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Tag: Francfort
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Manifestations Blockupy en Allemagne : Répression policière dans l'antre de la bête
”Nous voulons montrer qu’il y a aussi une résistance contre Merkel et la Troïka dans l’antre de la bête” commentait l’un des manifestants qui avait pris part aux ”Journées d’action Blockupy” du 1er juin à Francfort, en Allemagne. 15.000 personnes étaient présentes lors de cette marche. Le jour précédent, plus de 3.000 personnes avaient participé au blocage du siège de la Banque Centrale Européenne et d’autres institutions. Ces institutions sont considérées comme un symbole de la dictature des marchés, de la politique raciste d’immigration en Europe et de l’industrie textile basée sur la course aux profits, qui a été responsable de la mort de milliers de travailleurs encore récemment au Bangladesh.
Par Sascha Stanicic, SAV (CIO-Allemagne)
Répression d’État
”Blockupy” est une alliance de différentes organisations de gauche, le Parti de Gauche (DIE LINKE), certaines structures syndicales, Attac et d’autres groupes du mouvement social qui ont été créés l’année dernière pour construire la résistance contre les politiques d’austérité en Europe et en Allemagne.
En 2012, la ville de Francfort avait légalement interdit toutes les protestations, les manifestations et les rassemblements lors des deux jours durant lesquels les occupations et les blocages étaient censés se tenir. Même les manifestations qui n’avaient rien à voir avec Blockupy avaient été interdites. Cela a conduit à une vague de solidarité et des milliers de personnes se sont spontanément rendues à Francfort pour participer au seul évènement qui avait été autorisé : la manifestation de masse du dernier jour de la période d’actions.
Cette année, la situation a été renversée par la police. Le camp de protestation a été autorisé et les manifestations et les blocages du 31 mai ont également pu se tenir avec relativement peu de répression policière. Le gouvernement fédéral d’État, dirigé par les conservateurs, et les dirigeants policiers avaient cependant bien retenu la leçon de l’année précédente et avaient planifié la répression pour la journée de la manifestation de masse.
20 minutes à peine après le début de la manifestation, elle fut réprimée par la police et le contingent anticapitaliste de groupes d’extrême gauche à la tête de la manifestation a été encerclé. La police a pris pour excuse l’utilisation de pétards et le fait que des manifestations se cachaient le visages pour justifier ses actions répressives. En réalité, il est devenu clair – et cela a même été confirmé par un officier de police anonymement dans la presse – que cette répression avait été planifiée bien à l’avance. Un officier de police a d’ailleurs déclaré à un membre du SAV (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Allemagne et organisation-soeur du PSL) : ”Pensiez-vous vraiment que nous allions vous laisser simplement marcher, après la défaite que vous nous avez infligez l’année dernière ?”
1.000 manifestants ont été encerclés pendant plusieurs heures durant lesquelles ils n’avaient pas accès aux toilettes. Les avocats ne pouvaient avoir de contact avec leurs clients et les premiers secours n’ont pas pu entrer dans la zone d’encerclement pour rejoindre les personnes blessées, au nombre de plus de 200. Le reste de la manifestation n’a pas pu avancer et est resté aux côtés de ceux qui étaient encerclés par la police, en solidarité. Ce n’est que que tard dans la soirée, quand beaucoup de manifestants étaient déjà partis prendre leur bus ou leur train pour rentrer, que la police a libéré les manifestants encerclés.
Malgré cela, ces journées d’action ont été un réel succès. L’Allemagne ne partage pas les mêmes problèmes économiques et sociaux que la Grèce, l’Espagne, le Portugal ou d’autres pays pour le moment. Cela signifie aussi que la conscience est différente et qu’il y a moins de mobilisations et de luttes qui se mettent en place. Étant donné ce contexte, les journées d’action Blockupy ont principalement mobilisé des militants de gauche. Cependant, ces actions ont permis de montrer qu’il y avait aussi une résistance sociale en Allemagne. Le plus impressionnant de tout fut la participation de 500 militants de Stuttgart qui viennent du Mouvement contre Stuttgart 21 (la nouvelle gare prévue qui soulève des manifestations de masse depuis plusieurs années).
En même temps, la relative stabilité économique allemande est payée par des millions de travailleurs sous-payés et par la détérioration des conditions sociales. Les travailleurs du secteur de la distribution ont commencé des actions de grève pour de meilleurs salaires et contre les attaques des patrons.
Les membres du SAV ont participé à ces journées d’action. C’est aussi le cas du Parti de Gauche (DIE LINKE) et de ses organisations de jeunes qui avaient leur propre contingent qui ont été rejoint par les membres du SAV. 350 personnes ont assisté à un meeting public de DIE LINKE dans la nuit du premier jour d’action ou sont intervenus des orateurs de Grèce, du Portugal et d’Allemagne.
Pour beaucoup de manifestants, la répression policière arbitraire est une preuve supplémentaire de la véritable nature du capitaliste : la démocratie est accordée tant que rien ne menace les profits des banques et des grandes industries.
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Une attaque contre les conditions de travail de plus !
Industrie automobile
La capacité de production dans l’industrie automobile en Europe est bien plus grande que la demande. Les patrons veulent néanmoins maintenir leurs marges de profits à niveau et essayent pour cela de faire payer la crise au personnel. En mai, Agoria (représentant des patrons dans le secteur du métal), la CSC-Métal et la FGTB-Métal flamandes ont signé un protocole d’accord pour le secteur.
L’objectif du protocole est l’amélioriation de la position concurrentielle de l’industrie automobile belge. Point essentiel de l’accord : une nouvelle attaque sur les conditions de travail.
Ces derniers mois, les médias se sont régulièrement fait le relais de plans visant à fermer la filiale de Volkswagen à Forest. L’entreprise-mère est confrontée à un surplus de production et veut donc -malgré un profit de 1,12 milliard d’euros en 2005!- encore appliquer des assainissements. La direction veut une diminution de personnel de 20.000 personnes dans les prochaines années. Après l’annonce de ces plans, le cours des actions de Volkswagen à la Bourse de Francfort a augmenté de 10%. Les patrons essayent de monter les différentes filiales de l’entreprise les unes contre les autres pour pouvoir diminuer leurs coûts le plus possible.
General Motors veut fermer 3 à 6 filiales en Europe, ce qui peut coûter 30.000 emplois! Le protocole d’accord et la décision du gouvernement pour diminuer encore plus les coûts salariaux dans le secteur ont montré que le gouvernement flamand mais aussi malheureusement les syndicats du secteur, sont préparés à rentrer dans ce jeu. Plusieurs propositions dans l’accord sont même contraires à la législation du travail actuelle, ce qui signifie qu’il faudra modifier la loi pour pouvoir appliquers ces proposition dans la pratique.
Les patrons veulent encore augmenter la flexibilité dans les filiales automobiles belges en adaptant encore le processus de production à la demande. Concrètement, on veut étaler le calcul du temps de travail sur 6 années au lieu d’une actuellement ainsi qu’allonger le temps de travail maximal par semaine de 45 à 48 heures et le temps de travail maximal par journée de 9 à 10 heures. Un avantage supplémentaire évident de ce système est que les patrons ne vont quasiment plus devoir payer d’heures supplémentaires…
La stratégie du gouvernement et des syndicats flamands n’offre toutefois aucune perspective. En Allemagne, ces dernières années, les syndicats ont fait des concessions extrêmes en échange de la promesse de ne pas avoir à subir de licenciements. Deux ans à peine après le dernier accord, la direction trouve déjà que ces concessions sont trop timides et elle en revendique de nouvelles de la part du personnel. VW a récemment déclaré qu’il n’a pas la volonté de briser l’accord, mais Horst Neuman, le directeur du personnel, a tout de même avoué que “ça va être très difficile” de maintenir le personnel à 100.000 en Allemagne de l’Ouest. Volkswagen menace même de déplacer la production de la Golf si le personnel n’accepte pas l’allongement de la semaine de travail pour un salaire identique.
Si ce fameux protocole est appliqué dans l’industrie automobile belge, cela ouvrira grand la porte à de nouvelles attaques et servira de précédent pour d’autres secteurs. A cela, les travailleurs doivent répondre : NON !