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France. Etudiants en lutte: l’avenir des jeunes plus que jamais menacé
Rapport d’un participant
La France est secouée par les mobilisations étudiantes et lycéennes contre la « loi sur l’égalité des chances »… d’être exploité. AJB, membre d’Etudiants de Gauche Actifs (EGA/ALS) et du Mouvement pour une Alternative Socialiste (MAS/LSP), est parti en France, conscient que ces luttes sont dirigées contre un ennemi commun à tous, par-delà les frontières : le néo-libéralisme et le capitalisme qui l’a engendré.
Propos recueillis par Nicolas Croes
- Paris: des centaines de milliers de manifestants contre le CPE
- France. Contrat Promotion Esclave!
- Pour une grève tous ensemble, jeunes et travailleurs. Retrait du CPE
- Tracts, déclarations,… de la Gauche révolutionnaire
Peux-tu nous expliquer ce qu’est cette loi sur l’égalité des chances ?
Il s’agit d’une attaque sans précédent, orientée contre les jeunes, mais qui concerne l’ensemble des travailleurs. Ce projet de loi est constitué de trois parties: la possibilité d’aller en apprentissage dès 14 ans, celle d’effectuer du travail de nuit dès 15 ans, et la dernière partie est le fameux Contrat Première Embauche (CPE). Selon le CPE, tout jeune pourra, jusqu’à 26 ans, être licencié sans justification durant les deux premières années qui suivent son embauche. En cas de licenciement, après trois mois d’attente, il pourra de nouveau être engagé aux mêmes conditions… De quoi apprendre à accepter n’importe quoi sous la menace constante de se retrouver sans emploi à tout moment !
Cela a évidemment mené à des actions de protestation…
Oui, qui ont atteint une ampleur qui n’est pas sans rappeler mai 68. Je suis arrivé à Paris ce mardi 7 mars au matin, juste à temps pour participer aux manifestations contre le CPE qui se sont déroulées partout en France et qui ont fait battre le pavé à plus d’un million de personnes à travers l’hexagone, dont 150.000 à Paris.
Dans une ambiance peu commune on imagine.
Il est assez difficile de se représenter ce que cela peut être quand on vient de Belgique. La grande majorité des manifestants étaient des jeunes, étudiants ou lycéens, et la combativité était très grande, même si elle variait selon les facultés. Certaines revendiquaient le retrait de la totalité du projet de loi, d’autres uniquement le retrait du CPE, au cri de «C comme chômage, P comme précarité, E comme exploitation : retrait du PCE, retrait du CPE !». J’étais déjà venu pour les mobilisations du 7 février qui avaient réuni 45.000 jeunes à Paris, et plus ou moins 400.000 dans toute la France, et ce en plein congé scolaire, ce qui rendaient impossibles les descentes d’information dans les écoles. La fac’ de Rennes était déjà occupée à ce moment.
Qu’en est-il aujourd’hui ?
Ce vendredi 10 mars, 42 facultés étaient occupées, sur les 80 que compte le pays. Plus de la moitié donc, et une faculté non occupée n’est pas une faculté non mobilisée!
Que s’est-il passé après la manif’ ?
Nous nous sommes réunis à la faculté de Jussieux. Enfin, il a tout de même fallu passer au-dessus des grilles que les vigiles avaient placées… Nous étions à peu près 200 étudiants et une cinquantaine de lycéens. Etaient présents également quelques jeunes travailleurs précaires. La majeure partie de ces jeunes les plus motivés étaient syndiqués à l’UNEF (Union Nationale des Etudiants Français) ou au syndicat SUD et organisés dans des organisations politiques comme la Confédération Nationale du Travail (CNT), la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR), la Jeunesse Communiste (JC) ou encore Lutte Ouvrière (LO). Ils composaient environ 75% de l’assemblée. J’espérais retrouver des camarades de la Gauche Révolutionnaire (organisation-sœur du MAS en France), mais, dans la capitale, ils étaient principalement à Paris 8.
A cette réunion, il a été décidé de faire des descentes dans les autres facultés le lendemain pour en bloquer un maximum. A chaque fois, les blocages ont été votés à une bonne majorité.
Et ensuite?
Le jeudi matin, je suis allé à une des facultés les plus mobilisées, celle de Nanterre, qui était occupée. Tout y était bloqué, y compris la fac’ de droit (ce qui n’était plus arrivé depuis au moins une quinzaine d’années). Là, j’ai rencontré l’UNI…
L’UNI ? Qu’est-ce c’est ?
Il n’y a pas que les organisations de gauche qui sont présentes dans les facultés, les partisans de la chasse aux pauvres du gouvernement sont aussi présents. En fait, l’UNI est un mouvement de jeunes de droite, proche de Sarkozy, qui comprend une aile d’extrême-droite. Mais bon, quand on entend Sarko dire qu’il voulait nettoyer les banlieues au Karcher, on comprend qu’une proximité puisse exister entre ses partisans et ceux de Le Pen. Mardi, ils étaient une vingtaine à avoir fait le tour des blocages en chantant la Marseillaise en faisant le salut nazi. A cela, les grévistes répondaient « Nanterre, Précaires, on est tous solidaires ! » et en chantant l’Internationale.
Ils ont réussi à rentrer à l’intérieur d’un bâtiment occupé, aidés par une dizaine de vigiles (en tout, ils ne devaient pas être plus d’une vingtaine). Une centaine d’étudiants en droit qui voulaient avoir cours en ont profité pour rentrer aussi. Finalement, ils ont été repoussés après une lutte entre grévistes et membres de l’UNI.
Ceux-ci en sont restés là ?
Non. Ils ont réussi à regrouper un millier de d’étudiants, venus à l’appel de « contre le blocage », et ils ont participé à l’Assemblée Générale de la faculté. En fait, si beaucoup de jeunes sont contre le CPE et la « loi pour l’égalité des chances », beaucoup s’opposent également aux blocages. Et là, dans les discussions, la situation a été complètement retournée. Des étudiants grévistes et moi-même sommes intervenus dans l’AG contre l’UNI et les étudiants qui voulaient reprendre les cours, et le blocage a été de nouveau voté!
Qu’as tu mis en avant ?
L’importance d’avoir une vision globale du problème. Que la loi sur l’égalité des chances est une suite logique des attaques libérales contres les travailleurs, les jeunes et les étrangers. Que les attaques contre le travail ont commencé par des attaques contre les retraites en Allemagne, en France et, comme on le sait, il y a quelques semaines en Belgique. Le gouvernement français élu de manière quasi-illégitime (Le Pen – Chirac au second tour) ne cesse d’attaquer de manière frontale tous les acquis sociaux. On se rappelle aussi la manière dont ils ont réprimé successivement le mouvement lycéen, le mouvement étudiant contre le système « LMD », le mouvement des intermittents du spectacle, les émeutes dans les banlieues,… Aujourd’hui la réponse que le gouvernement amène passe encore par la répression policière. J’ai terminé mon intervention sur l’obligation d’ouvrir la lutte aux jeunes de banlieues qui seront les premières victimes du CPE mais aussi aux travailleurs sans attendre l’appel des bureaucraties syndicales qui se font assez discrètes dans la hantise de revoir un nouveau mai 68 ou des grèves massives comme celle de 1995.
Comment les différentes facultés sont-elles coordonnées ?
La coordination d’Ile-de-France, c’est à dire de Paris et de sa région, se réunit tout les deux jours. Les différentes facultés se réunissent tous les jours en Assemblées Générales, auxquelles tous peuvent participer. C’est là que sont à chaque fois élus les étudiants qui iront à la prochaine réunion de la coordination d’Ile-de-France: 7 représentants par faculté occupée, et 3 par faculté mobilisée, mais non-occupée. S’ils fonctionnent comme ça, c’est pour éviter que les facultés de droite ne bloquent tout. Et au niveau national, cela fonctionne comme ça aussi, mais les réunions sont hebdomadaires.
A l’intérieur des fac’, des commissions ont été mises sur pied: actions, interprofessionnelle (pour aller à la rencontre des associations et des travailleurs à l’extérieur de la faculté), sécurité, mobilisation, enseignants et travailleurs (orientée vers les travailleurs de la faculté), et enfin lycéenne. Dans plusieurs facultés, des motions de soutien ont été votées par les travailleurs en solidarité avec les étudiants, et beaucoup de lycées sont bloqués et occupés également. A titre d’exemple, une école professionnelle près de Nanterre est venue donner un coup de main pour bloquer la fac’. Le niveau de conscience politique des lycéens à Paris est très élevé. J’ai pu à de nombreuses reprises le remarquer, par les discussions politiques avec ceux-ci mais aussi en écoutant les interventions dans les assemblées générales. Les AG se tiennent dans des décors surréalistes avec comme slogans sur les murs : « Arrêtez d’étudier l’histoire, faites-la », « Une seule solution, la révolution » ou une des phrases mythique du Che « Hasta la victoria siempre » (Jusqu’à la victoire, toujours).
Des actions sont donc prévues conjointement ?
Tout à fait, et c’est tant mieux parce que c’est vraiment nécessaire. Isolés, séparés, les étudiants ne peuvent rien. Par exemple, le jeudi après-midi, il a été décidé de faire des diffusions de tracts dans un maximum de gares de la capitale afin d’expliquer la problématique du CPE et les positions des étudiants et aussi de mettre sur pied des manifestations « sauvages » – c’est à dire non annoncées – pour le vendredi.
C’est ainsi que 2.000 étudiants ont déboulé sur les Champs-Elysées, pour la première fois depuis mai 68! La manifestation s’avançait, au rythme de l’Internationale et de slogans comme « Etudiants, salariés, même combat ! » ou encore, « Le pouvoir est dans la rue », « Tout est a nous, rien n’est à eux… ». Nous sommes restés deux heures Place de l’Etoile, en face de l’Arc de Triomphe, qui est un grand symbole. Il y a eu là-bas quelques heurts avec la police, mais les étudiants sont partis d’eux-mêmes pour bloquer les Champs-Elysées durant quatre heures, juste avant d’aller à la Sorbonne. En fait, la Sorbonne était occupée depuis la veille au soir par 150 étudiants et un bon millier d’autres manifestaient à l’extérieur, juste séparés de leurs camarades par les CRS. Or, pendant ce temps, les autres facultés étaient toujours occupées et il y avait mille tâches à faire. Les chiffres de manifestants ne sont donc pas révélateurs du nombre d’étudiants impliqués dans ces mobilisations. Des barricades ont été élevées au Boulevard Saint-Michel et au Quartier Latin, hauts lieux des évènements de mai ‘68, dans les chants et les slogans comme le traditionnel « CRS : SS » ou encore « Police partout, justice nulle part », « La police est en colère, le pinard il est trop cher », « On veut étudier, pour pas finir policier »,…
Et vendredi, la Sorbonne tenait toujours bon…
Oh oui. Nous étions 1500-2000 à protester à l’extérieur, tout en lançant de la nourriture aux occupants qui n’avaient rien mangé depuis la veille. Un groupe est rentré par derrière, un autre, dont je faisais partie, a réussi à rentrer par les toits. A l’intérieur, nous nous sommes retrouvés à environ 500. Il y avait des discussions politiques, des pièces de théâtre sur Mai 68’, sur la Commune de Paris (dont nous allons fêter le 135e anniversaire le 18 mars), de la musique,… Les flics, de l’extérieur, essayaient de voir où étaient les étudiants pour lancer des lacrymogènes à cet endroit.
Mais finalement, le samedi, vers 4h du matin, les CRS ont chargé le bâtiment et évacué la fac’. La grande majorité des occupants a pu s’enfuir, grâce aux manifestants de l’extérieur qui ont tout fait pour aider leurs camarades de lutte. Mais il y a tout de même eu 27 arrestations. Une manifestation le lendemain a été organisée aux cris de « Libérez nos camarades ». Deux heures plus tard, tous les camarades ont été libérés.
Et c’est ce jour là que je suis rentré en Belgique, crevé, courbaturé, mais avec un moral qui résistera à bien des coups durs avant de retomber !
Et les actions continuent !
Les actions continuent, et continueront encore. Dominique de Villepin, le premier ministre, vient encore de dire maintenant (dimanche 12 mars) qu’il était hors de question de retirer le projet de loi. Qu’attendre d’autre de la part d’hommes pour qui seuls comptent les profits des patrons? La « loi sur l’égalité des chances » n’est qu’un gigantesque cadeau pour eux, ils sont les seuls bénéficiaires de ce retour en arrière. Le MEDEF (la fédération patronale) appuie évidement le premier ministre tout en affirmant que le Contrat Première Embauche et le Contrat Nouvelle Embauche n’étaient pas suffisants et qu’il fallait élargir les facilités de licenciements qu’offrent ceux-ci à tous les types de contrats !
Tout ce que tu dis est très intéressant. D’autant plus que l’on a entendu un autre son de cloche ici.
Oui, le rôle des médias dans toute cette histoire est on ne peut plus honteux. Ils ne disent pas la vérité, où alors ils la déforment à l’avantage des partisans du projet de loi. Contrairement à ce qui a été dit, rien n’a été cassé à la Sorbonne, sauf le local des réactionnaires de l’UNI, qui a été saccagé. Des papiers ont même été collés aux murs pour ne rien abîmer tout en écrivant partout slogans, réflexions et revendications. De même, il a été dit que les étudiants avaient brûlé des livres inestimables, alors que s’il y a bien eu un feu dans la cour, seules les publications de l’UNI et des syllabi périmés ont été jetés au feu. Un autre exemple est l’histoire de cette fille handicapée (Paris 10 Nanterre), qui voulait passer le blocage au-dessus de plusieurs escaliers, et qui est tombée en se cassant le bras par accident. Directement, le gouvernement, relayé par la presse sans que personne ne cherche à savoir ce qui s’était passé, a déclaré que les étudiants jetaient des gens dans les escaliers!
Une dernière chose importante, il a été constamment répété que la Sorbonne était occupée par des intermittents du spectacle, des travailleurs précaires, bref, tout sauf des étudiants. Je n’ai rencontré que trois participants à l’occupation qui n’étaient pas étudiants. Il y avait des étudiants d’autres facultés, c’est vrai, mais la majorité était de la Sorbonne.
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Socialisme 2006. Week-end de débats et de discussions. 22-23 avril, Louvain
Comment y arriver?
A partir de la gare, tu prend la rue Maria-Theresiastraat, et aprés la sixième à gauche (il faut passer la Justius Lipsiusstraat, la Jozef II straat, la Bogaardenstraat, la blijde Inkomststraat et la Tiensestraat). Dans la Dekenstraaet c’est directement sur le côté droit.
PROGRAMME – SAMEDI 22 AVRIL
MEETING D’OUVERTURE de 10h00 à 12h00: Le capitalisme signifi e la pauvreté, le chômage, l’instabilité et la guerre. Nous luttons pour le socialisme.
ATELIERS de 13h30 à 16h00: • Le Pacte de générations: ceux qui peuvent arrêter la société, peuvent également la changer! Comment reconquérir nos syndicats? • Comment une économie planifi ée peut-elle fonctionner aujourd’hui? • Espagne 1936: pourquoi parlent “t’ils” d’une guerre civile et parlons “nous” d’une révolution? • La Chine devient-elle la nouvelle superpuissance mondiale? Quel impact la croissance de la Chine a t’elle sur les relations mondiales? • Ensemble nous sommes plus forts. Pourquoi et comment les socialistes luttent contre le racisme, le sexisme et l’homophobie? • Israël/Palestine: seul le socialisme peut créer les conditions pour une société paisible
ATELIERS de 16h30 à 19h00: • La lutte pour un enseignement de qualité. Un plan d’action et un programme contre les coupes d’austérité du ministre fl amand de l’enseignement Frank Vandenbroucke • Histoire du socialisme: du socialisme utopique au socialisme scientifi que • Révolution dans “le tiers monde”. Qu’est-ce que la théorie de la révolution permanente? • Anti-néolibéralisme en Amérique latine et la lutte pour le socialisme • Proposition de débat: Comment mener la lutte contre l’extrême-droite en Belgique? • Le nouveau parti de gauche (WASG) en Allemagne est devant un choix. S’intégrer dans le système capitaliste ou défendre un programme socialiste. Un témoignage de Lucy Redler, récemment élue dans la direction du WASG de Berlin.
DÉBAT PRINCIPAL SAMEDI SOIR À 20H00
ABVV/FGTB: il faut rompre avec le PS/SP.a – CSC/ACV: il faut rompre avec le CD&V – Les travailleurs ont besoin de leur propre parti! • Eric Byl du MAS (Mouvement p/u Alternative Socialiste): un nouveau parti des travailleurs est possible • Jef Sleeckx, parlemenaire du SP.a pendant de longues année et maintenant en opposition contre le pacte des générations et le cours libéral du SP.a • Des délégués de la pétrochimie d’Anvers • La FGTB • Lucy Redler du WASG Berlin
BAR ET FÊTE DE CLOTURE
à partir de 22 heures
PROGRAMME – DIMANCHE 23 AVRIL
MEETINGS de 10h00 à 12h00: • Témoignage: participation au Forum Social Mondial à Karachi (Pakistan) • Proposition de débat entre ECOLO et le MAS: Une politique énergétique socialiste: pouvons-nous atteindre un standart de vie pour tous sans détruire la planète? Quelles sont les alternatives au pétrole? L’énergie nucléaire apporte t’elle une solution?
ATELIERS de 13h30 à 16h00: • Syndicalistes contre le racisme. Comment pouvons-nous construire Blokbuster à l’intérieur des syndicats? • Les travailleurs immigrés en résistance contre le néolibéralisme • Préparation à une année de surenchères communautaires: quel programme défend le MAS/LSP? • Réformisme ou révolution (Rosa Luxemburg) – un argumentaire pour un parti socialiste révolutionnaire ici et maintenant • Le spectre du Vietnam plane sur les USA. Quelle est l’ampleur du bourbier en Irak? Où en est le mouvement anti-guerre? • Proposition: Le MAS en débat avec le PTB: La Chine est-elle sur la voie du socialisme ou du Capitalisme? • La France après les émeutes dans les banlieues
MEETING DE CLÔTURE: La transformation socialiste de la société. Sur la nécessité d’un programme, d’une organisation et d’une stratégie: un parti révolutionnaire.
Info pratique
PRIX: 25€ pour les écoliers/étudiants/non-travailleurs, 35€ pour travailleurs la participation pour la nuitée et la nourriture est comprise dans le prix
ADRESSE: Van Den Heuvelinstituut (VHI), Dekenstraat 2, Louvain
INSCRIPTIONS ET INFO: tél. 02/345.61.81. socialisme2006@socialisme.be
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Le monde comme ils le veulent.
Jean-Claude Paye, sociologue, a écrit et publié en 2004 aux éditions la dispute* le résultats de ses recherches et de ses analyses des changements intervenus dans le droit et la procédure pénale ces dix dernières années dans le monde, et plus particulièrement en Occident.
François Barzin
Ce que cet auteur annonce dans son livre est l’avènement d’une dictature mondiale, emmenée par les Etats-Unis sous couvert de lutte contre le terrorisme. L’auteur y décrit la recomposition progressive des Etats nationaux autour d’appareils policiers auxquels les divers gouvernements donnent de plus en plus de pouvoir et de prérogatives. Ces recompositions faites à l’heure de la lutte contre le terrorisme, s’intégreraient plus largement dans une structure impériale dont les Etats-Unis auraient l’exclusivité de la direction politique.
Si la perpective d’une superpuissance américaine doit être légèrement revue à la baisse, au vu de ses échecs en Irak et en Afghanistan, les lois liberticides inspirées et recommandées par les Etats -Unis aux pays européens n’en sont pas moins devenues une réalité.
Le danger actuel de cette évolution, continuation d’une justice de classe, est la constitutionnalisation de cette justice de classe. Auparavant, la subjectivité de la justice reposait sur un rapport de force instauré dans le cadre d’un Etat de droit et d’une démocratie. Aujourd’hui ce qui nous est promis est l’impossibilité de modifier ces rapports de force, et donc la subjectivité politique et judiciaire, au nom de la lutte contre le terrorisme. Vouloir influencer le fonctionnement des institutions démocratiques pourra être considéré comme terroriste en soi, alors que cela est bien sûr l’enjeu même de la vie démocratique. Le droit à la défense devient impossible puisque c’est aux accusés de prouver qu’ils sont innocents sur base d’intentions qui leurs sont attribuées, leurs faits et gestes témoignant contre eux et non pas pour eux. Il n’y a pas de partie tierce, telles des victimes réelles d’un véritable attentat par exemple, mais seulement des accusés et un Etat juge et partie, inconcilablement opposés dans la défense de leurs intérêts respectifs.
Il ne peut plus y avoir de liberté individuelle dès lors que l’Etat peut-traîner quiconque en justice sur base de ses intentions politiques.
Qu’en est-il donc de ces lois, décisions – cadre, accords et négociations passés entre pays de l’Union, entre l’Union européenne et les Etats-Unis ? Quelle est la philosophie, la méthode et les objectifs avoués de ces lois ou de ces accords ?
Une inversion du sens de la procédure pénale
De manière générale la tendance est à la subordination du pouvoir judiciaire à celui de la police – et plus l’inverse comme précédemment – au renforcement du parquet sur le juge d’instruction, à la régression du droit de la défense devant des enquêtes policières secrètes et proactives sur lesquelles elle n’a plus aucun contrôle, les forces de police devenant généralement intouchables judiciairement, leur méthode de production de la preuve n’étant plus elle-même soumise à l’examen contraignant du pouvoir judiciaire. Cette redéfinition des pouvoirs respectifs de la police et de la justice va de pair avec la redéfinition des infractions incriminées et des personnes ou des groupes visés : les critères définissant une action terroriste ou une action criminelle sont élargies par des définitions purement subjectives ou spéculatives comme dit plus haut, telle la volonté d’intimider ou l’intimidation des populations, ou parties de celles-ci, la volonté d’influencer le fonctionnement d’autorités publiques, la « capture » d’infrastructures publiques ou privées, la simple intention de commettre un acte dit terroriste… A remarquer la notion de capture d’infrastructures publiques ou privées qui vise directement les organisations syndicales et altermondialistes dont ces « captures » sont les principaux moyens d’actions. Il faut savoir également que le conseil de l’Europe a instauré les accords Shengen 2 qui visent explicitement à l’échange d’informations sur des activistes politiques qui se rendent à des sommets internationaux pour permettre leur arrestations et leur emprisonnement éventuel dans tous les pays de l’Union.
La simple appartenance à une organisation terroriste, c’est à dire politique ou syndicale notamment, ou la participation à ses activités, même légales, en connaissance ou en méconnaissance de cause peut valoir à quiconque d’être assimilé à un terroriste. D’une inculpation ou d’une suspicion à partir d’éléments objectifs, l’on va vers une inculpation à partir d’une interprétation subjective et politique du droit de chacun.
Comme on peut le constater, le caractère vague des incriminations et leur caractère foncièrement subjectif permet de s’attaquer à n’importe qui et à n’importe quoi dès lors qu’il gène le pouvoir en place, les activistes politiques et syndicaux étant visés de façon privilégiée. Le traitement des insoumis renommés terroristes peut aller jusqu’aux gels des avoirs ou de toute les sources de revenus, sans parler de la suspension des droits civiques, des peines de prisons, amendes et autres … Les gardes à vue sont doublées, généralement, ce qui augmente les possibilités de pression de la part de la police, pour arracher des aveux, par exemple.
La collaboration automatique
Pour rendre effective ces différentes dispositions légales visant la répression du « terrorisme », les différentes autorités publiques des pays européens ont conclu des accords de collaborations automatiques et obligatoires entre leurs appareils policiers et judiciaires respectifs. Ainsi en est-il du Mandat d’Arrêt Européen. Ce contrat de collaboration impose l’extradition automatique de n’importe quel individu accusé de terrorisme par tout Etat requis par un autre Etat. Ce qui paraît être un gage d’efficacité contre le crime organisé, est en fait une remise en cause du droit d’asile. Le Mandat d’Arrêt Européen est basé sur le principe de reconnaissance mutuelle des législations pénales de chaque Etat par tout les autres, chacun étant supposé démocratique et respectueux des droits et libertés fondamentales de leurs concitoyens. Les problèmes à l’extradition entre Etats Membre ne se posant donc pas. Mais la France du massacre de Charonne n’était-elle pas démocratique, pas moins que la Belgique des tueries du Brabant wallon, ou que l’Italie anticommuniste et maffieuse de Berlusconi ? Que nous réserve l’avenir ? Peut-être verrons nous en France éclore les fleurs nauséabondes du Front national ?
Mais de toute façon, en Europe, la révision générale à la baisse des critères qui donnent droit à être accusé de terrorisme, est susceptible de remettre en cause le droit d’asile de beaucoup de personnes et d’organisations militantes dans un avenir plus ou moins proche.
L’hégémonie coulée dans le droit
L’élaboration de toute ces lois, ainsi que la philosophie sécuritaire sont impulsées par les Etats -Unis, qui ont été les premiers à remettre en cause le régime du droit international fondé sur le respect mutuel de la souveraineté de chaque Etat, mais aussi sur le principe du respect des droits humains, dont celui du droit à la défense et à la représentation juridique. Le refus de donner aux prisonniers de Guantanamo le statut juridique de prisonniers de guerre permet à la première puissance mondiale de les détenir de façon indéfinie sans inculpation et surtout dans le secret, sans droit à la défense, sans la publicité et l’objectivité des débats. La sécurité de ces personnes ne peut être assurée par aucun moyen, sinon de loin, par le biais de la pression internationale, comme au temps de Pinochet, quand amnesty international faisait campagne pour la libération des prisonniers politiques. Cette action du gouvernement américain vis à vis des « combattants illégaux » par la procédure d’exception aboutit à la suspension du droit international – de fait – par les Etats-Unis.
Malgré leurs hypocrites critiques de l’unilatéralisme américain, les pays européens, Conseil de l’Europe en tête, se sont empressés de répondre aux exigences antiterroristes des Etats-Unis, puisque ensuite la rhétorique sécuritaire a justifié la mise sous surveillance politique de leur propres populations.
Ainsi, le Conseil de l’Europe concluait des accords autorisant l’extradition quasi automatique vers les Etats-Unis de tout citoyen européen suspecté de terrorisme dans un même temps qu’il travaillait au mandat d’arrêt européen et autres dispositions liberticides, dans des conditions politiques tout à fait répugnantes et suspectes (Certaines décisions cadre trop clairement liberticides ont été prises au Conseil de l’Europe en annexe de négociations portant sur le droit de la pêche par exemple, ni vu, ni connu).
Dans le même ordre d’idées, les Etats-Unis ont imposés à L’Europe l’échange des informations personnelles sur les passagers ayant réservés auprès de compagnies aériennes pour les Etats-Unis, ceux-ci pouvant à leur guise déterminer qui peut ou non entrer sur leur territoire ( L’ Europe a par après pris les même dispositions pour son propre compte par rapport aux réservations transeuropéennes).
A ce stade nous devons avoir conscience que le Patriot act s’applique aussi à nous, comme à tous les citoyens de la planête et dès lors que nous posons le pied sur le sol américain, nous pouvons être détenu de façon indéfinie et sans inculpation. Dans ces conditions, comment imaginer une rencontre altermondialiste aux Etats-Unis, comme à Seattle en 1998 ? Les ébauches d’une démocratie planétaire, les citoyens américains, européens, les démocrates des pays du Tiers monde et l’ensemble des populations sont véritablement devenus les otages du reflux réactionnaire américain.
Il faut quand même préciser que si tout le monde peut être enlevé, extradé et emprisonné indéfiniment par les autorités américaines, a contrario, aucun citoyen américain ne peut-être traduit devant un tribunal international pour crime de guerre ou pour crime contre l’humanité, ce qui concernerait pas mal de monde dans les services de renseignements et dans les administrations américaines
La suspension du droit et du principe de légalité lui-même iront en s’aggravant, laissant de plus en plus de monde dans une anomie juridique autorisant tous les arbitraires. Le droit, comme ensemble hiérarchisé de garanties constitutionnelles, fait aujourd’hui de la procédure d’exception l’acte constituant d’un nouveau type de régime politique, celui ou le pouvoir politique décide directement de la norme à appliquer, de comment l’appliquer, et à qui l’appliquer. Pourtant l’égalité de tous devant la loi, suppose la reconnaissance de l’objectivité des actes incriminés, la constitution de parties tierces et le droit à la défense dans le temps long et posé de la procédure judiciaire. Il faut d’ailleurs dénoncer ici les appels à la rentabilité des parquets par Madame Onckelinks, qui est une façon insupportable d’instrumentaliser le pouvoir judiciaire à des fins politiques, électoralistes.
Toute organisation politique progressiste devrait se mobiliser contre toutes ces régressions, car c’est véritablement l’exercice de nos droits constitutionnels qui est menacé. Si nous jouons le rôle des victimes indolentes, il se pourrait bien que le crocodile vienne nous manger.
* La fin de l’Etat de droit, Lutte antiterroriste, de l’état d’exception à la dictature, Jean-Claude Paye, éd. La Dispute, 2004.
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Manifs massives contre les caricatures de Mahomet
Ces dernières semaines, des manifestations contre la publication des dessins représentant Mahomet dans divers journaux européens ont montré l’énorme colère provoquée parmi les musulmans par « la guerre contre le terrorisme » de Bush et l’invasion de l’Irak. Beaucoup voient ces dessins comme les dernières provocations et actes agressifs d’une longue série: l’occupation de l’Afghanistan et de l’Irak, l’extension d’Israël dans de plus en plus de territoires palestiniens, etc. Dans les pays européens, un ressentiment se développe parmi des musulmans contre les politiques de plus en plus racistes des gouvernements occidentaux et l’augmentation perçue des sentiments anti-islamiques.
Ces développements sont un avertissement des tensions et des divisions qui peuvent se développer en l’absence d’un mouvement ouvrier socialiste fort, offrant une alternative de classe.
Dans un certain nombre de pays arabes, les manifestations ont pris un caractère anti-impérialiste. Bien qu’il s’avère dans un pays tel que la Syrie que le régime a utilisé les manifestations pour ses propres intérêts, afin de donner un avertissement à l’Occident et réaffirmer en même temps ses intérêts au Liban.
Toutefois, le caractère de certaines de ces manifestations, venant après une série d’attaques terroristes sur les cibles civiles occidentales, a renforcé la tendance des divisions entre les musulmans et les non-musulmans dans plusieurs pays.
Cette situation se développe alors qu’il y a déjà des pressions au niveau européen et des tensions produites par le transfert du travail et la migration forcée – résultant des effets de la mondialisation capitaliste et de l’offensive néo-libérale.
Tous les opportunistes, que ce soient les religieux sectaires ou les racistes, veulent exploiter la situation. Les gouvernements des puissances occidentales utilisent cette situation pour renforcer leur politique sécuritaire et raciste, comme par exemple au Danemark ou en France, où les lois sur l’immigration se durcissent.
Dans les pays arabes, les chefs religieux islamiques de droite ont saisi l’occasion de renforcer leur position d’« opposition » à l’impérialisme et également leur pouvoir sur la société.
Le manque d’une opposition de classe se voit partout au Moyen-Orient. Les élections en Palestine en sont un exemple clair. Le vote massif pour le Hamas montre un ras-le-bol complet dans la population palestinienne face à la politique d’occupation israélienne, mais également face à l’énorme corruption qui s’est développée dans le Fatah.
Le Hamas n’est absolument pas une réelle alternative à la politique menée aujourd’hui en Israël-Palestine. Mais sa victoire montre clairement l’incapacité de l’impérialisme à construire une stabilité dans la région et, plus généralement, la faillite du capitalisme à trouver une solution au conflit au Moyen-Orient.
Ce qui est absent, est une voix socialiste puissante qui peut intervenir et empêcher l’exploitation de cette situation par les religieux sectaires ou les racistes. Mais, à moins que le mouvement ouvrier internationalement puisse offrir une alternative, la prochaine période de la crise pourrait voir des sociétés déchirées par des divisions impliquant des conflits religieux, ethniques et nationaux.
C’est pourquoi nous luttons contre toute oppression basée sur la religion, la race, la nationalité, l’orientation sexuelle, et soutenons le droit des opprimés à se défendre. EGA, le MAS, et ses sections-sœurs à travers le monde, travaillent pour construire un mouvement uni des jeunes et travailleurs pour lutter contre l’oppression et le capitalisme, et commencer à créer une société socialiste.
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Bouhouche et De Clerck. Une lutte très sélective contre la criminalité et la fraude
Le gouvernement annonce qu’il va à l’avenir intensifier la lutte contre la fraude. Il pense entre autres aux “fraudes aux allocations”, aux chômeurs qui perçoivent une allocation alors qu’ils n’en ont pas le droit en suivant strictement les règles. La lutte contre le terrorisme est elle aussi rendue plus intense par l’introduction croissante de mesures répressives. Mais parallèlement, la lutte contres les grands fraudeurs et criminels est loin d’être aussi sévère.
Geert Cool
Famille De Clerck: 400 Millions d’euros de fraude fiscale
L’an dernier, le contrôle de 25.000 dossiers de chômeurs par l’ONEM a rapporté 9,7 millions d’euros. La vitesse à laquelle fonctionne la procédure est stupéfiante. Mais ces chômeurs ne font pas partie de la famille De Clerck. Dans une enquête – qui dure depuis déjà 15 ans! – visant les sommets de l’entreprise Beaulieu contrôlée pâr la famille De Clerck, la décision pour un éventuel renvoi devant un tribunal est postposée en juin. Pourtant, on parle ici d’un cas d’escroquerie pour une somme de 400 millions d’euros!
Le lent fonctionnement de la justice peut mener au classement pour prescription et sans aucune conséquence d’une des plus grandes affaires de fraude. Et il faut le faire: frauder 400 millions d’euros et ne pas être condamné!
Mais la famille De Clerck appartient aux plus hauts cénacles: à la fête d’anniversaire de Roger De Clerck en 1999 se trouvaient notamment George Bush sr. et Margaret Thatcher.
Bouhouche: une retraite paisible dans le sud de la France
On a vu récement un renforcement des mesures répressives dans la lutte contre le terrorisme. Un ex-terroriste de haut vol, Madani Bouhouche, a toutefois pu jouir d’une vie tranquille dans sa ferme dans le sud de la France. Nous le savons maintenant pour une seule raison: il est décédé.
Loin d’être un petit terroriste, il a avoué – après la prescription des faits – un vol retentissant d’armes ultramodernes à la brigade anti-terroriste de ce qui était encore la gendarmerie belge, le soir du reveillon de nouvel an de 1981. Lorsqu’il était encore à la BSR, il a été impliqué dans un règlement de compte contre son propre chef, Vernaillen. Une fusillade eut lieu chez celui-ci, qui rendit sa femme invalide permanente à 40%. Après cela, l’enquête de la BSR a été dirigée par Madani Bouhouche lui-même…
Bouhouche provenait des milieux d’extrême-droite actifs au sein de la Sûreté de l’Etat et de la gendarmerie. Il fut membre du Westland New Post (WNP), tout comme Christian Smet (commissaire à l’Administration de la Sûreté de l’Etat et responsable de l’enquête sur les groupes d’extrême-droite à Bruxelles et dans le Brabant Wallon). Lors d’une perquisition, une quantité non négligeable de propagande d’extrême-droite a été retrouvée chez Bouhouche, notamment une collection de photos d’Adolf Hitler. Le nom de Bouhouche est aussi cité pour le meurtre (en prison) de Latinus, dirigeant du WNP, et pour celui de l’ingénieur de la FN Juan Mendez,… A la gendarmerie et à la Sûreté de l’Etat se trouvaient beaucoup de sympathisants et d’activistes d’extrême-droite se protégeant les uns les autres. Même l’ancien chef de la Sécurité d’Etat, Albert Raes,a été cité dans plusieurs scandales.
La série de braquages sanglants dans les supermarchés au début des années 1980 a plongé le pays dans la terreur. Les tristement célèbres tueurs du Brabant n’ont laissé que mort et de destruction dans leur sillage. Bouhouche a plusieurs fois été cité comme une figure impliquée dans ces attentats. Il apparaissait aussi clairement qu’il s’agissait d’un réseau d’extrême-droite avec des ramifications, et non des moindres, dans l’establishment.
Lors d’une interview accordée des années plus tard, Bouhouche déclarait: “C’est évidemment grave, ces 28 personnes qui ont été tuées par la Bande. Je trouve cela horrible moi-même. Mais chaque année, il y a beaucoup plus de gens qui décèdent dans la circulation. Est-ce qu’on vient m’emmerder avec ça?”
Ces dernières années, Bouhouche a pu aller vivre de ses rentes dans le sud de la France. Sans aucun problème avec la justice, l’ex-terroriste a pu garder des contacts avec ses anciens amis. Il était même actif dans une société de location de son vieil ami Weyskamp, lui aussi ancien membre du WNP. Il possédait également une collection d’armes.
La soi-disant “lutte contre le terrorisme” est utilisée aujourd’hui pour faciliter les écoutes téléphoniques et les perquisitions,… En même temps, plus de 20 ans après les premiers attentats des tueurs du Brabant, il n’y a toujours pas de clarté sur les vrais responsables de cette vague de terrorisme.
Apparemment la lutte contre la fraude et le terrorisme suit d’autres règles quand elle concerne l’establishment…
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Parce qu’une autre politique est nécessaire
Jef Sleeckx
Le Parlement flamand vote aujourd’hui la Constitution Européenne. Dans un silence total. Sans référendum. Alors que la population veut plus que jamais avoir son mot à dire sur l’Europe. Ainsi la Belgique peut signe un traité dont tout le monde dit qu’il est déjà mort. Les dirigeants européens ont voulu sceller la politique néo-libérale dans une Constitution.
Mais ils ont trouvé la population sur leur chemin. Non seulement en France et aux Pays Bas. Toujours plus de gens tournent le dos à une politique sans perspectives sur le plan de l’emploi et de la démocratie. Ceci est clairement apparu dans la lutte contre le Pacte des générations, volet national de la politique européenne: travailler plus longtemps, sans perspectives de travail pour la jeunesse. A quelques francophones près, tous nos élus ont voté pour ce Pacte. Contre le souhait du front commun syndical.
Georges Debunne, Lode Van Outrive et moi-même avons exprimé devant le Parlement flamand une voix opposée à la Constitution européenne; des centaines de gens, syndicalistes, militants politiques, hommes et femmes de la base, du Nord et du Sud du pays et c’est pourquoi nous mettons sur pied un comité d’initiative Parce qu’une autre politique est nécessaire.
Après le scandale Agusta, et à la demande expresse de Louis Tobback, j’ai contribué à lancer l’appel “Le SP est nécessaire” pour sauver “votre sécurité sociale”. Dix ans plus tard, après la Constitution européenne et le Pacte des générations, des milliers de travailleurs et de citoyens tournent le dos, non seulement au SP.a et au PS, mais aux partis politiques traditionnels en général. Ils ne regardent pas à droite, mais revendiquent du travail et la démocratie.
Sans tourner le dos à la politique libérale, nous ne répondrons pas à leurs questions. Leur tendre la main signifie une représentation politique du peuple, détachée des partis traditionnels.
Réactions bienvenues: Jef Sleeckx, sleeckx.jef@skynet.be
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Qu’est-ce qui fait tenir Verhofstadt?
En septembre et en octobre, nous avions écrit qu’une chute de la coalition violette était plus que probable. Depuis plusieurs mois, le gouvernement semblait à l’agonie. Tous les dossiers délicats étaient repoussés aux calendes grecques et la cacophonie régnait entre ses différentes composantes. Lorsque la CSC brandit cet été la menace d’actions de grève contre les notes d’orientation concernant les fins de carrière, le chant du cygne semblait tout proche.
Els Deschoemacker
Le VLD faisait 16% dans les sondages et était victime de dissensions internes. Seul le PS de Di Rupo avait des raisons d’être optimiste. C’était avant la série des scandales politico-financiers qui ont entamé cette euphorie.
Di Rupo n’est pas seulement le président du PS mais aussi le ministre-président wallon. On ne saurait trouver de meilleure illustration de la faiblesse du plus grand parti du pays. De nouvelles élections représentaient une occasion unique de renforcer sa position dominante et d’emmener le CD&V en coalition pour appliquer les plans d’assainissement budgétaire du patronat sans rencontrer trop d’opposition syndicale.
Le facteur le plus important, et la surprise de l’année, fut l’appel à la grève générale de la FGTB le 7 octobre, action dirigée contre le pacte des générations. Auparavant, la stratégie du «voir, entendre et surtout se taire» semblait caractériser la FGTB en ce qui concerne la discussion sur les fins de carrière. De toute façon, la CSC avait mis en avant un langage combatif et semblait prête à l’être.
La pression émanant de la base de la FGTB l’emporta alors sur la direction qui fut rappelée à ses devoirs à l’occasion de réunions militantes. A la base, une résistance intransigeante a vu le jour contre la mise à mal de nos pensions. Avec son appel à la grève, la FGTB a mis le feu à la plaine. La grève fut bien suivie et ne porta pas exclusivement sur le pacte des générations. Il s’agissait plutôt d’une expression d’un mécontentement généralisé contre la politique néolibérale. Aux Pays-Bas et en France, ce mécontentement a été à la base du rejet de la Constitution européenne. En Allemagne, c’est ce même sentiment qui est à l’origine de l’émergence du Linkspartei. Après toutes ces années de coupes sombres sur le plan budgétaire, les travailleurs et leurs familles en ont assez.
Le CD&V souhaitait faire tomber le gouvernement. Mais sûrement pas en s’alignant sur un mouvement de lutte contre le pacte des générations! Une lutte qui aurait conduit à la chute du gouvernement lui apparaissait comme un pas de trop dans son jeu de récupération politicienne. En effet une chute du gouvernement suivie d’élections aurait conduit de facto à un test sur toute velléité d’attaque contre les pensions. Et cela aurait placé n’importe quelle future coalition gouvernementale dans une position délicate…
La direction de la CSC abandonna dès lors très vite sa rhétorique combattive. Elle entendait surtout apporter des corrections au pacte des générations mais partageait l’ambition d’augmenter le taux d’activité des aînés.
Ces différents faits nous permettent de saisir le nœud du problème: l’absence de programme alternatif au sein de la direction syndicale qui tranche singulièrement avec la combativité de la base!
Le gouvernement aurait pu tomber et, sur base d’une alternative claire, les travailleurs auraient renvoyé les néo-libéraux à leurs chères études. Les leaders syndicaux ont opté pour un atterrissage en douceur. C’est ce qui a permis le sauvetage du gouvernement.
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Les lois anti-terroristes nous touchent tous!
La classe dirigeante en Belgique comme ailleurs se dote de nouveaux moyens pour renforcer la lutte contre le terrorisme. Les dirigeants capitalistes instrumentalisent à outrance la remontée des attentats terroristes pour instaurer un climat de peur et renforcer leur appareil répressif. Au-delà de l’inefficacité de telles mesures et de leur coût exorbitant, c’est bien d’une vague d’attaques contre nos droits démocratiques dont il s’agit.
Stéphane Delcros et Cédric Gérôme
Suite au récent attentat kamikaze perpétré par une Belge en Irak, la Ministre de la Justice Onkelinx tente de faire passer un avant-projet de loi renforçant les moyens policiers et judiciaires face à une menace terroriste. Le gel de certains comptes bancaires sera facilité, des perquisitions à toute heure et des écoutes par téléphone ou micro caché seront autorisées. Toutes les données récoltées par la police seront en outre confinées dans un dossier secret auquel ni l’accusé, ni l’avocat n’auront accès.
La Belgique est loin d’être le seul pays à adopter des lois antiterroristes; le Parlement européen a adopté récemment une directive permettant la conservation des données téléphoniques et électroniques pour une durée de 6 à 24 mois et donnant plein droit à la police de les consulter.
Après le 11 septembre 2001, les Etats-Unis avaient adopté le Patriot Act, loi antiterroriste d’exception qui décuple les pouvoirs de la justice et de la police. Adopté initialement pour une durée de quatre ans, le Patriot Act était en passe d’être reconduit indéfiniment, mais cette dernière proposition a été -temporairement, du moins- rejetée par le Sénat, suite aux nombreux scandales qui ont éclaboussé la Maison-Blanche et la mettes dorénavant sur une position défensive. On ne compte plus les abus policiers et judiciaires basés sur cette loi, notamment en matière de surveillance de la population. La mise sur écoutes de la population américaine et les pratiques d’espionnage du Pentagone ne sont cependant pas nouvelles: ce genre de mesures furent largement utilisées contre des groupes hostiles à la guerre du Vietnam et des organisations de défense des droits civiques dans les années ’70.
En Grande-Bretagne, les lois antiterroristes prennent une ampleur démesurée. Plusieurs millions de caméras filment désormais les faits et gestes de la population. Après les attentats de Londres en juillet dernier, le gouvernement de Blair a encore durci son programme avec une nouvelle loi qui prévoit notamment la prolongation de la garde à vue à 3 mois pour les personnes suspectées de terrorisme.
A la suite de l’explosion des banlieues, la classe dirigeante française a adopté puis prolongé pour 3 mois l’état d’urgence, se référant à une loi qui n’avait pas été invoquée depuis un demi siècle dans l’Hexagone. Le gouvernement peut ordonner à la police de procéder à des arrestations massives, interdire les manifestations et censurer les médias. La police est autorisée à perquisitionner et restreindre les mouvements des personnes sans devoir fournir de preuves ou de raisons justifiant de telles actions. Ainsi, 11 des 24 propositions du Front National en matière de justice et de police ont déjà été mises en application par le gouvernement français.
Brandissant le prétexte de la menace terroriste, partout les gouvernements capitalistes consolident leur appareil de répression et restreignent les libertés publiques. L’interprétation des lois anti-terroristes étant extrêmement large, ces mesures s’avèrent très utiles afin de museler les mouvements sociaux.
Dans les années 80 déjà, Margaret Thatcher s’était servi d’une loi antiterroriste pour réprimer une grève de mineurs. On se souvient également des déclarations de plusieurs dirigeants européens n’hésitant pas à assimiler les militants anti-mondialisation à des terroristes. Cette année, en France, les unités antiterroristes du GIGN sont intervenues deux fois contre des actions syndicales. En Belgique, l’actuel procureur fédéral en charge de la lutte contre le terrorisme est Daniel Bernard, qui avait mené l’accusation dans le procès contre les syndicalistes de Clabecq.
Tout comme les actes de terrorisme servent de justification à la politique répressive de la bourgeoisie, cette dernière alimente le terrorisme et ne résoud rien. Les énormes moyens développés par la Grande-Bretagne dans son arsenal anti-terroriste n’ont pas empêché les attentats de Londres. Quant aux centaines de milliards de dollars investis par Bush dans sa " lutte contre le terrorisme ", ils n’ont pas permis d’endiguer le terrorisme mais ont au contraire stimulé son développement à travers le monde. Il est temps de sortir de ce cercle vicieux en construisant une véritable opposition qui combat le terrorisme en s’en prenant à sa racine : le système capitaliste qui le génère.
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France. La droite dopée par la crise des banlieues
Après deux semaines d’émeutes dans les cités autour de Paris puis en province, la droite au pouvoir a décrété l’état d’urgence sur base d’une loi datant le la guerre d’Algérie. Cette loi permet aux préfets (l’équivalent de nos gouverneurs de province) de décréter le couvre-feu là où bon leur semble, d’assigner des personnes à résidence, de prononcer des interdictions de séjour, de procéder à des perquisitions de nuit comme de jour, …
Thierry Pierret
Cette loi a été votée en 1955, en pleine guerre d’Algérie, afin de contrôler les Algériens qui vivaient en France. Le recours à cette loi raciste va de pair avec des mesures et des propos non moins racistes. Le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, a ainsi donné instruction aux préfets d’expulser administrativement tous les étrangers condamnés dans le cadre des émeutes.
Il a mené délibérément une stratégie de la tension en qualifiant indistinctement de "racaille" les jeunes des banlieues. Des intellectuels et des politiciens ont incriminé la polygamie des Africains. Le gouvernement a annoncé de nouvelles mesures contre l’immigration clandestine qui ne feront que renforcer l’économie illégale. La droite se sent confortée par les sondages selon lesquels une majorité de Français soutiennent les mesures du gouvernement.
Les banlieues: un concentré de misère
Les travailleurs et leurs familles ont été choqués par la frénésie destructrice des jeunes qui s’en prenaient non seulement aux véhicules individuels – jusqu’à 1200 voitures brûlées par nuit au plus fort des émeutes! – mais aussi aux équipements collectifs et aux entreprises. Des écoles, des hôpitaux, des dépôts de bus, des centres sportifs,… ont été dévastés. Il y a de quoi plonger dans le désarroi un militant de la gauche syndicale ou politique qui lutte au jour le jour pour plus d’équipements collectifs dans les cités. Des dizaines de travailleurs se sont retrouvés au chômage technique suite au saccage de leur lieu de travail. C’est cette indignation mêlée de stupeur qui explique le soutien temporaire au gouvernement. Les jeunes incendiaires ne sont pourtant pas les "voyous" sans foi ni loi dépeints par Sarkozy. La majorité des jeunes arrêtés sont très jeunes (il y en avait de 12 ans!) et inconnus des services de police. Les banlieues françaises sont un concentré de misère: le chômage y est le double du taux national, les infrastructures font défaut, les logements sociaux sont vétustes. Dans ces conditions, une partie de la population a été isolée du monde du travail et, par là même, du mouvement ouvrier. Les traditions de lutte collective et d’organisation du mouvement ouvrier se sont perdues chez les plus jeunes qui n’ont jamais vu leurs parents avoir un boulot fixe et qui n’ont aucun espoir d’en avoir un. D’où la rage (auto)destructrice contre tout ce qui représente "l’Etat" sans faire la différence entre l’appareil de répression et les services publics.
Un programme d’urgence
L’UMP de Sarkozy – le parti au pouvoir – a enregistré des dizaines de milliers d’adhésions pendant les émeutes. Sarkozy s’en sert maintenant comme d’un tremplin vers l’Elysée en jouant à fond sur son image d’homme d’ordre. Mais sa popularité sera plus éphémère encore que celle de Bush. La lutte des classes ne tardera pas à reprendre le dessus. Mais l’énorme combativité de la classe ouvrière française ne suffira pas à lui donner la victoire. Il lui faut aussi un programme d’urgence avec des revendications anticapitalistes claires pour guider son action. Un nouveau parti des travailleurs permettrait de populariser un tel programme dans toutes les couches de la classe, y compris la jeunesse des banlieues. Un tel instrument permettrait au mouvement ouvrier de reprendre pied dans les cités et de regagner la jeunesse aux traditions de la lutte collective.
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Jeunes des banlieues: le bourgmestre vous parle
Depuis sa construction à Liège, le MAS est attentif à la situation dans les quartiers où réside une bonne part de la population jeune en situation de précarité. Un certain nombre de nos militants habitent le quartier de Droixhe, mis sur le devant de la scène il y a quelques années comme archétype de la « banlieue à problème ». En fait de quartier chaud, on a évidemment affaire à une zone de pauvreté aigüe qu’il est plus facile de stigmatiser dans les médias bourgeois que les communes de riches comme Embourg ou Chaudfontaine.
Simon Hupkens
Depuis les émeutes en France, le conseil communal a un peu flippé, ce qui est à la source d’une petite opération marketing dans le quartier de Droixhe de la part du bourgmestre (PS) Willy Demeyer. Celui-ci invitait il y a peu les habitants a une conférence-débat sur le thème « Etre jeune aujourd’hui à Droixhe et à Bressoux ». Un débat d’ampleur, approfondis à la grosse louche et s’apparentant largement à la discussion de comptoir comme on va pouvoir le constater.
Arrivé avec une demi-heure de retard, Mr Demeyer subit d’abord de bonne grâce son hagiographie par le représentant PS local avant de commencer à flatter le quartier, qu’il connait bien, y étant né, etc…: Il s’agit d’un quartier important et il abrite un grande proportion de jeunes qui ne sont traités dans la première partie de son exposé qu’en terme de « problématique ».
Il vante les mérites des infrastructures qu’il a mis à la disposition des habitants: terrain de basket et maisons de jeunes avant d’avouer que ce qui préoccupe le plus la jeunesse, c’est d’avoir un job.
Pour répondre à cette demande, Mr Demeyer prévoit carrément d’implanter dans le quartier une antenne de l’ONEM. Tant mieux pour les chômeurs en fin de droit, ils auront moins à se déplacer pour se faire sanctionner! Quand aux autres qui n’auraient pas trouvé les emplois fantasmés par le gouvernement, ils auront toujours la possibilité d’obtenir un job de vacance à la ville, privilège exorbitant attribué aux 200 jeunes les plus méritants du quartier car « il va falloir faire un choix, bien entendu ». Pour le reste, les jeunes s’orientent mal dans leurs études: il faudrait plus de carreleurs et moins d’universitaires. Le bourgmestre n’a pas trop à s’inquiéter de cet état de fait: les recteurs belges font tout pour virer les plus pauvres du cursus universitaire.
Mr Demeyer conclu qu’on peut être fier de la jeunesse du quartier qui, bien que fauteuse de troubles, (trafics de drogues, vandalisme et insécurité seraient de son fait) s’est plutôt bien comportée durant les émeutes en France. Seuls quelques dégâts matériels sont à déplorer. Pour rassurer les plus craintifs le bourgmestre a quand même précisé que l’ordre veillait au grain les soirs les plus chauds: un hélicoptère de la police fédérale a survolé la ville toutes les nuits.
Viens le traditionnel tour de questions: au milieu des inquiétudes des habitants touchant à la détérioration des abris-bus, le débat dérape un peu. Ce sont d’abord les militants associatifs, dont le bourgmestre a vanté les efforts, qui dénoncent la fin de leur subventionement. Le maillage associatif était pourtant au coeur du discours de Mr Demeyer. Mais ces décisions(qu’il regrette) ne sont pas de son fait.
Ce sont ensuite les locataires des immeubles vidés qui insistent sur leurs conditions de logement. Le problème est le suivant: La ville a décidé il y a quelques années de vider en partie les tours de Droixhe jugées insalubres afin de les rénover. On a appelé comme bailleur de fonds un groupe privé hollandais. Celui-ci n’entendant pas faire que du social, il a été décidé de rénover une partie des appartement pour en faire des logements de standing, politique justifiée par le bourgmestre comme instauration d’une mixité sociale dans le quartier. En fait de mixité sociale, il s’agit surtout de virer les bas-revenus des buildings. C’est d’ailleurs la croisade de Mr Demeyer depuis quelques années à Liège: il faut en faire un ville de riche qui payent beaucoup d’impôts. Donc il s’agit d’évacuer le problème de la pauvreté en évacuant les pauvres.
Les locataires, pour en revenir à eux s’inquiètent: les charges communes s’alourdissent puisqu’ils sont moins nombreux dans les bâtiments, il y fait plus froid et surtout, comment pourront-ils assumer l’augmentation des loyers qui surviendra une foi les travaux finis? Sur ces questions, pas de réponse claire du bourgmestre. Il ne connaît d’ailleurs pas l’ensemble du dossier leur avoue-t-il jovialement.
Je risque à mon tour une intervention (puisque je suis à peu près le seul jeune dans la salle et que ce débat me concerne au premier plan comme habitant et travaillant à Droixhe): les jeunes sont ils réellement coupables de tous les maux qu’on leur attribue? Mon impression (confirmée par plusieurs habitants) est plutôt que les trafics de drogue sont le fait d’adultes extérieurs au quartier. Réponse pour le moins poujadiste du bourgmestre: ce ne sont sûrement pas les pensionnés qui brûlent les voitures! (de quelles voitures parle-t-il? Les seules détruites l’ont été à l’autre bout de la ville…)
Après quelques dernières interventions de complaisance, le débat en reste là et Mr Demeyer repart satisfait.
Que peut-on conclure de cette soirée quand on est un jeune anticapitaliste?
Que la politique clientèliste du PS fonctionne bien dans le quartier. Le bourgmestre appelle deux ou trois personne par leurs prénoms, il a donné un job de vacance à quelques jeunes qui le lui rendront bien en votant pour lui.
Que la politique sécuritaire fonctionne aussi bien: Mr Demeyer stigmatise les jeunes sauvages (mais attention, hein: y en a qui sont biens!) et aux inquiétudes suscitées chez les riverains, il répond que la police fait son boulot, et même mieux qu’avant.
Que les locataires des logements sociaux ont par contre bien compris qu’il n’y avait pas grand chose à attendre de la ville pour défendre leurs intérêts.
Qu’il y a encore du boulot pour susciter une conscience de classe combative chez les habitants même si on perçoit un certain ras-le-bol.