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  • Irlande : le Traité fiscal européen est passé

    Une victoire à la Pyrrhus pour l’establishment, qui dévoile leur vrai visage

    Le référendum irlandais portant sur le Traité Fiscal européen a constitué un enjeu international de grande importance. Ce pacte budgétaire européen, officiellement appelé traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG), comprend une série de règles budgétaires parmi lesquelles le fait que les divers pays doivent réduire leurs déficits structurels à 0,5 % de leur PIB et la dette globale à 60 % de leur PIB. Ce traité institutionnalise l’austérité et représente une attaque très sérieuse contre les droits démocratiques en renforçant de façon importante les pouvoirs de la Commission européenne.

    Par des correspondants du Socialist Party (CIO-Irlande)

    Lors de ce référendum, le monde des affaires et les ‘‘dirigeants’’ de l’Union Européenne appuyaient le ‘‘Oui’’. A leur opposé, la classe ouvrière, en Grèce tout comme dans bien d’autres pays, espérait voir la victoire du ‘‘Non’’ en comprenant bien que la lutte contre l’austérité et le capitalisme à travers toute l’Europe se doit d’êtrer unifiée. Un ‘‘Non’’ aurait permis de donner un nouvel élan à cette lutte.

    En fin de compte, le Traité Fiscal (surnommé par nous et d’autres comme étant le Traité d’Austérité) a été adopté ce jeudi 31 mai à 60% contre 40, avec un taux de participation de 50,6 %. Ce résultat ne peut toutefois pas être interprété par le gouvernement comme étant une grande victoire ou une approbation de la politique d’austérité. Aucun enthousiasme ne se trouve derrière ce vote pour le ‘‘Oui’’. Comme un ministre l’a admis, ceux qui ont voté en faveur du traité l’ont fait avec une ‘‘réticence extrême’’. Un éditorial du Sunday Independent a d’ailleurs commenté que ‘‘loin d’être un vote de confiance envers l’Europe, ou le gouvernement, le Oui maussade que ce référendum a obtenu de la part d’une population réticente était un acte de désespoir.’’

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    MEETINGS : Pour une alternative à l’Europe d’austérité !

    Une autre politique est-elle possible en Europe ? Nous le pensons. Fin juin, nous organisons d’ailleurs des meetings à ce sujet à Bruxelles, Anvers et Gand. Ces soirées seront d’importants échanges d’expériences, tant de Belgique que de l’étranger. Une semaine à peine après les élections grecques, nous accueillerons un orateur de Syriza qui abordera la possibilité d’une politique de gauche au pouvoir en Grèce. Nous accueillerons également Tony Mulhearn qui, dans les années ’80, a activement participé à la politique réellement socialiste menée dans cette ville. Dernièrement, il a remporté 5% aux élections locales élisant le bourgmestre de la ville.

    Bruxelles – Mercredi 20 juin, 19h30

    Meeting organisé par Alternatives à Bruxelles & ‘‘Gauches Communes’’ avec :

    • Nikos Chountis, eurodéputé de Syriza, Grèce
    • Paul Murphy, député européen du Socialist Party, Irlande
    • Charlotte Balavoine, candidate du Front de Gauche aux législatives pour la circonscription du Bénélux
    • Tony Mulhearn, Trade Union and Socialist Coalition, Angleterre
    • Un représentant d’Izquierda Unida, Espagne
    • Stephen Bouquin, de Rood!
    • Anja Deschoemacker, ‘Gauches Communes’

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    Le Socialist Party (section du CIO en République Irlandaise) et ses représentants les plus proéminents, les députés Clare Daly et Joe Higgins ainsi que le député européen Paul Murphy, se sont battus dans une campagne très soutenue commentée par de nombreuses personnes.

    Un chantage et une intimidation sans précédent

    La campagne du ‘‘Oui’’ a entièrement reposé sur le chantage et la menace. Le texte du Traité Fiscal a été décidé l’été dernier mais, en février, un préambule a été ajouté selon lequel seuls les pays ayant accepté le Traité Fiscal seraient en mesure d’accéder aux fonds du mécanisme européen de stabilité qui doit bientôt voir le jour (MES, qui doit remplacer en juillet 2012 le Fonds européen de stabilité financière et le Mécanisme européen de stabilité financière qui avaient été mis en place suite à la crise de la zone euro). Ce MES est un nouveau de 700 milliards d’euros destiné à renflouer les spéculateurs et les banquiers et à restaurer la stabilité de l’euro au détriment de la classe ouvrière européenne.

    Cette clause de chantage soutenue par le gouvernement irlandais a été spécialement conçue pour faire de la question de l’accès à une aide financière en cas de future insolvabilité ou de faillite le thème dominant de cette campagne. Cette clause a véritablement représenté une arme pointée sur la tête des électeurs afin de les forcer à voter ‘‘Oui’’, sous la menace de sinon devoir faire face à un effondrement financier. Voilà qui en dit beaucoup sur les aspirations démocratiques de l’Union européenne ou du gouvernement irlandais.

    Avec cette menace, l’establishment a affiché son impitoyable détermination de voir le traité passer de force. Cette intimidation a eu un impact majeur en se basant sur les craintes bien réelles d’un approfondissement majeur de la crise économique. Les partisans du ‘‘Oui’’ recevront une récompense amère pour ces intimidations brutale au cours des mois et années à venir.

    Durant la campagne, la population a été menacée par l’idée que, sans source de financement et de crédit, l’année 2014 serait immédiatement marquée par une austérité catastrophique pire encore que celle que les travailleurs irlandais et leurs familles ont dû subir jusqu’à présent ; que le Budget de décembre serait également pire en cas de défaite du ‘‘Oui’’ ; que le ‘‘Oui’’ signifiait stabilité, investissements et emplois au contraire du ‘‘Non’’, etc. L’establishment a également reçu l’aide de la Commission référendaire, soi-disant indépendante.

    Une loi datant de 1994 force les médias (TV et radio) à respecté une parité à) l’occasion des campagnes référendaires. Les médias sont donc formellement tenus d’accorder une couverture identique aux deux camps dans le cadre d’une campagne pour un référendum. En dépit de cette obligation juridique, la partialité des médias a atteint des sommets qui n’avaient jusqu’alors jamais été vus.

    De nombreux présentateurs ont publiquement soutenu l’establishment et ont aidé à concentrer le débat sur la question du financement afin d’éviter toute véritable discussion sur le contenu réel du Traité Fiscal et de son impact en termes d’austérité.

    La clause de chantage sur le financement et le rôle des médias sont des facteurs centraux pour permettre de comprendre le résultat final du référendum. Ce résultat est révélateur de l’atmosphère actuelle et de l’état de conscience général des masses. La compréhension que l’austérité est mauvaise pour l’économie est générale, et le sentiment anti-austérité est général à son encontre, comme l’a d’ailleurs exprimé l’opposition à la récente taxe sur les ménages (voir notre article : Un Irlandais sur deux a refusé de payer la nouvelle taxe d’habitation). C’est parmi la classe ouvrière et parmi ceux qui sont les plus touchés par diverses réductions budgétaires, nouveaux impôts et mesures d’austérité que ce sentiment est le plus fort.

    Une réelle crainte d’un effondrement financier

    Cependant, pour des couches importantes de la population, dont la classe moyenne et certaines sections de la classe ouvrière qui s’en sortent mieux, la peur de l’austérité est surpassée par la crainte d’un potentiel effondrement financier à l’arrivée du terme de l’actuel programme de l’Union Européenne et du Fonds Monétaire International (l’Irlande, avec la Grèce et le Portugal, es passée sous la tutelle directe de ses créanciers par les plans d’ « aide » conclu avec la Troïka – la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international). Même si de très nombreuses personnes ne croient pas sérieusement en la menace que l’Union Européenne pourrait bloquer ses fonds en cas de victoire du ‘‘Non’’, ils ont malgré tout voté pour ce qu’ils considéraient comme étant l’option la moins risquée.

    La réalité, qui est que la politique d’austérité détruit l’économie irlandaise et européenne, a été quelque peu étouffée par l’intense propagande qui a défendu que ce Traité faisait partie d’un plan de relance. Le gouvernement irlandais a même essayé d’incorporer la victoire de François Hollande en France dans leur campagne afin de diffuser l’idée que l’austérité peut aller de pair avec la croissance, prétendant même que des plans de croissance importants sont en vue, une fois le traité adopté bien entendu.

    L’establishment a encore tenté de présenter l’effondrement de l’économie grecque et l’instabilité du pays comme des conséquences directes de la lutte contre l’austérité et du non respect des conditions de la troïka. Pour l’essentiel, le vote ‘‘Oui’’ est donc basé sur la combinaison d’une intense campagne d’intimidation avec des promesses de relance de l’économie.

    Mais il faut aussi mentionner l’absence de la compréhension qu’une alternative existe face à la dictature du capitalisme et des marchés et qu’il est possible d’instaurer des politiques de type socialiste. Cela a clairement freiné la confiance de la population à voter ‘‘Non’’.

    Une opposition sans cesse plus dure contre l’austérité et l’Union Européenne

    Compte tenu de l’ensemble de ces facteurs, le fait que 40 % des électeurs aient tout de même voté contre le traité est un très important et très significatif. Il s’agit d’un élément très positif quant à la détermination de larges sections de la classe ouvrière, plus particulièrement. Cela indique clairement que la campagne du ‘‘Non’’, dominée par la gauche, a eu un impact.

    Alors qu’un nombre important de personnes issues de la classe ouvrière ont voté oui, il est également exact d’affirmer que ce vote reflète une grande polarisation de classe. Seules cinq des quarante trois circonscriptions a connu une majorité contre le traité, mais il est clair que, globalement, la majorité de la classe ouvrière a voté contre. Le ‘‘Oui’’ a bénéficié de fortes majorités dans les zones qui concentrent la classe moyenne, et dans les zones rurales et agricoles. En revanche, les résultats indiquent que de nombreuses villes et districts où est concentrée la classe ouvrière, le vote ‘‘Non’’ a pu atteindre les 70 %, 80 % ou même 85 %.

    Après les élections générales de février 2011, nous avions très correctement prédis que la coalition au pouvoir, le Fine Gael et le parti travailliste, connaîtraient une importante baisse de soutien. De la même manière, le résultat de ce référendum sera ébranlé par les événements à venir. L’establishment a obtenu son ‘‘oui’’ en se basant sur l’intimidation, le chantage et de fausses promesses. Le fait même que le gouvernement ait fondé sa campagne sur la nécessité d’être en mesure d’accéder aux fonds européens dans le cas de la nécessité d’un nouveau plan de sauvetage est en soi la preuve de l’échec total de la politique d’austérité. Durant la campagne, le premier ministre Enda Kenny et d’autres ont une fois de plus promis l’arrivée d’une reprise économique, mais l’approfondissement de la crise économique et de la crise de la dette au sein de la zone euro exposeront la nature mensongère de ces promesses de la part du gouvernement.

    Kenny a également déclaré qu’un accord sera conclu avec l’Union Européenne pour réduire l’insoutenable dette du pays. A mesure qu’il deviendra clair qu’il n’y aura ni reprise économique ni réduction du chômage et que toute modification de la dette sera conditionnée à de nouvelles mesures d’austérité, l’Irlande sera ravagée par le genre d’instabilité que l’establishment essaye désespérément d’éviter.

    L’intimidation n’est pas une politique durable, elle ne pourra pas être un barrage éternel pour protéger l’establishment capitaliste. Comme l’a dit Napoléon : ‘‘on peut faire beaucoup de choses avec les baïonnettes, sauf s’assoir dessus.’’ L’aggravation de la crise économique combinée à de plus importantes mesures d’austérité et à plus d’attaques contre les droits démocratiques préparera le terrain pour une explosion de la colère, des lutte et de la radicalisation politique.

    La question du financement

    Certains commentateurs ont affirmé que puisque le résultat final du référendum correspond aux premiers sondages parus avant le début de la campagne, cette dernière n’aurait pas eu d’effet. C’est faux. L’establishment irlandais, l’Union Européenne et les médias étaient très bien préparés et ont agi de façon extrêmement coordonnée dans le cadre d’une offensive massive contre la campagne du ‘‘Non’’ avec la menace du financement du pays comme arme principale.

    Fondamentalement, ils ont utilisé leur contrôle capitaliste sur le système financier comme un levier destiner à forcer la population à accepter plus encore d’austérité capitaliste. De la même manière que le contrôle de l’eau et l’approvisionnement en eau doit être domaine du public, il n’y a aucune raison que le crédit et la fiance ne soient pas considérées comme une fonction publique essentielle plutôt que d’être laissée soumise à la soif de profits des investisseurs privés. Ce contrôle privé est utilisé pour forcer les gens à payer une forte rançon, à l’instar des usuriers. Toute contestation de ce fait conduit à des exigences pires encore. Cette course vers le bas ne peut être efficacement défiée que par le biais de la lutte pour mettre fin au contrôle du système financier.

    Les médias, en jouant sur la peur, ont utilisé leur influence pour faire passer l’idée que tous les financiers étaient prêts à immédiatement retirer leurs fonds d’Irlande. Ensuite, ils ont massivement appuyé la thèse selon laquelle il n’existait aucune crédibilité sans une solution immédiate qui soit acceptable pour les marchés financiers. Dans la première semaine et demi de la campagne, le camp du ‘‘Oui’’ et les médias ont restreint le débat sous cet angle et frappé à grands coups contre le camp du ‘‘Non’’. Ils ont alors considérablement augmenté le soutien pour voter Oui.

    Il s’agit d’une version émoussée du vieil argument antisocialiste ‘‘c’est très bien, mais d’où proviendra l’argent?’’ Cette attaque a eu plus d’effet maintenant qu’elle n’en a eu dans les années ‘70 et ‘80 en raison des problèmes économiques qui semblent plus aigus qu’à l’époque, et aussi en raison du fait que l’idée de prendre collectivement possession des richesses et des leviers du pouvoir est plus éloignée de l’esprit des gens qu’il y a quelques décennies.

    Cependant, il est évident que plus d’austérité conduira à une crise plus profonde, et il pourra y avoir un changement radical dans la manière qu’ont les gens de voir les choses, et notamment ce qui est possible et nécessaire pour riposter face à la crise. La population deviendra moins sensible aux diktats, à l’intimidation et aux manipulations, et bien plus de personnes seront ouvertes à entendre des solutions réelles et radicales. Nous avons d’ailleurs déjà pu quelque peu le constater durant la campagne, à mesure que nous répondions aux attaques de la campagne du ‘‘Oui’’ concernant l’austérité. Nous avons pu réussir à briser l’élan initial du camp du ‘‘Oui’’.

    Alors que la campagne du ‘‘Non’’ a été en mesure de saper les arguments de l’establishment, elle n’a pas été capable de réellement développer une forte impulsion derrière elle. En fin de compte, nous avons obtenu un résultat avec lequel peu de gens soutiennent, une majorité acquise pour ce qu’ils considéraient comme le moindre mal, sans enthousiasme.

    Retombées politiques

    Ce résultat n’a pas renforcé le gouvernement, qui a l’accueilli avec soulagement. Mais s’ils avaient perdu le référendum, ils auraient fortement été affaiblis. Pour faire passer le traité, ils ont fait des promesses qu’ils ne seront pas capables de tenir ; l’ébranlement du soutien au gouvernement va donc s’accélérer à mesure que la crise va persister et s’empirer.

    Le soutien pour le parti travailliste est particulièrement en déclin. Après une année au pouvoir, ils ont déjà perdu 50% de leurs votes, selon un sondage effectué il y a maintenant un peu plus d’une semaine. D’autre part, de nombreux rapports font état de l’accueil hostile qu’ils ont reçu dans les quartiers ouvriers durant la campagne. Cette pression sur et à l’intérieur du parti travailliste va certainement empirer.

    <h>Le Sinn Fein et l’United Left Alliance sortent gagnants

    Même s’ils figurent dans le camp des perdants, ceux à qui cette campagne a principalement bénéficié sont le Sinn Fein et l’United Left Alliance (une alliance large de gauche qui dispose de 5 élus au parlement, dont deux du Socialist Party), les principales forces du camp du Non. Le Sinn Fein et le Socialist Party ont tous deux bénéficié du soutien financier du groupe parlementaire européen de la Gauche Unitaire Européenne (GUE/NGL). Avec ses ressources financières massives, ses 14 députés et ses 54 conseillers locaux, le Sinn Fein avait déjà d’énormes réserves et ressources avec lesquelles faire campagne.

    Le Sinn Fein a bénéficié d’une large couverture médiatique pour le camp du ‘‘Non’’ et leur campagne a eu un impact. Ils se sont positionnés en opposition à l’austérité et ont choisi d’accentuer cela plutôt que d’attaquer sous l’angle les droits démocratiques dans une optique de souveraineté nationale ou de droits nationaux. Mais ont limité leurs critiques contre l’Union Européenne et le capitalisme, impliquant ainsi qu’un meilleur accord pouvait être tiré des négociations avec l’Union Européenne.

    De façon très ironique, le parti travailliste a riposté en expliquant que le Sinn Fein s’oppose à l’austérité en République irlandaise alors qu’ils l’imposent en Irlande du Nord. Cette belle hypocrisie a été vaine car le parti travailliste, plus que personne d’autre, ne dispose dorénavant d’aucune crédibilité pour mener ce genre d’attaque. Cela a eu peu d’effet.

    Il nous faut un nouveau parti des travailleurs !

    Le soutien au Sinn Fein a régulièrement augmenté depuis les élections législatives de l’an dernier où ils avaient obtenu 10%. Le dernier sondage leur donne maintenant 24%, soit 3% de plus que lors du précédent sondage et plus de deux fois le score du parti travailliste.

    Mais certaines parmi la classe ouvrière ne voteront jamais pour le Sinn Fein quelles que soient les circonstances. Cependant, il semble bien que le Sinn Fein sera le principal bénéficiaire de la crise politique qui concerne tous les partis traditionnels, à moins qu’une réelle alternative issue de la classe ouvrière et authentiquement à gauche puisse se développer. Au vu de la tendance actuelle, le Sinn Fein pourrait devenir le plus grand parti dans les prochains sondages.

    Les conditions peuvent-elles se développer pour le lancement d’une force de gauche réellement socialiste avant même l’explosion politique et sociale inhérente à la situation actuelle ? Pour répondre à cela, la manière dont se développera la lutte contre la ‘‘Household Tax’’ (la taxe sur les ménages) sera d’une importance cruciale.

    La campagne du Socialist Party

    Le Socialist Party est arrivé dans cette campagne en plus forte position que lors des précédents référendums européens. En 2008, pour la campagne du premier référendum sur le Traité de Lisbonne, notre camarade Joe Higgins avait joué un rôle crucial alors qu’il n’était pas encore élu député. Il a eu un impact réel sur le résultat du vote. Cette fois nous n’avions pas seulement Joe, qui a fait beaucoup d’apparitions publiques énergiques, nous avions aussi la députée Clare Daly et le parlementaire européen Paul Murphy (qui remplace Joe Higgins au parlement Européen où il a été élu en 2009 avant d’être élu au Parlement Irlandais).

    C’était la première campagne référendaire de Clare en tant que députée et il est unanimement admis qu’elle a fait une très bonne performance dans toute une série d’apparitions et de débats, dont des débats contre d’importants porte-paroles du gouvernement. Elle a eu un réel impact sur cette campagne, à l’image de son impact dans les diverses campagnes depuis son entrée au Parlement l’an dernier, aux côtés de Joe Higgins.

    Ce referendum était particulièrement important pour notre député européen Paul Murphy. Contrairement à Joe et Clare, Paul n’a jamais été candidat lors d’une élection et ne disposait pas du même parcours ni du même profil que nos autres camarades. Mais de nombreux commentateurs l’ont décrit comme l’un des plus capables représentants du camp du Non, un porte-parole parmi les plus clairs. Ils ont ainsi affirmé que sur base de sa performance et de son nouveau profil, il a grandement augmenté ses chances d’être réélu au parlement Européen en 2014.

    En mars, et à nouveau durant la campagne en mai, le Socialist Party a distribué des milliers de tracts dans chaque foyer de Dublin, au-delà des 400.000. De plus, nous avons organisé la distribution massive de plus de 50.000 tracts, dont une diffusion massive dans des communautés de la classe ouvrière cruciales à Cork. Nos membres ont été actifs dans les comtés de Meath, Kildare, Wicklow, Wexford, Waterford, Kerry, Tipperary, Clare, Laois, Offaly et dans les villes de Galway, Limerick Kilkenny et Carlow et Drogheda.

    Nos camarades se sont aussi impliqués dans les activités de la campagne contre la household tax et de l’United Left Alliance. Cependant, ce sont les affiches et les panneaux du Socialist Party qui ont le plus d’impact dans la campagne et qui ont suscité le plus de commentaires. L’Irish Times, dans sa revue de campagne de dimanche, parlait ainsi de ‘‘l’ubiquité des affiches de référendum’’ du Socialit Party. Selon le dictionnaire, ‘‘ubiquité’’ signifie ‘‘omniprésence, fait d’être partout ou dans un nombre d’endroits indéfini en même temps.’’

    Nous avons produit des milliers d’affiches en 4 versions différentes pour lancer la campagne, suivis au milieu de la campagne par 4 versions de très grands panneaux d’affichages, surtout aux centres-villes. Nous avons fini la campagne d’affichage avec des milliers de nouvelles petites affiches.

    Nos affiches, combinant contenu et graphisme frappant, l’emportaient sur les autres, en particulier avec le manque de contenu des affiches du Oui. Elles figuraient dans de nombreux journaux, reportages télé et blogs, que ce soit en Irlande ou à l’étranger, ainsi que dans les réseaux sociaux. Les affiches sont un moyen très important de faire passer un message à une échelle de masse très rapidement, et ont un impact réel.

    Nos affiches liaient l’austérité à la household tax et à la water tax (une nouvelle taxe sur l’eau). Nos panneaux d’affichages de 8 pieds sur 4 avec une photo d’Angela Merkel et la citation ‘‘Les freins à la dette seront obligatoires et valables pour toujours. Jamais vous ne pourrez les changer par une majorité parlementaire’’ et avec la phrase ‘‘le traité détruit la démocratie’’ étaient frappantes. Nos panneaux qui utilisaient l’image connue du film Les Dents de la Mer (où le requin arrive des profondeurs) pour illustrer les coupes budgétaires que le Traité implique ont provoqué beaucoup de commentaires et ont été repris sur de nombreux blogs. Un magazine de musique et d’actualités irlandais, de même que le quotidien The Guardian, ont commenté l’impact que l’une de nos petites affiches avait eu sur les réseaux sociaux. L’affiche disait ‘‘les super riches de l’UE cachent 3 milliards d’euros en cash – alors qu’il y a 25 millions de chômeurs – opposons les besoins du publics à l’avidité capitaliste – Votez Non’’ et montrait une image de Montgomery Burns enlaçant des paquets de billets.

    Household tax – deuxième tour

    Cette campagne est une très bonne plate-forme à partir de laquelle le Socialist Party et l’United Left Alliance peuvent croître et avancer dans les mois à venir.

    Dans cette période, la lutte contre la household tax va aussi certainement se relancer puisqu’il est vraisemblable que le gouvernement tente de conduire devant les tribunaux ceux qui ont refusé de payer ce nouvel impôt. 50% des foyers ne se sont toujours pas enregistrées pour le payer. Nous aurons dès lors de grandes opportunités pour mettre ce vote de côté et construire un mouvement capable de battre ce gouvernement, l’Union européenne et leur politique d’austérité.

  • Référendum irlandais : La campagne du ‘OUI’ a utilisé toutes les menaces possibles

    Aujourd’hui, les Irlandais se prononcent par référendum concernant le Pacte budgétaire européen, également qualifié de traité d’austérité. Une victoire du ‘oui’ serait utilisée comme une justification pour de nouvelles attaques antisociales, comme des coupes budgétaires et des augmentations de taxes. Le texte ci-dessous a été écrit par Joe Higgins, député du Socialist Party (notre parti frère en République irlandiase).

    Joe Higgins, député du Socialist Party (CIO-Irlande)

    Si vous votez ‘Non’, vous serez exiles en Sibérie ! C’est très probablement la seule menace qui n’a pas été utilisée contre le people irlandais au cours de ces dernières semaines. Et il ne faut pas être surpris si elle sort encore dans cette dernière ligne droite de la campagne sur le référendum au sujet du Traité fiscal/d’austérité.

    Cette campagne a rapidement atteint le niveau ‘un autre jour, une nouvelle menace’. La semaine dernière, le ministre des finances a lu au Parlement un avis du National Treasury Management Agency [NTMA, l’agence de gestion de la dette publique] qui déclarait qu’il : ‘‘considère qu’un ‘Non’ au référendum signifierait, selon toute vraisemblance, qu’il ne serait pas possible pour l’Irlande d’entrer dans les marchés obligataires à des taux durables.’’ En laissant de côté le fait qu’un organisme d’État s’implique ainsi dans un débat politique très polarisé, nous constatons que cette agence n’a toutefois aucunement affirmé l’inverse, à savoir qu’une victoire du ‘oui’ garantirait l’accès à ces mêmes marchés.

    Juste histoire d’assurer que nous n’ayons pas manqué cette prétendue nouvelle menace pesant sur le financement de l’État, le porte-parole du Fianna Fail [le parti d’opposition capitaliste] a demandé au ministre de répété son point. ‘‘Le ministre peut-il clarifier le conseil que lui a donné le NTMA?’’ Et le ministre de répondre : ‘‘Je vais à nouveau relire ma note pour le député (…)’’ Réponse du député concerné : ‘‘Ces conseils sont-ils en accord avec l’opinion du ministre en tant que ministre des Finances ?’’ Le ministre conclut enfin : ‘‘Cela rencontre pleinement mon opinion’’.

    Quelle impressionnante solidarité entre le ministre des finances du Fine Gael [le principal parti capitaliste au sein du gouvernement] et le loyal parti d’opposition Fianna Fail ! Frères dans l’austérité et les menaces ! Nulle trace ici des attaques du dirigeant du Fianna Fail, Micheal Martin, lancées contre le Pacte fiscal lorsqu’il a été annoncé suite à un sommet européen en décembre dernier. Se référant aux objectifs du déficit budgétaire structurel et de la réduction automatique de la dette, il avait déclaré à ce moment-là que ‘‘les nouveaux objectifs sont très inquiétants. Il semblerait qu’ils mineraient significativement la croissance et constitueraient un frein sur l’emploi (…) en d’autres termes (…) une austérité efficace sur une base permanente.’’

    Il est heureux pour lui que les médias aient massivement fait campagne pour le ‘oui’. Dans le cas contraire, il aurait pu avoir à s’expliquer publiquement sur son engagement dans une campagne destinée à faire passer un traité qui représente un tel désastre et qui, selon lui, loin de ‘‘sauver le marché de la dette souveraine européenne, cela signifierait sa fin.’’

    Que masquent ces menaces ?

    Ce n’est pas par hasard que les menaces se multiplient du côté du gouvernement. Le genre d’austérité inflexible et institutionnalisée tel qu’inscrit dans ce traité a démontré l’étendue de ses conséquences catastrophiques en Grèce, tandis que l’économie irlandaise est elle aussi en crise profonde après des années de mesures d’austérité. Toutes les menaces du camp du ‘oui’ sont autant de tentatives désespérées visant à masquer ces faits et à éviter d’avoir à répondre à des questions au sujet du détail des futures coupes budgétaires et augmentations d’impôts qu’impliqueront la mise en œuvre de ce traité à partir de 2015.

    Les Irlandais sont quotidiennement menacés avec diverses menaces, et il s’agit d’une grave infraction au droit du peuple irlandais de voter librement et sans contrainte. Il convient de rappeler que la contrainte physique et la violence ne sont pas les seules armes d’un despote. Les menaces économiques et l’intimidation sont également souvent employées.

    Ce qui se passe actuellement en Allemagne explique l’empressement du gouvernement irlandais pour essayer de nous forcer à voter pour l’austérité. Le Parlement fédéral allemand devait récemment voter sur ce même traité. Mais les parlementaires sociaux-démocrates et verts ont refusé de donner la majorité des deux tiers nécessaire parce que les mesures à venir ne sont pas claires. Mais le gouvernement irlandais, composé du Fine Gael et du Parti Travailliste, sont tellement poltrons qu’ils ne veulent pas laisser le moindre espace au peuple irlandais.

    Le ‘oui’ est essentiellement une invitation pour que le peuple irlandais se rendre complice des mesures d’austérité qui s’appliqueront à lui-même. La victoire du ‘Oui’ serait utilisée par ce gouvernement et les prochains comme la justification de nouvelles attaques antisociales : "Vous avez voté pour ces objectifs, vous ne pouvez pas vous plaindre maintenant."

    La possibilité d’une alternative à l’Europe d’austérité est maintenant en train d’apparaître. Les révoltes électorales en France et en Grèce, le mécontentement grandissant en Espagne, l’anxiété aux Pays-Bas et l’opposition de certaines sections de la classe ouvrière allemande sont autant d’éléments caractéristiques de l’aspiration croissante pour une alternative. Avec un ‘non’, les Irlandais peuvent renforcer cette voix qui exige, à une échelle continentale, de mettre fin aux effets destructeurs des mesures d’austérité imposées par les requins de la finance et de construire une alternative au capitalisme-casino qui enrichit une infime minorité au détriment des intérêts de la grande majorité.

  • Reprise de la lutte des classes en Europe tandis que la crise de la zone euro s’approfondit

    Le Comité Exécutif International (CEI) du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) s’est réuni du 17 au 22 janvier 2011, en Belgique, avec 33 pays d’Europe, d’Asie, d’Amérique Latine et d’Afrique représentés. Après le premier rapport du meeting du CEI sur la situation mondiale, voici un rapport de Finghin Kelly sur les développements cruciaux en développement en Europe.

    Finghín Kelly, Socialist Party (CIO en Irlande)

    L’année dernière, l’Europe a connu une forte remontée des luttes, avec des mobilisations et des mouvements considérables. L’Europe a aussi été balayée par les mouvements Occupy et des Indignés. C’est dans ce contexte et celui de la crise économique, politique et sociale que le CEI a discuté des perspectives européennes, discussion introduite par Tony Saunois et conclue par Clare Doyle, tous deux membres du Secrétariat International du CIO.

    La classe dominante européenne a implanté des programmes d’austérité vicieux pour tenter de faire payer la crise du capitalisme à la classe ouvrière. Les réformes qui ont été obtenues après des années de lutte, comme les droits à la pension, à la sécurité sociale, les conditions de travail et les dépenses sociales, sont maintenant violemment attaquées. Ce processus élimine tous les acquis et conquêtes de la classe ouvrière depuis la seconde guerre mondiale. C’est une réponse aux idées réformistes de l’après-guerre, dans une période de croissance économique, qui a laissé place à un retour sur les conditions de vie et l’Etat-providence. Cela ne veut toutefois pas encore dire que les idées réformistes ne vont pas resurgir.

    L’approfondissement de la crise de la zone euro, à laquelle le capitalisme est complètement incapable de répondre, est une bonne illustration de l’instabilité et de la fragilité de la position des capitalistes.

    En réponse à cela et à la montée de la riposte des travailleurs contre les plans des banques et du marché, les Etats utilisent de plus en plus des méthodes autoritaires, anti-démocratiques ou celles du ”Bonapartisme parlementaire”, avec une augmentation de la répression et le minage des institutions ”démocratiques”.

    Les attaques de l’austérité sont visibles partout en Europe. Les contributeurs à la discussion ont illustré la nature de l’austérité dans chaque pays ainsi que la révolte et les résistances qu’elles ont provoquées. L’austérité et la réaction à celle-ci ont particulièrement été aigües en Grèce. Les contributions des participants Grecs au CEI ont montré quelle situation explosive existe dans ce pays.

    La Grèce a connu 14 grèves générales, dont deux de 48 heures, au cours des deux dernières années uniquement. Plusieurs intervenants ont vivement montré ce que l’austérité signifie pour les travailleurs grecs. Les conditions de vie se sont effondrées, avec des parts entières de la société ruinées ou appauvries, dont une partie de la classe moyenne. Le chômage est massif : celui des jeunes est maintenant proche de 50%. Des enquêtes montrent que 91% des foyers ont subi une forte baisse de leur revenu – en moyenne une diminution de 30%. Maintenant, 78% des foyers ont des difficultés à subvenir à leurs besoins. Ceci a conduit à des exemples tragiques de familles proposant leurs enfants à l’adoption.

    L’émigration est un problème énorme dans beaucoup de pays ; l’Irlande, l’Espagne, le Portugal et la Grèce en particulier connaissent une émigration massive des jeunes. Non seulement cela a des conséquences sociales dévastatrices, mais cela complique les luttes de masse et peut agir comme une soupape temporaire pour le capitalisme, car les couches les plus énergiques sont alors éloignées des luttes.

    Mouvements sociaux

    Le CEI a entendu beaucoup de rapports des mouvements sociaux en Grèce, dont le mouvement de non-paiement d’une nouvelle taxe par foyer, et d’autres campagnes contre les péages routiers et le prix du métro et du bus après des hausses massives. Le CEI a aussi entendu des rapports du mouvement qui rejette l’implantation d’une décharge dans une ville grecque, une révolte ouverte contre les autorités.

    Ces mouvements considérables ne sont pas confinés à la Grèce; le Portugal a connu sa plus grande grève générale depuis 1974. En Grande Bretagne et en Irlande du Nord, le secteur public a mené une grève historique contre les attaques du gouvernement de coalition contre les retraites. Entre 1 et 2 millions de travailleurs sont entrés en action : c’est la plus grande grève depuis la Grève Générale de 1926. La Belgique a aussi connu de grandes mobilisations et une grève générale du secteur public en décembre. Le 30 janvier, il y aura une grève générale contre l’austérité du nouveau gouvernement (ce rapport a été publié en anglais avant que celle-ci ne se déroule, NDLR).

    L’Espagne a été secouée par les mouvements de masses, qui ont impliqué des millions de travailleurs et de jeunes, un mouvement qui a joué un rôle-clé dans le renversement du gouvernement Zapatero. De plus, l’Espagne a été le terrain du développement du mouvement des Indignados, qui s’inspirait des révolutions en Afrique du Nord et au Moyen-Orient et s’est à son tour exporté à travers le monde et a nourri le mouvement Occupy. Le CEI a entendu beaucoup de rapports de ces mouvements.

    Ces mouvements ont été une manifestation importante de la jeunesse radicalisée qui souffre d’un chômage élevé et est touchée par l’austérité. En Espagne, le chômage est de 21%, celui des jeunes est maintenant de 50%.

    Le mouvement Occupy est arrivé comme une première réponse des travailleurs et des jeunes à cette crise historique. C’est un mouvement extrêmement important et significatif qui s’est approfondi et qui a eu plus d’effet que les mouvements anticapitalistes de la dernière décennie. Ce mouvement contient des éléments des « mouvements sociaux », qui ont émergé en Amérique Latine dans les dernières décennies par des luttes construites par la base pour combattre dans l’intérêt des principaux secteurs de la société. Tout comme dans ces mouvements, la question de lier le mouvement Occupy aux luttes de la classe ouvrière organisée est décisive. Il est nécessaire de lier les mouvements sociaux aux mouvements de la classe ouvrière. Les camarades du CIO au Brésil ont connu une situation similaire et se sont battus pour la formation d’une nouvelle centrale syndicale, Conlutas, qui inclut les mouvements sociaux tout en étant basée sur la classe ouvrière.

    Tendance anti-capitaliste

    Ces mouvements représentent le développement d’une tendance antisystème et anticapitaliste. Dans de nombreux cas, il lui a manqué une alternative claire par laquelle remplacer le capitalisme. Une autre caractéristique significative de ces mouvements, c’est que, bien qu’ils n’aient la participation active que d’une minorité, le soutien pour ces mouvements est très large parmi la classe ouvrière.

    Il y a eu une discussion sur l’atmosphère « anti-parti » de ces mouvements. Cette tendance reflète le scepticisme et même l’hostilité envers les partis politiques traditionnels. Les marxistes doivent dialoguer avec ces mouvements sur l’alternative au capitalisme, présenter le socialisme et lier les mouvements à la classe ouvrière et des communautés organisées, défendant l’idée du besoin d’un instrument politique pour la classe ouvrière pour permettre la lutte pour le socialisme.

    Le développement de la conscience de différentes parties de la société, et de la classe ouvrière en particulier, a été discuté au CEI. Beaucoup de travailleurs espèrent encore que les politiques réformistes ou Keynésianistes peuvent vaincre la crise, alors que d’autres en arrivent à la conclusion que le capitalisme est dans une impasse.

    La politique du “moindre mal” vue dans les élections, ou les succès des partis sociaux-démocrates dans les sondages, ont aussi été discutés. Cela ne reflète pas de grandes illusions dans ces partis mais un espoir qu’ils pourront amoindrir les effets des mesures d’austérité. Le soutien pour ces partis peut très vite s’éroder. Cela s’est vu en Irlande, où une coalition Fine Gael / Labour a été élue en février à une large majorité, dans l’espoir qu’ils « brûleraient les porteurs d’obligations ». Mais ces espoirs ont été balayés par les politiques de coupes du nouveau gouvernement de coalition.

    La question du moindre mal est posée dans plusieurs pays dont la France, où le parti « socialiste » peut mettre en échec Sarkozy cette année (surtout après la perte du triple A par la France). Cette question est fortement liée au manque d’alternatives de masse à gauche des partis traditionnels. L’échec du NPA en France à se développer comme une référence massive dans un contexte de radicalisation montante est aussi décisif. En Espagne, ce même facteur a conduit à la venue au pouvoir du parti de droite PP : bien que son soutien n’ait pas beaucoup augmenté. Beaucoup se sont tournés vers lui pour porter un coup au gouvernement PSOE, qui a été massacré aux élections de novembre.

    Les intervenants ont montré comment une conscience socialiste relativement faible parmi les masses de la classe ouvrière peut être un facteur-clé dans la limitation des mouvements de masse d’opposition.

    C’est en train de changer et on peut s’attendre à des bonds en avant dans la conscience de classe à mesure que la lutte se développe, ce qui va augmenter de beaucoup l’attrait pour le socialisme. L’idée et le mot « socialisme » ont été entachés, non seulement par le stalinisme, mais aussi par les gouvernements « socialistes » qui en Europe du Sud ont appliqué des programmes d’austérité. Cela renforce le rôle des marxistes et socialistes authentiques d’expliquer et de populariser une alternative socialiste basée sur la propriété publique et le contrôle démocratique des principales ressources et industries de la société à travers un gouvernement des travailleurs.

    Rôle des syndicats

    Le rôle joué par les directions syndicales et les partis de gauche a été indentifié comme un facteur qui bride le développement de la conscience de la classe ouvrière. Là où les dirigeants syndicaux ont appelé à une grève, ils l’ont généralement fait les dents serrées et seulement après une forte pression venue d’en bas.

    Dans certains cas, les syndicats ont été désertés par leurs activistes et ne sont plus des pôles d’attraction pour les jeunes et les chômeurs radicalisés. Certains des appareils syndicaux sont devenus des organisations « jaunes » ou « d’entreprise » qui agissent comme le bras droit du patronat. C’est une complication pour la lutte. C’est une tâche essentielle pour les militants de se battre pour construire des groupes d’opposition dans les syndicats et essayer de se réapproprier les syndicats. Les véritables socialistes n’adoptent pas une approche sectaire ou gauchiste des syndicats mais doivent aussi se préparer à des scissions et la formation de nouvelles organisations syndicales.

    Le CEI a discuté de l’échec des nouveaux partis et formations de gauche à exploiter la situation.

    Beaucoup n’ont pas réussi à attirer les secteurs radicalisés de la jeunesse et n’ont pas été actifs dans les luttes. Ils ont échoués à augmenter en nombre, bien que dans quelques cas ils aient eu quelques succès électoraux et de bons résultats dans les sondages.

    Il est clair que la crise économique s’intensifie mondialement ; l’Europe et l’Euro sont au cœur de la crise. La question de l’éclatement de l’euro et d’une reconfiguration de l’UE est posée. Le CEI a discuté en profondeur et en détail de comment la crise peut se développer et des conséquences de cela.

    Les dégradations de notes par les agences de notation montrent qu’elles n’ont pas confiance en les programmes d’austérité pour sortir de la crise. La question du défaut de paiement est beaucoup posée, les « marchés » et beaucoup de commentateurs capitalistes indiquent que le défaut de paiement de la Grèce et du Portugal est une possibilité immédiate. Cela serait le premier cas d’un pays occidental depuis 70 ans.

    Quel futur pour l’euro?

    L’éclatement de l’euro aurait de lourdes conséquences pour l’économie européenne et mondiale. Les estimations montrent qu’un million d’emplois disparaitraient rien qu’en Allemagne et que le PIB de l’Allemagne diminuerait de 25%. Les classes dirigeantes capitalistes d’Allemagne et des autres pays feront donc tout ce qu’elles peuvent pour garder l’euro. Les euros-obligations ou un plus grand rôle de la BCE sont mis en avant comme moyen de sortir de la crise par beaucoup de commentateurs capitalistes et une partie de la gauche soutient ces mesures. Beaucoup d’intervenants en ont parlé au CEI. Les différents pouvoirs capitalistes agiront pour protéger leurs intérêts nationaux. Le capitalisme allemand ne veut pas voir l’utilité des euros obligations à ce stade. Cependant, il pourrait y être amené par la pression des évènements, dans une tentative désespérée de sauver l’économie européenne du désastre. Mais même cela ne sera pas une solution à la crise, ni à long ni même à moyen terme.

    Plusieurs intervenants ont aussi souligné et discuté de la tendance accrue à court-circuiter les procédés démocratiques parlementaires « normaux » et le rognage des droits démocratiques. L’année dernière, des gouvernements « technocratiques » ont été imposés en Italie et en Grèce, quand les marchés et l’UE ont perdu la foi dans la capacité des gouvernements de ces pays à mener à bien les énormes coupes d’austérité.

    Le gouvernement italien qui a été intronisé était, en réalité, un gouvernement des banquiers, puisque chaque membre du cabinet a un passé dans les grandes banques ou les institutions financières ou de forts liens avec elles.

    La commission européenne a aussi accru son intervention dans de nombreux pays ; ce qui se voit clairement dans les pays « programme », où des programmes d’austérité détaillés ont été planifiés par la « troïka », en conjonction avec les gouvernements nationaux. Même dans les autres pays, cette intervention a augmenté. En Belgique, la Commission a exigé que le gouvernement se réunisse un weekend pour trouver d’autres idées de coupes, parce que selon elle, les coupes n’allaient pas assez loin.

    Mesures autoritaires

    L’érosion de la démocratie ne s’est pas faite seulement aux niveaux des parlements et des gouvernements ; une tendance générale à l’usage de mesures étatiques autoritaires, la répression et la criminalisation des protestations, ont été discutés. Cela s’est vu dans les tentatives de mettre fin au mouvement Occupy, en Espagne et partout ailleurs.

    L’érosion des droits démocratiques est évidente en Hongrie, le premier pays européen à être renfloué par le FMI pendant la crise économique. Les délégués ont rapporté les attaques au droit de grève, le nouveau code du travail et les camps de travail pour les chômeurs-longue durée. Comme dans les autres pays, les droits aux pensions et aux retraites anticipées ont été attaqués. La répression contre les Roms a empiré. Un nouvel impôt à taux unique augmente les difficultés économiques des pauvres. La liberté des médias a été rognée par de nouvelles lois. Une nouvelle constitution introduite par le gouvernement ronge beaucoup de droits démocratiques de base.

    En même temps qu’une crise économique, les classes capitalistes européennes font face à une crise politique. Les réserves politiques de la bourgeoisie leur échappent parce que les partis politiques traditionnels sont discrédités par leurs politiques de coupes. Nous avons vu une série de crises gouvernementales en Europe. Tous les pays au premier plan de la crise de l’euro ont subi des changements politiques : l’Italie, l’Espagne, la Grèce, l’Irlande et le Portugal ont changé de gouvernement en 2011.

    Même en Allemagne, où il y a eu quelque croissance économique, cela n’a pas donné un coup de pouce aux partis dirigeants. Par exemple, le FDP est en crise et est menacé de perdre ses représentants parlementaires.

    Des évènements tumultueux dans les mois à venir

    Les anciens partis des travailleurs se sont encore droitisés pendant la crise et se sont discrédités aux yeux des travailleurs. Le Labour en Grande Bretagne a dit qu’il ne reviendrait pas sur les coupes du gouvernement Con-Dem quand il reviendrait au gouvernement. En Italie, le PD (Parti Démocrate) a voté pour les coupes de Monti !

    Dans un certain nombre de pays, le vide politique est partiellement rempli par les forces de droite. Le Front National en France utilise cyniquement une rhétorique populiste anti-banque pour essayer d’augmenter son soutien. L’émergence du parti néo-fasciste Jobbik en Hongrie a aussi été discutée en exemple de la façon dont l’extrême-droite peut occuper cet espace. Le danger de l’extrême-droite et la menace raciste peuvent être combattus par le mouvement ouvrier avec un clair programme de classe qui unifie les travailleurs contre les attaques néolibérales et lutte pour les emplois, le logement et des aides sociales pour tous, et pour un vrai changement de système.

    Dans cette situation, la question nationale va réapparaitre. Les développements en Écosse et en Espagne ont été discutés par les intervenants de ces pays, où la crise a fait monter la question nationale et posé la question du séparatisme. Les forces du CIO, tout en défendant le droit à l’auto-détermination, opposent une alternative de lutte unifiée et socialiste pour atténuer le nationalisme bourgeois.

    De cette excellente et très riche discussion, il ressort très clairement que l’Europe va connaitre des évènements tumultueux dans les mois et années qui viennent, au fur et à mesure que la crise économique et politique s’approfondit. Cela va donner au CIO d’énormes opportunités pour construire le soutien aux idées socialistes.

  • Une année 2011 turbulente

    Cette année 2011 a été marquée par une crise intense et de plus en plus profonde des structures économiques et sociales du capitalisme européen. En Irlande, les manifestations de cette situation sont extrêmement dramatiques. Dans cet article, Joe Higgins, élu de notre parti-frère le Socialist Party au Parlement irlandais, commente l’année écoulée et les perspectives pour celle à venir.

    Par Joe Higgins, parlementaire du Socialist Party (CIO-Irlande)

    Nous avons vu durant cette année une scène internationale secouée dans son ensemble par la mobilisation héroïque et répétées de millions de travailleurs, de paysans et de pauvres visant à renverser les dictatures brutales du Moyen Orient et d’Afrique du Nord. C’est un processus compliqué, bien sûr, avec les masses aspirant à une vie meilleure par l’obtention de droits démocratiques et le respect des droits de l’homme, de leur dignité et de leur droit à avoir un emploi, tandis que les anciennes élites et le sommet des forces armées tentent de se construire une nouvelle image de ‘‘démocrates’’ pour mieux s’accrocher à leurs richesses et leurs privilèges, au détriment des intérêts de la majorité.

    Les masses, de façon on ne peut plus compréhensible, entrent dans l’action révolutionnaire avec une haine extrêmement palpable de l’ordre ancien qui les a froidement brutalisé, et sans nécessairement avoir une vue exacte du système qui constituerait une véritable alternative démocratique garantissant le partage des richesses jusqu’ici accaparées par les élites. C’est un débat qui va cependant s’intensifier à mesure que des alternatives radicales seront considérées comme nécessaires.

    Par une ironie des plus amères, alors que le peuple d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient lutte pour l’obtention de ses droits démocratiques contre des systèmes dictatoriaux, l’élite politique de la ‘‘démocratique’’ Union Européenne s’assure que le peuple européen devienne sujet d’une nouvelle dictature de plus en plus affirmée, celle de l’oligarchie bancaire et des spéculateurs des marchés financiers.

    Les gouvernements de Papademos en Grèce et de Monti en Italie, loin d’être composés de technocrates désintéressés, sont en réalité rempli de banquiers et de représentants des grandes entreprises. Leur objectif est d’instaurer une politique visant à sauver les fortunes des grands acteurs des marchés financiers. Ils sont là pour s’assurer que les milliards avec lesquels ces rapaces ont joué soient repayés par la majorité de la population, ces 99% dont les conditions de vie et l’accès aux services publics sont détruits dans ce processus.

    ‘‘Les marchés sont endormis, mais pas pour longtemps…’’ a été le titre de bien mauvais augure d’un éditorial du Daily Mail, qui avertit que ‘‘dans les semaines à venir, ces marchés vont à nouveau bander leurs muscles’’. L’image évoquée est celle d’un peuple primitif terrorisé par un ogre vorace qui, s’étant gorgé du sang de victimes innocentes, se retire dans sa tanière et tombe dans un sommeil repu tandis que les survivants attendent dans la terreur son réveil et les conséquences de son inépuisable soif de sang.

    La question qui frappe l’esprit est la suivante : pourquoi donc la majeure partie des médias font fidèlement rapport de cette situation, sans condamner le moins du monde ce règne de la terreur. Loin de contester cette moralité, les médias spéculent sur ce qui doit être fait pour satisfaire la bête et pour accabler les victimes – les travailleurs et leurs organisations syndicales et sociales – qui osent se soulever et résister à ses incessantes exigences.

    La majeure partie des médias est bien entendu elle-même un instrument des marchés, une créature servile qui a encouragé en Irlande le développement de la bulle immobilière ainsi que l’avidité vorace des promoteurs et des banquiers, avec des conséquences très désastreuses pour la société. Voilà pourquoi, face à la colère de leur lectorat, les médias peuvent diaboliser certains excès parmi les plus évidents, mais sans jamais admettre leur propre culpabilité. Dans les temps à venir, les gens considèreront très clairement que cette frénésie de profits des marchés financiers européens est profondément destructrice pour la société, et qu’une partie importante des médias a collaboré à ce développement.

    Le gouvernement du Fine Gael et du Parti Travailliste, installé au pouvoir depuis le mois de mars dernier, s’est avéré aussi lâche devant les exigences des marchés que tous leurs homologues de l’Union Européenne. Avant les élections, ces partis s’étaient engagés à opérer un changement révolutionnaire face à la politique menée précédemment par la coalition du Fianna Fail et du parti écologiste. Il devait y avoir de nombreuses mesures énergiques destinées à lutter contre le chômage et visant à aider concrètement le plus grand nombre de personnes face au paiement d’hypothèques insoutenables.

    Au lieu de cela, nous assistons à une capitulation servile devant les diktats du Fonds Monétaire International, de l’Union Européenne et de la Banque Centrale Européenne. La population irlandaise devrait se retrouver à payer pour le sauvetage des grandes institutions financières européennes et pour les conséquences de leurs actions sauvages dans le cadre de la bulle immobilière irlandaise. Elle devrait faire le sacrifice de ses soins de santé et de son enseignement alors que de nombreux jeunes gens fuient le pays ou sont confrontés au chômage. C’est une politique qui trouvera face à elle une résistance acharnée pour l’année à venir.

  • Irlande : Campagne contre la ‘‘Household Tax’’

    Le gouvernement irlandais veut instaurer une ‘‘Household tax’’, soit un impôt foncier de 100 euros sur chaque maison et est la suite logique de la précédente taxe sur l’eau. Avec cette taxe, un pensionné ou un travailleur précaire devra débourser exactement la même chose qu’un millionnaire ! C’est tout particulièrement dégueulasse dans le contexte actuel de l’Irlande. Ce nouvel impôt n’a absolument rien à voir avec l’amélioration des services proposés par les collectivités locales, il ne s’agit que de continuer de saigner les travailleurs et leurs familles pour payer le renflouement des banques.

    Socialist Party (CIO-Irlande)

    En Irlande, chacun sait fort bien que cet impôt commencera à 100 euros, mais grimpera implacablement si nous nous laissons faire. L’Economic Social and Research Institute (un think tank influent en Irlande) réclame que cette taxe se poursuive pour des années et des années, son principal économiste, John Fitzgerald, allant même jusqu’à dire qu’il ne s’agit là que d’un ‘‘début’’ et qu’il va falloir augmenter cette taxe jusqu’à 800 euros en plus d’une taxe sur l’eau de 500 euros.

    La vie quotidienne devient déjà intolérable en Irlande avec les nombreuses coupes salariales, l’augmentation des taxes ou des hypothèque,… Jusqu’où cela peut-il encore aller ?

    Balayant toutes leurs promesses électorales, le Fine Gael (centre-droit) et le Parti Travaillsite (la coalition au pouvoir depuis les récentes élections) veulent totalement collaborer aux diktats de l’Union Européenne, de la Banque Centrale et du Fonds Monétaire International. Pour la population, cela signifie de faire face à de nouvelles mesures d’austérité. Cette politique, en plus des licenciements et du chômage, qui se mène depuis déjà un moment et qui consiste à pomper les moyens des ménages, a fait chuter la consommation personnelle de 13 milliards d’euros en 3 ans dans le pays. L’austérité cause des ravages à travers l’Europe, elle ne fera qu’empirer la crise et de garantir la faillite.

    Can’t Pay! Won’t Pay!

    Ce nouvel impôt n’est pas une fatalité. Nous pouvons le vaincre, mais uniquement avec une campagne de non-paiement de la taxe construite par la base, avec l’implication réelle de la population, dans chaque secteur de la société. Le Socialist Party (parti-frère du PSL en République irlandaise) plaide en ce sens. Dans les années ‘90, le Socialist Party avait dirigé une campagne similaire, l’Anti Water Charges Federation, contre une taxe sur l’eau, une campagne couronnée de succès.

    La construction de cette campagne massive de non-paiement, y compris aux tribunaux et par une opposition politique résolue, avait alors forcé le gouvernement de l’époque de supprimer cette taxe. Les élections partielles de 1996 à Dublin West étaient devenues un véritable referendum sur cette question, l’establishment politique avait été profondément ébranlé. Joe Higgins s’y était présenté et n’avait raté son élection que de peu (il fut élu au Parlement l’année d’après).

    Le ministre Bruton a déclaré que cette taxe n’était ‘‘que de 100 seulement’’. Cette somme constitue déjà un fardeau actuellement pour les ménages irlandais, et elle grimpera au delà des 1.000 euros très vite, la troïka européenne ayant exigé de nouveaux impôts de ce type pour les deux années à venir. Le gouvernement ne fait en fait que tâter le terrain pour l’instauration de nouvelles taxes, plus lourdes, à l’avenir. Si cette Household Tax est facilement acceptée, le gouvernement se sentira plus confiant pour poursuivre cette politique, et l’amplifier. Construire une campagne massive de non-paiement maintenant, c’est aussi rendre plus difficile l’application d’autres attaques par la suite.

    Ne nous laissons pas intimider!

    Le gouvernement fera tout pour forcer la population à céder, avec la menace d’amendes draconiennes et de condamnations aux tribunaux. Cela contraste violement avec l’attitude très douce adoptée par les autorités face aux criminels en col blanc millionnaires qui ont détruit l’économie ! Aucun banquier ou homme d’affaire n’a été inquiété. En construisant une puissante campagne de désobéissance civile de masse, implantée dans chaque région, la solidarité peut donner confiance aux ménages pour s’unir et maintenir leur refus de payer cette taxe. Il est impossible de tirer des milliers de personnes devant les tribunaux.

    Opposition politique

    Le Parti Travailliste est maintenant du côté du Fine Gael et du Fianna Fail (centre droit) pour soutenir l’instauration de taxes qui frapperont les ménages – en dépit des différentes annonces dans les médias durant la dernière campagne électorale. Il faudra se souvenir de cette trahison cynique tandis que les politiciens travaillistes qui disent s’opposer à cette taxe tout en restant bien tranquille au sein du Parti Travailliste ne sont que de vulgaires opportunistes. Le Sinn Fein a déclaré qu’il s’opposait à la Household Tax, mais a malheureusement décidé de ne pas mettre ses ressources et ses moyens derrière une campagne de non-paiement, qui reste la seule façon de mettre en échec cette véritable escroquerie. Ceci décevra sans doute beaucoup d’électeurs du Sinn Fein.

    Le Socialist Party / United Left Alliance est le seul parti qui propose clairement le boycott et est actif dans la construction d’une campagne nationale, indépendante et basée sur une implication active de la population. Notre expérience dans ce type de campagne est par ailleurs unique dans le pays.

    En dépit de la propagande quotidienne des médias traditionnels, il existe de grandes richesses inexploitées en Irlande. Le pays n’est pas s’est pas brisé. L’Irlande reste en 6e position sur les 27 pays de l’Union Européenne en termes de richesse financière. Naturellement, cette richesse est concentrée dans quelques mains seulement. La Banque Centrale a rapporté qu’en mai 2011, il y avait quelque 120 milliards d’euros en dépôt dans les banques irlandaises – pourquoi ne pas instaurer un impôt sur la fortune plutôt que de faire subir de nouvelles taxes à la population et de prendre en otage notre enseignement et nos services de santé ? Les ressources naturelles de gaz et de pétrole pourraient également être exploitées au profit de la société irlandaise, plutôt que pour une ou deux multinationales.

    • Résistance croissante contre la politique antisociale en Irlande (Août 2011)
    • Irlande : Retour sur les dernières élections générales (28 mars 2011)
    • Première réunion du nouveau Parlement irlandais: L’opposition de gauche se fait entendre (10 mars 2011)
    • Irlande: L’opposition de gauche entre au Parlement (27 février 2011)
  • [VIDEO] Paul Murphy s’en prend à Barroso, qui prétend “soutenir” l’Irlande

    La Commission européenne veut instaurer une législation qui assurerait que la population soit forcée de renflouer les banques et les spéculateurs. L’eurodéputé du CIO Paul Murphy, du Socialist Party (CIO-Irlande), a interpellé le président de la Commission européenne à ce sujet, sans toutefois que se dernier ne daigne répondre aux critiques…

    Paul Murphy, député européen

    Mon baptême du feu, mon tout premier discours au Parlement européen, s’est déroulé ce 5 avril. J’ai décidé d’utiliser l’opportunité de remettre en question la déclaration de Jose Manuel Barroso, le président de la Commission européenne, selon laquelle ‘‘L’Europe cherche à “soutenir” l’Irlande.’’ En dépit de cette affirmation, la Commission désire mettre en vigueur une législation qui assurerait que la population européenne soit forcée de soutenir et de renflouer les banques et les spéculateurs. Ces propositions signifieraient concrètement un état d’austérité permanent.

    La Commission espère introduire ce mécanisme d’austérité permanente via des modifications portées aux Traités européens, et espère que ces modifications pourront être effectuées sans qu’un référendum ne soit organisé. C’est une honte, et cela contredit totalement les affirmations du camp du ‘‘Oui’’ lors du débat autour du Traité de Lisbonne. Il est absolument impératif que la Gauche se batte pour un référendum autour de cet enjeu.

    Voici la vidéo de mon discours ; je posterai ces vidéos sur mon blog à l’avenir, de même que toute réponse que j’obtiendrai. Malheureusement, M. Barroso n’a pas daigné répondre à mon intervention.

    La traduction de cette prise de parole se trouve sous la vidéo


    Merci M. le Président.

    M. Barroso, le 19 janvier, en réponse à Joe Higgins, vous avez déclaré ici dans cette chambre que l’Europe essaie de soutenir l’Irlande. Avec l’abjecte capitulation du Fine Gael, du nouveau gouvernement Fine Gael-Labour face aux intérêts des spéculateurs, il est clair que ce n’est ni le Conseil ni la Commission qui accorde ce soutien, mais c’est la classe ouvrière en Irlande et en Europe qui se voit contrainte de soutenir les banques et spéculateurs européens en payant pour leurs pertes.

    Les propositions de gouvernance économique représentent une tentative de légaliser les coupes budgétaires et salariales. L’agenda d’austérité, les propositions d’amendes de centaines de milliers d’euros, sont conçues afin d’assurer que quelle que soit l’ampleur de l’opposition, les travailleurs payent pour la crise.

    Cette doctrine de choc à l’européenne sera facilitée par les modifications des traités, ce sur quoi l’establishment en Europe et en Irlande est déterminé à éviter un référendum. Le Socialist Party et la Gauche en Irlande vont exiger un référendum sur cette proposition d’austérité permanente.

    Merci.


  • Paul Murphy remplace Joe Higgins comme eurodéputé du Socialist Party

    Hier, lors d’une conférence de presse, il a été annoncé que celui qui remplacerait Joe au Parlement Européen serait Paul Murphy. Malgré son jeune âge (27 ans), Paul est déjà militant de longue date du Socialist Party. Quant à Joe, il siégera maintenant avec Clare Daly au Parlement Irlandais, où ces deux militants du Socialist Party ont récemment été élus, de même que trois autres camarades de la liste unitaire ULA (United Left Alliance).

    Paul Murphy

    ‘‘Remplacer Joe Higgins à l’Europe est un défi intimidant. J’ai suivi de très près le travail de pionnier qu’il a effectué en défendant une opposition réellement socialiste au Parlement Européen tout autant que l’aide vitale qu’il a donné à différentes campagnes en Irlande et à travers l’Europe.

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    Joe Higgins à propos de Paul Murphy

    “Je suis très heureux de voir Paul Murphy prendre le siège d’eurodéputé pour Dublin au nom du Socialist Party et de la United Left Alliance. Paul va continuer à représenter le programme politique et l’alternative socialiste que le Socialist Party a défendus devant le peuple de Dublin lors des élections européennes de 2009. Grâce à son expérience acquise lors de différentes campagnes ainsi qu’en travaillant avec moi au Parlement Européen, je suis certain qu’il sera tout à fait capable de défendre une réelle opposition au consensus néolibéral qui règne au Parlement européen. Il travaillera en collaboration étroite avec moi-même ainsi qu’avec le Socialist Party et la United Left Alliance afin de donner une réelle représentation politique aux travailleurs et aux jeunes tout en les aidant à organiser des campagnes de masse pour contrer les attaques à venir du gouvernement Fine Gael / Labour.”

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    ‘‘Toutefois, pour moi, il s’agit de la suite et de l’extension des campagne et de l’activisme qui ont été miens depuis dix ans. Sur ce laps de temps, j’ai eu l’honneur de lutter aux côtés des travailleurs – en tant qu’organisateur de campagnes et militant – contre la bin tax (une taxe sur les sacs poubelles), en construisant deux campagnes majeures contre les droits d’inscription dans l’enseignement supérieur, en organisant la grève de travailleurs turcs de Gama en Irlande (qui recevaient des salaires de misère), en militant contre la mainmise de Shell sur notre pétrole et notre gaz et contre la construction d’une raffinerie en mer à la sécurité plus qu’incertaine près de Rossport, etc. En plus de cela, j’ai gagné une grande expérience en travaillant auprès de Joe au Parlement Européen en tant qu’attaché parlementaire ces deux dernières années.

    ‘‘Je vais m’efforcer de poursuivre le travail que Joe a entamé contre la politique de droite de l’Union Européenne, contre le consensus néolibéral qui règne au Parlement Européen et contre Mr. Barosso et les diktats de l’Union Européenne et du Fonds Monétaire International qui s’en prennent aux travailleurs d’Irlande pour leur faire payer la crise des spéculateurs et des banquiers.

    ‘‘Même si cela a très peu été relayé dans les médias en Irlande, Joe a régulièrement fait des interventions dans la Commission du commerce international du Parlement Européen. Je vais poursuivre ce travail en exposant comme il l’a fait la nature prédatrice de la politique commerciale de l’Union Européenne, faite d’exploitation des gens des pays sous-développés au bénéfice des multinationales européennes.

    ‘‘Cependant, la tâche ne sera pas seulement d’assister à des réunions à Bruxelles ou Strasbourg. Je vais utiliser cette position pour aider au développement de campagnes en Irlande pour construire l’opposition aux attaques prévues par le gouvernement Fine Gael / Labour.

    ”Le thème le plus critique à l’heure actuelle pour les jeunes et les travailleurs est le chômage et l’immigration forcée. A Dublin, nous avons le plus haut taux de chômage chez les jeunes en Europe : 24,2%. Des dizaines de milliers de jeunes sont forcés d’émigrer ailleurs pour rechercher du travail. Il nous faut une campagne de grande ampleur pour des investissements publics afin de créer de l’emploi et reployer l’économie. J’utiliserai ma position pour assister les chômeurs, les travailleurs et les jeunes dans le développement d’une telle campagne.

    ”Je travaillerai bien entendu en étroite collaboration avec les deux députés irlandais du Socialist Party ainsi qu’avec les trios autres élus de la United Lef Alliance. Et évidemment, comme tous les représentants du Socialist Party public, je ne vais garder comme salaire que le salaire moyen d’un travailleur, le reste de mon salaire de député européen sera donné à différents groupes de travailleurs, à différentes campagnes et à la lutte pour un changement socialiste de société.

  • Irlande: L’opposition de gauche au Parlement

    Le PSL félicite chaleureusement la liste unitaire irlandaise United Left Alliance pour ses excellents résultats, cinq de ses candidats ayant été élus dont deux membres du Socialist Party : Joe Higgins et Clare Daly. Joe siègera au Parlement irlandais et sera remplacé au Parlement Européen. Le nouveau gouvernement aura à faire avec une forte opposition de gauche.

    Les chrétiens-démocrates du Fine Gael ont remporté les élections avec 36% des voix, ils devront constituer une coalition avec les autres vainqueurs : les sociaux-démocrates du Parti Travailliste. Bien qu’ils prétendent être différents de la précédente coalition gouvernemantale, ils sont en fait partisans d’une politique d’austérité identique. Cette politique a conduit les conservateurs du Fianna Fail à connaître une défaite historique. Alors que ce parti connaissait encore un score de 40% aux dernières élections, ils n’ont ici reçu que 17% des voix. Le petit parti ‘écologiste’ qui était sont partenaire de coalition est plus que probablement éjecté du Parlement.

    A la gauche, la liste unitaire United Left Alliance a obtenu un excellent résultat. Les cinq sièges sont ceux de Joe Higgins (Dublin West), Clare Daly (Dublin North), Joan Burton (Dublin South Central), Seamus Healy (Tipperary) et Richard Boyd Barret (Dun Laoghaire).

    Joe Higgins a déclaré dans les médias: “Nous allons représenter une réelle opposition et une réelle alternative. Et cela, nous n’allons pas seulement le faire au Parlement, mais également à l’extérieur. Des mouvements de la population vont arriver, des mouvements des travailleurs, des mouvements dans les communautés contre les attaques à venir. Le nouveau gouvernement va mener ces attaques contre la population travailleuse pour leur faire supporter les conséquences de la crise.”

    Le score élevé obtenu par la gauche radicale pose la question d’une organisation plus large. Joe Higgins explique: “Beaucoup de discussions doivent avoir lieu, mais le Socialist Party part du principe qu’il existe un énorme vide à gauche. Il est nécessaire d’avoir un nouveau mouvement pour représenter la classe ouvrière dans sa signification la plus large: les travailleurs des secteurs privé et public, les pensionnés et les jeunes. Avec nos collègues de l’United Left Alliance et d’autres, nous allons entammer la discussion concernant ce nouveau mouvement.”

    Voici ci-dessous les résultats des élus de l’United Left Alliance:

    • Dublin West. Joe Higgins (Socialist Party): 19,0%
    • Dublin North. Clare Daly (Socialist Party): 15,2%
    • Dublin South Central. Joan Collins (People Before Profit): 12,9%
    • Tipperary South. Séamus Healy (Workers and Unemployed Action Group): 21,2%
    • Dún Laoghaire. Richard Boyd Barret (People Before Profit): 10,9%

    Quelques autres excellents résultats ont aussi été obtenus par le Socialist Party à Cork North Central, où Mick Barry a eu 9,2% ainsi qu’à Dublin South West, où Mick Murphy a eu 5,2%. Tous ensemble, les candidats de l’United Left Alliance ont obtenu 57.000 voix, soit 2,6% de toutes les voix (mais l’ULA ne s’est pas présentée dans tous les districts électoraux).


    L’expérience de l’United Left Alliance à ”Socialisme 2011”

    Venez écouter de vous-même comment cette campagne électorale s’est développée en Irlande et ce que signifie la crise capitaliste pour la population. A Socialisme 2011, nous aurons un orateur du Socialist Party irlandais. Matt Waine est conseiller communal à Dublin West, et parlera notamment au meeting central de Socialisme 2011 le samedi 12 mars.

  • Irlande: “Faisons de 2011 l’année de la percée de la vraie gauche!”

    Vœux de Nouvel An de Joe Higgins

    Des élections générales anticipées vont se dérouler en Irlande, dans un contexte très particulier. Les travailleurs irlandais en sont déjà à leur troisième budget d’austérité, plus de 100.000 suppressions d’emplois sont prévus dans les services publics, entre autres attaques antisociales. C’est dans ce cadre que notre euro-parlementaire Joe Higgins présente ses vœux pour l’année à venir.

    Joe Higgins, eurodéputé du Socialist Party (CIO-Irlande)

    A West Kerry, ce Noël, le temps a changé à une vitesse stupéfiante. Le jour de Noël, nous avons dû déverser du sel devant la vieille ferme familiale afin de faciliter la venue des amis et de la famille, en brisant l’épaisse couche de neige compacte et de glace laissée là suite aux semaines précédentes, quand le temps avait été littéralement arctique. Moins de vingt heures plus tard, le vent du sud ouest venu de l’Atlantique avait reconquis ses routes familières, amenant dans son sillage des températures plus chaudes et une forte pluie. En l’espace de quelques heures, seuls les sommets des montagnes environnantes de Slieve Mish gardaient encore des traces de neige, disparaissant rapidement.

    Cela aurait pu être une métaphore pour illustrer la vitesse ahurissante à laquelle se sont produits les changements économiques et politiques survenus dans cet Etat en quelques semaines. Il est vrai que les gros titres faisant état de la perte ‘‘soudaine’’ de notre souveraineté étaient exagérés au regard du fait que l’establishment politique a déjà, et depuis longtemps, remis une grande part de la destinée de notre peuple aux mains d’une infime cabale de pirates de la propriété et de financiers sans visage, uniquement guidés par l’avarice privée et sans aucun égard pour le ravage social qu’ils causent. Il est toutefois clair à l’esprit de chacun que nous quittons cette année 2010 en tant qu’Etat vassal du capital européen et international, avec la Commission Européenne et le Fonds Monétaire International comme autorités – aux prises avec ces mêmes forces qui ont dévasté la vie économique.

    Et donc une nouvelle année commence et, avec elle, vont arriver de grands changements, plus particulièrement dans la vie politique. Cela se verra tout d’abord dans le résultat des élections générales de mars. Un mot au sujet de cette date, toutefois, car personne ne doit être dupe de la posture adoptée par les Verts en novembre, quand ils ont précipité la tenue d’un scrutin. Le dirigeant du parti John Gormley a été forcé d’effectuer cette demande par les pressions désespérées de membres du parti Vert qui entretiennent toujours l’illusion que leur part défend quelque chose. Mais la vérité est que les ministres “écologistes” auraient préféré joyeusement poursuivre leur besogne avec le Fianna Fail jusque l’échéance prévue en mai 2013 s’ils l’avaient pu.

    En fin d’année, même les membres les plus calmes de la communauté s’imprègnent avec zèle de l’atmosphère de festivités. Les boissons se mêlent à la musique pour mettre temporairement de côté les problèmes de l’année, juste pour quelques heures de joie.

    Cette année, cependant, rien n’a pu masquer les plaies dont le pays est affligé. De nombreux jeunes gens, après avoir célébré Noël avec leurs proches, se préparent à partir au loin dans l’espoir de d’y trouver de quoi se construire la vie qui leur est refusée en Irlande.

    Ils espèrent, tout comme leurs parents, que cela ne sera que provisoire, en attendant que passe le pire de la tempête. Mais cela dépend d’un changement révolutionnaire de politique, à l’opposé des diktats de l’Union Européenne et du Fonds Monétaire International qui veulent sauver les establishments politiques et économiques sur le dos du contribuable, du pensionné et du pauvre, qui doivent payer des milliards au bénéfice des spéculateurs et de la finance internationale.

    Nous faisons face à des élections parlementaires où le choix réel est limité. Les deux principaux partis d’opposition, le Fine Gael et le Labour, sont favorable à la poursuite d’une politique identique à celle du Fianna Fail et des Verts, avec tout au plus quelques changements cosmétiques. On fera beaucoup pour montrer des différences politiques entre ces partis, mais la réalité est que qu’ils prévoient pour un milliard et demi d’euros de taxes et de coupes dans les budgets publics.

    Le Sinn Fein va se présenter aux élections en adoptant une posture de forte opposition à la politique de l’establishment. Il faut cependant se demander si l’on doit prendre ces déclarations comme argent comptant au regard de la politique menée par ce parti dans le Nord, dictée par le gouvernement libéral-conservateur de Westminster. Dans cette république, ils étaient encore prêts, il y a à peine deux ans et demi, à considérer de former une coalition gouvernementale avec le Fianna Fail.

    A l’approche des élections générales, c’est l’United Left Alliance (Alliance de la gauche unie), composée de plusieurs groupes de gauche, qui posera les questions les plus judicieuses et défendra une alternative de principe et de gauche contre le consensus capitaliste. Il est crucial que cette alliance parvienne à obtenir une représentation significative au Parlement pour être une opposition vibrante tant à une coalition Fine Gael/ Labour qu’à chaque reste de l’équipe dirigeante actuelle. Une bonne année, de la Gauche Alternative !

  • Irlande: La complicité du Labour Party et du Fine Gael

    Le Fianna Fáil et le Green Party, les partis au poiuvoir, ne sont pas seuls à prendre position pour l’austérité. Les deux plus grands partis de l’opposition n’ont eux non plus rien d’autre à offrir.

    Joe Higgins, Eurodéputé du Socialist Party (CIO – Irlande)

    Une intense attention est actuellement accordée au budget d’austérité sauvage qu’on a balancé à la figure du peuple irlandais, sur ordre de la Commission de l’Union Européenne, du Fonds Monétaire International et de la Banque Centrale Européenne – toutes ces institutions jouant le rôle d’huissiers au service des plus grands spéculateurs financiers et bancaires européens.

    La population de cet État se retrouve maintenant prise dans une situation pour le moins bizarre, et qui ne devrait tout bonnement pas être tolérée. Le gouvernement est composé de partis politiques qui ne sont soutenus que par un électeur sur cinq, et il est maintenant en train d’imposer des mesures économiques et fiscales désastreuses, censées être prolongées non pas sur un an, ce qui serait déjà assez mauvais en soi, mais sur quatre ans.

    La question qui se pose alors est la suivante: comment est-il possible qu’un tel gouvernement puisse se permettre de ne fût-ce qu’envisager pareille idée ? La réponse à cette question se trouve confortablement assise sur les fauteuils de l’opposition au Dáil Éireann (le Parlement), car c’est la complicité du Fine Gael et du Labour Party qui permet cet état de fait.

    Envisageons l’hypothèse où ces partis se seraient déclarés absolument opposés aux mesures draconiennes qui sont proposées en ce moment, et auraient refusé tout net de les mettre en œuvre s’ils venaient à prendre le pouvoir. C’en serait fini de ce gouvernement, et des élections générales seraient immédiatement convoquées. Cependant, en acceptant le programme de coupes budgétaires et de nouvelles taxes du gouvernement pour les quatre prochaines années, le Fine Gael et le Labour approuvent de manière implicite le concept fondamental de ce plan, et donnent la possibilité politique à ce gouvernement entièrement discrédité de continuer à aller de l’avant.

    C’est maintenant un véritable dilemme qui se pose à la population, et qui se posera encore plus à elle lorsqu’elle ira voter lors des élections générales. Les deux grands partis d’opposition offrent exactement le même menu que le Fianna Fail et le Green Party : l’austérité.

    Le Fine Gael a très clairement annoncé son plan de coupes et de hausses de taxes pour un montant de 6 milliards d’euros pour l’an prochain, c’est à dire exactement le même que celui du gouvernement. Le Labour Party, quant à lui, tente désespérément de cacher le fait que lui aussi est prêt à tailler à la hache dans les revenus et les services publics.

    Le document du Labour appelé “Propositions pour le budget 2011”, n’est qu’une tentative de masquer le véritable rôle qu’il jouerait au cas où il entrerait au gouvernement avec le Fine Gael, quelle que soit la répartition et le nombre de postes. Le mots “coupes” n’y est à aucun moment utilisé. On préfère y parler d’“ajustement budgétaire”, pour un montant de 4,5 milliards d’euros en 2011, qui combine en réalité des coupes et des hausses de taxes. C’est 1,5 milliards en moins que le plan du Fine Gael, mais le Labour est d’accord sur le fait que ces 1,5 milliards vont devoir être trouvés, mais à un peu plus long terme.

    En d’autres termes, le Labour Party, tout comme le Fianna Fáil, le Fine Gael et le Green Party, accepte les dictats des marchés financiers, selon lesquels c’est aux travailleurs, aux chômeurs, aux pensionnés et aux pauvres de payer pour la crise économique et fiscale monumentale qui a été causée par la rapacité sans fin des spéculateurs fonciers et des banquiers qui les ont financés. Le dirigeant du Labour, Eamon Gilmore, a en réalité accepté la responsabilité des idées fondamentales du gouvernement Fianna Fáil/Green Party lorsqu’il a déclaré que le Labour, une fois au gouvernement, n’annulerait pas les coupes budgétaires qui ont été votées au budget.

    Le prochain gouvernement sera très certainement composé du Fine Gael et du Labour Party. Dans quelques journaux, on a mentionné une éventuelle coalition de la “gauche” qui serait composée du Labour, du Sinn Fein (le parti nationaliste officiellement “de gauche”) et de la United Left Alliance (Alliance de gauche unie – la toute nouvelle coalition de la gauche radicale irlandaise, dans laquelle sont impliqués nos camarades du Socialist Party). Mais ceci n’est que pure spéculation, car il y a un désaccord fondamental entre la vraie gauche et les autres partis de la pseudo-“gauche”, un désaccord qui porte sur la solution à apporter face au désastre économique actuel.

    La Gauche insiste sur le rejet immédiat de la charte des vassalité qui a été imposée par le FMI et la Commission européenne et qui, si elle est mise en application, fera du peuple irlandais un peuple d’esclaves, transfusant à jamais son sang économique dans les coffre-forts des marchés financiers mondiaux, laissant derrière elle un véritable sillon d’effondrement social qui parcourra l’ensemble du paysage irlandais. La Gauche insiste donc sur le fait que PAS UN CENT ne sera payé aux spéculateurs financiers qui ont joué et qui ont perdu dans ce casino détraqué qu’était le marché immobilier irlandais.

    La position de la Gauche est que toutes les plus importantes institutions financières doivent être placées sous le contrôle public, mais restructurées afin d’être soumises au contrôle populaire, et gérées d’une manière entièrement différente. Ceci rendrait possible non seulement le fait de pouvoir fournir des prêts à de bonnes conditions pour tous les indépendants et les petites entreprises, mais également l’investissement dans des projets d’infrastructure majeurs et dans les services publics, et par là même, créer les dizaines de milliers d’emplois nécessaires.

    Le lancement de la United Left Alliance a généré énormément d’intérêt. Ceci est justifié, car elle va figurer en première ligne des changements d’une ampleur sismique qui vont se faire jour dans la politique irlandaise au cours des mois qui viennent, et elle va amener à l’avant-plan la réalisation qu’il existe bel et bien une alternative socialiste et démocratique au système brisé qui prévaut en ce moment.


    Interview de Joe Higgins : ”Le peuple irlandais n’a aucun compte à rendre aux banques et aux milliardaires”

    ‘L’Irlande est confrontée aux plus importantes coupes budgétaires et hausses de taxes de toute son histoire – c’est là le tribut qu’elle doit payer pour avoir reçu un renflouement international. Mais l’eurodéputé socialiste Joe Higgins croit que le système financier irlandais est déjà complètement démoli et ne pourra pas être réparé.

    ”La réalité pour l’économie irlandaise et pour le capitalisme irlandais est que, qu’elle se trouve dans l’euro ou en-dehors de l’euro, elle est confrontée à un désastre parce qu’elle est tellement faible qu’elle est incapable de développer la société. Mais je prédis par contre que le niveau de la dette à présent est tout simplement impossible à rembourser, il ne fait absolument aucun doute que l’on va devoir déclarer le non-payement d’ici les prochaines années, alors nous disons : pourquoi attendre ce moment-là, et soumettre notre peuple à une immense peine et à une énorme souffrance, pour rien !

    ”Nous devrions refuser de payer les débiteurs maintenant immédiatement, c’est là le point central ; et il faut développer un plan afin de relancer notre économie. Ce pour quoi nous allons faire un sacrifice en réalité, c’est pour les banques internationales et pour des spéculateurs milliardaires, qui parcourent les marchés financiers à la recherche d’un bénéfice rapide. Nous ne leur devons absolument rien en ce qui concerne le peuple irlandais. Ces spéculations autour de la dette ont été effectuées par des banques privées, lors de contrats privés. Nous disons : on ne peut pas réparer ce système, il est complètement démoli ; il cause des souffrances sans fin à des dizaines de millions de gens partout en Europe ; les spéculateurs sont déjà en train de se tourner vers leur prochaine cible qui sera soit le Portugal, soit l’Espagne, maintenant qu’ils ont eu ce qu’ils voulaient en Irlande.”

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