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Tag: Gouvernement flamand
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Le gouvernement flamand veut faire de la région un cimetière social

‘‘Ce sont des barbares qui économisent sur les gens sans défense !!!’’ Les nombreux petits services du secteur social flamand ont évolué ces dernières décennies vers des organisations plus grandes et centralisées. En raison des tâches supplémentaires et de la pénurie de travailleurs sociaux, la charge de travail a explosé. Jusqu’à il y a quelques années, l’augmentation régulière des moyens ne répondait pas à la croissance des besoins, mais elle permettait tout de même de soulager quelques souffrances. Si les besoins augmentaient, le nombre total de travailleurs sociaux augmentait lui aussi, même faiblement. Le vent a maintenant tourné : après les restrictions subtiles du gouvernement précédent (ne pas tenir compte de l’ancienneté croissante du personnel dans le budget par exemple), le nouveau gouvernement a décidé d’attaquer le travail social à la hache.
Par un travailleur du secteur
De petites économies sur les services sensibles à l’opinion publique, tels que le Suicide Line et les Child Abuse Confidence Centres, sont combinées à des coupes massives sur l’aide aux personnes déjà exclues de la société, comme les sans-abris. L’aide aux sans-abris avait déjà besoin d’être réorganisée en raison de récentes coupes budgétaires qui ont par exemple conduit à la fermeture de trois centres de nuit et un centre de jour en Flandre orientale. Fin janvier, de nouvelles mesures seront annoncées dans toute la Flandre. Des centaines de personnes seront littéralement laissées à leur sort, certains problèmes ne bénéficieront plus d’aide appropriée et 75 personnes perdront leur emploi dans les structures d’accueil.
Ce gouvernement flamand n’a cependant pas hésité à accorder des millions de subsides à des multinationales telles que le groupe chimique britannique Ineos pour soi-disant produire de manière écologique alors que cette société va commencer par abattre une forêt pour produire des particules de plastique à partir d’énergie fournie par du gaz de schiste américain… Dans le genre, difficile de faire mieux ! Les actionnaires s’enrichissent et les pauvres restent à la rue ! De plus les coupes budgétaires facilitent le contrôle rapproché des organisations du secteur et les poussent à accorder l’aide aux personnes avec restriction et condescendance au lieu de l’accorder comme un droit qui est dû.
En décembre, une large opposition s’est développée en Flandre contre ces coupes budgétaires et contre les attaques visant le travail social. Le 3 décembre, plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Bruxelles, tous les centres d’aide ont fermé leurs portes et les slogans portaient sur la chute du gouvernement flamand ! La solidarité entre les différents secteurs s’est renforcée. Pourtant, il n’y a pas de force motrice dans ce mouvement pour défendre l’élaboration d’un plan d’action ambitieux. Ni les syndicats ni le Réseau d’action pour le travail social (SWAN) n’ont assumé ce rôle. De nombreux travailleurs sociaux sont passés à l’action pour la première fois et veulent aller plus loin. Il est temps de nous organiser en tant que travailleurs sociaux en relation avec les travailleurs des autres secteurs afin de lutter et d’arracher des résultats !
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Flandre. Construire un mouvement pour gagner: Jambon doit dégager !

“Ce sont les barbares qui économisent sur les plus démunis”, pancarte vue à une action des travailleurs sociaux. Le gouvernement flamand est très ancré à droite et la liste de ses victimes s’allonge de jour en jour. Mais l’opposition qui lui fait face s’intensifie également. Les partis au pouvoir (N-VA, CD&V et Open VLD) avaient déjà perdu des plumes aux dernières élections en raison de leur politique antisociale. Cela ne les a pas empêchés de s’en prendre à nouveau, et encore plus brutalement, aux dépenses sociales. L’impératif qui guide leur budget est simple : cajoler encore plus les riches. La note est salée : ce sont nos emplois et nos services publics qui trinquent.
Tract du PSL distribué lors de la journée d’action du 5 décembre
Les soins de santé, le secteur social, la culture, les transports publics, etc. exigent de nouveaux moyens. Mais les autorités flamandes ne veulent pas mettre un terme au sous-financement qui sévit depuis de trop nombreuses années et elles prévoient de nouvelles réductions de budgets. Lorsqu’il est devenu ministre-président flamand, Jan Jambon avait promis un « gouvernement d’investissement », mais c’est un gouvernement de destruction sociale, une casse sociale qui sert à payer les cadeaux fiscaux aux grandes entreprises. De ce transfert de richesses là, la N-VA et les partis au pouvoir n’en parlent pas !
Ce gouvernement de droite ne sert que les intérêts de l’élite. Alors, pour tenter d’éviter les critiques, les partis de droite pointent des boucs émissaires, les migrants le plus souvent. Les nouveaux arrivants sont obligés de suivre un cours d’intégration qui leur coûte 360 euros. Un système d’apartheid est introduit pour obtenir un logement social ou accès à la protection sociale flamande. Les habitants sont ainsi divisés en différentes catégories aux droits différents. Ces mesures ont été présentées comme des nécessités visant à dégager des marges selon le principe “notre propre peuple d’abord”. Les mesures de harcèlement des migrants ont bien été mises en œuvre avec efficacité, mais les promesses sociales pour les autres sont restées lettre morte. Le gouvernement s’en prend non seulement aux nouveaux arrivants, mais aussi à tous les plus faibles de la société, aux travailleurs sociaux et aux services publics en général.
La majorité de la population est touchée par les mesures d’austérité prises par le gouvernement Jambon. Il y a l’abolition de l’allocation logement, la réduction des allocations familiales à, partir du troisième enfant, une attaque contre les fonctionnaires flamands (1.500 emplois disparaîtront), le projet d’imposer un service communautaire aux chômeurs ou encore une réduction des subsides à la société de transport en commun De Lijn. Dans tout ça, il n’y a évidemment pas la moindre trace d’un plan pour le climat. Tous les niveaux de l’enseignement sont également touchés et l’université de Gand vient d’annoncer qu’elle devrait en conséquence procéder à des économies structurelles (c’est-à-dire s’en prendre au personnel). Tout cela à un moment où les gens se plaignent partout de la charge de travail insupportable et de la nécessité d’engager plus de personnel.
De la colère à la révolte : arrêtons le travail !
Les travailleurs des CAW (Centrum Algemeen Welzijnswerk, centres d’aide sociale) où 70 travailleurs sociaux sont menacés à cause des nouvelles mesures d’économie avaient mené une première journée de grève. Mardi, ce sont tous les CAW de Flandre qui ont débrayé tandis que des milliers de travailleurs sociaux manifestaient à Bruxelles. C’est un exemple à suivre, d’autant plus que nous pouvons compter sur une large sympathie.
Le 19 décembre, les mesures d’économie annoncées seront votées au Parlement flamand. Nous avons donc deux semaines pour mobiliser davantage l’opinion publique avec les nombreuses actions en cours. Mais il faudra davantage pour mettre fin à cette politique d’austérité. Pourquoi ne pas organiser une grève générale le 18 décembre dans tous les secteurs touchés par ce gouvernement austéritaire ? Tout en prévenant déjà que de nouvelles grèves prendront place si le gouvernement persiste sur sa lancée. Si le secteur social, l’enseignement, le socioculturel, la VRT, De Lijn,… organisent une journée de grève, ce ne sera pas sans conséquences et cela permettra de construire la pression sociale nécessaire pour que ce gouvernement revienne sur ses plans.
L’argent ne manque pas
Ce gouvernement flamand a doublé les subventions aux entreprises pour qu’elles atteignent 400 millions d’euros. La pauvreté en Flandre est à son apogée alors qu’une richesse inédite est entre les mains d’une petite minorité. Si nous voulons une société qui prenne à coeur de répondre aux besoins sociaux, il nous faut aller chercher l’argent là où il est. Nous en avons bavé assez, il est grand temps de passer de la défense à l’attaque. Repousser les nouvelles mesures d’économie ne devrait pas être notre seul but, cela doit constituer la première étape d’une lutte sérieuse et offensive.
La lutte paie ! C’est ce que l’Histoire nous enseigne. Ecrivons de nouvelles pages de cette Histoire avec toutes les victimes du gouvernement austéritaire flamand : c’est-à-dire la grande majorité de la population ! Mais stopper la politique d’austérité de manière permanente exigera de renverser ce système qui ne repose que sur la soif de profits. C’est pourquoi le PSL défend la construction d’une société socialiste démocratique.
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Attendre le gouvernement ? Entrons en action ! Pour nos soins de santé, pensions, salaires, notre enseignement,…

‘‘Je ne me sens pas Première ministre d’un pays en crise’’ affirmait la Première ministre par intérim Sophie Wilmes (MR) dans la presse 13 novembre. Après 11 mois de gouvernement en affaires courantes, des élections désastreuses pour la coalition suédoise et un déficit budgétaire parmi les plus élevés d’Europe, il faut vraiment ne pas avoir peur du ridicule ! Pendant ce temps, 16,4% de la population est officiellement pauvre et les conditions de vie et de travail se dégradent. Devons-nous vraiment attendre qu’un nouveau gouvernement austéritaire soit sur pied pour nous mettre en ordre de bataille ?Les résultats élections de juin sont l’expression d’une crise sociale qui s’approfondit : l’ensemble des partis dominants ont été sanctionnés pour leur politique antisociale, quel que soit le niveau de pouvoir où ils gouvernaient. Toutes les possibilités pour un nouveau gouvernement semblent compliquées et comportent des risques pour tous les partis qui y participeront.
Une chose est certaine : se contenter d’attendre signifie de se retrouver démunis quand le prochain gouvernement lancera son offensive antisociale. Car, quelle que soit sa composition, c’est très précisément cela qui nous attend. Voilà le sens de l’avertissement lancé par la Commission européenne à l’État belge le 20 novembre : ‘‘Dépêchez-vous de former un gouvernement, de réduire le déficit budgétaire (1,7% en 2019, 2,3% pour 2020) et d’accélérer le remboursement de la dette publique (100% du PIB)’’. En parallèle à cela, selon le Bureau du plan, le budget de la sécurité sociale aura un déficit de 7 milliards cette année. Où iront-ils chercher cet argent ? Pas dans la poches des milliardaires et du grand patronat.
La lutte paie… mais il faut lutter
L’automne a été marqué par la lutte tenace et combative des ‘‘blouses blanches’’, qui a su arracher un accord représentant 400 millions d’euros sur base annuelle en profitant d’un gouvernement affaibli et en affaires courantes. C’est un exemple à suivre qui, avec l’actuelle atmosphère de révolte globale, peut pousser à passer à l’action dans les autres services publics sous-financés et laissés à l’abandon.
Le secteur culturel flamand peut lui aussi jouer un rôle déclencheur. La culture est étranglée de longue date par l’austérité et le gouvernement Jambon entend réduire de 60% le budget des aides aux projets culturels, soit 6 millions d’économies. La résistance du secteur fut immédiate. Après de premières actions, une ‘‘Semaine de feu d’artifice’’ (‘‘Week van het vuurwerk’’ en néerlandais) a été lancée. Le 5 décembre, une manifestation organisée par le personnel de la VRT sur la place des Martyrs à Bruxelles, devrait servir de point de ralliement à tout le secteur. Il n’y a pas si longtemps, le secteur culturel francophone s’était mobilisé avec succès aux côtés du secteur non-marchand pour rejeter la réforme des points APE du gouvernement MR-CDH.Chez De Lijn, une grève de 10 jours contre l’austérité a été lancée depuis le Brabant flamand pour ensuite s’étendre au reste de la Flandre, avec jusque 80% des travailleurs en grève à certains endroits. L’impact de l’austérité s’approfondit dans de nombreux secteurs comme le rail (avec 3 milliards d’austérité en 5 ans), l’enseignement (14% de coupes en Flandre depuis 2008), la fonction publique, etc. A tous les niveaux, le besoin d’investissements publics, et donc de luttes pour les arracher, est de plus en plus criant.
La coupe est pleine, nous sommes nombreux à le dire. Transformons cette indignation en action concrète ! L’idéal serait de disposer d’un plan d’action coordonné qui défende un budget d’urgence sociale et climatique autour d’investissements publics massifs dans les services publics, le logement social et le climat, avec un salaire minimum à 14 euros de l’heure et une pension minimum de 1.500 euros par mois. Il faut en débattre dès maintenant sur les lieux de travail et dans les délégations syndicales. Cela permettrait de concrétiser la solidarité à apporter aux secteurs déjà en lutte, avec l’envoi de motions de solidarité et la présence de délégations de solidarité aux actions, mais aussi de se tenir prêts à partir au quart de tour dès que les menaces seront plus claires ailleurs.
Ces discussions peuvent aussi porter sur la manière de défendre de manière durable nos conquêtes sociales face à ce système en crise et prédateur, c’est-à-dire sur la nécessité de le renverser. Alors que partout à travers le monde éclate la colère contre les inégalités, la pauvreté des masses et la voracité des riches, préparons-nous à combattre avec audace pour une transformation socialiste démocratique de la société.
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Flandre – La culture mise au pain sec et à l’eau

Un soir de grève/le drapeau rouge (1893) d’Eugène Laermans fait référence aux grèves entre 1886 et 1893 pour le suffrage universel. (Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles) – Image de Wikipédia Le ministre-président flamand Jan Jambon (N-VA) et sa bande sabrent à la hache dans le secteur culturel. Les subventions de projets passent de 8,47 millions d’euros à 3,39 millions d’euros. Cela ne représente qu’une fraction du budget flamand, mais c’est une vraie claque pour beaucoup d’artistes. Ce n’est que le plus récent épisode d’une longue suite d’années de coupes budgétaires qui avaient déjà fait baisser le rideau sur une bonne partie d’un milieu culturel autrefois florissant. L’opération est une économie assez symbolique qui repose sur les préjugés populistes des ‘‘artistes paresseux et inutiles’’. Mais elle vise également à imposer le silence à la société civile.
Par Koerian
Sortir les artistes de la précarité
Les artistes font partie de la classe des travailleurs. Il n’y a aucune raison de séparer le travail artistique du travail ‘‘ordinaire’’. Pourtant, il est presque normal que les artistes connaissent des conditions de travail plus précaires. Se produire gratuitement sur scène ou réaliser des affiches ‘‘pour se faire connaître’’, ne pas être payé ou avec un retard abusif, passer d’un contrat mal payé à l’autre: c’est le quotidien de nombreuses acteurs du domaine culturel. La passion pour la profession sert d’alibi à l’exploitation la plus brutale. La précarisation du travail des coursiers de Delivroo et des chauffeurs d’Über s’applique au secteur culturel depuis déjà des décennies.
Depuis la fin des années 1970 et le début de la politique néolibérale, les emplois permanents et bien rémunérés dans le secteur sont devenus un bien rare et convoité. La nouvelle série d’économies ne fera que renforcer cette réalité. C’est précisément cette précarité qui place des directeurs artistiques comme Jan Fabre dans une position de pouvoir incroyable (en 2018, vingt danseuses qui ont travaillé avec ce chorégraphe l’on accusé de ‘‘gestes déplacés, brimades, harcèlement et chantage sexuel’’, NdT). Ils disposent entre leurs mains de la carrière de dizaines d’artistes, qu’il brise ou favorise aux grès de ses envies. Cette réalité conduit aux abus de pouvoir généralisé dans le secteur mis en lumière par #metoo. Chaque artiste mérite des contrats de travail et des salaires dignes de ce nom.
Une offensive idéologique
Pour la N-VA, les économies réalisées sur le journalisme d’investigation, la culture ainsi que la radio et la télévision publiques font partie d’une offensive idéologique. Dans leur discours populiste, les ‘‘culturos paresseux’’ s’opposent fatalement aux ‘‘travailleurs flamands qui bossent dur’’. Comme si le travail culturel n’était pas du travail. Les artistes passent des milliers d’heures à apprendre leur métier. Mais la droite veut l’extinction de tout ce qui n’a pas de valeur commerciale directe. Ce n’est pas un hasard si les secteurs actuellement visés sont précisément ceux qui ont critiqué la politique néolibérale du gouvernement flamand ces dernières années. La N-VA espère que ces coupes budgétaires porteront un nouveau coup à la résistance sociale.
L’art aux mains du public
Une autre raison de l’austérité est qu’elle pousse le domaine culturel plus loin dans les mains des investisseurs privés. Les grandes entreprises considèrent l’art comme une donnée de marketing et l’art devient de plus en plus une marchandise spéculative. Fernand Huts, le patron de l’opérateur portuaire anversois Katoen Natie et grand ami de Bart De Wever, a acheté le Couvent des Carmes de Gand pour y organiser l’Exposition sur l’art en Flandre, une entreprise de propagande qui défendait que les entrepreneurs ont été le moteur dynamique de la Flandre depuis le Moyen Age, une aberration historique et une dégradation de notre patrimoine artistique. Nous voulons un libre accès aux musées, intégrés dans le secteur public et gérés par des artistes et le public plutôt que par des galeries privées ! Nous voulons investir dans des centres de musique accessibles ! De tels investissements peuvent redonner aux centres culturels un rôle social et éducatif.
Investir dans l’éducation (notamment artistique)
Ces économies culturelles s’ajoutent à une série d’économies déjà opérées dans l’éducation. L’ancienne Ministre de l’Enseignement flamand Hilde Crevits (CD&V) a fait en sorte que les écoles de musique ne puissent consacrer que 15 minutes par élève et par semaine. L’obstacle financier au développement artistique est déjà élevé : les instruments et le matériel de dessin, de peinture et de sculpture reviennent chers. Des coûts qui ne font qu’augmenter dans l’enseignement artistique.
Il faut investir davantage dans les moyens humains et matériels pour l’enseignement artistique à temps partiel et à temps plein afin de garantir une formation gratuite et accessible pour permettre à chacun de développer son talent.
Nous devons nous battre
Les artistes ont à leur disposition moins de possibilités de frapper au portefeuille ceux qui sont au pouvoir et les entreprises, contrairement aux syndicats des secteurs de la chimie ou de l’acier, par exemple. Pourtant, dans le passé, des artistes se sont souvent retrouvés à l’avant-garde de la lutte. Les artistes à l’origine des célèbres séries d’animation Rick &Morty et Bojack Horseman ont récemment réussi à créer un syndicat et à imposer de meilleurs salaires et conditions de travail ainsi qu’une réduction des semaines de travail souvent inhumaines (plus de 60 heures ne faisait pas figure d’exception). Les artistes ont joué un rôle clé dans la Commune de Paris en 1871 (le peintre Gustave Courbet a par exemple appelé à la nationalisation des trésors d’art parisiens) ou encore dans le soulèvement hongrois de 1919. En 1968, pendant la vague révolutionnaire en France, les écoles d’art et les musées ont été occupés par des artistes qui s’opposaient au gaullisme et au capitalisme.
L’histoire nous enseigne que la façon la plus efficace de lutter dans les arts est de recourir à l’action collective et au mouvement des travailleurs. En Pologne, en 2014, le Forum citoyen pour l’art contemporain, a fait grève en collaboration avec la coupole syndicale Initiative des travailleurs en faveur de meilleures conditions de travail dans les grands musées du pays.
En Belgique également, nous avons pu constater l’importante solidarité du milieu culturel avec la vague de grèves en 2014 contre l’austérité des gouvernements de droite au fédéral et en Flandre. Hart boven Hard, le pendant flamand de Tout Autre Chose, a participé aux manifestations de masse et des écoles d’art ont organisé des piquets de grève où les étudiants étaient au côté du personnel.
Travailleurs et artistes : des intérêts communs opposés à l’austérité
Faisons vivre ces traditions avec des grèves d’artistes soutenues par les syndicats et des actions syndicales soutenues par les artistes. Après tout, ils ont des intérêts communs. La revendication de la FGTB d’un salaire minimum de 14 euros de l’heure est également importante dans le secteur culturel, tout comme la résistance à toute mesure d’austérité doit être reprise par le mouvement syndical.
L’argent pour des investissements de grande envergure dans la culture existe bel et bien. Les entreprises belges planquent 221 milliards d’euros dans des paradis fiscaux. Et le gouvernement flamand veut leur donner de l’argent supplémentaire en doublant les aides aux entreprises. Si nous voulons un secteur culturel accessible et mieux développé, nous devons nous battre pour arracher ces moyens et qu’une partie soit consacrée à la culture.
• Un salaire minimum de 14 euros de l’heure pour tous
• Des contrats solides et permanents pour chaque artiste
• Un enseignement artistique gratuit à temps plein et à temps partiel
• Des musées gratuits aux mains du public et sous le contrôle des artistes et des usagers
• Des investissements dans du matériel public, des salles de répétition et des ateliers
• 30 heures de travail par semaine, avec maintien du salaire et embauches compensatoire : laissons à chacun le temps nécessaire à l’épanouissement personnel -
Face au gouvernement flamand arrogant et austéritaire : construisons la résistance !

Le siège du gouvernement flamand à Bruxelles. Photo : Wikipedia Le gouvernement flamand de droite a également été durement touché par les élections. Mais puisque la marge était plus grande que du côté francophone, les trois partis perdants (N-VA, CD&V et Open VLD) peuvent remettre le couvert. Le ministre-président Jan Jambon (N-VA) a arrogamment aboyé contre l’opposition. Son parti aimerait le présenter comme ‘‘l’homme fort’’, mais cache mal le fait que le gouvernement flamand est moins stable et moins fort que le précédent. Avec la politique d’austérité antisociale qui s’annonce, les turbulences ne manqueront pas.
Par Geert Cool
Le social n’est qu’apparence
A l’annonce de l’accord de gouvernement, Jambon a préféré ne pas publier immédiatement les chiffres du budget. Il voulait présenter son gouvernement comme un gouvernement social dans un certain nombre de domaines – avec des investissements limités dans les soins de santé ou autour de l’emploi. Par contre, les attaques contre les migrants étaient de suite très précises. L’idée était de faire passer le message selon lequel le ‘‘Flamand qui bosse dur’’ serait bien mieux lotis que les nouveaux arrivants.
Cette fable n’a pas vécu très longtemps. Ce gouvernement va appliquer une austérité sévère et même la dissimulation des chiffres n’a pu cacher cette réalité. Pour éliminer les listes d’attente dans le secteur des personnes handicapées, il faut 1,6 milliard, le gouvernement ne fournissant que 270 millions. La seule ambition est d’espérer qu’elles ne s’allongent pas trop. Une grande partie de l’investissement dans le bien-être est du reste économisée ailleurs dans le même secteur. La prime à l’emploi est la mesure la plus coûteuse prise par le gouvernement Jambon : 350 millions d’euros sont alloués aux travailleurs à bas salaires. Une prime très limitée de 50 euros nets par mois est bien sûr la bienvenue, mais le gouvernement indique immédiatement que les patrons n’auront rien à payer de leur poche en salaire supplémentaire (avec les prestations sociales correspondantes). C’est la collectivité qui payera.
Le caractère antisocial est très concret
Suppression de l’allocation logement, réduction des allocations familiales à partir du troisième enfant, réduction des services publics, attaque contre les fonctionnaires, travaux d’intérêt général pour les chômeurs, démantèlement des transports publics, etc. La liste des mesures anti-sociales est longue et difficile à avaler pour les travailleurs et leurs familles. La mise en œuvre concrète de toutes ces mesures est la raison pour laquelle Jambon n’a pas voulu mettre immédiatement ses chiffres sur la table et a préféré faire taire le Parlement.
Ceux qui pensaient que les nouveaux arrivants seraient les seuls à être attaqués se sont lourdement trompés. Les chômeurs se voient imposer un service communautaire obligatoire après deux ans de chômage (du travail forcé en d’autres termes, les gens ne travailleraient pas pour un salaire, mais pour leur allocation). Parmi les fonctionnaires, le gouvernement se prépare à commettre un massacre social : 1.500 emplois sont perdus à cause du non-remplacement des pensionnés. L’abolition de la prime au logement ou la réduction des allocations familiales fera également mal à une bonne partie de la population. La prime au logement était un cadeau au secteur immobilier (qui a pu augmenter ses prix grâce à la prime), sa suppression ne reviendra pas sur le cadeau (à Bruxelles, sa suppression n’a entraîné aucune baisse des prix).
Les problèmes sociaux restent concrets. En Flandre, par exemple, il y a 150.000 personnes sur les listes d’attente pour un logement social… seuls 150.000 logements sociaux sont disponibles ! La réponse du gouvernement est de modifier la composition de la liste d’attente : si vous ne parlez pas assez bien le néerlandais, vous serez repoussé au bas de la liste. En d’autres termes, la concurrence entre ceux qui sont en difficulté sera intensifiée. Une réponse de gauche, en revanche, consisterait à construire de nouveaux logements sociaux.
Le Vlaams Belang, architecte de l’accord de gouvernement ?
Tom Van Grieken, le président du VB, a déclaré que son parti est l’architecte de l’accord de coalition flamand. Il a ajouté qu’il n’a aucune confiance dans le CD&V et l’Open VLD pour sa mise en œuvre. Van Grieken confirme ainsi qu’il n’a aucun problème avec les propositions antisociales de l’accord de coalition flamand. La rhétorique sociale adoptée par le VB durant la campagne électorale n’était qu’une imposture et un calcul électoral.
Le manque de moyens dans les soins de santé, l’enseignement, le logement social,… démontre que la propagande sur les ‘‘migrants vivent sur notre dos’’ est tout simplement fausse. Ces dernières années, la sécurité sociale et les services publics ont été fortement réduits. Ce ne sont pas les nouveaux arrivants qui en sont responsables. Ce sont les grandes entreprises qui ont bénéficié de milliards d’euros d’exonérations fiscales diverses ! Ce cambriolage des caisses de la sécurité sociale et de la communauté n’a rien à voir avec les nouveaux arrivants. Mais le gouvernement veut leur faire payer leur cours d’intégration obligatoire 360 euros, une mesure qui ne pèse rien à côté des milliards d’euros que les grandes entreprises vont recevoir. Si nous voulons défendre notre bien-être, nous ne devons pas nous tromper d’ennemi !
Il nous faut une lutte offensive
Un certain pessimisme règne chez beaucoup travailleurs et jeunes : le VB et la N-VA obtiennent ensemble 40% des voix et dominent le débat public du côté flamand depuis plusieurs mois. Cela a bien entendu un impact sur les discussions au travail et entre proches. Mais il est possible d’inverser la tendance en se basant sur des revendications sociales concrètes pour la majorité de la population. Fin 2014, lorsque le gouvernement Michel vacillait, cela a illustré comment le débat public peut être tourné à l’avantage du mouvement ouvrier. Aujourd’hui, cela aurait d’ailleurs un impact encore plus considérable avec le plus grand nombre d’élus de gauche du PTB au parlement.
Il faudra résister à ce gouvernement d’austérité arrogant et descendre dans la rue pour construire un rapport de force qui placera les préoccupations et les revendications des travailleurs et de leurs familles au cœur du débat public. Des revendications telles qu’un salaire minimum plus élevé (14 euros de l’heure), des pensions plus élevées, des horaires de travail réduits, des investissements publics massifs dans les infrastructures et les services publics (tels que les transports publics, les soins de santé, l’enseignement),… ne s’imposeront pas avec de bons arguments. Il faudra se battre parce que nos conditions de vie entrent en conflit avec la soif de profit d’une petite élite qui n’est que trop heureuse d’être servie par ce nouveau gouvernement flamand.
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Flandre. La politique antisociale sanctionnée, mais Jambon en rajoute avec encore plus de suédoise

Jambon. (Photo de Wikipedia) Les politiques antisociales des coalitions suédoises (au fédéral et en Flandre) ont été électoralement punies. Néanmoins, au niveau flamand, ce sera une réédition du gouvernement précédent. Les partis qui ont perdu persévèrent sur leur voie en en rajoutant une couche avec une politique encore plus antisociale. Ce ne sont pas seulement les migrants qui auront la vie dure, mais aussi les chômeurs, la société civile et les fonctionnaires. Qui sera à l’abri du danger ? Les plus riches, le lobby de l’immobilier, les grandes entreprises,… Il y a comme une marque du Vlaams Belang sur ce gouvernement qui semble utiliser pour devise : “les riches d’abord”. Ce sont les promesses sociales de l’accord de coalition qui sont mises en évidence dans les médias, mais il ne s’agit que d’une mince couche de vernis.
Par Geert Cool
Le manque de moyen ne résoudra aucun problème
Le gouvernement Jambon fait semblant d’être “social” pour ceux qui vivent en Flandre – nous avons failli écrire “pour les vrais Flamands” – et plus strict pour ceux qui veulent en faire partie. Un coup d’œil à ce qui est proposé comme mesures sociales démontre clairement que cela n’a pas de sens. Les besoins dans les secteurs des soins, de l’éducation et du logement, pour ne parler que d’eux, sont particulièrement importants. Mais les moyens proposés n’y répondent pas.
Il faudrait par exemple 1,6 milliard d’euros par an pour éliminer les listes d’attente dans les soins aux personnes handicapées selon l’Agence flamande pour les personnes handicapées (VAPH). Avec 270 millions d’euros, le nouveau gouvernement flamand en est loin ! Quant aux soins aux personnes âgées, il n’y aura pas de facture maximale et le gouvernement n’investira pas lourdement dans des soins de santé publics pour les aînés. Un grand nombre de personnes âgées devront tout de même augmenter leur budget consacré aux soins et la promesse de personnel supplémentaire ne fait que suivre les normes du secteur. Au total, l’aide sociale recevra un budget supplémentaire de 550 millions d’euros, soit un montant similaire à celui dégagé par l’ancien gouvernement flamand qui reste bien en deçà de ce qui est nécessaire.
Le secteur immobilier n’a rien à craindre du gouvernement Jambon : en évitant d’investir dans des logements sociaux supplémentaires, le “marché du logement” est complètement laissé la proie du secteur privé. Des dizaines de milliers de nouveaux logements sociaux ne seront pas en chantier, même si la liste d’attente est passée à 153.910 personnes en Flandre en 2018 (presque autant que le nombre de logements sociaux disponibles : 156.280). Le gouvernement prétend investir dans le logement social, mais il n’est pas très ambitieux. L’accord de coalition affirme : “L’autorisation d’investissement pour les nouvelles constructions et les rénovations sera maintenue au niveau de 2019 pour les 5 prochaines années” avec un accent sur la rénovation. En bref : il n’y aura pas d’investissement supplémentaire et c’est à peine s’il devrait y avoir de nouveaux logements sociaux. L’aide flamande au logement social dans les grandes villes (Anvers, Gand) sera maintenue. Selon le président de la N-VA lui-même, c’est consciemment que la note de départ de De Wever a proposé de mettre fin à ce financement, pour ensuite revenir là-dessus. Les choses vont ainsi avec les mesures sociales de ce gouvernement flamand : soyez déjà content de garder ce que vous avez… Un statu quo insuffisant est ainsi présenté comme un « progrès ». Sans logement social supplémentaire, la seule solution proposée est d’en rendre l’accès plus difficile aux nouveaux arrivants.
Il y a encore le bonus emploi : si vous gagnez moins de 1.700 euros brut par mois, vous recevrez une prime nette de 50 euros par mois. Si vous gagnez entre 1.700 euros et 2.500 euros brut, vous recevrez un bonus plus petit. Selon les libéraux, cela s’appliquerait à un travailleur sur trois. Cette mesure coûte 350 millions d’euros et est l’une des plus coûteuses prises par ce gouvernement. Les personnes à faible revenu vont certainement s’en réjouir, mais cela reste à voir : la mesure ne sera pas introduite avant 2021. L’idée derrière est que ce n’est pas aux employeurs de payer leur personnel, mais à la collectivité. Au lieu d’un salaire plus élevé donnant droit à des allocations sociales (par exemple des pensions), une prime sera versée à partir des caisses de la communauté.
Les mesures “sociales” sont donc bien maigres et ne l’emportent pas sur les nouvelles propositions antisociales de l’accord de coalition.
Contre les nouveaux arrivants, les chômeurs, les fonctionnaires,…
Le Vlaams Belang avait raison de penser qu’il aurait laissé son empreinte sur l’accord de coalition. Il est remarquable que le VB n’ait pas critiqué les lacunes des mesures “sociales” proposées et qu’il se soit limité à demander que les migrants et les nouveaux arrivants soient traités encore plus sévèrement. L’accord de coalition reprend des mesures du tristement célèbre programme en 70 points du Vlaams Blok : la Flandre quitte le centre pour l’égalité des chances Unia et rend plus difficile l’accès, entre autres, à l’intégration civique obligatoire. Les nouveaux arrivants paieront 180 euros de frais d’inscription pour le cours d’intégration et deux fois 90 euros pour les examens de néerlandais et d’orientation sociale.Ce cours d’intégration de 360 euros est plus cher qu’un bachelier de trois ans pour un étudiant boursier.
Le gouvernement flamand crée ainsi l’illusion que le déclin social de ces dernières années provient de la migration. Mais cela échoue à expliquer les bas salaires, le manque de moyens pour l’enseignement, l’insuffisance des infrastructures ou le déclin du secteur des soins. Tout cela résulte d’un transfert de ressources de la communauté vers les grandes entreprises via toutes sortes d’avantages fiscaux. Tous les gouvernements de ce pays – y compris le gouvernement fédéral à venir – refusent de s’opposer à cette logique. En prenant base sur les 43.397 nouveaux arrivants en Flandre en 2017 (les dernières données du Local Integration Monitor du gouvernement flamand), une contribution de 360 euros rapporterait un total de 15 millions d’euros. Rappelons que pour éliminer les listes d’attente dans les soins aux personnes handicapées, il faut 1,6 milliard d’euros, soit cent fois plus. En d’autres termes : les attaques contre les nouveaux arrivants sont principalement symboliques. Elles visent à donner l’impression que le gouvernement va d’abord défendre “son propre peuple”. Elles ne rapporteront presque rien, mais ces 360 euros représentent beaucoup d’argent pour des personnes sans moyens.
Les attaques ne se limitent pas aux nouveaux arrivants. Les chômeurs, par exemple, sont traités plus sévèrement. Le VDAB aura plus de possibilités de suivre les demandeurs d’emploi de plus près avec un “accord obligatoire sur un itinéraire personnel pour se rendre au travail” (pour lequel le VDAB ne reçoit pas de ressources supplémentaires) suivi de la possibilité d’un service communautaire obligatoire non rémunéré après deux ans. Les communes peuvent commencer à se débarrasser de leur personnel : le travail forcé non rémunéré les remplacera bientôt. C’est littéralement ce que cette mesure a impliqué aux Pays-Bas. Les médias avaient pas exemple relayé l’histoire d’un balayeur de rue licencié qui a ensuite dû balayer ces mêmes rues gratuitement, sans salaire, dans le cadre de son service communautaire.
Autre cible des attaques du gouvernement flamand : ceux qui travaillent pour lui. Désormais, les nouveaux employés ne seront engagés que sur base contractuelle, à l’exception de l’enseignement. Le statut de fonctionnaire sera totalement supprimé, ce qui constitue un grand pas en arrière pour le personnel concerné (en termes de sécurité d’emploi et de pensions, entre autres). Le gouvernement flamand veut un gouvernement “allégé” avec moins de personnel. En ce qui concerne les salaires, un pas en avant a été franchi en déclarant que “l’importance de l’ancienneté dans la formation des salaires” a été “réduite”.
Les nouveaux arrivants, les chômeurs et les fonctionnaires sont rejoints par tous ceux qui peuvent être “embêtants” pour le gouvernement flamand de droite. Par exemple, la contribution financière au centre fédéral pour légalité des chances Unia sera supprimé. La VRT devra être un vecteur de diffusion de l’”identité flamande” et cesser de publier des articles d’opinion critiques (le site d’information de la chaîne ne pourra être utilisé que pour soutenir le matériel visuel). Le Forum des minorités disparaîtra. Les mutuelles de santé seront prudemment attaquées par la proposition que les fonds des soins (payés par la prime santé) fusionnent et deviennent distincts des mutuelles.
Un accès plus difficile à l’enseignement supérieur
L’accord parle d’attirer du nouveau personnel dans l’enseignement, y compris en prenant en compte l’ancienneté dans le secteur privé. Des moyens supplémentaires seront allouées à l’enseignement préscolaire. Le M-Decree – une tentative d’inclure les élèves ayant des besoins spéciaux dans l’enseignement ordinaire, sans fournir les moyens nécessaires à cette fin – sera une fois de plus aboli. Il n’est cependant toujours pas question d’un refinancement public sérieux du secteur.
Ce qui change, c’est l’importance accrue accordée au rendement, notamment avec des tests standard obligatoires dans l’enseignement secondaire. Dans l’enseignement supérieur, les programmes de bachelier et de master seront fortement réduits, ce qui limite l’accès aux programmes de master (à moins que l’étudiant n’ait les moyens d’étudier plus longtemps). En outre, le gouvernement souhaite une “rationalisation” des programmes de bachelier qui menace les programmes comprenant moins de 115 étudiants.
Pas d’investissement dans les transports publics
De Lijn a réalisé des économies considérables ces dernières années et le gouvernement flamand souhaite poursuivre dans cette voie. Le gouvernement veut que nous payions plus cher : “En tout cas, De Lijn continuera d’atteindre un niveau plus élevé de recouvrement des coûts et l’efficacité des coûts restera une motivation permanente”. Le degré de recouvrement des coûts correspond à la part des coûts payés directement par les utilisateurs, en plus de la part que nous payons indirectement via les fonds de la communauté. En outre, le gouvernement imposera une libéralisation complète dans une région au cours de la seconde moitié de la législature : un opérateur y sera nommé par appel d’offres. Cela rendra les choses plus faciles aux entreprises privées : “Nous étudions également comment supprimer les obstacles réglementaires pour les initiatives de transport privé”, proclame l’accord.
Le gouvernement flamand est conscient que cela risque de pousser au conflit avec le personnel. C’est pourquoi l’accord de coalition stipule : “Nous faisons un pas de plus vers un service garanti”. À cette fin, il est question de consulter les partenaires sociaux, mais si cela ne fonctionne pas, le gouvernement imposera les choses. « En l’absence de résultats dans le délai de six mois, le gouvernement prendra l’initiative d’atteindre l’objectif susmentionné. »
L’identité flamande
Lors du congrès de la N-VA, les dirigeants ont été les plus applaudis pour les mesures nationalistes. Alors qu’une interdiction totale des signes idéologiques est appliquée dans l’enseignement fondamental au nom de la neutralité, dont le voile, cette neutralité ne s’applique pas à la ceinture du bourgmestre, qui pourra désormais porter soit le tricolore belge, soit une version flamande. Nous verrons donc d’après la ceinture si nous faisons face ou nom à un bourgmestre nationaliste flamand. Un « canon flamand » sera développé. Dans la périphérie flamande, il pourrait y avoir une « règle de priorité » pour donner préférence aux “élèves de la communauté flamande”.
Et le CD&V?
La formation du nouveau gouvernement flamand a beau reposé sur la même composition que le précédent, cela n’a pas été facile. Il a fallu quatre mois pour aboutir à un document non chiffré qui a scellé la formation du gouvernement. Cela reste un gouvernement de perdants où la N-VA essaie d’utiliser la percée du VB pour élargir sa propre empreinte. Les libéraux sont juste heureux d’être là. Mais le CD&V aura encore plus de mal à prétendre être le « visage social » d’un gouvernement de droite avec cet accord. Le parti était déjà sous la pression des politiques antisociales des gouvernements suédois précédents, mais son sommet semble maintenant sincèrement enthousiaste quant à la poursuite des attaques. Les seules discussions semblent porter sur le rôle que chaque dirigeant du parti jouera. Le CD&V a reçu une nouvelle claque avec les dernières élections et les sondages d’aujourd’hui sont encore plus dramatiques. Qu’en fera le CD&V ? Une fois les élections passées, les le parti a multiplié les accusations contre les dirigeants de la CSC. Avec cet accord de coalition, il sera encore plus difficile au sommet de la CSC de justifier ses liens avec le CD&V.
Entrons en résistance !
Les mesures de l’accord de coalition s’inscrivent dans la lignée de l’ancien gouvernement flamand et vont plus loin à différents niveaux, notamment à l’encontre des migrants, des fonctionnaires ou du personnel et des utilisateurs de De Lijn. Les mesures sociales promises ne répondent pas du tout aux besoins et ne sont souvent qu’une confirmation de mesures déjà en place. Ce gouvernement se bat pour les riches. Les travailleurs ordinaires qui pensaient qu’ils seraient mieux lotis parce que les migrants seraient traités plus sévèrement se trompent. Cela commence avec les migrants, mais la logique d’austérité néolibérale ne se limitera pas à eux.
Il faudra résister au gouvernement Jambon. Nous ne devons pas nous laisser entraîner dans la méthode raciste du “diviser pour régner”, que le gouvernement défend aujourd’hui avec insistance pour dissimuler son échec dans d’autres domaines. Les partis de droite ont été sanctionnés pour leurs politiques antisociales, mais ils y répondent avec des politiques encore plus antisociales. Le mouvement des travailleurs doit collectivement lutter pour répondre aux besoins de la majorité de la population. S’il n’imprime pas sa marque sur les événements, le débat public sera prisonnier du racisme « modéré » et du racisme dur, de l’austérité dure et d’une version plus douce.