Tag: Flandre

  • Le gouvernement flamand détruit les transports en commun. Et tant pis pour le climat…

    Les médias sont prompts à dénigrer le personnel de la société flamande de transport en commun De Lijn lorsque celui-ci dénonce tout ce qui n’y tourne pas rond. Il a fallu que le malaise atteigne des proportions telles que la direction a publiquement parlé d’un ‘‘navire en perdition’’ pour que le problème soit reconnu. L’évidence est d’augmenter les moyens publics pour améliorer la qualité du service et en élargir la portée. C’est d’ailleurs une urgence climatique. C’est aussi, bien évidemment, à l’exact opposé des projets du gouvernement flamand.

    Le gouvernement austéritaire arrogant de Jan Jambon (N-VA) a fait savoir on ne peut plus clairement qu’il ne saurait y avoir de protestations contre la politique menée. La jeunesse doit arrêter de manifester pendant les heures de cours. Quant à la société civile, elle voit ses subsides réduits, même la chaîne de télévision publique VRT est touchée. Il ne faudra pas s’attendre à des reportages critiques de ce côté-là, le manque de moyens rendra difficile d’aller au-delà de la simple répétition des déclarations des autorités.

    Le gouvernement n’entend pas changer de logique concernant De Lijn : chaque voix dissidente doit être réduite au silence. Ainsi, l’annonce des nouvelles mesures d’économies a immédiatement été liée à l’intention d’augmenter le niveau de service minimum en cas de grève. Toute l’absurdité de la situation tient au fait que le déficit de moyens humains et matériels est si criant que le service minimum est souvent impraticable en temps normal. Le niveau de service minimum requis en cas de grève signifiera bientôt que plus de personnel sera au travail les jours de grève qu’un jour normal !

    Il y aura des recrutements, c’est certain, essentiellement en raison du taux élevé de rotation du personnel. Les horaires rendus compliqués par le trafic de plus en plus dense et la limitation des périodes de repos ainsi que les salaires bien peu attractifs font que le nombre de travailleurs prêts à partir reste élevé. La pénurie de personnel permet d’ailleurs souvent de masquer le manque d’équipement. Un chauffeur de bus nous a raconté qu’un jour, un voyage sur quatre n’a pas été effectué à son dépôt, faute de chauffeur ! Difficile de rendre les transports publics fiables dans ces conditions, tandis que grandit la frustration des passagers et du personnel. Ce cocktail toxique est imposé par le gouvernement flamand et la direction de De Lijn.

    Aujourd’hui, même des cadres supérieurs jettent l’éponge ! Selon le quotidien flamand De Standaard, trois à cinq managers (sur un total de 55) quittent leurs fonctions tous les mois. Le journal a notamment relayé les propos d’un membre de la direction technique de la société, qui a déclaré sous le couvert de l’anonymat : ‘‘Un navire en perdition, on le quitte.’’ Un autre ancien directeur de De Lijn expliquait: ‘‘Avec les ressources qu’on m’a données, il m’était impossible de faire ce que j’avais à faire.’’

    Le pire est encore à venir. C’est à peine si l’accord de coalition flamand envisage d’investir dans De Lijn. Le gouvernement prévoit de laisser davantage pourrir la situation. Dans l’une des régions de transport (la Flandre est divisée en 15 de ces régions), un appel d’offres doit être lancé d’ici la fin de la législature pour que De Lijn ne soit plus la seule société de transport public. Tout ce qui fait barrage à l’arrivée d’opérateurs privé doit disparaître. Au profit de l’usager ? Nous en doutons. La libéralisation du marché de l’énergie a considérablement alourdi nos factures et il n’en ira pas autrement ici. Le gouvernement flamand a déjà annoncé que De Lijn ‘‘continuera à atteindre un degré plus élevé de recouvrement des frais’’, un jargon qui signifie que l’usager devra payer de plus en plus cher.

    Il y a des années, Noam Chomsky avait expliqué le mécanisme de privatisation de cette manière : ‘‘Comment détruire un service public ? Commencez par réduire son financement. Il ne fonctionnera plus. Les gens s’énerveront, ils voudront autre chose. C’est la technique élémentaire pour privatiser un service public.’’ A moins que nous résistions ensemble. L’appel grandissant en faveur de mesures climatiques peut être concrétisé par des actions offensives des jeunes en faveur de transports publics plus nombreux, meilleurs et gratuits. Associons cela aux protestations du personnel et des usagers en faveur de meilleurs services et donc de meilleures conditions de travail.

  • Face aux provocations d’extrême droite, il est temps de réagir à gauche!

    En juin, 500 antifascistes se sont réunis à Gand à l’initiative de Blokbuster.

    Avec la récente percée électorale du Vlaams Belang, l’extrême droite a gagné en confiance pour agir en dehors du parlement. Depuis les élections, des racistes ont attaqué un homme de couleur à la gare de Tongres, des lettres de menaces ont été envoyées à des habitants issus de l’immigration à Alost, Anuna De Wever et ses amies ont été attaquées au festival Pukkelpop. A Dour, de jeunes Flamands d’extrême droite avaient écrit des slogans tels que ‘‘Pas de Wallons’’ sur leur tente au milieu de la Wallonie…

    Par Kenzo (Gand)

    La fin de l’été n’a pas calmé les choses. Le Vlaams Belang (VB) tente de faire revenir son nouveau député Dries Van Langenhove (fondateur du groupuscule de jeunes néonazis Schild & Vrienden exclu de l’université de Gand) à l’université de Gand comme orateur, tandis que le cercle étudiant catholique ultra-conservateur KVHV tente d’utiliser sa photo sur de grandes affiches puisqu’il en fut un temps président. En septembre 2018, un reportage de la VRT (traduit et diffusé ensuite par la RTBF dans Question à la Une) avait fait grand bruit au sujet de Shild & Vrienden et de leur racisme et sexisme virulents. Un an plus tard, le chef de fil de cette bande nauséabonde n’a été condamné pour rien, il a même atterri au Parlement ! Les cercles étudiants d’extrême droite tels que le KVHV et le NSV se sentent ainsi renforcés.

    Cette confiance renouvelée est également évidente dans la reprise limitée des activités autour de Blood&Honour, un groupe de ‘‘néonazis à bières’’ devenu célèbre en 2006 et depuis lors condamné pour avoir organisé un groupe de néonazis dans l’armée belge. Le 15 septembre, leur dirigeant, Thomas Boutens, voulait organiser une manifestation à Bruxelles. Malgré une interdiction – qui portait scandaleusement aussi sur une manifestation antifasciste non-violente – des dizaines de militants d’extrême droite se sont venus et ont été immédiatement arrêtés. Des groupes comme Blood&Honour se développent dans le sillage du VB. Blood&Honour a d’ailleurs été fondé par des jeunes du VB au lendemain du dimanche noir de 1991 et a connu son «pic» au début de ce siècle, lors de la dernière percée du VB.

    L’extrême droite abuse du mécontentement contre la politique traditionnelle et prétend être opposée au monde de l’establishment, mais elle défend essentiellement les intérêts des responsables de ce système. Lorsque Raoul Hedebouw (PTB) a soulevé la question de l’indemnité de départ généreuse du patron de la poste Koen Van Gerven, Dries Van Langenhove a déclaré que ce salaire de 500.000 euros était normal à ses yeux ! L’extrême droite tente de nous dresser les uns contre les autres par le racisme et le sexisme pour mieux servir les intérêts des ultra-riches.

    Notre meilleure arme contre l’extrême-droite, c’est la mobilisation, de sorte qu’elle perde confiance et qu’elle ait plus de mal à s’organiser. A Gand, les Etudiants de Gauche Actifs (EGA) ont pris l’initiative de protester contre la rencontre avec Dries Van Langenhove organisée par le KVHV le 26 septembre (tout juste après l’envoi de ce journal à l’imprimeur). Les positions parlementaires de l’extrême droite ne signifient pas qu’elle a les mains libres.

    Mais pour une lutte antifasciste efficace, il faut également nous opposer au terreau sur lequel il repose : les inégalités et la politique de casse sociale. La conclusion des élections est la suivante : les gens en ont assez de cette politique. Nous avons besoin de logements abordables pour tous, de transports publics plus nombreux et gratuits, d’une éducation libre et démocratique, d’un salaire minimum de 14 euros / heure et d’une pension décente.

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