Tag: Didier Reynders

  • Sexisme et publicité font bon ménage au Ministère des Finances

    On connaissait depuis longtemps le cynisme dont sont capables les publicitaires. La pub n’est pas connue pour s’adresser à notre intelligence. Ce sont plutôt nos pulsions, nos instincts, notre inconscient qui sont la cible des campagnes de pub. Depuis quelques années, on assiste à une recrudescence des pubs à caractère plus ou moins réactionnaire. Le sexisme, notamment, et c’est connu, est omniprésent dans la publicité: il semblerait que l’on ne puisse vanter un produit que si une fille (nue de préférence) y est associée. La femme-objet est la vache à lait des créateurs des agences de pub.

    Article de Simon Hupkens

    Dans ce domaine, les services publics avaient jusqu’ici fait preuve d’un peu de retenue, voire même d’un peu d’engagement. On se rappellera par exemple de la campagne de pub des administrations régionales wallonnes en faveur de la diversité dans leurs services. Mais le contre-exemple existe, superbe démonstration que les discriminations ne sont pas l’apanage des entreprises privées.

    Il s’agit d’une publicité vous invitant à souscrire des bons d’Etat. L’administration des finances y reprend un vieux refrain: les bons d’Etat sont un placement sûr, sans mauvaise surprise. C’est garanti: c’est le meilleur placement.

    Pour illustrer ce thème, on vous présente la femme idéale: elle est jolie et souriante. Jusqu’ici, ce n’est ni pire ni meilleur que n’importe quelle campagne de pub. Mais regardez son t-shirt: Cette fille se vend elle-même et elle présente des garanties.

    « Elle est cadre ». Cela signifie qu’elle a une bonne situation et que c’est une femme énergique. Ce n’est pas la bobonne vieux-jeu qui reste au foyer. (Ceci dit, après sa journée de boulot elle ira sans doute s’occuper des enfants et de la cuisine).

    « Elle ne met pas tout son argent dans ses chaussures ». Parce que, en général, les femmes sont de fichues dépensières ! Elles sont tout le temps en train de dépenser des sous dans des choses futiles comme les vêtements ou les chaussures. Le publicitaire reprend ici une des idées les plus poussiéreuses de l’arsenal réactionnaire sexiste: les femmes sont frivoles. Elles ne savent pas gérer leur argent. Et souvent, il vaut mieux ne pas leur donner de responsabilité. Mais la demoiselle sur la photo, elle, est une perle rare.

    Attendez, le meilleur arrive:

    « Elle se tait quand son mec regarde le foot ». D’abord parce qu’il ne vient pas à l’esprit du publicitaire qu’elle puisse aimer ça et s’enthousiasmer pour un match. Et surtout parce qu’elle sait qui est le chef. Et quand son mec dit qu’elle doit le laisser tranquille quand il regarde la télé, elle s’exécute. La boucle est bouclée. On est de retour à la bonne vieille époque où le chef de famille était toujours au masculin. L’époque de la femme qui doit obéissance. Voir ça après un siècle de lutte en faveur des droits des femmes, c’est affligeant, et cela démontre une fois de plus qu’il y a encore fort à faire.

    Qui est responsable de cette obscénité?

    C’est le service fédéral des finances, l’administration du trésor, c’est à dire notre bon ministre Didier Reynders (MR). On va m’accuser de faire ici un procès d’intention mais quand on sait que ce monsieur est un catholique bon teint, on peut le soupçonner de ne voir aucun inconvénient à cette campagne de pub. Admettons qu’il ait laissé passer ça sans se rendre compte du caractère insultant de ce dépliant pour toutes les femmes du monde. Je tiens le pari qu’il ne s’en excusera même pas si on vient attirer son attention là-dessus. Un vrai ministre ne s’excuse qu’auprès des patrons.

    Luttes des femmes:

    Pour en savoir plus:

  • Ne pas politiser le débat revient à laisser la voie libre aux politiciens traditionnels

    Autour du meurtre de Joe

    Durant tout le déroulement de l’affaire, l’ensemble des politiciens n’a eu de cesse de demander que la politique soit muette sur ce sujet, ce qui ne les a cependant pas empêché d’être omniprésents dans les colonnes de la presse ou dans les reportages des informations télévisées. L’idée d’empêcher toute récupération politique de ce triste événement revenait à laisser cette récupération uniquement aux mains des partis politiques traditionnels.

    Nicolas Croes

    Ainsi, le lendemain de la Marche Silencieuse du 23 avril qui a rassemblé 80.000 personnes dans un même sentiment de solidarité avec la famille de la victime et de rejet de cette violence qui peut sembler absurde, on a pu lire dans les colonnes du Soir les réactions d’Elio Di Rupo et de Didier Reynders.

    Le président du PS et bourgmestre de Mons a ainsi pu mettre en avant la nécessité de renforcer la police de proximité… avant de parler de l’exemple de Mons où cela a été fait et où « ça va bien ». Au-delà du fait qu’un habitant de cette ville peut rapidement se rendre compte que ça ne va pas aussi bien qu’il le proclame, une telle déclaration dans la presse à l’approche des communales ressemble furieusement à de la récupération politique.

    De même Didier Reynders a pu parler de tout et de rien (« il faudra travailler à plus de sécurité par rapport aux jeunes », « l’arrestation des coupables doit intervenir le plus rapidement possible »,…) en terminant par « gare à toute tentative de récupération politique. On a évité ça jusqu’à présent, que ça continue ». Voilà une belle demande de la part de quelqu’un qui, étant à Washington pour une réunion du Fonds Monétaire International, ne pourrait pas autant en profiter que d’autres s’il était laissé plus d’opportunités de débattre politiquement de cette affaire.

    L’hypocrisie des politiciens traditionnels a tout simplement été révoltante dans le suivi de cette affaire, et le gouvernement n’était pas en reste. Pour un gouvernement bloqué depuis de nombreux mois et duquel rien ne sort si ce n’est des preuves de l’incapacité à répondre aux attentes des travailleurs et de leurs familles (ce dont ils n’ont globalement que peu à faire), il s’agissait là d’un moyen à bon marché pour se montrer apte à quelque chose d’autre qu’à appliquer les plans d’austérité du patronat. La presse a ainsi été unanime pour féliciter le trio qui assure dans la crise (titre d’un article du Soir du 26 avril), trio composé du chef du gouvernement Verhofstadt, du ministre de l’Intérieur Patrick Dewael et de la ministre de la Justice Laurette Onkelinx. Il faut dire qu’il s’agissait d’une histoire de gestion de la communication, et si il y a bien un domaine dans lequel nos politiciens professionnels excellent faute d’avoir un véritable programme à défendre autre que celui des patrons, c’est bien celui-là.

    Il y avait également la crainte de voir l’appareil politique aussi décrédibilisé qu’en 1996 à l’époque de la Marche Blanche. Un proche du Premier ministre a d’ailleurs déclaré que « son obsession était d’éviter la comparaison avec les évènements de 1996, l’affaire Dutroux, la marche Blanche, quand le « système » était mis en cause, les politiciens cloués au pilori pour leur indifférence.…».

    Par contre, en terme de proposition pour régler véritablement le problème, c’est-à-dire pas seulement s’occuper du moment présent, mais s’atteler à ce que de pareilles douleurs n’arrivent plus à personne, le gouvernement remontre l’étendue de son décalage avec la situation réelle. On peut résumer les propositions effectuées par ces mots : répression, répression, et encore de la répression. Laurette Onkelinx, actuellement Ministre de la Justice, montre décidément plus d’enthousiasme à créer de l’emploi à la police (3.200 supplémentaires) qu’à en préserver dans son secteur à l’époque où elle était Ministre de l’Enseignement. Alors qu’il y a quasi-unanimité pour dénoncer le fait que plus de répression ne permettra pas de régler le problème – tout juste de faire baisser la pression de la rue (mais peut-être est-ce là sa véritable intention ?) – ce cruel rappel des licenciements dans un enseignement dont le manque de moyen a été éclairé par cette crise tombe mal. Mais aucun journaliste ne mentionne ce genre de chose, et c’est parfois dans le courrier des lecteurs que l’on peut avoir les meilleurs articles…

    De plus personne ne sait actuellement ou trouver l’argent de cet « ambitieux » projet. A force d’avoir octroyé baisses de charges sur baisses de charges au patronat, le gouvernement n’a presque plus rien, et certainement pas pour améliorer nos conditions de vie qui ne cessent de se détériorer. En cas de protestations trop importantes contre la casse de nos acquis sociaux, des services public, etc, les policiers et cameras supplémentaires, si l’on arrive à les payer, seront d’une utilité précieuse pour nos dirigeants…

    Le premier ministre Verhofstadt disait espérer que le signal de la Marche Silentieuse aurait comme résultat une diminution de la violence au sein de la jeunesse. En ce sens, la manifestation n’est pour lui qu’à voir que comme un appel à la responsabilité. D’après Verhofstadt, c’est la responsabilité individuelle des parents – qui doivent avoir assez de temps pour s’occuper de leurs enfants – qui est primordiale. La responsabilité du gouvernement ne se limiterait qu’à augmenter la répression.

    Mais la raison pour laquelle beaucoup de familles, et pas seulement polonaises, ont en Belgique peu de temps disponible pour leurs enfants est que ces fammilles doivent travailler toujours plus afin de survivre. Comment Verhofstadt pense-t-il résoudre cela? En attaquant encore les salaires? Le pouvoir d’achat des travailleurs Belges a déjà bien diminué ces vingt dernières années, et de nouvelles coupes salariales n’auront comme résultat que d’accroître encore le temps de travail nécessaire à garder un même niveau de vie.

    Tant le renforcement de la répression que la vitesse à laquelle les politiciens ont annoncé la création d’une nouvelle prison pour jeunes sont en contradiction flagrante avec les besoins du secteur de l’accompagnement de la jeunesse. Ce manque de moyens a été illustré au début de cette année par les actions effectuées par ce secteur en Flandres. Si au nord du pays les cas d’application d’accompagnement de jeunes « difficiles » ont augmenté de 25%, le budget, lui, n’a pas évolué en conséquence. Au vu de cette situation, les problèmes ne peuvent que s’amplifier.

    La construction de nouvelles prisons pour jeunes est finalement fort révélatrice de la politique actuelle: une politique qui ne s’occupe que des conséquences des problèmes au lieu de s’attaquer à leurs causes.

  • Le désarroi du MR

    Son éviction des gouvernements francophone, wallon et bruxellois a plongé le MR dans le désarroi. Louis Michel avait su ramener le PRL au pouvoir en 1999 en gommant le profil très droitier hérité de l’époque de feu Jean Gol. Il a fédéré le PRL, le FDF et le MCC (issu de l’ex-PSC) au sein du Mouvement réformateur afin d’en faire une grande formation de droite capable de disputer le leadership à un PS encore trop «travailliste» à ses yeux. Il dirigeait le MR d’une poigne de fer en faisant taire toute voix discordante. Les cadres du parti le supportaient tant qu’il était capable de maintenir le MR au pouvoir. Maintenant que ce n’est plus le cas, il n’aura pas fallu attendre longtemps pour que Michel soit envoyé en exil doré à la Commission européenne. Sa succession a failli tourner au pugilat entre son fils, Charles, et l’ancien ministre wallon Serge Kubla. Pour conjurer ce scénario, les pontes du parti ont convaincu Michel Junior et Kubla de se retirer au profit de Didier Reynders qui restera vice-premier ministre et ministre des finances dans le gouvernement fédéral. Le fait qu’on n’ait trouvé personne capable de l’y remplacer illustre la gravité de la crise qui couve au MR. Le FDF a déjà fait savoir qu’il n’accepterait pas un changement de ligne politique, à savoir l’abandon du soi-disant «libéralisme social». C’est donc que certains au sein du PRL songent sérieusement à reprofiler le parti à droite, ce qui ne pourra que provoquer une collision frontale avec le PS dans le gouvernement fédéral dont le MR est désormais le maillon faible. Et ce n’est pas le retour controversé de Daniel Ducarme – Monsieur amnésie fiscale – qui va redorer le blason du parti.

  • Tarifs des garderies: de plus en plus chers!

    IL Y A QUELQUES semaines à Gand, nombre de parents ont reçu une lettre de l’échevin de l’Enseignement Rudy Coddens (SP.a) annonçant une hausse des tarifs des crèches et des écoles de devoir communales à partir du 1er mars . Motif invoqué: une comparaison avec les prix du marché montre que les tarifs communaux sont "anormalement bas".

    Anja Deschoemacker

    Mais n’est-ce justement pas la mission d’un service public d’offrir un accueil à bon marché quand les tarifs des institutions privées sont hors de portée du budget d’une famille modeste?

    Pourquoi cette augmentation a telle lieu maintenant? Dans sa lettre, Coddens explique qu’une des institutions communales, reconnue par Kind en Gezin (l’équivalant en Flandre de l’Oeuvre nationale de l’Enfance), doit pratiquer les mêmes tarifs que Kind en Gezin. Et donc que pour éviter les différences de tarifs entre institutions communales il vaut mieux tout aligner vers le haut (sur les tarifs de Kind en Gezin). Les parents qui n’ont pas d’autre revenu qu’une allocation (chômage, mutuelle, invalidité, CPAS) pourront demander un tarif social (50% du prix). Mais ce tarif «social» coûtera de toute façon plus cher que le tarif actuel.

    Ce que Coddens ne dit pas, c’est que la ville de Gand est en déficit et qu’elle veut, cette année encore, réduire de 21 millions d’euros ses dépenses. Coddens ne dit pas non plus que de nombreux projets de prestige coûtent cher. Par exemple le projet contesté «Oxygène à la Brugse Poort»: 89 petites maisons ouvrières vont être abattues pour faire place à une dizaine de grandes maisons à 3 chambres, accessibles seulement aux familles avec deux salaires. Autre exemple, l’aménagement de Portus Ganda: un port de plaisance pour les yachts.

    Les restrictions budgétaires se feront au détriment du personnel communal (250 emplois vont disparaître), du CPAS et des usagers des services communaux, comme par exemple, les parents qui ont besoin d’une garderie pour leurs enfants.

    Coddens ne dit pas non plus un mot sur la politique du SP.a et du VLD au gouvernement fédéral ou à la Région flamande. Il aurait pu, par exemple, mentionner que la politique de la libéralisation du marché de l’électricité (uniquement appliquée en Flandre pour l’instant) prive les communes des revenus qu’elles percevaient au travers des intercommunales de distribution de l’électricité. Ou encore que la baisse des impôts impulsée par Didier Reynders au niveau fédéral aura pour conséquence de réduire les centimes additionnels reversés aux communes.

    Coddens est le successeur de Freya Vanden Bossche à l’échevinat de l’Enseignement de la ville de Gand. A l’époque elle n’avait à la bouche que le mot «enseignement gratuit». «Gratuit» si l’épouse ne travaille pas et qu’elle peut s’occuper de la garde des enfants dès la fin des cours. L’horaire des écoles gardiennes est de 8h15 à 11h45 et de 13h à 15h20. Ceux et celles qui ne peuvent se permettre, en raison de leur activité professionnelle, d’aller chercher leurs mioches sur le temps de midi, de leur donner à manger et ensuite de les ramener à l’école doivent payer la garderie. Jusqu’à présent, cela coûtait 1,49 euros. A partir du 1er mars ce sera 2 euros. Le mercredi après-midi le tarif passera de 1,49 à 3,60 euros. Pendant les vacances scolaires, il passera de 1,49 euros à 7,10 euros si l’accueil dure plus de 6 heures.

    Un grand nombre de femmes travaillent à temps partiel. Pour beaucoup d’entre elles, dont les revenus ne sont pas beaucoup plus élevés qu’une allocation sociale, cette brusque hausse des tarifs de garderie représente un casse-tête financier. D’autant plus que l’employeur ne fixe pas l’horaire de travail à temps partiel en tenant compte des horaires de l’école gardienne ou primaire.

    Comment dans ces conditions les femmes avec des enfants en bas âge pourront-elles à la fois payer les frais de garderie avec un travail à temps partiel mal payé? On voudrait inciter les femmes à rester chez elles qu’on ne ferait pas autrement! Comme tous les partis traditionnels, le SP.a a beaucoup de langue, mais quand il s’agit de passer aux actes c’est une autre paire de manches!

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