Tag: Ecole en lutte

  • École en Lutte Pour un robuste refinancement public du secteur !

    “Ecole en Lutte” lors de la manifestation de La Santé en Lutte du 29 mai dernier.

    C’est parti ! La mise sur pied du collectif « École en Lutte » a commencé le 10 mars. Cela faisait des mois que des enseignantes bruxelloises ressentaient le besoin de créer un collectif. Mais pas n’importe lequel. En se basant sur le modèle de La Santé en Lutte, elles voulaient réunir des parents, des élèves et tous les travailleurs du secteur : des enseignants, des éducateurs mais aussi le personnel d’entretien, paramédical et administratif.

    Par Celia (Bruxelles)

    Il s’agit aussi de réunir des travailleurs et des travailleuses des différents réseaux, pouvoirs organisateurs, filières, niveaux d’étude, types d’écoles, etc. C’est fondamental, en Belgique, d’avoir un collectif qui puisse réunir les acteurs de l’enseignement libre, officiel et subventionné afin de lutter tous ensemble pour des améliorations de conditions de travail et d’étude pour toutes et tous. Le Libre comprend plus ou moins 50% de la population scolaire. Lutter en délaissant l’un ou l’autre secteur serait une grave erreur. Car tous les enfants méritent un enseignement de qualité, démocratique, réellement gratuit et équitable.

    Lors des premières réunions, avec une participation allant de 15 et 30 personnes à chaque fois, de premières revendications ont émergé : un refinancement public conséquent de l’enseignement, la gratuité totale de l’enseignement, moins d’élèves par classe, de meilleures infrastructures et l’arrêt des réformes managériales.

    Témoignages sur le terrain :

    Alizée, institutrice en 6ème primaire à Bruxelles

    Selon toi, quel est le principal problème que rencontre ton école ?

    La pénurie de personnel enseignant et éducateur. Il est très compliqué de trouver des remplaçants. La plupart du temps, les personnes qui finissent par remplacer les absents sont celles qui étaient censées s’occuper de la remédiation ou de l’aide aux primo-arrivants. Nous avons aussi besoin d’éducateurs, il n’y a aucun poste organique dans l’école ce qui signifie qu’aucun éducateur ne peut être nommé. Nous n’avons donc que des « surveillants » avec des contrats précaires (ACS/PTP). Nous aurions besoin d’une assistante sociale à temps plein (elle n’est présente que 3 jours/semaine) ainsi que d’une logopède à temps plein pour pouvoir réellement répondre aux besoins des élèves.

    Vois-tu d’autres problèmes majeurs ?

    Notre école se trouve dans un quartier populaire très dense de Bruxelles. Nous avons un enseignement à 2 vitesses en Belgique, mon école n’est pas une école élitiste où les parents ont réellement envie de mettre leurs enfants. Nous n’avons donc pas assez d’élèves (il y a entre 15 et 18 élèves par classe), ce qui fait que nous allons sûrement perdre des emplois l’année prochaine. Les parents n’ont pas assez d’argent pour les fournitures scolaires et les voyages scolaires. Nous devons sans cesse organiser des activités lucratives pour pouvoir les aider. Trop peu de moyens sont fournis par le pouvoir organisateur, les élèves doivent même apporter leurs propres paquets de mouchoirs ! Il est temps que l’enseignement soit réellement gratuit !

    Quels problèmes se sont ajoutés avec la crise sanitaire ?

    Le nombre d’instits absents par jour a augmenté, il arrive même que 5 personnes soient absentes sur 12. Les élèves perdent parfois des jours entiers de cours. De plus, il y a des problèmes d’hygiène. La commune et l’école ne nous fournissent pas assez de savon, d’essuies, de mouchoirs ; et seuls 2 masques ont été donnés au personnel depuis le début de la crise !
    Enfin, nos locaux sont trop petits pour que la distance physique puisse être maintenue entre les élèves et entre l’institutrice et les élèves. Nous sommes très exposés au virus et pourtant, nous ne faisons pas partie des professions prioritaires pour la vaccination !

    Daphné, professeure d’éducation plastique en secondaire à Liège

    Tu donnes cours dans l’enseignement spécialisé, comment y est vécue la crise sanitaire ?

    On se sent oubliés, laissés de côté dans chaque circulaire, dans chaque décision des autorités. Il est impossible de garder les distances entre les élèves et nous car nous devons nous occuper d’eux de manière rapprochée, ils ont des besoins spécifiques. Il nous est également difficile de garder le masque, et c’est encore pis pour les élèves qui n’ont pas les moyens financiers de s’en procurer ni la motricité nécessaire pour le mettre correctement. Nous n’en avons d’ailleurs jamais reçu de l’école ou du pouvoir organisateur. De plus, nous ressentons encore davantage qu’avant la pénurie de personnel. Nous n’avons pas d’éducateur ni d’infirmière sur place, nous sommes donc obligés, nous enseignants, d’accompagner les élèves aux toilettes, de gérer leur « pétage de plomb », de les nettoyer…

    Quels problèmes ont été exacerbés par la crise ?

    Le manque criant de personnel paramédical et éducateur : nous n’avons que 2 logopèdes, 1 psychologue, pas d’ergothérapeute, pas de kinésithérapeute, pas assez d’éducateurs, pas d’infirmière (à part celles en stage),… Les transports scolaires sont mal organisés. En effet, les élèves de classes différentes sont mélangés et y passent « quelques heures par jour », c’est-à-dire 3 à 4h le plus souvent. Les trajets sont très longs, ils peuvent se contaminer facilement et les élèves arrivent crevés, car ils se lèvent très tôt le matin et rentrent tard.

    Quelle est la dernière réforme concernant l’enseignement spécialisé et quelles sont ses limites ?

    La dernière réforme est celle des « pôles territoriaux », elle vient du Pacte pour un enseignement d’excellence. Comme beaucoup de réformes qui viennent du Pacte, l’idée de base n’est pas mauvaise mais elle ne sera pas appliquée avec suffisamment de moyens et en impliquant tous les acteurs de terrain. Toute la réforme a pour but de faire des économies alors qu’il serait grand temps d’investir solidement dans le spécialisé – et dans tout l’enseignement en général. La réforme consiste à diminuer drastiquement le nombre d’élèves dans le spécialisé, à remplacer l’intégration par de l’inclusion et à limiter l’accès à l’enseignement spécialisé. Mais sans moyens, cela ne sera bon ni pour l’élève ni pour le professeur de l’enseignement ordinaire qui se retrouvera avec encore plus d’élèves à besoins spécifiques, sans formation ni moyens supplémentaires…

    De nombreuses pertes d’emplois sont à prévoir dans le spécialisé, notamment au niveau des nombreux logopèdes actuellement occupés à accompagner individuellement les élèves dans leur parcours d’intégration. On sent que notre enseignement est rejeté, nos écoles sont souvent citées pour faire peur aux enfants « méchants » ou « difficiles » alors qu’il est si riche! Travaillant dans le spécialisé, si j’ai un jour un enfant à besoins spécifiques, je ferai tout pour qu’il puisse y entrer.

  • École en lutte : l’enseignement aussi exige un refinancement public massif !

    En 2020, nous avons vu des choses incroyables se produire ! Le 12 mars 2020, le Conseil National de sécurité a pris la décision de fermer les écoles pour endiguer la pandémie. En Belgique, les cours en présentiel sont restés suspendus près de trois mois. Certains élèves ont retrouvé le chemin de l’école au mois de mai, tandis qu’une large majorité des élèves du secondaire ont terminé leur année scolaire à la maison. Du jamais vu !

    Par Virginie (Bruxelles), article tiré de l’édition de mai de Lutte Socialiste

    Nous pensions que c’était une mesure limitée dans le temps. Nous avons tou·te·s consenti à nous adapter pour assurer la fameuse continuité pédagogique et pour maintenir les élèves accrochés à l’école sous sa nouvelle forme, malgré des conditions de vie et de travail très diverses. Aucun moyen financier ni matériel supplémentaire n’a été débloqué par le gouvernement pour assurer cette transition numérique soudaine. Quant au retour à l’école, il a révélé des prescriptions gouvernementales en décalage avec la réalité de terrain en termes de surface de salle de classe, de nombre de sanitaires et de fenêtres à ouvrir et avec la précarité des conditions matérielles du secteur.

    Depuis la rentrée 2020, toute la communauté scolaire est rentrée à l’école – presque – comme si de rien n’était et nous exerçons désormais notre métier téléguidé·e·s par des décisions ministérielles à court terme, annoncées par la presse, peu de temps avant leur application. Être soumi·se·s à de telles décisions ignorantes de la réalité de terrain et dépourvues de moyens supplémentaires pour assurer la sécurité et l’adaptation nécessaires a généré un grand stress. Les discussions en salle des profs ou dans les lieux de réunion ont changé. Les travailleur·euse·s s’interrogent et les syndicats ont finalement appelé à un arrêt de travail le 25 mars, suivi dans de nombreux établissements. C’est un très bon début !

    Les attentes face à l’école sont élevées et les défis multiples et de taille, mais le secteur est maintenu dans des conditions matérielles médiocres. Face à cette situation de crise visible, révélant les maux d’un système en crise latente et silencieuse depuis longtemps, des travailleur·euse·s du secteur de l’enseignement ont commencé à se réunir et discuter en vue de construire un collectif École en lutte, inspiré par l’expérience de La Santé en Lutte. Plusieurs réunions en ligne ont déjà eu lieu pour réfléchir et réunir un maximum de personnes concernées par le secteur autour de revendications communes et d’actions.

    Ainsi, nous réclamons un investissement massif dans l’enseignement répondant aux besoins essentiels du terrain comme l’engagement de personnel supplémentaire, la construction de nouvelles écoles, un nombre réduit à 15 élèves par classe pour un enseignement gratuit et de qualité, capable de prendre réellement en compte chaque enfant et adolescent. En outre, notre objectif en termes d’action est de porter ces revendications lors de la manifestation de La Santé en Lutte du 29 mai prochain, avec un bloc enseignement, afin de montrer non seulement notre solidarité envers les travailleur·euse·s de la santé, mais également les nombreux liens qui existent entre nos deux secteurs.

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