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  • Bruxelles : l’eau plus chère et le contrôle budgétaire doit encore suivre…

    A l’occasion de ses voeux de nouvel an, Rudy Vervoort (PS), ministre président de la région bruxelloise, a dit espérer obtenir un accord complet du gouvernement bruxellois (PS-Ecolo-Défi-Groen-OpenVld-Spa) sur l’ajustement budgétaire d’ici le printemps et fixer un cadre pour les années à venir via une remise à plat de l’ensemble des dépenses et recettes.

    Par Boris (Bruxelles)

    Quand le budget 2020 a été élaboré, toutes les maigres promesses contenues dans l’accord de gouvernement concernant le social et le climat avaient été reportées à ce contrôle budgétaire : essentiellement la gratuité de la Stib pour les jeunes et les aînés, un toit pour 15.000 des 43000 Bruxellois en attente d’un logement social et un plan d’isolation du bâti. Le budget 2020 comprend 600 millions d’économies sur un budget global de 5,4 milliards d’euros, dont 180 millions de coupes sombres dans les budgets des différents ministères, avec 30 millions rien que pour Actiris, et le reste via un report d’investissements.

    L’infrastructure souffre d’un manque d’investissement chronique

    500 millions d’euros d’investissements sont également sortis du budget dont 470 millions pour la mobilité avec entre autres la rénovation de tunnels qui s’effondrent littéralement, le parking de dissuasion du Ceria et l’extension du métro. La cour des comptes a recalé le soi-disant équilibre budgétaire annoncé par Sven Gatz (OpenVld), ministre des finances, et acte un déficit prévisionnel, pour 2020, de 541 millions d’euros. Elle pointe aussi l’endettement de la région qui devrait passer de 5,5 milliards en 2019 à plus de 10 milliards à la fin de la législature.

    Bernard Clerfayt (Défi), ministre bruxellois de l’Emploi, a défendu cette flexibilité en argumentant qu’au vu des bas taux d’intérêts, c’est le moment de réaliser des investissements, mais sans s’endetter pour les dépenses courantes. Il vaut aussi mettre les navetteurs à contribution pour payer les investissements de mobilité via une taxe kilométrique. Il n’est donc pas question de sortir des carcans budgétaires et de s’en prendre aux énormes pénuries sociales dues à la politique de transfert des moyens publics vers les riches, une politique qui plombe les déficits. L’idée est donc de continuer à faire payer la facture à la population.

    Le ‘‘Tunnelgate’’ avait mis à jour le gigantesque sous-investissement public dans l’infrastructure liée à des décennies de politiques d’austérité néolibérale. Dans les années ‘80, la Belgique consacrait 4,5 % de son PIB à l’infrastructure, contre 1,7 % en 2012. Il n’est plus possible de faire face à l’usure naturelle en entretenant l’infrastructure existante. Même les organisations patronales plaident en faveur d’un minimum de réinvestissement au vu des dommages économiques engendrés pour les entreprises, notamment du fait des embouteillages.

    Ce réinvestissement arrive trop tard et est beaucoup trop limité. Une partie devra à nouveau être financée par des taxes injustes, notamment via l’augmentation du prix de l’eau qui a pris place au 1er janvier.

    Augmentation du prix de l’eau et bientôt des tarifs de la Stib ?

    Le gouvernement et le ministre en charge Alain Maron (Ecolo) ont jugé ‘‘raisonnable’’ l’augmentation de 2,19 % du prix de l’eau en la présentant comme une indexation. Mais il s’agit quasiment du double d’une indexation puisque l’inflation était de 1,44 % en 2019 et que l’on estime qu’elle sera de 1,2 % cette année. Cette taxe est socialement injuste, surtout alors qu’un quart des ménages est en état de précarité hydrique à Bruxelles.

    La compagnie intercommunale bruxelloise des eaux Vivaqua se justifie en expliquant que les prix n’ont plus été indexés depuis 2014 et que des moyens ont été alloués au réseau d’égouts. Nous avions pourtant déjà chèrement payé pour le plan de rénovation des égouts avec des augmentations de près de 10 % des redevances en 2010, 2011 et 2012.

    En 2015, le gouvernement bruxellois avait évité de nouvelles augmentations au vu de la forte opposition des syndicats et de l’atmosphère de lutte consécutive au plan d’action syndical de l’automne 2014. Il indiquait alors dans un communiqué de presse que ‘‘l’augmentation du prix de l’eau n’est aujourd’hui pas à l’ordre du jour et ce, d’autant que les ménages bruxellois seront touchés par les nouvelles mesures fédérales telles que la hausse de la TVA sur l’électricité, la hausse des accises sur le diesel et le saut d’index’’. Afin de préserver son image, il tentait alors de se distancer de l’austérité dure de son homologue fédéral.

    Sur le modèle de Vivaqua, la Stib, qui augmente le tarif du ticket papier au nom de l’écologie, souhaite également ‘‘indexer’’ (Sic!) tous ses tarifs de 2 à 3 % pour le 1er juillet prochain. Cela fera partie du débat d’ajustement budgétaire. Clerfayt s’est déjà prononcé en faveur de l’idée : ‘‘Si on ne paie pas le prix, on n’a pas la qualité’’. En réalité, le coût de la gratuité promise pour les jeunes et les aînés sera supporté par les utilisateurs et le personnel.

    Il n’est donc plus question des promesses électorales du PS concernant l’objectif d’une gratuité complète des transports en commun. Pourtant, la mesure s’impose face à l’urgence climatique en tant qu’alternative à la voiture. Au lieu de taxer les tickets papier, il serait plus écologiques d’abolir le gaspillage que représentent tous les titres de transports, les portiques et les BOOTIKs et de réaffecter l’ensemble du personnel concerné, avec de bonne condition de travail, au défi que représentera l’augmentation du nombre d’usagers.

    Briser les carcans budgétaires avec un plan radical d’investissements publics

    L’exercice budgétaire à venir sera un sérieux défi dans ce contexte de crise du capitalisme et alors que les carcans budgétaires volontairement imposés remettent en question jusqu’aux maigres mesures progressistes annoncées dans l’accord de gouvernement pour mieux emballer la politique d’austérité antisociale. Pour sauvegarder la gratuité de la Stib pour les jeunes (celle des aînés est déjà reportée) et assurer l’acquisition de bâti via un appel d’offre public cette année, de nouvelles coupes budgétaires seront probablement imposées ailleurs et de nouvelles taxes injustes seront introduites.

    Mais l’objectif fixé de 15% de logement à ‘‘finalité social’’ (il ne s’agit pas que de logement sociaux mais également de logement publics destinés à des revenus plus aisées, ce qui contribue à la gentrification, et de logements privés subventionnés par le public) ne sera pas réalisé. Comme Rudy Vervoort l’a admis sur Bel RTL : ‘‘Ça, c’est la norme. Je ne me fais pas d’illusion, on n’y arrivera pas. Mais il faut fixer une ligne.’’ Pourtant, avec la moitié des Bruxellois qui remplissent les conditions d’accès à un logement social, il faut 15 à 20% de logements sociaux publics afin d’exercer une pression suffisante sur l’ensemble des loyers. Cela revient à 60.000 nouveaux logements sociaux. D’autre part, le parc existant doit être urgemment rénové de fond en comble, le désinvestissement ayant causé d’énormes problèmes d’insalubrité.

    Quant au personnel des pouvoir locaux bruxellois, confrontés aux plus bas salaires de la fonction publique du pays et qui était en grève le 7 novembre dernier, le gouvernement a promis de faire un effort. Mais les promesses préélectorales ne seront certainement pas tenues. Ainsi, l’étude réalisée par le précédent gouvernement bruxellois concernant la diminution du temps de travail pour l’envisager sur cette législature est tombée aux oubliettes. Avant même les négociations avec les syndicats, Clerfayt a reporté la responsabilité sur les communes en citant en exemple sa commune de Schaerbeek comme un bon élève sur la réduction du nombre du nombre de personnel communal par habitant comparé à d’autres communes. Il invite ainsi les communes à couper dans l’emploi public et donc dans le service à la population pour trouver les moyens d’augmenter les salaires.

    Cela résume à merveille l’approche du gouvernement bruxellois : décider où couper plus fortement qu’ailleurs. Les difficultés sociales sont énormes à Bruxelles, mais ce gouvernement n’a aucune solution. Nous devons partir d’une toute autre logique, à partir des besoins à combler parmi la population. Pour y faire face, nous avons besoin d’un plan radical d’investissements publics dans les crèches, les écoles, les logements sociaux, les institutions de soin, le transport public, l’infrastructure,… Il nous faudra briser les carcans budgétaires et présenter la facture aux riches.
    Nous devrons lutter pour obtenir les moyens suffisants en stimulant l’action de masse des habitants et du mouvement ouvrier organisé et coupler nos revendications à la nécessité de mesures socialistes telles que la nationalisation des banques et des secteurs clé de l’économie ainsi que le non-paiement de la dette.

  • Attendre le gouvernement ? Entrons en action ! Pour nos soins de santé, pensions, salaires, notre enseignement,…


    ‘‘Je ne me sens pas Première ministre d’un pays en crise’’ affirmait la Première ministre par intérim Sophie Wilmes (MR) dans la presse 13 novembre. Après 11 mois de gouvernement en affaires courantes, des élections désastreuses pour la coalition suédoise et un déficit budgétaire parmi les plus élevés d’Europe, il faut vraiment ne pas avoir peur du ridicule ! Pendant ce temps, 16,4% de la population est officiellement pauvre et les conditions de vie et de travail se dégradent. Devons-nous vraiment attendre qu’un nouveau gouvernement austéritaire soit sur pied pour nous mettre en ordre de bataille ?

    Les résultats élections de juin sont l’expression d’une crise sociale qui s’approfondit : l’ensemble des partis dominants ont été sanctionnés pour leur politique antisociale, quel que soit le niveau de pouvoir où ils gouvernaient. Toutes les possibilités pour un nouveau gouvernement semblent compliquées et comportent des risques pour tous les partis qui y participeront.

    Une chose est certaine : se contenter d’attendre signifie de se retrouver démunis quand le prochain gouvernement lancera son offensive antisociale. Car, quelle que soit sa composition, c’est très précisément cela qui nous attend. Voilà le sens de l’avertissement lancé par la Commission européenne à l’État belge le 20 novembre : ‘‘Dépêchez-vous de former un gouvernement, de réduire le déficit budgétaire (1,7% en 2019, 2,3% pour 2020) et d’accélérer le remboursement de la dette publique (100% du PIB)’’. En parallèle à cela, selon le Bureau du plan, le budget de la sécurité sociale aura un déficit de 7 milliards cette année. Où iront-ils chercher cet argent ? Pas dans la poches des milliardaires et du grand patronat.

    La lutte paie… mais il faut lutter

    L’automne a été marqué par la lutte tenace et combative des ‘‘blouses blanches’’, qui a su arracher un accord représentant 400 millions d’euros sur base annuelle en profitant d’un gouvernement affaibli et en affaires courantes. C’est un exemple à suivre qui, avec l’actuelle atmosphère de révolte globale, peut pousser à passer à l’action dans les autres services publics sous-financés et laissés à l’abandon.
    Le secteur culturel flamand peut lui aussi jouer un rôle déclencheur. La culture est étranglée de longue date par l’austérité et le gouvernement Jambon entend réduire de 60% le budget des aides aux projets culturels, soit 6 millions d’économies. La résistance du secteur fut immédiate. Après de premières actions, une ‘‘Semaine de feu d’artifice’’ (‘‘Week van het vuurwerk’’ en néerlandais) a été lancée. Le 5 décembre, une manifestation organisée par le personnel de la VRT sur la place des Martyrs à Bruxelles, devrait servir de point de ralliement à tout le secteur. Il n’y a pas si longtemps, le secteur culturel francophone s’était mobilisé avec succès aux côtés du secteur non-marchand pour rejeter la réforme des points APE du gouvernement MR-CDH.

    Chez De Lijn, une grève de 10 jours contre l’austérité a été lancée depuis le Brabant flamand pour ensuite s’étendre au reste de la Flandre, avec jusque 80% des travailleurs en grève à certains endroits. L’impact de l’austérité s’approfondit dans de nombreux secteurs comme le rail (avec 3 milliards d’austérité en 5 ans), l’enseignement (14% de coupes en Flandre depuis 2008), la fonction publique, etc. A tous les niveaux, le besoin d’investissements publics, et donc de luttes pour les arracher, est de plus en plus criant.

    La coupe est pleine, nous sommes nombreux à le dire. Transformons cette indignation en action concrète ! L’idéal serait de disposer d’un plan d’action coordonné qui défende un budget d’urgence sociale et climatique autour d’investissements publics massifs dans les services publics, le logement social et le climat, avec un salaire minimum à 14 euros de l’heure et une pension minimum de 1.500 euros par mois. Il faut en débattre dès maintenant sur les lieux de travail et dans les délégations syndicales. Cela permettrait de concrétiser la solidarité à apporter aux secteurs déjà en lutte, avec l’envoi de motions de solidarité et la présence de délégations de solidarité aux actions, mais aussi de se tenir prêts à partir au quart de tour dès que les menaces seront plus claires ailleurs.

    Ces discussions peuvent aussi porter sur la manière de défendre de manière durable nos conquêtes sociales face à ce système en crise et prédateur, c’est-à-dire sur la nécessité de le renverser. Alors que partout à travers le monde éclate la colère contre les inégalités, la pauvreté des masses et la voracité des riches, préparons-nous à combattre avec audace pour une transformation socialiste démocratique de la société.

  • Bruxelles : Le combat des ALR passe à la vitesse supérieure !

    Septembre, rentrée sociale. Pour le Front Commun Syndical représentant le personnel des administrations locales de la Région (ALR) de Bruxelles-Capitale et des Hôpitaux du réseau IRIS, c’était l’occasion de présenter à la presse son plan de mobilisation pour les mois à venir.

    Depuis un an déjà, le font commun mobilise autour d’un ambitieux cahier de revendication autour, notamment, de la suppression du grade E (le niveau le plus faible de rémunération), de l’augmentation de 10% de tous les barèmes, de la réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires, de la statutarisation du personnel, une programmation sociale (prime de fin d’année) dans tous les pouvoirs locaux et, plus globalement, de l’instauration d’une véritable politique de bien-être au travail et de l’arrêt des pratiques de management autoritaires. Ces multiples exigences ne tombent pas de nulle part : elles sont le fruit d’un intense travail de discussion interne, une large implication du personnel qui a permis d’amorcer une excellente dynamique de mobilisation.
    Après une phase initiale de sensibilisation interne notamment par le biais d’une pétition, le cahier de revendications a été déposé auprès du Ministre-Président de la Région en septembre 2018. S’en sont suivis une série de manifestations dans les rues de Bruxelles, de multiples arrêts de travail et une tournée aux Conseils Communaux nouvellement installés après les élections d’octobre 2018, etc. Tout cela avec des réunions et assemblées générales afin de donner au personnel les outils de s’approprier leur combat.

    A l’approche des élections de mai, différents représentants du PS et d’Ecolo se sont déclarés solidaires du combat du personnel. Que de belles paroles il y a eu… Mais quand les représentants des travailleurs ont pris connaissance de la déclaration de politique générale du Gouvernement Bruxellois, ils n’ont rien trouvé concernant le personnel des pouvoirs locaux. Il était bien question d’une revalorisation de salaires… mais uniquement celui des bourgmestres !

    La suppression du grade E a déjà été effectuée au niveau régional, mais pas local. Il s’agit de la plus large catégorie de travailleurs communaux (28% des agents des pouvoirs locaux). La différence n’est pas des moindres : les échelles barémiques régionales sont actuellement 13,93% supérieures aux locales (soit 178,45 euros) !

    Un agenda de rentrée bien chargé

    Cet affront, le Front Commun Syndical l’a pris comme une déclaration de guerre. C’est donc à juste titre qu’il a présenté un vaste plan d’actions pour cette rentrée sociale 2019. Des actions auront lieu durant tout le mois d’octobre jusqu’à la tenue d’une grève régionale le 7 novembre, un an après celle de l’an dernier. Un préavis de grève a été déposé pour couvrir toutes les actions qui prendraient place de septembre à décembre.

    Ces moments de mobilisation seront accompagné de moments de débat et de discussion afin de continuer à assurer le contrôle des travailleurs sur leur combat, mais aussi pour voir comment organiser des actions et des grèves plus dures, puisque les autorités ont décidé de faire la sourde oreille jusqu’ici. D’autant plus que le nouveau ministre de la fonction publique bruxelloise est Bernard Clerfayt (Défi), le seul bourgmestre à avoir refusé de recevoir les travailleurs durant la tournée des conseils communaux.

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