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  • Obama sera-t-il à la hauteur ?

    L’élection du premier président «afro-américain », dans un pays dont l’histoire est marquée par le racisme, la ségrégation et l’esclavage, a éveillé les espoirs d’une large couche de la communauté noire. Surfant sur une opinion publique massivement hostile à la guerre en Irak et sur une crise économique qui a jeté le discrédit sur les politiques néo-libérales menées durant les années Bush, les accents « progressistes » du discours d’Obama ont fait mouche.

    Jalil (Etudiants de Gauche Actifs-ULB)

    Obama arrive pourtant au pouvoir avec en toile de fond la plus profonde crise économique que le capitalisme ai traversé depuis 1929, ce qui l’a rapidement forcé à dilapider l’essentiel de ses promesses électorales : il a prévenu que le système d’assurance-santé pour tous ne serait pas pour cette année. Surtout, face à l’hécatombe qui frappe le marché du travail (2,6 millions d’emplois ont disparu en 2008), ces promesses en termes de création d’emplois paraissent bien dérisoires. Avant d’être élu, il parlait de créer 5 millions d’ emplois. Une fois au pouvoir, le chiffre était retombé à 3 millions . C’est de la « sauvegarde » de 3 millions d’emplois dont il s’agit à présent…alors que le nombre officiel de chômeurs avoisine déjà les 11 millions !

    Sauver le capitalisme américain, sur le dos des travailleurs

    Obama a décidé de plafonner la rémunération des banquiers à 500 000 dollars. Cette mesure ne s’applique pourtant pas à ceux qui ont bénéficié du plan de sauvetage de Bush, comme les dirigeants de Merryll Linch qui ne seront pas contraints de revenir sur la distribution des 4 milliards de dollars qu’ils s’étaient accordés avant que leur banque soit absorbée par la Bank of America. De plus, les limites imposées ne concerneront pas les dividendes et elles seront levées lorsque les prêts de l’Etat auront été remboursés. Il ne s’agit pas, a déclaré Obama, d’une « prise de contrôle par l’Etat. L’initiative privée suivra son cours mais il faudra rendre des comptes et se montrer responsable».

    La notion de “sacrifice” est centrale dans les discours d’Obama : ce dernier se prépare à faire payer la crise sur le dos des travailleurs et des couches pauvres de la population. Le nouveau paquet de sauvetage de près de 800 milliards de dollars va tout au plus atténuer les effets de la crise, mais ne permettra pas d’enrayer la vague de fermetures d’entreprises et de licenciements de masse qui accompagnent la récession. Dans ce plan de relance, 40% des fonds seront destinés à de nouvelles baisses de taxes pour les entreprises et les classes moyennes. Au-delà de l’inefficacité avérée de telles mesures pour relancer l’économie, Obama montre par là sa volonté de tendre la main aux Républicains dans un objectif de réconciliation bipartisane ; le Washington News commentait récemment : “Le président élu propose des baisses de taxes qui pourraient faire rougir George W. Bush”…

    Le plan de relance d’Obama est avant tout destiné à sauver le capitalisme américain de la faillite, et non un plan destiné à venir en aide aux travailleurs et à leurs familles. Le déficit budgétaire pour l’année 2009 est estimé à 1,2 trillions de dollars (8,3 % du PIB) avant même la mise en oeuvre du plan de relance. Il est clair que, d’une manière ou d’une autre, ces dettes gigantesques vont devoir être repayées par la collectivité à un stade ultérieur, tandis que les capitalistes et les gros actionnaires continueront de s’octroyer de généreux profits.

    Obama : question de race ou question de classe ?

    Obama se profile habilement comme un successeur de figures historiques du mouvement noir comme Martin Luther King. De nombreux commentateurs nous présentent aujourd’hui l’élection d’Obama comme la réalisation du « rêve américain » et annoncent l’avènement d’une société « postraciale ». Pourtant , la politique réactionnaire d’une Condoleeza Rice ou d’un Colin Powell dans l’ancienne administration Bush illustrent que le racisme et l’oppression des noirs ne diminueront pas par la simple arrivée au pouvoir d’un président de couleur. Sarkozy a utilisé la même technique en insérant trois ministres « d’ouverture » dans son cabinet (Rahcida Dati, Fadela Amara et Rama Yade). Ce gouvernement continue néanmoins ces politiques d’austérité contre les acquis sociaux, une répression accrue contre les jeunes des quartiers populaires, les sans-papiers et le droit de grève.

    La population noire et immigrée traverse une situation sociale dramatique. Premières victimes de la crise, les noirs américains subissent de plein fouet le chômage de masse (l’an dernier, 20.000 noirs ont perdu leur emploi rien que dans le secteur automobile) et les expulsions de logement dues à la crise immobilière. Aujourd’hui, un adulte afro-américain sur quinze est en prison, et les discriminations contre les immigrés sont toujours aussi nombreuses que par le passé. Une enquête officielle provenant du FBI illustre même que les attaques et discriminations à caractère raciste ont tendance à augmenter dernièrement. La répression policière contre les jeunes afroaméricains nous a été rappelée par le récent meurtre d’un jeune afro-américain par un agent de la BART (la police des transports) à Oakland le soir du nouvel an.

    La pauvreté énorme de nombreux quartiers aux Etats-Unis et les incessantes discriminations touchant la population noire et immigrée ne pourront être combattue que par une lutte commune des travailleurs et des jeunes de toutes les origines pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail, et contre le capitalisme, qui se nourrit de la division et des problèmes sociaux. Telle est la principale leçon du mouvement pour les droits civiques. Cette leçon, Obama ne l’a pas faite sienne, enfermé qu’il est dans une logique capitaliste, et voulant transcender les divisions sociales au nom de « l’unité de la nation ».

    Vers une ère de paix ?

    Obama a été porté au pouvoir grâce notamment à son positionnement contre la guerre. La promesse de retrait des troupes du bourbier irakien dans les 16 mois a été un élément-clé pour remporter les primaires démocrates contre Hillary Clinton. La réalité est bien moins réjouissante, comme l’atteste la confirmation au secrétariat à la défense de Robert Gates, l’un des principaux va-t-en guerre de l’ancienne administration.

    La situation irakienne ne demande plus un tel contingent militaire car les intérêts américains en Irak sont maintenant protégés par le gouvernement fantoche mis en place par les USA. Cependant, la « sécurité » en Irak reste extrêmement précaire, et le plan de retrait reste conditionné à une évolution sur le terrain qui laisse supposer que non seulement un retrait rapide et unilatéral est tout sauf probable (les 16 mois se sont déjà transformés en 23 mois), mais laisserait en outre derrière lui un pays dévasté et en proie à des tensions explosives. L’objectif de doubler les effectifs militaires en Afghanistan permet lui aussi de nuancer les volontés « pacifistes » d’Obama.

    Le coup médiatique sur la fermeture de Guantanamo ne peut cacher les dizaines d’autres prisons sans droits éparpillées dans le monde comme Bagram en Afghanistan ou Diego Garcia, un territoire britannique situé dans l’océan Indien. Les ordres signés par Obama ne remettent pas en cause la procédure connue sous le nom d’« extradition extraordinaire », par laquelle les Etats-Unis ont, durant les années Bush, kidnappé des présumés terroristes et les ont envoyés dans des pays étrangers ou des prisons secrètes de la CIA pour les torturer. Le président ne s’est toujours pas expliqué non plus sur ce qu’il comptait faire avec le Patriot Act 1 et 2, qui limite les libertés individuelles au nom des lois anti-terroristes.

    Quant au conflit israélopalestinien, les seules prises de position publiques qu’Obama a prises sur le sujet visait à assurer son soutien inébranlable à la sécurité d’Israël, tout en ne soufflant mot sur l’occupation et les bombardements à Gaza. On se souvient également de son plaidoyer devant une association de lobby pro-israélienne aux USA, pour que Jérusalem devienne la “capitale indivisible d’Israël”. Le Congrès -à majorité démocrate- a quant à lui renouvelé pour 10 ans l’aide annuelle de 3 milliards de dollars à l’Etat d’Israël…Tout ça porte à croire qu’à part une plus grande dose de concertation avec les autres grandes puissances, la politique étrangère d’Obama au Moyen-Orient ne va pas subir de changements fondamentaux.

  • C’est leur crise, ce n’est pas à nous de la payer!

    En 2008, 20.187 personnes ont perdu leur emploi à cause de la faillite de l’entreprise qui les employait. Un record (32,6% de plus qu’en 2007…) auquel il faut encore ajouter les dizaines de milliers de travailleurs en chômage économique et les milliers de pertes d’emplois liées aux restructurations. La croissance économique précédente s’était déjà faite sur notre dos. Devinez qui devrait maintenant payer pour cette crise ?

    Par Alain (Namur) et Nicolas Croes

    Selon Bart Van Craeynest, du service étude de la KBC, "La vague des pertes d’emploi, comme nous l’avons vue récemment aux Etats-Unis, nous allons aussi la vivre en Europe et en Belgique. 2009 sera une année catastrophique pour l’emploi". Le même continue en affirmant que "Nous constatons une succession dramatique de chiffres désastreux" et que "Le pire est encore à venir". Il table sur 100.000 pertes d’emplois pour 2009 et 2010, mais en se basant sur le scénario d’une croissance négative de l’économie belge de 1% pour 2009 alors que la Commission Européenne prévoit déjà près du double…

    Et face à cela, que font nos politiciens ? Ils renflouent les banques défaillantes (plus de 20 milliards d’euros en quelques mois !), ils diminuent une nouvelle fois les taxes pour les entreprises, ils accordent de nouvelles subventions pour financer les exportations et les investissements… Tout cela à grands coups d’argent public, qui vont creuser les déficits bugdétaires et la dette publique (qu’on tentera ensuite de nous faire rembourser en rognant sur nos pensions et nos services publics!). Et tout cela aussi, bien sûr, pour "restaurer la confiance des marchés" et "relancer l’économie". Et sans aucune contrepartie exigée de la part des patrons. Alors que tous les partis traditionnels lancent de grands appels à ce que chacun "prenne ses responsabilités…", il semble que les seuls qui doivent être aidés dans la tempête sont justement les responsables du naufrage !

    Nous avons bien peu profité des dernières années de croissance économique. Nos salaires et nos allocations ont piétiné alors que leurs profits s’envolaient et alimentaient de colossales opérations de spéculation aux quatre coins du monde. Aujourd’hui, le "capitalisme triomphant" a fini par déboucher sur une crise structurelle profonde. Les travailleurs et leurs familles ne sont pas le moins du monde responsable de cette catastrophe. Mais c’est pourtant sur leur dos que vont être sauvés les coupables. Et il faudrait une fois de plus serrer les dents et attendre que ça passe ?

    Les travailleurs n’ont pas à perdre leurs emplois pour préserver les profits de parasites capitalistes. Nous sommes pour la nationalisation – sous le contrôle des travailleurs – des entreprises qui licencient alors qu’elles continuent à réaliser des gros profits, afin que la production soit organisée selon les besoins de la population et pas selon ceux des grands actionnaires.

    Nous sommes aussi pour la réduction du temps de travail sans perte de salaire, pour les 32 heures de travail par semaine avec embauche compensatoire, comme seule mesure s’attaquant au chômage et pas aux chômeurs.

    Tout cela ne peut s’obtenir que par une lutte massive de l’ensemble des travailleurs et des allocataires sociaux.

    Préparons-la !

  • Plan de relance d’Obama

    Parviendra-t-il à éviter une dépression prolongée et à relancer la croissance ?

    Avant même de reprendre la présidence américaine, Obama a été forcé de se pencher sur la crise économique la plus profonde depuis la Grande Dépression des années ‘30. Les données effarantes sur le chômage publiées en janvier ont révélé un abrupt déclin dans l’économie américaine, et le début d’une récession profonde et, très probablement, prolongée. Un million d’emplois ont disparu entre novembre et décembre, ce qui amène le total des pertes d’emploi pour 2008 à 2,6 millions.

    Lynn Walsh, article de ‘Justice’, mensuel de Socialist Alternative (CIO-USA)

    Lors d’un important discours sur l’économie, le 8 janvier, Obama a présenté son plan de relance destiné à créer trois millions d’emplois et à redémarrer une nouvelle croissance. Quel est le caractère de ce plan, et peut-il éviter une dépression prolongée et relancer la croissance ?

    Le plan d’Obama

    Obama propose un plan de relance de l’économie de 775 milliards de dollars sur deux ans, tout en suggérant qu’il pourrait s’approcher d’un trillion (mille milliards) de dollars. Près de 300 milliards de dollars (40% de ce budget) serviront à financer des baisses de taxes pour des familles de la « classe moyenne » et des entreprises. Près de 500 milliards de dollars serviront à des dépenses keynésiennes de travaux publics. Ceci inclurait des aides aux Etats (les gouverneurs d’Etats déclarent avoir besoin d’entre 100 et 150 milliards de dollars afin d’éviter des coupes sauvages dans leurs budgets sociaux).

    Des fonds supplémentaires iront à l’assurance-chômage, aux timbres alimentaires, à Medicaid, etc. Obama propose aussi d’accorder des subsides aux contributions d’assurance santé. Il y aura de plus un investissement extensif dans l’infrastructure et les installations publiques : routes, ponts, transport public, bibliothèques, réseaux de diffusion publics, conservation de l’énergie, électricité solaire et éolienne, etc. S’il est accepté, ce plan sera le plus gros plan de dépenses étatiques jamais mis en oeuvre dans le monde depuis le New Deal de Roosevelt dans les années ‘30, seconde guerre mondiale exceptée.

    Obama a en outre annoncé une révision de la deuxième partie du programme de renflouement bancaire (le soi-disant Programme d’Aide aux Actifs en Danger), pour lequel il reste 350 milliards de dollars sur les 700 milliards initialement prévus. Obama promet de diminuer ce budget afin d’aider les familles de travailleurs, d’aider les propriétaires à éviter les expulsions, et de soulager le fardeau des autres dettes (emprunts automobiles, dettes des consommateurs, prêts au étudiants, etc.). Jusqu’à présent, toutefois, il n’a encore mis en avant aucune proposition détaillée afin d’annuler ou de modifier les hypothèques prédatrices, même si plus de deux millions de propriétaires sont maintenant confrontés aux expulsions.

    Opposition au Congrès

    Malgré ses espoirs, Obama n’a que peu de chances de voir son plan être approuvé par le Congrès dès son inauguration le 20 janvier. Dans sa forme actuelle, ce plan doit faire face à l’opposition de la droite comme de la gauche.

    De nombreux Républicains – de même que certains Démocrates conservateurs – s’opposent à tout nouveau plan de relance par principe, surtout à une hausse des dépenses publiques (mais pas aux baisses de taxes). Ceci reflète en partie des calculs électoraux.

    Il y a toujours une colère largement répandue face aux 700 milliards de dollars prélevés sur le compte des contribuables pour renflouer les banques et les financiers – les magnats assoiffés de profit qui ont déclenché la crise. Il y aura sans doute des soupçons quant au fait qu’une grosse portion du prochain plan de sauvetage finira dans les coffres des grosses entreprises et dans la poche des politiciens.

    L’opposition des « conservateurs fiscaux » reflète aussi une adhésion doctrinaire à l’idée du « marché libre » – malgré l’effondrement financier du libre marché que nous voyons aujourd’hui – et une opposition au déficit gouvernemental.

    Cependant, confrontés à une crise économique et financière profonde, qui suscite la peur de soulèvements sociaux et de radicalisation de classe, les principaux représentants du capitalisme ont abandonné l’orthodoxie de l’ultra libre marché qui prévalait du temps de la présidence de Reagan. «Lors d’une grave crise, a récemment déclaré Bernanke (président de la Réserve Fédérale américaine), l’orthodoxie peut se révéler être une très mauvaise stratégie» (Financial Times du 4 janvier).

    Malgré la perspective d’un énorme déficit du gouvernement fédéral et le danger, plus tard, d’une inflation explosive, les stratèges de la classe dirigeante américaine sont en faveur d’un plan de relance massif afin de sauver leur système de l’effondrement. Obama agit dans leur intérêts.

    Critiques de la gauche

    Il y a des Démocrates de gauche, toutefois, qui sont critiques face au plan de relance proposé à cause des 40% (300 milliards de dollars) prévus en baisses de taxes. De ceci, 150 milliards iront aux contribuables de la « classe moyenne » (500 $ chacun), tandis que 100 milliards iront aux entreprises.

    La plupart des remises de taxe personnelles sont épargnées en banque ou utilisées pour rembourser des dettes, comme l’a montré le plan de remise de taxes d’une valeur de 168 milliards de dollars lancé par Bush en février 2008. Les remises de taxes sont bien moins efficaces que les dépenses publiques pour augmenter la demande de biens et de services et pour créer des emplois.

    Obama peut très bien penser que les baisses d’impôt sont toujours les bienvenues et qu’elles permettront de mieux faire passer le plan dans l’opinion publique. A part cela, il cherche certainement à apaiser les critiques des Républicains au Congrès, et donc à s’assurer un soutien bipartisan. (Étrangement, alors qu’ils se disent contre tout déficit budgétaire, les conservateurs fiscaux ne s’opposent jamais aux remises d’impôts, qui réduisent pourtant les revenus gouvernementaux et donc augmentent le déficit.)

    A propos des baisses d’impôts pour la classe moyenne et les entreprises proposées par Obama, Keith Olbermann (présentateur sur MSNBC) a dit: «Le présidentiable propose des baisses de taxes qui, au total, pourraient faire rougir George Bush» (Washington News, 6 janvier).

    Bien que ce soit le plus gros plan de relance jamais mis en oeuvre depuis le New Deal, quelques Démocrates de gauche doutent de sa capacité à relancer la croissance économique. Un fervent partisan d’Obama, Paul Krugman, qui a été contraint de le convaincre de mettre en oeuvre un plan de dépenses keynésiennes, maintenant juge le plan d’Obama «quelque peu décevant… il est bien loin de ce dont nous avons réellement besoin» (New York Times, 8 janvier).

    «Notre économie pourrait chuter à un trillion de dollars en-dessous de sa pleine capacité (sur la période 2009-2010)» a déclaré Obama dans son discours du 8 janvier. Toutefois, comme le fait remarquer Krugman, le Bureau du Budget du Congrès estime la perte à 2,1 trillions de dollars, le double du chiffre avancé par Obama. Alors que seuls 500 milliards des dollars promis par Obama iront à des dépenses keynésiennes, ce plan pourrait ne pas suffire pour éviter «une dépression prolongée».

    Enorme déficit

    Obama a bien répété qu’il y aurait un énorme déficit gouvernemental – et de plus en plus grand – impliquant par là le fait qu’il a hérité d’une situation désespérée. Le déficit pour l’année fiscale 2009 s’élèvera sans doute à 1,2 trillions de dollars (8,3% du PIB) – le record d’après-guerre – même avant que n’ait été mis en œuvre le plan d’Obama.

    Un déficit gouvernemental est en soi un stimulus, dans le sens que la dette du gouvernement finance des emplois et des dépenses qui autrement ne contribueraient pas à la croissance économique. Cependant, une énorme portion du déficit actuel (le dernier déficit de Bush s’élevait à 455 milliards de dollars) vient du renflouement des banques et des agents financiers – qui ont mis leur argent au frais et limitent toujours les prêts, réfrénant ainsi la croissance.

    Si le plan de relance d’Obama est mis en œuvre dans les deux prochaines années, il poussera le déficit du gouvernement fédéral à environ 10% du PIB. Le rapport de la dette nationale totale cumulée par rapport au PIB augmentera de 36,9 à 54,2%, un record si l’on excepte la période de la deuxième guerre mondiale. Selon certains Républicains, nous avons déjà un « désastre fiscal », et Obama va empirer les choses.

    Pour les stratèges de la classe dirigeante, cependant, le plan Obama est un mal nécessaire, afin de remettre à flots leur système qui bat de l’aile. Ils reconnaissent le fait que des dépenses déficitaires à une échelle massive pèseront sur les générations futures qui devront rembourser une dette colossale. Toutefois, ils déchargeront plus tard de ce fardeau sur le dos de la classe salariée, à travers de nouvelles taxes et des coupes dans les budgets sociaux.

    Pendant trente ans, les dirigeants capitalistes ont maintenu l’orthodoxie monétaire, condamnant l’inflation comme la peste. Mais maintenant que leur système est menacé par la crise, ils sont prêts à soutenir le recours à la presse à billets afin de renflouer les banques, contrer la déflation et (au moins en partie) les dépenses publiques.

    Inévitablement, l’impression d’argent aujourd’hui réveille le spectre de l’inflation demain. Mais l’éditorial du New York Times, sous son titre «Le remède de la planche à billets», concluait que «l’action de la Fed est correcte» (23 décembre 2008). Plus tard, ils reviendront au type de politique monétariste sauvage en vigueur sous Reagan dans les années ‘80, qui restreignait les dépenses publiques et augmentait le coût réel de la dette pour les travailleurs.

    Obama lui-même a laissé entendre que le prix serait payé par les travailleurs dans le futur. «Je ne suis pas sur le point d’augmenter la taille du long-terme gouvernemental» a-t-il déclaré dans le New York Times du 9 janvier. Selon Obama, une partie importante de son budget sera utilisée pour «réparer» de grands programmes de droit, la sécurité sociale, Medicare (soins de santé pour les retraités) et Medicaid (soins de santé pour les pauvres).

    «Réparer» signifie coupes : plus de contributions des taxes sur les salaires, la hausse de l’âge de la retraite, moins d’allocations de santé. Le plan d’Obama, selon le chroniqueur David Brooks (New York Times du 9 janvier), «n’est pas une tentative d’utiliser la crise pour édifier un Etat social de type européen». Les dépenses keynésiennes sont là en cas d’urgence, afin d’empêcher l’effondrement économique et des remous politiques. Ensuite, les dirigeants capitalistes tenteront de revenir au conservatisme fiscal.

    Perspectives pour l’économie

    Le plan d’Obama pourra-t-il éviter une dépression prolongée et relancer la croissance ? Malgré l’ampleur de l’intervention étatique (le déficit cyclique, en plus du plan de renflouement des banques et du plan de relance proposé), ce plan est toujours limité en comparaison aux forces économiques qui ont été déchainées par les Etats-Unis et le ralentissement mondial. Obama vise à créer trois millions d’emplois, mais il y a déjà onze millions de chômeurs, et la situation va encore empirer.

    En réalité, le scénario le plus favorable pour le capitalisme américain est un scénario dans lequel l’intervention keynésienne permettrait d’atténuer la récession et de prévenir le début d’une dépression. Même cela, toutefois, n’est pas garanti. Une nouvelle crise du système financier mondial ou américain, une chute du dollar, et d’autres convulsions dans l’économie mondiale pourraient exacerber la crise du capitalisme américain.

    Même si elles permettent d’éviter une dépression prolongée, les dépenses keynésiennes en elles-mêmes ne redémarreront pas nécessairement l’économie, produisant une croissance qui se renforce elle-même. Cela requérrait un investissement en capital renouvelé et extensif de la part des grandes entreprises – et les capitalistes n’investiront que s’ils sont assurés d’un taux de profitabilité acceptable.

    Une grande proportion de la dette toxique et de la surcapacité industrielle, étant donné le niveau actuel de la demande soutenue par l’argent, devra être extraite hors du système avant qu’il puisse y avoir un quelconque retour à une croissance basée sur de solides fondations.

    La récession actuelle va très probablement se poursuivre aux Etats-Unis et dans le monde pour un certain temps, et la reprise, lorsqu’elle commencera, sera probablement lente et inégale. Même si des mesures keynésiennes atténueront l’impact de la récession, c’est la classe salariée qui devra payer le prix fort de la crise capitaliste, à travers des bas salaires, un chômage de masse, et la pauvreté. Les mesures keynésiennes ne parviendront pas à surmonter l’anarchie des forces du marché ni purger la soif de profit des capitalistes.

    En même temps, les attaques sur les travailleurs vont provoquer des luttes puissantes, une remise en question du système capitaliste, et la recherche d’une réelle alternative. Au mieux, le keynésianisme n’offre qu’un palliatif temporaire à la crise capitaliste. L’idée d’une planification socialiste démocratique, d’un autre côté, va gagner de plus en plus de soutien en tant que seule manière d’atteler la science, la technologie et les forces de production afin de subvenir aux besoins de la société, dans son ensemble.

  • USA : Un jeune afro-américain tué par la police à Oakland le soir du Nouvel An

    Durant la nuit du Nouvel An, à Oakland (Californie), la police procède à plusieurs interpellations de jeunes afro-américains dans une station de métro sous le regard attentif de dizaines de passagers. Ces agents de la BART (la police des transports) ont été appelés sur les lieux suite à une bagarre et font sortir plusieurs jeunes gens d’une rame de métro pour les aligner sur le quai. Parmi eux se trouve un jeune nommé Oscar Grant, 22 ans.

    Par Karim

    Abattu en ‘live’

    Malgré le mutisme quasi complet des médias officiels et les précautions prises par la police pour réquisitionner les portables de plusieurs témoins de la scène, des vidéos ont circulé internationalement sur internet (voir ci-dessous). Les vidéos montrent plusieurs hommes alignés le long du mur, mains en l’air. Oscar Grant, entouré de plusieurs policiers se retrouve subitement plaqué au sol, face contre terre. C’est alors que l’impensable se produit. Un des policiers dégaine son arme et abat froidement le jeune immobilisé par la contrainte physique d’un autre agent. Selon l’avocat de la victime, la balle a perforé les poumons du jeune homme avant de ricocher sur le sol. Oscar décèdera quelques heures plus tard.

    La bavure provoque la colère

    Quelques heures plus tard, alors que la nouvelle circule dans les quartiers d’Oakland, des incidents avec les forces de l’ordre éclatent. Il est clair que cette bavure nous fait repenser à la malheureuse rencontre qu’avait eu Rodney King au début des années ‘90 avec des policiers lors d’un contrôle de la route. Devant la résistance de Rodney King face à son interpellation, la police l’a violement tabassé, aussi face à une caméra. Cette vidéo et le fait que l’ensemble des policiers aient été acquittés quelque temps plus tard a provoqué l’indignation et la colère de la communauté noire aux Etats-Unis. De violentes émeutes ont alors éclaté un peu partout, mais essentiellement à Los Angeles. Ces émeutes sont aujourd’hui considérées comme les plus violentes du 20ème siècle (40 morts en 6 jours).

    Le 7 janvier, une manifestation a été organisée en mémoire du jeune abattu et contre les brutalités policières qui ne font malheureusement pas exception dans beaucoup de quartiers aux USA. Plusieurs milliers de personnes ont participé à cette action et à la fin du cortège des incidents confrontant des jeunes avec la police se sont prolongés une bonne partie de la nuit.

    Tous ensemble contre la violence policière et le racisme

    Cet évènement risque d’entrainer des tensions entre les différentes communautés présentes dans la ville d’Oakland. En effet, le policier est d’origine ‘latino’. Des incidents racistes entre les deux communautés ont déjà été signalés. En tant que socialistes, nous comprenons très bien la colère qui existe parmi la population noire suite à cette nouvelle bavure impardonnable. Mais nous devons aussi absolument souligner l’importance de ne pas tomber dans le piège de la division et des tensions raciales.

    Face à la pauvreté énorme de nombreux quartiers aux Etats-Unis et face aux discriminations persistantes par rapport à la population noire et immigrée, nous devons consciemment organiser la lutte pour l’amélioration de nos conditions de vie et de travail. De plus en plus d’américains, victimes de premier plan de la crise économique, vont se retrouver dans une situation sociale désastreuse. Et ce sont certainement les populations immigrées des quartiers les plus pauvres qui vont supporter encore plus durement les conséquences.

    Nous appelons à discuter dans les quartiers de ces évènements mais aussi plus largement sur la politique pro-capitaliste du gouvernement américain. Nous savons que beaucoup d’illusions existent par rapport à Obama et à sa nouvelle administration. Mais n’oublions pas que les banques et les grosses multinationales américaines ont aussi voté pour Obama et exigeront en retour la défense de leurs intérêts. Obama et le Parti démocrate ne sont pas prêts à rompre avec la politique néolibérale et de nombreux aspects de leur programme l’expriment clairement. Nous sommes dès lors convaincus que nous ne pouvons compter que sur nos propres luttes pour en finir avec cette société qui n’entraine que pauvreté, violence et racisme.

    Il est aujourd’hui d’une importance cruciale de renouer avec les meilleures traditions du mouvement pour les droits civiques, de la lutte des Black Panthers,… Ce n’est que via des mobilisations massives, impliquant la majorité des travailleurs et des jeunes, que l’on pourra éviter de nouvelles tragédies pour les jeunes comme Oscar et être capable d’en finir avec ce système barbare !

    • Stop aux brutalités policières ! La police hors des quartiers !
    • Pour la construction de comités démocratiques d’auto-organisation dans les quartiers !
    • Pour un plan d’actions contre le racisme et la pauvreté ! Un emploi décent, un logement pour tous !
    • Mobilisation des travailleurs et de leurs organisations contre la politique antisociale !

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  • Inde : Retour sur les attentats terroristes de Mumbai

    A bas la terreur du communautarisme et du capitalisme.

    Le 27 novembre dernier, un abominable attentat a ensanglanté les rues de Mumbai (anciennement Bombay). Nos camarades Indiens avaient alors publié une déclaration que nous publions ici.

    Déclaration de New Socialist Alternative (CIO-Inde)

    L’horrible attaque terroriste du 27 novembre à Mumbai (anciennement appelée Bombay par l’occupant britannique, peuplée de 14 millions d’habitants, Mumbai est le centre économique et cinématographique indien) doit être condamnée à tous points de vue. Elle s’est déroulée dans la gare ferroviaire CST, habituellement bondée, ainsi qu’à six autres emplacements très fréquentés, tuant au moins 140 personnes (bien que certains bilans laissent entrevoir plus de 20 morts) et en blessant des centaines. La responsabilité a été réclamée par les Moudjahidines du Deccan, un groupe terroriste islamiste jusqu’ici inconnu.

    Nos cœurs sont avec les familles, parents et amis qui sont gravement affectés par ces actes haineux, quel que soit le groupe ou l’organisation qui les ait perpétrés. Le gouvernement du Maharashtra (la province dont Mumbai est la capitale) et les autorités concernées devraient immédiatement compenser les familles qui ont perdu un ou des proches. Nous sommes certains que toutes les communautés, qu’elles soient hindoues, musulmanes, ou chrétiennes, sont terrifiées, pas seulement à Mumbai, mais dans le pays tout entier. Les organisations démocratiques des travailleurs, les syndicats et les organisations locales de toutes les communautés doivent organiser la lutte contre le terrorisme au côté de la lutte contre le capitalisme, le féodalisme et l’impérialisme.

    Depuis les attaques du 11 septembre aux Etats-Unis, les attaques terroristes se sont multipliées en Inde. Les gouvernements de New Delhi, quel que soit le parti au pouvoir, se sont étroitement alliés avec Washington, une alliance qui a culminé avec l’accord hautement controversé sur l’énergie (et les armes) nucléaire. Au cours des derniers mois, chaque ville indienne d’importance a connu de telles attaques terroristes, tuant des douzaines, si pas des centaines d’innocents.

    Polarisation communautaire

    Les gouvernements capitalistes du monde entier ont suivi la même politique que l’administration américaine sous la tutelle de George Bush, personnage détesté dans l’ensemble du monde ; cette politique visait à aliéner les peuples musulmans en leur greffant l’étiquette de « terroristes », potentiels ou non. En Inde, la division communautaire historique a été encore renforcée par cette stigmatisation communautaire officieuse des minorités, et en particulier des musulmans.

    Les gouvernements des Etats indiens dirigés par le BJP (Bharatiya Janata Party – Parti du Peuple Indien, de tendance centre-droite nationaliste et hindouiste), ou le gouvernement central dirigé par l’UPA (l’UPA, l’United Progressive Alliance, est une coalition de partis, elle-même dirigée par le Parti du Congrès, parti nationaliste laïque à tendance sociale-démocrate), sont directement responsables de la désaffection parmi la jeunesse, et surtout les jeunes musulmans qui, bien qu’en faible nombre, rejoignent les rangs de ces bandes terroristes désespérées.

    Pour l’establishment indien, le fait de blâmer soit les membres de l’ISI (Inter-Services Intelligence, les services d’espionnage pakistanais), soit leur bouc émissaire préféré : le SIMI (Students’ Islamic Movement of India), afin de les diaboliser aux yeux de la population, est devenu le schéma habituel. Cela n’enlève absolument rien à la responsabilité de ces groupes monstrueux qui utilisent des méthodes de terreur. Leurs activités renforcent les forces communautaristes hindoues d’extrême-droite et la machine d’Etat qui ne fera qu’utiliser cette opportunité qui lui est offerte de piétiner les droits des travailleurs en particulier et des droits de l’Homme en général.

    L’agenda caché de la terreur fondamentaliste hindouiste

    Les chroniqueurs de la gauche radicale tels que Ram Punyani et Subhash Gatade se sont déjà étendus sur le phénomène que l’on connaît de nos jours sous le nom de « terreur saffran », celle des organisations fondamentalistes hindouistes. Les récentes explosions à Malegaon (dans le Maharashtra) qui ont mené à l’arrestation de Sadhvi (sainte) Pragya Singh et de ses deux associés, remet en question toute la théorie de la terreur djihadiste elle-même.

    Les méfaits de Raj Thackeray, membre du MNS (Maharashtra Navnirman Samithi – Armée de la Rénovation du Maharashtra), un groupe qui terrorise en ce moment dans le Maharashtra les travailleurs immigrés en provenance de l’Uttar Pradesh (un Etat du nord-est de l’Inde, le long du Gange et frontalier avec l’Himalaya, et dont 18% de la population est musulmane), etc. ne sont pas moins terrorisants que la terreur soi-disant islamique.

    Pravin Thogadia, la fripouille du VHP (Vishwa Hindu Parishad – Conseil Hindou Mondial), ainsi que l’infâme Narendra Modi, «le Hitler du Goujarat», sont célèbres pour leur politique communautariste qui flirte avec le fascisme. Ces « célébrités » communautaires hindoues doivent également être pointées du doigt. Encore aujourd’hui, des millions de musulmans frissonnent au souvenir de la terreur de masse – viols, meurtres, pillages – qui a été perpétrée à l’encontre des musulmans désarmés du Goujarat (un Etat indien frontalier avec le Pakistan, à forte population musulmane) pendant les émeutes de Godhra en 2002.

    Que ce soit la terreur de masse commise par la Sangh Parivar (« Famille d’Associations ») et sa famille composée de la Rashtriya Swayamsevak Sangh, du BJP, du VHP, de la Shiv Sena, de la MNS, de la Sanathan Sanstha, de la Durga Vahini, de la Bajarang Dal, de l’Abhinav Bharat, de l’Akhila Bharatiya Vidyarti Parishad, du Rashtriya Jagaran Manch, du Hindu Raksha Samithi, etc. (Organisation Nationale des Volontaires, Parti du Peuple Indien, Conseil Hindou Mondial, Armée de Shiva, Armée de la Rénovation du Maharashtra, Organisation éternelle, Armée de Durga, Armée des Singes, Nouvelle Inde, Conseil pour tous les Etudiants de l’Inde, Forum pour un Jagran National, Comité de Défense Hindoue), la criminalisation et la brutalisassions de la société toute entière, ou les tactiques de terreur individuelle des groupes djihadistes islamistes, ils polarisent une société déjà divisée. Ils vont pousser la société encore plus loin dans une impasse de haine et de vengeance, qui pourrait même mener à une situation de guerre civile.

    Les statistiques et les faits révèlent que le néolibéralisme et le communautarisme se sont renforcés l’un l’autre afin de servir les intérêts du capitalisme en Inde. A partir de 1991, l’offensive néolibérale a coopéré amicalement avec la vague montante de communautarisme hindouiste ; la destruction de la Mosquée de Babri à Ayodhya en 1992 a bel et bien détourné l’attention du mouvement ouvrier loin des problèmes réels que sont le riz et le sambhar (plat de légumes indien), le roti (pain indien) et le sabji (un autre plat de légumes indien).

    Unité et action de classe maintenant !

    La lune de miel dont a bénéficié le Parti du Congrès s’est visiblement subitement terminée. Les mandarins du Bloc Sud de Delhi (les bureaux des Premier Ministre, Ministre de la Défense et Ministre des Affaires étrangères) qui, jusqu’il y a peu, se complaisaient dans la gloire d’un boom sans précédent et dans l’aura de l’accord nucléaire avec Washington, sont maintenant frénétiquement partis à la recherche de boucs émissaires sur le plan économique aussi bien que social. Le ton suraigu avec lequel le Premier Ministre Manhoman Singh a prévenu les « voisins » de l’Inde de ce qu’ils vont devoir payer, montre bien le désespoir de l’establishment indien. L’idée de sonner le tambour de guerre jingoïste par quelques singeries emphatiques a peut-être traversé les esprits des pouvoirs en place afin de les préserver de la déroute électorale lors des prochaines élections provinciales et, surtout, lors de l’élection générale de la moitié de l’an prochain.

    Le BJP et ses sbires, qui se préparent en ce moment à un come-back à l’échelle nationale lors des prochaines élections générales, vont utiliser le sentiment de chagrin et de désespoir qui vit actuellement afin de rallumer le feu communautaire et ainsi prendre avantage de la crise sociale.

    La récession qui s’est déjà bien installée dans l’économie va encore plus dévaster les vies des travailleurs pauvres, des paysans et des classes moyennes dans les semaines et mois qui viennent. La période à venir exige toute la combativité que la classe ouvrière peut rassembler afin de défendre les intérêts des travailleurs et des pauvres. La nécessité du moment, c’est l’unité de classe. Nous appelons tous les travailleurs, qu’ils soient hindous, musulmans, chrétiens ou sikh, à être vigilants et unis afin de contrecarrer toute tentative de diviser leur classe sur des bases communautaires sanglantes.

    Les syndicats et organisations de travailleurs et de communes doivent agir pour vaincre ces tentatives sinistres de diviser pour régner dans le but d’en tirer un profit politique.

    Nous exigeons:

    • La justice pour les personnes affectées et de vraies compensations pour les victimes et pour leurs familles
    • Des comités de quartiers des travailleurs et des pauvres afin de défendre les zones affectées par des attentats et des émeutes
    • Non au terrorisme !
    • Une lutte unie et commune des travailleurs et des pauvres pour la justice, contre l’exploitation et la pauvreté
    • Aucune confiance dans les forces étatiques officielles. Le droit pour les agents de police et des forces auxiliaires à se syndicaliser et à élire des représentants aux comités régionaux
    • La fin du capitalisme qui engendre le communautarisme et le terrorisme !
    • Un socialisme démocratique, seule alternative
    • Que soient chassés du gouvernement le Congrès, le BJP et les autres partis qui défendent le capitalisme, et n’offrent aucune alternative
    • L’édification d’un nouveau parti des travailleurs de masse
  • La crise exige une modification de la politique économique – La lutte des classes en déterminera le caractère (Troisième partie)

    Dans cette partie, nous regardons dans quelles mesure les caractéristiques de la crise économique internationale se manifestent aussi en Belgique. Nous parcourons le marché immobilier, l’inflation, les cadeaux fiscaux aux entreprises et les salaires des managers. Nous expliquons comment cela conduit aux grèves spontanées que la bourgeoisie et les politiciens aimeraient brider. La combativité à la base s’est reflétée dans des discours plus radicaux le premier mai, dans un bon résultat pour les délégations syndicales combatives dans les élections sociales, et enfin dans la semaine d’actions de juin 2008.

    Texte de perspectives du Congrès National DU PSL/LSP. Ce texte a été écrit durant l’été.

    La folie des bourses laisse des traces aussi en Belgique

    75. En termes de distribution inégale de richesse, la Belgique n’est pas mieux placée que les autres pays de l’OCDE. En juillet 2008, les fortunes nets des familles belges étaient de 1.610 milliards d’euros, à peu près 352.000 euros par foyer ou 151.000 euros par Belge. (1) Cela fait entretemps 14 ans qu’il n’y a plus eu de recherche sur la répartition de cette fortune. En 1994, Jef Vuchelen et Koen Rademaeckers sont arrivés à la conclusion que les 50% des fortunes appartenaient à 10% des familles les plus riches, contre seulement 1,1% des fortunes pour les 10% des familles les plus pauvres. Nous supposons que cette différence s’est plutôt creusée que diminuée. (2) Selon Merill Lynch, à la fin 2006, il y avait 68.000 millionnaires en dollars en Belgique, fin 2007 ils étaient déjà 72.000. (3) En 2007, les entreprises belges cotées en bourse ont vu pour la première fois en 5 ans diminuer leurs profits suite à la crise du crédit. En 2005 et en 2006, ces profits avaient encore monté à chaque fois de 30% contre une baisse de 11% en 2007 jusque 19,14 milliards d’euros. Pourtant, ces mêmes entreprises ont distribué 10,2 milliards d’euros aux actionnaires, une augmentation de 42% comparée à l’année précédente. Cela fait qu’en 2007, malgré la crise du crédit ou peut-être justement à cause d’elle, la moitié du profit net a été versée aux actionnaires contre un tiers en 2006.(4)

    76. Ainsi, la fine fleur du capital belge s’est protégée contre les conséquences de la crise du crédit. Celle-ci n’a pas épargné la Belgique. Il est difficile de prévoir où le BEL-20 se trouvera fin 2008, mais avec une perte d’en moyenne 23%, le premier semestre de 2008 était la pire chute en 21 ans, depuis le crash boursier de 87.(5) Surtout les banques, qui représentaient en 2006 encore 42% du BEL-20, ont fortement chuté. Cela s’explique par le fait que toutes les grandes banques belges, y compris la KBC qui a perdu 32,4% de sa valeur boursière lors du premier semestre de 2008, se sont laissées séduire par des instruments financiers souvent couverts par des hypothèques à grand risque américaines. Pour Dexia (-44,4% de la valeur boursière), s’y ajoutent les difficultés de sa filiale américaine, le rehausseur de crédit FSA. Pour Fortis, -46,48% de sa valeur boursière, s’y ajoute sa reprise annoncée en grandes pompes mais mal planifiée, d’ABN Amro. Cela fait que l’action Fortis vaut aujourd’hui (juillet 2008) à peu près la moitié d’une action de la Société Générale en 1998. Au printemps précédent, l’action Fortis valait encore 35€, à la fin du premier semestre 2008 moins de 10€. (6)

    77. La Banque nationale a calculé la perte totale des Belges en conséquence de la crise boursière en juillet 2008 à 50 milliards d’euros, dont la moitié en conséquence de la baisse des valeurs des actions, et l’autre moitié en perte sur des fonds de pension et des fonds d’investissement (les sicav). Les dettes des familles ont aussi augmenté. Mais c’est surtout le personnel qui paiera la facture. « Des changements des banques belges qui prendraient normalement 15 ans, tels que la rationalisation du réseau couteux des agences, seront grâce à la crise du crédit réalisés en quelques années », dit Dick-Jan Abbringh, auteur de « Trendbreuk.be ? Nieuwe spelregels in een digitale wereld » (« Inversion de la tendance.be ? Nouvelles règles du jeu dans un monde digital »), son livre pour lequel il a interviewé 15 managers du monde financier en Belgique. « Il est certain qu’il y aura des licenciements massifs. Il y a un bel avenir pour des gens qui donnent des conseils financiers de haute qualité, mais non pas pour les employés de banques qui aident les clients à remplir les formulaires de virement. » (7) En bref, celui qui amène beaucoup d’argent obtiendra un siège confortable, mais celui qui a des difficultés à s’en sortir selon laissé à son propre sort.

    Les fondements minés

    78. Jusqu’ici, l’économie belge n’a pourtant pas presté de façon faible. Avec un chiffre de croissance de 2,8% en 2006 et en 2007, elle a même fait un peu mieux que la zone euro. Après une augmentation du chômage en 2005, il y a eu une légère baisse en 2006, suivie d’une baisse plus forte en 2007. Le déficit budgétaire était légèrement négatif en 2007 (-0,2%), mais quand même moins que la moyenne de la zone euro (-0,6%).(8) Après quelques années de diminution (2000-2005) ou de croissance faible (2006) (9), les investissements en 2007 ont connu une vraie accélération de 8%. Notre pays s’avère d’ailleurs être une des localités les plus attirantes de l’Europe pour les investissements étrangers. En Europe (27), seulement 4 grands pays, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France et l’Espagne, ont accueilli plus d’investissements. Entre 2003 et 2007, les investissements étrangers directs représentaient 12,3% du PIB ! Ceci n’est que de 1,2% pour l’Allemagne, 3,4% pour la France, 5,3% pour les Pays-Bas et 3% pour la chine.(10) Nous devons évidemment considérer les proportions et aussi le caractère de ces investissements, mais prétendre que la Belgique ne serait pas attractive pour des investisseurs étrangers n’est pas possible. Grâce à la prestation durant le premier semestre, la croissance des investissements en 2008 sera de 6,6%, mais retombera ensuite jusqu’à seulement 1,7% en 2009.(11)

    79. Ici s’arrêtent les bonnes nouvelles. Depuis, les 6 marchés d’exportations les plus importants de l’économie belge sont au bord de la récession. Il s’agit de l’Allemagne, de la France, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, l’Espagne et l’Italie. Ensemble, ils représentent deux tiers de notre exportation. Pour un pays dont l’exportation des marchandises représente 71% du PIB, c’est d’une importance vitale. De plus, l’industrie belge livre beaucoup de produits semi-finis. Elle est une sorte de sous-traitant pour l’industrie des partenaires commerciaux.(12) Sur cette base, la KBC estime réaliste que l’économie belge parte en récession technique à partir du deuxième semestre 2008.(13) Qu’importe, pour la première fois en 16 ans, la balance commerciale risque en 2008 d’être déficitaire. Pendant les 5 premiers mois, la Belgique a connu un déficit de 7 milliards d’euros contre un surplus de 2,5 milliards d’euros l’année dernière. Le refroidissement de l’exportation est une des raisons principales pour lesquelles le Bureau du Plan a dû réajuster ses perspectives de croissance vers 1,6% en 2008 et seulement 1,2% en 2009.(14)

    Marché immobilier : illusions statistiques ?

    80. L’autre raison est le ralentissement de la demande intérieure, principalement la consommation particulière. Sa croissance en 2007 encore de 2,6% retombe en 2008 à 1,4% et en 2009 même à 0,8%.Les augmentations de prix de ces derniers mois et années y sont pour quelque chose. Entre 97 et 2007, les prix des maisons dans notre pays ont augmenté en moyenne de 142% ou 9,2% par an. Même le FMI trouve, compte tenu de la croissance des revenus nets, de la population à l’âge du travail, de la croissance du crédit et des cours des actions, que c’est 17% de trop. Moins qu’en Irlande, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, mais autant qu’en Espagne et même 5% de plus qu’aux Etats-Unis. Ne devons-nous pas alors craindre une chute du marché immobilier ? Oui, selon certains économistes et le secteur immobilier. L’économiste Van de Cloot, de ING, estime que les augmentations de prix sont derrière nous et que nous allons vivre pour la première fois depuis le crash de 79-82 une stabilisation, il n’exclu même pas la première baisse des prix depuis cette époque. (15)

    81. Les prix des maisons et des terrains à construire ont bien augmenté lors de la première partie de 2008 comparé au premier semestre de 2007 – de 8,1% pour des maisons d’habitation, de 5,5% pour des appartements et même de 9,7% pour des terrains à construire – mais des promoteurs parlent d’une « illusion statistique ». Ils prétendent avoir constaté un point tournant en octobre et sont d’avis qu’une correction est en train de se faire. « Ce ne sera pas de la même force qu’au RU, en Irlande ou en Espagne, disent-ils, mais elle peut durer pendant quelques années. » (16) Pourquoi pas de la même force ? Selon Dick-Jan Abbringh, parce qu’en Belgique, le marché des prêts hypothécaires ne correspond qu’à 34% du PIB contre plus de 100% aux Pays-Bas. (17) Pourquoi pendant quelques années ? Selon Van de Cloot, parce que « on croit de plus en plus au caractère élevé structurel de l’inflation. Si cela se traduit en un taux d’intérêt à long terme fondamentalement plus élevé, nous pouvons oublier un retour à l’époque des prix hypothécaires bons marché. Justement ces prêts là étaient la force conductrice derrière la croissance immobilière de ces dernières années. » (18) N’avons-nous donc rien à craindre ? La KBC ne s’attend pas seulement à une stabilisation des prix des maisons, mais aussi à une chute de la construction. (19) Ce que cela va signifier pour l’emploi dans le secteur de la construction n’a pas encore été chiffré.

    82. Nous saisissons l’occasion de démontrer une autre illusion statistique beaucoup plus grande. Selon le Bureau du Plan, le revenu réel disponible des foyers, donc de salaires, y compris des managers, et d’allocations, mais aussi de fortunes financières et immobilières, connaitrait en 2008 encore une croissance de 0,1% et en 2009 même de 1,8%.(20) Avec « réel », on veut dire en tenant compte de l’inflation. Il faut se poser la question : quelle inflation ? Pour le Financial Times, l’inflation aux USA, qui serait de 2,5%, serait de 8,9% si l’on appliquait la manière de calcul d’avant 1992, qui a changé radicalement depuis !(21) Le chiffre national de l’indexation des prix de consommation, qui serait de 4,7% cette année-ci, contre 4,2% de l’index-santé, et qui serait de 2,7% l’an prochain, contre 2,6% pour l’index-santé, n’est pas du tout une réflexion correcte des véritables augmentations de prix. Ceux-ci sont beaucoup plus importants parce que des postes de dépense importants tels que le loyer y ont un poids inférieur au poids qu’ils représentent dans la réalité. Le loyer compte pour 6,2% (22) Plus de 23% de la population sont des locataires. La consommation d’habitation totale dans notre pays représente d’ailleurs 20% de toutes les dépenses des foyers. (23)

    83. Ceci nous aide immédiatement à comprendre pourquoi le loyer commence à être impayable pour les familles. Une étude commandée par le gouvernement flamand démontre qu’après retrait des dépenses d’habitation, les locataires disposaient en 2005 encore de 881 euros contre, corrigé après inflation, 1041 euros en 1992 ! Le pouvoir d’achat des locataires est fortement réduit depuis 1992, de 86 euros dans la période 1992-1997 et de 161 euros dans la période 1997-2005. En 2005, les locataires détiennent depuis 1992 en moyenne 16% de moins après avoir payé leur loyer qu’en 1992.(24) Ceci a évidemment à faire avec la faiblesse du secteur des logements sociaux qui en Belgique (10%) a un grand retard sur des pays tels que les Pays-Bas (largement 40%), le RU et la Suède

    Hystérie de l’inflation

    84. Les CPAS de Wallonie ont construit un « index de précarité » sur base des dépenses des foyers pauvres. Il apparait qu’un foyer qui vit du revenu d’insertion social de 997€, dépense en moyenne 27% à l’alimentation, et pas moins de 42,5% à l’habitation contre une moyenne de 26% pour toute la Wallonie. L’index de précarité a connu entre janvier 2006 et janvier 2008, donc avant la forte augmentation de l’inflation, une croissance deux fois plus élevée que le chiffre officiel d’indexation. La fédération wallonne des CPAS demande une adaptation urgente du revenu d’insertion sociale, pour une personne isolé de 698 à 860€ et pour une famille avec enfant, de 930 à 1548€. Ceci signifierait selon la Cour des Comptes, une dépense additionnelle de 1,25 milliards d’euros par an si c’est appliqué sur le plan national.(25)

    85. Le Bureau du Plan admet lui-même que le revenu réel des foyers a été « négativement influencé » parce que l’augmentation des prix de l’énergie n’est pas tenu en compte dans l’index-santé qui règle l’adaptation des salaires et des allocations aux augmentations des prix.(26) Cette augmentation n’est pas des moindres. Beaucoup de familles de travailleurs ont toujours été méfiants à propos de la fable selon laquelle la libéralisation du marché de l’énergie réduirait les frais du consommateur. Cette méfiance a été confirmée en octobre 2007. Après Electrabel, c’était aux distributeurs d’augmenter leurs tarifs. (27) En février, la Banque Nationale a demandé des compétences supplémentaires pour le Creg, le régulateur fédéral du marché de l’énergie, afin d’annuler au moins une partie des augmentations de prix.(28) Le Creg lui-même demande de réduire le tarif de la TVA sur l’énergie de 21 à 6%, et une approche plus dure tant vers les producteurs que vers les distributeurs (29). En avril, il est apparu que les dépenses pour se chauffer et se nourrir pour une famille moyenne avec deux enfants vont monter de 676€ en 2008, et pour une personne isolée de 330 €. (30) Vers septembre, le prix du gaz avait déjà augmenté de 48,7% sur base annuelle, celui de l’électricité de 20,7% et on y ajoute que les prix vont encore monter. (31)

    86. À partir de février, les arguments du patronat sur l’hystérie de l’inflation ont définitivement été balayés. (32) Il apparait que les prix des produits alimentaires transformés montent en force depuis la deuxième partie de 2007. Ces augmentations sont d’ailleurs en moyenne de 6% plus élevées qu’ailleurs dans la zone euro. L’abolition du prix du pain réglementé en 2004 a fait monter les prix hors proportion. Sur base annuelle, les prix des produits alimentaires transformés ont monté de près de 9%. (33) Mais lorsqu’il s’agit de son propre commerce, Unizo n’est plus unilatéralement en faveur du marché libre. Au contraire, Unizo n’est pas d’accord avec la Banque Nationale que plus de concurrence et moins de règlementations contribueraient à un niveau de prix plus bas. Dans sa réaction, l’économiste en chef Van de Cloot avertit de surtout ne pas répéter les fautes des années ‘70, lorsque les augmentations de prix ont été compensées par des augmentations générales de salaires. (34)

    Cadeaux fiscaux aux entreprises

    87. « Le mazout : +61%. Le gaz naturel : +52%. Le spaghetti : +42%. Le diesel : +32%. L’essence : +32%. L’électricité : +20%. » C’est ainsi que De Tijd a commencé son éditorial du 31 juillet, comme s’il fallait compenser ses précédents écrits sur l’hystérie du pouvoir d’achat. Même le chiffre officiel de l’indexation, cette illusion statistique, a dû, même si ce n’est que partiellement, refléter de telles augmentations de prix. En juillet, il a atteint 5,91%, le deuxième niveau les plus élevé en Europe, le plus élevé en 24 ans. (35) « Il est plus facile de rejoindre des manifestations pour plus de pouvoir d’achat », écrivait l’éditorialiste du Tijd, comme s’il ne faisait rien d’autre de ses journées, « que de remettre en question des systèmes que nous utilisons depuis des années. Mais nous devons aussi reconnaitre qu’il n’est pas raisonnable de faire payer l’inflation par les entreprises ou les autorités, les employeurs les plus importants, qui n’ont pas cette inflation en main. » Quoi ?

    88. Entre-temps, un sondage de City Bank Belgique a montré que 9 belges sur 10 réduisent leurs dépenses en réaction à la baisse du pouvoir d’achat. C’est surtout sur les loisirs, le chauffage, les vêtements et les appareils ménagers que nous faisons des économies.(36) Les 10% restants n’en ont pas besoin, ils se sont construit une bonne réserve depuis longtemps. Malgré la crise du crédit, les entreprises ont réalisé en 2007 en Belgique un profit record de 79 milliards d’euros, 4 milliards de plus que l’année record précédente, en 2006.(37) Ils ont eu beaucoup d’aide de la part des autorités. Selon le rapport annuel de la Banque Nationale, les entreprises ont reçu, en 5 ans, de 2003 à 2007 compris, 21,85 milliards d’euros en diminutions des contributions patronales à la sécurité sociale. En 2007 uniquement, c’était déjà largement 5 milliards d’euros. De plus, pendant cette même période, ils ont reçu pour 1,28 milliards d’euros de diminution du précompte professionnel, surtout sur le travail en équipe et de nuit (38), dont 730 millions rien que pour 2007.

    89. Mais le vol du siècle a sans aucun doute été la déduction des intérêts notionnels, introduite à partir du 1er janvier 2006 sous le gouvernement violet, un argument que Reynders lance régulièrement à ceux qui le critiquent au sein du PS et du SP.a. Le fait est que la violette avait initialement estimé le coût des intérêts notionnels à 500 millions d’euros, alors que cela coutera 2,4 milliards d’euros annuellement. Selon ce système, des entreprises peuvent déduire fiscalement non seulement l’intérêt qu’elles paient sur des prêts, mais dorénavant aussi un intérêt fictif sur leur propre actif. Cette mesure doit stimuler les entreprises à renforcer leur propre actif et même à encrer l’industrie en Belgique. On veut de cette manière compenser l’abolition des centres de coordination.(39) L’Europe considère ceux-ci comme une aide publique illégale et doivent être dissous au plus tard fin 2010.(40)

    90. Pour les entreprises, qui doivent officiellement payer 33,99% d’impôts, il s’agissait d’un jackpot. Cela réduit le taux d’imposition moyen des entreprises à seulement 25%.(41) Ce n’est donc pas étonnant que, déjà en 2006, 41% des 381.288 entreprises en ont fait usage. Le tout mis ensemble, cette année là a connu 6 milliards d’euros de déduction d’intérêt, dont 37% qui ont été accordé à seulement 25 entreprises. (42) Selon De Tijd, l’intérêt notionnel explique le fait que l’influx de capitaux en Belgique a doublé jusqu’à 72 milliards d’euros en 2006, soit plus que vers la Chine. De Tijd reconnait bien qu’une partie importante de ces capitaux sont des capitaux endormis qui créent à peine des emplois.(43)

    91. Mais la déduction des intérêts notionnels est controversée. En février 2008 déjà, Di Rupo brandissait une liste sur laquelle apparaissait le fait que les entreprises du BEL-20 payaient à peine encore des impôts. (44) Les entreprises publiques sont également passées à la caisse. La Banque nationale a ainsi épargné 17 millions d’euros en taxes ; la SNCB 1,4 millions d’euros et La Poste 8,6 millions d’euros. (45) De plus, le calcul des intérêts notionnels incite à la fraude, pleins d’entreprises cumulant toutes sortes de déductions, d’une telle ampleur que l’administration fiscale a du mettre sur pied un groupe spécial d’intervention pour les combattre. (46) Mais les patrons ne vont pas facilement abandonner leur fleuron. Ils ont même fait appel à la Banque nationale pour relativiser le coût de la mesure. L’avantage fiscal de 2,4 milliards d’euros pour les entreprises est un coût brut, argumente la Banque Nationale. Sur base de « données provisoires » pour 2006, elle conclut, une année et demi plus tard, que le coût net en 2006 se situerait « quelque part entre 140 et 430 millions d’euros ». (47) La Banque admet d’ailleurs qu’une fois que la mesure arrivera à sa vitesse de croisière, le revenu des impôts des entreprises sera fortement réduit. L’administration fiscale donne des chiffres plus précis, elle a calculé le coût net de la mesure à 1,2 milliards d’euros ! (48)

    92. En terme d’effets sur l’emploi, la Banque Nationale estime « possible » que la mesure aie créé 3.000 emplois. Cela fait entre 46.500 et 144.000 euros par emploi. Si nous prenons les chiffres de l’administration fiscale, cela fait même 400.000 euros par emploi. Si on avait dépensé tout cela pour élever le pouvoir d’achat, l’effet sur l’emploi aurait probablement rapporté des dizaines de fois plus, et qui sait si cela n’aurait pas amené plus d’investissement. Le PS et le SP.a devaient bien essayer de corriger le tir quelque part. Le SP.a avec sa proposition d’une mesure anti-abus, par laquelle l’administration fiscale peut refuser la déduction des intérêts notionnels si la seule intention n’est que fiscale sans création d’emploi. Le PS avec sa proposition de taxe sur la valeur ajoutée sur la vente des actions, tel que cela existe en Italie et en France. (49) Les deux propositions sont restées au frigo.

    93. Depuis 1988, le SP.a et le PS se trouvent au gouvernement, pour le SP.a jusqu’en 2007, pour le PS jusqu’à aujourd’hui. Suffisamment de temps donc, si ce n’est que pendant cette même période, de nombreux dossiers de fraude ont dépassé la prescription. Paul Dhaeyer, chef de la section financière du parquet de Bruxelles, ne le cache pas. « Beaucoup d’étrangers considèrent la Belgique comme un paradis fiscal, depuis des années nous sommes en sous-effectif. Il y avait un manque chronique de moyens. C’était un choix politique. » (50) Aussi, dans le scandale récent à « Liechtenstein Global Trust », au moins une cinquantaine de personnes résidant en Belgique seraient impliqué.

    94. Malgré cela, les patrons et leurs représentants politiques trouvent qu’ils paient encore trop. Et donc, Unizo et Voka plaident pour laisser les entités fédérées déterminer le taux d’imposition des entreprises. Ils pensent pouvoir ainsi réduire les impôts des sociétés jusqu’à 20%. Mais ce n’est pas seulement l’impôt des sociétés qui doit être réduit, les impôts sur les personnes physiques, qui doivent entre autres financer les services publics collectifs, sont selon eux trop élevé. Pour le CD&V Hendrik Boogaert, la pression fiscale aux Pays-Bas serait de 40% du PIB contre 44% en Belgique. « Les impôts doivent donc être réduits de 14 milliard d’euros. », conclut-il, ce qui correspond à 4% du PIB (51).

    95. Ceux qui prônent les réductions de charge argumentent toujours les ‘effets de retour’. Ce que cela vaut, nous le savions déjà, mais cela a été récemment confirmé scientifiquement par deux recherches. Ive Marx, sociologue du CSB à Anvers et Kristian Orsini, doctorant à la KUL, ont constaté tous deux que l’effet des baisses des charges est surestimé. Orsini est d’ailleurs tout sauf quelqu’un de gauche. Il plaide pour une limitation des allocations de chômage dans le temps pour remplacer la baisse des charges. (52)

    Des rémunérations généreuses pour les patrons

    96. Ce qui n’échappe pas non plus à l’attention de beaucoup de familles de travailleurs, ce sont les salaires exagérés des managers des entreprises. Ce n’est pas pour rien que les économistes bourgeois parlent d’avidité, surtout lorsque l’on considère la modération salariale qui a été imposée aux travailleurs depuis des années. L’appel pour plus de contrôles devient de plus en plus pressant. Certainement aux Etats-Unis, où un mouvement, soutenu par les démocrates, s’est créé sous le nom « Say on pay », mais également un peu partout dans le monde, y compris en Belgique. Le patron d’Inbev, Brito, a reçu en 2007 une augmentation salariale de 9%, jusqu’à 4,25 millions d’euros, plus ou moins 375.000 euros par mois ou 12.500 euros par jour. Le patron de Fortis, Votron, a reçu une augmentation de 15% à 3,9 millions d’euros. (53) De nouveau, les patrons des entreprises publiques suivent leurs collègues du secteur privé. Didier Bellens de Belgacom a reçu en 2007 une augmentation de 42%, à 2,7 millions d’euros, à peu près 225.000 euros par mois, même si, depuis, il a dû assainir. Cette même année, Johnny Thijs a allégé la Poste de 900.000 euros, soit 75.000 euros par mois, autant que le salaire combiné d’un bon bureau de Poste de distribution. (54)

    97. Pour Vincent Van Quickenborne (VLD), ce sont les affaires des actionnaires, dans lesquelles les autorités ne doivent pas intervenir. C’est ce même Van Quick qui trouve qu’il y a trop de fonctionnaires. Son camarade De Gucht est plus réaliste. « Pendant que les salaires les plus élevés connaissent un pic, il y a une classe moyenne croissante qui est de plus en plus en difficulté. Ceci fait obstacle au ‘plaidoyer de modération’ dans la sécurité sociale. (…) Le sommet des entreprises doit bien se réaliser qu’il ferait mieux lui aussi de modérer afin de ne pas stimuler des tendances populistes ; les gouvernements de l’occident doivent mieux répartir les fruits de la mondialisation, sans détruire ces fruits. » (55) De Gucht est plus ou moins le prototype du libéral, l’homme de la raison, sans dogme, et évidemment franc-maçon. Ce n’est pas un libéral vulgaire comme Van Quick, qui n’a retenu du libéralisme que le droit de se remplir les poches de façon illimitée. Pour De Gucht, le libéralisme n’est pas une carte blanche pour l’avidité. Il estime évidemment la liberté de l’individu et la propriété privée comme étant supérieure à Dieu, à la Nation, ou à la communauté collective, même si cette liberté mine celle des autres. Ce qui est inacceptable selon lui, c’est que le système même qui permet à l’individu de jouir de cette liberté soit miné.

    98. Le problème de De Gucht, c’est que son système libéral est en contradiction avec les lois de fonctionnement du capitalisme. Il a dû lui-même subir cela lorsqu’il a voulu donner des leçons à Kabila et aux autorités congolaises sur la corruption et l’incompétence. Non seulement Leterme a dû intervenir pour sauver les meubles, en fait surtout les contrats lucratifs, mais en plus, son camarade Pierre Chevalier, nommé représentant belge des Nations Unies au Congo, à condition qu’il délaisse son mandat à Forrest International, avait été en cachette renommé administrateur délégué de Forrest Int. Rik Daems, le tueur de la Sabena, un autre camarade de De Gucht et ancien ministre des télécoms (de 1999 à 2003), aurait agit comme consultant en 2007 pour Belgacom au Qatar. Coïncidence ? Nous ne le pensons pas. Un système basé sur la chasse aux profits a comme conséquence inévitable que certains dépassent les lignes quand ils colorient.

    Actions pour plus de salaire

    99. Il n’est donc pas étonnant que beaucoup de travailleurs soient insensibles aux arguments de De Tijd et soient bien d’avis qu’il est temps que les patrons et les autorités y mettent de leur poche. Après une année record en 2005, l’année du Pacte de solidarité entre les générations, avec 669.982 journées de grèves enregistrées, il y a eu une pause de deux ans. (56) Il n’y a pas encore de statistique pour 2008, mais il est pratiquement sûr que la courbe de grève cette année fera un saut. On aurait pu le savoir. En avril 2007, quelques grèves spontanées avaient déjà éclaté à Zaventem et chez les fournisseurs de Ford Genk. Le système de sous-traitance, de fournisseur, de travail intérimaire, de travail à temps partiel ou temporaire, avait été mis sur pied afin de diminuer la force des travailleurs. Mais, comme tout système, celui-ci connait aussi ses limites. Dans une carte blanche dans De Tijd, on souligne le fait que « les travailleurs de la ‘périphérie’ (de la production) savent à peine qui est leur vrai employeur, les syndicats les considèrent comme des forces étrangères, et notre modèle de concertation n’a pas prévu de donner à ces travailleurs le sentiment qu’ils font partie du système. » (57)

    100. Chez les fournisseurs de Ford Genk, on savait très bien qui étaient les vrais employeurs. Le fait que Ford Genk pouvait à peine suivre la demande n’avait pas échappé à sa ‘périphérie’. C’était le bon moment de se mettre en action. A commencer par le 14 janvier 2008, à Syncreon, fournisseur de panneaux de portière et de pots d’échappement. Ils ont obtenu 0,47 centimes d’euros et deux boni de 500 euros. Après cela, la vague de grèves spontanées ne pouvait plus être arrêtée. Fin janvier, la vague avait déjà touché 32 entreprises, dont 14 au Limbourg, mais aussi 6 à Liège et 5 à Anvers. C’était surtout le secteur automobile, avec 12 entreprises, et d’autres entreprises métallurgiques (9) qui ont été touchées. (58) Nous n’avions plus vécu une telle vague de grèves spontanées depuis la fin des années ‘60 et surtout le début des années ‘70. Là aussi, les travailleurs avaient le sentiment qu’ils avaient insuffisamment reçu les fruits de la bonne conjoncture.

    101. Agoria, l’organisation patronale du métal, qualifiait ces grèves « d’illégales ». La FEB et le sommet de la CSC ont tempéré et insistaient surtout sur le fait qu’il fallait sauvegarder le modèle de concertation. (59) Finalement, selon Agoria, 42 entreprises du secteur auraient été confrontées à des revendications salariales supplémentaires. Ce n’est pas une coïncidence. Dans le secteur du métal s’applique ce qu’on appelle les « accords all-in » ou leur version adoucie, les « accords saldo ». (60) Le sommet syndical a réussi à faire dévier les revendications pour plus de salaires vers une vague de bonus. Ce système n’était entré en application qu’un mois auparavant. Il détermine que des entreprises peuvent, à un tarif fiscalement intéressant, payer un bonus jusqu’à 2.200€ nets par an au travailleur. (61) C’est attractif, mais nous devons tenir compte du fait qu’on ne paie pas des cotisations sociales et que c’est une mesure unique. Les syndicalistes les plus combatifs ont donc insistés sur des augmentations salariales réelles, ce qui explique la popularité de la revendication « 1€ en plus par heure ».

    102. En mars, les actions pour l’augmentation du pouvoir d’achat ont commencé à toucher le secteur public. Les 24.000 fonctionnaires de l’administration flamande ont exigé une augmentation du pouvoir d’achat de 5% dans la période 2008-2009 avec des augmentations des primes de fin d’année et une cotisation plus élevées de l’employeur en chèques repas. Par voie du futur ex-ministre Bourgeois, le gouvernement a répondu ne pas avoir les moyens et Kris Peeters a menacé de réquisitions si les blocages des écluses n’étaient pas arrêtés. Parallèlement, ils ont avancé des propositions provocatrices pour rendre possible le travail intérimaire et niveler le statut des travailleurs statutaires au niveau de celui des travailleurs contractuels. Finalement, une augmentation salariale minimale de 2% a été imposée. Plus tard, des actions du personnel des CPAS et des communes ont suivi dans tout le pays.

    Premier mai – élections sociales et semaine d’actions

    103. Il fallait que les dirigeants syndicaux expriment tout cela le premier mai. Dans ses discours, la FGTB a revendiqué une augmentation salariale de 10%… pour les prochaines années. En utilisant pour cela l’argent qui va aujourd’hui à l’intérêt notionnel. Jan Renders du MOC : « certains veulent un gros poisson communautaire, d’autres veulent un gros poisson fiscal. Mais nous voulons un gros poisson social. » Luc Cortebeek : « Avec les employeurs, cet automne, il faut arriver à un accord interprofessionnel qui rende possibles des augmentations salariales. Les profits et les salaires des managers ont aussi augmenté. Celui qui ne veut pas y collaborer peut s’attendre à un hiver chaud. »

    104. A nouveau dans la première partie de ce même mois de mai 2008, 1,4 millions de salariés dans à peu près 6.300 entreprises pouvaient voter pour 142.000 candidats pour les comités de prévention et les conseils d’entreprise. C’est le double des candidats que les partis politiques ont présenté lors des élections communales en 2006, 13% de plus qu’en 2004. (62) Pour la CSC, il y avait 68.000, pour la FGTB, 55.000. Contrairement à la majorité des pays de l’OCDE, le degré de syndicalisation net en Belgique a continué à croitre pendant les années 90. Avec degré de syndicalisation net, nous voulons dire seulement ceux qui sont effectivement au boulot, donc pas les pensionnés ni les chômeurs ni d’autres catégories considéré comme membres mais qui ne paient pas de contribution. (63) Pour 2003, les syndicats donnent les chiffres de 1,6 millions de membres pour la CSC, 1,2 million pour la FGTB, et 223.000 pour la CGSLB.(64)

    105. Bien que 1,4 million d’électeurs soit un record, le degré de couverture des élections sociales diminuerait petit à petit. Selon une étude de Hiva, il y a divers raisons : dans les services publics, des élections sociales ne sont organisées presque nulle part, il y a la PME-tisation de l’économie, qui fait qu’il y a plus d’entreprises qui n’atteignent pas le seuil électoral, et il y a la croissance du travail intérimaire et de la construction où des élections sociales ne sont pas organisées. (65) Le degré de participation serait bien retombé un peu, mais il reste, sans obligation de vote, très élevé : 72,4% pour les comités de prévention et 70,6% pour les Conseils d’entreprises. Des jeunes qui peuvent voter, 42,5% ont participé, contre 52,4% en 2004. Probablement, le degré de participation était plus bas dans ces entreprises où des élections sociales n’étaient pas tenues par le passé. (66)

    106. Comme nous l’avions pensé, les élections sociales n’ont pas amené de très grands glissements. Contrairement à ce qu’elle avait annoncé, la CGSLB n’a de nouveau finalement pas obtenu les 10%. La FGTB a avancé légèrement, tant en Flandre qu’en Wallonie. La CSC a reculé légèrement, mais gagne à Bruxelles. Les listes séparées de cadre, de la Confédération Nationale des Cadres, et les listes individuelles d’entreprises ont fortement perdu. Un phénomène classique lors de l’augmentation de la lutte des classes, c’est que le mouvement entraine différentes couches à différents moments. Pendant qu’une avant-garde tire déjà ses premières conclusions politiques, il y a des couches qui viennent seulement de rejoindre le mouvement et qui reflètent encore la phase précédente du développement. (67) Nous ne pouvons donc pas concentrer notre attention sur la stabilité apparente des résultats généraux. Au contraire, lorsque l’on regarde de plus prêt, la FGTB a gagné dans les entreprises, surtout dans le secteur automobile, où des actions sur le pouvoir d’achat ont été menées plus tôt dans l’année. En général, les délégations syndicales qui sont connues comme étant combatives ont gagné, indépendamment du syndicat auquel elles adhèrent.

    107. En juin, les délégations nouvellement élues étaient déjà confrontées à un test important, lorsque les directions syndicales ont annoncé une semaine nationale d’action pour le pouvoir d’achat. A peu près partout, la mobilisation était très forte, 80.000 travailleurs au total ont répondu à l’appel. Celui qui prétendait que le débat sur le pouvoir d’achat ne vivait pas en Wallonie a eu sa réponse. Les manifestations à Liège, Mons, Namur et même Arlon, étaient systématiquement plus grandes qu’en Flandre. A Anvers et à Hasselt, tout comme en Wallonie, différentes entreprises ont spontanément fait grève. La présence de beaucoup de femmes, mais surtout de jeunes, souvent élus pour la première fois, démontre qu’une nouvelle couche combative a pris sa place. Rarement nous avons reçu une telle ouverture, tant pour notre programme que pour notre appel aux syndicats de casser les liens avec leurs partenaires politiques traditionnels. Là où les syndicats ont optés pour des actions « nouvelles », telles que « Foodstock » à Gand ou des ballades en vélo ou d’autres inventions de ce type à Bruges et à Courtrai, la mobilisation était faible. La méthode d’action ne correspondait pas à la demande de la base.

    Le droit de grève restreint ?

    108. « Les actions d’une minorité pour plus de salaire sont absurdes » déclare Caroline Ven, anciennement active dans le service d’étude de l’organisation patronale flamande VKW, et désormais économiste en chef du Cabinet du Premier Ministre Leterme, qui est pourtant officiellement de tendance ACW (MOC en Flandre). (68) « Ils n’ont jamais été aussi forts et pourtant ils n’ont jamais eu aussi peu à dire », déclare un élu de la chambre du CD&V- qui n’a pas de cachet ACW. (69) Caroline Ven et les patrons essayent, en fait, de toujours présenter les actions comme de l’aventurisme d’une minorité bruyante, contre laquelle la majorité silencieuse n’ose pas se rebeller. De cette manière, on prépare l’opinion publique aux restrictions sur le droit de grève.

    109. En avril 2007, le personnel de sécurité et les pompiers de l’aéroport de Zaventem ont commencé une grève spontanée. 26.000 passagers ont été bloqués. L’avocat de droite Peter Cafmeyer qui, pendant le Pacte des Générations, était déjà le conseiller juridique des patrons ayant subis des pertes à cause de la grève, s’est attaqué à cette grève. Cafmeyer a réussi à laisser payer 500 passagers pour plaider une affaire contre 46 employés et CSC-Transcom. Pour retrouver l’identité de ces 46 employés, il a fait appel à des détectives privés. Cafmeyer a agi de sa propre initiative et il est peu probable qu’il gagnera cette affaire qui a été reportée à la fin de l’année 2009. Cela n’empêche pas Rudi Thomaes de la FEB d’espérer un procès, selon ses propres dires. « Une condamnation ferait réfléchir les autres avant qu’ils ne passent à des actions inacceptables ».

    110. Selon Thomaes, ce n’est pas une atteinte au droit de grève. (70) Pour lui, le droit de grève doit exister, mais doit être réglementé à un tel point que dans la pratique il ne reste presque plus rien. Mais cela aussi à ses limites. Ainsi Guy Cox, directeur général du service de médiation collective du travail, estime que les procédures de concertation moyennes prennent tellement de temps que la pression de la base devient trop forte. (71) D’une manière ou d’une autre, les grèves spontanées sont attaquées. En août 2007, Ryanair a menacé de partir de Charleroi si les syndicats n’acceptaient pas un service minimum, et ils ont également exigé une indemnisation immédiate d’un million d’euros pour la grève spontanée du 15 juin. En mai 2008, le Ministre wallon du transport, André Antoine, a jugé une grève de la TEC comme étant une habitude « inadmissible ». Presque au même moment, l’Open VLD a plaidé pour la prestation d’un service minimum à la SNCB. Pour Vervotte, Ministre responsable des Services Publics, c’est une mesure “inapplicable”, mais elle a affirmé en même temps vouloir discuter sur des procédures plus strictes, plus claires et plus responsables des mouvements spontanés. (72)

    111. En août 2008, la discussion est revenue sur table à la suite d’une grève spontanée des bagagistes. Dans un premier temps, toutes les responsabilités étaient mises sur le dos des grévistes mais, pour une fois, l’attention de la presse a commencé à se déplacer également sur les conditions de travail intenables. (73) Même De Tijd qui, dans son édito du 12 août avait plaidé pour dresser une liste des services stratégiques, a dû remettre une balance dans le journal du samedi. « Ce qui est arrivé cette semaine à Zaventem est la conséquence du rachat de l’activité de l’aéroport… La sous-traitance a aussi des inconvénients. Que devons-nous proposer par un service minimum dans ce cas ? Que seuls les bagages des passagers de la classe Business soient emmenés ? D’ailleurs, le traitement des bagages est-il un service essentiel ? Non. Le trafic aérien n’est plus une affaire du gouvernement, il a été privatisé il y a déjà longtemps. » (74) Compare cette attitude à l’accord que les syndicats ont signé avec la direction de la SNCB, accord qui dit notamment qu’une grève spontanée peut être une raison acceptable pour un licenciement.


    (1) De Tijd, 25 juillet 2008, Financieële crisis kost Belgiëen 50 miljard euro

    (2) De Tijd, 28 juillet 2007, Belgiëen samen 71 miljard rijker dan verwacht.

    (3) Le Soir, 25 juin 2008, La Belgique abrite 72.000 millionaires.

    (4) De Tijd, 5 avril 2008, Belgische bedrijven geven aandeelhouders 10 miljard

    (5) Le Soir, 2 juillet 2008, La pire chute depuis 21 ans.

    (6) Le Soir, 29 juillet 2008, L’action Fortis vaut une demi G-Banque.

    (7) De Tijd, 20 septembre 2008, “Grote ontslagronde bij Belgische banken onvermijdbaar”.

    (8) BNB, indicateur économique pour la Belgique, 19 septembre 2008.

    (9) De Tijd, 8 janvier 2008, Ondernemingen trekken investeringen dit jaar op

    (10) The Economist, country briefings, fact sheet par pays

    (11) Bureau fédéral du Plan, communiqué 12 septembre 2008.

    (12) De Tijd, 10 septembre 2008, Belgische afzetmarkten op rand van recessie

    (13) KBC épargner et investir, 5 septembre 2008, Wanneer de zon schijnt in New York …

    (14) Bureau fédéral du Plan, communiqué 12 septembre 2008.

    (15) De Tijd, 4 avril 2008, Economen verwachten afvlakking huizenprijzen

    (16) De Tijd, 26 août 2008, Hogere vastgoedprijzen zijn statistische illusie et Le Soir, 26 augustus 2008, Prix en hausse, baisse en cours

    (17) De Tijd, 20 septembre 2008, ‘Grote ontslagronde bij Belgische banken onvermijdbaar’

    (18) De Tijd, 26 août 2008, De onvermijdelijke correctie op de vastgoedmarkt is begonnen.

    (19) De Tijd, 4 avril 2008, Economen verwachten afvlakking huizenprijzen

    (20) Bureau fédéral du Plan, communiqué 12 septembre 2008

    (21) Financial Times, 7 septembre 2008, Government lies and squishy ethics

    (22) La liste complète des produits et de leur poids dans le panier de l’index peut être trouvé sur le site du Service Public fédéral sous index des prix à la consommation ou ici : http://www.statbel.fgov.be/indicators/cpi/cpi1_fr.pdf

    (23) BBSH Bouwen aan Vertrouwen in de Woningmarkt, Ruimte geven, bescherming bieden Een visie op de woningmarkt

    (24) De Morgen, 30 juillet 2008, Woning huren wordt voor gezinnen onbetaalbaar

    (25) Le Soir, 30 août 2008, La crise cogne d’abord les précaires.

    (26) Bureau fédéral du Plan, communiqué 12 septembre 2008

    (27) Le Soir, 13 octobre 2007, Le gaz en hausse (épisode II)

    (28) De Morgen, 23 février 2008, Gas en electriciteit toch fors duurder

    (29) De tijd, 19 janvier 2008, Creg vraagt lager btw-tarief voor energie

    (30) La Libre, 12 avril 2008, Selon Olivier Derruine van de studiedienst van het CSC

    (31) Le Soir, 19 septembre 2008, Le prix du gaz enflera encore

    (32) L’édito de De Tijd du 30 janvier 2008 a pour titre: “inflatiehysterie » et l’éditorialiste conclu : « il est important de ne pas prendre des mesures hâtives. Puisque jusqu’ici, il n’y a vraiment pas de raison de créer de l’hystérie sur l’inflation. »

    (33) BNB, Indicateurs économiques pour la Belgique, 19 septembre 2008

    (34) De Tijd, 23 fevrier 2008, Belg betaalt levensmiddelen te duur

    (35) Le Soir, 31 juillet 2008, Pas d vacances pour l’inflation

    (36) De Tijd, 22 mai 2008, Negen op de tien Belgen schroeven uitgaven terug

    (37) De Tijd, 14 fevrier 2008, Bedrijfswinsten stijgen tot record van 79 miljard euro, sur base du rapport de la Banque Nationale

    (38) Rapport annuel de la Banque Nationale, 2007, p. 98 tableau 25

    (39) Les centres de coordination ont été introduits à la fin de l’année 1982 comme un régime fiscal favorable aux entreprises belges ou aux multinationales avec des filiales belges. Pour en illustrer l’importance : le 31 décembre 1997, 236 centres de coordination ont assuré 11,4% des profits avant impôt et 13,5% après impôt pour l’ensemble des entreprises belges. Ces mêmes centres de coordination n’ont pourtant payé que 0,82% des impôts de sociétés. Voir : taxincentives : analyse van de impact van notionele interestaftrek – Riet Janssens – http://statbel.fgov.be/studies/ac735_nl.pdf

    (40) Rapport annuel de la Banque Nationale, 2007, p. 159

    (41) De Tijd, 27 octobre 2007, Didier Reynders, vader van de notionele intrestaftrek

    (42) De Tijd, 20 août 2008, Bijna helft firma’s pas notionele rente toe

    (43) De Tijd, 27 octobre 2007, Heldere belastingen

    (44) De Tijd, 12 février 2008, Bel 20’ers betalen amper belastingen

    (45) Le Soir, 5 mars 2008, Les entreprises publiques profitent des notionnels

    (46) De Tijd, 27 octobre 2007, Van ‘double dip’ tot misbruik

    (47) Le Soir, 24 juillet 2008, La BNB clémente avec les intérêts notionnels

    (48) De Tijd, 20 août 2008, Bijna helft firma’s pas notionele rente toe

    (49) De Tijd, 25 janvier 2008, ‘U vernietigt de notionele intrestaftrek’

    (50) De Tijd, 31 mai 2008, ‘Achterstand was politiek keuze’

    (51) De Tijd, 5 avril 2008, ‘Belastingen moeten met 14 miljard euro omlaag’

    (52) DeTijd, 7 mai 2008, Effect lastenverlaging wordt overschat

    (53) Le Soir, 3 avril 2008, Salaire des patrons: “une affaire des actionnaires.”

    (54) L’Echo, 15 mars 2008, Les salaires fous du secteur public

    (55) De Morgen, 24 mars 2007, Karel De Gucht bindt de strijd aan met de toplonen.

    (56) Site des autorités Fédérales, grèves

    (57) De Tijd, 19 avril 2007, De opstand van de periferie

    (58) De Tijd, 31 janvier 2008, Stakingsgolf januari trof 32 privebedrijven

    (59) De Tijd, 31 janvier 2008, ACV en VBO willen vermijden dat stakingsgolf escaleert

    (60) Dans les accords all-in, la norme salariale est un plafond absolu qui ne peut pas être dépassé, même pas si l’index-santé dépasse la norme salariale. Dans des accords saldo, le même principe s’applique, mais sans pouvoir toucher à l’indexation. Dans De Standaard du 13 avril 2008, un exemple concret est calculé. (61) De Standaard, 28 septembre 2007, Akkoord over loonbonus

    (62) De Tijd, 30 avril 2008, 13 procent meer kandidaten voor sociale verkiezingen

    (63) Monthly Labour Review, janvier 2006, Union membership statistics in 24 countries

    (64) Le Soir, 5 mei 2008, Les Belges et le syndicat: l’amour-haine

    (65) De Tijd, 4 april 2008, Amper een op drie kan stemmen

    (66) De Tijd, 11 september 2008, Liberale vakbond haalt 10 procent toch niet

    (67) Trotsky explique ce phénomène dans son livre sur la révolution russe lorsqu’il décrit la situation en juin 1917. C’était au moment où les partis du gouvernement provisoire, qui avaient été portés au pouvoir lors de la révolution de février, perdaient le soutien des travailleurs et des soldats les plus actifs et conscients à l’avantage des bolcheviks, du moins dans les grandes villes. La surprise était donc grande, surtout chez elle-même, lorsque le plus grand parti gouvernementale, les SRs, gagnaient les élections avec plus de 60%. Trotsky dit là-dessus que la révolution de février avait provoqué beaucoup de poussière et avait fait un impact sur, avec quelques mois de retards, beaucoup de valets de maisons et d’écuries. Ceux-ci adhéraient logiquement chez ceux que la révolution de février aveint mis au pouvoir, c’est-à-dire les sociaux-révolutionnaires. Ils n’étaient pas encore conscients du frein que ce parti représentait, ceci ne serait compris généralement qu’après le coup échoué du général Kornilov en août 1917. Trotsky remarquait que les révolutionnaires doivent baser leur politique sur les couches les plus actives et conscientes parce que celles-ci reflètent le mieux les conditions réelles et ne doivent donc pas se baser sur les couches qui ne commencent à s’intéresser au changement qu’avec un certain retard.

    (68) De Tijd, 10 mai 2008, ‘Acties van een minderheid voor meer loon zijn absurd’

    (69) De Standaard, 27 avril 2008, Wij zijn allen ACW’er

    (70) Le Soir, 28 avril 2008, Raid surprise sur grève sauvage

    (71) De Tijd, 21 avril 2007, Hoe wild is wilde stakingsactie

    (72) Le Soir, 21 mai 2008, Grève: les priorités de la ministre.

    (73) Le Soir, 12 août 2008, Pourquoi les bagagistes débrayent en plein coup de feu.

    (74) De Tijd, 16 août 2008, De cruciale rol van bagagesjouwers

  • Occupation d’usine à Chicago

    Un exemple militant de la voie à suivre pour le mouvement ouvrier

    L’après-midi du vendredi 5 décembre, les 260 ouvriers de l’usine Chicago’s Republic Window and Door ont été mis au courant de la fermeture de l’usine et de leur licenciement. Les arriérés de retard en salaire et en vacance s’élèvent à approximativement 1.5 million de dollars. Il y a même des rumeurs selon lesquelles leurs chèques de paie les plus récents ont été refusés. Joyeux Noël.

    Will Soto, Socalist Alternative (CIO-USA)

    Il ne semble pas que la compagnie se soit totalement effondrée. Les travailleurs pensent plutôt que la compagnie essaye de déplacer la production vers un autre Etat où les salaires sont inférieurs.

    L’entreprise pensait qu’elle avait juste à mettre tout le monde à la porte, sans prêter attention aux lois concernant les documents officiels ainsi qu’aux salaires et vacances en retard. Les travailleurs ont vu les choses différemment et ont occupé l’usine.

    Un sit-in a commencé l’après-midi du vendredi 5 décembre. La police est arrivée, mais est ensuite repartie sans tenter de forcer le passage. Les travailleurs sont très bien organisés et l’occupation semble fort disciplinée et coordonnée. Ils occupent l’usine vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec trois équipes. Quelques travailleurs sont installés dans l’usine avec leurs familles.

    Tous les visiteurs sur le terrain de l’usine sont escortés et les travailleurs gardent un œil sur tout. La compagnie a déjà emballé et emporté certaines machines, mais les travailleurs savent où elles sont et ils vérifient les machines toutes les quelques heures. Beaucoup d’habitants de Chicago aident en faisant des donations d’argent, de nourriture et de sacs de couchage. Ils ont eu un meeting de plusieurs centaines de personnes à l’extérieur du bâtiment le samedi 6 décembre.

    Cette occupation d’usine est une cassure nette bienvenue dans la tendance aux fermetures et aux licenciements sans lutte. La compagnie déclare qu’elle ne peut pas se permettre de payer les travailleurs parce que la Bank of America ne prolongera pas le crédit. La Bank of América affirme que les dettes de la compagnie ne sont pas son problème. Les travailleurs éprouvent une colère justifiée contre la direction de l’usine et la banque. Cette même Bank of America fait partie des géants financiers qui ont fait la queue pour recevoir des milliards de dollars de renflouement de la part du gouvernement fédéral américain. Les travailleurs se demandent : où est notre renflouement ?

    Une action qui montre le chemin à suivre

    Il n’y a pas de question à avoir : cette étape courageusement franchie par ces travailleurs est un grand pas en avant. Ils méritent le soutien de tous les travailleurs et du mouvement ouvrier entier. Socialist Alternative (notre section-sœur aux Etats-Unis) salue ces travailleurs et soutient l’occupation. Ce pays n’a pas vu beaucoup d’occupations d’usines ce dernier demi-siècle. Il y a 70 ans, dans le Michigan, que l’United Auto Workers a lutté et remporté la grève de Flint de 1936-37. Après quarante jours de lutte amère, ils ont vaincu la compagnie et ont inspiré une vague d’occupation à travers le pays. Beaucoup de dirigeants de cette occupation connaissent certainement cette histoire et se préparent à la possibilité d’une longue occupation.

    Il est important de noter l’histoire unique du syndicat auquel ces travailleurs sont affiliés. L’United Electrical Workers est un syndicat indépendant sorti de la fédération syndicale du CIO (Congress of Industrials Organisations) et des traditions radicales du syndicalisme industriel des années ‘30. À la différence de certaines directions syndicales corrompues, ses représentants n’obtiennent pas de salaires exorbitants. Pendant les années ‘90, ils ont soutenu la création d’un parti des travailleurs indépendant. La devise du syndicat est «les membres dirigent ce syndicat.» Les travailleurs ont voté démocratiquement pour occuper l’usine.

    L’UE et le Conseil du Travail de Chicago doivent construire publiquement le soutien à cette grève de la part des travailleurs et des autres syndicats de la région de Chicago. Cette action héroïque par ces travailleurs pourrait être employée pour revitaliser le mouvement ouvrier à Chicago et pour établir une nouvelle tradition de militantisme parmi la classe ouvrière.

    Cette lutte sera une inspiration pour d’autres travailleurs sur la nécessité de lutter contre les assainissements et les licenciements. Le mouvement ouvrier doit combattre chaque licenciement et assainissement en expliquant que si la propriété publique peut être utilisée pour protéger les riches investisseurs, alors les travailleurs doivent bénéficier de ces mêmes politiques.

    Ces travailleurs sont unis et déterminés pour gagner tous ce qu’ils peuvent. La victoire est à peine garantie, mais les occupations d’usines sont une tactique éprouvée employée partout autour du monde par des travailleurs qui n’ont souvent aucun autre recours contre les licenciements et les fermetures. Mais de façon plus importante, les occupations d’usine affirment le droit des travailleurs à contrôler leur propre lieu de travail. Comme l’a dit un travailleur en plaisantant samedi : «nous avons beaucoup, nous avons le bâtiment entier.»

  • Aidez-nous à mettre le MAS à l’ordre du jour !

    Du 12 au 14 décembre, le Mouvement pour une Alternative Socialiste va vivre son 11e Congrès national depuis février 1992. Ce Congrès s’inscrit dans une période de crise profonde pour le capitalisme. La bourgeoisie essaie par tous les moyens possibles de sauver son système, en recourant largement aux moyens de l’Etat, rompant ainsi avec ses propres règles néolibérales.

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    > Version pdf de cet appel
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    Les travailleurs et leur famille sont clairement les grandes victimes de cette crise, et tous les moyens invoqués par la classe dominante pour soi-disant sauver l’économie ne font que pousser un peu plus loin dans la misère l’immense majorité de la population mondiale. Aux Etats-Unis, des centaines de milliards de dollars ont été injectés par l’Etat pour renflouer les banques, pour collectiviser les pertes. Les travailleurs américains n’ont à nouveau pas eu droit à leur part du gâteau et des centaines de milliers d’entre eux ont été forcés de quitter leurs maisons, qu’ils ne pouvaient plus payer. La crise financière a peu à peu fait place à la crise économique avec des centaines de milliers de pertes d’emplois perdus dans les secteurs de la finance, de l’automobile, de l’aéronautique, de la construction, du transport, des soins de santé,…

    En Belgique aussi, le gouvernement, habituellement si frileux pour dépenser le moindre euro, n’a pas hésité cinq minutes avant d’offrir plus de 20 milliards d’euros au total pour sauver Fortis, Dexia, Ethias et KBC de la faillite. Et pour sauver l’emploi et en créer de nouveaux ? Pour assurer des allocations décentes ? Pour assurer des soins de santé, des logements, des transports publics de qualité et à prix abordable ? Pas un euro, bien évidemment.

    Depuis le début de cette année, les travailleurs luttent pour des salaires et des allocations plus élevées. Nous avons vécu une énorme vague de grèves et d’actions spontanées dans les secteurs métallurgique, pharmaceutique, pétrochimique, alimentaire, de la fonction publique, du non-marchand,… et ceci malgré le frein sur ces actions joué par les directions syndicales. La combativité est donc certainement présente. Une combativité à laquelle le patronat répond d’ailleurs de plus en plus avec des attaques sur le droit de grève, notamment par l’envoi d’huissiers et de policiers pour casser les piquets.

    Ces 20 dernières années, le socialisme a été poussé dans la défensive. Pendant toute cette période, nous avons mené une lutte pour sauvegarder nos idées, notre programme. Mais les idées socialistes sont aujourd’hui en train de ressurgir. En Allemagne, les ventes du « Capital » de Karl Marx ont déjà triplé cette année par rapport à 2005. Actuellement, selon les sondages, Die Linke pourrait devenir la troisième force politique du pays. De temps en temps, la gauche a droit à plus d’attention médiatique, comme le montre la couverture actuelle et l’engouement pour Olivier Besancenot en France, crédité de 13% dans certains sondages. Mais cela ne remplace pas la nécessité d’un parti capable de réellement changer la société. En Amérique latine, nous avons toujours dit que la position de Chavez n’était pas tenable à long terme sur base capitaliste. Avec la crise actuelle, le choix à faire entre capitalisme et socialisme va devenir sans cesse plus insistant.

    Le CIO et le MAS/LSP doivent donc plus que jamais mettre leurs idées et leur programme en avant. Cette nouvelle période nécessite un caractère plus affirmé de notre parti, un profil plus clair. C’est la raison pour laquelle, lors du Congrès national, nous voulons aussi donner un nom de parti à notre organisation du côté francophone. Et c’est aussi pourquoi, à partir d’aujourd’hui, nous devons plus investir dans la propagande.

    Nous devons aujourd’hui construire nos forces pour être capable d’accueillir ces jeunes et ces travailleurs qui se radicaliseront demain. Mais pour ce faire, nous avons évidemment besoin de temps, d’énergie, mais aussi d’argent. Nos membres ont déjà fait d’énormes efforts sur ces trois terrains et nous avons toujours pu compter sur le soutien régulier de beaucoup de sympathisants. Mais de nouveaux besoins s’imposent et nous espérons donc, à l’occasion de notre Congrès National, que nous pourrons à nouveau compter sur votre soutien.

    En 2006 et 2007, nous avons pu récolter plus de 15.000€ de dons lors de nos Conférences. A chaque fois, nous avons pu compter sur beaucoup de dons petits et moyens, mais aussi sur certains plus élevés. Cette année, notre objectif est de récolter au minimum le même montant.

    Une partie de cette somme sera directement utilisée à la construction de notre Internationale, le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO). Par exemple, 500€ seront immédiatement versés pour la construction de nos sections en Amérique Latine et 3.000€ seront donnés à l’appel financier général du CIO.

    Dans le contexte actuel, nos sections-sœurs à travers le monde ont un énorme potentiel de croissance et des tâches immenses à accomplir. En Amérique Latine, évidemment, mais aussi aux Etats-Unis, où l’énorme enthousiasme autour de la campagne de Barack Obama témoigne d’un regain d’intérêt pour le débat politique, pour une politique qui défende les travailleurs. Sans aucune illusion de leur part dans le nouveau président démocrate, nos camarades ont devant eux, là-bas aussi, une ouverture pour les idées socialistes. En Asie et en Afrique aussi, là où, entre autres, la famine et la malnutrition, aggravée par la crise alimentaire, a causé et cause toujours la mort de millions de personnes, et où la crise économique actuelle fait des ravages, parallèlement à l’augmentation des conflits interethniques.

    Mais les tâches en Europe et dans notre pays ne sont pas moins grandes. L’argent récolté grâce à cet appel financier servira donc aussi à la construction du MAS/LSP. Par exemple, les élections approchant, lors de notre campagne préélectorale qui consiste en la récolte de milliers de signatures de parrainage nécessaires, nous voulons être capable de distribuer un tract du même type que celui de notre campagne autour du pouvoir d’achat et de l’emploi.

    Nous appelons donc tous nos membres à faire un don (ou une promesse de don) le plus grande possible et/ou, pour ceux qui le peuvent, à augmenter leur cotisation mensuelle de membre. Nous faisons également cet appel à nos sympathisants. Si vous le voulez et le pouvez, faites un don ou une contribution mensuelle de sympathisant via un ordre permanent bancaire mensuel de soutien au MAS/LSP. Avec cet appel, nous ne te demandons ni plus ni moins que de t’investir dans la construction d’un parti avec l’objectif de réaliser ensemble une société socialiste.

  • Congrès du Parti Communiste du Québec (PCQ)

    Des débats démocratiques et ouverts

    Dans sa lutte contre le règne du monde des affaires, le mouvement ouvrier ne peut se permettre de négliger l’internationalisme ni la solidarité internationale. Ceci permet de comprendre pourquoi le MAS/LSP est affilié au Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO, Comittee for a Workers’ International – CWI). Qui plus est, le CIO et ses sections maintiennent une correspondance animée avec d’autres groupes ailleurs dans le monde, tels que le Parti Communiste du Québec (PCQ).

    Eric Byl, MAS/LSP (section belge du CIO)

    Eric Byl op het congres van de PCQ

    J’ai eu la chance de représenter le CIO au 16ème Congrès du PCQ. J’y étais accompagné d’un camarade de Toronto, qui représentait la section canadienne du CIO. Le congrès s’est tenu au Québec, un pays qui a la taille d’un continent, mais qui n’est peuplé que de 7 millions d’habitants. Je renvoie les lecteurs au site du PCQ pour y trouver les photos du cadre splendide dans lequel s’est déroulé le Congrès. Il m’a fallu un peu de temps pour m’adapter au dialecte québécois, mais j’ai été reçu avec une chaleur qui n’était pas sans me rappeler celles des Flamands, des Wallons, des Ecossais, des Bretons ou des Gallois.

    Qu’est ce que le PCQ ?

    Le PCQ a pour origine les partis communistes traditionnels, et s’est également inscrit dans la tradition maoïste. Parmi sa jeune génération, on trouve un intérêt croissant pour les idées du trotskysme. Le PCQ admet ne pas voir atteint la même clarté politique que le MAS ou le CIO. Le parti évolue. Cette évolution se déroule, cependant, de la manière la plus sincère, ouverte, et démocratique qui soit, sans aucune manœuvre sous-jacente. Tout au long du Congrès, j’ai été agréablement surpris par la volonté de considérer chaque proposition et d’adapter chaque formulation afin d’en ôter les obstacles.

    Ce n’est qu’en 2006 que le PCQ a supprimé toute référence au « marxisme-léninisme » de ses statuts. C’est généralement de cette tendance que se réclament les adeptes du « socialisme dans un seul pays », du parti unique et de la discipline autoritaire au sein du parti, ce qui n’a rien à voir avec Marx ni avec Lénine. En supprimant ces références, le PCQ a insisté sur son objectif d’atteindre un socialisme démocratique. C’est également ainsi qu’il se définit dans son journal mensuel, La Voix du Peuple: «révolutionnaire, avec comme objectif le remplacement du capitalisme mondial par un socialisme démocratique».

    Dans la même présentation, le PCQ écrit qu’il désire se battre pour toute amélioration de la condition des travailleurs, mais argumente aussi en faveur de l’abolition de l’exploitation. Le PCQ appelle au «démantèlement des Etats capitalistes du Canada et des Etats-Unis», et à leur remplacement par des «Etats ouvriers basés sur des conseils des travailleurs démocratiquement élus».«Ces Etats ouvriers pourraient alors combiner leurs forces dans le cadre d’une nouvelle confédération, basée cette fois non pas sur l’exploitation, mais sur la coopération sur une base volontaire». Toutes ces déclarations sont des idées avec lesquelles peuvent s’identifier le MAS/LSP et le CIO. Le PCQ est en faveur d’un Québec indépendant et socialiste, dans le cadre d’une confédération socialiste des Etats nord-américains.

    En même temps, le PCQ doit admettre qu’il a besoin de plus de temps pour arriver à une vision commune en ce qui concerne les événements passés en Union Soviétique et en Chine, en 1956 en Hongrie et en 1968 à Prague. De même quant aux discussions autour du «socialisme dans un seul pays», des fronts populaires par contraste au front unique contre le fascisme, et en ce qui concerne le besoin d’un programme de transition. Le processus de discussions approfondies sur les perspectives politiques, économiques et sociales pour définir à partir de ces discussions quelles sont les tâches concrètes du moment – qui est une tradition chez le CIO et le MAS/LSP – est inconnu du PCQ.

    Toutefois, une similarité importante existe avec le CIO et le MAS/LSP, dans le sens que le PCQ avance lui aussi la nécessité d’un nouveau parti large des travailleurs. Tout comme le CIO et le MAS/LSP, le PCQ fait tout son possible pour promouvoir la création d’un nouveau parti des travailleurs. Que ce soit dans la création du CAP en Belgique, de la fondation du PSoL au Brésil, et dans l’édification du WASG en Allemagne, les sections du CIO ont à chaque fois joué un rôle important. De la même manière, le PCQ a mis sa force militante à contribution dans la fondation de l’Union des Forces Progressistes (UFP) et, ensuite, de Québec Solidaire (QS), qui compte aujourd’hui environ 6500 membres.

    Ouvert et démocratique

    De la même manière que les différentes sections du CIO, le PCQ a fait l’expérience d’autres groupes qui parlaient d’ «unité de la gauche» mais gardaient leurs militants bien en sécurité hors de tout. En outre, d’autres groupes ont tenté d’imposer toutes sortes de restrictions au PCQ, expérience familière au CIO. Comme pour le SAV (section allemande du CIO) dans Die Linke, et le MAS/LSP dans l’alliance UAG (Une Autre Gauche) puis dans le CAP, le PCQ a dû mener une lutte constante au sein de l’UFP, puis également dans QS, pour pouvoir préserver son droit à continuer d’exister en tant qu’organisation indépendante. Heureusement, au sein de l’UFP, ce débat a été mené de manière démocratique et a été soumis au vote d’un Congrès lors duquel une large majorité des trois cents délégués s’est déclarée en faveur des droits du PCQ. Une autre ressemblance frappante est que le PCQ a été confronté aux manœuvres d’autres groupes. Contrairement au PCQ, certains groupes préférèrent ne pas se battre pour le droit à une existence indépendante, tout en manœuvrant afin de faire élire leurs membres soi-disant «indépendants» aux organes exécutifs de QS.

    Le PCQ est un petit parti, et toujours en cours d’évolution. En ce qui concerne la construction et la clarification des idées, beaucoup doit encore être fait, mais ce parti est bien positionné, surtout eu égard à sa longue expérience au sein de l’UFP et de QS. Son attitude dans QS lui a gagné du respect. Son honnêteté, son ouverture et son attitude démocratique lors des débats internes sont des accomplissements immenses, pour lesquels il mérite de l’admiration. Nous allons rechercher une intensification du processus d’échange d’idées et de solidarité avec le PCQ dans la période à venir.

  • Le droit de choisir… pour le patron

    Immigration économique choisie

    Le gouvernement fédéral vient de décider de créer un « service pour la migration économique » au sein de l’Office des Étrangers. Ce « nouveau service » a vu le jour cet été, alors que la ministre de l’Immigration n’a toujours pas présenté une « circulaire de régularisation » malgré les mobilisations répétées des sans-papiers. Cette évolution de la politique d’immigration dans notre pays ne laisse rien présager de bon ni pour les sans-papiers ni pour les travailleurs belges.

    Par Jean Peltier (MAS-Liège) et Pablo (MAS-BXL)

    Pourquoi donc le gouvernement souhaite-t-il tellement stimuler une « immigration économique » alors qu’il passe son temps à organiser depuis des années un tri impitoyable entre « vrais » réfugiés politiques – qu’il accepte d’accueillir au compte-goutte – et « mauvais « réfugiés économiques » qu’il fait réexpédier vers leur pays toutes affaires cessantes ? Sont-ils devenus fous au 16, rue de la Loi ? Pas du tout. C’est juste que, pour les patrons et les politiciens, les immigrés qui arrivent chez nous ne sont pas les bons !

    Les « choisis » et les autres

    Les patrons ne sont pas xénophobes : ils aiment bien certains étrangers. Ce n’est pas une question de couleur ou de religion. Ceux qu’ils aiment, ce sont ceux qui peuvent venir boucher les trous dans l’économie. Et ceux-là sont de deux types.

    Il y a d’abord les travailleurs qualifiés qui peuvent venir combler des manques dans des secteurs en manque de main d’œuvre qualifiée (comme la santé) et très qualifiée (comme l’informatique de pointe). A ceux-là, gouvernement et patronat sont prêts à donner des papiers – provisoires – et un salaire décent. Il s’agit en effet de faire la chasse à des « cerveaux » qui, sans cela, pourraient être tentés plus facilement par des grands pays comme la France, la Grande-Bretagne ou les Etats-Unis qui appliquent cette politique depuis plus longtemps.

    Si cette immigration est « choisie », c’est surtout par le pays d’ « accueil » qui ne doit pas assurer la formation de base du travailleur (c’est un pays du monde néocolonial qui en a payé le haut coût), qui en retire le bénéfice immédiat et qui renvoie le colis au pays d’origine quand la pénurie est comblée. L’ « immigration choisie », c’est le contraire de la bien connue délocalisation d’entreprise – dans ce cas-ci, on délocalise la main d’œuvre pour permettre aux entreprises belges de rester dans le pays – mais le but est le même : faire un max de profit en payant le moins possible.

    Il y a aussi une autre catégorie d’étrangers que les patrons aiment bien : ceux qu’ils peuvent faire travailler en noir, à bas salaires et sans sécurité sociale et d’emploi dans les jobs peu ou pas qualifiés de certains secteurs (bâtiment, horeca). Mais qu’est-ce qui peut bien forcer un étranger de travailler dans de telles conditions ? Mais simplement le fait de ne pas avoir de papiers et de vivre dans la peur d’un contrôle de police, prélude à l’expulsion du pays. C’est pourquoi le patronat et les libéraux sont tellement opposés à une régularisation générale des sans-papiers : parce qu’elle les priverait rapidement d’une main d’œuvre qu’ils peuvent exploiter si facilement dans les conditions actuelles.

    Et pour les autres, ceux qui ne sont ni des « cerveaux » ni des « petites mains » ? Et bien, comme personne ne les a appelés ici, il n’y a aucune raison de se gêner pour les renvoyer chez eux… ce qui est en plus un excellent moyen de rappeler aux « privilégiés » qu’ils ont intérêt à se tenir à carreau.

    Echec assuré

    Cette politique d’immigration sélective pose – au moins – deux questions. Est-elle tenable (pour les patrons et leurs politiciens) ? Est-elle acceptable (pour tous les autres) ? La réponse est deux fois non.

    L’Europe et les USA peuvent blinder leurs législations contre l’immigration clandestine, construire des murs et des camps de détention aux frontières et bourrer les charters de retour, ils n’arriveront jamais à contenir la pression de l’immigration. Parce que les problèmes du monde néocolonial (créés par le pillage colonial, puis par l’exploitation forcenée de ces pays au profit des multinationales et des Etats occidentaux) sont colossaux : sous-développement économique, surpopulation, pauvreté massive,… Parce que la croissance que connaissent une partie de ces pays est tellement inégalitaire qu’elle ne permet pas ni de rattraper le retard sur les puissances capitalistes développées ni de résoudre les problèmes sociaux dans ces pays. Parce qu’au cours de ces derniers mois, la crise économique et la spéculation sur les produits alimentaires ont aggravé la situation pour des centaines de millions de gens (1). Et parce que tout cela n’offre souvent comme perspective à des dizaines de millions de jeunes que de tenter de gagner le Nord afin d’y trouver un boulot et un salaire pour vivre et pour faire vivre leur famille restée au pays. Les lois et les murs pourront peut-être freiner ce processus mais certainement pas l’arrêter.

    D’autre part, cette politique est inacceptable à tous points de vue. L’application d’une immigration « choisie » – c’est-à-dire sélective en fonction des besoins du patronat – transforme les travailleurs « sélectionnés » en simples pions que les capitalistes déplacent à leur gré d’un pays à l’autre et elle contraint les « non choisis » à la clandestinité et au travail en noir. Elle crée chez nous une concurrence « légale » entre les travailleurs qualifiés du pays et ceux qui sont importés d’ailleurs et une concurrence « sauvage » parce que non réglementée (vu la clandestinité de certains) entre travailleurs non qualifiés. Et elle prive les pays du Tiers-Monde de travailleurs qualifiés qui pourraient être utiles à son développement… après avoir fait payer à ces pays le coût de la formation de leurs travailleurs.

    C’est pourquoi, à l’immense hypocrisie de cette « immigration choisie » nous défendons une politique complètement opposée. Le droit des travailleurs à chercher librement dans un autre pays un emploi et une vie décente pour eux et leur famille s’ils estiment ne pas pouvoir en trouver chez eux. La régularisation des sans-papiers parce que c’est une condition indispensable pour unir les travailleurs locaux et immigrés dans nos pays. La défense intransigeante des conditions de salaires et de travail conquises par le mouvement ouvrier dans nos pays pour éviter que l’arrivée de travailleurs étrangers ne permette aux patrons de casser le marché du travail et la protection sociale. L’aide aux syndicats et aux organisations populaires dans le monde néocolonial pour qu’ils puissent améliorer eux aussi les conditions de vie des populations locales. La solidarité entre travailleurs partout dans le monde. L’expropriation des multinationales afin de dégager les moyens pour mener une réelle politique de développement. Et une réorganisation de la production au niveau mondial sous le contrôle des travailleurs, de manière à pouvoir trouver des solutions économiques et écologiques durables au bénéfice de l’écrasante majorité des populations. En bref, une politique réellement socialiste.


    1. Voir le dossier sur la crise alimentaire dans l’AS n° 132 de juin 2008


    > Dossier "Sans-papiers" de ce site

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