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Tag: FN
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Manifestation contre la venue de Marine Le Pen à Bruxelles. STOP au meeting raciste du Vlaams Belang !
Le 15 septembre, le parti néofasciste Vlaams Belang organise à Bruxelles un colloque avec Marine Le Pen « contre les diktats de l’Union Européenne » et pour s’en prendre aux migrants et aux populations du Sud de l’Europe. Cette collaboration entre le Front National de Marine Le Pen et le Vlaams Belang est renforcée par la mise sur pied de leur nouveau groupe d’extrême droite au parlement européen.
Nous devons dénoncer l’hypocrisie de l’Union Européenne. La crise économique profonde du capitalisme, les politiques néocoloniales et les interventions militaires au Moyen-Orient et en Afrique ont créé une instabilité politique, alimenté la violence sectaire et disloqué les économies des pays touchés. Certains prennent le risque d’une périlleuse traversée de la Méditerranée. La politique d’asile de l’Union Européenne criminalise les réfugiés et militarise ses frontières.Sur le compte twitter du FN, ils écrivent: « Des frontières et des charters : la solution pour Calais et le reste ! » Leur attitude est de jeter de l’huile sur le feu pour stimuler le racisme. L’extrême droite instrumentalise les migrants comme boucs émissaires des échecs économiques du capitalisme afin d’accroitre les tensions et les divisions entre divers groupes dans la société.
Le FN clame que ce n’est pas aux Français de payer pour les Grecs et qu’il serait impensable que ces derniers ne règlent pas l’entièreté de leur dette. Mais ces dettes ne sont pas celle des Grecs, des Espagnols, des Français, des Allemands ou des Belges et ne doivent pas être payées par eux,… Ce sont celles des spéculateurs: banquiers et multinationales, ce que cache le FN.
Ne nous laissons pas diviser! Une lutte unitaire des travailleurs et de la jeunesse, avec ou sans papiers, avec ou sans emploi, est nécessaire pour arrêter l’austérité en Belgique et en Europe et permettre un plan d’investissements publics massifs pour la création d’écoles, de logements sociaux et d’emplois décents pour tous.
MANIFESTATION ce mardi 15 septembre, à 19h, Madou, Place Surlet de Chokier, à Bruxelles.
=> Tract de mobilisation en version PDF
Cette manifestation est à l’initiative des Etudiants de Gauche Actifs et de la campagne antifasciste Blokbuster avec le soutien de : Association Joseph Jacquemotte, CADTM – Belgique, Collectif Antifascisti Bruxelles, FEWLA, FAF (Front AntiFasciste), Initiative Solidarité avec la Grèce qui résiste, Jeunes FGTB-Charleroi, JOC-Bruxelles, Mouvement Anti-FN (France), PSL-LSP, Syndicalisten TEGEN Fascisme/Syndicalistes contre le Fascisme, USE – Jeunes FGTB,…
Pour signer cet appel, contactez-nous via boris@socialisme.be
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France : Les travailleurs n’ont rien à attendre du FN !
Directement après le résultat des élections européennes, plus de 2.500 jeunes s’étaient réunis face au parlement européen pour protester contre le racisme et l’extrême-droite.Le FN a fait un score élevé aux dernières élections, mais une large majorité des travailleurs a préféré s’abstenir. Le FN récolte une partie des fruits de la colère sur fond de scandale à l’UMP et de rejet de la politique du PS au pouvoir. Il s’est surtout attiré des voix en prenant position sur les questions sociales et contre l’Union Européenne.
Par la Gauche Révolutionnaire (CIO-France)
Et ce tournant prétendument social est de la pure démagogie. Avec la nouvelle stratégie de Marine Le Pen, leurs candidats jouent le jeu de la respectabilité électorale plutôt que la provocation car au final ne sont que des carriéristes comme les autres. Leurs élus sont des politiciens professionnels, cumulant plusieurs mandats et sont d’ailleurs de la même origine sociale favorisée (avocats, énarques…) que ceux du PS et de l’UMP.
Le FN essaye de faire croire qu’il défend les travailleurs. Mais à Hayange, le maire FN entend interdire les distributions de tracts des syndicats de personnel de la municipalité. Un autre exemple est sur la grève à la SNCF, où le FN annonçait qu’il soutenait la grève. Le FN se prétend même désormais pour un service public, lui qui il y a quelques années encore était pour la privatisation du Rail et condamnait avec la plus grande violence les mouvements des cheminots.
Là encore, le FN s’en prend aux syndicats. Soutenir une grève sans soutenir ceux qui la font… la démagogie n’a plus de limites, et le positionnement purement tactique, pour recruter chez les fonctionnaires, leur permet d’envisager les prochaines élections.
D’ailleurs, si le FN met en cause les syndicats, c’est parce qu’il reste complètement hostile aux forces qui organisent les travailleurs et leur apporte les moyens d’agir collectivement. Ses propositions sur les salaires ne sont pas éloignées de celles du Medef, du PS ou de l’UMP. Ainsi le parti est pour augmenter les salaires en diminuant les cotisations salariales à la Sécu, ce qui revient de fait à faire payer aux travailleurs des pseudo augmentations de salaire sans toucher aux profits des capitalistes et en continuant le cassage de la Sécu.
Le FN fait du populisme, en gardant sur le fond un programme et une activité d’un parti de droite.
Des polémiques qui restent utiles
Le caractère toujours raciste reste au cœur du FN et en a repoussé plus d’un y compris parmi leurs propres candidats aux municipales. Ce parti est toujours dirigé par la famille des Le Pen. Le Pen père n’a jamais caché son projet politique et ses liens avec des groupes fascistes. Il a fait sa fortune de multimillionnaire en héritant du cimentier Lambert : richesses qui ont été créées par le travail de milliers d’immigrés dans le bâtiment.
Les dernières déclarations de Jean-Marie Le Pen sur le virus Ebola en Afrique pour régler la question de l’immigration ou de Marine Le Pen sur la suppression de la double nationalité après le soutien à l’équipe de foot d’Algérie par des supporters en France montre encore leur fond raciste. Cette dernière polémique étant la plus ridicule : soutenir l’équipe de France de Football deviendrait un critère pour avoir la nationalité française ?
Marine a critiqué son père sur la communication mais pas sur le fond, il s’agit de ne pas perdre le noyau dur de l’électorat tout en essayant de continuer à récupérer les fruits de la colère d’une grande partie de la population face aux conséquences désastreuses des politiques antisociales des différents gouvernements.
Enfin, si les Le Pen critiquent la «finance» c’est évidemment sans préciser qu’eux-mêmes sont rentiers et vivent de dividendes d’actions et autres opérations financières. A tel point que la Cour des Comptes vient d’ouvrir une enquête sur l’enrichissement de Jean Marie Le Pen entre 2004 et 2009 d’un million d’euros supplémentaire.
D’autre part chaque fois qu’ils ont eu des élus, il y a eu des scandales financiers dans les mairies (finances parallèles, hausse de tarifs comme l’eau, non entretien de la voirie ou des cantines etc.) exactement comme d’autres politiciens.
Les mêmes escrocs que les autres
La différence, c’est qu’ils n’ont pas encore accès au magot mais la tendance est la même et les pratiques seront identiques à celles des politiciens corrompus. C’est ainsi que l’une des premières mesures prises par Joris Hébrard, le maire FN du Pontet dans le Vaucluse, et son conseil municipal fut de s’octroyer généreusement une hausse de 44% des ses indemnités, les faisant passer de 2470 euros à 3227 euros et une augmentation de plus de 180 euros pour les conseillers municipaux, avant que la préfecture annule cette décision qu’elle juge contraire au code des collectivités territoriales. Il est clair que les salariés de la mairie ou la plupart des administrés de la commune auraient certainement voulu bénéficier de la même augmentation de salaire ! Dans le même temps, ce maire si généreux avec lui-même et ses condisciples frontistes supprimait la gratuité des cantines scolaires de sa commune pour les enfants de chômeurs… les enfants des familles les plus démunis apprécieront certainement de suivre leur scolarité le ventre vide.
De la même manière qu’un Copé qui fait travailler à prix d’or ces amis du Bygmalion, David Rachine, le maire de Fréjus, a demandé à une société d’audit fondée très opportunément 2 jours avant le second tour des municipales par un de ces amis – Clément brieda, totalement novice dans ce domaine- de réaliser l’expertise des comptes de la mairie une fois élu. Autant refiler l’argent des contribuables de Fréjus aux amis, même s’ils n’y connaissent rien en audit… dans le même temps ce sont plus contrats de travail qui n’ont pas été renouvelé à la mairie pour raison financière. et les budgets des associations sportives, qui subissent des coupes sévères : diminution de 50% pour le club de basket, celle de l’Association municipale des sports connait une baisse de 30%. Ou encore les subventions pour le bus scolaire et la cantine vont diminuer de 20 % à la rentrée scolaire, et celles des trois centres sociaux de la ville ont subi des baisses de 53 à 62 %
Il est fort à parier que ce genre d’affaires, se multiplieront aussi avec les élus du Front national. Au FN comme ailleurs c’est margoulin et compagnies !
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Jouer le jeu de l’extrême-droite ? L’expérience française
De nombreuses stratégies ont été tour à tour mises en avant pour lutter contre l’extrême-droite. Une des positions ayant gagné du terrain est celle selon laquelle nous devons laisser l’extrême-droite aller au pouvoir afin de se démasquer elle-même : en menant une politique antisociale, elle va tout de suite perdre des voix, selon ce raisonnement. Nous ne sommes absolument pas partisans d’une telle aventure. Regardons plutôt ce qu’a signifié le partage du pouvoir dans les pays où des formations néofascistes ou populistes de droite sont arrivées au pouvoir.
Le FN au pouvoir : Vitrolles et Orange
A partir du début des années ‘90, plusieurs villes du sud de la France sont tombées aux mains du FN, lequel avait reçu une majorité dans leur conseils communaux. Les exemples les plus connus sont Vitrolles et Orange. Qu’est-ce qu’a signifié pour ces villes l’arrivée du FN au pouvoir ?
Orange
La bibliothèque d’Orange constitue un exemple célèbre et significatif : le maire du FN Jacques Bompard a placé de nombreux ouvrages sur liste noire. Le bibliothécaire a été licencié et l’ensemble des ouvrages contre le racisme, et même les contes africains, ont été proscrits pour cause « d’infraction au respect des normes morales ». Bompard a ensuite proposé de remplacer ces livres par des dons de membres du FN. Les subsides pour la bibliothèque ont de plus été sérieusement amputés. L’ancien bibliothécaire, M. Cannazi, a expliqué que « Au début, on se contentait d’enlever des livres de la liste de commandes de nouveaux ouvrages. Mais dans la deuxième phase, c’est la collection existante qui fut attaquée et certains livres furent supprimés. Même les fichiers de l’ordinateurs furent purgés, de sorte qu’il ne reste aucune trace ».
Bompard et son conseil municipal FN ont également menés la lutte contre d’autres formes de culture « étrangère ». Le centre culturel « Mosaïque » a été expulsé de ses locaux, une manifestation culturelle annuelle, « Coup de Soleil », a été annulée parce qu’elle contenait de la culture nord-africaine,… Dans les services communaux, le personnel a très fortement été réduit, pour être remplacé par des partisans du FN. Cela a aussi été très dur pour les militants syndicaux. La pression sur les militants a même mené Pierre Nouveau, secrétaire de Force Ouvrière à Orange, à se suicider parce qu’il n’en pouvait plus. Dans sa lettre d’adieu, il écrivit « C’est Francoeur, Schmitt et le maire qui m’ont tué ». Francoeur était un échevin FN, Schmit chef des services municipaux.
Un centre social d’Orange a dû fermer ses portes parce que les subsides furent coupés par le FN. Ce centre social servait à l’accueil à des clochards, des ex-détenus,… Le conseil municipal a commencé par une campagne contre le centre social dans le journal municipal en s’efforçait de dire qu’il fallait fermer ce centre. Trois des cinq centres sociaux de la ville ont ainsi été fermés.
A Orange, les modifications ont été jusqu’au mode de fonctionnement du conseil municipal. Le maire a averti tous les membres du conseil que, désormais, le temps de parole était limité à trois minutes par sujet, avec une seule possibilité d’intervention. Cela n’était évidemment pas d’application pour le maire et les échevins (tous membres du FN).
Vitrolles
Une mesure remarquable à Vitrolles – où Catherine Mégret, la femme de Bruno Mégret, a été maire entre 1997 et 2002 – a consisté à instaurer une prime de 5.000 francs français (à peu près 700 euros) pour chaque enfant blanc nouveau-né. La maire Catherine Mégret a cependant dû abroger cette règle après sa condamnation pour racisme. Les raisons de cette loi étaient évidentes : Catherine Mégret a expliqué à un journal allemand qu’il « n’y a pas de différences entre les races (…), mais il y a des différences entre les gènes ».
Ensuite, la mairie a essayé d’obtenir l’expulsion d’un logement tsigane. Une maison de jeunesse alternative a aussi été fermée, ainsi qu’un café local, fermé par la police. Le cinéma, lui aussi, a dû cesser ses activités après avoir projeté un film sur le Sida. Les noms de rue « à consonance étrangère » ont été remplacés : la place Nelson Mandela est ainsi devenue la place de Provence, la rue Salvador Allende est devenue la rue Mère Thérésa, et une rue a même été renommée d’après le dirigeant du FN Jean-Pierre Stirbois. En avril 1997, tous les éducateurs de rues et tous les agents de prévention ont été congédiés. 84 contractuels ont ainsi été mis à la porte par la commune, de même qu’une cinquantaine de fonctionnaires des services municipaux. Entre-temps, une politique anti-sociale a été menée avec, par exemple, une hausse de 20% du prix de l’eau. Dans les écoles, les enfants immigrés ont été refusés.
Conclusion
Les exemples de Vitrolle et d’Orange illustrent ce que désire réellement l’extrême-droite : une politique antisociale et répressive. Ceux qui veulent mener la même politique en Belgique afin de « lutter contre l’extrême-droite » de la sorte proposent donc en réalité une attaque sur le personnel communal, les bibliothèques, le secteur culturel, le travail de rue,… Une telle politique renforce la tactique de "diviser pour régner" sur laquelle l’extrême-droite se base. Qui plus est, elle forme un danger pour tous ceux qui pensent autrement, lesquels sont systématiquement harcelés, parfois même jusqu’au suicide comme ce fut le cas pour le syndicaliste d’Orange. Selon nous, une telle tactique n’est pas une option pour les anti-fascistes. Les premières victimes de la prise de pouvoir par l’extrême-droite sont toujours les jeunes et les travailleurs. La faillite des politiciens traditionnels ne va pas disparaître en laissant place à des forces encore plus antisociales.
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Qui est Jean-Marie Le Pen ?
Le Pen devint actif en tant qu’étudiant de droite à Paris à la fin des années ‘40. Il faisait partie du groupe "Corpo de Droit" (une fraction de droite à l’intérieur de l’UNEF – Union Nationale des Etudiants Français, le syndicat étudiant).
Il devint graduellement de plus en plus actif politiquement. Comme il l’a lui-même expliqué : « L’invasion de l’Armée Rouge à Berlin m’avait convaincu de la nécessité de lutter contre le communisme – une force de répression et de tyrannie ». Au sein du mouvement anti-communiste, le gouvernement De Gaulle ne pouvait compter que sur très peu de soutien de la part des anciens partisans du régime collaborateur de Vichy mené par le maréchal Pétain (qui n’était rien de plus qu’une marionnette au service de Hitler en France). De plus, en France, la gauche était sortie extrêmement renforcée de la guerre et il y avait le danger d’un mouvement massif qui pourrait porter les communistes au pouvoir. C’est pourquoi De Gaulle n’a jamais réellement condamné le collaborationnisme, mais fit au contraire appel à plusieurs figures connues issues de cette tradition nazie.
Le Pen fut assez rapidement promu à la tête du service d’ordre de Jacques Isorni, un avocat fort discuté, membre du groupe UNIR (Union Nationale Indépendante des Républicains), un groupe défendu par les vichystes. C’est ainsi qu’Isorni apparut en tant qu’avocat de Pétain dans son procès après la guerre.
Parce qu’il prenait au pied de la lettre son désir de lutter contre le communisme, en 1953, Le Pen s’embarqua pour l’Indochine (qui devint plus tard le Vietnam, le Laos et le Cambodge) avec l’armée. Les Français y subirent une grave défaite, comme les Etats-Unis à leur suite, et après qu’un accord de paix ait été conclu en 1954 (avec la scission du Vietnam), Le Pen revint en France pour y devenir actif politiquement.
Le Pen se fit membre du mouvement poujadiste, fondé par Pierre Poujade en guise de protestation contre une taxe imposée aux petits commerçants et indépendants. Poujade tenait un discours populiste pour recevoir un soutien des indépendants. Il pouvait aussi compter sur le soutien de néo-nazis tels que Maurice Bardèche, un auteur connu pour son livre « Nuremberg ou la terre promise » dans lequel il nie l’holocauste (l’édition en néerlandais fut traduite par une certain Karel Dillen (1)…). Bardèche y formulait tout de même quelques critiques concernant Hitler : il trouvait que le fascisme allemand n’était pas assez pur !
Le mouvement poujadiste pouvait compter sur énormément de sympathie de la part de la droite, et obtint une victoire électorale en 1956, grâce à laquelle Le Pen fut élu au Parlement. A la base de cette victoire, se trouvait essentiellement une rhétorique anti-establishment et le rejet des politiciens traditionnels ; nombre des poujadistes provenaient du mouvement du président De Gaulle (Poujade lui-même avait d’abord été parlementaire pour les gaullistes). Les poujadistes tiraient leur image anti-establishment dans une sphère raciste et antisémite. Le gouvernement de France-Mendès fut décrit comme un gouvernement juif qui n’avait rien à voir avec la France.
Le succès des poujadistes fut de très courte durée. On trouvait de nombreuses différences d’opinion parmi ce mouvement. Ainsi, Le Pen était opposé à l’approche relâchée de Poujade, qui refusait d’organiser le mouvement. Poujade disait que ses partisans devaient être « parmi les gens » au lieu de s’organiser en sections locales. Au contraire, Le Pen était partisan de l’édification d’un parti avec un cadre fort. Un autre point de discussion était les positions concernant l’Algérie et la lutte pour l’indépendance qui s’y déroulait. Le Pen et la plupart des poujadistes étaient complètement opposés à la possibilité d’une indépendance. Le Pen déclarait que l’Algérie devait rester une colonie parce que cela donnait la garantie que la race blanche soit protégée par une meilleure répression des Algériens.
Après la scission du mouvement poujadiste, Le Pen se rendit en Algérie pour y servir en tant qu’officier de l’armée. Lors des mois précédents, il était devenu évident que les Français n’étaient pas des tendres et ne reculaient pas devant la torture la plus brutale, les exécutions de masse, etc. Le Pen fit personnellement partie de ces interventions violentes de l’armée française. Il déclara même plus tard : « J’ai torturé parce que cela était nécessaire » (Le Combat, 9/11/1962). Le Pen trouvait cela nécessaire parce que ce serait un signal pour les « barbares ». La répression des Algériens était, selon lui, en partie « biologiquement déterminée ».
De retour en France, Le Pen prit part aux négociations autour d’un éventuel coup d’Etat de la part du groupe terroriste OAS (Organisation de l’Armée Secrète, un groupe qui s’opposait à l’indépendance de l’Algérie), mais il trouva finalement cette participation trop risquée et retira son soutien.
Dans les années 60, la droite fut poussée sur la défensive. L’Algérie, après l’Indochine, s’était avérée être une nouvelle défaite, et l’extrême-droite française était fragmentée, de sorte qu’elle n’avait quasi plus aucun impact. Le Pen se retira dans sa librairie et sa maison d’édition, dans laquelle il publiait de la propagande de droite. Ceci le conduisit à être condamné à deux reprises (en 1965 et 68) pour sa production de disques reproduisant les discours d’Hitler !
Au début des années ‘70, des négociations furent entamées entre les différentes organisations d’extrême-droite en vue d’une alliance, un « front nationaliste ». La plus importante de ces forces était le groupe « Ordre Nouveau », une organisation connue pour la violence de ses membres, lesquels n’hésitaient pas à malmener physiquement leurs adversaires politiques. Cet Ordre Nouveau fut même interdit à un certain moment après une véritable bataille contre des militants de gauche. Lorsque l’alliance du Front National fut lancée en 1972, l’Ordre Nouveau comptait pour un tiers des membres du FN. Le Pen devint assez vite le dirigeant du FN, et entreprit des tentatives d’organiser cette alliance en un parti fortement organisé. Ce fut sa principale préoccupation pendant les années ‘70, ce qui le poussa à écarter l’opposition de l’Ordre Nouveau.
A partir des années ‘80, le FN commença à obtenir un plus grand impact lors des élections. En 1981, le gouvernement de gauche de Mitterand arriva au pouvoir sur base d’un programme qui promettait de rompre avec le capitalisme. Les sociaux-démocrates et communistes au gouvernement refusèrent de rompre réellement avec la logique du système actuel, et se virent contraints, dans une période de crise économique, de mener une politique libérale. Ceci fut à la base d’un mécontentement contre les sociaux-démocrates et les communistes. Un mécontentement que le FN employa habilement afin de se profiler comme étant les seuls à réellement se soucier des intérêts des Français.
Ceci devint clair lors des élections communales de Dreux (près de Paris), lors desquelles le FN obtint ses quatre premiers élus, au début des années ‘80. Le FN y avait mené une importante campagne anti-immigrés. Les journaux de l’époque relataient les histoires de faux colporteurs de produits de luxe qui sonnaient aux portes, et comment Mohammed avait ainsi pu s’acheter deux télés ou un lecteur vidéo. La campagne raciste trouva un accès faute d’une alternative après le désastre du gouvernement Mitterand. En outre, le FN fut aidé par un accord électoral avec le RPR de Jacques Chirac, lequel disait qu’il préférait avoir 4 membres du FN au conseil communal, plutôt que 4 communistes.
Le FN reçut un énorme soutien venant d’un côté inattendu. Mitterand voulait renforcer sa position en modifiant le système électoral (passer à un système proportionnel plutôt que le système majoritaire), de sorte que chaque fraction de la droite puisse gagner des représentants, renforçant ainsi la division de la droite. Mitterand voyait dans le FN un outil idéal pour affaiblir la droite traditionnelle (le RPR de Chirac). Mitterand fut donc le premier à laisser participer le FN à un débat télévisé sur une chaîne d’Etat. La conséquence ne se fit pas attendre : en 1986, le FN récoltait 10% des voix et, par conséquent, 10% des sièges. Mitterand avait commis une erreur cruciale en pensant en termes de calculs électoraux. Le FN avait enfin de compte pris énormément de voix à la social-démocratie, et était porté par les électeurs de gauche dégoûtés.
La percée du FN dans les années ‘80 mena par conséquent la droite à adopter une partie de la rhétorique du FN. Ainsi le Ministre Pasqua (RPR) reprocha-t-il à son propre Premier Ministre d’avoir été trop laxiste avec les immigrés. Le RPR essaya aussi d’arriver à une alliance électorale avec le FN, mais sans succès. Ces éléments rendirent le FN encore plus fréquentable, ce qui rendit également les militants fascistes de plus en plus confiants en eux-mêmes. A partir de la fin des années ‘80, plusieurs cas de violences avaient déjà été rapportés. Par exemple, un cimetière juif fut complètement dévasté en 1988. En 1993, un journaliste fut battu lors d’un meeting du FN.
Le Pen continua à suivre sa ligne dure. Il a laissé échapper que l’holocauste était un « détail de l’histoire », puis fut condamné après qu’il ait frappé un candidat d’un autre parti lors de la campagne électorale,…
(1) Karel Dillen est un des membres fondateurs du Vlaams Belang, parti néonazi flamand
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Scission au FN : on prend les mêmes et on recommence ?
Traîné en justice pour racisme et pour détournements de fonds, Daniel Féret ne semble plus non plus contrôler le FN : celui-ci se retrouve scindé en deux parties. Le Front National et l’extrême-droite wallonne appartiennent-ils pour autant au passé ?
Baptiste Libois
Le Front National a beau adopter une phraséologie virulente à l’égard de la corruption des politiciens traditionnels et déclarer vouloir balayer les pourris du monde politique, les faits démontrent que le grand maître du FN a détourné des fonds de son parti (financé à hauteur de 90% par l’Etat ) pour s’attribuer, par exemple, une villa dans le Sud de la France. Et en grand despote qui se respecte, Daniel Féret a dirigé d’une main de fer le FN ; quiconque n’en était pas heureux était écarté.
Néanmoins, certains membres du FN ne se sont pas résignés à cette mainmise et, en 20 ans, il y aurait eu pas moins de 35 courants anti-féretistes dans le FN. Ainsi, si le Front National se retrouve aujourd’hui coupé en deux, il s’entredéchire déjà depuis des années. Mais le FN ayant à présent éclaté, est-ce la fin de l’extrême-droite en Wallonie ? Rien n’est moins sûr.
Si le FN n’atteint pas les scores électoraux du Vlaams Belang, ce n’est certainement pas parce que les Flamands sont plus nationalistes et racistes que les Wallons. La raison est que le FN n’a que très peu de militants actifs et ne possède pas un véritable dynamisme de construction. Toutefois, sur base du mécontentement face aux politiques antisociales des derniers gouvernements et du racisme face auquel aucun parti traditionnel n’a de réponse, le potentiel pour une organisation d’extrême-droite reste présent. Les suffrages que récolte le FN malgré son absence d’activité illustrent ce processus.
A présent, alors que l’Orange Bleue promet d’autant plus d’attaques contre les acquis sociaux, les anti-Féret du FN ne comptent pas en rester là. Ils envisagent de “refonder le Front National de manière structurelle, sur le modèle du Vlaams Belang, et idéologique, sur la base d’un corpus nationaliste et populiste”.
Le FN, s’il devient plus actif, sera d’autant plus dangereux sur le plan politique, et sera d’autant plus capable de recueillir les voix de protestation contre le néolibéralisme, sans cependant pouvoir bénéficier du temps sur lequel le VB a pu compter pour se construire.
Comme nous pouvons le voir, si les néo-fascistes ne représentent en rien une alternative, il ne faut pas non plus s’attendre à ce que leur fin découle de leurs bagarres internes.
Le seul moyen d’anéantir l’extrême droite, c’est de proposer une réelle alternative de gauche à la politique de casse sociale des partis capitalistes traditionnels et de l’extrême droite pour les travailleurs, les chômeurs, les jeunes et les retraités, flamands, wallons, bruxellois ou immigrés.
Toi aussi, rejoins-nous dans le combat anti-fasciste, défends avec nous l’idée qu’un nouveau parti des travailleurs est nécessaire. Le CAP est aujourd’hui un bon moyen pour cela !
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Pour contrer l’extrême-droite, il faut lutter contre la politique anti-sociale!
Pas de capitalisme sans racisme
Quinze années après la fondation de la campagne Blokbuster en Flandre, Résistance Internationale lance aujourd’hui une campagne similaire du côté francophone. Car l’extrême-droite n’est pas un phénomène “flamand” : à Bruxelles et en Wallonie pointe la menace d’une nouvelle percée du FN. Des milliers de jeunes se posent la question: que peut-on faire contre cette montée de l’extrême-droite?
Supprimer les dotations? Aller en justice?
Avec l’expérience de ces 15 dernières années du côté flamand, nous avons une vision très claire de ce qu’il ne faut pas faire dans la lutte contre l’extrême-droite. Les partis, les intellectuels, les journalistes ont d’abord dit qu’il fallait ignorer celle-ci, pour ensuite déclarer que le cordon sanitaire, puis la condamnation en justice du VB pour racisme allaient résoudre le problème. Rien de tout cela n’a marché. Aujourd’hui, nous nous trouvons en face de deux nouvelles propositions: supprimer le financement public du VB ou le « brûler au pouvoir ».
Comme le cordon sanitaire ou les procès contre le VB l’ont démontré, nous ne devons pas attendre de réussites provenant de tactiques qui ignorent le terreau social sur lequel se développe l’extrême-droite. Tous les politiciens traditionnels défendant une politique néolibérale, il est logique qu’une partie grandissante de la population se sente larguée et cherche des alternatives ailleurs. Condamner le président du FN pour racisme n’a rien changé à cela, pas plus que le Vlaams Belang n’a perdu de votes après sa condamnation pour racisme.
Supprimer les dotations publiques serait en soi positif. Pourquoi nos impôts devraient-ils servir à construire un parti comme le FN? Mais si le FN pourrait connaître des problèmes financiers avec la perte de sa dotation, il ne faut pas nécessairement de grands moyens pour se développer électoralement. La meilleure preuve, c’est qu’une grande partie des subsides actuels du FN n’est pas dépensée pour de la propagnade politique parce qu’elle disparaît dans les poches des dirigeants du parti mais que cela n’empêche pas son électorat de grandir.
Pour nous, faire participer le FN ou le VB au pouvoir, au niveau national, régional ou communal, n’est pas non plus une option valable. En France, l’exemple de la ville d’Orange est édifiant. Le Front National y a obtenu une majorité en 1995. De fortes coupes budgétaires ont été appliquées dans les services communaux. Des cinq centres sociaux, trois ont été fermés. Les militants syndicaux ont dû encaisser tellement d’injures que le secrétaire du syndicat Force Ouvrière à Orange, Pierre Nouveau, s’est suicidé parce qu’il ne pouvait plus supporter la pression… Le responsable de la bibliothéque de la ville a été licencié et tous les ouvrages contre le racisme – et même des contes africains – ont été bannis pour “manque de respect pour les normes morales”. La bibliothèque a été truffée de livres offerts par des membres du FN.
Notre réponse
Nous ne pouvons pas attendre sans rien faire en imaginant que le FN va se détruire de lui-même, à force de dissensions internes et de scissions. Nous ne comptons pas non plus sur les politiciens traditionnels qui se présentent comme les « défenseurs de la démocratie » mais qui sont responsables de la politique qui nourrit la croissance du FN.
La progression électorale du FN peut mener des militants d’extrême-droite organisés au FN ou dans des groupuscules comme NATION à avoir plus confiance en eux. C’est un danger sérieux et il est important d’essayer d’éviter que de tels groupes commencent à s’organiser de façon plus ouverte pour propager leur haine. Les manifestations et les autres actions de protestation contre les meetings de ces groupes ont donc leur utilité.
Mais ce n’est pas suffisant. Pour dépasser le mécontentement passif qui s’exprime dans les victoires électorales du FN, il faut une opposition active qui organise la résistance contre la politique néolibérale et se batte pour que chacun ait droit à un emploi avec un salaire décent, un logement à loyer abordable, un accès gratuit à l’enseignement de qualité,… Cela ne peut s’obtenir que par une lutte décidée. Et, dans celle-ci, les participants comprennent souvent mieux l’importance de l’unité et les préjugés racistes reculent. Mais cet effet positif risque de n’être que temporaire. Pour qu’il devienne durable, il est important que se développe un vrai parti de gauche qui fasse le lien entre ces luttes, les aide à se développer, donne une alternative au système actuel et mène une campagne décidée contre le racisme.
En construisant un tel parti, on peut à terme regagner des votes qui échouent actuellement au FN. Cet effet a été obtenu récemment en Allemagne : la récente percée nationale du Parti de gauche (Linkspartei) s’est aussi traduite par une défaite électorale pour l’extrême-droite. Le potentiel pour une nouvelle formation de gauche est présent chez nous aussi. En construisant un instrument politique qui relaie les luttes de la population, on pourra en même temps faire reculer le FN.