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  • Etats-Unis : ‘‘Désolés, nous sommes fermés’’

    Une nouvelle illustration de plus la nécessité d’un nouveau parti représentant les 99%

    Environ 800.000 travailleurs fédéraux ont été contraints de prendre un congé sans solde. Alors que leurs familles se retrouvent sans rien, les membres du Congrès, qui touchent 174.000 $ de salaire annuels n’ont pas été affectés par le ‘‘shutdown’’, le blocage du Congrès sur le budget américain débuté le 1er octobre.

    Kai Stein, Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO)

    La majorité républicaine à la Chambre des Représentants (sous-chambre du Parlement) a bloqué toute tentative du président démocrate Barack Obama de conclure un nouveau budget fédéral ou de prolonger l’ancien. D’un côté, il s’agit d’une tentative de miner les réformes très limitées et business-friendly instaurées par Obama dans les services de santé publique, de l’autre, la classe dominante américaine est confrontée à un système politique dysfonctionnel et à un parti républicain qui l’est tout autant. Ce n’est pas un phénomène nouveau, mais il a été exacerbé par la récente crise du capitalisme.

    La fraction la plus vicieuse de la classe dominante s’était auparavant ralliée au mouvement conservateur populiste le ‘‘Tea Party’’ pour sauvegarder ses privilèges. Ce monstre de Frankenstein n’est toujours pas maîtrisé par les Républicains. Par conséquent, en général, les républicains n’agissent pas dans le meilleur intérêt de la classe dominante américaine.

    Une période de crise

    Une fermeture du gouvernement pendant 3 semaines pourrait faire se contracter le PIB de 0,9% selon Goldman Sachs. Mais ce que Wallstreet craint le plus, c’est que la dette du pays atteigne son plafond aux environs du 17 octobre. Sans nouvelle législation au Congrès, l’administration ne pourrait pas emprunter plus d’argent, et les Etats-Unis seraient incapables d’honorer leurs obligations et forcés à être en défaut de paiement, pour la première fois de leur histoire. Ce défaut serait un désastre pour les plus pauvres qui seraient forcés de payer le prix de la crise.

    Mais qui est responsable de l’expansion du déficit budgétaire fédéral ? Des milliards de dollars ont été dépensés en sauvetages financiers et en mesures prises depuis 2008 pour sauver le capitalisme américain, sans compter les baisses d’impôts pour les super-riches et les entreprises, ainsi que le financement de guerres sanglantes et sans issue par les administrations précédentes.

    Pour éviter d’aggraver la situation, les Républicains les plus ‘‘modérés’’ du Congrès se sont préparés à négocier avec les Démocrates et à chercher un compromis. Cependant, cela pourrait mettre en lumière des divisions bien plus tranchées au sein du parti, et mener à sa fragmentation.

    Le conte de fées que tentent de nous faire avaler les démocrates, c’est qu’il s’agit d’une répétition de la crise de 1995/96. A l’époque, la faible administration Clinton était entrée en conflit avec le Congrès, ce qui a conduit à un shutdown de 21 jours, un conflit hors duquel Bill Clinton est sorti avec une position renforcée face aux Républicains. Certains parallèles peuvent être faits, comme l’illustrent les sondages d’opinion, qui montrent une légère hausse du soutien à Obama, mais sa cote de popularité reste mauvaise. La meilleure comparaison à faire serait plutôt l’été 2011, au cours duquel l’impasse dans laquelle se trouvaient les Démocrates et les Républicains (confrontés aux réductions budgétaires consenties pour parvenir à un compromis forcé) a été révélée au grand jour.

    Le mouvement Occupy

    A la suite des soulèvements de masse au Moyen Orient et en Afrique du Nord, des mouvements de protestation ont eu lieu en Espagne et en Grèce, puis ailleurs dans le monde et notamment aux USA, où la colère des américains contre les sauvetages financiers des grandes entreprises s’est exprimée avec le mouvement anticapitaliste ‘‘Occupy’’.

    Cette colère reste d’actualité. Les sondages d’opinion démontrent que la frustration va grandissante contre le Congrès (qui dispose d’un taux d’approbation inférieur à 10%), et tout le système politique. Même les partisans les plus enthousiastes d’Obama, qui lui sont restés fidèles après le scandale de la NSA et ses ambitions guerrières en Syrie, mettent à présent en doute la capacité de leur président à tenir tête aux Républicains.

    De plus, la situation économique n’a pas augmenté le soutien pour Obama. Il y a eu un faible redressement économique, mais unilatéralement favorable aux riches. Les 1% les plus riches ont augmenté leurs revenus de 31% de 2009 à 2012, alors que ceux des 40% les plus pauvres ont diminué de 6% (Paul Krugman, New York Times, 23 septembre 2013).

    Le potentiel est là pour le développement d’un nouveau grand mouvement comme l’était celui d’Occupy mais, cette fois-ci, avec des revendications concernant des exigences socio-économiques concrètes.

    Des groupes pour les droits des immigrés se mobilisent contre les politiques anti-immigrations. Les travailleurs des fast-foods sont entrés en lutte pour bénéficier d’un salaire minimum de 15$ de l’heure et pour obtenir le droit de se syndiquer. Des travailleurs désorganisés dans des entreprises comme Walmart, connu pour sa position antisyndicale, commencent eux aussi à se rebeller. La lutte contre les expulsions et les saisies immobilières et pour des logements abordables pour tous a obtenu certaines victoires, comme l’utilisation de la législation ‘‘eminent domain’’ (une expropriation pour cause d’utilité publique) par le maire de Richmond en Californie, membre du Green Party. A Minnéapolis et ailleurs, le mouvement Occupy Homes a prouvé que des mouvements citoyens peuvent défendre les propriétaires de maisons et mettre fin aux expulsions.

    Multiplier ces luttes sur les lieux de travail et développer ces mouvements sociaux nécessite d’outrepasser l’inertie de la bureaucratie syndicale et la faiblesse des organisations de la classe des travailleurs. Lorsque la classe ouvrière américaine aura trouvé sa voix, le monde entier l’entendra.

    Lutter pour une alternative politique pour la classe ouvrière

    Comme le montre le Shutdown, ce système politique ne fonctionne pas. Wall Street a deux partis bien à lui, les Démocrates et les Républicains. La classe ouvrière n’en a aucun. Socialist Alternative (section du CIO aux Etats-Unis) fait campagne pour la construction d’un nouveau parti de masse pour se battre en faveur des intérêts des travailleurs, des pauvres et des minorités opprimées, sur base d’un programme clairement socialiste. Socialist Alternative présente aussi des candidats lors de prochaines élections locales.

    Un énorme soutien pour une candidate marxiste à Seattle

    En termes de moyens financiers, la campagne de Kshama Sawant, candidate de Socialist Alternative à Seattle, n’atteindra pas le montant de celle du conseiller municipal en place depuis 16 ans, Richard Conlin, qui a déjà dépensé 200.000 $ pour défendre son siège. La campagne menée contre lui par Socialist Alternative n’a réuni qu’un quart de ce montant, mais c’est impressionnant pour une campagne contre la politique capitaliste. De plus, ce manque d’argent est largement compensé par la manière dont par les idées défendues par Socialist Alternative résonnent parmi une couche de plus en plus grande de la classe des travailleurs et de la jeunesse.

    Le slogan de la campagne est ‘‘15 $ de l’heure et un syndicat’’. En course dans une campagne ouvertement socialiste, Kshama Sawant a récolté 29% des votes en novembre 2012 contre le représentant de Seattle à Washington, Frank Chopp. Avec 44.000 votes obtenus lors du premier tour de ces élections locales à Seattle en août 2013, Kshama Sawant et la campagne de Socialist Alternative ont montré qu’il ne s’agissait pas d’un coup d’éclat unique. Un nombre encore plus grand d’électeurs montreront leur ouverture pour une candidate socialiste combative le 5 novembre prochain à Seattle.

    Une course serrée à Minneapolis

    En tant que militant contre les expulsions et les saisies immobilières, et en défense de l’enseignement, Ty Moore peut être fier de son implication. Dans son district, il fait face à 5 autres candidats pour le poste de conseiller municipal à Minneapolis. Tous cherchent l’approbation du parti démocrate. Sans couverture médiatique et dans le contexte d’une course au siège confuse, le message de Ty de lutter pour un logement décent, pour un salaire minimum de 15$ de l’heure et contre les subsides aux grandes entreprises a dû être distribué au porte-à-porte. Mais Socalist Alternative a reçu le soutien du SEIU (l’un de plus grands syndicats américains), de nombreux porte-paroles de la communauté hispanique et de militants reconnus. Bien que l’issue soit serrée, la situation démontre le potentiel pour une victoire électorale des socialistes aux Etats-Unis.

    Ouverture aux idées socialistes

    Lors des élections de l’année prochaine, plus de candidats indépendants de gauche défieront les Républicains, les Démocrates et le système bipartite. Le parti Démocrate pourrait voir émerger des voix dissonantes et des forces populistes ‘‘de gauche’’.

    Dans cette nouvelle vague d’opposition, Socialist Alternative, en solidarité avec le CIO, se prépare à jouer un rôle majeur ; assister le mouvement des travailleurs pour lui donner sa propre voix politique, casser ses liens avec le parti démocrate, et armer une telle force avec un programme socialiste pour mettre fin au capitalisme.

  • Pour en finir avec la crise, les guerres, l’austérité, le chômage, la destruction de l’environnement… dégageons le capitalisme, construisons un monde socialiste!

    Combien de temps encore devra-t-on croire au refrain tant répété comme quoi le pire de la crise économique serait « derrière nous »? Les faits parlent d’eux-mêmes : partout, la classe des super-riches et les politiciens qui la servent redoublent d’efforts pour nous faire avaler sans cesse de nouvelles attaques sur nos droits et nos conditions de vie. Et partout, la colère des “99%” gronde : de Sidi Bouzid à Athènes, de Port Saïd à Sofia, de Pretoria à Moscou, de Montréal à New Delhi, la résistance de la jeunesse, des travailleurs et des masses pauvres ne faiblit pas, face aux conséquences dévastatrices de la crise historique que traverse le système capitaliste mondial.

    Tract général du Comité pour une Internationale Ouvrière distribué au Forum Social Mondial de Tunis

    «L’accumulation de richesse à un pôle signifie en même temps à l’autre pôle une accumulation de misère» (Marx)

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    Socialisme 2013. Dimanche prochain, à l’occasion du week-end "Socialisme 2013", un rapport de la situation actuelle en Tunisie sera livré par Nicolas Croes, rédacteur de socialisme.be et de notre mensuel, de retour de Tunisie.

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    Le destin tragique du jeune qui s’est immolé par le feu en plein coeur de Tunis est le cri de désespoir de toute une jeunesse qui n’en peut plus, condamnée au chômage de masse et à la misère quotidienne. La crise actuelle expose comme jamais la totale incapacité du capitalisme -un système basé sur la recherche incessante de profits pour l’infime minorité qui contrôlent les moyens de production et les décisions d’investissements- à offrir un avenir à la majorité d’entre nous.

    Selon une étude récente de ‘Futures Company’, 86% de la population mondiale estime que le monde des affaires « maximise les profits aux dépens de la communauté et des consommateurs ». Pendant que des pays entiers sont mis en coupe réglée, que le chômage atteint des records mondiaux, et que plus d’un sixième de l’humanité souffre de la faim, la concentration des richesses est devenue telle que le revenu gagné par les 100 plus grands milliardaires au monde rien qu’au cours de l’an dernier représente quatre fois la somme nécessaire pour abolir la pauvreté sur toute la planète!

    Comme d’habitude, le prix de la crise, tout le monde le paie, sauf ceux qui en sont responsables. Pour l’élite capitaliste en effet, l’année 2012 fut un “grand cru”: malgré la crise, les multinationales et les grandes banques qui contrôlent l’économie mondiale (BMW, JPMorgan Chase, Goldman Sachs, Samsung, Adidas, Ryanair,…) ont réalisé des bénéfices record.

    Comme dans un gigantesque casino, une poignée d’acteurs financiers se font des juteux profits en spéculant sur le prix des biens de première nécessité, pendant que dans l’ensemble du Maghreb, du Moyen-Orient et ailleurs, la hausse vertigineuse de ces prix, aggravée par les mesures antisociales imposées par le FMI, poussent des pans entiers de la population dans une pauvreté encore plus grande.

    Aux Etats-Unis, alors que les grandes banques annoncent toutes des nouveaux profits spectaculaires, le pouvoir d’Obama prépare l’opinion à une nouvelle cure d’austérité massive.

    Sur l’ensemble du continent européen aussi, les travailleurs sont priés de payer la note du sauvetage des banques et des spéculateurs, subissant pour cela une offensive d’austérité sans précédent, faite de centaines de milliards d’euros de coupes dans les dépenses publiques, tandis que les taux de chômage en Europe du Sud atteignent des chiffres dignes de la Grande Dépression des années ’30. En parallèle, la trésorerie accumulée par les 265 grandes sociétés européennes ayant publié leurs résultats 2012 atteint…364 milliards d’euros ; une immense montagne de liquidités que les capitalistes refusent d’investir dans l’économie, et un exemple de plus du caractère absurde, parasitaire et complètement pourri du système en place.

    Ce système craque de toutes parts. Car pour maintenir la richesse opulente d’une poignée de patrons, de banquiers et d’actionnaires, il n’a d’autre choix que de renforcer la répression contre ceux qui résistent, d’encourager la division des opprimés pour affaiblir leurs luttes, d’imposer de nouvelles souffrances, de nouveaux drames sociaux, humains et écologiques aux quatre coins du monde.

    Début mars, à l’occasion du tragique anniversaire de la catastrophe de Fukushima, des dizaines de milliers de Japonais et de Taïwanais sont descendus dans les rues pour dénoncer la politique pro-nucléaire de leurs gouvernements : encore une fois, c’est la course au profit, à travers l’avidité de la multinationale énergétique TEPCO, qui avait conduit à une des plus grosse catastrophe environnementale et humanitaire de tous les temps. Dans le contexte de crise, la compétition accrue entre grandes puissances pour les zones d’influence et le contrôle des marchés est aussi à l’origine d’un accroissement des conflits armés, dont l’intervention impérialiste au Mali n’est que le dernier exemple en date. Derrière le discours d’une France « libératrice » au Mali se cachent en effet des ambitions stratégiques dans une région riche en ressources, mais aussi un juteux business de guerre pour l’industrie militaire française.

    La lutte de masse à l’ordre du jour

    En contrepartie, ces dernières années ont vu des millions de travailleurs et de jeunes à travers le globe s’engager sur le chemin de la lutte de masse, des grèves, des manifestations, des sit-in, des occupations…

    • Le 2 mars, environ 1,5 million de personnes ont manifesté dans les rues du Portugal, sous le slogan “Que la Troïka aille se faire voir” : la plus importante mobilisation de l’histoire du pays.
    • Les 20 et 21 février, l’Inde a connu la plus grande grève de son histoire, plus de 100 millions de travailleurs paralysant l’économie du pays pour protester contre la hausse des prix, la précarité et les privatisations.
    • L’Afrique du Sud a été submergée par une déferlante de grèves sans précédent dans le secteur minier, chez les ouvriers agricoles, et dans d’autres secteurs encore, pour protester contre les bas salaires, contre les conditions de travail épouvantables, et contre le régime corrompu, anti-démocratique et pro-capitaliste de l’ANC.
    • La récente révolte dans le village de Shangpu dans le Sud de la Chine, où des paysans protestant contre la saisie de leurs terres ont tenu tête pendant plus de deux semaine aux autorités, est symptomatique de la colère et de l’agitation sociale de plus en plus audible contre la dictature du Parti “Communiste” Chinois.

    Les trois derniers exemples illustrent aussi que les pays du “BRICS” (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) n’offrent clairement pas une alternative viable pour la population de ces pays. Au contraire, là aussi, les masses se lèvent pour demander leur part d’une croissance ayant essentiellement profité aux riches.

    Une époque de révolutions et de contre-révolutions

    Tous les symptômes de bouleversements révolutionnaires majeurs sont en gestation, et cela dans quasiment toutes les parties du monde. Le seul élément manquant est une alternative politique de masse qui puisse organiser la classe ouvrière, la jeunesse et les pauvres autour d’un programme cohérent de transformation sociale. Cela est illustré par ce qui se passe aujourd’hui en Tunisie et en Egypte.

    Le renversement de Ben Ali et de Mubarak avait démontré la puissance du mouvement des travailleurs lorsque celui-ci se met en action de manière unie et décidée. C’est en effet la menace de paralysie de l’économie, l’entrée en scène des travailleurs salariés dans de puissants mouvements de grève, mettant directement en péril les intérêts des capitalistes et des grands propriétaires, qui avait poussé ces dictateurs vers la porte de sortie. C’est d’ailleurs aussi en grande partie la faiblesse d’un tel mouvement s’appuyant sur la force collective et unifiée de la classe ouvrière qui est à l’origine de l’impasse croissante du conflit en Syrie.

    Cependant, les nouveaux régimes arrivés au pouvoir au Caire et à Tunis ont rapidement dévoilé leurs vrais visages: celui de la contre-révolution. Sous leur règne, la pauvreté et le chômage ont franchi de nouveaux records. La montée de l’intégrisme religieux, l’exploitation économique, le mépris des élites et la violente répression contre tous ceux et toutes celles qui aspirent à un réel changement continuent plus que jamais.

    Après les premières victoires initiales, la suite des événements a mis en évidence le fait que l’esprit de sacrifice et toute la détermination du monde ne sont pas, en soi, des ingrédients suffisants pour aboutir à une victoire décisive pour la révolution. Si dans les deux pays, le potentiel pour une nouvelle vague révolutionnaire est bien présent, encore faut-il que celle-ci soit armée d’un programme et d’une stratégie clairs, visant à en finir pour de bon avec la vieille société, et à concrétiser les aspirations de la population à une vie meilleure.

    La Grèce, devenue un symbole de la résistance héroïque des travailleurs et des jeunes face à la thérapie de choc des politiques capitalistes, a connu dans les trois dernières années pas moins de 21 grèves générales de 24h, ainsi que trois de 48h. Pourtant, l’austérité continue plus que jamais : la répétition de grèves générales fort étalées dans le temps, sans objectifs bien précis, ne s’inscrivant pas dans un plan d’action à long terme visant à renforcer les mobilisations jusqu’à renverser le système en place, contribue à semer l’épuisement et le découragement plus qu’autre chose. La stratégie timorée des directions syndicales bureaucratiques a clairement montré ses limites: à l’heure d’un offensif tout azimut de la part des capitalistes, de telles demi-mesures ont autant d’efficacité que de jeter des verres d’eau sur un bâtiment en flammes. C’est pourquoi la reconstruction de syndicats de combat, organisés démocratiquement et dont les dirigeants sont responsables devant leurs membres, est une partie essentielle du processus nécessaire pour mener une lutte efficace contre l’offensive capitaliste.

    Quelle alternative ?

    La classe des travailleurs, alliée aux masses pauvres, aux petits paysans, et au dynamisme vital de la jeunesse, a clairement le pouvoir de transformer la société. Seule les travailleurs possèdent la puissance économique (au travers des mobilisations de masse, des grèves, des occupations d’entreprise) pour bloquer tous les canaux vitaux sur lesquels reposent la puissance et les instruments de violence des possédants.

    Mais « bloquer » la société ne suffit pas : il faut que les masses laborieuses se réapproprient les leviers stratégiques de l’économie, pour la reconstruire sur des bases nouvelles. Aboutir à un tel changement nécessite la construction d’une organisation capable d’unifier les diverses couches des masses en lutte, afin de les mener résolument à l’offensive et d’arracher le pouvoir des mains des capitalistes. Au travers de comités organisés sur les lieux de travail, les universités, dans les écoles et les quartiers, coordonnés à chaque niveau, et composés de représentants démocratiquement élus, les bases pourraient être posées pour une reprise en mains collective de la société au service de ceux qui la font véritablement tourner, et non des exploiteurs actuels. Le potentiel pour un tel changement, une révolution socialiste, n’est pas une utopie: il est contenu en germes dans les luttes et les aspirations des masses qui se mettent en mouvement aux quatre coins du monde contre les horreurs du système en place.

    Le socialisme signifie une société gérée démocratiquement par les travailleurs, où la production et ses fruits sont mis sous propriété publique et planifiés rationnellement et démocratiquement, en vue de satisfaire les besoins de chacun. Toutes les techniques, cultures, sciences et capacités productives modernes seraient ainsi mises ainsi au service de l’ensemble de la population, au lieu d’être monopolisées par une minorité qui s’enrichit toujours plus sur le dos de l’immense majorité des habitants de la planète.

    • A bas la dictature des marchés!
    • L’impérialisme hors du monde néocolonial ! A bas le FMI et tous ses plans de misère ! Répudiation du paiement de toutes les dettes, sans conditions !
    • Non aux privatisations ! Non aux coupes dans les services publics, non à l’austérité !
    • Pour le partage du temps de travail entre tous et toutes!
    • Pour une éducation et une santé gratuite et de qualité, pour un revenu minimum vital pour tous et toutes!
    • Stop au racisme, au sexisme, à la discrimination religieuse, à l’homophobie…Pour une lutte unifiée des travailleurs, des jeunes et des masses pauvres contre le capitalisme et l’impérialisme!
    • Pour la nationalisation des banques et des secteurs-clés de l’économie, sous le contrôle et la gestion démocratique des travailleurs et de la population
    • Pour un plan de production socialiste, déterminé démocratiquement en fonction des besoins sociaux, et respectueux de l’environnement !
    • Pour une société socialiste, débarrassé de l’exploitation, des guerres et de la misère !

    Qu’est-ce que le CIO ?

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) est une organisation internationale socialiste, qui lutte sans relâche pour les intérêts des travailleurs, des jeunes et des peuples opprimés à travers le monde. Nous disposons de partis, de groupes et de militants dans une cinquantaine de pays sur tous les continents, du Sri Lanka au Québec, du Kazakhstan au Chili. Le capitalisme est un système mondial; par conséquent, les travailleurs, les jeunes et les opprimés du monde entier ont besoin de s’unir à la même échelle pour le mettre à bas.

    Si vous voulez nous rejoindre ou disposer de plus d’infos: contactez nous via cwi@worldsoc.co.uk – 0021622837971 ou visitez notre site web: www.socialistworld.net – (www.socialisme.be ou www.gr-socialisme.org en francais)

  • L'Afrique peut-elle sauver le capitalisme ?

    L’élite capitaliste cleptomane vit dans l’opulence, mais la croissance ne touche pas les masses laborieuses

    ”Je suis absolument convaincu du fait que l’Afrique représente la prochaine zone pionnière économique mondiale, et je ne suis pas le seul à partager cette conviction” affirmait en avril dernier Johnnie Carson, sous-secrétaire d’Etat américain pour l’Afrique. Il n’est pas le seul à exprimer son optimisme croissant au sujet de l’Afrique. Comme il l’a fait remarquer, les perspectives de croissance de la Banque mondiale pour l’Afrique pour les deux prochaines années se situent entre 5 et 6 %, un taux de croissance au-delà de celui de l’Amérique latine, de l’Asie centrale ou de l’Europe.

    Peluola Adewale, Democratic Socialist Movement (CIO Nigeria)

    Selon les prévisions du FMI pour les cinq années qui suivent 2011, sept pays africains (Éthiopie, Mozambique, Tanzanie, Congo-Kinshasa, Ghana, Zambie et Nigeria) se trouveront dans les top dix des pays à la croissance la plus rapide au monde. Une analyse du magazine The Economist révélait l’an dernier que six pays africains (Angola, Nigeria, Éthiopie, Tchad, Mozambique et Rwanda) se trouvaient dans le top dix des pays qui ont eu la croissance la plus rapide entre 2000 et 2010. De fait, l’Afrique a commencé à attirer des remarques positives de la part des commentateurs capitalistes, surtout depuis le début de la crise économique mondiale.

    Cette crise, qui est la pire crise capitaliste depuis la Grande Dépression des années 1930, a enflammé l’Europe et les États-Unis, poussant apparemment les stratèges capitalistes à aller chercher le succès ailleurs – et ils en auraient trouvé en Afrique.

    Les grands médias capitalistes ont arrêté leur campagne permanente de dénigrement du continent africain, et acclament à présent en grande pompe la moindre tendance “positive”. On peut voir un exemple clair de tout ceci dans les pages de The Economist où l’Afrique s’est métamorphosée, passant de “Continent sans espoir” en mai 2000 à “Continent rempli d’espoir” en décembre 2011.

    Cependant, la plupart des superbes taux de croissance de ces pays reflètent une hausse de la valeur des exportations des matières premières, à la fois en termes de production et en termes de prix, qui est liée à la croissance de la demande mondiale, surtout de la part de la Chine. Par exemple, le prix du pétrole est passé de 20 $ du baril en 1999, à 147 $ en 2008. Ces statistiques, de manière générale, ne reflètent pas une croissance généralisée de l’économie du continent ni de son niveau de vie. De plus, tout ralentissement de l’économie, que ce soit en Occident ou en Chine, aura pour conséquence une baisse brutale de la demande pour les exportations africaines.

    Une grande misère

    Pour la plupart des travailleurs, qui n’ont vu qu’une aggravation de leurs conditions de vie d’année en année, les statistiques économiques impressionnantes qu’on voit apparaitre çà et là sont un grand mystère. En fait, la forte augmentation du prix de la nourriture et du carburant revient à une attaque constante contre le niveau de vie. L’Afrique est aujourd’hui un continent dévasté par une misère de masse, avec un accès très limité aux nécessités vitales de base.

    Par exemple, en Éthiopie – pays qui se trouve justement sur la “liste d’or” –, 90 % de la population a été classée en tant que “pauvre multidimensionnelle” par un rapport du Programme des Nations-Unies pour le développement (Pnud) publié en 2010. La situation au Nigeria, qui est le plus grande producteur de pétrole africain, a également été très correctement décrite par le Pnud. Son représentant dans le pays, M. Daouda Touré, a remarqué que ”Depuis maintenant plus d’une décennie, le Nigeria a connu un taux de croissance élevé permanent, qui n’a pas eu la moindre répercussion sur le plan de l’emploi ni sur celui de la réduction de la pauvreté parmi ses citoyens.” Il ajoute : ”Les statistiques disponibles en ce moment suggèrent que le taux de pauvreté au Nigeria s’est en réalité aggravé entre 2004 et 2010” (The Nation, Lagos, 29 août 2012). Cela n’a que confirmé ce que le statisticien général du Nigeria, M. Yomi Kale, avait dit concernant le ”paradoxe (…) qui fait que malgré le fait que l’économie nigériane est en pleine croissance, la proportion de Nigérians vivant dans la pauvreté ne fait qu’augmenter d’année en année.” (The Guardian, Lagos, 14 février 2012).

    L’Afrique du Sud, qui est la plus grande économie du continent, est aussi le deuxième pays le plus inégalitaire au monde. Cela, malgré la politique du “black economic empowerment” (promotion économique des noirs) menée par le gouvernement ANC dans l’Afrique du Sud post-apartheid.

    En Angola, les deux tiers de la population vivent avec moins d’un euro (656 FCFA) par jour, et seuls 25 % des enfants fréquentent l’école primaire (The Guardian, Londres, 18 novembre 2011). L’Angola est pourtant le pays qui a eu le taux de croissance économique le plus élevé au monde, avant la Chine, dans les années 2000 à 2010. L’Angola représente à l’heure actuelle un paradis économique pour le capitalisme portugais, dont le pays natal se trouve en ce moment sous les feux de la crise de la zone euro. Ce pays nous offre ainsi un exemple classique de migration inversée entre l’Europe et l’Afrique. Non seulement l’Angola abrite aujourd’hui une communauté de 150 000 Portugais chassés par le chômage dans leur pays, mais il a également massivement investi ses pétrodollars au Portugal. La compagnie pétrolière d’État angolaise, la Sonangol, est le principal actionnaire d’une des plus grandes banques du Portugal, la Millenium BCP. En juin 2010, l’ensemble des investissements angolais dans des entreprises portugaises étaient estimés valoir plus de deux milliards d’euros, selon le Financial Times. Et pourtant, on ne trouve quasiment ni électricité ni eau potable dans tout le pays, même dans la capitale Luanda.

    Tout cela est symptomatique de la situation en Afrique, où la croissance économique se reflète uniquement dans l’opulence de l’élite de voleurs capitalistes au pouvoir, et aucunement dans le développement de l’infrastructure ou dans l’amélioration du niveau de vie de la masse de la population.

    Mais les stratèges capitalistes ne sont pas concernés par le sort des travailleurs. Tant qu’il y a des ressources naturelles à exploiter librement pour leurs super-profits, l’Afrique est pour eux tels un lit de roses.

    Comme le rapportait The Guardian de Londres : ”Il y a parmi le monde des affaires de plus en plus de confiance dans le fait que l’Afrique est la destination d’investissements qui donne les plus grands profits au monde” (28 mars 2012). C’est ainsi que la banque d’investissements mondiales Goldman Sachs disait dans un rapport en mars 2012 que : ”L’Afrique est une destination à laquelle les investisseurs doivent réfléchir, pour une croissance sur le long terme (soit on y participe, soit on rate une bonne occasion).”

    Cette course à la super-exploitation de l’Afrique explique pourquoi le continent, avec ses immenses ressources naturelles et ses immenses terres fertiles pour l’agriculture, est dominé par des multinationales et est dirigé sur base d’une politique capitaliste néolibérale qui bénéficie avant tout à l’Occident impérialiste.

    L’absence d’infrastructures de base (ou, quand elle est présente, sa médiocrité) signifie que l’Afrique est toujours en très grande partie dépendante de ses exportations de matières premières, et que le continent dans son ensemble ne compte toujours que pour un ridicule 2 % de la production mondiale.

    Les soi-disant “investisseurs” ne sont surtout intéressées que par les industries d’extraction qui, bien que créant de la croissance, ne créent que très peu d’emplois. Cet échec dans le développement de l’industrie de transformation explique pourquoi l’Afrique, en tant qu’exemple classique de croissance sans emploi, ne peut imiter le rôle de la Chine en tant que moteur du capitalisme mondial, malgré son immense population et son urbanisation croissante. Au contraire, c’est le capitalisme qui garantit le sous-développement du continent.

    Une corruption rampante

    Les souffrances de l’Afrique sont également dues à la corruption caractéristique de ses dirigeants. Il convient cependant bien de souligner le fait que la corruption est loin d’être propre de l’Afrique ou des pays en développement.

    La plupart des ressources qui restent en Afrique, après les pertes dues au commerce inéquitable et au payement de la dette, sont volées par les dirigeants pro-impérialisme corrompus, puis envoyées vers des comptes en banques privés à l’étranger, en Europe ou en Amérique.

    Le capitalisme néolibéral, qui entraine avec lui privatisations et dérégulations, a donné encore plus de marge aux dirigeants africains pour piller le trésor public, puisque ce ne sont plus eux qui sont censés utiliser ces ressources afin de fournir les infrastructures et les services de base.

    Mais face à cette situation, les travailleurs, les jeunes et les pauvres du continent sont loin d’être passifs. L’Afrique a une longue histoire de luttes de masse contre le colonialisme et le racisme. Plus récemment, on a vu apparaitre des luttes contre les régimes pourris et corrompus et pour une vie meilleure, comme on l’a vu après les insurrections de masse, surtout en Afrique du Nord, qui ont chassé au moins trois dictateurs. En janvier 2012, nous avons assisté à la plus grande grève générale et au plus grand mouvement de masse de toute l’histoire du Nigeria, contre la hausse du prix de l’essence. Les mineurs sud-africains, dans leur lutte pour de meilleures conditions de travail et pour un meilleur salaire, ont quasi mis à genoux l’industrie minière. Le secteur des mines compte pour une très grande part de la richesse du pays ; il est aussi un symbole de l’immense inégalité entre travailleurs et patrons.

    Cette lutte des mineurs, dans laquelle le DSM sud-africain joue un rôle dirigeant, a contribué à mettre au-devant de la lutte la revendication pour la nationalisation de l’industrie minière, ainsi que l’idée d’une alternative politique des travailleurs et des pauvres contre l’ANC.

    Les mouvements de masse des travailleurs et de la jeunesse en Europe, et en particulier en Grèce et en Espagne, contre l’austérité et contre les attaques néolibérales sur l’emploi, sur les salaires, sur l’enseignement et sur la santé, vont continuer à élever la conscience des travailleurs en Afrique. Les nouvelles luttes qui vont se développer en Afrique auront pour effet qu’il n’y aura aucun refuge sûr pour le capitalisme dans un monde de crise, et seront une source d’inspiration afin d’intensifier la quête d’une alternative socialiste.

  • Tandis que coût de la vie s’envole, les patrons chargent l’index

    Ces derniers mois, les patrons, les partis traditionnels et les médias dominants n’ont pas tari d’idées pour ‘‘réformer’’ le mécanisme de l’index, le mécanisme d’adaptation automatique des salaires à la hausse des prix. Ces diverses propositions ont pour objectif de créer un climat défavorable aux travailleurs dans le cadre des négociations entre syndicats et patrons portant, entre autres, sur nos salaires pour les deux prochaines années. Avec l’indexation et l’adaptation partielle des salaires aux prix, les travailleurs peuvent encore sauvegarder une partie de leur niveau de vie. Mais pour les grandes entreprises, cette protection est de trop dans une situation d’insécurité économique et de crise de l’euro.

    Par Peter Delsing

    Les propositions patronales visent à vider l’index de sa substance, alors que cet outil pour les travailleurs est déjà considérablement affaibli. Syndicats, le journal de la FGTB, a calculé que le prix des produits compris dans le panier qui sert à calculer l’index a augmenté de 15,66% entre 2005 et 2010. Cela ne tient pas compte de l’augmentation des prix de l’essence qui, depuis l’introduction de l’index-santé, n’est plus compris dans l’index, au contraire du gaz et de l’électricité. Et heureusement ! Mais l’essence, c’est quand même important pour les ménages belges : depuis début septembre, les prix battent les records. Certains à droite veulent aller plus loin et retirer tous les prix de l’énergie, donc également le gaz et l’électricité.

    Hausse des prix, instabilité, crise et nature chaotique du système

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    500 millions de livres de profits grâce à la spéculation alimentaire

    Ces deux dernières années, la banque britannique Barclays a réalisé un profit de 500 millions de livres (626 millions d’euros) grâce à la spéculation sur l’alimentation. Goldman Sachs, Morgan Stanley et Barclays forment le trio de tête de la spéculation alimentaire. Alors que, chez les gens normaux, on apprend aux enfants en bas âge à ne pas jouer avec la nourriture, les choses sont différentes pour les grands banquiers. Eux, ils jouent avec des stocks astronomiques de nourriture, poussent les prix vers le haut et réalisent de gigantesque profits en condamnant des millions de personnes à la faim.

    Les grandes banques parient sur les prix alimentaires et font de la nourriture un produit financier. La faim et la pauvreté deviennent ainsi des ‘opportunités d’affaires’. Un système peut-il être plus cynique que ça ? En 2010, Barclays a réalisé un profit de 340 millions d’euros grâce à la spéculation alimentaire, contre ‘seulement’ 189 millions en 2011, une diminution expliquée par la diminution du prix du maïs et du soja. Les prix élevés de 2010 étaient de très bonnes affaires. Depuis 2000, les institutions financières ont misé plus de 200 milliards de dollars sur le marché des “ressources agricoles”.

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    Les hausses des prix se font sentir sur plusieurs domaines. En 2011, en Belgique, l’inflation était de 3,49%, et elle sera probablement autour des 3% pour l’année 2012. Dans une période de crise, certains prix ont tendance à augmenter – à cause de pénuries consécutives à la nature non-planifiée de la production capitaliste ou à cause des quasi-monopoles tels qu’Electrabel. Mais d’autres prix ont aussi tendance à diminuer quand l’économie entre dans une récession sévère. Lors de l’année de crise 2009, l’économie belge s’est contractée de -2,7% et les prix n’ont augmenté que de 0,26% cette année-là, un chiffre historiquement faible.

    Mais aujourd’hui, alors que nous entrons dans une nouvelle phase de récession, la tendance reste à l’augmentation des prix. Le prix des logements n’a ainsi commencé que très récemment à diminuer en Belgique (-2% durant le premier trimestre de 2012 comparé au dernier trimestre de 2011). Mais d’après l’OCDE et le magazine ‘The Economist’, les prix des logements belges restent surévalués de 50% à 56%. Cette bulle n’a pu grandir qu’à cause du refus des gouvernements successifs de mener une politique sociale d’investissements dans la construction de logements sociaux abordables et convenables.

    En plus, le coût réel du logement est consciemment sous-estimé dans le calcul de l’index. Le loyer d’une maison ne compte par exemple que pour 6,23% du budget d’un ménage d’après le nouveau panier de l’index instauré en 2004. Pour beaucoup de familles, la réalité est pourtant plus proche des 25 à 30% (voire plus).

    La hausse des prix de l’énergie – électricité et gaz – a été stimulée par la politique irresponsable de libéralisation et par la cupidité d’entreprises comme Electrabel et GDF-Suez. Le gaz et l’électricité doivent être protégés de la soif de profits, cela doit être un service à la collectivité placé sous le contrôle démocratique de celle-ci. Quant à la hausse du prix de l’essence, elle résulte de la spéculation boursière et de l’instabilité provoquée au Moyen-Orient par le capitalisme sénile. L’ensemble du secteur de l’énergie doit être planifié de façon démocratique en fonction des besoins de la population et dans le respect de l’environnement.

    Depuis 2007, les marchés alimentaires ont connu deux chocs qui ont fait augmenter les prix de plus de 50% (Wired, 6 mars 2012). Dans les pays occidentaux, cela a entraîné des prix plus élevés dans les supermarchés et une grande pression sur le budget familial mais dans le monde néocolonial, il a été question de véritables famines.

    Les conditions météorologiques plus extrêmes, dans ce système capitaliste incapable de gérer la crise écologique, ont conduit à de plus fréquentes sécheresses. Cela a par exemple eu un impact sur les récoltes de maïs aux Etats-Unis et en Russie, avec en conséquence des pénuries et une hausse des prix. L’utilisation de certaines céréales pour des biocarburants a aussi contribué à ce processus. Plus fondamentalement, la situation résulte d’un système non planifié où seul domine le profit à court terme, sans prendre en considération l’homme ou l’environnement. Les hausses de prix alimentaires sont aussi stimulées par la spéculation des fonds d’investissements privés et des banques d’investissements (Goldman Sachs, Barclays,…) Le ‘soutien aux banques’ et à leurs profits ont ainsi volé le pain de la bouche de 115 millions de personnes à travers le monde néocolonial depuis 2008 (chiffre de la Banque Mondiale).

    Pas touche à l’index !

    Les propositions des patrons et de leurs politiciens pour réformer l’index sont diverses et variées. On parle notamment d’indexer uniquement le salaire net, après imposition, ce qui mine notre sécurité sociale (nos pensions, nos soins de santé, nos allocations,…). On parle aussi de n’adapter que les salaires les plus bas. Mais l’index n’est pas un instrument de redistribution des richesses, seulement un instrument d’adaptation des salaires à la hausse des prix.

    Les salaires des grands managers doivent être limités par une taxe plus élevée sur les hauts revenus, ou – pourquoi pas – en introduisant une différence maximale entre les grands salaires et les autres, sur base d’une décision politique impulsée par le mouvement syndical puisqu’on ne peut s’en remettre à l’Etat capitaliste. La Fédération des Entreprises Belges (FEB) a aussi émis l’idée de négocier sur base de l’estimation d’un taux d’inflation sur deux années, ce qui revient à être dépendants de la décision arbitraire du patronat ou de ce que ce patronat essaie de vendre aux directions syndicales tous les deux ans lors de l’Accord Interprofessionnel. Bien sûr, Karel Van Eetvelt (de la fédération patronale Unizo) n’a pas pu s’empêcher d’aller plus loin : si on ne peut pas toucher à l’index, il faut laisser les travailleurs bosser deux heures de plus par semaine, sans la moindre adaptation du salaire !

    Les travailleurs et leurs familles doivent lutter pour la restauration complète de l’index afin que les adaptations des salaires et des allocations représentent réellement l’augmentation du coût de la vie rencontrée ces 30 dernières années. Chaque bricolage de l’index doit être rejeté. Les patrons et les politiciens établis veulent essentiellement que le pouvoir d’achat et le niveau de vie des travailleurs et de leurs familles se détériore plus vite que dans les pays voisins (la ‘‘compétitivité’’). Obtenir des salaires décents et disposer d’une bonne sécurité sociale, cela se heurte au capitalisme et à sa crise sans issue. Les richesses sont pourtant suffisantes dans la société : entre 1970 et 2011, la croissance économique moyenne fut de l’ordre de 2,3%, bien que ce rythme diminue. Le capitalisme assure que cette richesse soit répartie de manière sans cesse plus inégale. Les travailleurs et les jeunes doivent s’opposer à ce système. Lutter pour la défense de droits sociaux fondamentaux comme l’index, cela signifie lutter pour une autre société, une société socialiste.

  • La dictature des marchés conduit à des régimes technocratiques

    En Italie et en Grèce, les technocrates ont pris fonction à la tête des gouvernements. Cette nouvelle étape anti-démocratique est présentée comme une mesure des plus nécessaires afin de laisser l’administration publique en des ‘‘mains sûres’’. Mensonge ! Papademos (en Grèce) et Monti (en Italie) ont été choisis par le secteur bancaire, pas par la population ! Le fait que ces ‘‘technocrates’’, des banquiers en réalité, aient été propulsés à la tête des Etats illustre la gravité de la crise pour la classe capitaliste dans ces pays bien sûr, mais aussi à travers l’Europe.

    Réaction de Paul Murphy

    Pour tenter de sauver leur système, les droits démocratiques de la population sont sacrifiés aux pieds des marchés. Avec la troïka du Fonds Monétaire International (FMI) de l’Union Européenne et de la Banque Centrale Européenne, les marchés ont balayé la démocratie pour directement placer leurs propres pions. L’objectif de ces technocrates est on ne peut plus limpide : reporter le coût de la crise sur le dos des travailleurs, des chômeurs et des pauvres.

    Jusqu’au week-end dernier, Monti était conseiller auprès de la banque Goldman Sachs tandis que Papademos est l’ancien vice-président de la Banque Centrale Européenne. Il s’est publiquement prononcé contre l’amortissement des dettes des banques grecques, parce que cela affecterait tout le secteur bancaire.

    En 2010, dans le magazine Rolling Stone, Goldman Sachs a été qualifiée de ‘‘banque d’investissement la plus puissante au monde’’ et de ‘‘vampire qui tient l’humanité sous son emprise et qui plonge impitoyablement ses dents dans tout ce qui sent l’argent.’’ La banque d’investissement peut dominer ‘‘des secteurs économiques entiers’’.

    Ces ‘‘technocrates’’ sont présentés comme des experts en mesure de résoudre la crise financière, comme s’il s’agissait d’hommes sages au-dessus des politiciens. La ‘‘dictature des technocrates’’ par du principe que l’économie et la politique sont distinctes l’une de l’autre. Mais ces technocrates ne serviront en aucun cas le ‘‘bien commun’’ et la population ; ils sont aux ordres de ceux qu’ils représentent, et qu’ils ont toujours représentés : l’élite financière.

    Au sein du Parlement européen, le député européen Paul Murphy (député du Socialist Party, notre parti-frère irlandais) a clairement défendu qu’il fallait riposter par une grève générale européenne et par un mouvement massif des travailleurs, des chômeurs et des jeunes. Nous devons renverser cette dictature des marchés et construire une société gérée démocratiquement, dans les intérêts de la majorité de la population.

    Intervention de Paul au Parlement européen

    ‘‘Mme le président, je me suis abstenu concernant ce rapport, parce qu’il ne résout pas le problème de la dictature des marchés que subit notre société. Nous avons pu voir ces dernières semaines jusqu’où va cette dictature. Ces faits font penser à l’époque coloniale de l’Europe. L’argument qui a servi pour désigner ces gouvernements technocratiques en Italie et en Grèce est en effet similaire : la population n’est pas en mesure de se diriger elle-même. Le résultat est que les droits démocratiques pour élire un gouvernement sont subordonnés aux besoins du marché, aux besoins des banquiers, aux bénéfices de l’élite au sommet de notre société.

    ‘‘Les technocrates qui ont été désignés ne se trouvent pas dans une zone neutre entre les 1% et les 99%. Jusqu’au week-end dernier, Mario Monti était conseiller auprès de Goldman Sachs. Papademos a défendu les intérêts des banquiers contre l’amortissement des dettes grecques. Leur mandat n’est pas issu de la population italienne, grecque, ou du reste de l’Europe. Leur mandat leur a été accordé par les marchés. C’est un mandat destiné à s’attaquer au niveau de vie de la population afin de servir les intérêts de l’élite, et uniquement eux. Il faut une résistance européenne contre cela, une lutte européenne contre les économies et contre la domination de l’élite. Une grève générale européenne constituerait une bonne étape dans cette direction.’’

  • En Bref…

    Cette rubrique est destinée à mettre en avant différents faits, citations, vidéos ou petites nouvelles particulièrement frappantes.


    8.890 chômeurs privés d’allocations en 6 mois

    Au cours des 6 premiers mois de l’année, pas moins de 5.224 chômeurs ont été sanctionnés en Wallonie, et 2.196 en Flandre en les privant temporairement ou définitivement de leur allocation de chômage. C’est un quart de plus que l’an dernier. L’Onem avertit de suite que la différence s’explique par le fait que les chômeurs sont plus contrôlés, et plus facilement sanctionnés. La chasse aux chômeurs fonctionne donc très bien… A quand une diminution du temps de travail avec embauches compensatoires et sans perte de salaire, histoire de s’en prendre au chômage et pas aux chômeurs ?


    Plus d’un postier malade est licencié chaque jour

    Plus d’un postier est licencié chaque jour pour cause de maladie! Point commun: toutes les victimes de ces licenciements sont contractuelles et ne sont donc pas protégées comme les statutaires, dénonce la CSC Transcom. André Blaise, responsable général du secteur poste à la CSC Transcom affirme : “En 2010, nous en avons compté un peu plus de 400. Et pour 2011, on est encore bien partis.” Sur 30.000 employés, bpost compte 20.000 statutaires et 10.000 contractuels, ce qui n’est pas légal.


    Le Trou noir

    L’hebdomadaire britannique The Economist, considéré comme une référence mondiale, prévient des risques d’un trou noir dans son édition de cette semaine. ‘Be Afraid’ (‘prenez peur’) titre le magasine en première page, car l’économie mondiale se dirige droit vers un gigantesque Trou noir. Le magazine développe ses arguments en ce sens : les dirigeants européens ne parviennent pas à sauver l’euro, aucun indicateur économique n’est positif quant à une reprise, les économies émergentes commencent à s’essouffler, les nouvelles des Etats-Unis ne sont pas bonnes,… The Economist affirme que les politiciens ont tort de se concentrer sur des économies à court terme, mais aussi qu’il manque de politiciens honnêtes. ‘‘En Allemagne, où le chômage est inférieur à celui de 2008, les électeurs croient que les Grecs et les Italiens sont paresseux et constituent le problème. Merkel doit encore expliquer à ses électeurs que les banques allemandes font partie du problème et que l’électeur a le choix entre une solution coûteuse et l’effondrement de ses banques.’’


    10 ans après le 11 septembre. Le nombre d’attaque continue d’augmenter au Pakistan

    Attentats-suicides, bombes et attaques contre la population, voilà dix ans qu’il s’agit d’une réalité quotidienne au Pakistan. Alors que différente régions du pays étaient encore dans les années 1970 un paradis pour les hippies et les touristes, c’est maintenant la peur et la violence qui domine. Les touristes ont disparu depuis bien longtemps. Depuis le 9 septembre 2011, le Pakistan a changé et est devenu le centre international des attentats suicides. Depuis le 09/11, on a compté une moyenne de 480 décès et de 1014 blessés chaque année. Dans les années ’90, le Pakistan n’avait connu qu’un attentat-suicide, une attaque contre l’ambassade égyptienne à Islamabad en 1995.

    Le top-trois des attentats-suicides s’établit pour l’instant comme suit:

    1. Irak : plus de 12.000 morts et de 30.000 blessés depuis le début de la guerre en 2003.
    2. Pakistan : 303 attentats-suicides ayant causé 4.808 morts et 10.149 blessés
    3. Afghanistan: 736 attentats-suicides au total, ayant causé 3.755 morts

    Si l’Irak connaît une diminution du nombre d’attentats, c’est l’inverse au Pakistan. En 2003, il y a eu 70 morts dans ce pays, pour 766 en 2007 et 1.172 en 2010. Pour cette année, nous en sommes à 601 décès pour les 9 premiers mois.


    La crise augmente le nombre de suicides

    Le site Express.be a écrit cette semaine: " Les suicides ont augmenté de 40% en Grèce sur les cinq premiers mois de cette année, par rapport à la même période de l’année dernière, écrit le Wall Street Journal. Ils ont doublé depuis le début de la crise, et atteignent désormais 6 pour 100.000. Et selon les responsables de la santé mentale en Grèce, les statistiques sous-estiment la réalité, parce que le suicide est particulièrement tabou chez les Grecs. L’Eglise orthodoxe interdit les rites religieux en cas de suicide, sauf si la personne décédée était malade mentale. Les familles masquent donc les suicides en accidents. Ailleurs, en Europe, le nombre de cas de suicides a aussi progressé depuis le début de la crise financière, selon une étude récente menée par la revue britannique The Lancet. Le nombre de suicides a particulièrement augmenté entre 2007 et 2009, et notamment dans les pays les plus durement touchés. En Grèce, le nombre de suicides de personnes de moins de 65 ans a augmenté de 17% en 2008 par rapport à 2007, et en Irlande, il a progressé de 13%."


    ‘‘L’économie s’effondre’’

    La BBC a publié une interview très révélatrice d’un trader, maintenant critiqué de toutes parts aux vu de ses déclarations, un peu trop directes et honnêtes pour la bourgeoisie. Selon lui, la zone euro va tout simplement se crasher et il explique que le monde est gouverné par "Goldman Sachs".


    Vidéo de la ‘‘Marche des salopes’’ de dimanche dernier

    Jean-Marie

  • La famine en Afrique est-elle inévitable ?

    En Afrique, la famine est véritablement catastrophique, et les appels ne manquent pas pour soutenir l’aide humanitaire livrée par diverses ONG. Si la solidarité démontrée par tant de personnes est tout à fait louable, il est important de tenter de voir un peu plus loin : d’où provient cette famine ? Que peut-on faire, fondamentalement, au-delà d’une aide ponctuelle ? Voici ci-dessous un article de Paul Murphy, Parlementaire européen du Socialist Party.

    Les organisations humanitaires préviennent que la famine actuelle dans la Corne de l’Afrique est la pire depuis plus de 20 ans. Chaque jour, environ un millier de personnes fuient la Somalie pour tenter d’échapper à la faim. La sécheresse et les mauvaises récoltes constituent à n’en pas douter une des causes de cette catastrophe, mais cette dernière ne s’aggraverait pas à ce point sans l’impact de la spéculation sur les marchés alimentaires. Pourtant, l’Union Européenne et les divers pays européens laissent les spéculateurs en paix.

    Au Kenya, en un an seulement, le prix du maïs a augmenté de 160% et celui du blé de 169%. Dans le sud de la Somalie, le prix des grains a augmenté de 240% par rapport à l’an dernier. L’ampleur de ces hausses de prix dépasse même ceux connus durant la crise alimentaire de 2007-2008. La spéculation sur les récoltes à venir est un facteur déterminant de cela. Maintenant que de grands spéculateurs comme Goldman Sachs et Merrill Lynch ne savent plus spéculer sur l’immobilier, ils se sont jetés sur un nouveau marché. On estime que le groupe financier Barclays PLC a réalisé cette année 340 millions de livres de bénéfices sur base de la spéculation sur les prix de la nourriture. Entre 70 et 80% du commerce mondial de produits alimentaires sont des activités purement spéculatives.

    En avril, lors d’une réunion de la Commission du commerce international du Parlement européen, j’ai demandé à M. De Gucht (commissaire européen au commerce) : “La Commission entend-elle faire quelque chose concernant la spéculation sur les denrées alimentaires?” De Gucht a répondu de façon très vague, le message étant que rien ne sera fait.

    Cette nouvelle flambée de spéculation due à la cupidité sans limite des géants financiers signifie que nous allons tous inévitablement payer notre nourriture plus chère. Le silence des politiciens traditionnels dans ce domaine doit être brisé et il faut empêcher les spéculateurs de jouer avec notre alimentation.

    Des cultures de première nécessité n’ont rien à faire sur les marchés à terme. Si l’Union Européenne veut réellement faire quelque chose au sujet de la faim en Afrique, elle doit impérativement interdire la spéculation sur l’alimentation.

  • Italie : Dixième anniversaire de la Bataille de Gênes contre le G8

    De grandes opportunités perdues pour construire un nouveau parti de masse des travailleurs

    Il y a de cela dix ans, le 21 juillet 2001, quelque 300.000 travailleurs et jeunes marchaient avec rage et colère dans les rues de Gênes. C’était le point culminant d’une semaine de protestations contre le sommet du G8 tenu dans cette ville, sous l’égide de George Bush. Le nombre de manifestants avait été gonflé par l’outrage cause par le meurtre d’un jeune manifestant – Carlo Giuliani – commis la veille place Alimonda par les forces de l’ordre italiennes. Cette manifestation avait elle aussi été attaquée et brisée par la police, à coups de gaz lacrymogènes et de matraques.

    Clare Doyle, CIO

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) était présent avec un contingent d’une centaine de membres issus de 12 pays différents. Sur la route de Gênes, tous les manifestants avaient eu des difficultés à passer les barrages policiers – aux frontières du pays ainsi qu’en bordure de la ville. Certains avaient d’ailleurs dû faire demi-tour. La plupart des autres avaient dormi sur les plages, dans leurs voitures, dans leurs bus, ou dans des tentes à proximité de l’endroit du Forum Social, près de la mer.

    Lors de la manifestation, le CIO – qui n’avait alors que des ressources limitées en Italie – portait des pancartes revendiquant la fin des provocations policières ainsi qu’une grève générale de 24 heures en protestation au meurtre et à la brutalité policière. C’était avant l’attaque sanglante qui se déroula la nuit, du fait des carabinieri (la police spéciale), à l’école Diaz, où des dizaines d’organisateurs des protestations et de manifestants étaient en train de dormir. Les carabinieri étaient arrivés en véhicules blindés pour attaquer l’endroit avec une violence inouïe, brisant des membres et écrasant les têtes contre le sol. Aujourd’hui encore, on ne peut que se demander comment il est possible qu’il n’y ait pas eu au moins un mort de plus à Gênes.

    Jusqu’à aujourd’hui, pas un seul membre d’envergure des forces de l’Etat n’a été puni pour la mort de Carlo (dont les parents étaient encore récemment présents lors d’un meeting de Controcorrente, le CIO en Italie) ou pour le raid de l’école Diaz. Il est incroyable que le second gouvernement de Berlusconi ait pu survivre cinq autres années, des années de grèves de masse et de protestations contre ses politiques néolibérales. Il y ainsi notamment eu à Rome une manifestation de trois millions de personnes contre une modification de la législation du travail adoptée après les luttes de la décennie mouvementée des années ’70, une décennie véritablement marquée par la lutte de classe.

    En fait, une opportunité en or a été gaspillée pour la construction du soutien pour un parti des travailleurs à cet époque relativement neuf: le PRC, Partito della Rifondazion Comunista (parti de la Refondation Communiste). Ce parti avait été lancé pour remplir le vide à gauche qui a été entraîné par l’effondrement des pays staliniens et par celui du parti ‘communiste’ d’Italie, devenu une formation complètement capitaliste.

    L’absence d’une réelle alternative combative pour les travailleurs et les jeunes a permis à Berlusconi de revenir plus tard pour un troisième gouvernement après une période de ‘centre-gauche’ sous Romano Prodi, c’est-à-dire une période où le ‘centre-gauche’ a mené une politique de coupes budgétaires, de vote de crédits de guerre et de privatisations.

    Maintenant, l’Italie, la troisième plus grande économie de la zone euro, fait face à une crise majeure de confiance en son économie et en sa capacité à rembourser ses dettes. Les travailleurs et les jeunes sont en pleine ligne de mire des attaques antisociales et d’une rafale d’austérité. Une riposte est plus que nécessaire.

    Le CIO en Italie est représenté par Controcorrente, dont les membres sont actifs au sein du PRC et également à l’extérieur de ce parti en déliquescence. Marco Veruggio est membre du Comité National Politique du PRC et est l’auteur de l’article ci-dessous, initialement publié sur le site de Controcorrente.


    2001 to 2011

    Que reste-t-il du mouvement antimondialisation capitaliste?

    A Gênes, une série d’initiatives, de meetings et de débats ont été organisés pour commémorer ce qui s’est produit dans cette ville du 19 au 21 juillet 2001. Avec un anniversaire tel que celui-là, bien plus que de simplement se remémorer les faits – il existe tout un tas de publications, de films et d’initiatives à ce sujet – il est utile de dresser un bilan des évènements. Il nous semble particulièrement intéressant d’aborder non pas exclusivement ce qui s’est passé lors du G8, mais surtout ce qui s’est passé après le mouvement antimondialisation capitaliste et comment la gauche italienne a utilisé l’enthousiasme généré par les mouvements de masse de Gênes.

    Marco Veruggio, Controcorrente (CIO-Italie), Gênes

    Au crédit de ce mouvement antimondialisation capitaliste, on peut mettre le fait qu’il a attiré l’attention de millions de personnes à travers le monde sur des thèmes dont l’importance est seulement pleinement comprise aujourd’hui. C’est surtout vrai dans le cas des effets de la compétition de l’économie de marché globale, particulièrement parmi les couches les moins politisées de la population, et dans celui de la ‘financialisation’ de l’économie, tout cela s’accompagnant de l’idée qu’un ‘autre monde est possible’. Mais c’est précisément sur cette question cruciale, celle de l’alternative au capitalisme, que le mouvement antimondialisation capitaliste a failli, en développant une série de théories et de modèles au fil des ans, qui se sont effondrés sous les coups de leurs contradictions internes.

    Prenons par exemple les théories de Toni Negri sur l’impérialisme et sur le rôle central de la classe ouvrière. Selon lui, il n’y a plus de puissances impérialistes en conflit pour se diviser le monde, mais un simple et unique ‘impero americano’. Il est aussi question dans ses théories de l’idée selon laquelle la transformation sociale ne serait plus à l’avenir l’œuvre de la ‘vieille’ classe ouvrière mais de la ‘multitude’, ou encore que le travail intellectuel avait remplacé le travail industriel. Mais avec cela, on est incapable d’expliquer ce qui s’est produit les dix années qui ont suivi. Il y a eu le développement d’un ‘impérialisme européen’, qui joue aujourd’hui un rôle dirigeant dans l’intervention militaire en Libye. La Chine est aussi arrive sur le devant de la scène, et pas seulement comme un rival économique des USA et de l’UE. De l’autre côté, la classe ouvrière industrielle est revenue tout au devant de la scène sociale, comme par exemple avec le conflit en Italie entre la FIOM (syndicat métallurgiste) et les patrons de FIAT. Enfin, et ce n’est pas la moindre des choses, il y a aujourd’hui environ un milliard de travailleurs dans l’industrie en plus à travers le monde, précisément suite à la globalisation.

    Des ‘solutions’ impraticables sous le capitalisme

    De l’autre côté, même les modèles qui étaient mis en avant en exemple, comme le Brésil du temps de Lula et de la soi-disant ‘démocratie participative’, ont révélé leurs limites à long terme. Le PT (Parti des Travailleurs) de Lula a vécu de sérieuses défaites électorales, y compris à Porto Allegre, et se parti reste au pouvoir uniquement parce qu’il représente la force la plus capable d’appliquer les désirs du Fonds Monétaire International. Le fait que le Brésil ait endossé le commandement des troupes militaries envoyées en Haïti indique également que le développement économique du pays s’est accompagné d’un développement similaire du pays en tant que puissance politique et militaire, avec sa propre sphère d’influence et une expansion sur l’échiquier d’Amérique latine. On peut encore parler de l’émergence de mécanismes et de structures perverses sur les marchés financiers – bulles spéculatives, etc. – qui révèlent que la Taxe Tobin (pour laquelle militait le mouvement ‘No Global’) est insuffisante, même considérée comme étant tout juste un instrument régulateur.

    A ce moment, nous étions sévèrement critiques pour avoir soulevé ces objections. Mais l’épreuve du temps a démontré qu’elles étaient justifiées. Les dirigeants de la gauche, y compris Fausto Bertinotti du PRC, se déclaraient totalement en accord avec le mouvement. En réalité, ils n’ont fait qu’utiliser le nom de l’antiglobalisation et l’attraction représentée par le PRC au sein d’une couche de militants du mouvement dans le but de négocier avec le centre-gauche et de construire un certain rapport de force pour que le PRC rentre dans le gouvernement. Un pacte de réciprocité ave la bureaucratie du mouvement a apporté du soutien électoral pour les partis de gauches, avec en retour une représentation parlementaire pour le mouvement. Par la suite, cette représentation parlementaire a été utilisée pour soutenir les missions militaires et les politiques néolibérales d’un gouvernement dirigé par l’un des conseillers les plus en vue de Goldman Sachs, Romano Prodi.

    Nous pensons que la lutte pour une alternative est possible, mais si les forces sur lesquelles se baser, les moyens et les objectifs sont clairement définis. Nous continuons à penser que pour parvenir jusqu’au bout d’un processus de changement social, les travailleurs actuels et les jeunes – les travailleurs de demain – dans leurs organisations politiques et sociales, constituent la principale force sur laquelle se baser. Le moyen doit être la lutte et l’objectif une société où le gouvernement serait une expression de ceux qui produisent les richesses et non de ceux qui utilisent cette richesse pour produire des crises économiques, des guerres et la destruction de l’environnement.

  • DOSSIER: Capitalisme = barbarie. Pour une société socialiste !

    Le capitalisme est plongé dans une profonde crise systémique. De temps à autre, certains essaient de sauver la face en annonçant que la fin du tunnel est proche, mais c’est toujours pour ajouter très vite qu’il faudra quand même faire de sérieux efforts et des assainissements drastiques. En clair, cela signifie démanteler l’Etat-providence au cours des 5 à 10 années à venir. A la population de régler la facture de la crise qui nous a déjà coûté une longue liste de concessions salariales et horaires, de flexibilisation, d’attaques contre la sécurité sociale, les fins de carrière, les services publics, les soins de santé,…

    Dossier par Bart Vandersteene

    Remettre en cause le marché ‘libre’ ou en éviter simplement les excès?

    La chute du Mur en 1989 a inauguré le règne du dogme selon lequel le marché ‘libre’ était le meilleur système de création de richesses. On considérait comme une critique marginale de dire que cette génération de richesse était basée sur des bulles de savon spéculatives. Quant à l’écart grandissant entre pauvres et riches, tant au niveau mondial qu’en Occident, il ne devait s’agir que d’un grain de beauté destiné à disparaître avec le temps et la bonne gouvernance. La force soi-disant créatrice du marché ‘libre’ a engendré beaucoup d’illusions. Dans la pratique, elle s’est surtout révélée être une force destructrice.

    Pourtant, aujourd’hui, le marché ‘libre’ n’est pas fondamentalement remis en question. Bien au contraire, on essaie même de le sauver en disant qu’il faut seulement en éliminer les pires excès. Selon certains, il suffirait d’écrémer quelque peu les bonus des top-managers et de saupoudrer le marché d’un peu plus de régulation pour parvenir à dompter le capitalisme. L’absence d’une alternative socialiste suffisamment forte et clairement définie est aujourd’hui le plus grand obstacle au développement d’une lutte massive contre l’impact de la crise. Avec la chute du Mur, a été prédite la fin du socialisme en tant que modèle de société. Mais ce qui a disparu n’était toutefois qu’une caricature dictatoriale et non pas des modèles d’Etats socialistes.

    Le capitalisme conduit inévitablement à la crise. Avec leur salaire, les travailleurs sont incapables d’acheter la valeur qu’ils produisent collectivement, ce qui cause une tendance constante à la surproduction ou à la sous-consommation. Un tel problème peut être postposé un temps, en poussant grâce au crédit les travailleurs à déjà dépenser aujourd’hui leur salaire de demain. Mais un jour ou l’autre, la facture doit être payée.

    La faillite du système de marché ‘libre’ ne peut que stimuler la quête d’une alternative. Le marxisme va à nouveau trouver un soutien parmi les travailleurs et les jeunes à la recherche d’une solution à l’avenir sans issue qu’offre le capitalisme. Cela explique sans doute pourquoi l’ouvrage de Marx Le Capital est republié en néerlandais (ce qui n’était plus le cas depuis une trentaine d’années) ou le fait qu’un film (une comédie) se référant au révolutionnaire russe Léon Trotsky sorte au Canada. Dans de nombreux livres, textes et articles, on trouve à nouveau des références au socialisme et au marxisme.

    PS et SP.a: le capitalisme pour seul horizon

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    Cherchez l’erreur : le socialisme selon…

    • Dictionnaire Van Dale: ordre socio-économique dans lequel il n’y a plus de contradictions de classes.
    • Woorden.org: système économique dans lequel les moyens de production n’appartiennent pas à des particuliers et où les revenus de ces moyens de production bénéficient autant que possible à toute la population.
    • Larousse: Théorie visant à transformer l’organisation sociale dans un but de justice entre les hommes sur le plan du travail, de la rétribution, de l’éducation, du logement, etc.
    • Caroline Gennez (présidente du SP.a): le socialisme est une forme évoluée du libéralisme (mai 2009).

    Les quatre premiers articles de la Charte de Quaregnon:

    1. Les richesses, en général, et spécialement les moyens de production, sont ou des agents naturels ou le fruit du travail – manuel et cérébral – des générations antérieures, aussi bien que de la génération actuelle ; elles doivent, par conséquent, être considérées comme le patrimoine commun de l’humanité.

    2. Le droit à la jouissance de ce patrimoine, par des individus ou par des groupes, ne peut avoir d’autre fondement que l’utilité sociale, et d’autre but que d’assurer à tout être humain la plus grande somme possible de liberté et de bien-être.

    3. La réalisation de cet idéal est incompatible avec le maintien du régime capitaliste qui divise la société en deux classes nécessairement antagonistes : l’une, qui peut jouir de la propriété, sans travail, l’autre, obligée d’abandonner une part de son produit à la classe possédante.

    4.Les travailleurs ne peuvent attendre leur complet affranchissement que de la suppression des classes et d’une transformation radicale de la société actuelle. Cette transformation ne sera pas seulement favorable au prolétariat, mais à l’humanité toute entière; néanmoins, comme elle est contraire aux intérêts immédiats de la classe possédante, l’émancipation des travailleurs sera essentiellement l’œuvre des travailleurs eux-mêmes.

    Le fait n’est pas neuf, les sociaux-démocrates ne remettent plus en question le capitalisme, ils considèrent le marché ‘libre’ et la propriété privée des moyens de production comme des lois naturelles, à l’instar de la gravité. Bruno Tobback, le chef du groupe parlementaire du SP.a à la Chambre ne laisse planer aucun doute à ce sujet. Il a ainsi répondu dans une interview que remettre en question le marché ‘libre’, c’était comme remettre en question le fait d’avoir des relations sexuelles…

    Commentant cette situation, le journaliste Franck Albers a écrit dans le Knack (du 17 février 2010): ‘‘Evidement, le SP.a a d’autres accents que les capitalistes de Voka (une référence vers les extrémistes patronaux de la fédération patronale flamande, ndlr). L’un veut un peu plus de redistribution par l’Etat, l’autre veut un peu plus de ‘libre marché’. Le système en Europe fait yoyo entre ces deux pôles depuis déjà plus d’un demi-siècle. Mais peut-être faut-il des remèdes plus radicaux pour une solution fondamentale et orientée sur l’avenir.’’

    Même si le PS essaie de travailler son image à gauche, bien plus que le SP.a, et si Elio Di Rupo est fier de prétendre que le PS est le plus à gauche de tous les sociaux-démocrates en Europe, il se garde bien lui aussi de remettre en question le ‘libre’ marché: ‘‘les socialistes d’aujourd’hui acceptent le libre marché. Ils le voient comme un facteur dans les relations, les échanges, le progrès et le bien-être de l’individu et du collectif. Ils le voient comme un moyen de satisfaire un grand nombre de besoins.’’ (Être Socialiste Aujourd’hui, 2009). Le PS peut bien se raccrocher de temps en temps à des slogans comme ‘‘Le capitalisme nuit gravement à la santé’’ (de la FGTB wallonne), ce n’est qu’une question d’image.

    Nous pensons qu’il n’est pas possible d’éliminer les pires conséquences du capitalisme en restant dans ce système. La maximalisation des profits est un élément central, véritablement au cœur de la bête, auquel le reste n’est que subordonné. Nous assistons aujourd’hui à une spéculation contre la montagne de dettes grecques, les spéculateurs poussent la Grèce au bord de la faillite. De façon identique, la crise alimentaire de 2008 était une conséquence de la rétention de stocks de blé ou de riz par les spéculateurs, qui comptaient sur l’augmentation conséquente des prix. Des multinationales exploitent aujourd’hui des maisons de repos et même des prisons et elles n’ont aucune honte à expliquer, chiffres à l’appui, comment l’Etat peut servir de vache à lait, au mépris des conséquences sociales.

    Tout se réduit à la notion de marchandise, tant les relations humaines que le corps humain ou encore la nature. La crise environnementale crée même de nouvelles ‘‘opportunités’’ avec le commerce des droits d’émission et la commercialisation des labels ‘‘écologiques’’. Le sommet de Copenhague s’est ainsi déroulé sous les slogans hypocrites et opportunistes de Coca-Cola, Mc Donald, Carlsberg, Siemens,… De leur côté, la recherche scientifique et la justice sont ‘‘influencées’’ pour aboutir à des conclusions ‘‘correctes’’. Cette société dégouline de la pourriture du capitalisme par tous les pores.

    Le marché ‘libre’ n’est rien de plus et rien de moins que la dictature de la maximalisation des profits. On n’impose pas de règles à ce système, on l’élimine.

    Que signifie le socialisme?

    ‘‘La tâche historique de notre époque consiste à remplacer le jeu déchaîné du marché par un plan raisonnable, à discipliner les forces productives, à les contraindre d’agir avec harmonie, en servant docilement les besoins de l’homme. C’est seulement sur cette nouvelle base sociale que l’homme pourra redresser son dos fatigué et – non seulement des élus – mais chacun et chacune, devenir un citoyen ayant plein pouvoir dans le domaine de la pensée.’’ (Leon Trotsky, En défense d’Octobre, 1932)

    Nationalisation du secteur financier

    L’an dernier, plusieurs Etats ont été obligés de prendre le secteur bancaire dans leurs mains, partiellement ou entièrement. De là est née l’expression de “socialisme pour les riches”: les profits éventuels sont réservés aux grands actionnaires tandis que les pertes sont prises en charge par le gouvernement (et donc la collectivité).

    D’anciens apôtres du marché ‘libre’ en sont arrivés, avec une gêne sincère, à la conclusion que ce système n’est quand même peut-être pas l’idéal, comme Paul De Grauwe: ‘‘La théorie était que les banquiers savaient mieux que le gouvernement ce qui était bon pour eux et pour nous, et que le système avait assez de qualités autorégulatrices. Les faits nous ont démontré à quel point cette théorie était incorrecte.’’ (De Standaard, 26 janvier 2010)

    On cherche actuellement de nouvelles règles pour le secteur bancaire, mais de nombreux commentateurs crient déjà depuis des mois que rien n’a changé depuis le début de la crise, que les produits et mécanismes responsables de la chute du secteur financier il y a deux ans sont à nouveau utilisés à plein régime. Ce n’est aucunement une surprise. Obama a par exemple nommé les top-managers de la banque Goldman Sachs à son cabinet des Finances. Goldman Sachs était d’ailleurs un des plus grands bailleurs de fonds de la campagne électorale d’Obama. Les politiciens traditionnels ne sont pas grand-chose d’autre que des marionnettes aux mains des décideurs économiques. Ils sont d’ailleurs richement récompensés par la suite avec des postes lucratifs dans les conseils d’administration: Dehaene chez Inbev et Dexia, Willy Claes chez Carrefour,…

    Le secteur financier doit être retiré des mains de ces charognards. Seul un secteur financier aux mains de la collectivité sous le contrôle des travailleurs et des usagers peut garantir que ce secteur remplisse ses tâches essentielles.

    Pour une économie nationalisée et planifiée

    Affiche du PSL pour les élections de 2009

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    Ce qui vaut pour le secteur bancaire vaut également ailleurs. Tant que les différents secteurs de l’économie restent aux mains d’une petite minorité de grands capitalistes, ils resteront bloqués dans la logique du système selon laquelle les profits sont prioritaires sur toute autre considération.

    ‘‘Le marché libre est un grand mensonge. Il n’existe d’ailleurs pas. La confusion entre libre marché et liberté humaine est dangereuse. (…) Cette crise confirme que le monde repose sur sa tête, les pieds en l’air et la tête en bas. Ce qui doit être puni est récompensé et vice versa. La spéculation est récompensée et le travail est puni. Aujourd’hui, le système est démasqué, c’est un système basé sur la privatisation des profits et la socialisation des pertes.’’ (Eduardo Galeano, Mo-magazine, 27 mai 2009)

    Dans une société socialiste, les usines, les machines et les terrains des secteurs clés seraient propriété publique afin qu’ils soient au service de la satisfaction des besoins de la population.

    Pour une société démocratique et socialiste

    Une économie socialiste doit être une économie planifiée. C’est la seule option permettant que la technologie, les forces de travail, la science et les matières premières soient utilisées de manière efficace et durable pour la satisfaction des besoins humains.

    Toute la société doit être activement impliquée dans l’élaboration d’un tel plan et dans les décisions sur la façon de produire. Des réunions locales pourraient élire des représentants mandatés à participer aux discussions et décisions au niveau régional, national et même international. Ces élus devraient systématiquement rendre des comptes à leur base et être révocables à tout moment. La motivation d’un élu ne pouvant jamais être basée sur des privilèges, les représentants ne pourraient pas gagner plus que le salaire moyen d’un travailleur.

    Pour permettre à chacun de participer à la gestion de la société, le temps de travail doit être drastiquement réduit, mais cela est parfaitement possible si on stoppe toute production inutile et si la production est orientée vers des produits durables et non des produits jetables propres à la société capitaliste. La répartition du temps de travail en impliquant les centaines de millions de chômeurs actuels aurait aussi un impact important pour diminuer le temps de travail de chacun.

    Enfin, seule une économie socialiste où la richesse et les investissements sont gérés collectivement est apte à garantir le développement de méthodes de production qui préservent notre environnement. Pour notre avenir, le socialisme est la seule option.


    Les 125 ans du Parti Ouvrier Belge – Les 120 ans du premier mai

    Le 5 et le 6 avril, nous avons fêté le 125e anniversaire de la fondation du Parti Ouvrier Belge (le prédécesseur du PS et du SP.a). La mise sur pied d’un parti ouvrier en 1885 a constitué un important pas en avant pour le mouvement ouvrier de notre pays. Avant cela, les travailleurs comptaient sur les libéraux de gauche présents au Parlement. Mais une telle approche ne faisait notamment pas progresser la lutte pour le suffrage universel. Avec la mobilisation des masses et la constitution d’un parti ouvrier indépendant de la bourgeoisie, une arme plus forte a été forgée.

    Le POB a été fondé par une centaine de personnes représentant pas moins de 59 associations, dont des mutuelles, des syndicats, des groupes politiques, des groupes de lecteurs et des coopératives. Dès le début, il y a eu beaucoup de confusion. Les coopératives ont toujours plus déterminé les positions politiques du parti et cela a plusieurs fois signifié d’éviter tout élargissement conséquent de la lutte.

    La lutte pour le suffrage universel (pour les hommes…) a été menée grâce à la grande pression de la base du parti et contre la grande peur qu’éprouvait la bourgeoisie face à la croissance du POB. Dans ce contexte s’est tenu en 1894 un congrès idéologique qui a adopté la Charte de Quaregnon (voir ci-contre). En comparaison, et même si un certain nombre de faiblesses étaient présentes, les programmes actuels du PS et du SP.a font pâle figure.

    Le POB ne remettait pas suffisamment conséquemment en cause le capitalisme, mais c’était là un outil de taille à disposition des travailleurs afin qu’ils puissent lutter pour améliorer leurs conditions de vie et de travail. C’est cette lutte qui a donné d’importantes victoires, comme la journée des huit heures.

    Ce combat pour la journée des huit heures est inséparablement lié au Premier mai. Il y a 120 ans, le premier mai était la première journée d’action internationale pour les huit heures. Dès 1890, après des actions antérieures qui se sont déroulées aux Etats-Unis, des grèves ont eu lieu partout le premier mai, souvent réprimées. En Belgique aussi, des travailleurs ont été tués parce qu’ils militaient le Premier mai.

    Aujourd’hui, il n’y a plus de grand parti ouvrier – le PS et le SP.a sont devenus des partis vides où seule compte la politique gouvernementale néolibérale – et cela a dans beaucoup de cas vidé les commémorations du Premier mai de son essence combattive. Au même moment, le principe de la journée des huit heures subit des attaques de toutes parts.

    En vue des attaques à venir contre nos salaires, nos pensions, les soins de santé, l’enseignement,… nous allons devoir renouer avec ces traditions établies il y a de cela 125 et 120 années. Nous avons besoin de notre propre parti des travailleurs de masse et nous allons devoir lutter, internationalement, pour défendre nos intérêts! Cela constitue une part de la lutte pour une alternative socialiste contre la barbarie capitaliste.

  • Les prix de l’énergie s’envolent. Défendons notre pouvoir d’achat!

    Les travailleurs et leurs familles souffrent de la hausse des prix de l’énergie. La baisse du pouvoir d’achat pèse de plus en plus sur le bugdet des ménages. Le plein d’essence est devenu un luxe. Le prix du baril de pétrole a doublé en un an, passant de 35 à plus de 70 dollars! Les économistes disent qu’à 60 dollars le baril, le consommateur perd 270 euros par an à cause des coûts supplémentaires pour l’essence, le mazout, etc.

    Peter Delsing

    Pourquoi les prix du pétrole sont-ils devenus si instables? A chaque fois que des incidents ont lieu dans une région sensible – le cyclone Katrina, la guerre et le terrorisme au Moyen-Orient – on se réfère aux tensions entre l’offre et la demande. Certes, la demande d’énergie est plus que soutenue. Mais c’était prévisible depuis longtemps. Le fait est que les Etats-Unis n’ont pas construit de nouvelles raffineries depuis 25 ans. Les pays membres de l’OPEP ont fait la même chose. Les capitalistes de ces pays ont aussi délibérément négligé les problèmes de sous-investissement. Quand la demande est supérieure à l’offre, ces rapaces font s’envoler les prix… et leurs profits. Ce sont les travailleurs et leurs familles qui paient la note.

    Le gouvernement contraint aux concessions

    Le gouvernement de Verhofstadt était obligé de prendre des mesures. Les travailleurs de Cockerill, Arcelor, etc sont descendus dans la rue en septembre contre la hausse excessive du prix de l’énergie. Les transporteurs ont menacé d’actions et de blocages. Dans un climat social déjà alourdi par la discussion sur les prépensions, le gouvernement a dû faire quelques concessions. Il a accordé une réduction de 17,35% sur la TVA et les taxes pour l’achat de toute quantité de mazout pendant la seconde moitié de 2005. Les transporteurs vont percevoir le remboursement de leurs taxes de façon anticipée.

    C’était nécessaire, mais pas suffisant. Selon les spécialistes, les prix pétroliers vont stagner à la hausse, voire continuer de grimper, dans les années à venir. La chambre de commerce Goldman Sachs n’exclut pas la possiblité d’un baril à 105 dollars! Les mesures ponctuelles ne nous satisfont pas. La facture d’énergie dévore déjà 10% du budget quotidien de nombre de ménages.

    S’ils veulent rétablir notre pouvoir d’achat, les syndicats doivent exiger que l’essence, le diesel, etc soient réincorporés dans l’index. Le prix du mazout, qui est encore dans l’index, a doublé en 2 ans. Les patrons d’Agoria, de leur côté, n’ont pas d’états d’âme: ils exigent sans gêne aucune que le mazout soit retiré de l’index!

    Carburants dans l’index!

    Face à cette arrogance, nous devons organiser la riposte. Il faut aller chercher l’argent là où il se trouve: dans les poches des patrons et des grands actionnaires. La direction syndicale doit répondre aux attaques patronales avec un plan d’action. Il faut rouvrir la discussion sur la hausse de notre pouvoir d’achat en liaison avec la défense des (pré)pensions. Tous les carburants doivent être réincorporés dans l’index; nos salaires et allocations méritent une véritable augmentation! Non aux multinationales qui se remplissent les poches sur notre dos, oui à la nationalisation des entreprises pétrolières sous contrôle ouvrier!

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