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Tag: Flexibilité au travail
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Énergie : hors de prix – Charge de travail : insoutenable. Leurs profits = notre misère

La crise ? Quelle crise ?? C’est un peu l’ambiance qui règne chez les patrons du BEL20. Les profits réalisés en 2021 par les grands groupes et les banques battent tous les records. Au printemps 2021 les bénéfices ont bourgeonné tous secteurs confondus : +87% pour les entreprises du BEL 20 et même +160% pour les PME cotées à la bourse de Bruxelles ! C’est du jamais vu dans l’histoire économique de notre pays. Chez nos voisins, le Capital se porte très bien également, et particulièrement le secteur du luxe : LVMH signe des profits record en 2021 avec 12 milliards de bénéfice net. La santé insolente du numéro mondial du luxe montre à quel point les capitalistes du monde entier se sont gavés durant la pandémie. Les entreprises belges se portent mieux que leurs homologues des pays voisins. « Les entreprises belges réalisent les marges bénéficiaires les plus élevées jamais enregistrées », titrait De Tijd le 3 février.Par Jean (Luxembourg)
À côté de cette euphorie chez les nantis, la grande majorité de la population souffre de plus en plus. Lorsque leurs profits étaient en baisse, les patrons pleurnichaient sans cesse pour que « chacun fasse des efforts pour redresser l’économie ». Pas besoin de sous-titres, nous savons tous ce que cela signifie. Mais par contre, quand le beau temps revient, pas question de partager les bénéfices. Il faut continuer à cadenasser les salaires « pour préserver la compétitivité des entreprises ». Toute augmentation des salaires est taboue et la flexibilité accrue que le gouvernement veut imposer avec la réforme du travail ne va pas encore assez loin pour les patrons.
Alors que la pandémie n’a pas fini d’emmerder tous ceux qui sont en première ligne et qui se battent chaque jour pour que notre société ne s’effondre pas, l’inflation s’est réveillée brutalement, en particulier sur les prix de l’énergie. Les prix de l’énergie ont un double impact : pour la majorité de la population, il s’agit d’une dépense incompressible et d’autre part, ils ont un effet direct sur les prix d’un très grand nombre de marchandises (le pain, pour n’en citer qu’une) qui ont besoin d’énergie pour être produites. Pour beaucoup, la facture énergétique a doublé !Elle résulte notamment des tensions internationales croissantes, par exemple autour de l’Ukraine, mais aussi de la libéralisation du marché de l’électricité à l’échelle européenne, qui implique que c’est la centrale la plus chère qui fixe les prix, surtout lorsque la production est déficitaire. Elle est également due à l’absence totale de planification de la production et de la demande finale en énergie, mais aussi au manque d’investissement dans la transition. En bref : le système capitaliste échoue sur tous les plans.
Au moment précis où beaucoup de ménages avaient de grandes difficultés à remplir leur cuve à mazout pour passer l’hiver, nos dirigeants brûlaient la même quantité de kérosène en moins d’une heure pour aller faire du greenwashing à la conférence de l’ONU sur le climat de Glasgow en novembre dernier.
Le fossé entre la minorité de milliardaires insolents et la grande majorité de la population n’a jamais été aussi profond. Cette situation est intenable et nos dirigeants le savent. C’est pour cela qu’ils déploient tant d’énergie pour nous convaincre que la société est divisée entre vaccinés et non-vaccinés. Nous savons que c’est faux. Ils savent que nous savons que c’est faux. Ce jeu de dupes doit cesser, et la seule manière de l’arrêter, c’est de contre-attaquer et de défier le Capitalisme sur un terrain où il ne peut pas lutter : celui de la lutte des classes. Car, il faut le rappeler : c’est le travail qui crée la richesse, pas le capital. Ce qui veut dire au final que tout est à nous. Et que rien n’est à eux. Le meilleur moyen de rappeler cette vérité est de se mettre en grève et en mouvement. D’abord pour que la pression change de camp et ensuite pour commencer à bâtir ensemble une société orientée vers la satisfaction des besoins réels de la population, la protection de l’environnement et du climat. Rompre avec le chaos capitaliste est une nécessité impérieuse pour y parvenir. Il n’y a plus de temps à perdre.
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L’ère des nouveaux esclavagistes
Flexi-jobs, service d’intérêt général pour les chômeurs, malades au boulot,…
Bart De Wever n’a pas son pareil pour nous faire oublier la période des fêtes. L’anti-père Noël par excellence a commencé l’année 2016 en sortant de sa hotte une attaque frontale contre la sécurité sociale, dans les pages du journal économique De Tijd : ‘‘il est bien clair que si nous ne faisons pas davantage d’économies sur le budget de la sécurité sociale, nous n’épargnons alors plus du tout. Il n’y a que là que nous pouvons encore grignoter de l’argent.’’
Par Nicolas Croes, dossier tiré de l’édition de février de Lutte Socialiste
Travailler jusqu’à en crever. Littéralement.
Il s’agit quand même de bien plus qu’un grignotage… Aux dires de Di Rupo (PS), qui se base sur les calculs de la Banque Nationale, le gouvernement fédéral devrait encore trouver 6 milliards d’euros pour atteindre un budget en équilibre d’ici 2018. Ou alors reporter l’effort austéritaire, ce qui ne ferait pas sourire la Commission européenne.
Bart De Wever n’a jamais fait mystère de son admiration pour les recettes des Conservateurs britanniques. Le thatchérisme est la pierre angulaire de sa philosophie politique : le ‘‘compassionate conservatism’, le principe d’insister sur les devoirs des hommes plutôt que sur leurs droits. De Wever estime ainsi qu’il est impossible de laisser tranquille les malades de longue durée : ils doivent retourner au plus vite au boulot ! Voilà une bonne manière d’épargner sur le budget de la sécurité sociale. On peut aussi accélérer la cessation progressive de la prépension, limiter les allocations de chômage dans le temps, ne pas rembourser certains traitements onéreux, diminuer les pensions,…
Un regard par-delà la Manche nous permet d’apprécier les conséquences de cette joyeuse idée. Le gouvernement conservateur britannique de David Cameron y a instauré le programme ‘fit for work’ (‘apte au travail’) qui, dès décembre 2011, a commencé à exclure des allocations les malades de longue durée pour les pousser à travailler. Les autorités ont ensuite systématiquement évité de rendre publics les chiffres concernant le nombre de décès survenus peu de temps après la remise au travail. ‘‘Le nombre de décès va plus que probablement être mal interprété’’, s’est maladroitement défendu le Département du travail et des pensions. Ce n’est que suite à une pétition qui a recueilli pas moins de 250.000 signatures que les Conservateurs ont finalement publié les chiffres en août 2015.
De ces données, il ressort que 2.650 bénéficiaires d’allocation de maladie ont trouvé la mort peu de temps après avoir été déclarés ‘aptes au travail’ entre décembre 2011 et février 2014, soit à peine plus de deux ans. Faire travailler les gens jusqu’à leur mort, c’est aussi une méthode ingénieuse d’économiser sur le budget de la sécurité sociale.
Le 12 janvier dernier, la ministre Maggie De Block (Open VLD) a aussi abordé ce thème lors d’un débat organisé par la Fédération des entreprises de Belgique (FEB) : ‘‘Nous allons mettre sur pied un mécanisme responsabilisant pour les malades de longue durée’’, a-t-elle expliqué, dans la droite ligne de l’accord gouvernemental. C’est que, des malades, il y en a de plus en plus. De très nombreuses études parlent de l’augmentation des douleurs physiques, de l’épuisement professionnel et des dépressions,… C’est la conséquence logique du fonctionnement du marché du travail actuel.
Combien d’entreprises – privées ou publiques – ont économisé sur le remplacement des travailleurs partis en pension ? Combien de recherches ont été réalisées pour gagner la moindre minute de travail, jusqu’à imposer des pauses-toilettes réduites au maximum? Qu’espèrent-ils en forçant nos ainés à rester au travail ? ‘‘La hausse des dépenses pour les malades de longue durée est en partie la résultante de la décision de détricoter le système de prépension, ce qui fait que l’incapacité de travail agit comme une sorte de vase communicant avec le chômage’’, ont ainsi expliqué Pieter Blomme et Jasper D’Hoore dans les pages du Tijd.
Une offensive contre tous les travailleurs
De Wever ne s’arrête pas là : ‘‘Nous devons réfléchir à l’introduction des flexi-jobs en dehors du secteur de l’horeca. Nous pourrions peut-être également aller plus loin en ce qui concerne le travail de nuit dans l’e-commerce. Et, bien sûr, nous devons oser assouplir notre marché du travail parfois trop rigide. Je pense aux règles en matière de licenciement, mais également aux primes d’ancienneté. Et à la réintroduction de la période d’essai pour les contrats à durée indéterminée.’’ Wow… On savait déjà que De Wever estimait que les chômeurs et les malades étaient des profiteurs, mais à ses yeux, ce sont visiblement tous les travailleurs qui seraient de furieux privilégiés.
Pour améliorer ‘‘notre’’ compétitivité, De Wever & Co veulent s’en prendre à tous les travailleurs, en essayant du même coup, si possible, de les monter les uns contre les autres. Là aussi, la N-VA n’est pas seule. En parlant, en juillet dernier, des contrats aux salaires et conditions de misère que constituent les flexi-jobs dans l’horeca, Gwendolyn Rutten (Open Vld) avait clairement laissé savoir que ce secteur représentait un test : ‘‘si ce statut flexible fonctionne, d’autres secteurs pourront également s’en servir.” N’oublions pas que l’accord gouvernemental contenait encore quelques perles qui n’ont plus beaucoup fait parler d’elles depuis, comme l’introduction d’un service d’intérêt général pour les chômeurs de longue durée.
S’en prendre aux syndicats
Le rêve de la coalition gouvernementale, c’est l’extension des secteurs à bas salaire ; un monde des plus accueillants pour le patronat, où les travailleurs n’auraient aucun droit, seulement des devoirs envers les employeurs et ce contre un salaire de misère et sans la protection de la sécurité sociale. Reste à faire passer la pilule en affaiblissant la résistance sociale, c’est pourquoi De Wever n’a pas manqué de lancer parallèlement une charge contre les syndicats.
De Wever a souligné dans la même interview au Tijd que les syndicats et les mutualités reçoivent des millions d’euros pour la gestion du paiement des prestations. Sauf qu’il n’y aura pas beaucoup à économiser parmi ces 227 millions d’euros. Recourir à la Caisse auxiliaire de l’État (CAPAC) revient plus cher que les syndicats, qui réalisent une perte sur l’organisation du paiement des prestations. Qu’importe, l’occasion était trop belle de donner une petite claque aux syndicats venue par-dessus les discussions sur le service minimum et la limitation du droit de grève.
Certains estiment que son arrogance va trop loin, même à droite. De Wever considère toujours les syndicats comme des coquilles vides. Il ne les craint pas, car il ne croit pas en la force que représente toujours aujourd’hui le mouvement organisé des travailleurs. Mais d’autres, même s’ils approuvent le chemin à suivre, estiment préférable d’éviter de jeter de l’huile sur le feu. C’est pourquoi la Fédération des entreprises de Belgique (FEB), tout en saluant la remarque visant à sabrer dans la sécurité sociale, a expliqué que la N-VA allait trop loin sur le registre des malades de longue durée. Pareil pour l’association patronale flamande VOKA, organisation qui ne nous a pourtant jamais habitués à la modération. Comme l’a fait remarquer le journaliste Luc Van der Kelen dans Het Laatste Nieuws : ‘‘Le président de la N-VA a rappelé aux syndicats qui était leur pire ennemi. Et tout porte à croire que grâce à lui, ils formeront demain à nouveau bloc.’’ Et ça, personne n’en a envie dans l’establishment.
Il est à espérer que ce bloc de résistance soit bel et bien présent, dans un plan d’action crescendo tel que celui que nous avons connu à l’automne 2014 et qui a fait vaciller le gouvernement. C’est sur cela qu’il faut prendre exemple et non pas sur les actions sans perspectives de l’année 2015. Une occasion de faire chuter le gouvernement fin 2014 a été gâchée, mais ce n’est pas pour autant que tout est perdu. Hélas, ils sont quelques-uns dans les sommets syndicaux à penser qu’il vaut mieux attendre la fin de la législature. Cette logique équivaut à laisser les agressions antisociales se succéder et ravager notre quotidien. C’est en outre un pari très dangereux. Cette ‘‘stratégie’’ fut celle des directions syndicales britanniques mais, faute d’alternative politique et dans un contexte général de démoralisation, les Conservateurs ont à nouveau remporté les élections en 2015. Et ont rempilé au pouvoir.