Tag: Deliveroo

  • Liège. Grève chez Deliveroo : entretien avec un coursier

    Ce vendredi 6 mars, à Liège, sous une pluie battante, les travailleurs de Deliveroo se sont rassemblés rue Pont d’Avroy en protestation contre le nouveau système “free login” imposé par leur employeur.

    Des membres de la section de Liège du PSL étaient présents en soutien, l’occasion de revenir sur ce nouveau système, mais aussi de soutenir cette lutte contre cette diminution des revenus de ces travailleurs. Nous en avons discuté avec l’un d’eux.

    Entretien réalisé par Jeremiah (Liège)

    Peux-tu nous expliquer ce qui va changer avec ce système de Free login ?

    D’abord, c’est un système qui est mis en place depuis déjà 2 semaines, donc on a déjà pu constater la diminution de nos revenus.

    L’ancien système était bien meilleur, car il nous garantissait un revenu horaire de 15 à 20 € de l’heure dans les bons jours, car il y avait un nombre limité de coursier par créneau horaire. En limitant le nombre de coursiers par créneau, cela permettrait d’être presque sûr d’avoir des commandes durant ce laps de temps.

    Avec le système de Free login, n’importe qui peut aller à n’importe quel créneau, ce qui augmente la concurrence entre les livreurs. La conséquence concrète est que l’on peut attendre plusieurs minutes, voire 1h, pour obtenir une commande, ce qui diminue notre salaire horaire. Il peut même atteindre 5 €/h quand il y a trop de livreurs sur un créneau. Le temps d’attente n’étant pas payé, notre salaire est divisé par 3 à cause de ce nouveau système.

    Ils ont utilisé une réunion de “concertation” organisée par la plateforme avec les indépendants, le but étant de mettre en avant plus de flexibilité, mais cela se fait au prix d’un salaire inférieur à 10 €/heure et donc ne vaut pas la peine pour nous. En vérité, Deliveroo a imposé ce système sans concertation avec les livreurs.

    Deliveroo permet des revenus plus élevés que les autres plateformes grâce à son système de paye à la course. Le système de Free login va donc attirer également les coursiers des autres plateformes, augmentant encore la concurrence entre les coursiers.

    Au niveau de votre statut, est-ce que quelque chose a changé depuis cette interpellation du tribunal du travail envers Deliveroo sur le statut de faux indépendants ?

    Moi je suis toujours sur le statut d’indépendant, donc je dois payer toutes mes lois sociales tandis que Deliveroo ne paye rien. Mais aujourd’hui je suis une exception, car la majorité des travailleurs sont sous statut P2P (pour peer to peer): il permet un régime fiscal avantageux pour Deliveroo, mais comporte un vrai risque pour les livreurs. En effet, avec ce statut le “biker” ne peut pas gagner plus de 6130 € par an, ce qui est pourtant le cas de nombreux livreurs. Ils pourraient donc se faire pointer du doigt par le SPF Finances, alors qu’en réalité c’est bien Deliveroo qui profite de ce statut.

    Quelles sont tes conditions de travail au quotidien?

    Je suis coursier scooter, donc c’est moi qui paye mon assurance, mon essence, je fais ça de manière professionnelle. Le problème c’est en cas d’accident, même si je me blesse durant une course, Deliveroo n’est pas obligé de m’aider pendant ma période de remise en forme.

    De plus, l’entreprise fournit du matériel : support pour smartphone, pantalon, sac qui ont un coût (entre 5 € et 20 €) et surtout une qualité qui est plus que contestable. Rien que le mois précédent j’ai dû acheter 2 ou 3 supports smartphone pour mon scooter. Avec le nouveau système de Free login, il va y avoir plus de tensions entre les livreurs et ils le savent.

    Comment s’est passée la mobilisation ?

    Très bien, cet après-midi on peut dire qu’il y a un retard de 6 à 7h concernant l’ensemble des commandes à Liège sur la plateforme Deliveroo. Cela veut dire que ça a été bien suivi.

    Alors que les conditions de grève sont vraiment compliquées à cause de l’application et du système de tracking mis en place par l’entreprise. Tous les livreurs sont traqués en permanence à l’aide de l’application, même quand celle-ci n’est pas ouverte elle prend les coordonnées GPS. Lors de grèves en France, cela a déjà donné des licenciements, car l’entreprise savait exactement qui faisait grève grâce à cette application. Donc aujourd’hui, nous prenons nos précautions avec une messagerie cryptée et on désinstalle l’application lorsqu’on réalise des actions.

    Nous comptons poursuivre le mouvement ce weekend, mais aussi le weekend prochain, pour continuer de mettre la pression sur Deliveroo qui refuse toujours de nous rencontrer.

    On a fait aussi appel aux syndicats, FGTB et CSC pour nous soutenir dans notre action, mais aussi nous protéger en cas de répression contre les grévistes.

    Comme à son habitude Deliveroo dit que si un jour, à cause du tribunal de travail ou à cause d’une grève, ils sont obligés de mettre les travailleurs au statut de salarié avec un salaire décent, l’entreprise sera obligée de fermer en Belgique, donc c’est une menace réelle.

    Plus tard dans la soirée, les grévistes ont été former des piquets devant les grands fastfoods qui proposent la livraison à domicile. De cette manière, ils pouvaient empêcher l’accès des autres travailleurs de Deliveroo, mais aussi entrer en discussion avec les travailleurs des autres plateformes.

  • Communiqué de la FGTB : Ce vendredi 6 mars, les coursier-es liégeois de Deliveroo ne rouleront pas !

    Vendredi 6 mars, les livreurs liégeois de Deliveroo feront grève. Ils dénoncent le « free-shift » ou « free-login » un nouveau calcul de leur rémunération qui réduira encore leur salaire. Ils se rassembleront à 18h rue pont d’Avroy. Ils demandent notre soutien et appellent les clients à ne pas commander ce vendredi. RDV à 18H demain.

    COMMUNIQUÉ
    « Non au free-shift » – Ce vendredi 6 mars, les coursier-es liégeois de Deliveroo ne rouleront pas !

    Vendredi 6 mars, les livreurs liégeois de Deliveroo feront grève. Ils dénoncent le « free-shift » ou « free-login » un nouveau calcul de leur rémunération qui réduira encore leur salaire et accroîtra la compétition entre eux. Auparavant, les créneaux horaire de travail étaient réservés par un certain nombre de coursiers. Avec le « free-shift », tous les livreurs pourront s’inscrire dans tous les créneaux.

    « Aujourd’hui, on attend parfois une heure pour avoir une commande qui nous rapportera 5€. Avec ce système, si tous les coursiers se connectent au même moment, il sera encore plus difficile de gagner 12€ de l’heure en moyenne. Et moins de 12€ de l’heure pour rouler sous la pluie, ne pas être assuré en cas d’accident et même parfois être agressé par les clients, c’est pas grand-chose. » raconte un coursier qui a préféré ne pas dévoiler son nom de peur des représailles de la direction.

    Avec ce système de rémunération, Deliveroo s’assure de toujours avoir une armée de coursiers disponibles pour livrer ses commandes, sans considération des conditions de travail, du temps d’attente et de ses livreurs. L’entreprise, qui subit des actions en justice et fait face depuis des années à des mouvements de grèves en Belgique, aux Pays-Bas, en France, en Espagne et dans d’autres pays européens, ne respecte toujours pas ses travailleuses et ses travailleurs.

    Les coursiers liégeois veulent que Deliveroo renonce à ce nouveau système et améliore leurs conditions de travail. Travailler pour quelques euros de l’heure malgré la pluie, la neige et l’attente dans le froid, ce n’est pas décent, c’est de l’esclavage.

    La FGTB Liège-Huy-Waremme soutient le mouvement des coursiers liégeois et leur action.

    Les coursiers se rassembleront ce vendredi 6 mars à 18h00, rue pont d’Avroy pour exprimer leur colère et se faire entendre par la direction de Deliveroo : « non au free-shift ». Ils appellent les autres coursiers à venir les rejoindre et à se déconnecter de leur application.

  • Grève réussie chez Deliveroo en Belgique

    Pas de pseudo statut d’indépendant, mais au moins 12 euros de l’heure et des concertations sérieuses !

    Samedi 15 juin, les livreurs de Deliveroo se sont mis en grève à Gand pour protester contre la réduction de leur rémunération et réclamer un salaire garanti. Les coursiers essaient sans succès de consulter leur direction depuis des mois. Depuis plus d’un an, les syndicats s’organisent avec les coursiers pour défendre des salaires et des conditions de travail décents.

    Depuis l’été dernier, Deliveroo contraint ses employés à être sous un faux statut d’indépendant, avec l’introduction d’une rémunération à la course. La compensation pour les livraisons a diminué de 35% depuis lors. Les temps d’attente dans les restaurants ne sont pas remboursés et peuvent parfois être très long. Conjuguée au refus de Deliveroo d’entamer un dialogue avec son personnel, cette situation a donné lieu à une première action.

    L’action a été organisée par le biais de groupes de discussion sur application et en ligne, mais aussi par la distribution de tracts aux endroits desservis par Deliveroo. La grève a remporté le succès : une trentaine de grévistes sur la cinquantaine de coursiers habituellement en route un samedi soir. Certains délégués syndicaux étaient également présents, tout comme des représentants de partis de gauche (PTB et PSL). Certains coursiers d’Uber Eat et de Take Away sont également passés saluer leurs collègues. Le piquet de grève a également mis pression sur certains restaurants afin qu’ils éteignent leur application pour le reste de la soirée.

    Les coursiers de Deliveroo exigent un salaire minimum de 12€/h. De plus, une structure de consultation adéquate est nécessaire pour disposer d’une ligne de communication avec la direction à l’avenir et ne pas avoir à systématiquement faire grève avant d’avoir quelqu’un à qui parler. Les syndicats et les coursiers vont à nouveau se réunir et planifier l’organisation de nouvelles actions s’ils ne reçoivent aucune réponse positive.

    Il est important que les travailleurs commencent à s’organiser pour défendre leurs droits dans ces nouveaux secteurs. Dans la lutte pour un meilleur salaire minimum, nous ne devons pas oublier les travailleurs victimes de ces faux statuts d’indépendant que les patrons essayent d’utiliser de plus en plus.

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