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Tag: Gouvernement Wilmès
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Un gouvernement pour nous faire payer la crise ? Pas question !
‘‘Ce qui inquiète les gens, c’est leur pouvoir d’achat !’’ C’est ce qu’a affirmé Thierry Bodson, président fédéral (faisant fonction) de la FGTB, en commentant les récentes négociations gouvernementales entre la N-VA et le PS. Il a bien raison !Par Els Deschoemacker
Nous avons vu à peu près toutes les combinaisons possibles et imaginables passer dans les négociations. Violet jaune, violet vert, Arizona, Vivaldi, affaires courantes, pouvoirs spéciaux,… Aucune illusion ! S’ils parviennent à former un nouveau gouvernement, ce sera une variation sur un air connu : la politique qui nous a conduits à l’impasse.

L’édition de septembre du mensuel du PSL/LSP, Lutte Socialiste, est disponible ! Vous ne l’avez as encore en mains ? Prenez donc un abonnement ! Les partis traditionnels joignent le geste à la parole en gérant le capitalisme belge, pour le bien-être de la classe dominante. C’est leur politique de casse sociale, de démolition de l’État et de la protection sociale qui a rendu la classe ouvrière si vulnérable, tant aux effets de la crise sanitaire qu’à ceux de la dépression économique.
Les organisations patronales, de la FEB au VOKA, font naturellement pression : il faut un gouvernement pour surmonter les défis actuels, disent-ils. Nous ne sommes pas stupides. Leurs défis ne sont pas les nôtres. Les préoccupations de la classe des travailleurs ne sont pas celles de la classe dirigeante. La crise du coronavirus l’a encore illustré.
S’ils sont disposés à investir un peu plus dans les soins (un milliard d’euros, ce qui est bien en-deçà des coupes budgétaires de ces dernières années), c’est uniquement parce que l’économie capitaliste ne peut fonctionner sans une main-d’œuvre en bonne santé. Un niveau minimum de soins de santé est donc indispensable pour que le système continue de fonctionner. Quant à nous, nous ne voulons pas du minimum, nous voulons le maximum !
Ces fonds supplémentaires sont également sur table parce que ceux qui nous gouvernent savent qu’ils marchent sur des œufs. Le chef de groupe CD&V à la Chambre Servais Verherstraeten l’a exprimé sans détour : “La paix sociale dans ce secteur peut avoir un prix”. Cela vient d’un membre du parti qui fournit invariablement le ministre du bien-être au gouvernement flamand et qui est conjointement responsable de l’austérité sévère qui a frappé le secteur des soins, tant au niveau flamand qu’au niveau fédéral. Un milliard d’euros supplémentaires arrivent au niveau fédéral ; le gouvernement flamand de Jan Jambon a besoin d’un peu plus de conviction, bien qu’il semble y avoir un accord semblable pour offrir les mêmes conditions aux prestataires de soins flamands.
Ils ne comprennent qu’une seule langue : celle de la lutte et de l’organisation !
L’avertissement du sommet du syndicat socialiste n’est pas venu trop tôt. La méfiance à l’égard de la N-VA est justifiée. En même temps, un message a été adressé aux négociateurs du SP.a et du PS. Comme l’a fait remarquer Miranda Ulens, secrétaire fédérale de la FGTB et présidente de l’aile flamande de la FGTB : après la casse sociale du gouvernement Michel, nous voulons “renégocier plus de pouvoir d’achat. Les allocations sociales doivent être supérieures au seuil de pauvreté, il nous faut une réduction collective du temps de travail, les statuts précaires doivent être abolis, il faut investir dans les services publics.”
Les mots sont importants, mais il faut les traduire en actes, en organisant la lutte pour arracher ce dont nous avons besoin.
Les cartes sont plus en notre faveur qu’auparavant. La société comprend mieux quel rôle essentiel jouent les travailleurs la classe ouvrière dans le fonctionnement de la société, suite à la crise du coronavirus. Ce sont surtout les collègues des secteurs essentiels qui montrent à quel point ils portent la société sur leurs épaules, alors qu’ils sont souvent sous-payés. Alors que les managers et les gros actionnaires sont chez eux, dans leur villa, et qu’ils surveillent leur entreprise en toute sécurité, les travailleurs sont en première ligne.
Le personnel soignant du groupe d’action La Santé et Lutte a donné l’exemple en avançant la date du 13 septembre dès le mois de mai comme journée d’action pour plus de ressources, plus de personnel collègues et plus de soins. La situation sanitaire limite encore les possibilités de mobilisation, mais l’action et la lutte sont indispensables nécessaires. Pourquoi ne pas utiliser cette Journée d’action du personnel de santé comme point de départ d’un plan d’action par-delà les différentes frontières syndicales et linguistiques avec des dates de mobilisations concrètes ?
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[PÉTITION] NON aux arrêtés royaux concernant la réquisition du personnel et la délégation de l’art infirmier
Contre les deux arrêtés royaux concernant la réquisition de personnel et la délégation de l’art infirmier, nous relayons cette initiative de la FGTB-Bruxelles qui propose d’envoyer cette lettre à Madame Wilmès. Ces arrêtés royaux soulignent à quel point il est nécessaire aujourd’hui de se mobiliser et de se préparer à riposter en défense de nos conquêtes sociales et pour arrache plus de moyens publics, notamment pour nos soins de santé. A ce titre, la Grande manifestation de la santé appelée par le collectif d’action militant La Santé en Lutte est un premier rendez-vous militant de grande importance.
Plus d’infos :
- Facebook ‘‘La Santé en lutte’’
- Facebook ‘‘Grande manifestation de la santé’’ Pour des raisons évidentes, le jour et l’heure de cette manifestation ne sont pas encore connus.
- Signer la pétition de la FGTB-Bruxelles
“À l’attention de Madame Wilmès, Première Ministre,
À l’attention de Madame De Block, Ministre fédérale de la santé,Moi, nous, soignants, familles de soignants, patients, représentants des soignants et des travailleurs en soins de santé, monde associatif, déplorons la politique de santé publique menée par le gouvernement, pourtant doté de pouvoirs spéciaux pendant cette crise sanitaire.
Tous les soignants de première ligne (infirmiers, personnel de laboratoire, d’imagerie médicale, personnel de l’entretien ménager, pharmaciens, dentistes, médecins généralistes et spécialistes, kinésithérapeutes…) et tous les travailleurs de terrain du secteur de la santé ont été exemplaires dans la prise en charge des patients et ont permis d’éviter une catastrophe sanitaire.
Au moment où débute le plan de déconfinement, les nombreuses mesures annoncées depuis plusieurs semaines ne sont toujours pas appliquées et les lacunes demeurent flagrantes : manque de masques et de matériels de protection, manque de tests, manque d’effectifs, priorité à l’économique plutôt qu’au social et à la santé. La liste est longue.
En lieu et place et sans concertation, le gouvernement belge a promulgué deux Arrêtés Royaux :
– Le premier vise la réquisition du personnel de santé qui n’a pourtant jamais abandonné aucun patient.
– Le second autorise l’extension de la pratique d’actes infirmiers à d’autres professions qui ne sont pas qualifiées.
Et ce, alors que tous les acteurs de terrain ont répondu présent et ont pallié à ces manquements durant ces deux longs derniers mois !Suite à ces lacunes et à l’adoption de ces mesures injustifiées, nous demandons :
– Le retrait immédiat de l’AR de réquisition des travailleurs déjà mobilisés
– Le retrait immédiat de l’AR sur l’art de soigner qui déqualifie tout le secteur de la santé
– La réquisition du matériel de protection et des entreprises pouvant les produire
– Que tout le personnel de première ligne soit testé à large échelle et que les laboratoires agréés soient inclus dans la politique nationale de dépistage afin d’augmenter les capacités de testing
– Que les soins de santé et l’ensemble de la sécurité sociale soient refinancés au plus vite et que le personnel travaillant dans les institutions de soins soit valorisé.” -
Cafouillages inacceptables ! Des vies sont en jeu !

Il n’a bien entendu jamais été question de lune de miel pour un gouvernement installé dans une telle crise. Pourtant, les médias dominants n’ont pas lésiné sur les éloges à l’égard de Sophie Wilmès afin d’entretenir l’illusion selon laquelle sa présence n’était pas tout simplement due au départ des grands pontes de son parti vers les institutions européennes quand l’incertitude dominait autour de la formation d’un gouvernement fédéral. Mais après les fleurs suivent inévitablement les pots, comme le dit l’adage flamand, ce gouvernement enchaîne les cafouillages inacceptables !Par Anja Deschoemacker, édito de l’édition de mai de Lutte Socialiste
Dans les maisons de repos, le personnel est à genoux face à une pression insoutenable. Les tests de dépistage y font toujours défaut pour repousser l’incertitude et la peur. Plus d’un mois après le début de l’épidémie, 20.000 tests ont été dégagés pour les 200.000 résidents des maisons de repos, sans parler du personnel ! L’équipement de protection manque toujours cruellement pour protéger le personnel et les résidents, sans parler des visiteurs. Mais le gouvernement a annoncé que de nouvelles visites seraient autorisées. Est-il possible de donner encore plus l’impression de vivre sur une autre planète?!
Il s’ensuivit un spectacle douloureux qui montra qu’en dépit de l’implication de toutes les structures régionales de l’État dans le processus décisionnel (les maisons de repos figurent parmi les compétences régionales), aucune de ces structures n’a jugé nécessaire de consulter le secteur au préalable. Wouter Beke, le ministre responsable au sein du gouvernement flamand, n’a pas dépassé le stade où il n’avait ‘‘pas compris’’ que cette mesure serait annoncée comme une mesure immédiate. Finalement, le gouvernement a dû revenir sur cette mesure avant son introduction.
‘‘Ceci n’est pas un gouvernement’’ – mais le deviendra-t-il ?
Les pouvoirs spéciaux sont là pour faire fonctionner un gouvernement qui a tout sauf une majorité. Pour l’utilisation de ses pouvoirs, le gouvernement dépend du soutien des partis d’opposition qui ont voté la confiance, en particulier les partis sociaux-démocrates et verts. Un pas de trop aux yeux de cette opposition peut à tout moment conduire à un vote de défiance qui fait chuter le gouvernement. Il s’agit d’une coalition Vivaldi de facto, à laquelle le CD&V ne pouvait pas dire non sans maintenir le pays sans gouvernement en exercice dans la pire crise depuis les années 1930.
La NVA, leader du gouvernement flamand, est condamnée à regarder de loin. En boudant. Même la presse flamande de droite ne peut nier que ‘‘malgré la crise, le PS n’a pas lâché ses vetos sur la NVA’’. L’attitude de la NVA n’était en fait pas compatible avec la gestion de cette crise dans l’intérêt du système capitaliste lui-même.
Son impatience, à peine déguisée, à remettre l’économie sur les rails (quitte à ce que cela entraîne encore plus de décès) aurait inévitablement conduit à une protestation massive. Ailleurs, des partis bourgeois traditionnels responsables de l’austérité sauvage qui a frappé les différents pays après la crise de 2008 comprennent la nécessité d’adopter un visage social dans la situation actuelle. La NVA en est incapable. Le ministre flamand de l’éducation Ben Weyts insiste par exemple systématiquement – et avec l’arrogance qui lui est caractéristique – sur la réouverture imminente des écoles, sans que l’on sache comment procéder en toute sécurité. Comment maintenir la distance sociale dans des classes surpeuplées ? Comment éviter que les transports publics soient bondés ?
La classe capitaliste a un urgent besoin d’un gouvernement capable de maintenir l’apparence que ‘‘nous sommes tous dans le même bateau’’, capable de donner l’impression que ‘‘les épaules les plus fortes supporteront la plus grande contribution’’ et donc capable, à un peu plus long terme, de faire payer le coût de la crise à la majorité de la population sans entraîner une résistance sociale de la classe des travailleurs similaire à celle qui a éclaté dans les années 1930. Ce modèle de gouvernement ne correspond pas à la NVA, c’est celui qui colle à la peau du PS. N’entretenons aucune illusion : ce gouvernement à visage social devra être combattu avec acharnement si nous voulons éviter que la misère sociale ne frappe la population.
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Le déconfinement en Belgique : travaille et tais-toi !

La septième semaine de confinement pèse lourdement sur beaucoup de gens. Certains ont perdu leur revenu ou craignent pour leur emploi. Heureusement que le mouvement ouvrier s’est battu dans le passé pour qu’une sécurité sociale soit assurée pour amortir une partie du choc ! Beaucoup de gens souffrent du manque de contacts sociaux. En même temps, la crainte demeure : avec plus de 7.000 morts en Belgique, il est évident que le Covid-19 n’est pas une simple grippe. Sans un vaccin et un vaste programme de dépistage, il sera difficile de contenir le virus.C’est dans ce contexte que le Conseil national de sécurité a présenté de nouvelles mesures vendredi dernier. Si les règles de distanciation sociale et de semi-confinement auraient pu à l’époque être traduites par “reste dans ta chambre”, le plan de déconfinement pourrait être traduit par “travaille et tais-toi”. Remettre toute la production et la distribution sur les rails le plus rapidement possible, voilà le point de départ de la stratégie de sortie des différents gouvernements. Les contacts sociaux ou les conséquences psychologiques du confinement sont d’une importance secondaire dans cette stratégie. Le président du PTB, Peter Mertens, a bien résumé la situation : nous reverrons notre patron plus tôt que notre famille.
Dans le Groupe d’Experts en charge de « l’Exit Strategy » (GEES), les scientifiques avaient préconisé un équilibre entre la relance économique et le rétablissement des contacts sociaux. Les patrons et leurs politiciens n’en voulaient pas : remettre tout le monde au travail le plus vite possible est leur principal objectif. Avec quel argument ? “La vie sociale n’est pas possible sans économie”, comme l’a déclaré Johnny Thijs, membre du GEES, l’homme qui a organisé un massacre social à Bpost et qui ensuite en est parti parce qu’il estimait que le plafond salarial dans les entreprises publiques était trop bas. Mais Johnny a de bonnes nouvelles pour ses collègues topmanagers : ils pourront à nouveau jouer au golf à partir du 4 mai.
Ce n’est pas une surprise : ce sont les profits des entreprises qui priment. Ce que les travailleurs ressentent n’a pas d’importance tant qu’ils font leur travail. La limitation des contacts sociaux a également cela d’utile qu’elle assure que les gens parlent moins de la situation actuelle et de leur organisation pour défendre leurs droits et leurs intérêts ! Toute personne qui se sent mal à l’aise n’aura qu’à aller faire ses courses, une version moderne du fameux “Qu’ils mangent de la brioche.”
La stratégie consistant à remettre tout le monde au travail le plus rapidement possible confirme indirectement un constat fait plus tôt dans cette crise du Covid-19 : sans notre travail, leur capital ne vaut pas un balle. Les priorités de la stratégie de sortie découlent de la composition du groupe d’experts et des gouvernements. Les travailleurs, y compris ceux qu’on qualifiait encore hier de héros, n’y sont pas représentés. Ce sont les patrons qui sont aux commandes, même si ce n’est pas sur eux qu’il a fallu compter pour tenir la société sur leurs épaules dans les moments les plus difficiles ! Dès le début de cette crise, nous avons défendu que ce sont les travailleurs qui doivent déterminer la stratégie de sortie : ce sont eux qui savent le mieux quelle production et quelle distribution sont essentielles et comment elles peuvent être réalisées en toute sécurité. C’est le mouvement des travailleurs qui a fait respecter la protection et la prévention au travail par la lutte.
Outre la question des priorités dans la stratégie de sortie, la question de la préparation, de la planification et donc du calendrier se pose également. De nombreuses personnes attendent avec impatience la fin de l’isolement. C’était prévisible dès le premier jour des mesures. Mais où en sommes-nous dans cette septième semaine en termes de préparation et de planification ? Où sont les masques ? Où sont les centaines de milliers de tests ? Comment l’infrastructure délabrée de nombreuses écoles sera-t-elle adaptée à des mesures de protection strictes ? Beaucoup de choses ont été discutées et rediscutées et beaucoup de temps a été perdu. Des mesures efficaces telles qu’un plan public de dépistage de masse ou la réquisition de lignes de production pour produire du matériel de protection suffisant sur une base planifiée n’ont jamais été considérées. La politique d’austérité menée ces dernières décennies a rendu encore plus difficile de s’ajuster ç ce qu’exige une situation pareille. Tout cela ralentit toute possibilité de suppression progressive des mesures de confinement en toute sécurité. Pourquoi donc ? Pour une raison identique celle sui se trouve derrière les priorités de sortie du confinement : pour les patrons et leurs hommes politiques, seuls comptent les profits. Toute proposition qui va au-delà de la logique du profit est rejetée, même si elle est particulièrement logique et évidente. Nous devons en tirer les leçons : le capitalisme est un obstacle à notre santé et à notre avenir, la nécessité d’un modèle de société différent est plus absolue que jamais.
Si cela ne dépend que des politiciens traditionnels, nous reviendrons au “business as usual” d’avant cette crise dès que possible. Mais cette “normalité” faisait partie du problème. Nous l’avons constaté dans les soins de santé et certainement dans les maisons de repos qui ont été abandonnées à la logique de profit et aux multinationales du secteur. Leur approche – “soins minimums, profits maximums” – a transformé les maisons de repos en maisons de la mort. Dans l’ensemble du secteur des soins, le manque de ressources et de personnel pèse lourdement. Pourtant, nous entendons déjà les premiers appels à continuer simplement à économiser sur les soins ! Le 18 avril, le plus grand journal de Flandre, Het Laatste Nieuws, a publié un article d’opinion d’une page entière dans lequel l’éditorialiste Jan Segers a écrit : “Il faut réformer et faire des économies, même dans le secteur des soins de santé.’’ Le personnel de santé est considéré aujourd’hui comme un héros, demain comme un poste de dépenses à alléger ? Nous ne pouvons pas accepter cela !
Toute l’approche de cette crise, y compris le manque de préparation et de planification du déconfinement, illustre la faillite des politiciens établis et du capitalisme en général. Ce système ne repose pas sur les intérêts des travailleurs et de leurs familles. Une autre société est nécessaire, une société où la majorité de la population pourra décider ce qui est produit et de quelle manière. C’est ce que nous appelons le socialisme. Pour parvenir à cette autre société, nous devons nous organiser et entrer en lutte pour défendre nos droits et nos intérêts. Nous connaissons déj le premier rendez-vous : la grande manifestation de la santé à l’initiative de La Santé en Lutte !
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DANGER : Virus des POUVOIRS SPÉCIAUX !

Dans le cadre de la crise du Coronavirus et sous prétexte de l’urgence, le Parlement fédéral vient d’octroyer les pouvoirs spéciaux au gouvernement Wilmès II. Sauf si l’on pense que, sous l’effet magique du Coronavirus, le gouvernement fédéral n’a plus de couleur politique, il faut bien constater que le parlement vient majoritairement (PRL, Open VLD, CD&V, Cdh, PS, sp.a, Groen, Ecolo, Défi) de voter les pouvoirs spéciaux à un gouvernement de droite. Dans sa composition politique, ce gouvernement Wilmès II avec pleins pouvoirs est identique au gouvernement Michel II (le gouvernement Michel I moins la NV-A). N’oublions pas que le gouvernement Michel I a imposé le recul de l’âge de la pension, les coupes budgétaires en matière de soins de santé, l’achat de nouveau avions de combat, etc.
Par Guy Van Sinoy
Dès les années 1980 les travailleurs du privé et du public ont eu l’occasion de faire l’expérience amère de gouvernements de droite dotés de pouvoirs spéciaux. Il est important de s’en rappeler et d’essayer d’en tirer quelques leçons.
Rappel des années 1980
Du début de l’année 1982 à décembre 1987, les gouvernements de droite (Martens V, Martens VI, Martens VII) regroupant les partis chrétiens (CVP (aujourd’hui CD&V.), PSC (aujourd’hui CDH)), et libéraux (PVV (aujourd’hui Open VLD), PRL (aujourd’hui MR)) eurent abondamment recours aux pouvoirs spéciaux pour imposer de sévères mesures de recul social. De février 1982 à décembre 1982, le gouvernement Martens VI prit un paquet de 200 arrêtés : réduction des coûts des entreprises, dévaluation du franc belge de 8,5 %, suspension de la liaison des salaires à l’index, coupes budgétaires dans les dépenses publiques et dans la sécurité sociale, baisse globale de 3 % de la masse salariale, Cela correspondait aux vœux du patronat et au mémorandum remis fin 1981par la Fédération des Entreprises de Belgique.
Bien sûr cela ne passa pas comme une lettre à la Poste. En septembre 1983 les travailleurs des services publics firent plusieurs semaines de grève générale (sans la CSC). En juin 1986, après plusieurs arrêts de travail spontanés, les affiliés de la FGTB manifestèrent en masse à Bruxelles (+ de 100.000 manifestants) contre un nouveau plan d’austérité : le Plan Van Duchesse (Sint-Anna Plan en néerlandais). Ces mobilisations de masse eurent lieu à l’époque malgré la collaboration active du président de la CSC Jef Houthuys (1) à la politique du gouvernement. Cela contribua fortement à diviser le front commun syndical. La profondeur du mouvement de protestations contre le Plan Val Duchesse aboutira in fine à la chute du gouvernement Martens VII même si de prétendus motifs communautaires seront officiellement évoqués.
Le gouvernement Dehaene I (CVP, PSC, PS, SP) de 1992 à 1995 ne recourut pas aux pouvoirs spéciaux pour imposer son Plan global. Dans un premier temps il mena la concertation avec les sommets syndicaux, puis ensuite passer en force et imposer son plan.
2020 : un possible remake des années ‘80 ?
Pour un gouvernement bourgeois, il ne suffit pas de vouloir les pouvoirs spéciaux pour être capable de pouvoir les appliquer sur le plan économique et social. En cette fin mars 2020, nul ne sait encore combien durera la crise du Coronavirus sur le plan mondial. Nul ne peut deviner la durée du confinement de la population à domicile ni les conséquences économiques de cette crise humanitaire.
Un chose est certaine cependant : la bourgeoisie fera tout ce qui est en son pouvoir pour tirer son épingle du jeu et faire payer par les classes populaires la note de cette crise mondiale. Les pouvoirs spéciaux accordés à l’équipe Wilmès II le permettront-ils ? Il ne suffit pas d’avoir sur papier le droit de légiférer sans passer par le parlement, il faut encore, comme parti politique, avoir les relais dans la société pour faire passer sa politique.
Et sur ce plan, le gouvernement Wilmès II n’a pas la même assise que les gouvernements Martens. Même s’il dispose d’un soutien extérieur d’une majorité parlementaire, le gouvernement Wilmès II est composé de partis avec une base électorale relativement faible : MR, Open VLD et CD&V totalisent 38 sièges au parlement (sur 150!). Le CD&V, aujourd’hui troisième parti en Flandre, n’est plus que l’ombre du CVP des années 80. Quant au Cdh (ex-PSC) il n’est plus qu’un groupuscule parlementaire, aujourd’hui crédité dans les récents sondages de moins de 5 % à Bruxelles, c’est-à-dire en-dessous du seuil d’éligibilité.
Rester sur ses gardes et se préparer à riposter
Sur le plan des relations actuelles entre le CD&V et le mouvement ouvrier en Flandre, la situation s’est aussi fort dégradée depuis l’époque des gouvernements Martens et Dehaene. La participation active du CD&V à la politique de recul social du gouvernement Michel I (réforme des pensions, tax-shift, saut d’index, allocations de chômage, prépensions, crédits-temps, flexi-jobs dans le secteur Horeca, etc.) et depuis un an, l’acharnement des dirigeants du CD&V de lier leur sort à celui de la N-VA pour participer à un gouvernement de plein exercice ne peut que susciter la méfiance dans les rangs de l’ACV.
Malgré ces modifications des relations entre parti et syndicat, du côté chrétien, rien n’exclut que le gouvernement bourgeois Wilmès II, mette à profit le profond émoi suscité par le caractère exceptionnel et profond de la crise sanitaire, économique et sociale du Coronavirus pour faire payer la note aux travailleurs et travailleuses du privé et du public. Les militants et militantes de la FGTB, de la CSC et de la CGSLB doivent absolument rester sur leurs gardes et se préparer à riposter.
1) De 1982 à 1987, Wilfried Martens (Premier ministre) et Jef Houthuys (Président de la CSC) eurent plusieurs entretiens secrets à Poupehan, en compagnie de Fons Verplaetse (futur Gouverneur de la Banque nationale).
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« Groupe d’experts en charge de l’exit stratégique » : c’est aux travailleurs de planifier le déconfinement !

Pourquoi les héros du mouvement ouvrier ne sont-ils pas représentés dans le groupe d’experts nommés par le gouvernement ?Ça y est, la première ministre Sophie Wilmès a révélé la composition du « Groupe d’experts en charge de l’exit stratégique » (GEES) qui doit préparer les grandes lignes du déconfinement. Dans la droite ligne du gouvernement Michel, le gouvernement Wilmès n’a même pas cherché à prétendre à l’équilibre : ce groupe ne comprend pas un seul représentant des travailleurs. Le “statut de héros” des travailleurs qui nous font traverser la crise est apparemment de courte durée.
Par Nicolas Croes
On y trouve par contre le gouverneur de la Banque nationale, Pierre Wunsch, qui n’a cessé de répété que les Belges devaient continuent à travailler. ‘‘Je sais que c’est un peu en contradiction avec le message ‘Restez chez vous’’’, a-t-il admis, ‘‘Nous devons pourtant trouver un équilibre entre cette crise de santé publique et notre économie’’. Selon lui, cet équilibre se trouve donc très exactement à rebrousse-poil de l’avis du monde médical… A ses côtés se trouve Johnny Thijs, le tout récent président du conseil d’administration d’Electrabel. Les travailleurs de bpost se souviennent fort bien de lui et du massacre du personnel et des conditions de travail qu’il a opéré alors qu’il dirigeait l’entreprise publique. Quelles sont ses priorités ? On se souvient qu’il avait quitté la direction de bpost quand le gouvernement avait décidé de réduire son salaire de 1,1 million d’euros à… 650.000 euros.
Ne laissons pas le confinement aux mains des responsables de la propagation de la pandémie !
On trouve donc dans ce GEES des personnes qui incarnent parfaitement la logique capitaliste meurtrière qui justifie de sabrer dans les dépenses des soins de santé au point de les rendre exsangues. Aujourd’hui, si l’on tient compte du nombre de décès par habitant, la Belgique (avec 61 morts par million d’habitants) est au troisième rang mondial derrière l’Italie et l’Espagne. Pousser des travailleurs à se rendre au boulot dans des entreprises non-essentielles dans ces conditions est totalement criminel.
Le gouvernement a lui-même donné le ton ce vendredi 3 avril en élargissant les secteurs qui peuvent rester en activité. « La liste des activités où le respect de distanciation n’est pas obligatoire est élargie. Elle n’a plus comme objectif de permettre à la population d’assouvir ses besoins mais de préparer un redémarrage des activités économiques; ce que je souhaite mais n’est-ce pas trop tôt ? On ne peut pas confondre précipitation et santé », a dénoncé Andrea Della Vecchia, permanent FGTB de l’industrie chimique : « Ce n’est pas un arrêté ministériel. C’est un arrêté patronal. » Le front commun syndical de la chimie avait la semaine dernière une lettre à la Première ministre afin de réduire l’activité de l’industrie chimique au nom de la préservation de la santé des travailleurs. « Nous avons émis des avis, des idées, des mises en garde et on n’en a pas tenu compte. Il n’y a plus de concertation sociale », a résumé la FGTB.
L’intelligence collective ?
On a pourtant pu lire dans Le Soir : « Une fois encore, c’est donc sur « l’intelligence collective » que parie la Première ministre ». Que Sophie Wilmès parie, c’est certain. Avec notre santé et nos vies. La gestion de l’épidémie par les autorités a été lamentable. A chaque fois, le gouvernement s’est retrouvé à la remorque des travailleurs, qui sont les premiers à avoir imposé des mesures et des fermetures sur leurs lieux de travail. C’est cela qui a poussé le gouvernement à annoncer des mesures de confinement.
Dans un de ses communiqués en relation avec le GEES, Sophie Wilmès a déclaré : « Notre pays ne manque ni d’expertise, ni de savoir, ni de talent. » C’est un fait : il s’agit du monde du travail, de ces héros qui, dans la santé et ailleurs, font tourner le monde. Ce sont eux qui sont les plus à même de décider de ce qui doit être fait en assurant que la priorité soit la santé publique et non les bénéfices des entreprises. Le gouvernement veut par-dessus tout éviter que le mouvement des travailleurs ait son mot à dire. Au-delà de la crise sanitaire, il y a la crise économique, et tout sera fait pour tenter de limiter notre riposte dès lors qu’il sera question de payer la facture.
Le mouvement des travailleurs doit faire entendre sa voix !
Cette crise a démontré, s’il le fallait encore, que sans le travail et les efforts du personnel soignant, de la distribution, des transports, de la collecte de déchets,… rien ne fonctionne. Personne ne dispose d’une meilleure vue sur la manière dont les choses sont produites que les travailleuses et travailleurs eux-mêmes. Ce sont eux qui doivent assurer la planification du déconfinement, sur base de comités anti-crises construits autour des représentants élus des travailleurs et des Comité pour la prévention et la protection au travail (CPPT). Mais dans un premier temps, c’est l’arrêt des entreprises non-essentielles qui doit être planifié de toute urgence !
L’activité économique doit bien entendu redémarrer à un moment donné, mais à quelles conditions, dans l’intérêt de qui et par quelles décisions ? Les représentants des travailleurs dans les secteurs clés, de l’industrie à l’enseignement, doivent avoir leur mot à dire dans ce processus et pouvoir y opposer leur veto ! Que les syndicats, FGTB et CSC, fassent ce que l’on attend d’eux et qu’ils exigent la participation directe des travailleurs ! Si la relance des secteurs ne dépend que des patrons et des partis politiques de l’establishment, la sécurité des travailleurs ne sera pas prise en compte. Organisons-nous, nous n’avons pas à risquer nos vies pour leurs profits !