Tag: Démocratie

  • Existe-t-il deux catégories de citoyen ?

    justiceOn entend souvent dire que le berceau de nos systèmes démocratiques se situe dans la Grèce Antique. C’est donc souvent un modèle de comparaison pour notre système de représentation.

    Par Alain (Namur)

    Dans les cités-États de la région qui entoure Athènes, il existait déjà des citoyens ‘‘libres’’ et ‘‘égaux’’ en droits. Mais ce n’était en réalité qu’une infime minorité de la population. La moitié de la population – les femmes – n’avait pas voix au chapitre. De plus, la large partie de la population sur laquelle reposait la base productive de la société (principalement les esclaves hommes ou femmes) était dépourvue de tout droit.

    Aujourd’hui, au fil du processus historique, la base productive de la société n’est plus l’esclavage, mais le travail salarié. Bien que nos conditions de vie ne soient plus les même et que le droit de vote soit acquis, sous la pression des luttes, existe-t-il encore différentes catégories de citoyens ?

    La loi est dure, mais…

    Pour la grande majorité des citoyens, la loi est impitoyable : saut d’index, gel salarial, flexibilité accrue, destruction des services publics… Tout le monde doit faire des efforts, non ? En fait, une catégorie de citoyens, qu’ils soient d’origine belge ou étrangère, est épargnée de ces efforts et on leur fait même des cadeaux! C’est ainsi que les actionnaires des entreprises du BEL-20 (qui représente le principal indice d’actions de la bourse de Bruxelles) vont se partager 11 milliards d’euros cette année sans participer à l’effort collectif. De plus, toute une série de lois sont votées pour assurer qu’ils gagnent toujours plus. Si on parle aujourd’hui de faire passer une loi limitant le droit de grève des travailleurs, les politiciens n’ont par contre pas la volonté de voter une loi contre la grève du capital ! 240 milliards d’euros dorment sur les comptes des banques et des grandes entreprises. Cet argent pourrait être réinvesti dans un plan de relance économique qui pallierait aux pénuries et qui répondrait aux besoins de la majorité sociale.

    C’est la loi…

    Alors que la fraude fiscale dans notre pays est estimée à environ 20 milliards d’euros par le Département d’Economie appliquée de l’Université libre de Bruxelles, Dulbea, (malgré toutes les réductions déjà accordées par la loi), les riches et les nantis font de la fraude fiscale un sport dans lequel ils excellent.

    Pour les aider, les différents gouvernements ont lancé ces dernières années plusieurs opérations de régularisation ‘uniques’. Malgré cela, les riches de Belgique se sont distingués dans les dernières affaires de Swissleaks et Luxleaks avec une fraude à hauteur de plus de 6 milliards d’euros dans le seul premier cas. Le gouvernement, en réduisant les services publics, s’empêche de dénicher la grande fraude fiscale. À l’opposé, lorsqu’il s’agit de contrôler les chômeurs (qui représentent plus ou moins 7 milliards d’euros par an, soit environ 3% du budget de l’Etat)(1), ils nous disent que la loi doit être respectée à la lettre.

    Justice à 2 vitesses

    Les professeurs de droit et de philosophie enseignent que la justice est la base de la démocratie, mais la majorité sociale ne se reconnait plus dans les institutions démocratiques et judiciaires actuelles. Il y a de quoi. Quand on sait que l’homme d’affaires belgo-kazakh Patokh Chodiev (deuxième fortune de Belgique tout de même) a réussi à éviter un procès en prenant un ancien président du Sénat (Armand De Decker, MR) comme avocat pour négocier une transaction pénale, ça donne matière à réfléchir. D’autant plus que De Decker est soupçonné d’avoir influencé le processus parlementaire pour que la loi sur la transaction pénale élargie (qui permet de payer une indemnité pour se libérer de poursuites judiciaires) soit votée au bon moment, de façon à assurer à son richissime client d’échapper in extremis à un procès en correctionnel.

    Pire encore, le secteur diamantaire anversois a réussi un joli coup double. Payer un faible montant en transaction pénale pour ne pas être inquiété par la justice. Et ensuite voter une loi limitant sa contribution au budget de l’État. Ils ont pu trouver chez les parlementaires des oreilles attentives à leurs problèmes.

    Pas 2 catégories de citoyens, mais bien 2 cl asses sociales Nous pensons au PSL qu’il n’existe pas 2 catégories de citoyens, mais bien deux classes sociales antagonistes. D’une part, ceux qui sont obligés de vendre leur force de travail pour survivre et d’autre part ceux qui de par leur propriété des moyens de production et des institutions peuvent exploiter le fruit de notre travail social.

    Après de nombreuses crises, l’esclavagisme comme base productive de la société a été balayé. Nous sommes actuellement dans une crise fondamentale du mode de production capitaliste. Par la lutte, nous pouvons aussi renvoyer ce système aux oubliettes de l’histoire !

    (1) Source : ACIDE, Audit Citoyen de la Dette

  • Quelle démocratie réelle pour quelle société ?

    Posez la question autour de vous : qui croit encore que nous sommes dans une véritable démocratie ? De manière écrasante, la réponse sera à n’en pas douter négative, teintée ou non de cynisme à l’exemple du dicton ‘‘la dictature, c’est ferme ta gueule; la démocratie, c’est cause toujours’’. L’homme de la rue n’a voix au chapitre sur rien, son ‘’contrôle démocratique’’ se limite à se rendre de temps à autre aux urnes, sans la moindre garantie que ‘’ses’’ élus respecteront leurs promesses, et sans pouvoir faire quoi que ce soit pour les y contraindre. Que faire sur base de ce constat ?

    Par Nicolas Croes, article initialement publié en novembre 2013

    Des citoyens tous égaux ?

    A la Chute du Mur de Berlin et avec l’effondrement du stalinisme dans les pays du bloc de l’Est, une gigantesque offensive a pris place proclamant la ‘‘fin de l’histoire’’ (selon les célèbres mots du ‘‘philosophe’’ Francis Fukuyama, retombé dans l’anonymat par la suite) ainsi que la victoire de la ‘‘démocratie’’ sur le totalitarisme stalinien. L’establishment pouvait encore bien admettre que quelques ajustements démocratiques devaient toujours prendre place, mais en douceur, à l’aide d’initiatives ‘‘citoyennes’’ et grâce à l’œuvre de sensibilisation (et non de mobilisation) de la ‘‘société civile’’.

    Ces termes avaient l’avantage de balayer les différences de classes sociales et de mettre côte-à-côte le ‘‘citoyen’’ travailleur, le ‘‘citoyen’’ patron d’entreprise, le ‘‘citoyen’’ actionnaire et le ‘‘citoyen’’ premier ministre. C’est dans le prolongement de cette idée que, en 2002, le ‘‘citoyen’’ premier ministre belge Guy Verhofstadt a publié une lettre ouverte aux ‘‘citoyens’’ altermondialistes dans laquelle il disait: ‘‘comment éviter une lutte des classes violente entre les plus pauvres et les plus riches de ce monde ?’’ Par un étrange tour de passe-passe facilité par la confusion politique consécutive au recul idéologique des années ’90, la ‘‘lutte des classes’’ était présentée comme une lutte entre ‘‘deux milliards de personnes qui (…) essayent de survivre (…) et un demi-milliard de personnes dont la préoccupation principale est de démêler l’intrigue du feuilleton télévisé quotidien.’’ Les ‘‘citoyens’’ des pays capitalistes développés étaient donc tous responsables à parts égales, une logique qui – dans un autre style – a fait le bonheur de ceux pour qui ce sont avant tout les choix de consommation qui gouvernent le monde.

    Tout ce discours euphorique et hypocrite a pris du plomb dans l’aile. La ‘‘démocratie’’ a servi de prétexte aux interventions impérialistes en Afghanistan, en Irak et ailleurs, avec des résultats dramatiques. Quant à la construction européenne ‘‘démocratique’’, elle a été marquée par nombre d’entorses majeures, à l’instar des référendums concernant le TCE, Traité sur la Constitution Européenne, rejeté en France et aux Pays-Bas en 2005. Le même texte est revenu par la bande sous un nouveau nom, ‘‘Traité de Lisbonne’’, n’a plus été soumis à un référendum en France et aux Pays-Bas (où il a été ratifié par les parlementaires) mais bien en Irlande, où il a été rejeté une nouvelle fois. Qu’à cela ne tienne, il a été représenté en 2009, l’establishment s’assurant cette fois de suffisamment terroriser les électeurs sur les conséquences d’un nouveau refus pour qu’il soit accepté… En gros, on peut voter pour ce qu’on veut, tant que cela va dans le sens de l’establishment capitaliste !

    Avec la crise économique, l’establishment capitaliste européen ne s’est pas toujours embarrassé de perdre du temps avec l’organisation de nouvelles consultations. En Grèce et en Italie, on a même carrément assisté à l’imposition de gouvernements technocratiques non-élus dirigés, comme par hasard, par d’anciens banquiers. Quant aux ‘‘recommandations’’ de la Commission Européenne, elles sont de plus en plus considérées – à juste titre – comme de véritables diktats. Ce n’est pas destiné à s’améliorer : le TSCG (traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance) veut accroître le pouvoir coercitif de la Commission européenne. La banque JP Morgan Chase (une des plus grandes banques au monde) n’a pas hésité à suivre cette logique jusqu’à l’extrême en réclamant, dans un document intitulé ‘‘L’ajustement de la zone euro – bilan à mi-parcours’’, l’instauration de régimes autoritaires en Europe.

    La crise, ainsi que l’impact grandissant des privatisations et libéralisations, a aussi totalement fait voler en éclat toute cette idée de ‘‘citoyens’’ égaux. Licenciements, enseignement à deux vitesses, justice à deux vitesses, soins de santé à deux vitesses,… le rêve de la ‘‘démocratie’’ occidentale ressemble de plus en plus à un cauchemar. La ‘‘démocratie’’ parlementaire est partout à travers le monde minée par l’abstentionnisme chronique et la perte confiance vertigineuse des ‘’citoyens’’ face aux institutions et aux politiciens traditionnels. Ceux qui pensent encore être en mesure de pouvoir décider de leur destinée sont extrêmement peu nombreux, et ils se trouvent généralement derrière les bureaux luxueux des conseils d’entreprise, des banques,… Sur base de ce sentiment d’élections qui semblent n’être que symboliques et de l’ordre du rituel, la voie est ouverte pour la recherche d’alternatives.

    Une démocratie sans représentants élus ?

    Récemment, David Van Reybrouck, a défendu l’idée d’une démocratie par tirage au sort. Cet auteur flamand, qui a su acquérir une certaine notoriété avec son livre ‘‘Congo. Une histoire’’ fut également l’un des parrains du ‘‘G1000’’, un grand forum de débat public qui a débouché en 2012 sur un sommet dont est sorti une série de recommandations synthétisées dans un rapport remis aux présidents des sept parlements belges.

    C’est entre autres sur base de cette expérience qu’il en est venu à publier un essai ‘‘Tegen verkiezingen’’ (‘‘Contre les élections’’) destiné selon lui à dépasser le ‘‘syndrome de fatigue démocratique’’, notamment sur base de divers exemples historiques (Athènes durant l’Antiquité ou encore les républiques de Florence et de Venise à la Renaissance) et aller au-delà de ‘‘nos démocraties devenues impuissantes’’.

    Il est extrêmement frappant de voir combien cette idée traverse nombre de discussions, que ce soit parmi divers intellectuels et académiciens ou entre amis, autour de soi, une adhésion illustrative du profond dégoût – totalement justifié – que suscitent le clientélisme et la chasse ouverte aux postes rémunérés en vigueur chez les politiciens traditionnels. Mais si nous sommes d’accord avec David Van Reybrouck pour dire qu’une ‘‘démocratie qui se réduit aux élections est trop maigre’’, cette idée d’une démocratie par tirage au sort ne nous semble pas faire le tour de la question.

    Selon nous, le problème n’est pas le principe électif en lui-même, mais bien l’organisation même de ces élections et le cadre dans lequel elles se placent. Toutes les élections ne sont pas marquées par le népotisme et la soif de privilèges personnels qui caractérisent les institutions pro-establishment. Un exemple ? Les élections sociales qui désignent les délégués syndicaux dans les entreprises. En Belgique, aux dernières élections sociales (2012), 125.116 candidats (le double des élections communales) se sont présentés et 44.608 d’entre eux ont été élus. Pour ces élections, pas d’agences de publicité ni de coûteuses campagnes médiatiques, les délégués sont directement élus par leurs collègues sur base de leur dévouement quotidien. Voilà un exemple de démocratie à suivre.

    Ce rejet de l’élection de représentants était aussi un élément du fantastique mouvement d’occupation des places en Espagne lors du mouvement des Indignés, à l’été 2011 autour du slogan ‘‘¡Democracia Real YA!’’ (Une Vraie Démocratie Maintenant!), à la suite de l’enthousiasme du processus de révolution et de contre-révolution enclenché quelques mois plus tôt au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

    Ce mouvement pour la ‘‘démocratie réelle’’ exprimait une aspiration profonde pour une société où les gens disposent d’un véritable contrôle sur leurs vies et ne sont plus à la merci d’une poignée d’ultra-riches, de banquiers voleurs et de politiciens corrompus. Les assemblées populaires tenues sur des centaines de places à travers toute l’Espagne ont donné l’image vivante d’une multitude de personnes se rassemblant, discutant et prenant leurs propres décisions concernant leur avenir. En Grèce, à la même époque, les débats sur la place athénienne de Syntagma avaient pris une orientation similaire. Ces gigantesques assemblées populaires qui réunissaient quotidiennement des milliers de participants ont remis au goût du jour le processus de la discussion collective, un élément d’une importance cruciale qui est absent du principe de tirage au sort. La démocratie ne se décrète pas, elle se construit, et la formation politique par la discussion collective est une donnée essentielle. Seule la formation politique la plus large possible permet d’assurer que personne ne soit indispensable et donc qu’un représentant puisse être élu de façon à ce qu’il soit révocable à tout moment par la base qui l’a choisi.

    Mais dans le cadre des assemblées populaires du mouvement des Indignés, la méfiance était totale vis-à-vis de l’élection de représentants, un sentiment compréhensible suite aux multiples trahisons des dirigeants syndicaux ou des représentants de partis sociaux-démocrates ou staliniens, précisément par manque de contrôle démocratique au sein de ces structures. Cette absence d’élection de représentants a cependant empêché le mouvement de réellement se coordonner à l’échelle nationale. Il faut imaginer quelle serait la situation aujourd’hui, deux ans plus tard, si les diverses assemblées avaient démocratiquement élu des représentants au niveau local pour des réunions nationales du mouvement destinées à tracer des perspectives communes pour la lutte, avec une orientation vers la mobilisation de la base des syndicats qui cherchait, et cherche toujours, à dépasser le rôle de frein joué par les directions syndicales empêtrées dans la logique du syndicalisme de collaboration de classe.

    Pas de démocratie réelle sans démocratie économique !

    Plus fondamentalement, chaque mesure vers une plus grande démocratie se heurte à la dictature des marchés capitaliste. Ce système est génétiquement incapable de donner naissance à une démocratie puisque les intérêts de la majorité de la population entreront toujours en conflit avec le pouvoir exercé par l’infime minorité de propriétaires des moyens de production. Le fait que la lutte n’est pas été fondamentalement orientée sur cette question permet de comprendre pourquoi le mouvement des Indignés est retombé, de la même manière que le mouvement Occupy aux Etats-Unis qui avait marqué l’automne 2011.

    Les mobilisations de masse qui se sont produits depuis lors ont tous illustré la manière dont la révolte des masses conduit à la recherche d’un gouvernement alternatif. Pour nous, l’aboutissement de ce processus est l’instauration d’un gouvernement des travailleurs représentant les intérêts de la majorité de la population, et non pas ceux de l’élite. Et si nous faisons ici référence aux travailleurs, ce n’est pas par fétichisme marxiste, mais tout simplement parce que le mouvement organisé des travailleurs est le seul à pouvoir bloquer l’économie – et donc la base du pouvoir de l’élite capitaliste – à l’aide de la grève générale et des mobilisations de masse, pour pouvoir poser la question d’une nouvelle société où les secteurs-clés de l’économie seraient au mains de ce mouvement et fonctionneraient dans le cadre d’une planification démocratique. Cet élément de démocratie dans le processus de production est un point fondamental car, pour reprendre les mots du révolutionnaire russe Léon Trotsky : ‘‘une économie planifiée a besoin de démocratie comme le corps humain a besoin d’oxygène.’’ C’est cette absence de démocratie qui a conduit à l’effondrement des pays du Bloc de l’Est, étouffés par le cancer dictatorial bureaucratique.

    Dans le cadre de l’organisation de la lutte, des assemblées sur les lieux de travail, dans les quartiers, dans les écoles et dans les universités sont nécessaires pour poursuivre le combat en construisant un puissant mouvement impliquant le plus de monde possible en unifiant les travailleurs, les jeunes et les pauvres organisés démocratiquement par la base au travers de comités de base. Pour autant que ces comités soient reliés localement, régionalement et nationalement, toujours sous le contrôle des assemblées et avec des représentants sujets à révocation, ils peuvent progressivement passer d’organes de lutte à organes de pouvoir. Il y aurait ainsi une extraordinaire multitude de ‘‘parlements’’. Il suffit de voir comment les récents mouvements de masse ont fait appel les uns aux autres et ont été capables de constituer des sources d’inspiration à travers tout le globe pour être convaincu qu’une telle dynamique enclenchée dans un pays donné aurait inévitablement ces répercussions sur l’arène internationale, ce qui est une nécessité pour parvenir au renversement du système économique capitaliste. C’est cela que nous entendons lorsque nous parlons de société socialiste démocratique. Cette démocratie réelle privilégierait les intérêts de la population en utilisant les richesses de la société pour mettre fin à la pauvreté, au chômage et à la destruction de l’environnement.

  • Ce n’est pas à nous de payer pour la crise du capitalisme !

    Tract du PSL pour le blocage du sommet européen organisé par l’Alliance D19-20

    L’Alliance D19-20 est une alliance inédite entre producteurs de lait et syndicalistes en vue du blocage du prochain sommet européen. Aujourd’hui 18 décembre, un meeting se tiendra à Bruxelles au sujet de l’impact des politiques d’austérité et des modes de luttes contre celles-ci. Demain, des actions de blocage du sommet européen prendront place à Bruxelles. Voici ci-dessous le tract prévu par le PSL pour ces occasions.

    Tract du PSL // Tract en version PDF


    Ce n’est pas à nous de payer pour la crise du capitalisme !

    Tout comme l’alliance D19-20, le Parti Socialiste de Lutte (PSL) est convaincu qu’il faut combattre l’austérité sous toutes ses formes. Comment et avec quelle orientation ? Discutons-en afin d’envisager les prochains pas à poser.

    ‘‘Pour ne pas payer l’argent perdu par les banques’’

    Depuis 2008, la Belgique a consacré 35 milliards d’euros pour éponger les dettes du capitalisme-casino. Cet endettement des autorités publiques est maintenant utilisé pour justifier les mesures d’austérité ! Pendant ce temps, les produits financiers dérivés ont dépassé le niveau d’avant la crise des subprimes !

    Le secteur financier doit être retiré des mains des capitalistes. Une seule banque publique dans un océan de géants financier privés ou la scission des activités bancaires de dépôts et d’affaires sont des mesures insuffisantes. Seule la nationalisation de tout le secteur financier sous contrôle et gestion démocratiques permettrait de libérer les moyens nécessaires pour satisfaire les besoins de la population.

    ‘‘Pour nos emplois et nos acquis sociaux’’

    Statuts, salaires, pensions, allocations de chômage, fonction publique,… tandis que les licenciements pleuvent dans le privé, les autorités belges et européennes cassent nos acquis sociaux.

    Pourquoi laisser les équipements et les travailleurs d’ArcelorMittal, Ford ou Caterpillar finir à la casse ? Revendiquons la nationalisation des entreprises qui opèrent des licenciements collectifs ou des fermetures, sous le contrôle des travailleurs. Nous en avons besoin pour faire face aux innombrables défis sociaux, dans le cadre d’un plan d’investissements publics massifs dans l’infrastructure scolaire, les soins de santé, les transports en communs, les logements sociaux,… et pour créer des emplois de qualité et socialement utiles. Contre le chômage massif et les temps partiels aux salaires partiels, il faut réduire le temps de travail à 32h/semaine, sans perte de salaire ni augmentation des cadences et avec embauches compensatoires.

    ‘‘Pour notre souveraineté alimentaire’’

    En dix ans, la Belgique a perdu plus de 55% de ses producteurs de lait. Le modèle d’agriculture que l’Union européenne nous propose, avec le Traité transatlantique notamment, est basé sur la disparition progressive des fermes pour ouvrir la voie à l’agro-business, à de gigantesques infrastructures qui sacrifieront sur l’autel du profit la qualité de notre alimentation comme celle de l’emploi. Refusons que le modèle Monsanto ne devienne notre avenir ! Une alimentation saine, c’est une alimentation protégée de la logique de profit !

    ‘‘Pour une démocratie réelle’’

    La ‘‘démocratie’’ actuelle, c’est la dictature des marchés. Le TSCG, le Traité d’austérité, retire aux Parlements le droit de déterminer leurs orientations budgétaires et permettra aux institutions européennes d’automatiquement sanctionner les États-membres.

    La démocratie réelle n’existera pas tant que les principaux leviers de l’économie (les secteurs-clés tels que la sidérurgie, la finance, l’énergie, la grande distribution,…) restent sous contrôle du privé, tant que ceux qui produisent les richesses ne décideront pas de la manière dont la production s’effectuera et à quelles fins.

    ‘‘Pour notre avenir et notre environnement’’

    Les quelques petites avancées obtenues en termes de normes environnementales peuvent être vite balayées en tant que ‘‘freins à la libre concurrence’’. Face au péril écologique, nous avons besoin d’un audacieux plan de réorientation de l’économie vers les énergies renouvelables, une production respectueuse de l’environnement,… Un tel plan n’est possible que si la collectivité possède les principaux leviers de l’économie.

    ‘‘Battons-nous ensemble !’’

    Il nous faut un syndicalisme de combat ! Nous devons résolument sortir de la logique des manifestations-ballades sans lendemain pour construire un rapport de forces à l’aide d’un véritable plan d’action offensif allant crescendo et avec grève(s) générale(s). Nous devons lutter pour chaque millimètre et ne rien céder.

    Mais soyons francs, aucune des revendications mentionnées ci-dessus n’est réalisable sous ce système capitaliste. Il faut lier notre lutte à la nécessité d’une société alternative, réellement démocratique et socialiste.


    Site de l’Alliance D19-20

    Meeting

    Informations pratiques

    Blocages D19-20, rdv 7h

    • Bld de L’Impératrice-Arenberg (à proximité de la Gare Centrale)
    • Botanique – Rue Royal (à proximité de Botanique)
    • Rue Bélliard – Av des Arts (à proximité de Trône ou Arts-loi)
    • Avenue d’Auderghem – Rue Belliard (à proximité de Schuman)
  • Quelle démocratie réelle pour quelle société ?

    Posez la question autour de vous : qui croit encore que nous sommes dans une véritable démocratie ? De manière écrasante, la réponse sera à n’en pas douter négative, teintée ou non de cynisme à l’exemple du dicton ‘‘la dictature, c’est ferme ta gueule; la démocratie, c’est cause toujours’’. L’homme de la rue n’a voix au chapitre sur rien, son ‘’contrôle démocratique’’ se limite à se rendre de temps à autre aux urnes, sans la moindre garantie que ‘’ses’’ élus respecteront leurs promesses, et sans pouvoir faire quoi que ce soit pour les y contraindre. Que faire sur base de ce constat ?

    Dossier de Nicolas Croes

    Des citoyens tous égaux ?

    A la Chute du Mur de Berlin et avec l’effondrement du stalinisme dans les pays du bloc de l’Est, une gigantesque offensive a pris place proclamant la ‘‘fin de l’histoire’’ (selon les célèbres mots du ‘‘philosophe’’ Francis Fukuyama, retombé dans l’anonymat par la suite) ainsi que la victoire de la ‘‘démocratie’’ sur le totalitarisme stalinien. L’establishment pouvait encore bien admettre que quelques ajustements démocratiques devaient toujours prendre place, mais en douceur, à l’aide d’initiatives ‘‘citoyennes’’ et grâce à l’œuvre de sensibilisation (et non de mobilisation) de la ‘‘société civile’’.

    Ces termes avaient l’avantage de balayer les différences de classes sociales et de mettre côte-à-côte le ‘‘citoyen’’ travailleur, le ‘‘citoyen’’ patron d’entreprise, le ‘‘citoyen’’ actionnaire et le ‘‘citoyen’’ premier ministre. C’est dans le prolongement de cette idée que, en 2002, le ‘‘citoyen’’ premier ministre belge Guy Verhofstadt a publié une lettre ouverte aux ‘‘citoyens’’ altermondialistes dans laquelle il disait: ‘‘comment éviter une lutte des classes violente entre les plus pauvres et les plus riches de ce monde ?’’ Par un étrange tour de passe-passe facilité par la confusion politique consécutive au recul idéologique des années ’90, la ‘‘lutte des classes’’ était présentée comme une lutte entre ‘‘deux milliards de personnes qui (…) essayent de survivre (…) et un demi-milliard de personnes dont la préoccupation principale est de démêler l’intrigue du feuilleton télévisé quotidien.’’ Les ‘‘citoyens’’ des pays capitalistes développés étaient donc tous responsables à parts égales, une logique qui – dans un autre style – a fait le bonheur de ceux pour qui ce sont avant tout les choix de consommation qui gouvernent le monde.

    Tout ce discours euphorique et hypocrite a pris du plomb dans l’aile. La ‘‘démocratie’’ a servi de prétexte aux interventions impérialistes en Afghanistan, en Irak et ailleurs, avec des résultats dramatiques. Quant à la construction européenne ‘‘démocratique’’, elle a été marquée par nombre d’entorses majeures, à l’instar des référendums concernant le TCE, Traité sur la Constitution Européenne, rejeté en France et aux Pays-Bas en 2005. Le même texte est revenu par la bande sous un nouveau nom, ‘‘Traité de Lisbonne’’, n’a plus été soumis à un référendum en France et aux Pays-Bas (où il a été ratifié par les parlementaires) mais bien en Irlande, où il a été rejeté une nouvelle fois. Qu’à cela ne tienne, il a été représenté en 2009, l’establishment s’assurant cette fois de suffisamment terroriser les électeurs sur les conséquences d’un nouveau refus pour qu’il soit accepté… En gros, on peut voter pour ce qu’on veut, tant que cela va dans le sens de l’establishment capitaliste !

    Avec la crise économique, l’establishment capitaliste européen ne s’est pas toujours embarrassé de perdre du temps avec l’organisation de nouvelles consultations. En Grèce et en Italie, on a même carrément assisté à l’imposition de gouvernements technocratiques non-élus dirigés, comme par hasard, par d’anciens banquiers. Quant aux ‘‘recommandations’’ de la Commission Européenne, elles sont de plus en plus considérées – à juste titre – comme de véritables diktats. Ce n’est pas destiné à s’améliorer : le TSCG (traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance) veut accroître le pouvoir coercitif de la Commission européenne. La banque JP Morgan Chase (une des plus grandes banques au monde) n’a pas hésité à suivre cette logique jusqu’à l’extrême en réclamant, dans un document intitulé ‘‘L’ajustement de la zone euro – bilan à mi-parcours’’, l’instauration de régimes autoritaires en Europe.

    La crise, ainsi que l’impact grandissant des privatisations et libéralisations, a aussi totalement fait voler en éclat toute cette idée de ‘‘citoyens’’ égaux. Licenciements, enseignement à deux vitesses, justice à deux vitesses, soins de santé à deux vitesses,… le rêve de la ‘‘démocratie’’ occidentale ressemble de plus en plus à un cauchemar. La ‘‘démocratie’’ parlementaire est partout à travers le monde minée par l’abstentionnisme chronique et la perte confiance vertigineuse des ‘’citoyens’’ face aux institutions et aux politiciens traditionnels. Ceux qui pensent encore être en mesure de pouvoir décider de leur destinée sont extrêmement peu nombreux, et ils se trouvent généralement derrière les bureaux luxueux des conseils d’entreprise, des banques,… Sur base de ce sentiment d’élections qui semblent n’être que symboliques et de l’ordre du rituel, la voie est ouverte pour la recherche d’alternatives.

    Une démocratie sans représentants élus ?

    Récemment, David Van Reybrouck, a défendu l’idée d’une démocratie par tirage au sort. Cet auteur flamand, qui a su acquérir une certaine notoriété avec son livre ‘‘Congo. Une histoire’’ fut également l’un des parrains du ‘‘G1000’’, un grand forum de débat public qui a débouché en 2012 sur un sommet dont est sorti une série de recommandations synthétisées dans un rapport remis aux présidents des sept parlements belges.

    C’est entre autres sur base de cette expérience qu’il en est venu à publier un essai ‘‘Tegen verkiezingen’’ (‘‘Contre les élections’’) destiné selon lui à dépasser le ‘‘syndrome de fatigue démocratique’’, notamment sur base de divers exemples historiques (Athènes durant l’Antiquité ou encore les républiques de Florence et de Venise à la Renaissance) et aller au-delà de ‘‘nos démocraties devenues impuissantes’’.

    Il est extrêmement frappant de voir combien cette idée traverse nombre de discussions, que ce soit parmi divers intellectuels et académiciens ou entre amis, autour de soi, une adhésion illustrative du profond dégoût – totalement justifié – que suscitent le clientélisme et la chasse ouverte aux postes rémunérés en vigueur chez les politiciens traditionnels. Mais si nous sommes d’accord avec David Van Reybrouck pour dire qu’une ‘‘démocratie qui se réduit aux élections est trop maigre’’, cette idée d’une démocratie par tirage au sort ne nous semble pas faire le tour de la question.

    Selon nous, le problème n’est pas le principe électif en lui-même, mais bien l’organisation même de ces élections et le cadre dans lequel elles se placent. Toutes les élections ne sont pas marquées par le népotisme et la soif de privilèges personnels qui caractérisent les institutions pro-establishment. Un exemple ? Les élections sociales qui désignent les délégués syndicaux dans les entreprises. En Belgique, aux dernières élections sociales (2012), 125.116 candidats (le double des élections communales) se sont présentés et 44.608 d’entre eux ont été élus. Pour ces élections, pas d’agences de publicité ni de coûteuses campagnes médiatiques, les délégués sont directement élus par leurs collègues sur base de leur dévouement quotidien. Voilà un exemple de démocratie à suivre.

    Ce rejet de l’élection de représentants était aussi un élément du fantastique mouvement d’occupation des places en Espagne lors du mouvement des Indignés, à l’été 2011 autour du slogan ‘‘¡Democracia Real YA!’’ (Une Vraie Démocratie Maintenant!), à la suite de l’enthousiasme du processus de révolution et de contre-révolution enclenché quelques mois plus tôt au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

    Ce mouvement pour la ‘‘démocratie réelle’’ exprimait une aspiration profonde pour une société où les gens disposent d’un véritable contrôle sur leurs vies et ne sont plus à la merci d’une poignée d’ultra-riches, de banquiers voleurs et de politiciens corrompus. Les assemblées populaires tenues sur des centaines de places à travers toute l’Espagne ont donné l’image vivante d’une multitude de personnes se rassemblant, discutant et prenant leurs propres décisions concernant leur avenir. En Grèce, à la même époque, les débats sur la place athénienne de Syntagma avaient pris une orientation similaire. Ces gigantesques assemblées populaires qui réunissaient quotidiennement des milliers de participants ont remis au goût du jour le processus de la discussion collective, un élément d’une importance cruciale qui est absent du principe de tirage au sort. La démocratie ne se décrète pas, elle se construit, et la formation politique par la discussion collective est une donnée essentielle. Seule la formation politique la plus large possible permet d’assurer que personne ne soit indispensable et donc qu’un représentant puisse être élu de façon à ce qu’il soit révocable à tout moment par la base qui l’a choisi.

    Mais dans le cadre des assemblées populaires du mouvement des Indignés, la méfiance était totale vis-à-vis de l’élection de représentants, un sentiment compréhensible suite aux multiples trahisons des dirigeants syndicaux ou des représentants de partis sociaux-démocrates ou staliniens, précisément par manque de contrôle démocratique au sein de ces structures. Cette absence d’élection de représentants a cependant empêché le mouvement de réellement se coordonner à l’échelle nationale. Il faut imaginer quelle serait la situation aujourd’hui, deux ans plus tard, si les diverses assemblées avaient démocratiquement élu des représentants au niveau local pour des réunions nationales du mouvement destinées à tracer des perspectives communes pour la lutte, avec une orientation vers la mobilisation de la base des syndicats qui cherchait, et cherche toujours, à dépasser le rôle de frein joué par les directions syndicales empêtrées dans la logique du syndicalisme de collaboration de classe.

    Pas de démocratie réelle sans démocratie économique !

    Plus fondamentalement, chaque mesure vers une plus grande démocratie se heurte à la dictature des marchés capitaliste. Ce système est génétiquement incapable de donner naissance à une démocratie puisque les intérêts de la majorité de la population entreront toujours en conflit avec le pouvoir exercé par l’infime minorité de propriétaires des moyens de production. Le fait que la lutte n’est pas été fondamentalement orientée sur cette question permet de comprendre pourquoi le mouvement des Indignés est retombé, de la même manière que le mouvement Occupy aux Etats-Unis qui avait marqué l’automne 2011.

    Les mobilisations de masse qui se sont produits depuis lors ont tous illustré la manière dont la révolte des masses conduit à la recherche d’un gouvernement alternatif. Pour nous, l’aboutissement de ce processus est l’instauration d’un gouvernement des travailleurs représentant les intérêts de la majorité de la population, et non pas ceux de l’élite. Et si nous faisons ici référence aux travailleurs, ce n’est pas par fétichisme marxiste, mais tout simplement parce que le mouvement organisé des travailleurs est le seul à pouvoir bloquer l’économie – et donc la base du pouvoir de l’élite capitaliste – à l’aide de la grève générale et des mobilisations de masse, pour pouvoir poser la question d’une nouvelle société où les secteurs-clés de l’économie seraient au mains de ce mouvement et fonctionneraient dans le cadre d’une planification démocratique. Cet élément de démocratie dans le processus de production est un point fondamental car, pour reprendre les mots du révolutionnaire russe Léon Trotsky : ‘‘une économie planifiée a besoin de démocratie comme le corps humain a besoin d’oxygène.’’ C’est cette absence de démocratie qui a conduit à l’effondrement des pays du Bloc de l’Est, étouffés par le cancer dictatorial bureaucratique.

    Dans le cadre de l’organisation de la lutte, des assemblées sur les lieux de travail, dans les quartiers, dans les écoles et dans les universités sont nécessaires pour poursuivre le combat en construisant un puissant mouvement impliquant le plus de monde possible en unifiant les travailleurs, les jeunes et les pauvres organisés démocratiquement par la base au travers de comités de base. Pour autant que ces comités soient reliés localement, régionalement et nationalement, toujours sous le contrôle des assemblées et avec des représentants sujets à révocation, ils peuvent progressivement passer d’organes de lutte à organes de pouvoir. Il y aurait ainsi une extraordinaire multitude de ‘‘parlements’’. Il suffit de voir comment les récents mouvements de masse ont fait appel les uns aux autres et ont été capables de constituer des sources d’inspiration à travers tout le globe pour être convaincu qu’une telle dynamique enclenchée dans un pays donné aurait inévitablement ces répercussions sur l’arène internationale, ce qui est une nécessité pour parvenir au renversement du système économique capitaliste. C’est cela que nous entendons lorsque nous parlons de société socialiste démocratique. Cette démocratie réelle privilégierait les intérêts de la population en utilisant les richesses de la société pour mettre fin à la pauvreté, au chômage et à la destruction de l’environnement.

  • Procès de 5 permanents SETCA BHV licenciés : Méthodes, plaidoiries, discours… quand la direction syndicale s’apparente au patron du syndicat.

    Ce lundi 21 octobre avait lieu l’audience du tribunal du travail de Bruxelles concernant le licenciement pour faute grave des 5 secrétaires syndicaux du SETCa BHV sauvagement licenciés, il y a déjà plus de trois ans, par la direction syndicale du SETCa fédéral. Retour sur les éléments de la plaidoirie de la direction du SETCA fédéral.

    Par un correspondant du PSL

    Plusieurs syndicalistes étaient présents ce 21 octobre pour marquer leur solidarité avec leurs anciens permanents, mais également des syndicalistes de la CNE, et dénoncer les méthodes patronales utilisées par l’appareil syndical.

    En effet, les longues plaidoiries de ce lundi ont remis en évidence les pratiques empruntées par la direction syndicale aux pires patrons. Pratiques que le syndicat dénonce, par ailleurs, dans toutes ses publications destinées aux affiliés et militants :

    • Judiciarisation du conflit : alors que le syndicat dénonce partout le recours systématique aux tribunaux par les directions d’entreprises (en cas de piquets de grève, notamment), il règle le différend qui l’oppose aux 5 en justice en outrepassant les structures décisionnelles régionales. En effet, le Comité exécutif de la section régionale de BHV n’a jamais eu l’occasion de débattre et de voter la question du licenciement pour faute grave des 5 de l’industrie. D’ailleurs, les 5 permanents ont été élus par la base, ce licenciement court-circuite donc les structures de base du syndicat. Seuls les syndicalistes qui les ont élus devraient pouvoir révoquer éventuellement leur mandat.
    • Banalisation de la faute grave : être licencié pour faute grave a des conséquences dramatiques pour un travailleur : licenciement immédiat, sans préavis ni indemnité et, dans la plupart des cas, sanction par l’assurance-chômage pendant plusieurs mois. Dans la loi, ce type de licenciement est exceptionnel et réservé à une faute gravissime, clairement établie. Classiquement, il s’agit de violence au travail, de vol ou de fraude avérée. Tout syndicaliste a à cœur d’intervenir pour éviter que ce mécanisme soit utilisé voire, le cas échéant, de transformer une faute grave en un licenciement normal (lorsque la réintégration n’est vraiment pas possible). Ici, l’organisation syndicale non seulement utilise ce procédé indigne mais le rend collectif (cinq licenciements pour la même soi-disant faute grave) et le banalise car la faute prétendue n’est que l’envoi, jugé déplacé, d’un e-mail. La faute avancée est pour le moins subjective : insubordination, obstruction, atteinte à l’honorabilité ;
    • Criminalisation de la contestation : une divergence de point de vue sur la gestion financière de la régionale est sanctionnée d’une faute grave pour insubordination alors que la contestation est la base du travail syndical des délégués d’entreprise quand ils constatent un dysfonctionnement ou un investissement qui risque d’hypothéquer l’avenir de l’entreprise. Il ne s’agit pas ici de départager qui a ou non raison. Mais si un délégué syndical ne peut plus mettre en question, par des arguments posés, qu’il ait tort ou raison, le projet d’une direction, si cela est à considérer comme une faute grave, alors demain tous les représentants et délégués syndicaux pourraient être licenciés pour faute grave par leur entreprise !
    • Mépris pour les actions et témoignages de soutien aux 5 permanents licenciés : sous prétexte qu’aucun procès-verbal du Comité Exécutif n’acte de contestation du licenciement, il n’y aurait eu aucune protestation ni soutien aux licenciés ;
    • Criminalisation des actions syndicales : paradoxalement, par rapport au point précédent, alors que les permanents licenciés ont organisé pendant des mois après leur licenciement, et avec les nombreux militants qui les soutenaient, diverses actions au sein de l’organisation syndicale pour exiger leur réintégration (manifestations, tractage, occupation, meetings), les dirigeants syndicaux appellent cela des “voies de fait”. Comme le premier patron anti-syndical venu qui va en justice contre un piquet de grève ou une occupation d’entreprise en criant aux “voies de fait”.
    • Espionnage des boîtes mail des licenciés : sur base d’une jurisprudence rendue au pénal selon laquelle une preuve recueillie illégalement peut être recevable en fonction de la gravité de la faute, la direction syndicale se sert de mails relevés illégalement dans les boîtes mail des permanents licenciés. Pourtant, un arrêt de la Cour de Travail de Bruxelles (niveau d’appel) a déjà clairement établi que ce principe n’a pas sa place en droit du travail. Comment le syndicat pourra-t-il demain contester aux employeurs le droit de fouiller dans les boîtes mail de ses travailleurs, pour en sortir, hors de tout contexte, le message un peu maladroit permettant de les incriminer ? De même, un statut Facebook sorti de leur contexte a été utilisé par les avocats du SETCa fédéral, dans les plaidoiries ;
    • Incohérence et mépris : les dirigeants syndicaux reprochent à ceux qu’ils prétendaient licencier d’avoir continué à faire du syndicalisme dans les entreprises et ont tout fait pour les en empêcher (y compris la collusion avec les directions d’entreprise), malgré le soutient des militants de ces entreprises. Mais, de façon complètement incohérente, ils leur reprochent aussi de s’être inscrits au chômage et d’avoir retrouvé de nouveaux emplois, prétextant que cela indique que les licenciés auraient accepté leur licenciement.

    A la fin d’une interview au journal De Standaard, le 4 septembre 2010, le président fédéral du SETCa justifiait son acte en disant “Un syndicat a des budgets et du personnel et doit donc être géré comme une entreprise”. C’est faux, un syndicat n’est pas une entreprise : le pouvoir vient de la base et non d’en haut ; les valeurs et objectifs n’ont rien à voir. En outre, même dans une entreprise, aucun syndicaliste ne peut tolérer de telles méthodes.

    Toutes ces tactiques démontrent que l’appareil syndical est prêt à aller très loin pour museler toute opposition en son sein et à quel point il est important que la base s’organise pour reprendre en main les rênes du mouvement qui lui appartient et créé pour défendre ses intérêts et non ceux d’une petite minorité prête à tout pour préserver sa position.

    Verdict annoncé pour le 2 décembre 2013, au plus tôt ! A suivre…


  • Retour sur la nouvelle gouvernance à l'ULB.

    Il y a, depuis ce jeudi 17 octobre, un changement majeur qui s’est opéré au sein des institutions de l’ULB. Et c’est, hélas, un changement négatif pour le personnel, les étudiants et pour l’enseignement en général. Ainsi, le Conseil d’Administration a voté la réforme de gouvernance “efficacité et démocratie” mais nous pouvons traduire ce titre par “vision managériale d’un service public pour le rendre plus compétitif, plus performant et plus rentable”.

    Par Maxime (Bruxelles)

    Pour accomplir ce but, l’état de la direction de l’ULB posait problème, il a fallu le régler… ou plutôt le “réformer”… Donc, pour rendre toute opposition aux projets néolibéraux des autorités universitaires impossible, la nouvelle gouvernance consiste à :

    • Diviser le CA en deux, un Conseil qui gère l’académique et un autre qui gère l’administratif, en réduisant le nombre de représentants du personnel et des étudiants.
    • Renforcer l’exécutif, avec l’arrivée d’un nouveau Directeur Général externe à l’ULB.
    • Accorder plus de places aux « experts », les technocrates.

    Cela rend tout débat d’ensemble impossible (l’académique et l’administratif étant pourtant liés). La nouvelle gouvernance attaque aussi les conditions de travail du personnel administratif, technique, de gestion et spécialisé comme l’ont dénoncé les syndicats. Les autorités nient tout lien entre cette réforme et le processus de marchandisation de l’enseignement commencé par la Déclaration de Bologne. Il ne faut pas être dupe. Les autorités nient l’évidence même.

    Sur le climat autoritaire

    Les conditions dans lesquelles c’est opéré le vote de la réforme sont fort significatives de la nature si “démocratique” de la nouvelle gouvernance. Tout d’abord, lors de la contestation étudiante de ce lundi 14 octobre qui réclamait seulement le report du vote précédé par des débats contradictoires et un référendum, les autorités de l’ULB ont fait appel à la police, pour ‘‘se protéger’’ des étudiants qui ne réclamaient rien de très anti-démocratique. Et la police n’y est pas allée de main morte, elle a laissé tomber la “méthode douce” pour utiliser gaz, matraques et chiens. Une belle preuve de répression musclée, d’une force inouïe, disproportionnée et de violence gratuite. Il y a eu plusieurs blessés.

    Après ça, une petite victoire a été obtenue par le blocage vu que le vote a été reporté… au jeudi 17 octobre. La deuxième petite victoire forte de symboles est le fait que le CA a dû voter la réforme en zone neutre, place Royale, et sous surveillance policière. Malgré l’opposition exprimée -du personnel et des étudiants- à travers leurs actions: blocage du CA, du rectorat par les syndicats, assemblées générales et manifestation…

    Bref, nous sommes face à un bon signal pour la démocratie et l’enseignement à l’ULB et en Belgique en général…

    Revendications:

    • Non à la réforme pourrie !
    • Construisons une mobilisation massive pour gagner !
    • Unité des étudiants avec le personnel !
    • Pour un contrôle et une gestion démocratique du personnel et des étudiants, avec des délégués révocables à tout moment par l’assemblée qui les a élus, pour enfin connaître une vraie démocratie à l’université !
    • Pour un refinancement public de l’enseignement à hauteur de 7% du PIB minimum !
    • Pour une société où les richesses sont gérées et réparties démocratiquement par la population !
  • Bruxelles : Action de solidarité ce lundi avec les 5 secrétaires du SETCA licenciés

    Ce lundi, une action de solidarité prendra place au Tribunal du Travail de Bruxelles concernant les cinq secrétaires syndicaux du SETCa sauvagement licenciés en septembre 2010 par la direction syndicale. Un appel a été lancé pour les soutenir devant le tribunal, et nous tenons à le relayer ici, avec des liens vers divers articles que nous avions écris à l’époque.


    Lundi 21 octobre à 14h, tribunal du travail de Bruxelles, place Poelaert 3, 1000 Bruxelles, salle 4.


    Camarades,

    Cela fait maintenant plus de trois ans qu’Eric, Bernadette, Rik, Ria et moi-même avons été sauvagement et brusquement écartés du SETCa, avec en sus l’ignominie d’être accusés de « faute grave ».

    Ce fut un traumatisme pour nous tous. Au-delà des difficultés personnelles, du manque de respect total envers de véritables « combattants » de la cause, cette affaire a ébranlé beaucoup des certitudes et convictions qui nous permettent de tenir bon, au jour le jour.

    Les lenteurs de la justice sont telles que ce sera seulement ce lundi 21 octobre, à 14h, qu’aura lieu l’audience du tribunal concernant notre affaire (du moins pour les trois, moi, Eric et Bernadette, ayant porté l’affaire devant les tribunaux francophones).

    Je vous invite à y participer et, ce faisant, à nous soutenir. Eric n’y sera pas, malheureusement. Mais il aurait apprécié votre soutien, tout comme Bernadette et moi l’apprécierons.

    La plupart d’entre vous n’ont pas abandonné l’espoir de faire vivre les valeurs syndicales au sein du SETCa, et je les en félicite. Il vous sera d’autant plus utile d’être témoins de ce que l’organisation syndicale avance comme arguments contre nous.

    Considérer comme une faute grave, qualifier de « insubordination, obstruction systématique et atteinte à l’honneur » le simple fait d’exprimer, en interne, des réserves sur un projet financier d’une direction, c’est mettre en danger tous les syndicalistes du pays.

    Je vous invite à nous rejoindre à l’audience, ce lundi 21 octobre à 14h, au tribunal du travail de Bruxelles, place Poelaert 3, 1000 Bruxelles, salle 4.


  • TSCG : attention danger

    Le Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance en Europe, plus communément appelé Traité budgétaire européen, est un traité en cours d’adoption qui vise à compléter l’arsenal de l’Union Européenne destiné à pousser ses Etats-membres encore plus profondément dans la logique du néolibéralisme et de l’austérité.

    Par Simon (Liège)


    Photo ci-contre : Ce 25 septembre, une centaine de personnes étaient présentes pour une réunion publique organisée par la plate-forme liégeoise contre le Traité d’austérité européen. Prochaine date à retenir pour la plateforme : le 21 octobre prochain pour un rassemblement devant l’Hôtel de ville de Liège contre le TSCG afin d’interpeller le conseil communal et les députés wallons qui y siègent.


    Concrètement, il s’agit d’interdire aux Etats-membres des déficits budgétaires excédant 0,5% du PIB, ce qui signifie empêcher toute logique budgétaire de relance économique par les investissements dans les services publics. Plus grave encore, ce Traité mettrait toute la politique budgétaire des gouvernements sous la tutelle de la Commission Européenne (qui est, pour rappel, une instance non-élue).

    Comme tout traité européen, le TSCG doit recevoir l’approbation à la fois de notre parlement fédéral, mais aussi celui des parlements régionaux. Les partis politiques traditionnels sont tous acquis à ce traité. En ce compris Ecolo, qui se paye en plus le luxe de paraître le contester en votant ‘‘non’’ au Parlement fédéral où il occupe les bancs de l’opposition, mais en prévoyant de voter ‘‘oui’’ au Parlement wallon où il est associé à la majorité. Car si le vote en faveur du traité à déjà eu lieu aux Parlements fédéral et flamand, il doit encore avoir lieu au Parlement régional wallon.

    Bien sûr, les politiciens traditionnels connaissent l’impopularité de ce type de traité depuis les ‘‘non’’ français, irlandais ou hollandais au traité constitutionnel européen de 2004. Les grands médias, dociles, mettent donc peu de lumière sur cet enjeu de toute première importance pour les travailleurs d’Europe.

    Un vote négatif au Parlement wallon serait donc de nature à bloquer la procédure d’adoption dans tout notre pays, ce qui serait d’une portée hautement symbolique dans toute l’Union Européenne et permettrait de renforcer la détermination de ceux qui luttent partout en Europe contre la logique de l’austérité imposée aux populations pour sauvegarder les profits de quelques millionnaires.

    Une plate-forme lancée à l’initiative de la coopérative politique liégeoise Vega, à laquelle le PSL s’est immédiatement rallié, tente d’atteindre cet objectif et de faire pression pour qu’un débat public soit organisé face à ce vote que les élus wallons aimeraient faire passer en catimini et en prenant clairement position contre ce traité. Cette plateforme s’est rapidement élargie, recevant le soutien de secteurs du monde syndical comme la CNE ou la CGSP wallonne ou encore d’organisations de la gauche comme le PTB ou la LCR. Fait notable, la section locale de Liège-centre ville du PS (pas la fédération liégeoise, donc) a aussi pris position contre le TSCG, à rebours de ses instances de direction régionales et nationales.

    Mais au-delà de ces signatures, ce qu’il faut, c’est construire un rapport de force efficace sur le terrain qui soit capable de faire pencher la balance du côté de la démocratie et de la justice sociale. Nous avons besoin qu’un plan d’action voie le jour dans les plus brefs délais afin de coordonner les forces qui se liguent contre ce traité d’austérité et contre la politique d’austérité en général.

    Plus d’informations sur cette plate-forme sur WWW.STOP-TSCG.BE

  • Traité budgétaire européen : Attention, conquêtes sociales en danger !

    Pour un débat public avant le vote du Parlement wallon

    Il s’agit sans doute du vote le plus important de cette législature et pourtant personne n’en parle. En Belgique, le ”Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance” (TSCG), également appelé ”Traité budgétaire européen”, a été validé par les Parlements au niveau fédéral ainsi qu’en Flandre. Il sera très prochainement à l’agenda du Parlement wallon. Un ”NON” des parlementaires wallons suffirrait à stopper ce texte.

    Plateforme liégeoise contre le TSCG

    AUSTÉRITÉ IMPOSÉE

    Alors que les États subissent déjà de plein fouet les conséquences de la crise bancaire de 2008 et se sont vus obligés de s’endetter afin de renflouer les banques déficitaires, l’objectif de ce traité est d’inscrire encore plus avant l’austérité dans les législations nationales.

    Il contient ainsi une «règle d’or» qui impose que les déficits budgétaires n’excèdent pas 0,5% du PIB (au lieu des 3% prévus actuellement). Aucun État membre ne pourra atteindre cet objectif même en sabrant à tous les niveaux dans ses budgets. En Grèce, où après plus de 10 plans d’austérité la population est à genoux, on voit pourtant que cette logique est un cuisant échec puisque la dette ne cesse d’augmenter.

    DÉMOCRATIE CONFISQUÉE

    Complété du mécanisme européen de stabilité (MES), le TSCG créerait en outre un instrument juridique retirant aux Parlements nationaux le droit de déterminer eux-mêmes leurs choix et orientations budgétaires. Ces choix dépendraient alors des institutions peu démocratiques que sont la Commission européenne et le Conseil européen.

    Le Traité conférerait également aux institutions de l’Union européenne le pouvoir de sanctionner automatiquement les États membres qui tarderaient à renforcer les politiques antisociales déjà en cours: blocage des salaires, privatisations, réductions des dépenses publiques, suppression des conventions collectives nationales, recul de l’âge de la pension, …

    NOUS VOULONS UN DÉBAT PUBLIC AVEC LES ÉLUS !

    S’ils prennent la mesure des régressions sociales et du recul démocratique qu’implique ce traité, les élus progressistes du Parlement wallon peuvent encore le bloquer en votant ‘‘NON’’ ! L’objet de notre plateforme est d’informer sur les enjeux et les dangers du TSCG et de réclamer un débat public avec nos élus AVANT qu’ils soient amenés à se prononcer sur ce texte.

    Venez vous informer et débattre avec nous LE MERCREDI 25 SEPTEMBRE À 19H À LA SALLE WILMOTTE À L’ULG, PLACE DU XX AOÛT À LIÈGE

    Premiers signataires de la plate-forme liégeoise contre le TSCG :

    • Daniel Cornesse (CSC),
    • Dimitri Coutiez (section de Liège du PS),
    • Pierre Eyben (VEGA),
    • Gilbert Lieben (Secrétaire général de la CGSP wallonne),
    • Simon Hupkens (PSL),
    • Sylviane Mergelsberg (RR),
    • Christine Pagnoulle (ATTAC)

    REJOIGNEZ LA PLATE-FORME !

    WWW.STOP-TSCG.BE – CONTACT@STOP-TSCG.BE

  • La crise du capitalisme entraîne une augmentation de la violence d’Etat

    Ces dernières semaines, nous avons étés témoins d’une solidarité internationale qui a fait chaud au cœur : des manifestants au Brésil portaient des pancartes avec l’inscription “We are all Taksim Square” tandis que de Turquie retentissait la réponse : “Brésil et Turquie : même combat”. Les deux mouvements de contestation ne manquent pas de points communs : ils s’opposent à une politique néolibérale qui investit dans des projets de prestige au lieu d’offrir des services sociaux essentiels et contestent également le caractère anti-démocratique de cette politique.

    Par Mathias (Anvers)

    Il n’y a pas qu’au niveau des causes que des parallèles peuvent être trouvés. La réaction de l’Etat fut elle aussi semblable. En Turquie comme au Brésil, les autorités ont tenté de réduire au silence des manifestants pacifiques en recourant à une répression brutale. Des milliers de personnes ont été blessées et arrêtées. En Turquie, la répression du régime a même conduit à la mort de plusieurs personnes.

    Cette féroce répression n’est pas restée inaperçue sur le plan international et, dans bien des pays, des manifestations de solidarité ont pris place. Des politiciens européens de premier plan se sont même vus forcés de condamner la violence policière. Sous la pression, Angela Merkel a même dû déclarer: “Ce qui se passe actuellement en Turquie, ne correspond pas à nos idées de la liberté de manifester et de la libre expression ”. Mais, début juin, lorsque la manif de Blockupy s’est déroulée à Frankfort, elle a été dispersée à coup de matraques par les robocops allemands. La sympathie de la chancelière est visiblement à géométrie variable.

    L’hypocrisie de ces politiciens ne connait pas de limites. Ces dernières années, plusieurs gouvernements ont forcé leur population à accepter une austérité drastique. Quand des manifestations de masse ont vu le jour, les grenades lacrymogènes et les matraques sont entrées dans la danse. Espagnols, Portugais, Grecs ou Allemands ont pu constater de leurs yeux quelle idée de la liberté d’expression se font les dirigeants européens.

    En Belgique aussi, ce droit reste fragile, comme l’a encore illustré l’arrestation de 80 personnes lors d’une action contre Monsanto à Anvers le 25 mai dernier. Récemment, la classe dominante a encore élargi son arsenal d’outils répressifs avec les Sanctions Administratives Communales (SAC). Mieux vaut commencer à mettre des sous de côté avant d’exprimer son opinion ou de faire usage de son droit de manifester : une manifestation spontanée peut, avec les SAC et les ‘combitaxes’, facilement devenir une affaire de l’ordre de quelques centaines d’euros.

    Le rôle de l’Etat

    Le fait que la contestation soit partout dans le monde confrontée au même cocktail de répression et de persécution n’est absolument pas neuf. Au 19ème siècle, Friedrich Engels avait déjà remarqué ‘‘qu’en dernière instance, l’État est une bande d’hommes armés”. La politique néolibérale est un désastre pour quasiment tout le monde. Quasiment car, pour certains, elle représente tout sauf peine et misère. Dans le monde entier, les riches profitent admirablement de la crise. En Belgique, on compte 6.000 millionnaires de plus en 2012 par rapport à 2011. À l’échelle mondiale, environ 111.000 personnes possèdent 35% de la richesse ! Ce sont les intérêts de cette élite que l’Etat défend avec acharnement.

    La confirmation de cet état de fait se retrouve dans la réalité de tous les jours. Cela va des requêtes unilatérales pour casser les piquets de grève à la proclamation d’une loi interdisant la hausse des salaires. Ce sont des mesures qui profitent à la classe dominante, aux patrons.

    Il n’est pas étonnant que le gouvernement joue un tel rôle sous le capitalisme. Dans une société de classe où la classe dominante, une petite élite, s’enrichit au détriment de la grande majorité, cette élite a besoin d’un appareil pour imposer sa volonté aux masses exploitées. Marx décrit l’Etat sous le capitalisme comme n’étant ‘‘pas plus qu’un conseil qui gère les affaires communes à toute la classe bourgeoise.’’

    La tâche de l’Etat consiste à défendre les intérêts de la classe dominante à court mais aussi à long terme. Sous le capitalisme, cela signifie de maximaliser les profits du capitaliste mais aussi de maintenir le système lui-même, ce qu’il accomplit en protégeant le pilier de cette société : la propriété privée des moyens de production (entreprises, banques, moyens de transports et de communication,…)

    Les intérêts à court et à long terme entrent parfois en conflit. Cela explique par exemple la création de l’Etat-providence. Dans l’après-guerre, des concessions sociales et économiques ont été faites par en haut à la classe ouvrière afin de prévenir toute révolution par en bas. Ceci, couplé à une croissance économique sans précédent, a eu pour résultat une amélioration considérable du niveau de vie de la majorité de la population dans les pays développés. La politique néolibérale souligne aujourd’hui plus clairement que jamais que, sous le capitalisme, toute concession n’est que temporaire.

    Dans la société capitaliste, la démocratie parlementaire est en effet la manière la plus efficace dont dispose les capitalistes pour imposer leur volonté avec un minimum de résistance. Mais les valeurs démocratiques ne sont cependant pas sacrées pour la bourgeoisie. Là où la démocratie parlementaire n’arrive plus à défendre leurs intérêts, elle n’hésite pas à l’écarter. Par exemple, l’an passé, en Grèce, on a vu que le pouvoir a été temporairement confié à un gouvernement technocratique qui avait pour tâche d’appliquer coûte que coûte les mesures d’austérité avant les élections.

    Dans les années ’30, des méthodes plus radicales ont été nécessaires pour maintenir la situation révolutionnaire sous contrôle. Dans plusieurs pays, la bourgeoisie joua la carte du fascisme, lequel opprima les syndicats et les partis de gauche de manière extrêmement violente et atomisa ainsi la classe ouvrière. Toutefois, avec cette expérience, la bourgeoisie se brula sérieusement les doigts. Les théories conspirationnistes qui représentent la classe dominante comme un groupe de stratèges extrêmement rationnels ayant toujours la situation bien en main font trop honneur à la bourgeoisie.

    Big Brother détermine nos droits démocratiques

    Ces dernières décennies, les droits démocratiques ont étés systématiquement restreints. Les attaques contre les tours du WTC à New York en 2001 ont été instrumentalisées pour introduire bon nombre de lois qui ont accordé considérablement plus de pouvoir à l’Etat. Des lois soi-disant conçues pour faire face à la menace du terrorisme sont tout aussi aisément appliquées contre des mouvements de contestation comme Occupy aux États-Unis ou le mouvement actuel en Turquie.

    Le récent scandale dévoilant que le gouvernement américain contrôle, dans le monde entier, les conversations téléphoniques, les courriels,… à une échelle sans précédent témoigne du fait que cette évolution est déjà bien avancée. Des commentateurs ont même affirmé que la NSA (National Security Agency) dispose d’une quantité d’informations sur la population bien supérieures à ce dont la Stasi, le service secret Est-allemand, aurait jamais pu rêver. L’image de cette NSA observant chacun sans relâche fait immédiatement penser à l’image de Big Brother, du roman ‘1984’ de George Orwell. Il y a tout de même une grande différence avec la dystopie (le contraire d’une utopie) représentée par Orwell. Alors que le Big Brother d’Orwell est un phénomène purement étatique, il existe aujourd’hui bien des entreprises privées qui s’en mêlent. Edward Snowden, celui par qui le scandale est arrivé, travaillait par exemple pour un sous-traitant de la NSA. La folie est ainsi poussée à son comble !

    La crise capitaliste, le manque de contrôle démocratique ainsi que la répression et le contrôle croissant sont des symptômes d’un système malade. Au fur et à mesure que la crise s’approfondira, les mesures deviendront plus drastiques. La seule manière de mettre fin à l’oppression est d’en finir avec le capitalisme. Seule une alternative socialiste où les moyens de production ne sont pas aux mains d’une petite élite peut apporter une réponse aux problèmes actuels. Dans la prochaine période, il sera crucial de construire une force qui, avec un programme et une tactique appropriés, pourra parvenir à ce résultat.

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