C’est aux multinationales qu’il faut s’en prendre, pas à leurs victimes !

Débat à Liège, ULg, place du XX Août, Salle A2/5/11 Si le mouvement des travailleurs est assez fort d’un point de vue idéologique et organisationnel, il est capable d’imposer une toute autre musique reposant sur la solidarité active. Nous devons nous opposer à toute intervention militaire impérialiste, dont les effets sont de déstabiliser ces régions et d’ouvrir grand la porte aux seigneurs de guerre et autres organisations mafieuses pour qui le chaos est synonyme d’opportunité, tout en soutenant les mouvements de masse qui luttent pour de meilleures conditions de vie contre l’impérialisme, les oligarchies locales et les forces réactionnaires. Nous avons bien plus en commun avec les travailleurs d’Asie ou d’Afrique qu’avec les rapaces capitalistes des multinationales.
Un autre aspect de cette solidarité internationale est de lutter pour accorder le droit d’asile à ceux qui fuient la guerre, les conflits sectaires, la misère ou la dictature et pour que les demandeurs d’asile ne soient plus traités comme des criminels et enfermés dans des centres de détention fort peu différents des prisons.Il faut aussi nous assurer de contrer l’extrême droite, dont l’attitude est de jeter de l’huile sur le feu pour stimuler le racisme et présenter les migrants comme les boucs émissaires des échecs économiques du capitalisme. Accroître les tensions et divisions entre divers groupes dans la société est une stratégie bien connue : diviser pour mieux régner. Le mouvement organisé des travailleurs est capable de lier ensemble la cause des migrants à celle des autres couches exploitées dans la société.
Dire que les moyens manquent pour offrir un bon avenir et de bonnes conditions de vie à la population – quelle que soit son origine – est un mensonge. Ce qui se produit dans les faits, c’est que les gros actionnaires et grands patrons pillent les caisses de la collectivité, la richesse créée à la sueur de notre front, pour ne laisser que des miettes tout en proclamant les poches et la bouche pleines ‘‘attention, les immigrés veulent vous voler ce qui reste !’’ Comme le dit le slogan : ‘‘le problème , c’est le banquier, pas l’immigré’’ !
La seule issue de sortie réaliste de la crise des réfugiés est une lutte unitaire de tous les travailleurs, indépendamment de leurs origines, genres ou encore orientations sexuelles, pour arracher les leviers de l’économie des mains de l’élite capitaliste. Il sera ainsi possible de disposer des moyens nécessaires pour mettre fin aux guerres, à la misère, à la destruction de l’environnement,… Seule l’instauration d’une nouvelle société, une société socialiste démocratique, sera de nature à voir naître un monde où la liberté de circulation sera réelle et débarrassée de la logique d’exploitation.
- 14 septembre : Bruxelles. Action : Rassemblement face au conseil européen justice intérieur (plus d’infos)
- 15 septembre : Bruxelles. Manifestation contre la venue de Marine Le Pen à Bruxelles (plus d’infos)
- 16 septembre : Bruxelles. Débat : Capitalisme et migration : quelle alternative à l’Europe-Forteresse ? (plus d’infos)
- 26 septembre : Bruxelles. Manifestation nationale de solidarité avec les réfugiés (évènement Facebook)
- 30 septembre : Liège. Débat : Capitalisme et migration : quelle alternative à l’Europe-Forteresse ? (plus d’infos)
(1) Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies (HCR).
(2) Pour le malawi : santé afrique : http://www.ipsinternational.org/
(3) Rapport OXFAM 2014 -
Des milliers de réfugiés sombrent dans le ‘‘cimetière méditerranéen’’
Dimanche dernier, à nouveau, des centaines de réfugiés – on parle de 800 personnes – se sont noyées dans la mer Méditerranée alors que leurs fragiles ont chaviré au large de la côte libyenne. La même semaine, les garde-côtes italiens rapportaient que 10.000 réfugiés ont été récupérés sur des bateaux de passeurs. L’an dernier, environ 3.500 migrants fuyant des pays déchirés par la guerre, les persécutions et la pauvreté se sont noyés en tentant de rejoindre l'Europe.
Par Simon Carter
Ce chiffre est plus que probablement susceptible d’être dépassé en 2015, même avec l’application de l’opération Triton, une opération de « recherche et de sauvetage » lancée par l’agence Frontex (la très justement critiquée Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de l’Union européenne) et entrée en vigueur le 1er novembre 2014. Certains, dont le gouvernement britannique qui a décidé de ne pas participer à cette opération, affirment qu’elle ne ferait qu’encourager les réfugiés à tenter une traversée. Mais ces réfugiés sont tellement désespérés qu’ils sont prêts à risquer leur vie.
Il n’existe aucune voie légale vers l’Europe pour ces personnes désespérées. Nombre d’entre eux prennent le risque d’une périlleuse traversée. Mondialement, moins de 1% des réfugiés arrivent près de l’Union Européenne. Et pourtant, la politique d’asile de l’Union européenne criminalise les réfugiés et militarise ses frontières.
Le nombre de réfugiés via la mer a augmenté à la suite des guerres civiles brutales et sectaires qui font rage en Syrie, en Irak, en Somalie et en Afghanistan. Beaucoup de jeunes érythréens ont fui la conscription militaire, souvent décrite comme étant purement de l’esclavage.
Embarrassés par le nombre de morts, les dirigeants européens se sont engagés à prendre des mesures contre les trafiquants d’êtres humains, mais ils continuent à garder levé le pont-levis de la «forteresse-Europe». Mais ces ministres capitalistes ne peuvent pas si facilement se laver les mains de la responsabilité de cette crise, bien au contraire. Les interventions militaires des puissances occidentales au Moyen-Orient et en Afrique sub-saharienne ont créé une instabilité politique, alimenté la violence sectaire et disloqué les économies des pays touchés.
En 2011, des millions de pauvres, de travailleurs et de jeunes se sont révoltés dans de nombreux pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord contre l’appauvrissement et le manque de droits démocratiques. Dans certains cas, ce processus est parvenu à renverser des dictatures pourries et soutenues par les impérialistes, comme en Tunisie et en Egypte. Des mouvements similaires se sont développés contre le régime de Kadhafi en Libye et contre celui de Bachar al-Assad en Syrie, et ailleurs dans la région. Mais en l’absence d’une alternative socialiste de masse développée sur base de la force indépendante de la classe des travailleurs, ces révolutions ont été bloquées et la contre-révolution, assistée par l’impérialisme, a temporairement réussi à prendre le dessus.
Sans surprise, les conditions de vie cauchemardesques ont forcé des millions de personnes à devenir des réfugiés, à l’intérieur de leurs pays d’origine ou à l’extérieur, à la merci de trafiquants d’êtres humains riches, puissants et impitoyables. Ceux qui parviennent à atteindre le rivage européen sont souvent confrontés à un avenir précaire et incertain. Beaucoup finissent dans des centres et des camps de réfugiés surpeuplés et souvent violents en Grèce, en Italie et ailleurs. Ils sont souvent pris pour cible par des groupes d’extrême-droite et par des politiciens de droite qui les instrumentalisent comme boucs émissaires des échecs économiques du capitalisme.
Comme les anciens partis sociaux-démocrates ont adopté des politiques ouvertement capitalistes, il n’y a pas de grands partis pour soutenir et défendre les droits des demandeurs d’asile et contrer les nombreux mensonges développés dans les médias à leur sujet. La défense du droit d’asile s’inscrit selon nous dans la droite ligne de la lutte contre l’austérité capitaliste et pour l’application de politiques véritablement socialistes.
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Les 50 ans de l’immigration marocaine et turque en Belgique
Par Thomas (Charleroi), article tiré de l’édition de mars de Lutte Socialiste
À l’occasion des 50 ans de l’immigration marocaine et turque en Belgique – née de la campagne de recrutement de 1964 des autorités belges – les grands médias nous ont abreuvés de reportages historiques, d’études statistiques et de portraits d’artistes, d’intellectuels ou de politiques issus des communautés marocaines et turques. Les partis traditionnels se réclamant encore de la gauche, et particulièrement le PS, se sont jetés sur l’occasion à l’aune de la campagne électorale.
Si, la campagne de recrutement de 1964 promettait aux travailleurs une vie meilleure en Belgique, une analyse dont la logique part des intérêts de ces derniers ne peut manquer de remarquer à quel point de nombreux problèmes subsistent. Quel programme politique peut répondre aux besoins des travailleurs d’origine belge, marocaine, turque ou autre ?
Replacer les vagues d’immigrations dans leur contexte économique
La Belgique a vu ses infrastructures détruites par la Seconde Guerre mondiale, même si ce fut dans une proportion bien moindre que dans les pays voisins. Le seul acteur capable d’organiser la reconstruction du pays était l’État, avec un secteur public jouant un rôle moteur dans l’économie. Cette situation a également été assurée par la forte activité du mouvement ouvrier au sortir de la guerre, doté d’une conscience socialiste réelle, bien que floue. Le rapport de force entre travail et capital était plus favorable aux travailleurs et à cela s’ajoutait le prestige de l’Armée soviétique. La bourgeoisie a donc été poussée à faire de nombreuses concessions. Après quelques temps, la hausse du pouvoir d’achat et le renforcement des mécanismes de solidarité furent remarquables au sein d’une économie basée sur la demande et l’intervention de l’État, le keynésianisme.
La reconstruction du pays demanda énormément de mains d’œuvre, et l’on dut également faire appel à une main d’œuvre étrangère, tout d’abord en Italie. 300.000 travailleurs furent littéralement importés chez nous (c’est-à-dire sujets d’un commerce entre les autorités belges et italiennes) entre 1946 et 1952. La Belgique a pareillement signé des accords économiques avec différents pays : la Grèce, l’Espagne et, enfin, la Turquie et le Maroc en 1964. Ces vagues d’immigrés ont trouvé embauche dans l’industrie et la construction. C’était la période dite des ‘‘trente glorieuses’’, une parenthèse historique de croissance du capitalisme qui n’a d’ailleurs pas duré trente ans…
Aujourd’hui, la situation économique et sociale a bien changé. Le choc néolibéral de la seconde moitié des années ‘70 a complètement transformé le paysage socio-économique du monde entier. Pour rehausser les taux de profits, la bourgeoisie a lancé une campagne d’attaques systématiques contre toutes les conquêtes sociales des travailleurs. Celle-ci est également accompagnée d’une offensive idéologique réactionnaire, usant du racisme et du nationalisme pour imposer la logique de pensée néolibérale. Les accords économiques destinés à importer de la main d’œuvre ont pris fin après la crise économique de 1974.
L’immigration a également, et de différentes manières, été un outil pour le patronat. Durant la période keynésienne, il était question de combattre la hausse des salaires en faisant rentrer sur le marché du travail une masse de travailleurs prêts à bosser pour moins cher et ainsi tirer l’ensemble des salaires vers le bas (dumping salarial). Puis, avec la période néolibérale qui suivit, et qui est toujours de mise, le patronat utilise la diversité de la classe des travailleurs afin de la diviser et de faciliter son offensive visant au recul social.
Pour autant, les immigrés ne sont en rien responsables de l’état de déliquescence de l’économie et du tissu social. Ils ne sont pas non plus responsables du chômage de masse structurel du système capitaliste. Jamais une étude n’a été en mesure de faire le lien entre une hausse du chômage et l’immigration ! Une partie de la bourgeoisie elle-même avertit de la nécessité de l’immigration dans les pays riches. En Allemagne, la Banque Nationale estime que le pays a besoin de 200.000 immigrés en plus chaque année afin de soutenir la croissance économique, car les immigrés, souvent jeunes, répondent au problème du vieillissement de la population.
La pénurie sociale du système capitaliste
Le capitalisme crée une pénurie sociale permanente dans tous les secteurs de la vie quotidienne : emplois, logements, écoles, crèches, etc. La concurrence et la pression qui s’exerce sur la classe des travailleurs sont de plus en plus fortes. Les frustrations, le désespoir et la colère légitime qui découlent de cette situation poussent à l’exclusion des publics minoritaires. Ce phénomène d’exclusion est encouragé par l’idéologie dominante, comme cela fut illustré par la sortie de Jan De Nul, élu ‘‘Manager de l’année’’ en 2013, qui reproche aux Belges de ne plus vouloir travailler, et à fortiori les immigrés nord-africains. (1) Soulignons aussi que les immigrés ne sont pas les seuls à éprouver des problèmes pour trouver un job, un logement abordable, etc.
La Belgique est une société hautement multiculturelle ; plus de 25% de la population belge a au moins un parent né étranger. On constate néanmoins que les immigrés récents sont encore loin de décrocher le même taux d’emplois ou d’éducation que les habitants d’origine belge. Contrairement à ce que les politiques vont nous chanter dans les semaines à venir, les conditions d’accueil et d’intégration sont exécrables. Comment s’intégrer facilement dans la société alors même que tous les budgets sociaux, sous-financés de longue date, font face à la vague d’austérité budgétaire ?
La politique actuelle du gouvernement et de sa ministre à l’immigration Maggie de Block a remis le drame des réfugiés à l’avant des médias. Les sans-papiers sont le public le plus fragile dans la société. Personne ne fuit sa terre par plaisir, pour se retrouver chez nous, cibles d’une chasse à l’homme quotidienne !
La responsabilité du mouvement ouvrier.
Si le capitalisme porte la responsabilité des divisions au sein de la classe des travailleurs, cette dernière porte en elle la capacité de les combattre et de construire une alternative crédible aux yeux des masses. Et on n’affronte pas des problèmes matériels avec de la morale, on les combat avec une alternative économique !
Si nous pouvons être d’accord avec le forum économique mondial sur un point, c’est sur l’idée que ‘‘l’inégalité sociale devient la menace la plus dangereuse pour la stabilité’’ (2), comme cela est déjà illustré par la perte de crédibilité importante de toutes les institutions bourgeoises, des gouvernements, des partis politiques, des médias de masse, du système judiciaire, de la police, etc. La colère de la jeunesse, d’origine belge ou immigrée, peut alors se traduire par de fausses alternatives : le repli communautaire et religieux, l’extrême droite, le populisme de droite, etc.
Les théories du complot, négationnistes et raciales sont diverses et légions aujourd’hui. Elles démontrent la faiblesse du niveau politique actuel chez de larges couches de jeunes et de travailleurs. Pour rayer ces alternatives prétendument antisystèmes, nous devons reconstruire le mouvement des travailleurs et ses outils politiques et syndicaux, afin qu’il soit capable d’idéologiquement encadrer les travailleurs et les jeunes de diverses origines vers un objectif commun.Hélas, les syndicats ont progressivement abandonné la jeunesse précarisée, les travailleurs sans emplois et les secteurs économiques sans traditions historiques de lutte. Malgré l’existence d’organisations de jeunes et de précaires en leurs seins, les organisations syndicales de masses concentrent l’essentiel de leurs efforts vers les secteurs déjà organisés. Pourtant, les infrastructures et les moyens sont largement présents pour aller au contact de ces couches abandonnées du mouvement des travailleurs et pour construire une classe ouvrière unifiée et combative.
Stop à la division de notre classe.
Il y a différentes façons de lutter pour l’unification de notre classe et de se battre contre le racisme, le nationalisme et les organisations d’extrême droite.
En tant que socialistes révolutionnaires, nous avons pour tâche d’élever le niveau de conscience de classe au maximum – la conscience d’avoir des intérêts communs, totalement opposés à la logique du système actuel – et de faire le lien entre la pénurie permanente du système capitaliste et la montée des idées d’extrême droite. Ceci implique de construire une alternative socialiste face le système actuel.
Il est hors de question de draguer la sympathie des immigrés avec un discours basé sur la religion ou l’ethnie. Au contraire, nous devons politiser leur expérience sur une base de classe, qui les lie au reste du monde du travail.
Le PSL-LSP possède une expérience certaine sur cette question, notamment à travers sa campagne antifasciste flamande Blokbuster, initiée depuis déjà 1991. Nous sommes fiers de cet héritage et nous continuerons à mener la lutte contre l’oppression capitaliste et les discriminations qui en découlent, avec tous ceux qui sont prêts à nous rejoindre dans ce combat.
Le prochain grand événement antiraciste sera la manifestation du 20 mars prochain à Anvers, contre le NSV, l’organisation officieuse des jeunes du Vlaams Belang. Joignez-vous à nous !
Notes
(1) http://trends.knack.be/economie/nieuws/beleid/er-is-gewoon-geen-goesting-om-te-werken-omdat-het-zonder-ook-kan/article-4000333234410.htm
(2) http://www.lemonde.fr/economie/article/2014/01/16/selon-le-world-economic-forum-les-inegalites-menacent-la-stabilite-mondiale_4349310_3234.html