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Tag: Dette publique
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Un “plan de relance” pour répondre aux besoins (mais pas ceux des profits des grandes entreprises)

Photo: Pixabay Les annonces de plans de relance colossaux se suivent depuis plusieurs mois, en creusant les déficits publics. Il s’agit d’un changement monumental par rapport aux décennies précédentes, au plus fort de l’ère du néolibéralisme.
Par Stéphane Delcros
La classe dominante n’agit pas ainsi par soudaine prise de conscience sociale et humanitaire, mais tout simplement pour éviter un effondrement de l’économie (et donc de ses profits) et tenter de limiter les troubles sociaux. Si une part de ces plans d’aides directes ou indirectes est destinée aux travailleuses et aux travailleurs (sans être à la hauteur de l’enjeu), leur majeure partie vient surtout en aide aux détenteurs des grandes entreprises, chaque plan comportant bien entendu son lot de nuances. Une chose est sûre : il en faudra beaucoup plus pour amortir la crise sociale et compenser le désinvestissement opéré durant des décennies.
Que faire de la dette ?
Le secrétaire général de l’Interrégionale wallonne de la FGTB Jean-François Tamellini a proposé en janvier au ministre wallon du Budget Jean-Luc Crucke (MR) de « neutraliser » les intérêts sur la dette wallonne en 2021 et 2022. « Les banques et le secteur de la finance doivent contribuer aux mesures de relance de la Wallonie », argumentait-il en demandant à Crucke de trouver des moyens pour « éviter d’étouffer les citoyens et un retour à l’austérité budgétaire ».
Fin 2021, il est attendu que la dette publique (directe) de la Région wallonne s’élèvera à près de 20 milliards d’euros. Comme pour les autres entités fédérées et l’Etat fédéral, la Wallonie procède à un « remboursement » annuel de cette dette, et aussi au paiement d’intérêts liés à celle-ci, remboursés à hauteur de 300 millions d’euros par an. Geler le paiement des intérêts durant 2 ans rapporterait 600 millions aux finances publiques ; et Tamellini propose d’ensuite renégocier cette dette pour annuellement payer moins d’intérêts. Il y a un gouffre monumental entre ces mesurettes proposées et la réalité de la crise, et donc les mesures nécessaires.
C’est d’une annulation de la dette publique dont nous avons besoin, et ça sous la pression d’un mouvement ouvrier combatif et offensif. Bien sûr, après avoir procédé à cette annulation, un remboursement de petits détenteurs pourrait se faire, sur base de besoins prouvés. Mais cette masse de dette est dans l’immense majorité détenue par des gros spéculateurs. Ils se sont suffisamment rempli les poches sur notre dos ces dernières décennies.
De quel type de plan de relance avons-nous besoin ?
Ce n’est pas la classe des travailleurs qui est à la baguette pour décider du contenu et de l’orientation de ces plans ; elle devrait pourtant l’être. C’est elle qui fait tourner le monde, pas les actionnaires. Un véritable plan de relance devrait mettre en œuvre ce qui est nécessaire de toute urgence : une hausse générale des salaires et des allocations ; des investissements publics colossaux dans les soins de santé, l’éducation, les transports collectifs et les infrastructures (y compris numériques) ; dans la création de centaines de milliers d’emplois de qualité et socialement utiles ; et dans la construction d’hôpitaux, de logements sociaux, d’écoles et de crèches publiques – tout cela en assurant une véritable transition écologique.
Il en découle la question du financement d’un telle politique : outre l’annulation de la dette publique, la mise sous gestion et contrôle public – par toutes les travailleuses et travailleurs – du secteur bancaire et financier est une nécessité pour être capable de collectivement planifier les investissements nécessaires. C’est certain, une lutte collective colossale nous fait face pour riposter à la hauteur de l’enjeu et créer un rapport de forces permettant d’imposer une telle politique.
« Il ne s’agit pas d’une proposition bolchevique », aurait dit le représentant de la FGTB wallonne au ministre du Budget, afin de rassurer celui qui disait encore en novembre : « Je ne suis pas de ceux qui pensent qu’une dette ne doit pas être remboursée. » Mais la gentillesse du mouvement ouvrier envers un représentant du monde patronal n’a jamais fonctionné ; « les caresses n’ont jamais transformé un tigre en chaton ».
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‘‘Le système dette – Histoire des dettes souveraines et de leur répudiation’’
A l’occasion du week-end ‘‘Socialisme 2017’’ d’octobre dernier, nous avions invité Nathan Legrand, militant du CADTM (Comité pour l’abolition des dettes illégitimes), pour y animer un atelier de discussion consacré à la répudiation des dettes en Russie suite à la Révolution d’octobre 1917. Son exposé était en grande partie tiré du dernier livre du porte-parole du CADTM, Éric Toussaint ‘‘Le système dette – Histoire des dettes souveraines et de leur répudiation’’. Nathan avait suivi de près la rédaction de l’ouvrage et nous en avons discuté avec lui.Peux-tu nous présenter ce livre en quelques mots ?
Il s’agit d’une approche historique qui brasse des événements qui se sont déroulés entre 1820 (les indépendances en Amérique latine) et le début du 20e siècle. Les derniers événements relatés sont la révolution russe et un bras de fer entre le Mexique et ses créanciers qui se poursuivra jusque dans les années 1940.
L’idée était de s’attacher au développement de ce qu’on a pu appeler un ‘‘système dette’’, un système ou l’endettement souverain est généralisé de manière volontaire et agressive sur des pays périphériques où le capitalisme était en train de s’implanter. Ce livre, à mon sens, est intéressant car il aborde l’histoire du développement du capitalisme au 19e siècle et dans sa phase impérialiste sous un angle inédit.
A qui l’ouvrage est-il destiné ? Aux historiens ? Aux spécialistes de la dette ?
Pas du tout. L’idée était justement de rendre cette facette du développement capitaliste accessible au plus grand nombre, pour en tirer des leçons à destination des combats actuels. Le livre est vivant, ponctué ici et là d’anecdotes et de comparaisons avec des situations contemporaines, dont l’étranglement de la Grèce par la dette depuis 2010.
Le livre va à l’encontre d’un préjugé très répandu selon lequel les dettes sont une fatalité et qu’il est impossible d’échapper à leur remboursement. Car ce n’est pas simplement l’imposition des diktats des grandes puissances qui est racontée dans ce livre, mais aussi l’histoire des résistances et le refus de payer des dettes illégitimes. Cela s’est exprimé à de nombreuses reprises depuis le 19e siècle, parfois avec succès. C’est la narration d’une histoire qui peut servir de point d’appui dans nos luttes pour une sortie du système dette et du capitalisme.
Comment expliquez-vous le fonctionnement de ce ‘‘système dette’’ ?
Son développement a accompagné celui du capitalisme industriel et son entrée dans sa phase impérialiste, c’est-à-dire sa phase d’expansion à l’échelle de la planète à travers l’exportation de capitaux, de manière agressive. Au 19e siècle commence à se développer la folie financière, dont plusieurs mécanismes existaient déjà auparavant. Le capital financier accompagne le développement du capitalisme industriel, ce qui conduit à la généralisation du crédit et des dettes souveraines. Cela permet aux capitalistes des Etats centraux de disposer d’un nouveau mécanisme d’accumulation que l’on pourrait assimiler à un système d’accumulation par anticipation d’une exploitation à venir, puisque la dette va devoir être remboursée à travers l’exploitation de la force de travail et des ressources naturelles des pays dominés. Si besoin est, le recouvrement des dettes est obtenu par la force.
Les puissances centrales, notamment la France et le Royaume-Uni, vont recourir à la menace d’interventions militaires. L’intervention militaire de 1861-62 au Mexique fait suite à une convention signée entre la France, le Royaume-Uni, l’Espagne et des conservateurs mexicains qui avaient arraché le pouvoir aux libéraux. Cette convention autorisait les puissances en question à intervenir dans le pays en cas de non paiement des dettes. Ces menaces ont été mises à exécution, dans le cas du Mexique, mais aussi dans ceux de la Tunisie (1881) et de l’Egypte (1882), qui sont ensuite transformés en protectorats respectivement français et anglais. Bien que non abordé dans le livre, un processus similaire a été à l’œuvre au Maroc : une conquête militaire faisant suite à une soumission par la dette.
Dans ce système dette, on trouve quatre grands acteurs : les banquiers qui représentent une partie de la classe capitaliste des Etats centraux ; les Etats capitalistes et leurs gouvernements qui appuient l’exportation agressive de capitaux et qui défendent leurs banquiers à l’aide de la menace militaire ; les classes dominantes locales – généralement une bourgeoisie commerçante désireuse d’acquérir des devises étrangères pour ses activités et de participer le moins possible au financement de l’État par l’impôt, donc favorable à l’endettement souverain – ; enfin, les gouvernements dans les Etats dominés. À l’inverse des trois premiers, le comportement de ce dernier acteur va fluctuer. Le plus souvent, les gouvernants représentent les intérêts de la classe dominante et sont favorables aux politiques d’endettement, mais leur comportement peut se retourner, traduisant l’évolution des rapports de force dans la lutte des classes de leur pays.
Il y a donc un cinquième acteur : le mouvement social.
Tout à fait. Ce qui est intéressant c’est d’observer que la remise en cause des dettes souveraines par les gouvernants des Etat dominés coïncide avec des phases intenses de mobilisations populaires.
Dans ce livre, on s’attarde longuement sur les exemples du Mexique et de la Russie. Au Mexique, une répudiation des dettes a eu lieu après la victoire sur les troupes coloniales françaises dans les années 1860. Et, au 20e siècle, une autre répudiation a eu lieu pendant la révolution qui commence en 1910, puis un bras de fer avec les créanciers entre les années 1920 et 1940 se solde par une victoire. Même si les forces de la révolution avaient été défaites, il en subsistait encore des traces qui s’exprimaient par des politiques progressistes.
En Russie, le soviet (conseil) de Saint-Pétersbourg avait fait la promesse de répudier les dettes du tsar durant la révolution de 1905. C’est le gouvernement soviétique issu de la révolution d’octobre 1917 qui a concrétisé cette promesse au début de l’année 1918, ce qui ne s’est pas déroulé sans résistance de la part des créanciers. Les bolcheviks avaient répudié les dettes du régime tsariste et du gouvernement provisoire en argumentant qu’ils participaient à la fondation d’une nouvelle société qui ne pouvait pas être liée aux traités du régime précédent. Ils s’appuyaient juridiquement sur le non paiement des dettes des colonies américaines à la couronne britannique après leur indépendance en 1776 et sur le non paiement par la Convention française des dettes de l’ancien régime après la révolution française de 1789.
Répudier les dettes, est-ce suffisant pour se libérer de la dictature du capital ?Non, très clairement. Comme le conclut le livre : ‘‘La répudiation es dettes illégitimes ne suffit pas : pour être réellement utile à la société, elle doit faire partie d’un ensemble cohérent de mesures politiques, économiques, culturelles et sociales qui permettent au pays d’évoluer vers une société libérée des différentes formes d’oppression et d’exploitation.’’
L’auteur, Eric Toussaint, est porte-parole du CADTM International (Comité pour l’abolition des dettes illégitimes). Il est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages et a notamment coordonné les travaux de la commission pour la vérité sur la dette publique crée en 2015 par la présidente du Parlement grec.
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4 décembre: Journée "8 heures contre la dette illégitime!"
Le 4 décembre 2016 à partir de 11h30
Bâtiment K (amphithéâtre La Fontaine), ULB, Avenue Franklin Roosevelt 50,1050 BruxellesDes ateliers captivants, des animations décapantes et des plénières endiablées sont au programme de cette première édition des 8 heures contre la dette illégitime qui pour cette année remplacera l’université d’été du CADTM !
PROGRAMME COMPLET
Accueil : 11h30-12h
12h-13h30 PLÉNIÈRE D’OUVERTURE « La dette : arme fatale du capitalisme » ANG<>FR
Ou comment la dette est une arme utilisée par le système comme mécanisme de transfert des richesses et comme outil de domination politique, dévastatrice pour les peuples au Sud et au Nord de la planète. avec
- Silvia Federici (militante féministe, professeure émérite de sciences sociales à l’Université Hofstra, NY – USA),
- Camille Chalmers (Économiste, coordinateur de la PAPDA et membre du CADTM-AYNA),
- Eric Toussaint (porte-parole du CADTM International, membre du Conseil scientifique d’ATTAC France)
13h30-14h30 : Repas
14h30-17h30 : Ateliers
- « Stoppons la dette et l’austérité !! » Ouais, mais comment ? FR Atelier participatif
Avec Yannis Youlountas (militant, écrivain et réalisateur de Ne vivons plus comme des esclaves, Je lutte donc je suis…), Anja Deschoemacker (PSL- LSP), Yorgos Vassalos (Initiative de Solidarité avec la Grèce qui résiste), Anouk Renaud (CADTM Belgique)
En terminer avec les dettes illégitimes et le lot de mesures destructrices qu’elles justifient, tout le monde semble d’accord avec ça . Mais comment on fait concrètement ? On s’auto-organise en stoppant les saisies des maisons, en mettant en place de dispensaires de santé ? On fait pression sur les gouvernants ? On change les politiques de « l’intérieur » ? Le débat est ouvert pour la Grèce et pour la Belgique. Venez donner votre avis, partager votre expérience et vous frotter à des visions et stratégies politiques différentes - Audits citoyens de la dette : quels défis, quelles perspectives ? ESP>FR Atelier participatif avec Iolanda Fresnillo (PACD, EKONA Espagne), Jérémie Cravatte (CADTM Belgique), Madeleine Ploumhans (ACIDE Belgique), un/e représentantE du CAC France // Le mouvement d’audits citoyens de la dette existe depuis longtemps dans les pays du Sud, en Europe il s’agit d’une dynamique plus récente. Cet atelier propose de comparer les initiatives présentes dans différents pays et de réfléchir au renforcement de l’audit citoyen en Belgique.
- Face au capitalisme et au patriarcat : quelles luttes et stratégies des femmes ? ANG<>FR Avec Silvia Federici (militante féministe), Bushra Khaliq (Women in Struggle for Empowerment/CADTM Pakistan), Marcela de la Peña Valdivia (Comité V’là la Facture), Christine Vanden Daelen (CADTM Belgique) // Comment les féministes luttent-elles contre l’alliance sacrée de ces deux systèmes de domination et d’exploitation ? Du Sud au Nord, quelles initiatives mettent-elles en place pour combattre la dette illégitime qui saccage les droits les plus fondamentaux des femmes ?
- Crises bancaires et alternatives ANG<>FR Avec Paul Murphy (député irlandais, Anti austerity alliance), Aline Fares (CADTM Belgique, ex-Finance Watch et Dexia), Martine Orange (Mediapart), Eva Betavatzi (Initiative de Solidarité avec la Grèce qui Résiste) // Depuis l’explosion de la crise bancaire de 2008 en Europe, aucune des réglementations du secteur bancaire mises en place par les pouvoirs publics n’a permis de changer la donne. Il est donc temps que nous prenions ce sujet en charge et que nous nous mobilisions pour imposer des vraies alternatives au système bancaire actuel.
- Vers une nouvelle crise de la dette au Sud ? ANG<>FR Avec Cécile Vanderstappen (CNCD), Sarah-Jayne Clifton (Jubilee Debt Campaign UK), Camille Chalmers (PAPDA, CADTM-AYNA), Renaud Vivien (CADTM Belgique) // Cet atelier propose de dresser l’état des lieux de la situation de la dette au Sud, d’expliquer les liens avec les catastrophes climatiques et les migrations mais aussi de débattre des alternatives et des mobilisations en cours sur les dettes illégitimes du Sud, les réparations et la libre circulation des êtres humains.
- Dette écologique et luttes anti-extractivistes au Nord et au Sud FR Atelier participatif avec Lucile Daumas (ATTAC-CADTM Maroc), Sebastien Kennes (Rencontres des Continents), Camille (ZAD de Notre-Dame-des-Landes, France) Sur chaque continent l’extractivisme domine et l’écologie passe au second rang des priorités politiques. Nous parlerons des résistances populaires qui se développent en Amérique du Sud, en Afrique et en Europe. Réfléchissons ensemble aux différentes luttes pour la préservation des biens communs.
- La dette me casse la tête : le B.A.BA de la dette au Nord et au Sud – FR Animation Avec Maud Bailly et Emilie Paumard (CADTM Belgique) // Franchement, la dette… tu penses que c’est un schmilblick opaque réservé à des économistes, analystes financiers et autres hurluberlus perchés ? Sauf que t’aimerais bien y comprendre quelque chose, convaincu de l’injustice de ce système dette, au Sud et au Nord de la planète ? Viens, cet atelier est fait pour toi !
17h30-18h : pause
18h-19h30 : PLÉNIÈRE DE CLÔTURE : Témoignages de luttes ENG<>FR, ES>FR
Ou comment des femmes et des hommes refusent le fatalisme ambiant et se bougent aux quatre coins de la planète pour réinventer un autre monde ! avec
- Roxanne de D-goûter Peeters,
- Anne Sophie de TTIP Game Over,
- Mamadou Bah pour la Lutte des sans-papiers,
- Lucile Daumas pour les grands travaux inutiles au Maroc,
- Jordan Croeisaerdt sur la criminalisation des mouvements sociaux,
- Iolanda Fresnillo sur les expériences de lutte contre l’austérité et la dette illégitime en Espagne
19h30-20h30 : Repas
20h30-22h : Concert du groupe Terrakota
Plus d’info sur le concert
Inscription vivement recommandée (merci d’indiquer également quel atelier vous voulez suivre) : inscriptions@cadtm.org
Garderie pour les enfants à partir de 2 ans (demander à inscriptions@cadtm.org)
Si vous voulez nous aider dans la préparation (communication, logistique, animation ou autres)et sur place, n’hésitez pas à contacter Chiara : chiara@cadtm.org
Entrée à prix libre. Repas à prix populaires
Événement Facebook : partagez et invitez vos contacts !Cet événement est parrainé par :
- Corinne Gobin (Ulb)
- Ecolo J
- ATTAC Wallonie-Bruxelles
- ACIDE Belgique
- FGTB Wallone
- D19-20
- Rencontre des Continents
- Vie Féminine
- Riposte-CTE
- Agir pour la Paix
- Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté
- Initiative de Solidarité avec la Grèce qui résiste
- QUINOA
- Barricade
- FIAN
- SCI
- Corporate European Observatory
- Eurodad

