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  • La journée du 14 novembre en Italie : La Cgil a à peine mobilisé, mais les travailleurs et les jeunes ont rempli les places

    Le 14 novembre, dans une trentaine de villes italiennes, des centaines de milliers de travailleurs et d’étudiants ont manifesté contre le gouvernement, contre les politiques d’austérité et de coupes budgétaires, en réponse à l’appel de la Confédération européenne des syndicats (CES).

    Giuliano Brunetti, ControCorrente (CIO-Italie)

    Ici, en Italie, la principale confédération syndicale du pays, la Confédération générale italienne du travail (Confederazione Generale Italiana del Lavoro, CGIL), a pris part à la journée d’action en appelant à une ”grève générale 4 heures”. Cette décision de prendre part aux mobilisations européennes du 14 novembre est positive, mais elle n’efface en rien la forte responsabilité de la CGIL et de ses instances dirigeantes à cette étape particulière de la crise. En effet, quatre heures, c’est très peu étant donné l’ampleur de la crise et des attaques antisociales. Il est toutefois à mentionner que certains secteurs, comme le commerce, les télécommunications, les écoles et la fonction publique, ont étendu la grève à 8 heures.

    La faible adhérence à la grève est liée à plusieurs facteurs, et tout d’abord à la faiblesse de la mobilisation. En réponse à l’appel de la Confédération Européenne des Syndicats, la CGIL a décidé un peu plus de 10 jours à l’avance de lancer un mot d’ordre de grève symbolique, en laissant peu de temps à ses délégués syndicaux pour expliquer aux travailleurs les raisons de cette protestation spécifique. Ils n’ont pas d’organisé de réunions sur les lieux de travail pour expliquer la plate-forme de revendications et sérieusement préparer la mobilisation des travailleurs. De plus, les termes utilisés pour préparer cette journée du 14 novembre étaient vagues et très généraux.

    Dans la plate-forme de la grève, la CGIL a déclaré: ”La CGIL est contre le démantèlement de l’État providence, contre la privatisation des services publics et contre l’attaque contre les négociations collectives. Elle se prononce en faveur d’une gouvernance économique favorable à la croissance, pour une politique de redistribution des richesses par l’impôt, pour une politique industrielle ambitieuse, le partage de la dette par le biais des euro-obligations et pour le respect des négociations collectives."

    Les travailleurs de la Cgil n’ont pas manifesté pour exiger des euro-obligations, mais pour affirmer leur volonté de défendre les retraites, les salaires, l’enseignement, les soins de santé et les transports publics !

    La timidité de la Cgil dans l’organisation des manifestations, des grèves et des protestations contre un gouvernement qui – du point de vue des attaques contre les conditions de vie et les droits des travailleurs est allé beaucoup plus loin que le précédent gouvernement Berlusconi – n’a pas été oubliée. Beaucoup de travailleurs n’ont pas oublié l’absence criminelle de présence de la part de la direction de la CGIL en cette année de boucherie sociale sous la direction du gouvernement Monti. Ils se demandent à juste titre où était la Cgil lorsque le gouvernement a attaqué les pensions, lorsque le gouvernement a démantelé le statut des travailleurs ou a laissé désespéré des dizaines de milliers de ”esodati”, ces travailleurs qui ont été laissés sans salaire ni pension.

    La présence de la FIOM, la section très militante des métallos de la CGIL, est à souligner. Elle a activement participé aux grèves et aux manifestations dans près d’une centaine de villes. À Pomigliano (Naples), là où se trouvent les plus importantes usines de Fiat et où les membres de la FIOM ont souffert de graves discriminations et de violations de leurs droits en raison de leur appartenance syndicale, la Fiom a organisé une grande manifestation à laquelle ont participé le Secrétaire général de l’organisation, Maurizio Landini. C’est qu’au-delà de l’attaque généralisée contre les conditions de vie et de travail des travailleurs, la FIOM s’oppose également fortement au contrat national que la Federmeccanica (l’organisation patronale de la métallurgie) est sur ​​le point de signer avec confédérations syndicales Cisl et Uil.

    En ce qui concerne les divers «syndicats de la base», l’absence totale de l’USB (Unione Sindicale di Base) est à noter. Cette dernière a choisi de boycotter la journée d’action afin de ”ne pas collaborer avec les syndicats jaunes.” Cette décision n’a pas été de nature à aider au développement d’un mouvement radical de la classe ouvrière en Italie. La COBAS (Confédération des comités de base), pour sa part, a par contre pris une part active à la lutte en amenant la majorité de ses membres dans les rues, en particulier dans le secteur de l’éducation.

    La participation aux manifestations a été particulièrement forte dans l’enseignement, notamment en raison des importantes réductions budgétaires en cours dans le secteur, et qui ont déjà été à la base des manifestations étudiantes massives au début du mois d’octobre et de la grande manifestation qui a déferlé dans les rues de Rome le samedi 10 novembre. A Rome, ce 14 novembre, environ 50.000 personnes, principalement des étudiants aux côtés de nombreux travailleurs du secteur public, ont bloqué toute la ville et ont essayé d’atteindre le bâtiment du parlement.

    Une répression policière brutale

    Malgré le caractère relativement pacifique de la manifestation, la police a reçu l’ordre de charger et de disperser les manifestants. De grandes quantités de gaz lacrymogènes ont été envoyées à hauteur des yeux de manifestants non-violents et désarmés. Les charges de la police ont laissé des dizaines de personnes à terre, les manifestants ont été encerclés par des agents de police et des lâchement frappés au visage avant d’être emmenés pour identification. Beaucoup de jeunes manifestants ont signalé des blessures multiples, des visages gonflés, des dents cassées et des fractures.

    La violence policière n’est pas le fait de quelques fanatiques isolés, la police a obéi à des ordres spécifiques, le gaz lacrymogène qui a été tiré dans la foule en fuite a même été tiré du siège du ministère de la Justice. Cette violence, visible sur des centaines de vidéos, est non seulement injustifiée, mais également une confirmation de la volonté politique d’effrayer les jeunes manifestants à leurs premières manifestations. ControCorrente, la section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Italie, exprime son entière solidarité avec les manifestants violentés par la police. Parmi les blessés se trouvent de nombreux étudiants du secondaire.

    A Milan, la grève a créé de graves perturbations de la circulation, l’événement a réuni des travailleurs de la CGIL, des étudiants, les travailleurs de l’hôpital San Raffaele ainsi que les travailleurs des transports, y compris les cheminots.

    La participation aux manifestations des autres villes fut remarquable. A Turin, une manifestation de 20.000 personnes a défilé à travers la ville. A Naples, une grande manifestation a traversé la vieille ville, avant d’occuper la gare centrale de Piazza Garibaldi. De grandes manifestations ont aussi été organisées à Bologne, Gênes, Cagliari, Florence, Bari et Catane.

    Les étudiants, principalement du secondaire, avec leurs enseignants, ont exprimé leur volonté de défendre l’enseignement public contre la politique du gouvernement (augmenter des heures de travail, démantèlement des contrats de travail, etc.)

    Malgré la timidité des bureaucraties syndicales, le 14 novembre a été un succès politique relatif en Italie, il a montré au grand jour la volonté de lutter et de résister qui se répand à la base de la société, à Alcoa, à Sulcis, chez Ikea, chez Coop, parmi les métallos, les enseignants , les travailleurs précaires et temporaires, ainsi que chez les jeunes et les étudiants.

    Maintenant, il est important de resserrer les rangs et d’immédiatement préparer une stratégie de mobilisation pour une prochaine journée de lutte. Nous devons nous préparer pour une grève générale de masse de 24 heures afin de commencer à inverser le rapport de force dans la société et de clairement mettre en avant la seule force capable de stopper les attaques contre nos droits, le démantèlement de l’éducation publique, la santé et le transport, etc. Seule une mobilisation totale et bien préparée de la classe ouvrière est capable de renverser les politiques actuelles d’austérité, qui continueront à être appliquées par le nouveau gouvernement – qu’il soit technique ou politique – qui sortira des urnes le printemps prochain.

  • Aggravation de la crise sociale et politique en Italie

    Les possibilités de création d’un nouveau parti des travailleurs grandissent

    L’année 2012 a vu les crises économique, sociale et politique s’aggraver encore plus en Italie. Après la Grèce, l’Italie est un des pays les plus touchés par la crise au sein de l’Union Européenne. Le FMI estime à 2,2% la diminution du PIB italien pour 2012. Le taux de chômage y a atteint son niveau le plus élevé depuis 2001, 1 jeune sur 3 se retrouvant officiellement sans emploi. Durant les premiers mois de l’année, 150.000 entreprises ont dû mettre la clé sous la porte – l’équivalent de 1.600 fermetures par jour.

    Giuliano Brunetti, Controcorrente (CIO-Italie)

    Selon l’ISTAT (Institut National de la Statistique), 8,3 millions d’Italiens (12% de la population) vivent sous le seuil de pauvreté tandis que 5% d’Italiens vivent dans une situation de pauvreté alarmante. Pendant ce temps, le gouvernement a voté le Pacte Fiscal et une nouvelle « révision des politiques publiques ». Appliquer ces deux mesures signifierait une réduction drastique des fonds alloués à la santé publique et le licenciement de 130.000 employés du secteur public. D’ores et déjà, 35% des jeunes sont sans emploi et dépendent de leur famille pour survivre.

    Maintenant que la Constitution italienne impose d’équilibrer le budget, avec l’objectif de réduire la dette publique (123,8% du PIB) de 5% par an, cela veut dire que jusque 2023, les différents gouvernements devront mettre en oeuvre des coupes budgétaires de 45 milliards d’euros par an.

    Ces données chiffrées, factuelles, sont le meilleur indicateur de la profondeur de cette crise, de ses sévères répercussions pour l’homme de la rue et des abysses vers lesquelles le capitalisme traîne la société.

    Crise du système politique

    La crise économique s’est traduite dans le langage cru d’une crise politique. En fait, on peut même dire que le système entier a été secoué par plusieurs tremblements de terre. Les classes dirigeantes sont maintenant confrontées à un tumulte grandissant dans leurs rangs. Pas une seule institution n’a été épargnée par la crise : la Cofindustria (Fédération des patrons italiens), l’Eglise catholique et même la Fédération Nationale de Football ont été affaiblies par des scandales de corruption, de pots-de-vin, par des divisions internes.

    Au récent Congrès National de la Cofindustria, le président de la fédération n’a été élu qu’à une majorité de 11 votes seulement. C’est la première fois dans l’histoire de cette institution qu’un président est élu avec une majorité si ténue. Ces divisions sont l’expression de tensions bien réelles au sein des classes dirigeantes, particulièrement dans les rangs des gros industriels.

    Dans ces circonstances, il serait correct de dire que leur seule force réside dans la faiblesse des organisations des travailleurs et particulièrement de leur ligne de conduite politique.

    Le gouvernement technocrate dirigé par le banquier Mario Monti, composé de quelques uns des « plus fins stratèges » de la classe capitaliste italienne, est isolé dans la société italienne : moins d’un Italien sur trois le soutient. Et seulement 4% des Italiens disent faire confiance aux partis politiques !

    Tous les partis politiques majeurs, de la Ligue du Nord au PDL (Peuple de la Liberté) de Berlusconi en passant par le PD (Parti Démocrate) doivent faire face à une forte réduction de leur soutien populaire, tout en sachant que la moitié des Italiens n’ont pas voté aux dernières élections locales.

    La Ligue du Nord, qui pendant de nombreuses années a construit son caractère populaire autour de son opposition aux élites corrompues des salons romains, est à son tour secouée par des scandales de corruption. Ces derniers impliquent l’achat d’un diplôme pour le fils de l’ancien chef de file Umberto Bossi ou encore l’acquisition de diamants et de propriétés en Tanzanie via les caisses électorales du parti.

    Confrontés à la colère dans leurs rangs, les élites de la Ligue ont préféré écarter leur leader historique pour élire Roberto Maroni, ancien ministre de l’intérieur sous le gouvernement Berlusconi, au poste de Secrétaire Fédéral.

    Il y a quelques mois, le PDL se targuait encore d’être le premier parti d’Italie, affirmant compter un million de membres dans ses rangs. Mais aux dernières élections locales, le parti a subi une défaite cuisante, perdant des centaines de mayorats et finissant troisième voire quatrième dans certaines villes, souvent avec moins de 10% des suffrages.

    Le possible retour de Berlusconi sur la scène politique est quant à lui le dernier geste désespéré et grotesque du capitaine essayant de sauver son navire sur le point de couler.

    Le PD, même lui, a perdu des dizaines de milliers de votes, en partie dans des bastions de longue date du PD. Cependant, la base électorale du PD a mieux tenu que celle du PDL.

    Beppe Grillo et le Mouvement 5 Etoiles

    Le nouveau facteur pouvant bouleverser le champ politique italien est incarné par le succès sans précédent du Mouvement 5 Etoiles. Mené par Beppe Grillo, humoriste millionnaire reconverti en politique, le Mouvement 5 Etoiles n’est ni un parti politique, ni une alliance, ni un mouvement social comme nous aurions l’habitude d’en voir. Le mouvement a été construit autour d’Internet, d’un site web, mettant en avant des visions politiques très généralistes prônant le rejet des politiques de droite comme de gauche. Le mouvement de Beppe Grillo n’a pas vraiment de liste de membres, de structure, de ramifications visibles ou encore de dirigeants élus. Grillo a bâti son autorité en proclamant la différence entre son mouvement et la caste politique corrompue. Bref, avec une façon obsolète de faire de la politique.

    Il a érigé ses forces sur les ruines de la gauche traditionnelle, débâcle politique et organisationnelle du Parti de la Refondation Communiste (PRC) incluse. Avec sa rhétorique radicale, Grillo a pu attirer vers son mouvement une nouvelle frange de la société – des jeunes provenant généralement de milieux de gauche mais également de milieux de droite, parfois même de la Ligue du Nord.

    On estime à 20% les intentions de vote pour son mouvement. Ce résultat ferait du Mouvement 5 Etoiles la seconde force politique en Italie. A l’heure actuelle, le mouvement a déjà plusieurs centaines de conseillers locaux élus. Certains mayorats ont aussi été obtenus, notamment dans la ville de Parme, cité d’une taille déjà conséquente. Le succès de Beppe Grillo doit être vu comme étant l’expression du rejet des partis traditionnels et des énormes possibilités existant pour une une opposition, un mouvement alternatif au sein de la société italienne.

    Cependant, cet engouement est plus basé sur une perte de confiance et un dégoût envers la politique dite traditionnelle, plutôt que sur un enthousiasme positif et constructif que le mouvement aurait suscité. Ce succès est donc extrêmement volatile : il serait ainsi plus approprié de parler de rassemblement contre le reste du paysage politique plutôt que de soutien pour Grillo et son mouvement à proprement parler.

    Le Mouvement 5 Etoiles pourrait drainer plus de soutien dans un futur proche mais son inaptitude à adopter un programme clair pour répondre aux besoins des gens ordinaires, en addition d’une absence d’ancrage réel dans la société, pourrait nous indiquer un déclin après l’ascension vertigineuse que l’on a pu observer.

    A ce moment-là, des milliers de militants du Mouvement risquent de finir déçus, découragés et en quête d’une autre solution politique. La gauche et le mouvement ouvrier se devront alors de proposer une solution aux nombreux jeunes gens, aux nombreux travailleurs ayant été dans un premier temps séduits par la rhétorique « anti-système » de Beppe Grillo.

    ALBA, le Comité Anti-Dette et le combat pour la fondation d’un nouveau parti des travailleurs

    Comme l’a démontrée la montée en puissance du «Grillismo », nous vivons une situation extraordinaire, une période où l’accélération des processus sociaux et historiques est flagrante, caractérisée par une décomposition/recomposition rapide du paysage politique.

    Rarement auparavant a-t-on ressenti aussi fort le besoin d’une entité politique nouvelle ; une arme dans les mains de celles et ceux qui veulent se battre et résister aux attaques frontales menées par les oligarques sur les droits et les conditions de vie des classes populaires.

    Aujourd’hui, le débat est ouvert autour de cette problématique : elle ne peut plus être postposée ni évitée. La tentative de la direction du syndicat métallurgiste (la FIOM) d’envoyer un « ultimatum » aux partis politiques démontre bien la volonté de certains militants actifs dans les milieux industriels de trouver un moyen d’expression, un mégaphone à utiliser pour organiser la lutte et rallier ceux qui veulent s’unir contre le système en place.

    Le 1e octobre 2011, un millier d’activistes, leaders syndicalistes et autres travailleurs luttant pour leurs droits répondirent présent à l’appel lancé par Giorgio Cremaschi, ancien leader de la FIOM, ainsi que par certaines sections du Syndicat de la Base (USB). Cet appel proposait de bâtir une organisation de lutte et de discussion autour d’un programme politique anti-crise.

    Le « manifeste » politique qui fut approuvé à la première assemblée générale du « Comité Anti-Dette » s’articulait autour du besoin d’un côté de rejeter l’étranglement provoqué par la dette publique et de l’autre d’argumenter en faveur d’une nationalisation des banques – et de la finance en général – sous contrôle démocratique avec pour objectif de faire payer aux responsables la crise du capitalisme.

    Cependant, le sentiment de découragement, de résignation, la frustration ambiante concernant la situation politique, l’appel à la grève générale (d’abord postposée puis finalement abandonnée) de la Confédération Générale Italienne du Travail (CGIL), accumulés à l’inaptitude à transformer en propositions politiques concrètes la demande de non-paiement de la dette, ainsi que l’opportunisme avec lequel certaines composantes d’organisations de gauche telles que Sinistra Critica (Secrétariat Unifié de la Quatrième Internationale) et Falcemartello (Tendance Marxiste Internationale) ont « oeuvré », tout cela a au cours des derniers mois stoppé dans leur élan les processus de construction, renforcement et consolidation du Comité Anti-Dette et ses composantes territoriales.

    Il n’est pourtant pas exclu qu’avec l’intensification de la crise de l’euro et le renforcement de la dette, le Comité puisse résoudre ses remous internes. Cependant, cette hypothèse n’est pas la plus probable de toutes.

    En parallèle, une discussion s’est ouverte concernant une proposition lancée par « Il Manifesto », journal politique de gauche. Cette proposition est connue sous le nom d’ALBA, une association entre diverses campagnes visant à protéger la propriété publique et l’environnement. ALBA a tenu son premier meeting national à Florence. Des activistes de mouvements sociaux divers, des leaders syndicalistes ainsi que des citoyens ordinaires s’y sont joints. Le programme politique d’ALBA doit certes encore être défini mais apparaît d’ores et déjà très confus.

    Néanmoins, nous ne pouvons pas écarter la possibilité que cette initiative puisse attirer le soutien de tous ceux ayant perdu leurs illusions concernant les partis traditionnels, et donc à la recherche d’un nouveau « foyer politique ».

    Le succès du Mouvement 5 Etoiles montre toutes les possibilités offertes par une telle situation politique et surtout qu’un espace vacant politique de cette importance ne peut persister bien longtemps. Il peut y avoir d’énormes possibilités, d’énormes opportunités mais en l’absence d’une réelle alternative de gauche, d’autres forces – de droite y compris – peuvent occuper la place laissée libre par l’effondrement de la gauche traditionnelle.

    Dans le futur, Controcorrente continuera d’oeuvrer dans les alliances, de faire campagne pour une lutte organisée et de promouvoir l’exigence d’une grève générale de 24 heures comme première étape dans le combat contre le gouvernement Monti et ses attaques.

    En même temps, nous continuerons de coopérer avec le Comité Anti-Dette ainsi qu’à suivre le développement d’ALBA, tout en restant ouverts à toute initiative nouvelle qui pourrait émerger, autour du FIOM par exemple.

  • Dépêche Etudiants de Gauche Actifs Secondaire & Supérieur – Mars 2012

    La nouvelle dépêche des Etudiants de Gauche Actifs est diffusée depuis plusieurs jours déjà dans différentes écoles, hautes écoles et universités du pays. Au programme, un bilan des activités de février et un agenda – bien chargé – pour ce mois de mars, avec manifestation anti-nucléaire, antifasciste, en solidarité avec les sans-papiers, en défense du droit des femmes,…

    MANIFESTATION ANTI-FASCISTE

    15-03 à 20h Gare de Leuven

    Le 15 Mars, le NSV, l’organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang, organise sa marche annuelle de la haine. Cette année, elle prendra place à Louvain. Le NSV a une tradition de racisme extrême, manifeste ses sympathies fascistes et n’a pas peur de recourir à la violence.

    Europe: croissance de l’extrêmedroite violente

    En Juillet dernier, le fasciste Anders Breivik a tué des dizaines de jeunes du Parti travailliste norvégien, après avoir commis un attentat à la bombe dans le centre d’Oslo. Il a motivés ses actes avec un manifeste contre les immigrés et le “marxisme culturel.” Ce manifeste a été retrouvé dans la boîte aux lettres des membres NSV de Gand et des membres du Vlaams Belang que Breivik apparemment apprécie. L’année dernière, en Allemagne, un groupe terroriste néo-nazi a commis plusieurs attaques meurtrières contre des immigrés turcs. En décembre, un militant d’extrême-droite italien a abattu à Florence 2 vendeurs ambulants sénégalais. En Hongrie, le parti néo-fasciste Jobbik a obtenu 16% des voix. Les marches fascistes de Jobik – tacitement autorisées par l’État –ciblent les Tsiganes, les Juifs et les progressistes. Un porte-parole de Jobbik, le 11 Octobre 2011, a été invité par le NSV à l’Université de Gand. Ou encore, l’ex-président du NSV Hasselt, Thierry Vanroy, a écrit sur un forum internet: “Une fois que la démocratie s’effondrera dans le chaos, j’espère qu’une main de fer fasciste prendra le relais.”

    Ils cultivent l’absence de perspective engendrée par la crise du capitalisme.

    Les groupes néo-fascistes comme le NSV peuvent bénéficier d’un climat d’assainissements durs dans les services publics, de montée du chômage, de manque de perspectives, de bas salaires … pour répandre un message de haine et de division et passer à l’acte. Blokbuster trouve irresponsable que le NSV soit de plus en plus reconnu officiellement dans les universités alors qu’il est prouvé que ces tyrans sont des racistes autoproclamés. C’est jouer avec le feu. Dans le contexte d’un système capitaliste en crise, des individus ou des groupes instables au sein de l’extrême droite reçoivent une chance de mettre en pratique leur idéologie raciste et violente. Dans la lutte contre l’allongement du stage d’attente pour les jeunes, contre l’augmentation des minervaux des universités, contre le chômage et les emplois précaires, nous devons être « tous ensemble » pour défendre nos intérêts. Ce ne sont pas les immigrés, les « Wallons » ou les « Flamands » et les syndicalistes combattifs qui sont la cause de la crise et du déclin social, mais les banques et les 1% de super-riches dont les profits passent avant tous les droits sociaux et les acquis des jeunes et du mouvement des travailleurs.

    Vers une grande manifestation anti-NSV pacifique. Des emplois, pas de racisme !

    Blokbuster et Etudiants de Gauche Actifs veulent démontrer clairement avec cela que la majorité des étudiants et des résidents à Louvain ne sont pas d’accord avec les idées et les méthodes du NSV. Nous portons un message contre le racisme et la division parmi les victimes des politiques néolibérales. Nous exigeons le retrait de la reconnaissance du NSV à la KUL et nous voulons également stimuler la discussion sur la nécessité d’un autre type de société, non pas centré sur les profits, mais sur les besoins et les intérêts de la majorité.

    Participer à la campagne Anti-NSV avec EGA? Contacte-nous par mail à: ega@gauche.be


    EGA en Action

    30/1 EGA secondaire participe à la Grève Générale

    EGA a proposé aux jeunes de l’Athénée Charles Janssens (ACJ), une école d’Ixelles, de soutenir les travailleurs en participant à la grève. Et l’action fut un franc succès! Directement, nous avons accroché notre calicot ‘‘Nous voulons des écoles, du travail, un avenir’’ sur la place de Londres, juste à côté de l’école, que nous avons #occupé, les slogans ont commencé à être scandés et nous avons aussi tenu une assemblée ou chacun pouvait prendre la parole. Aux moments les plus forts, il y avait une trentaine d’écoliers ainsi rassemblés.

    8/2 Action contre le procès du Muffinman

    EGA Secondaire – Gand a mobilisé une trentaine de lycéens pour l’action de soutien au Muffinman. Il a été acquitté par la Cour d’appel de Gand. Il avait été précédemment condamné pour avoir emporté des muffins qui avaient été jetés par un grand magasin. La direction du magasin et le tribunal de première instance avaient qualifié cela de ‘’Vol’’. Nous défendons la nécessité que le secteur alimentaire soit basé sur les besoins de la population et non pas sur la soif de profits de quelques capitalistes.

    23/2 Succès du débat à l’unif de Gand sur la grève générale

    Ce 23 février, les Etudiants de Gauche Actifs Supérieur à Gand avaient organisé un débat entre partisans et adversaires de la grève générale du 30 janvier dernier. Face à une audience d’environ 150 personnes, le débat fut agité. Marc De Vos, de l’institut libéral Itineras’est par la suite fendu d’un tweet magistral : ‘‘Karl Marx est vivant, il se trouve dans l’auditoire D.’ Oui, Marx avait tendance à être gênant, et ses idées le sont toujours. Pour beaucoup de patrons et pour tous les défenseurs du système, il reste le trouble fête par excellence.

    29/2 Action de Solidarité avec les étudiants de Valencia

    Depuis quelques semaine, à Valencia, en Espagne, des écoliers et des travailleurs sont en lutte contre l’austérité et la répression policière. A cette occasion, nous avons pris l’initiative, avec d’autres organisations (Fgtb-ULB, Attac-ULB, JAC, JOC, FEWLA) d’organiser une action de solidarité. Nous avons pu réunir une trentaine de personnes. Après l’action, nous somme parti en délégation vers la Banque Nationale, pour le rassemblement syndical pour montrer que les étudiants aussi se mobilisent contre l’austérité!


    ISR

    EGA fait partie d’une organisation de jeunes présente dans plus de 40 pays, ISR (International Socialist Resistance). Ce qui nous permet de tirer les leçons des révolutions avec des jeunes tunisiens impliqués dans les événements ou d’apprendre de nos interventions dans les mouvements de masse en Grèce, en Espagne, en Russie, au Québec,…

    125.000 étudiants en grève au Québec

    Les étudiants québecois sont en grève “indéfinie” depuis le 27 février contre la hausse des minervals à 1625$. Ce n’est pas aux étudiants de payer leur crise. Des dizaines de milliers de jeunes ont manifesté à Montréal et à Québec. Une nouvelle manifestation nationale aura lieu le 22 mars. Les étudiants “d’Alternative Socialiste” (équivalent d’EGA au Québec) joue un rôle important dans les assemblées générales et sur les piquets de grève.

    Grève des étudiants en Angleterre le 14 mars

    Le NUS (syndicat national des étudiants) appel à une journée de grève dans l‘enseignement supérieur en Angleterre contre les coupes budgétaires. Cela faisait 90 ans que le NUS n’avait plus appelé à une grève étudiante. Socialist Students (EGA en Angleterre) mènent une campagne quotidienne sur l’ensemble des universités et des hautes écoles du pays pour faire du 14 mars une journée d’action massive.


    Agenda

    Action Stop ACTA !

    ACTA, est un accord qui menace la liberté d’Internet, qui permet de poursuivre celui qui enverrait un extrait de musique par mail et qui introduit une surveillance systématique des échanges d’information sur Internet. Les médicaments génériques pourront être interdits, tout comme l’utilisation de certaines semences qui seront protégées par des brevets. Ces mesures visent uniquement à protéger les énormes profits des industries du disque, du cinéma, pharmaceutique et agro-alimentaire.

    Samedi 10 mars – 14h à Bruxelles

    Manifestation nationale «PLUS JAMAIS DE FUKUSHIMA»

    La cathastrophe nucléaire à Fukushima a clairement illustré la responsabilité des actionnaires des grandes entreprises dans la crise environnementale. Tepco (Tokyo Power Electric Company, premier producteur privé d’énergie au monde), qui a en charge les réacteurs de Fukushima, avait falsifié une trentaine de rapports d’inspection des réacteurs nucléaires. Les capitalistes se soucient peu de notre sécurité, de notre santé, de notre environement et de nos vies. Leur soif de profit et leur avidité est sans limite.

    Dimanche 11 mars à 14h30 à la Gare du Nord – Bruxelles

    Manifestation Antifasciste contre le NSV à Louvain

    Le 15 Mars, le NSV, l’organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang, organise sa marche annuelle de la haine dans l’une des villes universitaires en flandre. En 2012, c’est au tour de Louvain. Comme chaque année, BlokBuster organise une contre-manifestation à une distance sécurisée du NSV. Nous voulons coopérer avec d’autres organisations et avec les jeunes résidant à Louvain pour exprimer dans la rue un message clair contre le racisme et le fascisme et pour une société où les vrais problèmes sociaux sont abordés.

    Jeudi 15 mar s à 20h Martelarenplein – Leuven

    Manifestation Vottem «camp de la honte, 13 ans déjà…»

    EGA participe à la manif contre le centre fermé pour sans-papiers situé à Vottem. Nous défendons la suppression des centres fermés, l’arrêt des expulsions et la régularisation des sans-papiers et le droit de chacun à avoir un emploi décent. Ce ne sont pas eux qui sont responsables de la pénurie d’emplois, c’est la soif de profit des patrons. C’est d’ailleurs cette même logique qui maintient des dictatures dans les pays du monde néocolonial. Nous disons : c’est aux multinationales qu’il faut s’en prendre, pas à leur victime !

    Dimanche 18 mars à 14h Parc de la Citadelle – Liège

    Manifestation «Pro-Choix» pour le droit des femmes

    Depuis 2 ans, une marche réactionnaire contre l’avortement est organisée à Bruxelles. L’archevêque Léonard, les milieux ultraconservateurs et l’extrême-droite y participent. Un rassemblement de protestation contre cette Marche est prévu contre cette Marche est prévue le 24 mars par la plateforme “Abortus Right”. Nous défendons la nécessité de construire une manifestation d’ampleur en mars prochain en allant chercher le soutien dans le mouvement syndical, le mouvement de défense des droits des femmes et des LGBT.

    Samedi 24 mars à 14h Place Poelaert – Bruxelles

    Weekend Socialisme 2012

    Socialisme 2012 est un weekend de discussion avec des orateurs belges et internationaux, dont des participants au processus révolutionaire en Tunise ou à #Occupy Wall Street,… L’occasion pour nous rencontrer dans une ambiance combattive, pour assister aux débats sur des sujets comme “Pourquoi le capitalisme mène irrémédiablement à la crise?”, “Les Jeunes en Lutte pour l’Emploi”, “L’Extrême-droite en Europe : NO PASARAN ! et bien d’autres sujets… inscrit-toi via info@socialisme.be

    28/29 avril au centre culturel ‘De Rink’ – 7 Place de la Vaillance, Anderlecht


    MANIFESTATION PRO-CHOIX

    “ABORTION RIGHT” 14h Place Poelaert – BXL

    Il y a plus de 20 ans, l’avortement a été dépénalisé en Belgique. Pourtant, depuis deux ans, des « Marches pour la Vie » sont organisées. Leurs organisateurs sont pour l’abolition du droit à l’avortement.

    Le mouvement «Pro Life» essaie de s’implanter en Belgique. Le groupe “Sinterklaas” organise des actions devant des centres de planning familial en brandissant des photos de foetus et, si ça ne leur est pas interdit, en jetant de l’eau bénite sur les patientes des centres. Nous ne pouvons pas accepter ces campagnes d’intimidation et de culpabilisation.

    Ils profitent de la crise économique et politique, pour essayer de faire accepter leurs idées réactionnaires et attaquer le droit des femmes à décider pour leur propre corps ! Dans plusieurs pays, le droit à l’avortement est déjà limité. En Espagne, le gouvernement conservateur a annoncé un durcissement de la législation : les filles mineures seront obligées de demander l’accord de leurs parents. Pourtant l’interdiction de l’avortement n’a pour conséquence qu’une augmentation des interventions dangereuses. Les femmes avortent tout de même mais en utilisant des procédés qui mettent leur vie en danger ! Voilà pourquoi partout où les mouvements « Pro-Life » manifestent nous devons leur opposer une résistance avec un programme clair !

    • Maintien du droit à l’avortement et allongement du temps durant lequel on peut légalement avorter !
    • Pour l’accès à une contraception gratuite et de qualité pour tous !
    • L’éducation sexuelle ne peut être laissée entre les mains des programmes télévisés et d’internet ! Pour un refinancement public de l’enseignement, permettant une éducation sexuelle sérieuse !

    Mais la politique de casse sociale ne laisse aucune chance au «libre choix». Beaucoup de femmes décident encore d’avorter pour des raisons financières. Nous défendons également le droit d’avoir des enfants sans que cela nous rende plus pauvre ou nous prenne tout notre temps.

    • Pour un logement et un revenu décent pour tous !
    • Nous n’avons pas besoin d’économies dans les services publics mais plutôt d’un élargissement de différents types de services qui permettent aux femmes de combiner famille, travail et loisirs.

    Organisons-nous !

    Seule une lutte collective des travailleuses et des travailleurs peut obtenir ces acquis. C’est la seule manière efficace pour lutter contre ces organisations opportunistes qui exploitent les problèmes sociaux pour imposer leurs idées réactionnaires. Dans une société dirigée par les profits d’une infime minorité, le sexisme tout comme le racisme ou l’homophobie, est utilisé pour diviser. Nous avons besoin d’un système qui répond aux besoins de la majorité, un système socialiste.

  • 15 mars 2012 : Manifestation antifasciste à Louvain

    Le 15 Mars, le NSV, l’organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang, organise sa marche annuelle de la haine. Cette année, elle prendra place à Louvain. Le NSV a une tradition de racisme extrême, manifeste ses sympathies fascistes et n’a pas peur de recourir à la violence.

    Tract des Etudiants de Gauche Actifs

    Tract en version PDF

    Rejoignez la résistance antifasciste !

    Groupe Facebook de l’évènement

    Europe: croissance de l’extrême-droite violente

    En juillet dernier, le néofasciste Anders Breivik a tué des dizaines de jeunes du Parti travailliste norvégien, après avoir commis un attentat à la bombe dans le centre d’Oslo. Il a motivé ses actes par un manifeste contre les immigrés et le “marxisme culturel.” Ce manifeste a été retrouvé dans les mails de membres du NSV de Gand et chez des membres du Vlaams Belang, que Breivik apprécie apparemment. L’année dernière, en Allemagne, un groupe terroriste néo-nazi a commis plusieurs attaques meurtrières contre des immigrés turcs. En décembre, un militant d’extrême-droite italien a abattu 2 vendeurs ambulants sénégalais à Florence. En Hongrie, le parti néo-fasciste Jobbik a obtenu 16% des voix. Les marches néofascistes du Jobik – tacitement autorisées par l’État – ciblent les Tsiganes, les juifs et les progressistes. Un porte-parole du Jobbik, le 11 octobre 2011, a été invité par le NSV à l’Université de Gand. L’ex-président du NSV à Hasselt, Thierry Vanroy, a aussi écrit sur un forum internet: “Une fois que la démocratie s’effondrera dans le chaos, j’espère qu’une poigne de fer fasciste prendra le relais.”

    Ils cultivent l’absence de perspective engendrée par la crise du capitalisme

    Les groupes néo-fascistes comme le NSV peuvent bénéficier d’un climat d’assainissements durs dans les services publics, de montée du chômage, de manque de perspectives, de bas salaires,… afin de répandre un message de haine et de division et de passer à l’acte. Blokbuster trouve irresponsable que le NSV soit de plus en plus officiellement reconnu dans les universités alors qu’il est prouvé que ces tyrans sont des racistes autoproclamés. C’est jouer avec le feu. Dans le contexte d’un système capitaliste en crise, des individus ou des groupes instables au sein de l’extrême droite reçoivent une chance de mettre en pratique leur idéologie raciste et violente. Dans la lutte contre l’allongement du stage d’attente pour les jeunes, contre l’augmentation des minervaux des universités, contre le chômage et les emplois précaires, nous devons être ‘‘tous ensemble’’ pour défendre nos intérêts. Ce ne sont pas les immigrés, les ‘‘Wallons’’ ou les ‘‘Flamands’’ et les syndicalistes combattifs qui sont la cause de la crise et du déclin social, mais les banques et les 1% de super-riches dont les profits passent avant tous les droits sociaux et les acquis des jeunes et du mouvement des travailleurs.

    Vers une grande manifestation anti-NSV pacifique. Des emplois, pas de racisme !

    Blokbuster et Etudiants de Gauche Actifs veulent démontrer clairement avec cela que la majorité des étudiants et des résidents à Louvain ne sont pas d’accord avec les idées et les méthodes du NSV. Nous portons un message contre le racisme et la division parmi les victimes des politiques néolibérales. Nous exigeons le retrait de la reconnaissance du NSV à la KUL et nous voulons également stimuler la discussion sur la nécessité d’un autre type de société, non pas centré sur les profits, mais sur les besoins et les intérêts de la majorité.

    Plus d’infos? Participer à la campagne Anti-NSV avec EGA? Contacte-nous par mail à: ega@gauche.be

  • [DOSSIER] Italie, 1920 : Quand les travailleurs occupaient les usines

    En 1920, un mouvement d’occupations d’usines historique a pris place en Italie, allant jusqu’à susciter une profonde remise en question du capitalisme. Ce mouvement de masse a pourtant échoué à renverser l’autorité du capitalisme et sa disparition a malheureusement présidé à l’avènement du fascisme. Dans ce dossier, notre camarade Christine Thomas, de la section italienne du CIO (Contro Corrente) revient sur ces évènements et les leçons à en tirer.

    ‘‘En 1920, la classe ouvrière italienne avait, en effet, pris le contrôle de l’Etat, de la société, des usines et des entreprises. En fait, la classe ouvrière avait déjà gagné ou virtuellement gagné.’’ (Léon Trotsky, au quatrième Congrès de l’Internationale Communiste, novembre 1922 ). De fait, des travailleurs armés occupaient alors les usines, et des paysans s’étaient également emparés des terres. Le parti socialiste italien (PSI) était fort de quelque 200.000 membres à ce moment.

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    De l’occupation de places à l’occupation d’entreprises !

    Le thème de l’occupation est revenu sur le devant de la scène lors des luttes qui ont pris place au cours de l’année 2011. Nous avons déjà commenté sur notre site, dans notre journal et dans nos tracts cette méthode admirable issues des plus belles traditions du mouvement ouvrier et qui pose la question du contrôle de la société. Vers le mouvement des Indignés ou Occupy, nous défendons de déplacer les occupations de places symboliques vers les lieux de travail. Les pas qui ont été posés en cette direction aux Etats-Unis avec le blocage des ports, notamment celui d’Oakland, sont d’une très grande importance. En Belgique, dans le cadre de la lutte pour la sauvegarde de l’emploi dans la sidérurgie liégeoise, nous défendons l’occupation des sites d’ArcelorMittal en tant que première étape vers la nationalisation de la sidérurgie sous le contrôle des travailleurs. Les liens ci-dessous développent ces questions.

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    Selon les mots de Lénine, le PSI incarnait – de par son opposition à la première guerre mondiale – ‘‘l’heureuse exception’’ des partis affiliés à la Seconde Internationale. En mars 1919, ce même parti avait rejoint l’Internationale Communiste afin d’apporter son soutien à la ‘‘dictature du prolétariat’’. Et pourtant, le mouvement de septembre qui marquait l’étape finale de deux années rouges consécutives (biennio rosso) a échoué à renverser l’instance capitaliste, et sa défaite inaugura la montée du fascisme.

    Aujourd’hui, ce mouvement historique est en voie de devenir la ‘‘révolution oubliée’’, y compris par l’Italie elle-même. Beaucoup d’organisations politiques de masse n’existent plus et les marxistes doivent faire face à la tâche difficile de construire des partis neufs sur base des vieux fondements idéologiques de la classe des travailleurs. Mais la crise prolongée du capitalisme en cours – et les luttes qui en découlent – produiront inévitablement de nouvelles forces politiques avec, une fois de plus, l’hypothèse d’un réformisme et d’un centrisme massifs. C’est pour cette raison que, plus de 90 ans après, la révolution italienne mérite la même attention que d’autres révolutions ‘‘manquées’’ plus familières aux militants de gauche.

    Le mouvement de septembre commença en fait comme une ‘‘simple’’ lutte économique visant à protéger les salaires dans le secteur de l’ingénierie et de la métallurgie. Le coût de la vie connaissait une progression affolante – en juin 1920, les prix dépassaient de 20 % ceux qui étaient en cours trois mois plus tôt à peine. Les patrons avaient accumulé d’énormes profits pendant la guerre mais, selon une logique qui touchera une corde sensible chez tous les travailleurs d’aujourd’hui, ils s’employaient à rejeter la crise économique d’après-guerre sur la classe ouvrière.

    Non seulement ces patrons refusaient d’accorder les 40 % d’augmentation de salaire réclamés par l’union des ouvriers métallurgistes de la FIOM (une section autonome de la principale fédération syndicale (CGL)) mais, quand les négociations furent rompues et que les travailleurs mirent en place un ‘‘va mollo’’ au cœur de leur cadence de travail, les employeurs de l’usine Roméo de Milan décidèrent de fermer l’entreprise et 2000 ouvriers se retrouvèrent à la porte d’un seul coup.

    La FIOM riposta en lançant un appel immédiat à l’occupation de 300 usines milanaises. Cette riposte fut perçue par les dirigeants syndicaux comme une manifestation purement défensive qui, au final, coûterait moins cher que l’organisation d’une grève. Ils furent toutefois totalement dépassés par l’ampleur de la lutte qui s’ensuivit.

    De nombreuses angoisses qui s’étaient accumulées explosèrent alors. Des usines furent saisies dans les bastions industriels de Turin et de Gênes et au-delà de Florence, à Rome, Naples et Palerme. Le raz-de-marée d’occupations engloutit d’innombrables secteurs industriels dont ceux des produits chimiques, du caoutchouc, des chaussures ou encore du textile, pour ne citer qu’eux.

    Finalement, un demi-million de travailleurs tant syndiqués qu’inorganisés, furent impliqués dans cette belle aventure.

    Des drapeaux rouges (socialistes) et noirs (anarchistes) se déployèrent au-dessus des usines occupées. Sur le même temps, des ‘‘Gardes Rouges’’ armés contrôlaient les allées et venues aux abords de l’usine, décidant de qui pouvait entrer et sortir. Les travailleurs eux-mêmes maintenaient l’ordre, interdisant l’alcool et punissant ceux qui transgressaient les codes de discipline qu’ils s’étaient fixés ensemble.

    Le mouvement est allé plus loin à Turin – surnommée la ‘‘Petrograd’’ italienne en référence à la Révolution russe de 1917 – jusqu’à devenir un véritable mouvement de masse populaire qui impliqua pas moins de 150.000 travailleurs.

    Au centre Fiat (à l’époque rebaptisé ‘‘Fiat Soviet’’) les ‘‘commissaires’’ d’atelier organisaient la défense du site ainsi que le transport et le contrôle des matières premières. Les travailleurs de Turin s’organisèrent en conseils d’usine (coordonnés par le ‘‘lavoro di camere’’, une sorte de ‘‘conseil de métiers’’) et des comités de travailleurs prirent la responsabilité de la production, du crédit ainsi que de l’achat et de la vente des marchandises et des matières premières.

    Formellement, les capitalistes et leurs représentants politiques au gouvernement étaient aux commandes mais, en réalité, ils ne contrôlaient plus rien. Ils étaient en quelque sorte « paralysés ». Comme le journal national – ‘‘Corriere della Siera’’ – l’a exprimé sans fioriture : le contrôle complet des usines était aux mains des travailleurs.

    On tenait là un exemple clair de ce qui constitue une étape cruciale à l’intérieur du processus révolutionnaire, à savoir l’étape du ‘‘double pouvoir’’, où celui qui contrôle la société ressent la nature vacillante de son statut et où le destin s’écrit, soit par les forces révolutionnaires potentielles – qui achèvent la révolution via le renversement de l’ancien régime – soit par la vieille classe dominante qui neutralise les forces qui voulaient l’abattre et se réapproprie le contrôle.

    Le mouvement des conseils de l’usine de Turin

    Ce qui advint par la suite ne peut être compris que dans un contexte conjoncturel antérieur, et plus particulièrement dans la période de l’immédiat après-guerre. Les patrons avaient délibérément provoqué le mouvement de Septembre en ‘‘enfermant dehors’’ les ouvriers affectés aux centres d’ingénierie. Cette manœuvre patronale avait évidemment pour but de porter un coup décisif à la classe ouvrière.

    ‘‘Il n’y aura pas de concessions’’, avait déclaré le représentant des patrons à Bruno Buozzi, chef de la FIOM. ‘‘Depuis la fin de la guerre, nous n’avons rien fait d’autre que de baisser nos pantalons. Maintenant c’est votre tour.’’

    Comme cela avait été le cas dans de nombreux pays européens, la guerre, mais aussi la victoire remportée par les travailleurs et les paysans contre le capitalisme et le féodalisme en Russie, avaient donné lieu à une situation explosive en Italie. En 1917, des mouvements semi-insurrectionnels avaient secoué le nord du pays tandis que des paysans et des ouvriers se rebellaient au sud. Il a toutefois fallu attendre 1919 pour que le mouvement s’intensifie et se généralise davantage.

    La première grande bataille des deux ‘‘années rouges’’ fut remportée par les métallurgistes qui, au printemps de 1919, menèrent des actions de grève et obtinrent la journée des huit heures.

    En juin et juillet de la même année, la flambée des prix provoqua un autre mouvement insurrectionnel au nord. Dans de nombreuses régions, des comités de citoyens (sortes de Soviets ‘‘embryonnaires’’) s’emparèrent du contrôle complet des prix.

    Au printemps 1920, le climat insurrectionnel gagna encore en intensité, d’où la hausse du nombre de grèves spontanées générées par l’extrême pénibilité des conditions économiques et sociales. La ‘‘courbe des températures’’ en milieu gréviste devait toutefois poursuivre sa montée inexorable : en 1918 on comptabilisait 600.000 grèves, en 1919 on en comptait 14.000.000 et en 1920 on atteignait le chiffre de 16.000.000 !

    Sur le plan industriel, Turin était la ville la plus importante d’Italie et, du point de vue des capitalistes, elle fut le lieu originel d’émergence puis de développement du mouvement le plus dangereux.

    Dans les usines, les travailleurs s’organisèrent en commissions internes. Il s’agissait d’instances contradictoires dont l’existence débuta en 1906 en tant que comités de revendication affectés aux questions de discipline et d’arbitrage. Ceux-ci étaient dominés par les représentants du syndicat et considérés par la caste capitaliste comme des organes de collaboration de classe, ou encore comme un moyen d’amener les travailleurs à participer aux décisions concernant leur propre exploitation sur les lieux de travail.

    Mais pendant la guerre, ces commissions explosèrent et devinrent l’objet d’une véritable bataille qui opposa les ouvriers de terrain aux patrons sur la question de savoir qui exerçait le contrôle dans les usines. Un rôle crucial dans ce mouvement a été joué par l’Ordine Nuovo (l’Ordre Nouveau), un journal fondé à Turin en mai 1919 par Antonio Gramsci et trois autres socialistes. Inspiré par la révolution russe, l’Ordre Nouveau appelait à la démocratisation des commissions internes et à l’établissement de conseils ouvriers élus par l’ensemble des travailleurs, sans pour autant exclure ceux qui n’étaient pas syndiqués.

    Les conseils ouvriers ne se bornaient pas à exercer un contrôle sur les lieux de travail, mais devenaient d’authentiques organes de pouvoir au service des travailleurs dans la société toute entière.

    L’idée de ces conseils ouvriers se répandit à travers la ville telle une traînée de poudre. Partout dans Turin, dans chaque industrie importante, des élections désignèrent des commissaires d’atelier : il est à noter qu’à son apogée, le mouvement des conseils impliqua pas moins de 150.000 travailleurs dans cette ville… Les capitalistes n’allaient évidemment pas rester bras croisés et accepter indéfiniment l’imposition d’un double pouvoir effectif et permanent à l’intérieur des usines. ‘‘Il ne peut y avoir qu’une seule autorité dans l’usine’’ déclarait le manifeste de la Ligue Industrielle de Turin. ‘‘Les conseils d’ouvriers de Turin doivent être implacablement écrasés’’ clamait de son côté le leader industriel Gino Olivetti.

    En mars 1920, alors que les élections se déroulaient sur chaque lieu de travail pour renouveler les commissions internes, les patrons sont montés à l’assaut en annonçant un verrouillage des centres d’ingénierie à travers toute la ville. Un conflit s’ensuivit, non pas centré sur des griefs économiques, mais bien sur des domaines touchant à la fois au contrôle ouvrier et à la reconnaissance des conseils d’usine. En avril, la grève des métallurgistes s’étendit à l’industrie chimique, à l’imprimerie, au bâtiment ainsi qu’à d’autres secteurs, impliquant un demi-million de travailleurs, soit la quasi-totalité de la classe ouvrière de Turin !

    Quatre jours plus tard, le mouvement s’étendit au-delà des confins de la ville, atteignant la région du Piémont. Une solidarité spontanée s’organisa à Livourne, Florence, Gênes et Bologne, mais les directions syndicales refusèrent de prolonger la grève et – comme au temps de la Commune de Paris en 1871 – le mouvement des conseils d’usine de Turin resta isolé, coupé du reste du pays. A la différence de la Commune de Paris toutefois, dont l’Histoire nous a appris l’issue fatale (les estimations parlent d’au minimum 20.000 morts et 20.000 déportés après la ‘‘semaine sanglante’’ d’avril 1871, NDLR), les milliers de travailleurs ne perdirent pas la vie, mais l’accord qui mis fin à la grève fut vécu comme une amère défaite.

    En dépit d’une reconnaissance formelle des conseils d’usine, cet accord privait les ouvriers de l’exercice d’un contrôle réel sur leur lieu de travail. De plus, après ces journées d’avril, les patrons furent encouragés à aller plus loin dans l’offensive et à reprendre les travailleurs en main. 11.000 industriels appartenant à 72 associations s’organisèrent en une instance centralisée – la Confindustria, qui existe toujours aujourd’hui – qui tint sa première conférence nationale cette année-là. Ces patrons se retrouvaient ainsi unis en une même opposition face aux revendications des travailleurs. Mais la portée des occupations – ainsi que le potentiel révolutionnaire de celles-ci – restaient incontestables et des fissures profondes lézardèrent bientôt la façade du front uni des capitalistes.

    Les ‘‘faucons’’, qui comptaient parmi eux Agnelli, le propriétaire de Fiat, poussèrent le gouvernement à adopter une ligne dure et à briser les occupations par la force. Une autre aile redoutait toutefois une intervention de l’armée – et des forces de l’Etat – à l’encontre des travailleurs. Cette aile craignait le risque de voir la situation s’embraser davantage et entraîner dans la débâcle le système capitaliste dans sont entièreté.

    Le premier ministre Giolitti, élu trois mois auparavant, adopta plutôt la ‘‘logique de la colombe’’ et choisit de demeurer dans sa maison de vacances, d’attendre et de laisser faire le temps dans l’espoir évident que l’usure gagne la classe ouvrière et que cette dernière se retrouve à devoir se prosterner à ses genoux.

    Lorsque Agnelli sollicita l’intervention du gouvernement, Giolitti proposa cependant de bombarder l’usine Fiat afin de la ‘‘libérer de l’occupant’’… ‘‘Non, non’’, s’écria Agnelli. Et Giolitti de résumer lui-même en des termes sans équivoque le fameux dilemme de la classe dirigeante : ‘‘Comment pourrais-je mettre fin à l’occupation ? Il est question de 600 usines dans l’industrie métallurgique. (…) J’aurais dû placer une garnison dans chacune d’elles. (…) Pour occuper les usines, j’aurais dû utiliser toutes les forces à ma disposition ! Et qui aurait assuré la surveillance des 500.000 travailleurs en dehors des usines ? C’aurait été la guerre civile’’. (3) La classe dirigeante était impuissante. La balle était désormais dans le camp des travailleurs…

    Se battre avec des mots

    L’effet de la radicalisation d’après-guerre sur les organisations ouvrières avait été explosif. A la fin de la guerre, la CGL (le syndicat lié au PSI) comptait environ 250.000 membres. Deux ans plus tard, deux millions de travailleurs étaient enrôlés dans ses rangs ! Au cours de l’été 1920, l’union-anarcho-syndicaliste (USI) – qui rejetait la ‘‘politique’’ – pouvait réclamer 800.000 membres et le syndicat catholique du commerce (CIL) était, quant à lui, passé de 162.000 membres en 1918 à un million en 1920. La croissance du PSI ne fut pas moins spectaculaire : 24.000 membres en 1918, 87.000 en 1919 et 200.000 en 1920. En novembre 1919, le parti remporta une stupéfiante victoire électorale, raflant plus de 1,8 millions de voix et devenant, avec 156 députés, la force parlementaire la plus puissante. Il s’assurait aussi le contrôle de 2000 conseils locaux (soit près d’un quart du total).

    Giolitti tablait sur les dirigeants syndicaux, estimant qu’ils seraient capables de retenir la vague d’occupations et de prévenir une insurrection révolutionnaire. En avril, la direction nationale de la CGL, ainsi que celle de la FIOM, s’était montrée hostile au mouvement des ‘‘conseils d’usine’’ qui représentait une menace au niveau de leur contrôle sur la classe ouvrière. Elle avait résisté à toute tentative d’étendre la lutte au-delà de Turin. En septembre, leur principale préoccupation était de maintenir leur contrôle sur le mouvement, de limiter les revendications des occupations aux thèmes économiques (salaires,…), et de prévenir toute volonté de ceux qui désormais exerçaient le contrôle de la société de défier clairement le système capitaliste.

    Et le PSI dans tout ça ? Le parti se prononça en faveur de la révolution et caractérisa, très justement, cette période de ‘‘révolutionnaire’’. Les travailleurs contrôlaient les usines, pas les capitalistes ; la classe dominante était déchirée en raison de ses divisions et l’Etat était paralysé. C’était l’heure de la lutte pour le pouvoir.

    Mais alors que les mouvements révolutionnaires commencent souvent spontanément, sans aucun véritable ‘‘modus vivendi’’, mener une révolution vers sa conclusion – ce qui pour la classe ouvrière et paysanne revient à prendre le pouvoir des mains de la classe dirigeante capitaliste et à construire un Etat ouvrier démocratique – exige un mouvement conscient guidé par un parti révolutionnaire porté par un programme, une stratégie et une tactique claires. Les bolchéviks en avaient fait la démonstration limpide et éclatante trois ans auparavant en Russie.

    Des centaines d’usines furent occupées. Les travailleurs, spécialement à Turin, appelaient ces conseils d’usine à s’étendre davantage. Des initiatives furent développées par la base mais, dans de nombreux domaines, ces occupations d’usine se vivaient séparément les unes des autres et les travailleurs se concentraient exclusivement sur leurs propres questions locales.

    Pendant ce temps là, les ouvriers ruraux et les paysans étaient aussi en effervescence, montant au créneau, se battant, manifestant et s’emparant des terres et autres biens fonciers appartenant aux propriétaires terriens. En 1920, 900.000 ouvriers agricoles rejoignirent la CGL. Cependant, ces soulèvements furent pour la plupart vécus en retrait du monde des ouvriers d’usine.

    Il existait pourtant un besoin impérieux de voir les occupations gagner tous les secteurs de la société et les conseils des travailleurs s’étendre au-delà des lieux de travail et se coordonner au niveau local, régional et national. La formation de comités de paysans et de travailleurs ruraux (l’Italie était encore majoritairement un pays rural) liée aux conseils de travailleurs aurait pu poser les bases d’un gouvernement révolutionnaire des travailleurs et des paysans.

    Dans sa presse, le PSI a publié des articles stimulants relatifs, par exemple, à la formation de soviets, plans détaillés à l’appui. On trouve encore dans cette presse des déclarations révolutionnaires exhortant les paysans à soutenir les grévistes, ainsi qu’un appel aux ‘‘prolétaires en uniforme’’ à rejoindre la lutte des travailleurs et à résister aux ordres de leurs officiers supérieurs.

    Lors du deuxième Congrès de l’Internationale Communiste – qui se tint durant les mois de juillet et août 1920 – les représentants du parti évoquèrent la révolution imminente. Le 10 septembre, la direction nationale du PSI annonça son intention d’ ‘‘assumer la responsabilité et la direction du mouvement afin de l’étendre au pays tout entier ainsi qu’à l’ensemble de la masse prolétarienne’’. (4) Sur papier, c’est un programme révolutionnaire, mais dont la concrétisation n’a jamais dépassé le stade de l’écrit. La direction nationale du PSI fut qualifiée de ‘‘centriste’’ par Lénine (soit des ‘‘révolutionnaire en paroles’’). En tout cas, la direction du PSI était incapable, ou insuffisamment motivée, de tirer des conclusions pratiques de sa phraséologie révolutionnaire.

    Gramsci a expliqué que l’ensemble du PSI avait rejoint la troisième Internationale Communiste, mais sans vraiment comprendre ce qu’il faisait. Une grande partie du parti était encore dominée par les réformistes ou les ‘‘minimalistes’’ (qualifiés ainsi parce qu’ils adhéraient au ‘‘programme minimum’’ du parti, lequel se bornait à une logique de revendications démocratiques, tout en ignorant – ou en le concédant du bout des lèvres – le ‘‘programme maximum’’ de la révolution socialiste). L’existence même d’un programme ‘‘minimum’’ et ‘‘maximum’’ – sans aucun rapport entre eux – aide à comprendre pourquoi le PSI a réagi comme il l’a fait en septembre.

    Dirigés par Turati et Treves, les minimalistes étaient essentiellement concernés par le travail visant à gagner du soutien électoral pour obtenir des postes au Parlement et dans les conseils locaux. Selon eux, les réformes concernant la classe ouvrière devaient être garanties par le Parlement plutôt que par la lutte des classes qui, quand elle avait lieu, devait se limiter aux créneaux économiques ‘‘sûrs’’, c’est-à-dire qui ne représentaient aucune menace pour le système capitaliste. La base principale était – sans surprise – réformiste dans le parti parlementaire ainsi que dans la CGL qui avait été mise en place par le PSI en 1906.

    A côté des réformistes, et, pour la plupart, à la tête du parti, se trouvaient les ‘‘maximalistes’’ dirigés par Serrati. Ils défendirent le programme maximum de la révolution socialiste, mais à la mode typiquement centriste. La principale préoccupation de Serrati était de maintenir l’unité du parti à tout prix ‘‘pour la révolution’’, même si cela équivalait à faire des concessions aux minimalistes. Ainsi, lui et les autres dirigeants centristes ignorèrent-ils les conseils de Lénine qui prescrivaient l’expulsion des réformistes et prônait la constitution d’un parti unifié autour d’un programme communiste clairement défini. En plus de tout ceci, il fallait compter avec les communistes regroupés principalement autour d’Amadeo Bordiga, sans oublier les partisans de Gramsci…

    Une autre caractéristique du centrisme est l’indécision. Pendant les ‘‘journées d’avril’’, la direction avait adopté une position passive, permettant au mouvement des conseils d’usine de se retrouver complètement isolé à Turin, et par conséquent vaincu. La confiance de l’aile ‘‘minimaliste’’ du parti se renforça et cela conduisit aussi à une augmentation du soutien à l’égard des anarchistes en réaction. L’immobilisme du PSI en avril constitua un avant-goût de ce qui allait arriver en septembre. Il n’était en aucune manière préparé à la tempête qui allait faire rage à travers le pays. Comme l’a expliqué Trotsky, l’organisation la plus effrayée et la plus paralysée par les événements de septembre a été le PSI lui-même. (5)

    "L’organisation centrale du parti n’a pas jugé utile jusqu’à présent d’exprimer une seule opinion ou de lancer un seul slogan", écrit Gramsci, en août. (6) En fait, en dépit de sa base, le PSI ne disposait pas d’organisation réelle dans les usines. En 1918, le parti avait signé un ‘‘pacte d’alliance’’ avec la CGL, désignant deux sphères d’influence artificiellement séparées : le PSI se chargeait de mener les ‘‘grèves politiques’’ et la CGL ‘‘les grèves économiques’’. Naturellement, comme l’occupation de septembre l’avait clairement montré, il n’existait pas de distinction franche entre les deux : une grève qui débute sur une question économique (la ‘‘question des salaires’’, dans ce cas précis) devait rapidement revêtir un caractère plus général et, en tous les cas, un caractère politique.

    Mais cette fausse stratégie signifiait que le parti ne se réservait qu’un rôle secondaire – dévolu ordinairement au spectateur voire à la ‘‘pom-pom girl de service’’ – plutôt que de s’approprier le rôle principal : à savoir celui d’un parti révolutionnaire capable de guider le mouvement vers la conquête du pouvoir ainsi que les bolcheviks l’avaient fait en Russie.

    Le PSI pouvait bien imprimer des proclamations abstraites et des manifestes pro-soviétiques, concrètement, il ne faisait rien pour promouvoir ceux-ci parmi les travailleurs eux-mêmes, et permettait donc aux dirigeants syndicaux réformistes – qui mettaient toute leur énergie à faire échouer la révolution – de renforcer leur influence.

    Cette approche propagandiste abstraite était également manifeste dans l’attitude du parti envers les paysans et les travailleurs agricoles. Dans son emphatique rhétorique révolutionnaire, il appelait en ces termes à soutenir les travailleurs des usines : ‘‘Si demain sonne l’heure des grèves décisives, celle de la bataille contre tous les patrons, vous, aussi, ralliez-vous ! Reprenez les villes, les terres, désarmez les carabiniers, formez vos bataillons dans l’unité avec les travailleurs, marchez sur les grandes villes, soyez du côté du peuple en armes contre les voyous mercenaires de la bourgeoisie ! Car le jour de la justice et de la liberté est proche, et la victoire peut-être à portée de la main… ! " (7) Mais l’influence du parti dans les zones rurales, en particulier au sud, restait minime.

    Serrati considérait effectivement que les travailleurs étaient ‘‘socialistes’’ par essence et les paysans ‘‘catholiques’’, renonçant à toute tentative de recruter les masses rurales radicalisées du sud. Lors du deuxième Congrès de l’Internationale Communiste, Serrati rejeta la politique agraire de l’Internationale Communiste au motif que celle-ci était inappropriée par rapport à l’Italie. Un journaliste du ‘‘Corriere della Serar’’ a très bien résumé l’approche du PSI à cette époque en disant que ‘‘les dirigeants socialistes veulent attaquer le régime seulement avec des mots.’’ (8)

    Quand une action concrète était nécessaire

    Dès la deuxième semaine de septembre, les occupations se répandirent spontanément, mais de nombreux travailleurs urbains devenaient fatigués et impatients, attendant en vain quelqu’un capable de passer enfin de la parole à l’acte et de montrer l’exemple. La situation instaurée par le double pouvoir ne pouvait pas continuer indéfiniment : le temps de l’action décisive était venu.

    Le 9 septembre, le conseil de direction de la CGL rencontra certains dirigeants du PSI. Lors de cette réunion, le chef de la CGL, D’Aragona, demanda de but en blanc aux socialistes de Turin : ‘‘êtes-vous prêts à passer à l’attaque, avec vous-même en première ligne, quand ‘‘attaquer’’ signifie très précisément démarrer un mouvement d’insurrection armée ?’’ Ce à quoi Togliatti (un futur leader du Parti Communiste Italien) répondit "Non". (9) Les travailleurs qui occupaient les usines étaient armés et, à Turin, un comité militaire avait même été organisé depuis le mois d’avril. Mais les travailleurs se retrouvaient pour la plupart dans des forteresses isolées, séparées les unes des autres et, comme Togliatti lui-même le soulignait alors, les préparatifs militaires qui s’organisaient étaient purement défensifs.

    En Octobre 1917, en Russie, l’insurrection armée (la prise de contrôle des institutions-clés de l’Etat ainsi que des positions stratégiques, comme les télécommunications et les transports) avait été préparée à la manière d’une lutte pour la défense de la révolution contre les forces contre-révolutionnaires. Mais, comme l’expliquait Trotsky, l’insurrection de masse elle-même, "qui se tient au dessus d’une révolution comme un pic au-dessus d’une montagne d’événements’’, est un acte offensif qui peut être "prévu, préparé et organisé à l’avance sous la direction du parti. Une insurrection ne peut être spontanée et renverser un pouvoir ancien, mais la prise du pouvoir nécessite une organisation appropriée ; elle nécessite un plan’’. (10) La première tâche est de convaincre les troupes, ce que les bolcheviks avaient réussi à faire avant l’insurrection.

    En septembre 1920, le PSI exprima par écrit – et dans un langage on ne peut plus radical – que l’heure de la ‘‘lutte décisive’’ était proche… mais il ne fit absolument rien pour préparer l’avènement de ce combat crucial. Il n’existait aucune coordination pour l’armement des travailleurs, pas d’approche concrète vers les rangs des forces armées pour qu’ils forment leurs propres comités démocratiques destinés à soutenir la révolution. Il n’existait que des déclarations éthérées et, naturellement, aucun plan pour la formation d’une alternative gouvernementale ouvrière.

    Comme cela a déjà été mentionné, le 10 septembre, la direction nationale du PSI vota la prolongation du mouvement. Ce même soir, les dirigeants de la CGL qualifièrent de bluff cette décision de la direction du PSI. Lors d’une réunion commune des deux organisations, les dirigeants de la CGL démissionnèrent et D’Aragona offrit de remettre le contrôle du mouvement au parti : ‘‘Vous croyez que le moment de la révolution est arrivé ?’’, dit-il. ‘‘Très bien : dans ce cas, vous devez en assumer la responsabilité (…) Nous soumettons notre démission (…) Vous prenez la direction de l’ensemble du mouvement.’’ (11) Et que firent les dirigeants du PSI ? Tout comme dans ce jeu révolutionnaire tragique, tout entier résumé par l’expression ‘‘passer le colis’’, ils ‘‘passèrent’’ la question au Conseil national de la CGL !

    Umberto Terracini (co-fondateur avec Gramsci et Angelo Tasca de l’Ordre Nouveau) devait déclarer ceci : "Quand les camarades qui menaient la CGL présentèrent leur démission, la direction du parti ne pouvait ni les remplacer, ni espérer les remplacer. C’était Dugoni, D’Aragona, Buozzi, qui dirigeaient la CGL. Ils furent, à tout moment, les représentants de la masse". (12) Et donc, les centristes, qui des heures plus tôt étaient censés se préparer à propager la révolution, étaient en réalité désemparés face à ce qu’il fallait faire par la suite. En l’absence de programme clair, et sans disposer d’aucune stratégie ni tactique, ils étaient voués à capituler inévitablement et à abandonner le contrôle total aux réformistes (qui, eux, avaient un plan) afin d’éviter la révolution à tout prix.

    ‘‘La direction du parti avait perdu des mois à prêcher la révolution’’, écrivait Tasca, ‘‘mais elle n’avait rien prévu, rien préparé. Quand le vote à Milan accorda la majorité aux thèses de la CGL, les leaders du parti poussèrent un soupir de soulagement. Dégagés désormais de toute responsabilité, ils pouvaient se plaindre – avec force trémolos dans la voix ! – de la trahison de la CGL. De cette manière, c’est un peu comme s’ils avaient quelque chose à offrir aux masses qu’ils avaient pourtant abandonnées au moment décisif, heureux dans cet épilogue qui leur permettait de sauver la face.’’ (13)

    La résolution de la CGL, qui transforma une lutte révolutionnaire en une lutte purement syndicale, remporta le vote au Conseil national. Elle sollicita le contrôle syndical afin d’être reconnue et une commission mixte, composée d’employeurs et de représentants syndicaux, fut mise en place pour étudier la question. Lorsque la FIOM organisa un référendum pour voter l’accord final qui mettrait fin aux occupations, celui-ci fut massivement accepté, sans se heurter à aucune opposition émanant du cœur du syndicat lui-même.

    La réaction capitaliste fut mitigée. Agnelli était tellement déprimé par toute cette affaire qu’il proposa de transformer Fiat en coopérative, non sans se dispenser de cette interrogation ironique : ‘‘comment pouvez-vous construire quelque chose avec 25.000 ennemis ?’’ (14) Mais les leaders syndicaux refusèrent son offre. Une partie des capitalistes, pourtant, s’insurgeaient contre la question du contrôle des travailleurs. Mais les ‘‘modérés’’ comprenaient bien qu’après presque un mois d’occupations, les travailleurs n’accepteraient rien de moins.

    Comme le journaliste Einaudi l’exprima succinctement : ‘‘la raison et le sentiment conseillent aux industriels de céder le contrôle, de mettre fin à un état de choses qui ne saurait plus continuer sans échapper à la décomposition et à la désagrégation.’’

    La Commission, en fait, n’a jamais émis une seule proposition et le contrôle des travailleurs fut enterré tandis que la crise économique étranglait l’Italie l’année suivante et que des dizaines de milliers de travailleurs perdaient leur emploi, y compris de nombreux militants (qui comptaient parmi les plus actifs à l’intérieur du mouvement d’occupations).

    L’accord qui mit fin aux occupations ne fut pas initialement perçu comme une défaite par de nombreuses sections de travailleurs (et ne fut pas présenté comme tel par le syndicat et les dirigeants du PSI). Les acquis économiques – les hausses substantielles de salaire, les congés payés etc – constituaient d’impressionnantes victoires pour un combat syndical. Mais, naturellement, le mouvement avait le potentiel d’être beaucoup plus que cela et voulait beaucoup plus que cela. C’est seulement au cours des quelques mois suivants, alors que la crise économique commençait à sévir et que les bandes fascistes se mobilisaient contre les travailleurs, que la pleine mesure de la défaite atteignit les consciences.

    Les communistes auraient-ils pu s’investir davantage dans leur manière de façonner l’événement ?

    Le deuxième Congrès de l’Internationale Communiste, qui s’est en fait réuni alors que le mouvement était en marche, disposait d’informations très limitées sur ce qui se passait en Italie. Ce n’est que le 21 septembre, alors que les occupations étaient en voie de démobilisation, que l’Internationale publia un manifeste appelant à la formation de conseils d’ouvriers et de soldats, et à l’insurrection armée pour la conquête du pouvoir.

    Gramsci n’était pas présent au Congrès, mais Lénine loua son texte sur le renouvellement du PSI, le considérant comme le meilleur qu’on lui ait été donné de lire sur la situation italienne. Pourtant, en septembre, Gramsci jouissait de peu d’influence au sein du parti de même que sur le mouvement lui-même. Le groupe ‘‘Ordine Nuovo’’, qui avait toujours été politiquement hétérogène, s’était désintégré pendant l’été et Gramsci se retrouvait désormais isolé.

    En regardant en arrière, quelques temps plus tard, il se fit un devoir de revenir via l’écriture sur les erreurs graves qu’il avait commises et payées cher et en particulier sur l’échec qui mit fin à sa tentative de former – avec un soutien dans tout le pays – un courant organisé au sein du parti. Le groupe, en fait, ne développa jamais vraiment de racines à l’extérieur de Turin et quand le Parti Communiste Italien fut finalement formé en janvier 1921, les idées de Bordiga dominèrent largement celles de Gramsci.

    Le groupe de Bordiga était un groupe national et beaucoup mieux organisé, mais politiquement d’ultra-gauche. Il fit campagne pour la formation d’un parti communiste ‘‘pur’’, rigide, et discipliné, et, dans une sur-réaction envers l’opportunisme électoral des réformistes du PSI, préconisa l’abstention (astensionismo), la non-participation du parti aux élections. Le fait qu’en septembre, le journal des Bordiguistes ‘‘Le Soviétique’’ n’ait pas publié un seul éditorial sur les occupations en dit long sur son approche abstraite et sectaire du marxisme (que Lénine attaqua par ailleurs dans son texte ‘‘Le gauchisme, maladie infantile du communisme’’).

    Après les événements de septembre, Bordiga renonça officiellement à l’abstentionnisme et, avec Gramsci, soutint la construction d’un parti communiste de masse. Cependant, son ultra-gauchisme et son sectarisme – son opposition ‘‘de principe’’ à la tactique du front unique – ont continué d’imprégner le jeune Parti Communiste d’Italie, en particulier dans son attitude envers le PSI (qui avait le soutien de la majorité des délégués lors la scission du parti qui donna naissance au Parti Communiste) et envers les Arditi del Popolo – les milices populaires – mises en place pour lutter contre les fascistes.

    A quelques semaines de la fin des occupations, les propriétaires fonciers lâchèrent les escadrons fascistes à Emilia. La révolution de septembre et le début de la grave crise économique avaient convaincu une partie de la classe capitaliste qu’elle ne pouvait pas continuer comme avant. Elle ne pouvait pas compter plus longtemps sur l’Etat capitaliste dans sa forme de l’époque et la résistance des travailleurs devait être impitoyablement brisée.

    Avec une classe ouvrière affaiblie et démoralisée après la défaite du mouvement, les grandes entreprises et le capital financier commencèrent à financer les voyous fascistes qui, dans les deux ans qui précédèrent l’appel final au pouvoir de Mussolini en Octobre 1922, lancèrent une offensive brutale contre la classe ouvrière, impliquant des attaques violentes envers les organisations de travailleurs et l’assassinat de militants. Les travailleurs italiens eurent à payer au prix fort les fautes de leurs chefs au cours des ‘‘biennio rosso’’ (les deux années rouges) avec, en guise de récolte amère, une domination fasciste qui allait durer 20 ans.

    Aujourd’hui, en Italie, après la transformation du Parti Communiste en un ‘‘Nouveau Parti Travailliste’’ de type capitaliste au début des années 1990 et après le déclin du parti de la refondation communiste (Rifondazione Comunista) qui s’ensuivit au cours de la dernière décennie, il n’y a pas de parti de masse de gauche. Mais bon nombre des caractéristiques politiques de la période 1919-1920 demeurent. Parmi celles-ci : la fausse division entre la lutte politique et syndicale, la prédominance de l’électoralisme sur la lutte de masse, la propagande abstraite et une incapacité à se connecter directement à la classe ouvrière.

    Une compréhension de cette période critique de l’histoire italienne sera utile pour la nouvelle génération de combattants, non seulement en Italie mais également sur le plan international.


    1. Gwyn A Williams, Proletarian Order, Pluto Press,1975 p238
    2. Paolo Spriano, The Occupation of the Factories, Pluto Press, 1975 p72
    3. Paolo Spriano op cit p56
    4. Gwyn A Williams op cit p257
    5. Lev Trotsky, Scritti sull’Italia, Controcorrente, 1990 p29
    6. Paolo Spriano op cit p34
    7. Gwyn A Williams op cit p251
    8. Paolo Spriano op cit p93
    9. Gwyn A Williams op cit p256
    10. Leon Trotsky, History of the Russian Revolution, volume three, chapter six, The Art of Insurrection
    11. Paolo Spriano op cit p90
    12. Gwyn A Williams op cit p258
    13. Paolo Spriano op cit p93
    14. Gwyn A Williams op cit p267
    15. Paolo Spriano op cit p110
  • FSE. Le capitalisme à nouveau contesté… mais pour aller où?

    FORUM SOCIAL EUROPÉEN

    Du 15 au 17 octobre se tenait la 3e édition du forum social européen. Autour de la vieille rengaine «un autre monde est possible», plus de 20.000 personnes ont convergé dans la ville de Londres.

    Cédric Gérôme

    C’est cependant 2 fois moins que lors des éditions précédentes à Florence et à Paris. Cela peut en partie s’expliquer par l’état actuel du mouvement anti-guerre, mais cela reflète également les courtes vues de la structure du FSE et sa faillite à avancer une alternative cohérente au capitalisme et la guerre. En effet, la logique de simple opposition dans laquelle se cantonnent les dirigeants officiels du forum semble de plus en plus mener le mouvement dans l’impasse…

    Le fait d’organiser le FSE dans une des villes les plus chères du monde avec 30 livres (entre 40 et 50 euros) de prix d’inscription en a déjà découragé plus d’un. Il est d’autant plus déplorable que l’événement, qui inscrit dans sa charte que les partis politiques n’ont pas leur place dans le forum, accepte en tant qu’individus des membres de partis pro-capitalistes, pour certains à la tête de la politique de régression sociale. Aussi, comme orateur (et sponsor principal), on retrouvait ainsi Ken Livingstone, maire de Londres, membre du Labour Party, et défenseur de la politique économique de Blair malgré son profil anti-guerre.

    Ceux qui, dans le FSE, mettent l’accent sur la résistance au néo-libéralisme, comme s’il s’agissait d’un phénomène distinct du système capitaliste, créent l’impression qu’un capitalisme « à visage humain» est possible. Cette idée est renforcée par des organisations comme le SWP, la LCR ou Rifondazione Comunista qui se refusent à mettre en avant le besoin d’une alternative socialiste ou même de parler des luttes de la classe ouvrière pour contrer l’offensive de la bourgeoisie. Beaucoup d’organisations limitent leur stratégie à organiser des manifestations et des débats interminables, sans élaborer un plan afin d’élargir la lutte en la rattachant à celle du monde du travail. En général d’ailleurs, personne dans la ville n’avait vent de l’événement en-dehors des participants.

    Le CIO, organisation internationale du MAS/LSP, était présent au FSE. Nous avions des camarades d’Irlande, de Belgique, d’Allemagne, de Russie, de Grèce,… Durant le meeting de deux heures que nous avions organisé, on a entendu plus parler des luttes du mouvement ouvrier que pendant les 30 heures de conférences organisées pendant le reste du forum. Si le FSE permet de fournir un lieu de débat au mouvement antimondialisation, il se heurtera toujours à certaines limites tant qu’il ne tirera pas la conclusion que ce sont les travailleurs seuls qui ont le pouvoir de changer la société.

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