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  • Afrique du Sud : Workers and Socialist Party (WASP) – premiers pas pour unifier les luttes

    Après le lancement du WASP, le travail est en cours pour, d’une part, compléter l’enregistrement officiel du parti auprès des autorités et, d’autre part, s’enraciner ç travers l’Afrique du Sud et établir ses structures. Notre attention est principalement consacrée aujourd’hui sur une campagne pour de véritables emplois, avec de bons salaires et de bonnes conditions de travail pour les centaines de milliers de travailleurs exploités dans le secteur public. A cela est liée la lutte pour le développement des services publics les plus élémentaires (comme l’approvisionnement en électricité et le logement) dans les quartiers ouvriers. Nous soutenons aussi les revendications des mineurs pour un salaire décent et contre la fermeture des mines.

    Liv Shange, Democratic Socialist Movement (DSM, CIO-Afrique du Sud)

    Le Socialist Democratic Movement et des militants mineurs construisent le WASP notamment par le biais de manifestations, dans les communautés minières de Johannesburg et de Limpopo par exemple. Le premier mai, WASP organise un grand rassemblement à Carletonville, une ville construite autour de l’activité d’extraction de l’or, au sud de Johannesburg, avec pour thème de lier toutes les différentes campagnes entre elles autour de la nécessité de nationaliser l’industrie minière sous le contrôle démocratique des travailleurs et de leurs communautés, afin de disposer des moyens pour améliorer les conditions de vie des masses.

    Profitant de cet océan de chômage de masse, le gouvernement de l’ANC utilise le plus désespérés des sans-emplois dans divers projets tels que le Programme de travail communautaire (Community Work Programme, CWP) et le Programme de soins à domicile (Home Based Care). Les sans-emplois travaillent dans ces services publics pour des salaires de misère s’élevant dans certains cas à 500 Rands sud-africains par mois (soit… 42 euros ! NDT). Ces travailleurs effectuent un travail extrêmement important – l’entretien des rues, l’enseignement pour adultes, les soins de santé de base pour les plus démunis – qui devrait être au cœur des responsabilités du secteur public.

    Mais au lieu de prendre ses responsabilités, le gouvernement a réduit son intervention à un mélange de ‘‘charité’’ et de surexploitation qui enrichit des entreprises privées et engendre une grande corruption. A la place de créer de vrais emplois pour répondre aux besoins réels des communautés, dans de nombreux cas, les ministères ne considèrent que les appels d’offres d’entreprises pour ensuite leur livrer des ‘‘volontaires’’ qui travaillent afin ‘‘d’apporter une contribution’’ à la société tout en acquérant une expérience de travail. Mais tout cela n’est payé qu’un salaire de misère. Certains même ne reçoivent rien du tout et se retrouvent littéralement dans une situation de travail forcé. Le Workers and Socialist Party est en ce moment impliqué dans la construction d’un comité de travailleurs destiné à rassembler tous les travailleurs de ces programmes d’exploitation des sans-emplois dans la province de Gauteng afin d’organiser une lutte unifiée.

    La classe des travailleurs crie partout sa colère face aux déplorables conditions de vie. A Wedela, une commune ouvrière à un jet de pierre de plusieurs mines d’or, le conseil communal, dirigé par l’ANC, a coupé l’électricité de centaines de personnes qui sont aux prises avec des prix sans cesse croissant. Cette situation dure depuis des mois et s’ajoute à la colère qui s’est accumulée depuis le mouvement de grève des mineurs il y a quelques mois et depuis la lutte contre l’entreprise Harmony Gold, qui avait licencié 6.000 travailleurs, ce qui avait bien entendu provoqué une lutte massive. Le WASP s’est construit au travers de ces luttes grâce à l’activité de ses jeunes militants.

    Alors que les travailleurs et les chômeurs sont obligés d’aller collecter du bois dans les forêts et de recueillir l’eau des ruisseaux (contaminée par le pillage des mines), les grandes entreprises réalisent des milliards d’euros de profit. Pourtant, l’emploi des mines est en danger. D’ici juillet, 14.000 mineurs de Rustenburg pourraient être au chômage, si l’entreprise Anglo Platinum (le n°1 mondial dans l’extraction de platine) parvient à appliquer sa restructuration destinée à accroître sa sauver ses marges bénéficiaires face à l’effondrement de la demande sur le marché mondial en difficulté. Cette attaque contre les travailleurs pourrait en enclencher d’autres dans diverses sociétés minières, dans le secteur aurifère par exemple, puisque le prix de l’or est également en baisse. Pour les capitalistes, ce ne sont que des mesures temporaires au détriment des travailleurs. À plus long terme, les barons miniers n’ont pas de quoi s’en faire, ils sont assis sur le plus vaste gisement de minéraux au monde, pour une valeur estimée à au moins 3.000 milliards d’euros. Leur plus grand danger, c’est la probable reprise des luttes des mineurs.

    Le gouvernement de l’ANC a clarifier dans quel camp il se situait : la nationalisation a été explicitement rejetée par son dernier congrès, en décembre dernier, et le président Zuma a déclaré que les ‘‘protestations violentes’’ étaient la première priorité de l’Etat dans le cadre de la ‘‘lutte contre la criminalité’’. Pendant ce temps, la fédération syndicale Cosatu, alliée à l’ANC, est déchirée par des tensions internes de plus en plus violentes. La nécessité de construire le WASP en tant qu’alternative politique et des comités de travailleurs indépendants du Cosatu ne saurait être plus brûlante.

    Il s’agit d’une véritable course contre le temps. Le DSM travaille avec acharnement à la construction du WASP et à l’unification des nombreuses luttes actuellement en cours. Le WASP dispose actuellement de structures dans toutes les 9 provinces du pays, avec un travail très intéressant vers les diverses couches de travailleurs, dans les secteurs du transport et des autorités locales par exemple. Espérons que ce Premier Mai puisse être le point de départ d’une campagne nationale de masse pour des emplois et des salaires décents, pour de bons logements, l’accès à l’électricité et aux autres services de base et pour la nationalisation de l’industrie minière.

  • Afrique du Sud : Soutien massif et populaire à une alternative socialiste

    Rapport de la conférence nationale et des meetings publics du Democratic Socialist Movement (CIO-Afrique du Sud)

    Une soixantaine de délégués et de visiteurs des mines d’or et de platine d’Afrique du Sud, des township et des villages, s’est rassemblée du 9 au 11 février à Benoni, à l’Est de Johannesburg, pour la conférence nationale du Democratic Socialist Movement. Après un week-end à discuter des leçons du massacre de Marikana ( où l’African National Congress de Nelson Mandela et le Parti Communiste Sud Africain en coalition au pouvoir avaient autorisé la police à ouvrir le feu sur les mineurs grévistes sud-africains faisant plus de quarante morts parmi les travailleurs en lutte) l’année dernière et de la vague de grève qui a suivi, et de comment avancer dans la construction du DSM en tant que parti révolutionnaire. Tous les membres sont rapporté dans leurs sections une détermination d’acier à construire l’organisation en une force réelle cette année.

    Le rôle d’un parti révolutionnaire et comment le construire en Afrique du Sud dans les semaines et mois prochains étaient au centre de la discussion. Alec Thraves du Socialist Party (CIO en Angleterre et au Pays de Galles) a introduit une session importante sur la construction d’un parti révolutionnaire. La conférence a adopté l’objectif de 300 membres cotisants d’ici septembre.

    Les délégués ont unanimement confirmé l’initiative du DSM et des comités de mineurs de construire le nouveau Workers and Socialist Parti (WASP) en tant que parti socialiste large pour palier à l’absence d’une voie politique de la classe ouvrière, devenue évidente après le massacre de Marikana. Les membres qui ont participé à la conférence sont maintenant rentrés dans leurs régions et vont servir de fers de lance aux préparatifs du WASP, à l’intérieur duquel sera donc actif le DSM.

    Les nombreux messages de soutien de la part de sections du CIO du monde entier ont été une grande source d’inspiration pour la conférence. Le soutien international du CIO à la section Sud-Africaine a renforcé le sens des responsabilités et du sacrifice, qui va guider tous les membres dans la période à venir.

    A quelques jours de là s’était tenu un meeting public du CIO où le camarade Alec avait été invité à apporter les messages de solidarité du DSM/CIO. Il a expliqué que les sections du CIO du monde entier avaient bombardé l’entreprise minière Harmony Gold d’e-mails contre le lock-out et le traitement révoltant des mineurs. Après le discours d’Alec, les membres du comité de l’AMCU ont remercié le DSM/CIO de son immense soutien et ont dit qu’ils allaient sûrement rechercher encore de l’aide de la part du DSM/CIO dans les futurs conflits sur les autres puits.

    Les travailleurs Sud-Africains soutiennent le DSM/CIO

    En effet, plusieurs centaines de mineurs de Harmony Gold, qui subissent un lock-out de leurs puits depuis décembre, ont tenu un meeting de masse pour écouter un rapport des négociations entre leur nouveau syndicat, Association of Mineworkers and Construction Union (AMCU), et la compagnie minière.

    Les négociateurs de l’AMCU ont rapporté que la direction avait cédé à presque toutes les revendications des travailleurs, que la mine rouvrirait le lendemain et que l’AMCU avait été officiellement reconnue principal syndicat négociateur.

    Le camarade Nqulo, l’un des mineurs de Harmony Gold et membre du comité national du DSM, de Carletonville, a rapporté qu’il avait vendu 50 exemplaires du dernier numéro de notre journal ‘‘Izwi Labasebenzi’’ aux portes de son township minier et qu’il avait continué la vente au meeting, tenant bien haut son drapeau du CIO, illustrant ainsi la sympathie des travailleurs envers l’internationale qui leur a apporté son soutien depuis le début du conflit, promouvant la nécessité de s’organiser pour lutter efficacement et guidant les combats par des mots d’ordres et des revendications adoptées par de nombreux travailleurs.

    Des centaines de personnes assistent au meeting avec des membres du CIO

    La veille du meeting des mineurs, le CIO avait tenu un meeting dans un parc de Pretoria, où des centaines de travailleurs municipaux ont applaudi, chanté et dansé le toyi-toyi après avoir écouté les discours des membres du CIO Peter Taaffe et Alec Thraves.

    Les grévistes agitaient des drapeaux du CIO et interrompaient constamment les orateurs par leurs applaudissement après les offres de solidarité internationale, à côté de l’explication de la crise capitaliste et de son impact en Grande Bretagne et dans toute l’Europe. La vision de Peter Taaffe d’une Afrique du Sud socialiste et du rôle du DSM dans l’initiation du Workers and Socialist Party a été accueillie avec enthousiasme.

    Après les discours, les grévistes ont entouré Peter et Alec, en dansant le toyi-toyi, agitante leurs mains et criant ‘‘viva DSM, viva CIO !’’ Ils sont ensuite sortis du parc pour manifester dans la ville vers les bureaux municipaux contre leurs licenciements.

    Mais les mineurs n’ont pas été, lors des réunions ou de la conférence nationale, le seul axe de lutte à être développé. La lutte des travailleurs agricoles (qui viennent de gagner une augmentation de 52% du salaire minimum encore dérisoire du secteur), les luttes des étudiants et des communautés, ont figuré dans la discussion de la conférence nationale, qui a aussi noté le détachement de l’ANC d’une réalité qui paraît de plus en plus sombre sur les fronts économique et social.

    La discussion sur les perspectives Sud-Africaines a montré que l’organisation était profondément ancrée dans les luttes, en particulier celle des travailleurs. La conférence a écouté des rapports de membres de différents comités de grève et de mineurs, en tant que délégués ou visiteurs. La discussion devait à la fois réfléchir aux leçons des sept derniers mois de luttes et aux prochains conflits imminents dans l’industrie minière.

    La crise mondiale du capitalisme se répercute de la plus brutale des façons dans la société Sud-Africaine. Cette conférence a mis le DSM sur la voie pour établir un parti révolutionnaire, essentiel au renversement du capitalisme. La discussion d’ouverture sur les perspectives mondiales, introduite par le camarade Peter Taaffe (secrétaire général de l’organisation sœur du DSM en Angleterre et au Pays de Galles, le Socialist Party), a été une énorme source d’inspiration pour les camarades assemblés.

    Par beaucoup d’aspects, la conférence était une renaissance du CIO en Afrique du Sud. En se basant sur les nouveaux et anciens membres assemblés ce week-end, nous sommes conscients que le DSM va rattraper le cours de l’Histoire, en continuant à faire croître ses petites forces pour devenir un vrai parti révolutionnaire capable de devenir la colonne vertébrale du Workers and Socialist Party naissant ainsi que des comités de travailleurs qui se sont renforcés pour faire face à l’offensive que préparent les dirigeants des mines et la classe dirigeante.

    Le soutien populaire à l’initiative qu’est le Workers and Socialist Party confirme la nécessité, le besoin et la justesse (en Afrique du Sud comme ailleurs) de la campagne pour la construction de nouveaux parti de travailleurs, de partis de classe défendant les intérêts des jeunes, des travailleurs et de leur famille et se battant pour les besoins de la population.

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