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  • L'austérité, ça ne marche pas ! Organisons la résistance !

    Même les prévisions économiques les plus optimistes prévoient que le chômage continuera d’augmenter, jusqu’à toucher 12,7% de la population active en 2014. Le Bureau fédéral du Plan prévoit une croissance économique nulle pour cette année et une croissance de 1,1% pour l’année prochaine. Mais ces dernières années, toutes les prévisions économiques des institutions capitalistes se sont rejointes sur un point : être systématiquement en deça de la réalité. Qui peut encore croire les projections de ces économistes qui n’ont pas vu venir la crise?

    Par Geert Cool

    A n’en pas douter, les mauvaises conditions économiques donneront à nouveau lieu à une offensive où les commissaires européens, les politiciens néolibéraux et les porte-paroles des patrons et des banquiers réclameront à corps et à cris de nouvelles mesures d’austérité. Pour eux, si un médicament ne guérit pas un patient, il suffit simplement d’augmenter la dose. Et tant pis pour l’overdose, pour ces junkies de la casse sociale, il en faut toujours plus, toujours plus.

    Le comble, c’est qu’on a pu entendre ce genre d’exigences de la part de grandes banques, qui ont osé réclamer plus d’assainissements pour diminuer la dette publique. Et les plans de sauvetage des banques ? Ça n’a rien à voir avec l’explosion de la dette publique ? Mais là, voyez-vous, c’était nécessaire pour soutenir l’économie… Que quelqu’un ose proposer aujourd’hui que les grandes banques et les grandes entreprises contribuent à l’effort de la collectivité (à la place de planquer leurs réserves dans des paradis fiscaux) et on dénonce l’atteinte à la compétitivité des entreprises et le frein sur l’économie.

    Pour les patrons et leurs pantins politiques, les travailleurs et leurs familles doivent payer le prix de la crise. Ce sont des requins qui ont senti le sang, qui y ont goûté, et qui en veulent encore plus. La tragédie grecque s’est déjà répandue à toute l’Europe du Sud, mais cette perspective ne les arrêtera pas. Chez nous aussi, le gouvernement se prépare à une nouvelle série de mesures antisociales. Entre 0,5 et un milliard d’euros doit être trouvé pour boucler le budget de cette année, et on parle déjà de 3,5 milliards d’euros pour le budget 2014, alors que les besoins sociaux qui réclament urgemment plus de moyens sont déjà légion.

    Le gouvernement se cache derrière ‘‘l’Europe’’, cette même Europe que des politiciens belges comme Karel De Gucht (commissaire européen) ou Herman Van Rompuy (président du conseil européen) n’ont aucun mal à rejoindre pour poursuivre leur carrière politique. Les politiques européennes d’austérité sont élaborées par le même type de politicien qui les applique au niveau national. C’est une belle hypocrisie de se laver les mains en accusant un autre niveau de pouvoir, comme vont bientôt le faire les autorités communales face au fédéral.

    Selon le comité de monitoring, les villes et communes devront partir à la recherche d’un milliard d’euros d’économies ce qui, selon les syndicats, menace directement 25.000 emplois et indirectement 15.000 autres uniquement pour la Flandre. Les régions doivent quant à elles débourser 267 millions d’euros. L’avalanche d’austérité frappe tous les niveaux de pouvoir.

    Ce contexte engendre un grand mécontentement. Le 6 juin, il y avait, selon les syndicats, 35.000 manifestants dans les rues de Bruxelles contre le gel des salaires et pour un statut unique décent tant pour les ouvriers que pour les employés. Sur le plan local, les premiers germes d’une résistance commencent à apparaître. Toute cette colère doit être réunie et coordonnée pour construire un bon rapport de force, tout en menant la discussion sur le type de politique alternative dont nous avons besoin. C’est le défi auquel fait face le mouvement syndical. Chaque faiblesse de notre camp attise la volonté d’agression de la part de celui d’en face.

    La nécessité de disposer d’un vrai plan d’action – conséquent, discuté avec l’implication active de la base et comprenant une ou plusieurs grèves générales – se fait sans cesse plus pressante. Parallèlement, nous devons opposer à la pensée unique néolibérale des politiciens de l’establishment une autre logique basée sur la construction d’une société favorable non plus au 1% le plus riche, mais aux 99% restants. Cette société où la majorité de la population pourrait démocratiquement décider de l’orientation de la production, c’est ce que nous appelons une société socialiste démocratique. C’est la seule alternative crédible face à la crise capitaliste.

  • A Chypre, la Troïka veut étrangler la population pour éponger les pertes du capitalisme-casino

    En cette période de l’année, à Chypre, il fait chaud, avec une brise rafraichissante soufflant sur l’île. Ce plaisant décor n’est pas d’application au niveau économique, car là, c’est la crise. En mars dernier, le gouvernement chypriote dirigé par le président Nicos Anastasiades a accepté un plan de sauvetage de 10 milliards d’euros de la part de la Troika (le Fonds Monétaire International, la Banque Centrale Européenne et l’Union Européenne). En échange, Chypre est obligé de trouver 5,8 milliards d’euros.

    Par Niall Mulholland, de retour de Chypre

    L’accord prévoit que les dépôts bancaires de plus de 100.000 euros pourraient être soumis à des prélèvements importants, ce qui touche beaucoup de petites entreprises. La deuxième plus grande banque du pays, Laiki Bank, a été fermée et ses dettes (d’une valeur de 9 milliards d’euros) reprises par la Banque de Chypre. Après une fermeture de deux semaines, les banques ont réouvert le 28 mars, mais avec des contrôles stricts sur la somme quotidienne que peuvent retirer les gens.

    Comme si cela ne suffisait pas, il fut annoncé aux Chypriotes grecs déjà stupéfaits que le plan de sauvetage était passé de 17 milliards à 23 milliards d’euros. Chypre doit maintenant trouver 6 milliards d’euros de plus que les 7 milliards prévus lors de l’accord préliminaire conclu le 25 mars!

    Le gouvernement de droite du président Anastasiades avait déjà décidé d’imposer des mesures drastiques d’austérité, la fermeture de banques, des impôts fonciers, la privatisation des trois plus grosses entreprises semi-étatiques les plus rentables (l’électricité, les télécommunications et les ports) et des pertes d’emplois dans beaucoup de secteurs. Il envisage même de vendre une partie de l’approvisionnement en or de la Banque centrale, d’une valeur de 400 millions d’euros.

    Le scandale politique pèse sur le gouvernement. Anastasiades a été obligé de nier avec vigueur le fait de savoir qu’un projet de loi était en préparation en vue de la très impopulaire mesure sur les dépôts bancaires avant la réunion du Groupe Européen en mars. La colère populaire est attisée par le fait que des fuites en interne ont permis aux riches de retirer des millions de leurs dépôts bancaires avant le 15 mars.

    Officiellement, l’économie chypriote devrait chuter de 8,7% cette année et de 3,9% en 2014. Mais beaucoup d’économistes pensent que cette chute tournera plutôt autour de 10% en 2013, et prévoient une chute libre d’entre 15 et 25% pour la fin de l’année prochaine.

    Le gouvernement tente de contrer l’opposition populaire à l’austérité en déclarant que les mesures ne seront pas aussi rudes que prévues parce que certaines privatisations seront repoussées à 2018, qu’il y aura moins de coupes budgétaires dans l’éducation et que le remboursement des prêts de renflouement ne commenceront qu’après 10 ans et s’étendront sur 12 ans (au total, Chypre sera sous le contrôle effectif de la Troïka pour les 22 prochaines années).

    Pour la classe ouvrière et la classe moyenne, cela équivaut à des années d’austérité, de pertes d’emploi et d’émigration. Le chômage est déjà chiffré à 14%. Des “marchés sociaux” (version moderne des soupes populaires) fleurissent un peu partout. Les travailleurs s’attendent aussi à ce que, comme en Grèce, la Troïka s’installe tous les mois à Nicosie, la capitale, en demandant de nouvelles coupes en échange de nouvelles conditions de renflouement. Les journaux sont remplis de désespoir. Il est communément ressenti que la crise est la pire depuis l’invasion armée turque de 1974.

    Les syndicats et la gauche doivent s’assurer de mener des luttes de masse contre l’austérité, sinon le danger est que les forces nationalistes et même l’extrême droite ne puissent saisir cette opportunité. Ce combat ne doit pas faire l’économie d’un approfondissement des relations avec les travailleurs du nord de l’île (la partie turque) qui ont souffert de leurs propres coupes d’austérité depuis des années. De manière plus large, il est crucial d’unir les travailleurs des autres pays de l’Europe du sud dans une lutte commune, car tous sont frappés par la politique d’austérité de la Troïka.

    Jusqu’ici, à part l’organisation de manifestations durant la crise de mars, les syndicats n’ont pas donné de réelle direction. Les syndicats de droite sont en discussion avec le gouvernement à propos de la gestion de la crise. Les syndicats de gauche, lié à l’AKEL (Le Parti Communiste Grec Chypriote) s’opposent aux coupes budgétaires dans leurs discours, mais ils ne mobilisent concrètement pour aucune action.

    Les membres de la Nouvelle Gauche Internationale (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Chypre et organisation soeur du PSL) participent à une large campagne contre l’austérité principalement initiée par les forces affiliées à l’AKEL, le “Mouvement contre la privatisation et l’austérité”, mais critiquent le manque de combativité du programme.

    La crise économique est profonde et ne fera qu’empirer. Une alternative radicale doit, par conséquent, être posée. Si les syndicats et la gauche échouent à résister de manière effective, d’autres campagnes, populistes, nationalistes, “anti-austérité” pourront progresser.

    Contrairement à la Grèce qui a, dans les faits, souffert de 28 années d’austérité, beaucoup de chypriotes n’étaient pas préparés à l’atterrissage brutal après des années de croissance économique. Mais la lutte de classe qui se profile radicalisera de plus en plus les Chypriotes dans les mois et les années à venir.

    Dans l’anticipation des luttes à venir, la Nouvelle Gauche Internationale défend une alternative socialiste contre la société capitaliste, au travers de revendications telles que le refus de payer la dette, la nationalisation des banques sous contrôle public et gestion démocratique, le refus des privatisations, la rupture avec les patrons européens et la propriété publique des principales industries et services, afin de permettre à l’économie d’être démocratiquement planifiée. De cette manière, il serait possible de répondre aux besoins de la majorité et non pas seulement aux profits des banquiers et de la minorité de spéculateurs.

    Une nouvelle gauche puissante doit être construite à Chypre, avec pour but de constituer un gouvernement basé sur les besoins des travailleurs. La situation à laquelle fait face la société chypriote est désespérante. Seul un audacieux programme socialiste et internationaliste peut résoudre la crise dans l’intérêt de la majorité.

  • Tunisie: le calme avant la tempête? De nouvelles confrontations à l'horizon

    Quatre lycéens morts dans un accident de la circulation sur la route de l’école, fauchés à la fleur de l’âge, entassés qu’ils étaient à l’arrière d’un vieux pick-up arpentant une route non goudronnée dans un état lamentable: un fait divers, tragique, passant presqu’inaperçu, illustrant pourtant la réalité amère que continue à vivre tant de Tunisiens après la révolution. 

    Par un reporter du CIO à Tunis

    Les investissements dans l’entretien des routes, les transports publics et autres infrastructures de base sont négligés depuis de nombreuses années, en particulier dans les régions marginalisées de l’intérieur du pays. Sans compter la pratique courante de hauts fonctionnaires corrompus empochant au passage une partie des maigres fonds publics alloués au développement des régions. 

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    Pour en savoir plus

    • Achever le processus révolutionnaire : après la chute de Ben Ali, la chute du capitalisme !
    • Tunisie : Non au gouvernement Larayedh! Grève générale, jusqu’à la chute du régime! Le pouvoir aux travailleurs, aux masses pauvres et à la jeunesse ! Tract distribué lors du Forum Social Mondial
    • Tunisie: Non à Larayedh, ministre de la chevrotine! A bas Ennahdha! Pour la chute du système!
    • Tunisie : La grève générale fait trembler le pays et précipite la crise politique au sommet de l’Etat – Le fouet de la contre-révolution provoque une nouvelle étape dans la lutte de masse
    • Tunisie : L’assassinat du dirigeant de gauche Chokri Belaïd provoque des protestations de masse dans tout le pays

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    Les hautes sphères de la société tunisienne continuent d’être gangrénées par le népotisme, les privilèges, les passe-droits et la corruption. La vie de la majorité des Tunisiens, quant à elle, s’empire de jour en jour. L’explosion des prix (le taux d’inflation réel actuel est estimé à 10% par certains économistes) continue de rogner le pouvoir d’achat des travailleurs et des pauvres, tandis qu’elle permet d’engraisser la poignée d’hommes d’affaires qui contrôlent l’essentiel des circuits de distribution. 

    Déliquescence sociale

    Comme corolaire à la crise que connaît le pays, les symptômes de désintégration sociale et les actes de désespoir individuel se multiplient. En atteste par exemple la banalisation, dans le paysage tunisien, des immolations par le feu, dont la Tunisie est en passe de battre le record mondial absolu, "rivalisant" seulement avec le Tibet sur ce macabre sujet. 

    Se nourrissant du désespoir et de l’aliénation sociale, des prédicateurs obscurantistes multiplient les appels et les recrues pour mener le "jihad" en Syrie, ciblant dans les quartiers populaires les proies faciles que représentent ces milliers de jeunes désœuvrés et sans perspectives, enrichissant au passage quelques "marchands de la mort" organisateurs et profiteurs de ce trafic morbide.

    Les potions du FMI s’invitent une nouvelle fois en Tunisie 

    Bien loin de prendre des mesures pour rendre la vie des masses plus supportables, le gouvernement remanié de la "Troïka" concocte de nouveaux plans antisociaux, sous les recommandations du Fonds Monétaire International, de la Banque Mondiale et l’œil bienveillant des grandes puissances impérialistes. 

    Un accord de principe vient d’être conclu entre le gouvernement et le FMI, suite à des négociations (tenues secrètes pendant plusieurs semaines…bienvenue en Tunisie "démocratique"). Cet accord a pour but d’octroyer un prêt "de précaution" de 1.7 milliards de dollars à la Tunisie. Un prêt destiné à assurer la viabilité du paiement des dépenses courantes, parmi lesquelles le remboursement de la dette déjà existante, héritée de la dictature de Ben Ali, constitue le premier pilier : un montant qui, soit dit en passant, représente trois fois le budget de la santé et cinq fois celui de l’emploi. Et cela alors que les hôpitaux sont étranglés par le manque de moyens et de personnel et que le chômage continue sa course folle vers des sommets inégalés.

    L’idée qu’un tel prêt va aider à "soutenir la croissance tunisienne", tel que clamé officiellement, est une vaste supercherie. Le long héritage des politiques du FMI dans la région et les exemples plus récents des pays d’Europe du Sud sont là pour nous montrer où nous mène cette logique de l’endettement et des conditions "douloureuses" qui s’y rattachent: vers une dépendance encore accrue à l’égard du capital international, un étouffement de la croissance, et surtout, un désert social pour la masse de la population.

    Les conditions attachées à ce prêt vont être en effet, comme partout, des armes de destruction massive contre les travailleurs et les masses pauvres. Au menu: augmentation du prix des produits de base via une réforme du système de subventions publiques, nouvelle baisse de charges pour les entreprises, privatisations en cascade, modération salariale, gel des embauches, …. C’est sans doute ce que la présidente du FMI, Christine Lagarde, décrit cyniquement comme étant « de bonnes nouvelles » pour la Tunisie. 

    L’augmentation des prix des carburants décidée en février n’a été qu’un hors-d’œuvre de ce vaste plan d’attaques en préparation. Entre autres, le ministère des Finances s’est penché avec le FMI sur l’élaboration d’une étude approfondie sur l’ensemble du système des subventions publiques en Tunisie, visant à des "réformes structurelles" dans ce domaine. S’attaquant aux maigres filets qui permettent à des milliers de Tunisiens de tenir encore la tête hors de l’eau, de telles réformes sont une véritable bombe à retardement sociale.

    De nouvelles explosions sociales se préparent

    Surtout que pendant ce temps, les ministres et députés mènent allègrement leurs trains de vie faste, à mille lieux des préoccupations du plus grand nombre. Comble de l’ironie, certains ont même voulu faire passer une augmentation de leurs salaires et indemnités -avec effet rétroactif- pendant qu’on s’apprête une nouvelle fois à demander aux travailleurs et aux pauvres de se serrer la ceinture. Alors que les nombreux chômeurs et chômeuses qui s’accumulent dans le pays ne bénéficient d’aucune indemnité de subsistance, la vice-présidente de l’Assemblée Nationale Constituante, Maherzia Laabidi, du parti Ennahda, s’octroie un salaire de pas moins de 39.000 dinars (près de 20.000 euros)! 

    Tout cela ne fait que jeter de l’huile sur les braises encore chaudes de la colère populaire. Il s’en faut de peu de choses pour que ces dernières s’enflamment à nouveau. D’ailleurs, elles n’ont jamais été complètement éteintes. En témoigne les chiffres procurés par le Ministère des Affaires Sociales, qui parle de 126 grèves ayant pris place durant le premier trimestre de l’année 2013, un chiffre en hausse de 14% par rapport à la même période l’an dernier. 

    La fin du mois d’avril a vu une nouvelle poussée de grèves en cascade: grève nationale des magistrats les 17 et 18 avril, grève générale à Sidi Thabet (gouvernorat de l’Ariana, Nord-Ouest de Tunis) le 20 avril, grève des agents de douane le 22, grève de l’enseignement de base le 24, grève générale régionale à Zaghouan (Nord Est) le 26, grève des boulangers les 29 et 30. Et le mois de mai démarre déjà sur les chapeaux de roue, avec une grève des transporteurs de carburant les 2, 3 et 4 mai.

    Si ces grèves sont pour la plupart déclenchées sur des questions liées au statut, aux heures de travail ou aux salaires (y compris pour exiger l’application de gains obtenues lors de grèves précédentes), le mépris profond du pouvoir en place est bien là en toile de fond, et la frontière entre grèves économiques et celles plus politiques de la contestation du pouvoir en place est souvent très vite franchie.

    Les instituteurs, dont la grève visant à protester contre leurs mauvaises conditions de travail a été suivie à plus de 90%, n’ont pas hésité par exemple à donner à leur combat une dimension franchement politique. A Tunis, devant le siège de la centrale syndicale Place Mohamed Ali, les instituteurs grévistes criaient «Oui, on y laissera nos vies, mais Ennahdha finira par être déraciné de notre terre» ; ils ont ensuite rejoint, à la fin de leur rassemblement, la manifestation hebdomadaire organisée par la coalition de gauche du Front Populaire, organisée tous les mercredis à l’avenue Bourguiba pour demander aux autorités: «Qui a tué Chokri Belaïd?».

    Discrédit profond du pouvoir en place

    Le pouvoir est profondément discrédité et impopulaire. Les défaites écrasantes subies par les Nahdaouis aussi bien lors des élections des représentants des étudiants dans les conseils de faculté des universités en mars dernier (l’UGET, le syndicat étudiant de gauche, a décroché 250 sièges contre 34 en faveur du syndicat islamiste de l’UGTE, proche du pouvoir) que lors des élections de l’Association des Jeunes Avocats, ne sont que deux exemples récents et symptomatiques d’un climat qui se développe plus largement dans toute la société.

    Face à la colère bouillonnante et à l’érosion du pouvoir en place, ce dernier n’a pratiquement que l’arme de la répression pour tenter d’imposer le silence et la mise au pas de ceux et celles qui luttent. Agressions en hausse contre les journalistes, menaces de mort à l’encontre des opposants politiques et des syndicalistes,…La troisième mouture de la constitution, rendue publique récemment, met directement en cause le droit de grève et vise clairement à la compression des libertés syndicales.

    A côté de cela, on assiste à une multiplication des procès politiques, ciblant en premier lieu les jeunes révolutionnaires. C’est toute une génération engagée, qui était aux premières loges du soulèvement contre le régime de Ben Ali, qui se trouve maintenant sur le banc des accusés. Deux jeunes tagueurs de Gabès (sur la côte Est) risquaient ainsi jusqu’à cinq ans de prison pour avoir peint sur des murs : "Le pauvre est un mort-vivant en Tunisie" et "le peuple veut des droits pour les pauvres". Ils n’ont finalement écopé que de 100 dinars d’amende, suite entre autres à la furie populaire que leur incrimination a suscitée. Les habitants de la région d’Ajim, sur l’île de Djerba, avaient quant à eux observé une grève générale le 22 avril dernier en signe de protestation contre les jugements prononcés dans l’affaire dite de "la jeunesse d’Ajim" : 10 jeunes originaires de la région avaient en effett été condamnés à 10 ans de prison ferme pour incendie de la maison d’un fonctionnaire de police lors des événements révolutionnaires qui ont suivi la chute de Ben Ali le 14 janvier 2011.

    Importation du terrorisme jihadiste en Tunisie ?

    Beaucoup de Tunisiens ont été choqués par la découverte de camps d’entrainement jihadistes dans la zone montagneuse de Chaambi, dans le gouvernorat de Kasserine (près de la frontière algérienne) et par les explosions de mines anti-personnel posés par ces terroristes, qui ont fait plusieurs blessés parmi des agents de l’armée et de la Garde Nationale, dont certains ont perdu des membres.

    Cela ne peut pourtant surprendre. Bien que le rôle d’Ennahda dans ces événements n’est pas clair à cette heure, le pouvoir actuel en porte une responsabilité évidente quoiqu’il en soit : la prolifération du salafisme jihadiste a pignon sur rue et a bénéficié d’un climat d’impunité, quand ce n’est pas de la complicité directe, par ceux-là mêmes qui dirigent le pays depuis plus d’un an et demi.

    Dans le tract que le CIO avait distribué au récent Forum Social Mondial à Tunis, nous avions mis en garde contre les risques d’éléments de déstabilisation et de violence devenant plus prégnant en Tunisie en cas de stagnation du processus révolutionnaire :

    « La misère grandissante dans les quartiers pauvres nourrit le terreau à partir duquel les salafistes et jihadistes embrigadent, surtout parmi des jeunes qui n’ont plus rien à perdre. Les couches de la population pauvre les plus désespérées, si elles ne voient pas d’issue du côté du mouvement syndical et de la gauche, pourraient devenir la proie de ces démagogues réactionnaires. La seule façon dont la classe ouvrière et la jeunesse révolutionnaire peuvent gagner à elles la masse des laissés-pour-compte est de créer un mouvement national puissant capable de lutter pour les revendications de tous les opprimés. Cela implique de lier la nécessaire lutte pour la défense et l’élargissement de tous les droits démocratiques avec le combat sur des problèmes tels que l’emploi, le logement, la vie chère,…Dans le cas contraire, l’érosion du pouvoir nahdaoui pourrait partiellement profiter aux salafistes et à leur surenchère, lesquels pourraient gagner de nouveaux secteurs de la population pauvre, des exclus et des marginalisés à leur cause et les mobiliser contre la révolution. Le pays pourrait glisser dans une spirale de violence dont les masses paieraient le premier prix. »

    Bien sûr, la classe ouvrière et la jeunesse révolutionnaire n’ont pas jusqu’à présent subi de défaites d‘importance majeure ; elles disposent encore de réserves de force insoupçonnables, et ont goûté à l’expérience d’avoir renversé une dictature il y a de cela pas si longtemps. La réponse magnifique des masses tunisiennes à l’assassinat de l’opposant de gauche Chokri Belaïd a donné un aperçu des difficultés auxquelles la classe dirigeante sera confrontée si elle veut passer à des méthodes plus brutales de répression. Pour les mêmes raisons, la descente du pays dans une situation de guerre civile ouverte, à l’instar de ce qui s’est passé en Algérie dans les années 1990, n’est pas immédiatement posée. Cela étant dit, il serait dangereusement illusoire de minimiser les conséquences potentielles qu’aurait une défaite de la révolution sur le long terme.

    La classe ouvrière et ses organisations

    A la base dans la société, la volonté de lutter est manifeste, s’exprimant quotidiennement de mille et une façons. Les conditions objectives qui ont initié la révolution, les problèmes sous-jacents -et s’aggravant- de la pauvreté et de la répression, préparent clairement le terrain pour de nouveaux soulèvements. Par ailleurs, l’existence d’une puissante centrale syndicale et d’organisations de gauche dont l’implantation n’est pas négligeable est un atout puissant pour la poursuite de la révolution. Encore faut-il que celles-ci soient utilisées à bon escient.

    La centrale syndicale, l’UGTT, et le Front Populaire sont les organisations les plus représentatives des couches de la population tunisienne qui ont fait la révolution, et qui partagent un commun intérêt à poursuivre celle-ci jusqu’au bout. Cependant, le potentiel que ces forces représentent est loin d’être mis à profit comme il pourrait l’être.

    La bureaucratie nationale du syndicat bloque de facto la perspective d’une confrontation décidée avec le pouvoir en place, et laisse les régions, les localités et les secteurs se battre chacun dans leurs coins. Les appels futiles au "dialogue national", encore réitérés par le secrétaire général Hassine Abassi lors du premier mai, se substituent à l’organisation, vitale et urgente, d’une lutte unifiée à l’échelle du pays visant à la chute de la Troïka au pouvoir et à la poursuite ferme et décidée des mobilisations révolutionnaires jusqu’à la victoire.

    Le Front Populaire représente un vecteur potentiellement vital de reconstruction d’une représentation politique pour la révolution, la classe ouvrière et les opprimés. Mais une certaine amertume légitime est cependant perceptible parmi beaucoup de ses sympathisants et de militants de base, face au manque d’initiatives d’ampleur prises par sa direction, et à l’absence de mots d’ordre clair à la suite du succès de la grève générale du 8 février. Entre l’optique résolument révolutionnaire encouragée par beaucoup des militants, et le choix de la « transition démocratique » et des formules réformistes et institutionnelles respectant les règles posés par l’Etat capitaliste en place, -orientation encouragée par une partie importante de la direction-, le Front navigue à vue. 

    Tel que le CIO l’a mis en garde à plus d’une reprise, si le Front Populaire ne se dote pas urgemment d’un plan d’action stratégique audacieux, axé sur des réponses socialistes claires, résolument orienté vers la lutte des masses laborieuses et ce jusqu’à la mise en place d’un gouvernement qui représentent directement ces dernières, l’élan qui a été construit autour du Front pourrait être perdu.

    Le danger d’une certaine édulcoration politique (à savoir d’une évolution vers la droite et vers la recherche de compromis avec des forces non ouvrières), pourrait pointer le bout de son nez remonter à la surface d’une manière plus explicite. En particulier, il est vital que le Front maintienne une indépendance totale à l’égard de toutes les forces pro-capitalistes qui prônent « l’union sacrée » contre les islamistes afin de mieux dévier l’attention de la guerre de classe à l’œuvre dans le pays. L’histoire de toute la région est parsemée de défaites révolutionnaires catastrophiques du fait que la gauche s’est fourvoyée dans des alliances dangereuses avec des forces nationales bourgeoises. Il s’agit d’en dégager toutes les leçons nécessaires.

    Le ralliement au Front Populaire du mouvement « El Chaâb », par exemple, n’est pas forcément de bonne augure. Les déclarations de son secrétaire général, annonçant récemment que le Front Populaire représente « l’espoir de voir réaliser un jour les objectifs de la révolution à savoir : la justice, la démocratie et la productivité » ( !) représentent une sérieuse entorse à ce pourquoi se battent l’immense majorité des militants, syndicalistes, jeunes, chômeurs, qui sont aujourd’hui membres ou sympathisants du Front.

    Plus que jamais, le Front Populaire a besoin de se doter d’un programme révolutionnaire clair et offensif. Un programme qui:

    1) Lutte pour les pleins droits démocratiques, pour le droit de manifester, de se rassembler et de faire grève, pour la fin immédiate de l’état d’urgence, pour l’arrêt de tout procès politique et de la brutalité policière.

    2) Engage clairement les mobilisations dans la perspective d’une lutte soutenue visant à dégager pour le bon le pouvoir en place. Cela pourrait commencer par un appel à une nouvelle grève générale, soutenue par de solides mobilisations à l’échelle de tout le pays. Non pas une grève générale d’un jour sans aucun lendemain comme ce fut le cas pour la grève du 8 février, mais une grève générale comme point de départ d’un combat déterminé, prolongé et sans répit, déployant toute la force du mouvement ouvrier organisé jusqu’à la chute du gouvernement actuel (ainsi que de son Assemblée Constituante pourrie et non représentative).

    3) En appelle à la mise en œuvre de mesures économiques radicales telles que :

    • l’occupation des sites qui menacent de fermeture, de licenciements ou de délocalisation, ainsi que leur expropriation et leur nationalisation sous le contrôle démocratique des salariés ;
    • le refus intégral et inconditionnel du paiement de la dette, et la préparation d’un vaste travail d’agitation et de mobilisation pour engager la contre-attaque face aux plans de misère concoctés par le FMI et le gouvernement ;
    • l’introduction de l’indexation automatique des revenus à l’évolution des prix, et l’ouverture immédiate des livres de compte de toutes les grandes compagnies de distribution ;
    • la nationalisation, sous contrôle de la collectivité, des banques et des grandes industries, et l’introduction d’un monopole d’Etat sur le commerce extérieur ;
    • la mise en place d’un vaste programme d’investissement public dans des projets d’infrastructure (routes, centres hospitaliers, éclairage public, zones vertes, complexes pour les jeunes,…) pour fournir de l’emploi aux centaines de milliers de chômeurs et en finir avec la marginalisation des régions ;
    • la division du travail disponible entre tous et toutes, au travers de l’introduction de la semaine de 38h/semaine sans perte de salaires, dans tous les secteurs d’activité.

    4) Encourage, partout où c’est possible, l’élection de structures d’organisation révolutionnaires, à l’échelle des quartiers, des villages, des lieux de travail et d’étude, sous la forme de comités d’action composées de délégués élus et combatifs, afin de coordonner la lutte des masses à chaque niveau. Des organes collectifs d’auto-défense doivent aussi urgemment être mis sur pied, pour contrer les violences des milices ainsi que la répression de la machine d’Etat. Cela doit être combiné à des appels de solidarité de classe en direction des couches inférieures des forces de l’Etat, en particulier vers les soldats conscrits.

    5) Popularise dès à présent la perspective d’un gouvernement révolutionnaire composé de véritables représentants des acteurs-clés de la révolution : des travailleurs, de la jeunesse révolutionnaire, des chômeurs, des paysans pauvres. L’appel à un « Congrès de Salut» initié par le Front populaire, compris de cette façon, prendrait alors tout son sens: un Congrès révolutionnaire, composé de délégués élus provenant directement des forces vives de la révolution aux quatre coins du pays, érigeant son propre pouvoir, capable de contester directement le régime existant et tous ses appendices.

    En fin de compte, la viabilité d’un tel pouvoir dépendra de la réalisation d’un programme qui puisse rassembler le soutien de la majorité de la population, en Tunisie comme internationalement. Seule une économie planifiée, socialiste et démocratique, peut permettre cet objectif. C’est un tel programme que les sympathisants du CIO en Tunisie, actifs au sein de la Ligue de Gauche Ouvrière (LGO), elle-même composante du Front Populaire, continueront à défendre dans les présentes et futures mobilisations.

  • A propos du parti – Nouvelles du PSL

    Cette rubrique de socialisme.be vous propose des nouvelles de notre parti, de ses activités et initiatives,… Cette rubrique comprend donc divers courts rapports d’actions, des brèves de campagne, des appels pour des conférences, des rapports de réunion, ou encore de petits textes de nouveaux membres qui expliquent pourquoi ils ont rejoint notre parti.


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    A noter dans votre agenda

    • Sa. 27 avril. Meeting de la gauche à Charleroi
    • 1er mai: participation aux activités de premier mai
    • 16 mai : Gand. Débat consacré aux Sanctions Administratives Communales entre le bourgmestre Termont et la campagne anti-SAC TegenGas.
    • 18 mai : Anvers. Commémorations : ‘‘4 ans après la fin sanglante de la guerre civile au Sri Lanka’’.
    • 4-7 juillet. Camp d’été des Etudiants de Gauche Actifs.
    • 21-26 juillet : Ecole d’été du Comité pour une Internationale Ouvrière

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    Pourquoi j’ai rejoint le PSL

    Je n’ai jamais été intéressée par la politique auparavant, jusqu’à ce que j’entame mes études d’assistante sociale cette année. Mais j’avais toujours été sensible aux injustices. Je suis dégoutée des médias, des salaires des grands patrons, de ce système qui renforce l’exclusion et qui nous divise. Je suis fatiguée des discours racistes, etc. Comme le dit Keny Arkana, je crois que je n’en peux plus d’ « être née dans un monde où la vie est moins importante que l’économie ».

    J’ai cherché à voir plus loin, à analyser davantage les choses et j’ai entendu parler d’EGA (Étudiants de Gauche Actifs). Il m’a fallu un certain temps avant d’oser me rendre à une réunion. J’étais effrayée à l’idée de ne pas être à la hauteur étant donné mon manque d’information en la matière. J’ai finalement osé participer à l’une de leurs réunions… puis à une seconde et… à une troisième. La vérité c’est que j’ai très vite adhéré au parti parce que j’y apprends toujours plus à chaque réunion, parce que j’y affine mon opinion politique, et parce que la satisfaction d’essayer de changer les choses et de faire bouger les mentalités vaut tous les sentiments du monde.

    Le PSL m’a permis de mieux comprendre la politique en général et le système capitaliste dans lequel nous vivons. Il me permet d’acquérir une formation politique de qualité et de faire des liens entre ce que j’apprends et ce que je vois et entends dans les médias ou dans ma vie quotidienne.

    A tous les lecteurs de ce journal qui ne sont pas encore investis dans la lutte ; à tous ceux qui étouffent à l’étroit dans un système qui nous manipule : révoltez-vous et unissons-nous dans la lutte !

    Marie, étudiante, Liège.

    Si vous êtes à la recherche d’un monde meilleur, venez au Comité pour une Internationale Ouvrière et à sa section belge, le PSL ! Les discussions et réunions politiques intéressantes m’ont attiré, mais les manifestations et les visites au piquet de grève de Ford m’ont mis en contact avec les véritables lieux où les problèmes sociaux et économiques sont discutés et contestés. Cette manière de faire la politique est en contraste frappant avec ces parlementaires du statu quo.

    Jochen, Limbourg


    Week-end socialisme

    Plus de 220 personnes étaient présentes au week-end ‘‘Socialisme 2013’’ à Bruxelles les 13 et 14 avril dernier. Parmi eux, nombre de militants de Belgique et d’ailleurs au bagage politique bien rempli au côté de novices. Tous voguent à travers les étals de brochures et d’ouvrages politiques avant de commencer les discussions.

    Par Robin (Liège)

    Pas le temps de souffler, le premier meeting ‘‘Les jeunes en lutte pour leur avenir’’ commence à mon arrivée. Au menu, l’austérité en Europe du Sud, les effets catastrophiques des SAC et le sexisme sont exposés en leur accolant une critique féroce et lucide. Mon intérêt va croissant. Le ton est donné. Il y aura encore un meeting le soir sur l’alternative politique large à construire à la gauche du PS et d’Ecolo, et un autre le dimanche pour clôturer l’événement, consacré à la crise européenne et à la lutte internationale pour le socialisme.

    Pour moi, le plus gros intérêt du week-end réside cependant dans les commissions (pas moins de 19 différentes sur le week-end !). C’est la structure idéale pour aller plus en profondeur sur une thématique particulière. Ces séances en petits groupes brassent un panel très large de sujets, passant de la pertinence d’une grille d’analyse marxiste aux luttes des cheminots en passant par la menace d’Aube Dorée en Grèce. La frustration m’envahit lorsque je découvre que plusieurs commissions ont lieu en même temps et que je ne peux donc pas assister à tout… Leur principe de ‘‘conférence/débat’’ permet de poser ses questions ou de faire part de son point de vue et de son expérience sur le sujet. Les échanges sont animés et les interventions nombreuses. Mais malgré la difficulté de leur tâche, les traducteurs accomplissent un travail remarquable !

    Je me rends vite compte que je me suis pris au jeu et je commence à cerner la véritable richesse d’un tel cycle de formation. Les discussions entre camarades de longue et courte date foisonnent pendant les pauses et je m’immisce dans plusieurs d’entre elles. On parle tantôt avec humour, tantôt avec sérieux de fascisme, de sexisme, d’occupations d’usines, de socialisme démocratique, de révolution permanente et j’en passe… Certains thèmes abordés me touchent au quotidien et d’autres, plus abstraits, me paraissent encore à éclaircir mais je n’hésite pas à poser mes questions. Je ne reprends enfin conscience du temps qui passe qu’une fois le meeting de clôture terminé.

    J’étais déjà convaincu par les valeurs, l’analyse et les méthodes de mon organisation ; avec l’expérience acquise ce week-end, je réalise encore plus l’ampleur de la tâche qui nous attend mais, paradoxalement, je la trouve moins insurmontable.


    Camp d’été des Etudiants de Gauche Actifs

    Réservez déjà vos journées du 4 au 7 juillet ! Le camp des Etudiants de Gauche Actifs fait son retour, l’occasion idéale de tirer le bilan de l’année académique écoulée pour mieux préparer la rentrée. Détente, discussions politiques, barbecue, soleil (on espère…), ambiance conviviale : que demander de plus ?

    Au menu, tout un tas de discussions tous ensemble ou en petits groupes sur l’approche des marxistes révolutionnaire par rapport à l’Etat et à la répression, sur la différence entre les réformes et la révolution, sur l’économie marxiste, sur le processus de révolution et de contre-révolution en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, sur la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud, sur la situation actuelle au Venezuela, sur la lutte contre l’extrême-droite, l’anti-sexisme et la défense des droits des femmes… En bref, il y aura de quoi discuter et de quoi se former ! Prenez contact dès maintenant pour vous inscrire à infoocialisme.be (le programme complet sera disponible sous peu sur www.socialisme.be.

  • Résistance internationale contre l'Europe des banques et des multinationales !

    Pour une riposte anticapitaliste et socialiste contre l’austérité !

    La population chypriote est la plus récente victime de la crise brutale du projet capitaliste européen. La crise de l’Union Européenne est loin d’être terminée, contrairement à ce que certains avaient prétendu. Toute la zone euro est en récession économique. Pas moins de 120 millions d’Européens sont menacés de pauvreté. Un million de personnes sont venues rejoindre les rangs des chômeurs au cours de l’an dernier uniquement, portant le chiffre officiel à plus de 26 millions de travailleurs sans-emploi. Mais il y en a encore des millions d’autres dans les faits. Tout indique qu’un nouveau dramatique épisode de la crise est en cours.

    Par Bart Vandersteene

    Ce n’est nullement un hasard si les pays d’Europe du Sud sont les plus fortes victimes de cette crise. Le projet néolibéral européen a accru la concurrence entre les divers États-membres. Afin d’attirer les investissements, les pays d’Europe du Sud ont réduit l’impôt sur les sociétés et créé des paradis fiscaux. Les banques chypriotes étaient de véritables casinos, notamment pour les milliardaires russes. Le secteur bancaire chypriote a récemment été estimé représenter une valeur annuelle égale à huit fois le produit intérieur brut du pays, soit huit fois la totalité des richesses produites en un an ! La faillite d’une de ces banques peut infecter l’ensemble du secteur financier de l’Union Européenne.

    La logique de la politique dominante est un refrain désormais bien connu : c’est aux travailleurs chypriotes de saigner alors qu’ils ne sont pas responsables de la crise, à eux de supporter les pertes du casino de la spéculation. Mais sous la pression formidable du mécontentement et de l’opposition populaires, la mesure qui prévoyait de s’en prendre aux livrets d’épargne a été balayée. Les solutions de rechange du gouvernement chypriote reviennent toutefois aux mêmes conséquences à grands coups de privatisations, de vente des réserves de gaz, des taxes supplémentaires,…

    La situation sociale est très tendue dans tout le sud du continent. L’establishment politique a vu son autorité compromise par l’application de la politique d’austérité. Le 2 mars, 1,5 million de Portugais ont manifesté. En Italie, les partis établis ont reçu une claque monumentale de la part du comédien Beppe Grillo, qui a reçu un quart des voix à partir de rien. Ce n’est qu’une question de temps avant que de nouveaux dominos économiques ou politiques ne tombent dans la région.

    Les travailleurs et leurs familles à Chypre, en Grèce, au Portugal, en Espagne, en Irlande, en Italie,… n’ont qu’une seule option pour protéger leur niveau de vie des attaques vicieuses des autorités européennes et nationales: la lutte pour la nationalisation du secteur financier sous contrôle et gestion publics démocratiques. Tous les fonds spéculatifs et les profits monumentaux du passé doivent revenir à la collectivité. Aujourd’hui, ce sont les dettes de jeu des requins de la finance qui reviennent à la population, mais ce ne sont pas nos dettes. Le non-paiement des dettes publiques et la mise sous statut public du secteur financier et des autres secteurs-clés de l’économie peuvent poser les bases d’un programme d’investissements publics pour répondre aux besoins sociaux actuellement en souffrance tout en créant une masse d’emplois socialement utiles.

    Chaque dégradation du niveau de vie au sud de l’Europe sera utilisée comme argument pour s’en prendre à notre épargne, à nos salaires et à nos acquis sociaux. De la même manière, chaque victoire de nos camarades du sud renforcera la lutte chez nous. Nous sommes solidaires des luttes de la classe des travailleurs, de la jeunesse, des chômeurs et des pensionnés qui, dans toute l’Europe, s’opposent à l’offensive antisociale qui assombrit notre avenir !

  • Pour en finir avec la crise, les guerres, l’austérité, le chômage, la destruction de l’environnement… dégageons le capitalisme, construisons un monde socialiste!

    Combien de temps encore devra-t-on croire au refrain tant répété comme quoi le pire de la crise économique serait « derrière nous »? Les faits parlent d’eux-mêmes : partout, la classe des super-riches et les politiciens qui la servent redoublent d’efforts pour nous faire avaler sans cesse de nouvelles attaques sur nos droits et nos conditions de vie. Et partout, la colère des “99%” gronde : de Sidi Bouzid à Athènes, de Port Saïd à Sofia, de Pretoria à Moscou, de Montréal à New Delhi, la résistance de la jeunesse, des travailleurs et des masses pauvres ne faiblit pas, face aux conséquences dévastatrices de la crise historique que traverse le système capitaliste mondial.

    Tract général du Comité pour une Internationale Ouvrière distribué au Forum Social Mondial de Tunis

    «L’accumulation de richesse à un pôle signifie en même temps à l’autre pôle une accumulation de misère» (Marx)

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    Socialisme 2013. Dimanche prochain, à l’occasion du week-end "Socialisme 2013", un rapport de la situation actuelle en Tunisie sera livré par Nicolas Croes, rédacteur de socialisme.be et de notre mensuel, de retour de Tunisie.

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    Le destin tragique du jeune qui s’est immolé par le feu en plein coeur de Tunis est le cri de désespoir de toute une jeunesse qui n’en peut plus, condamnée au chômage de masse et à la misère quotidienne. La crise actuelle expose comme jamais la totale incapacité du capitalisme -un système basé sur la recherche incessante de profits pour l’infime minorité qui contrôlent les moyens de production et les décisions d’investissements- à offrir un avenir à la majorité d’entre nous.

    Selon une étude récente de ‘Futures Company’, 86% de la population mondiale estime que le monde des affaires « maximise les profits aux dépens de la communauté et des consommateurs ». Pendant que des pays entiers sont mis en coupe réglée, que le chômage atteint des records mondiaux, et que plus d’un sixième de l’humanité souffre de la faim, la concentration des richesses est devenue telle que le revenu gagné par les 100 plus grands milliardaires au monde rien qu’au cours de l’an dernier représente quatre fois la somme nécessaire pour abolir la pauvreté sur toute la planète!

    Comme d’habitude, le prix de la crise, tout le monde le paie, sauf ceux qui en sont responsables. Pour l’élite capitaliste en effet, l’année 2012 fut un “grand cru”: malgré la crise, les multinationales et les grandes banques qui contrôlent l’économie mondiale (BMW, JPMorgan Chase, Goldman Sachs, Samsung, Adidas, Ryanair,…) ont réalisé des bénéfices record.

    Comme dans un gigantesque casino, une poignée d’acteurs financiers se font des juteux profits en spéculant sur le prix des biens de première nécessité, pendant que dans l’ensemble du Maghreb, du Moyen-Orient et ailleurs, la hausse vertigineuse de ces prix, aggravée par les mesures antisociales imposées par le FMI, poussent des pans entiers de la population dans une pauvreté encore plus grande.

    Aux Etats-Unis, alors que les grandes banques annoncent toutes des nouveaux profits spectaculaires, le pouvoir d’Obama prépare l’opinion à une nouvelle cure d’austérité massive.

    Sur l’ensemble du continent européen aussi, les travailleurs sont priés de payer la note du sauvetage des banques et des spéculateurs, subissant pour cela une offensive d’austérité sans précédent, faite de centaines de milliards d’euros de coupes dans les dépenses publiques, tandis que les taux de chômage en Europe du Sud atteignent des chiffres dignes de la Grande Dépression des années ’30. En parallèle, la trésorerie accumulée par les 265 grandes sociétés européennes ayant publié leurs résultats 2012 atteint…364 milliards d’euros ; une immense montagne de liquidités que les capitalistes refusent d’investir dans l’économie, et un exemple de plus du caractère absurde, parasitaire et complètement pourri du système en place.

    Ce système craque de toutes parts. Car pour maintenir la richesse opulente d’une poignée de patrons, de banquiers et d’actionnaires, il n’a d’autre choix que de renforcer la répression contre ceux qui résistent, d’encourager la division des opprimés pour affaiblir leurs luttes, d’imposer de nouvelles souffrances, de nouveaux drames sociaux, humains et écologiques aux quatre coins du monde.

    Début mars, à l’occasion du tragique anniversaire de la catastrophe de Fukushima, des dizaines de milliers de Japonais et de Taïwanais sont descendus dans les rues pour dénoncer la politique pro-nucléaire de leurs gouvernements : encore une fois, c’est la course au profit, à travers l’avidité de la multinationale énergétique TEPCO, qui avait conduit à une des plus grosse catastrophe environnementale et humanitaire de tous les temps. Dans le contexte de crise, la compétition accrue entre grandes puissances pour les zones d’influence et le contrôle des marchés est aussi à l’origine d’un accroissement des conflits armés, dont l’intervention impérialiste au Mali n’est que le dernier exemple en date. Derrière le discours d’une France « libératrice » au Mali se cachent en effet des ambitions stratégiques dans une région riche en ressources, mais aussi un juteux business de guerre pour l’industrie militaire française.

    La lutte de masse à l’ordre du jour

    En contrepartie, ces dernières années ont vu des millions de travailleurs et de jeunes à travers le globe s’engager sur le chemin de la lutte de masse, des grèves, des manifestations, des sit-in, des occupations…

    • Le 2 mars, environ 1,5 million de personnes ont manifesté dans les rues du Portugal, sous le slogan “Que la Troïka aille se faire voir” : la plus importante mobilisation de l’histoire du pays.
    • Les 20 et 21 février, l’Inde a connu la plus grande grève de son histoire, plus de 100 millions de travailleurs paralysant l’économie du pays pour protester contre la hausse des prix, la précarité et les privatisations.
    • L’Afrique du Sud a été submergée par une déferlante de grèves sans précédent dans le secteur minier, chez les ouvriers agricoles, et dans d’autres secteurs encore, pour protester contre les bas salaires, contre les conditions de travail épouvantables, et contre le régime corrompu, anti-démocratique et pro-capitaliste de l’ANC.
    • La récente révolte dans le village de Shangpu dans le Sud de la Chine, où des paysans protestant contre la saisie de leurs terres ont tenu tête pendant plus de deux semaine aux autorités, est symptomatique de la colère et de l’agitation sociale de plus en plus audible contre la dictature du Parti “Communiste” Chinois.

    Les trois derniers exemples illustrent aussi que les pays du “BRICS” (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) n’offrent clairement pas une alternative viable pour la population de ces pays. Au contraire, là aussi, les masses se lèvent pour demander leur part d’une croissance ayant essentiellement profité aux riches.

    Une époque de révolutions et de contre-révolutions

    Tous les symptômes de bouleversements révolutionnaires majeurs sont en gestation, et cela dans quasiment toutes les parties du monde. Le seul élément manquant est une alternative politique de masse qui puisse organiser la classe ouvrière, la jeunesse et les pauvres autour d’un programme cohérent de transformation sociale. Cela est illustré par ce qui se passe aujourd’hui en Tunisie et en Egypte.

    Le renversement de Ben Ali et de Mubarak avait démontré la puissance du mouvement des travailleurs lorsque celui-ci se met en action de manière unie et décidée. C’est en effet la menace de paralysie de l’économie, l’entrée en scène des travailleurs salariés dans de puissants mouvements de grève, mettant directement en péril les intérêts des capitalistes et des grands propriétaires, qui avait poussé ces dictateurs vers la porte de sortie. C’est d’ailleurs aussi en grande partie la faiblesse d’un tel mouvement s’appuyant sur la force collective et unifiée de la classe ouvrière qui est à l’origine de l’impasse croissante du conflit en Syrie.

    Cependant, les nouveaux régimes arrivés au pouvoir au Caire et à Tunis ont rapidement dévoilé leurs vrais visages: celui de la contre-révolution. Sous leur règne, la pauvreté et le chômage ont franchi de nouveaux records. La montée de l’intégrisme religieux, l’exploitation économique, le mépris des élites et la violente répression contre tous ceux et toutes celles qui aspirent à un réel changement continuent plus que jamais.

    Après les premières victoires initiales, la suite des événements a mis en évidence le fait que l’esprit de sacrifice et toute la détermination du monde ne sont pas, en soi, des ingrédients suffisants pour aboutir à une victoire décisive pour la révolution. Si dans les deux pays, le potentiel pour une nouvelle vague révolutionnaire est bien présent, encore faut-il que celle-ci soit armée d’un programme et d’une stratégie clairs, visant à en finir pour de bon avec la vieille société, et à concrétiser les aspirations de la population à une vie meilleure.

    La Grèce, devenue un symbole de la résistance héroïque des travailleurs et des jeunes face à la thérapie de choc des politiques capitalistes, a connu dans les trois dernières années pas moins de 21 grèves générales de 24h, ainsi que trois de 48h. Pourtant, l’austérité continue plus que jamais : la répétition de grèves générales fort étalées dans le temps, sans objectifs bien précis, ne s’inscrivant pas dans un plan d’action à long terme visant à renforcer les mobilisations jusqu’à renverser le système en place, contribue à semer l’épuisement et le découragement plus qu’autre chose. La stratégie timorée des directions syndicales bureaucratiques a clairement montré ses limites: à l’heure d’un offensif tout azimut de la part des capitalistes, de telles demi-mesures ont autant d’efficacité que de jeter des verres d’eau sur un bâtiment en flammes. C’est pourquoi la reconstruction de syndicats de combat, organisés démocratiquement et dont les dirigeants sont responsables devant leurs membres, est une partie essentielle du processus nécessaire pour mener une lutte efficace contre l’offensive capitaliste.

    Quelle alternative ?

    La classe des travailleurs, alliée aux masses pauvres, aux petits paysans, et au dynamisme vital de la jeunesse, a clairement le pouvoir de transformer la société. Seule les travailleurs possèdent la puissance économique (au travers des mobilisations de masse, des grèves, des occupations d’entreprise) pour bloquer tous les canaux vitaux sur lesquels reposent la puissance et les instruments de violence des possédants.

    Mais « bloquer » la société ne suffit pas : il faut que les masses laborieuses se réapproprient les leviers stratégiques de l’économie, pour la reconstruire sur des bases nouvelles. Aboutir à un tel changement nécessite la construction d’une organisation capable d’unifier les diverses couches des masses en lutte, afin de les mener résolument à l’offensive et d’arracher le pouvoir des mains des capitalistes. Au travers de comités organisés sur les lieux de travail, les universités, dans les écoles et les quartiers, coordonnés à chaque niveau, et composés de représentants démocratiquement élus, les bases pourraient être posées pour une reprise en mains collective de la société au service de ceux qui la font véritablement tourner, et non des exploiteurs actuels. Le potentiel pour un tel changement, une révolution socialiste, n’est pas une utopie: il est contenu en germes dans les luttes et les aspirations des masses qui se mettent en mouvement aux quatre coins du monde contre les horreurs du système en place.

    Le socialisme signifie une société gérée démocratiquement par les travailleurs, où la production et ses fruits sont mis sous propriété publique et planifiés rationnellement et démocratiquement, en vue de satisfaire les besoins de chacun. Toutes les techniques, cultures, sciences et capacités productives modernes seraient ainsi mises ainsi au service de l’ensemble de la population, au lieu d’être monopolisées par une minorité qui s’enrichit toujours plus sur le dos de l’immense majorité des habitants de la planète.

    • A bas la dictature des marchés!
    • L’impérialisme hors du monde néocolonial ! A bas le FMI et tous ses plans de misère ! Répudiation du paiement de toutes les dettes, sans conditions !
    • Non aux privatisations ! Non aux coupes dans les services publics, non à l’austérité !
    • Pour le partage du temps de travail entre tous et toutes!
    • Pour une éducation et une santé gratuite et de qualité, pour un revenu minimum vital pour tous et toutes!
    • Stop au racisme, au sexisme, à la discrimination religieuse, à l’homophobie…Pour une lutte unifiée des travailleurs, des jeunes et des masses pauvres contre le capitalisme et l’impérialisme!
    • Pour la nationalisation des banques et des secteurs-clés de l’économie, sous le contrôle et la gestion démocratique des travailleurs et de la population
    • Pour un plan de production socialiste, déterminé démocratiquement en fonction des besoins sociaux, et respectueux de l’environnement !
    • Pour une société socialiste, débarrassé de l’exploitation, des guerres et de la misère !

    Qu’est-ce que le CIO ?

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) est une organisation internationale socialiste, qui lutte sans relâche pour les intérêts des travailleurs, des jeunes et des peuples opprimés à travers le monde. Nous disposons de partis, de groupes et de militants dans une cinquantaine de pays sur tous les continents, du Sri Lanka au Québec, du Kazakhstan au Chili. Le capitalisme est un système mondial; par conséquent, les travailleurs, les jeunes et les opprimés du monde entier ont besoin de s’unir à la même échelle pour le mettre à bas.

    Si vous voulez nous rejoindre ou disposer de plus d’infos: contactez nous via cwi@worldsoc.co.uk – 0021622837971 ou visitez notre site web: www.socialistworld.net – (www.socialisme.be ou www.gr-socialisme.org en francais)

  • Socialisme 2013 : En résistance contre la crise et le capitalisme

    Chaque année, le PSL organise un week-end de débats et de discussions politiques. L’édition 2013 de cet événement est particulièrement intéressante : nous y accueillerons entre autres des travailleurs de Ford et d’ArcelorMittal qui livreront leurs témoignages, Daniel Piron (secrétaire général de la FGTB Charleroi Sud-Hainaut), Felipe Van Keirsbilck (secrétaire général de la CNE), Alex Gordon (du syndicat des travailleurs du transport RMT au Royaume-Uni), Paul Murphy (député européen du Socialist Party irlandais), des militants d’Espagne, de France,… Ne manquez pas ce rendez-vous !

    SAMEDI 13 AVRIL

    13.00 – 14.30 Meeting d’ouverture : LES JEUNES EN LUTTE POUR UN AVENIR

    Avec un représentant de la campagne contre les SAC "Tegengas" (Gand), un jeune espagnol au sujet de la crise de l’emploi en Europe du Sud, un représentant des Etudiants de Gauche Actifs secondaire (Bruxelles) et une Étudiante contre le sexisme (Namur)

    15.00 – 17.30 8 commissions de discussion

    • La menace d’Aube Dorée. Rapport de la lutte antifasciste en Grèce
    • Capitalisme = crise. La pertinence du marxisme aujourd’hui
    • De la lutte contre l’apartheid à la lutte des travailleurs aujourd’hui. Une histoire de la classe ouvrière sud-africaine
    • De l’Ecosse à la Catalogne. La montée du nationalisme en Europe
    • Les causes de la violence envers les femmes et comment les combattre
    • Leçons de la lutte chez Ford et ArcelorMittal : de la nécessité de la démocratie ouvrière, de l’unité des travailleurs et de la lutte pour la nationalisation sous contrôle ouvrier
    • L’économie durable/verte est-elle possible sous le capitalisme ? Discussion avec Matthias Lieven (auteur de “Le mythe de l’économie verte”) et Bart Vandersteene (porte-parole du PSL, Gand)
    • Actualité en Asie du Sud, avec des militants marxistes originaires du Sri Lanka, d’Inde et du Népal. Comment organiser les immigrés avec le mouvement ouvrier en Belgique ?

    19.00 – 21.00 – Meeting du soir : Contre l’austérité et les pertes d’emploi QUELLE ALTERNATIVE POLITIQUE ?

    Avec des témoignages de Ford et d’ArcelorMittal – Daniel Piron, secrétaire général FGTB Charleroi Sud-Hainaut – Felipe Van Keirsbilck, secrétaire général CNE – Alex Gordon, syndicat des travailleurs du transport RMT, Royaume-Uni – Levi Sollie, FGTB BAYER et PSL – Eric Byl, membre de la direction du PSL

    DIMANCHE 14 AVRIL

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    En pratique :

    Socialisme 2013 se déroulera les 13 et 14 avril à Bruxelles, au centre ‘‘De Kriekelaar’’ (rue Gallait n°86, 1030 Schaarbeek, à 10 min. à pied de la gare de Bruxelles Nord). Des rendez-vous locaux sont prévus dans chaque région.

    Un Baby-sitting sera organisé, il faut juste mentionner le nombre d’enfants à garder lors de l’inscription ainsi que leur âge. Des snacks, des boissons et des repas chauds seront disponibles à la cafétéria à prix démocratiques.

    Participez au succès de Socialisme 2013 ! Les volontaires sont les bienvenus pour la cuisine, le bar,…

    INSCRIPTIONS : via info@socialisme.be ou au 02/345.61.81.

    Préventes : (n° de compte: 001-2260393-78)

    • Weekend entier : 10€ / 15€ pour les salariés
    • Une journée : 6€ / 8€ pour les salariés

    Sur place :

    • Weekend entier : 15€ / 20€ pour les salariés
    • Une journée : 7€ / 10€ pour les salariés

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    10.00 – 12.00 : 7 commissions de discussion

    • Les cheminots en lutte contre la libéralisation et la privatisation en Europe (cette commission se poursuit l’après-midi) – Avec des cheminots de Belgique et de l’étranger (notamment: Alex Gordon RMT, Royaume-Uni, et Christian Mahieux Sud Rail, France). La situation et la lutte dans leurs propres pays et la nécessité d’une résistance européenne unifiée
    • La guerre civile américaine. Comment une révolution aux USA a mis fin à l’esclavage. Ce que le film ‘Lincoln’ ne raconte pas.
    • 80 ans après l’arrivée d’Hitler au pouvoir : présentation du livre ‘Léon Trotsky et la lutte contre le fascisme’
    • Quel programme pour la question nationale en Belgique, en préparation des élections de 2014
    • La révolution russe et son actualité
    • Révolution et contre-révolution au Moyen-Orient et en Afrique du Nord – avec Brecht De Smet (demandé) et Geert Cool (membre de la direction du PSL)
    • Actualité de la lutte pour les droits des LGBT

    13.30 – 16.00 4 commissions de discussion

    • Les cheminots en lutte contre la libéralisation et la privatisation en Europe (suite de la matinée)
    • Stop aux SAC (Sanctions administratives communales) : Donnez-nous un avenir, pas la répression – Comité d’action contre les SAC (Gand) – JOC (Bruxelles) – Ligue des droits de l’homme
    • L’unité de la gauche : comment la développer ? Avec Anja Deschoemacker, PSL-LSP / tête de liste Gauches Communes (Saint-Gilles) – Stephen Bouquin, porte-parole Rood – Thomas Héricks, 2ème de liste à la province Front de Gauche Charleroi – Charles Ruiz, Parti Humaniste / tête de liste Gauches Communes (Anderlecht)
    • Le débat pro-choix sur le droit à l’avortement. Avec des militantes pour les droits des femmes, notamment Aisha Paulis (commission femmes du PSL)

    16.30 – 17.30 Meeting de clôture : L’EUROPE EN CRISE – LA LUTTE POUR LE SOCIALISME

    Avec des militants de France, de Belgique (Els Deschoemacker, membre de la direction du PSL), d’Espagne et d’Irlande (Paul Murphy, Socialist Party, député européen)

  • Grèce : ‘Initiative 1000’ – Une initiative ambitieuse de la gauche grecque

    Construisons un front unique des forces de gauche sur un programme qui mette fin à la crise capitaliste!

    Xekinima (la section du CIO en Grèce) joue un rôle central au sein d’une initiative destinée rapprocher les différentes forces de la gauche grecque afin de lutter pour un front unique, essentiellement basé autour de Syriza, la coalition de la gauche radicale qui est actuellement le parti d’opposition de gauche au plus haut dans les sondages, et sur un programme qui rompt de manière décisive avec le capitalisme.

    Andros Payiatsos, Xekinima (CIO en Grèce)

    Cette initiative est appelée "Initiative 1000" en raison du nombre d’individus qui ont signé la "Déclaration de l’initiative" originelle.

    "L’initiative" a tenu son premier meeting public le 29 novembre 2012 à Athènes. Malgré la pluie battante, 600 personnes ont participé au lancement très réussi. Des meetings ont ensuite eu lieu dans beaucoup d’autres endroits en Grèce pour mettre en place des comités locaux de l’Initiative. Le texte qui suit est une traduction éditée d’un article d’Andros Payiatos, de Xekinima, publié en novembre, peu après une conférence de presse pendant laquelle ”Initiative 1000” a formellement été lancée.


    Le lundi 5 novembre 2012, les membres de différentes organisations de la gauche grecque et des militants indépendants ont lancé "Initiative 1000" qui tire son nom du millier de personnes qui ont signé une déclaration initiale.

    Ce lancement ambitieux prend place à une époque d’attaques sans précédent contre les conditions de vie, les droits et les vies de millions de Grecs menés au désespoir par les politiques de l’élite dirigeante et de la Troïka (le FMI, l’UE et la BCE). Dans une société en proie aux flux et reflux, aux tournants rapides et aux changements dans la situation, la gauche est confrontée à des tâches et à des défis gigantesques.

    Les travailleurs et les jeunes discutent ouvertement de la mesure dans laquelle la gauche grecque est capable d’offrir des réponses adéquates à la crise. ”Initiative 1000” a été mise en place pour intervenir dans ce débat, non pas comme "un parti de plus" essayant juste de recruter des membres et en concurrence avec le reste de la gauche (SYRIZA, KKE, ANTARSYA, etc.) et fragmentant encore plus la gauche; cette initiative appelle à la coopération sur base d’un programme qui fournisse une voie de sortie à la crise catastrophique, un programme basé sur la nécessité de défendre les intérêts de la classe ouvrière et des opprimés.

    Initiative 1000 – Les points fondamentaux

    Comme le stipule la déclaration de l’Initiative 1000, les points fondamentaux de l’accord sont résumés ainsi:

    Tous les signataires :

    • Pensent que toute solution à l’implosion sociale et économique qui prend place en Grèce en cette période ne peut être trouvée que sur base d’une rupture avec le système capitaliste actuel.
    • Une telle solution ne peut être trouvée que sur base d’un front unique des forces de gauche et sur base d’un programme qui appelle à la fin de cette crise qui engloutit les masses travailleuses ainsi qu’au renversement du régime capitaliste actuel.
    • La crise est à l’échelle mondiale et elle frappe toute l’Europe. Nous luttons pour un changement révolutionnaire en Grèce qui puisse être le déclencheur de processus similaires dans le monde entier. Ainsi, nous nous battons pour la coordination la plus large possible et pour une lutte commune des mouvements de masse qui se développent mondialement.
    • Nous soutenons la coopération la plus forte possible et l’unité dans l’action de toute la gauche grecque, sur base d’un tel programme politique radical, mais également la lutte quotidienne pour la survie de la population et sommes pour l’organisation d’actions de solidarité avec ceux qui sont le plus durement touchés par la crise.
    • Nous soutenons la perspective d’un gouvernement de gauche (dans la conjoncture actuelle, cela est identifiée généralement avec Syriza), tout en sachant que ce développement ne serait pas "le bout du chemin", mais le commencement de luttes de masse.
    • La gauche doit rechercher la coopération la plus large possible de ses forces dans la lutte contre les Memoranda, la Troïka et la classe dirigeante grecque, en commençant par la revendication de "Pas de sacrifices pour l’Euro!"
    • Nous appelons toutes les forces et tous les militants (dont les sans-parti) de gauche en accord avec les idées présentées par l’Initiative – indépendamment d’à quel parti (ou tendance politiques) ils appartiennent – à soutenir et à étendre la campagne pour les buts et les tâches mentionnés ci-dessus.

    Unité

    Une caractéristique centrale d”’Initiative 1000” est qu’elle vise à l’unité, en transcendant le "Mur de Chine" diviseur existant entre les différents partis politiques historiquement devenu, en particulier en Grèce, un obstacle presque insurmontable à la communication effective des différentes forces de la gauche.

    Cette Initiative a été lancée par:

    • Aristeri Paremvasi, ARAN (une tendance de ARAN – Renouveau de la Gauche et ANTARSYA, l’Alliance Anti-capitaliste)
    • Kommunistiki Ananeosi (Refondation Communiste – une des organisations constituantes d’ANTARSYA)
    • Paremvasi (Une nouvelle organisation de gauche mise en place par ceux qui ont été exclus de KOE, une organisation maoïste qui milite dans Syriza, au début de l’année 2012, et qui participe à MAA, formation créée par l’ex-dirigeant de Syriza, Alekos Alavanos)
    • Xekinima (section du CIO en Grèce)

    Peu après son initiation, un grand nombre "d’indépendants" (c’est-à-dire de gens qui ne sont membres d’aucun parti de gauche) ont exprimé leur soutien à l’Initiative et ont signé sa déclaration.

    L’accord d’un si grand nombre de camarades de parcours politiques à gauche différents sur base d’une telle structure commune (que ce soit politiquement et tactiquement) est sans précédent!

    Il existe certainement des difficultés, ainsi que des doutes sur ses perspectives d’avenir. Mais la question dominante pour tous ceux impliqués dans l’Initiative 1000 est la compréhension commune des tâches historiques auxquelles est confrontée la gauche grecque.

    Le programme

    Voici ci-dessous certains des points-clé du programme politique pour lesquels lutte Initiative 1000 (extraits du texte fondateur de l’Initiative):

    • Non-reconnaissance de la dette et cessation de paiement immédiate.
    • Abolition de tous les Memoranda et de toutes les mesures d’austérité appliquées.
    • Abrogation de tous les contrats de prêts et des accords néo-coloniaux.
    • Nationalisation du système bancaire.
    • Allègement de la dette drastique pour tous les foyers de la classe ouvrière, les petits patrons, les agriculteurs aux exploitations de petite et moyenne taille et pour tous ceux qui ont été touchés par la crise.
    • Taxation élevée du capital, fin du secret bancaire pour les gros dépositaires et réduction massive des dépenses d’armement.
    • Nationalisation de tous les secteurs stratégiques de l’économie et des entreprises stratégiques.
    • Démocratie réelle, avec l’institutionnalisation du contrôle et du management sociaux par les travailleurs, dans tous les secteurs de l’activité économique.
    • La création, sur les bases mentionnées ci-dessus, d’un plan progressif de reconstruction de l’économie au bénéfice et dans l’intérêt de la classe ouvrière et du peuple.

    C’est seulement à l’aide d’un tel programme que la société grecque peut éviter le désastre social et économique dans lequel nous sommes entraînés par la classe dirigeante grecque, l’Union Européenne et le FMI. Ce n’est que de cette façon que les salaires des travailleurs, les retraites, les acquis sociaux (comme la santé et l’éducation) et les relations de travail et les droits démocratiques essentiels peuvent être sauvés.

    Initiative 1000 et le reste de la gauche

    Le programme politique avancé et défendu par l’Initiative 1000 et cité plus haut la distingue des politiques exprimées par la majorité à la direction de Syriza.

    L’Initiative se distingue du sectarisme et de l’isolationnisme du KKE (le Parti Communiste Grec) et d’Antarsya (l’Alliance Anti-Capitaliste) en mettant en avant la nécessité de la coopération dans la gauche et d’un ”Front Unique”.

    L’Initiative 1000 ne met pas en avant son programme en concurrence avec les forces de gauche existantes, en essayant de recruter des membres des partis existants, mais essaie d’intervenir et d’influences les débats politiques qui prennent déjà place dans les rangs de la gauche.

    Elle veut aider et unir ses forces avec les individus et les courants d’idées, dans les partis et formations de gauche actuelles, qui luttent pour des idées similaires à celles de l’Initiative.

    L’Initiative 1000 a déjà gagné beaucoup de partisans mais aussi un certain nombre ”d’ennemis”. Les idées de l’Initiative sont déjà attaquées à l’intérieur de Syriza, d’Antarsya (où il y a déjà eu des menaces d’expulsions émises afin d’effrayer d’éventuel signataires de la Déclaration de l’Initiative) et ailleurs.

    Nous demandons à tous ces camarades qui ont attaqué l’Initiative d’essayer de rester ouvert d’esprit et de permettre l’expression libre et l’échange d’idées parmi les membres du parti afin qu’ils puissent se faire leur propre idée sur ces questions.

    Ils devraient avoir confiance en la capacité des membres de base et des cadres des organisations et des partis de gauche. Ils devraient aussi montrer de la confiance envers la capacité des travailleurs ordinaires de juger de ce qui est bien ou pas, en particulier parce que les ”gens ordinaires” sont ceux pour qui la gauche est sensée se battre.

    La gauche doit avoir confiance dans les instincts de classe des opprimés. Leur droit à décider de ce qu’ils pensent est le cours normal des choses. Ce devrait être une valeur fondamentale de la gauche. Sans cela, la gauche a perdu la guerre avant même d’entamer la première bataille. De ce point de vue, Initiative 1000 devrait être bien accueillie par toutes les forces de la gauche.

    Besoin de coordination et d’action

    L’Initiative 1000 ne cherche pas à se limiter aux idées et aux débats. Les discussions à travers les blogs, les sites internet et les autres médias sociaux sont nécessaires et importantes mais ont aussi de sérieuses limites : elles n’incluent pas largement les opprimés et sont limitées aux cadres et aux dirigeants de gauche qui ont la capacité, le temps, etc., d’y participer.

    L’Initiative 1000 a besoin du sang frais des mouvements réels. C’est pourquoi il est important d’avoir fixé l’objectif de construire des comités locaux de groupes de sympathisants ou de partisans de l’Initiative 1000 et de prendre des initiatives audacieuses que ce soit à un niveau local, dans les lieux de travail ou dans le parti de gauche auquel on appartient.

    Xekinima (section du CIO en Grèce) participe activement à cette initiative précisément parce que nous pensons que seule une politique de gauche est apte à fournir une sortie de crise ainsi qu’à défier le pouvoir du capital (national et multinational) sur base de la reconstruction socialiste de l’économie et d’une société socialiste.

    La crise économique actuelle est une crise internationale qui a commencé aux USA, en 2007, et n’est pas près de se terminer. Le capitalisme implosant mène maintenant des sociétés entières à la barbarie, y compris des sociétés qui pensaient appartenir au ”monde développé”. La perspective socialiste est la seule solution pratique et réaliste à la crise pour la société grecque, pour l’Europe du Sud, l’Europe elle-même et le monde entier.

    Toutes les composantes de la gauche en accord avec ces vues doivent se rassembler, communiquer et coordonner leurs activités, au-delà des divisions d’organisations et de partis. C’est le seul moyen pour que le mouvement des travailleurs et des opprimés affronte l’avenir avec optimisme, confiant de ses capacités à remporter les batailles à venir.

    Les membres de Xekinima ont déjà signé la Déclaration de l’Initiative 1000 et nous discutons de la meilleure voie pour continuer, toucher une audience plus large, etc. Nous demandons à tous nos amis et lecteurs à faire de même.

  • [INTERVIEW] ITALIE : ''La crise systémique a fait exploser le paysage politique. Les travailleurs ont besoin d’un parti sérieux et combatif pour les aider à résister à l’austérité.''

    Même si l’Italie est l’un des pays européens les plus touchés par la crise, les évènements qui s’y passent actuellement sont moins connus que ceux d’Espagne, du Portugal ou de Grèce, notamment à cause de l’absence de lutte de masse contre l’austérité brutale. Nous en avons discuté avec Giuliano Brunetti, membre de ControCorrente, le parti-frère du PSL en Italie. Dans cette interview, il nous parle de la situation de crise que subissent les travailleurs et leurs familles, du processus de décomposition/recomposition du paysage politique ainsi que des luttes récentes et en cours, en développement.

    Interview réalisée par Stéphane Delcros

    Socialisme.be : Que signifie l’austérité pour les Italiens ?

    Giuliano : D’un point de vue général, la crise a fortement frappé en Italie. En 2012, le niveau de consommation est tombé à son niveau le plus bas depuis la deuxième guerre mondiale. La production industrielle a chuté et le nombre de travailleurs sans emplois a explosé. La situation est surtout difficile pour les pensionnés, les jeunes travailleurs du Sud, et spécialement les femmes.

    Selon l’institut national des statistiques, 52% des pensionnés italiens reçoivent moins de 1.000€ par mois. Le nombre de travailleurs sans emplois s’élève officiellement à 2,9 millions, soit 11,1% ; chez les jeunes, le chiffre est de 36,5%. Mais il faut considérer que les gens qui travaillent ne serait-ce qu’une heure par semaine ne sont pas considéré comme sans emplois. Dans le Sud du pays, plus d’une femme sur deux est sans emploi.

    C’est devenu incroyablement difficile de trouver un job pour un jeune ou un travailleur sans-emploi. Les petites entreprises familiales, qui représentent 90% des entreprises du pays, sont chaque jour en train de fermer par centaines, parfois par milliers, car la production fonctionne pour moins de la moitié de la capacité de production. Les travailleurs de l’usine de Fiat à Melfi (Turin), par exemple, travaillent deux jours par mois. Dans le secteur public, ce sont des dizaines de milliers d’emplois qui sont supprimés, et on attend une nouvelle suppression d’une centaine de milliers d’emplois, avec les 30 milliards d’euros d’économie budgétaires prévues dans le secteur des soins de santé.

    Le gouvernement Monti, soutenu par toutes les fractions politiques principales de la classe capitaliste italienne, a assuré, en un an, l’introduction d’un nombre extraordinaire de réformes antisociales sur les pensions et les salaires. Le gouvernement a réussi le démantèlement de l’article 18 du statut des travailleurs. Cette article de la législation sociale sauvegardait les travailleurs des grosses entreprises contre les licenciements illégaux menés par les patrons. Mais aussi, et peut-être même pire, le gouvernement a réussi à faire passer une réforme constitutionnelle, qui est la traduction, dans la législation nationale, du Pacte budgétaire européen (le Traité d’austérité), avec la nécessité de réduire la dette publique italienne au niveau de 60%, ce qui veut concrètement dire qu’entre 40 et 45 milliards d’euros d’économies vont être mises sur la table chaque année d’ici à 2020 par la coalition gouvernementale qui va diriger le pays.

    Ceci, bien sûr, si on ne prend pas en compte la possibilité d’une lutte généralisée qui développera inévitablement du moment que les conséquences de la crise deviendront de plus en plus visibles et que des couches de jeunes activistes et de travailleurs rentreront dans l’arène politique.

    D’un point de vue social, du fait de l’échelle des attaques et de la crise, du fait de l’appauvrissement généralisé de la population italienne, l’Italie, avec la Grèce, l’Espagne et le Portugal, est l’un des pays européens les plus touchés, même si nous n’y avons pas encore vu le même type de réaction généralisée comme celles qui se sont développées dans les autres pays PIIGS.

    Pourquoi justement, contrairement aux autres pays du Sud de l’Europe, n’y a-t-il pas encore eu de grand mouvement contre l’austérité en Italie ?

    Il n’y a pas d’explication simple à cela, il faut prendre plusieurs éléments en compte. Tout d’abord, il faut se rendre compte que Berlusconi n’a pas été chassé du pouvoir sur base d’une fronde du peuple. Son gouvernement était une coalition entre des représentants du grand capital et du petit capital, avec la Ligue du Nord. Après les nombreux scandales et provocations dont il usait largement, il n’avait pas la force de résister à une mobilisation de masse contre l’austérité nécessaire pour les intérêts des capitalistes italiens.

    Les classes dominantes italienne et européenne ont donc décidé à l’unanimité de trouver un outil plus respectable pour imposer l’austérité. Ils ont alors choisi un vieil homme poli et respectable, Monti, mais en dessous de l’image du bon grand-père se cachent les intérêts de la Troïka et des grandes banques et entreprises qu’il représente. Aujourd’hui, c’est donc seulement un gouvernement du grand capital. Les ministres sont presque tous des grands banquiers. Le ministre de la justice, par exemple, a un patrimoine de 7 milliards d’euros. Mais la bourgeoisie se rend compte qu’elle n’a pour le moment pas d’outil politique. L’euphorie après le départ de Berlusconi a en fait été très courte.

    Le sentiment général qui existe aujourd’hui dans la société est la peur. Ceux qui ont le privilège d’avoir un emploi défendent leur salaire, qui est souvent un moyen de survie pour trois générations, et ils le défendent à tout prix, souvent en acceptant une réduction de la paye, ou une limitation de leurs droits si c’est la condition pour pouvoir ramener du pain à la maison.

    L’entièreté du système politique est en décomposition. Tous les partis principaux, de l’extrême-droite à l’extrême-gauche, sont confrontés à des scandales de corruptions. Cette situation nous ramène au grand chamboulement politique d’il y a 20 ans, quand la classe dominante, la presse et le système judiciaire ont détruit le système politique qui avait géré l’Italie après 1945. Les partis politiques qui sont aujourd’hui en désintégration avaient alors été mis sur pieds.

    L’Italie des Valeurs, un parti populiste et moraliste dirigé par le l’ancien magistrat Antonio Di Pietro, a beaucoup perdu. Son dirigeant fait face à à des accusations de vols ; il est notamment accusé d’avoir acheté une douzaine de propriétés avec l’argent du parti.

    Le Peuple de la Liberté (PDL), le parti de Berlusconi, tout puissant il y a si peu, a perdu près de 70% de ses votes dans la récente élection régionale en Sicile. Le parti est sévèrement touché par une montagne sans précédent de scandales qui impliquent également les gouvernements régionaux du Latium (Rome) et de Lombardie (Milan) où les directions locales du PDL ont été forcées à démissionner après avoir admis le vol de millions d’euros des caisses régionales pour leur usage personnel. Berlusconi semble maintenant incapable de revitaliser son parti, qui est en désintégration visible et en proie à des luttes de factions.

    Même la Ligue du Nord , le parti raciste d’Umberto Bossi, qui avait construit sa crédibilité politique ces deux dernières décennies en attaquant ‘les voleurs de Rome’, est devenue une organisation de voleurs, le type même d’organisation qu’il dénonçait. L’argent du parti a été investit dans l’achat de diamants en Angola, et le jeune fils idiot de Bossi, le chef du parti, a été promu conseiller régional de Lombardie alors qu’il n’avait que 21 ans et qu’il a raté trois fois ses examens finaux à l’école.

    Dans cette situation complexe et rapidement mouvante, une partie de l’élite italienne qui a des doutes sur Bersani, le nouveau leader de la coalition de centre-gauche (PD), essaie désespérément de reconstituer son propre parti politique. Après les gros scandales de corruption des années ’90, la classe capitaliste n’a jamais réussi à avoir son propre outil politique pour remplacer la Démocratie Chrétienne, pour parler en son nom.

    Montezemolo, précédent président de l’organisation des patrons, et propriétaire de Ferrari, a organisé la conférence de fondation de son nouveau mouvement appelé ‘Italia Futura’, en présence de 5.000 personnes, dont le secrétaire général pourri du syndicat CISL, qui a ouvertement lancé l’idée de la nécessité de reconstituer un gouvernement ‘technique’ sous la direction de Mario Monti lui-même.

    Cette perspective, étant donné l’augmentation des soutien pour le Parti Démocrate, ne semble pas la plus probable au stade actuel, mais ne peut être complètement exclue. Monti lui-même a déclaré qu’il était prêt, si on lui demandait, à servir une nouvelle fois le pays après les élections générales du printemps prochain.

    C’est la situation qui a mené à la spectaculaire percée du Mouvement Cinq Étoiles du comédien milliardaire et populiste Beppe Grillo qui est devenu le premier parti politique à Palerme dans le Sud profond et qui est crédité de 20% des votes dans les élections à venir. En fait, même le Mouvement Cinq Étoiles fait face à des complications internes, mais qui ne devraient pas affaiblir leur soutien électoral en ce moment.

    Il y a un manque total de confiance dans toute forme de parti politique et d’institution, y compris dans les confédérations syndicales qui sont vues comme faisant partie de l’establishment. Il y a le sentiment que des grands changements sont en train de se faire et les travailleurs et les gens ordinaires ont peur de ces changements, qui signifient habituellement une chute dramatique des standards et conditions de vie.

    Même le Parti Démocrate (PD), qui a vu son soutien dans la société augmenter autour des élections primaires, est vu avec scepticisme, et certainement sans enthousiasme. La popularité de Monti a brutalement chuté, même s’il reste le politicien le plus populaire. Les membres du Parti Démocrate ont choisi Bersani, un ancien communiste, pour mener le PD aux prochaines élections. Mais il ne faut avoir aucune illusion dans ce Bersani. Il a déjà plus d’une fois prouvé sa capacité à défendre sa classe, et ce n’est pas la nôtre. Ancien ministre du gouvernement Prodi, Bersani s’est rendu responsable du processus de privatisation, notamment des pharmacies et des taxis. Et lui et son parti, ensemble avec le parti de Berlusconi, ont soutenu toutes les mesures antisociales du gouvernement Monti.

    Cette situation politique complexe et l’absence totale d’instrument politique pour les gens ordinaires est une des raisons qui explique l’absence relative de réponse des masses ou, pour être plus précis, la guerre de classe unilatérale que les banquiers et les patrons ont lancé contre les travailleurs et leurs familles.

    Des luttes, plus locales et sectorielles, se sont tout de même développées récemment.

    Oui, d’importantes batailles ont été menées dans le secteur industriel comme la lutte victorieuse des mineurs du Sulcis en Sardaigne qui ont occupé le puit, avec de la dynamite collé à leurs corps pour défendre le seul puit de charbon qu’il reste dans le pays. Ils ont gagné là un répit temporaire.

    La bataille est encore en cours entre les travailleurs, les patrons, les institutions et le système judiciaire à l’Ilva à Tarente, une gigantesque usine de production d’acier en Europe, représentant 40% de la production sidérurgique d’Italie. On y a notamment vu des occupations des usines. C’est une expression de l’énorme colère qui vit parmi les travailleurs. Les juges ont ordonné la fermeture d’Ilva à Tarente à cause de problèmes environnementaux. L’usine est ultra-polluante, des centaines de travailleurs sont morts de cancer dans cette région. Mais fermer Ilva signifierait la décapitation complète de la production industrielle de l’Italie du Sud, la disparition de 20.000 emplois à Tarente et des licenciements sur les autres sites d’Ilva à Gênes et près de Turin.

    Chez Fincantieri à Gênes, les travailleurs ont stoppé avec succès un plan de privatisation qui aurait signifié la fermeture du chantier naval de Sestri. Nos camarades ont été impliqués dans cette lutte majeure et ont joué un rôle-clé dans la défense de ces emplois.

    Dans toutes ces luttes, la FIOM (syndicat des ouvriers du métal de la fédération syndicale CGIL) a joué un rôle important même si elle était assez isolée dans la société. La direction de la FIOM est confrontée à une contradiction majeure : d’un côté elle fait partie de la direction collective de la CGIL, qui tente de freiner les luttes, et de l’autre, elle doit répondre à l’avant-garde des travailleurs la plus combattive et la plus avancée. Cette contradiction va inévitablement devenir plus aiguë à un certain moment.

    Le 14 novembre dernier, la grève générale européenne a été très bien suivie dans certains pays d’Europe du Sud. Comment était la mobilisation en Italie ?

    Le 14 novembre, on a connu 4 heures de grève générale organisée par la Confédération générale italienne du travail (Confederazione Generale Italiana del Lavoro, CGIL), la principale confédération syndicale. C’était beaucoup trop peu au regard de l’ampleur de la politique d’austérité du gouvernement. La FIOM, le secteur public et les télécommunications, qui sont les secteurs les plus importants, ont eux étendu leur grève jusqu’à 8 heures de grève générale.

    Les autres confédérations syndicales (CISL, UIL et UGL) n’ont pas pris part à la grève, pas plus que l’USB, un syndicat dont la base est plus radicale et qui attire quelques-uns des membres les plus militants de la CGIL et des jeunes travailleurs précaires.

    La participation générale à la grève du 14 était assez faible, étant donné la faiblesse de la mobilisation qui était improvisée. Beaucoup de travailleurs se sont demandés quel était l’intérêt de prendre part à la grève de la CGIL, puisque ce même syndicat n’a rien fait lorsque le gouvernement Monti, soutenu pas le Parti Démocrate, a procédé à des attaques sur les pensions, les salaires et la législation sociale.

    De ce que nous savons de sections importantes du syndicat qui n’ont pas pris part aux actions de grève, c’est que les travailleurs ont mis en question la raison même de la grève: ”pour quoi faisons-nous grève?” Et pour beaucoup: ”quel intérêt à faire grève aujourd’hui, alors que mon syndicat n’a même pas levé le petit doigt quand mon salaire a été attaqué?”

    La jeunesse a-t-elle pris part à cette grève ?

    Même si le mouvement étudiant n’est pas directement concerné, durant la semaine passée, on a vu une vague d’occupations d’écoles et d’instituts par des étudiants en colère. L’État italien dépense 1,2% du PIB pour l’éducation, ce qui a pour conséquences une situation où l’école tombe littéralement sur la tête des étudiants, où le papier toilette et le savon manquent et où on impose aux étudiants de contribuer ‘volontairement’ à certaines dépenses. Le mouvement étudiant est une expression claire de la colère qui se développe parmi les jeunes, mais il n’est pas encore certain que ce mouvement se généralise pour le moment.

    Les dernières initiatives prises à gauche vont-elles dans la voie de la formation d’un nouveau parti des travailleurs ?

    La question d’un nouveau parti politique est un aspect important de la stratégie de la classe capitaliste dominante. Mais c’est une question réellement vitale pour le mouvement ouvrier et les secteurs progressistes de la société dans la période turbulente dans laquelle nous entrons.

    Les différentes tentatives qui ont été lancées ces derniers mois pour construire une nouvelle arme pour coordonner et organiser la résistance dans la société ont malheureusement toutes résulté en confusion et alliances politiques contre-nature. Le Comitato No Debito (Comité contre le payement de la dette) dans lequel nous intervenons et dans lequel nous jouons un rôlé-clé, surtout à Bologne et à Gênes, aurait pu être un bon outil. Malheureusement, le sectarisme de certains de ses membres fondateurs (Sinistra Critica et FalceMartello, sections italiennes respectivement du Sécretariat Unifié de la Quatrième Internationale et de la Tendance Marxiste Internationale) et l’incapacité de traduire le refus du payement de la dette aux banquiers en revendications politiques concrètes ont conduit à une situation de faiblesse. Le comité a organisé une manifestation nationale contre le gouvernement en octobre, qui s’est révélée être un certain succès politique. Mais il est peu probable que ce comité puisse émerger comme une force motrice pour la formation d’un nouveau parti des travailleurs dans la période à venir.

    Une autre tentative de créer une formation de gauche a été initiée par un groupe d’intellectuels de gauche regroupés autour du journal national Il Manifesto. L’initiative a organisé une conférence de fondation de l’ALBA (Alliance, Travail, Biens Communs, Environment) qui tente de remplir le vide politique à gauche.

    Le parti de la Refondation Communiste (RC) a essayé de construire son propre outil politique pour revenir au Parlement. Ils ont lancé la Fédération de la Gauche, une alliance électorale avec un autre parti communiste et deux forces plus modestes. Mais cette alliance était mort-née, et la RC essaie maintenant de construire une autre alliance politique sous le nom de ‘Le changement, c’est possible’, autour de Luigi De Magistris, ancien député européen et actuel maire de Naples. Malheureusement pour la RC, un tel développement va probablement pousser leur crédibilité un peu plus vers le bas. Ils avaient déjà perdu énormément lors de leur engagement dans les gouvernements néolibéraux sous la direction de Romano Prodi.

    Toutes ces tentatives ratées de lancer une nouvelle formation politique de gauche ont résulté en faillites complètes. Cela va peut-être ralentir le processus de construction d’un outil politique pour les travailleurs combatifs dans la prochaine période, mais cette question reste ouverte dans la société et ne peut pas être évitée. Les luttes industrielles et sociales seront la clé dans le développement d’une telle force.

    La crise systémique du capitalisme a fait exploser le paysage politique. Toutes les formations politiques majeures paient en fait le prix de leur participation à la défense des intérêts capitalistes ces vingt dernières années. Ces chamboulements politiques et l’austérité paralysent temporairement la majorité des travailleurs. Mais nul doute que notre classe se mettra en mouvement dans la prochaine période. Les travailleurs auront alors plus que jamais besoin d’un parti sérieux et combatif pour les aider à résister à l’austérité. Et nous serons présents, avec ControCorrente, pour stimuler la mise sur pied d’un tel outil, tout en avançant la nécessité de balayer ce système pour une société qui défende les intérêts de tous.

  • 14 novembre : Premier pas vers une grève générale à l’échelle européenne !

    • Vers une grève générale à l’échelle européenne !
    • A bas les gouvernements de la troïka !
    • A bas l’Europe des marchés !
    • Pour une Europe socialiste démocratique, pour et par les travailleurs !

    Aujourd’hui se déroule la journée d’action européenne la plus importante que la Confédération Européenne des Syndicats (CES) ait jamais organisée. Son caractère est qualitativement différent des fois précédentes. Ce n’est que demain que nous pourrons savoir quelle aura été l’échelle exacte des diverses actions, mais il est clair qu’il s’agit d’un pas important en direction d’une grève générale à l’échelle européenne ! Enfin, nous avons la perspective d’une résistance unifiée du mouvement des travailleurs contre l’offensive de l’establishment européen. Voilà l’essence des actions d’aujourd’hui.

    Tract du PSL

    Tract en version PDF

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    Le message qui sera diffusé dans la presse sera bien différent ! Cette journée d’action sera qualifiée ‘‘d’inutile’’ et ‘‘d’irresponsable’’. Patrons, politiciens, journalistes et académiciens crierons que nous mettons l’économie en danger, que nous scions la branche sur laquelle nous sommes assis, que nous prenons en otage la collectivité. Ils nous dirons qu’il faut devenir plus compétitifs pour sauvegarder notre industrie et nos emplois. Que, pour échapper à l’emprise des marchés, il faut réduire nos dettes publiques et nos dépenses. Que, pour être capables de faire face au vieillissement, il faudra travailler plus longtemps et cotiser plus. Que nous avons besoin d’un choc de compétitivité, d’un plan d’austérité structurel.

    On nous prescrit donc des remèdes identiques à ceux de la troïka (UE, FMI, BCE), responsables du ravage social dont est victime l’Europe du Sud. Ces remèdes n’ont pas entraîné plus de compétitivité, plus d’emplois, moins de déficits budgétaires ou moins de dette publique. Que du contraire ! Ces économies ont conduit droit à une récession plus profonde encore. Pourquoi ces remèdes foireux fonctionneraient-ils ici ? Tout choc de compétitivité en Belgique aura pour réponse une salve de mesures comparables dans nos pays voisins. Notre compétitivité ne s’améliorera donc pas, nous serons tout simplement entraînés dans une spirale négative de casse sociale où les travailleurs d’un pays seront montés contre ceux des autres pays. Seuls les détenteurs de capitaux, les PDG et les membres de conseils d’administration ont à y gagner.

    Il nous faut un plan d’action et une perspective de victoire !

    En Espagne, au Portugal et dans d’autres pays de l’Europe du sud, on sait à quoi conduit la concurrence débridée. La décision de la CES d’organiser aujourd’hui une action coordonnée reflète la pression grandissante issue d’en bas. En Espagne et au Portugal, le travail sera stoppé 24 heures durant. En Grèce, où il y a déjà eu 48 heures de grève la semaine dernière, le secteur privé stoppera le travail en solidarité durant 3 heures, et durant 4 heures en Italie. A Malte et à Chypre, des actions de grève sont également planifiées. L’action d’aujourd’hui est probablement le précurseur d’une grève générale du sud de l’Europe. Le génie des actions de grève internationales peut sortir de sa lampe.

    Le caractère destructif et interminable de la politique d’austérité n’est pas compris partout de la même manière. Faute de perspective, certains en sont encore à simplement espérer un ‘‘retour à la normale’’. Par conséquent, la pression de la base n’est pas partout aussi forte. De plus, les dirigeants syndicaux n’ont en général pas d’alternative à opposer à la casse sociale. Ils sont souvent pieds et poings liés aux politiciens de la social-démocratie et d’ailleurs, et sont ainsi politiquement désarmés. Ils n’offrent pas de perspective qui gonfle suffisamment la confiance des travailleurs pour que ces derniers se lancent dans la lutte. Cette situation diminue la pression qui peut venir de la base, élément qui à son tour est utilisé comme excuse pour ne rien faire de la part de certaines directions syndicales. D’autres préfèrent la fuite en avant dans la radicalité, mais sans avoir préparé le terrain. Il ne nous faut ni passivité, ni aventurisme, mais un plan d’action bien élaboré qui offre une perspective de victoire.

    Malgré la diversité, la tendance est partout à la résistance croissante

    Les différentes formes d’actions – grèves générales et partielles, manifestations de masse, meetings, etc. – reflètent les différences de rythme dans la lutte des classes des différents pays, régions et secteurs. En Belgique cela s’exprime par des appels différents entre la Flandre et la Wallonie, entre la distribution, le métal et les services publics, entre la SNCB et l’enseignement. L’absence d’un mot d’ordre clair en front commun syndical sera énormément mise en lumière dans la presse, tout comme la moindre divergence entre communautés et secteurs. Concernant les patrons et les politiciens, les divergences s’appellent ‘‘diversité’. Concernant les travailleurs et leurs organisations, c’est soudainement présenté comme de la ‘‘division’’. Pour nous, ce qu’il faut accentuer, c’est que le rythme peut bien être différent mais que, partout dans le pays et dans tous les secteurs, la tendance est identique : la résistance va croissante, de même que la recherche d’une alternative.

    L’internationalisme : un levier pour l’action, pas une excuse pour la passivité.

    Dimanche dernier, lors de la manifestation de solidarité avec les travailleurs de Ford, des manifestants ont exprimé une grande sympathie pour la revendication défendue par le PSL de la nationalisation du site. Depuis que cette revendication a été mise en avant par les syndicats l’an dernier dans le cas d’ArcelorMittal, elle fait de plus en plus surface. De suite, on entendait toutefois de ces mêmes manifestants que cela ne serait possible qu’au niveau européen. Nous comprenons bien cette attitude, mais ne sommes que partiellement d’accord. La journée des 8 heures de même que d’autres acquis historiques n’ont pas été décrétés d’en haut sur le plan international, mais ont d’abord été arrachés sur le plan national avant d’être introduits ailleurs. La nationalisation de Ford ou de n’importe quelle autre entreprise devra aussi être appliquée sur le plan national avant de s’attaquer à toute l’Europe. Mais il est également vrai que tout ce que nous arrachons ne pourra être consolidé que lorsque nous prendrons toute cette Union Européenne à la gorge. Aujourd’hui, ce n’est qu’un début dans cette direction. Un plan international d’action coordonné est extrêmement important. Mais cela ne doit pas être instrumentalisé pour freiner la lutte. Les actions doivent être liées à la lutte contre nos propres gouvernements et patrons, dans chaque pays. En Espagne, au Portugal et en Grèce, la nécessité d’actions coordonnées dans toute l’Europe ne doit pas être utilisée pour stopper toute action après le 14 novembre. Un plan d’action allant crescendo avec des grèves de 48 heures peut pousser les gouvernements affaiblis de la troïka et les grandes entreprises dans la défensive. Le 14 novembre doit être le début d’une lutte unifiant la résistance sur le plan européen, non un point final.

    A bas l’Union européenne capitaliste ! Pour une Europe des travailleurs !

    La lutte des classes européenne entre dans une nouvelle et orageuse période de mouvements explosifs des travailleurs et des jeunes. Au Portugal déjà, une attaque contre les salaires a dû être retirée. Pour obtenir des victoires durables et afin de briser le cycle de désespoir et d’appauvrissement, il faut armer le mouvement d’une alternative où les richesses de la collectivité seraient investies dans l’emploi et l’amélioration de la qualité de vie au lieu de payer les dettes des spéculateurs et des banquiers.

    Le PSL veut populariser la revendication de la nationalisation sous contrôle démocratique des banques et des secteurs clés de l’économie. Cela n’est possible que sous un gouvernement des travailleurs. Au fur-et-à-mesure que la lutte des travailleurs européens se coordonnera au-delà des frontières se clarifiera le potentiel d’une alternative des travailleurs contre l’Union Européenne capitaliste des marchés. Ce qu’il nous faut aujourd’hui, c’est un mouvement international qui défende comme alternative une confédération européenne volontaire socialiste et démocratique.

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