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  • CSC : rompre ce qui reste des liens avec le CD&V

    En Flandre, au sein de la CSC, certaines tendances plus que d’autres considèrent toujours qu’il faut favoriser les liens avec le partenaire historique, le CD&V, en tant que prolongement politique. Certaines personnes du CD&V semblent d’ailleurs considérer qu’il est du devoir de la CSC de soutenir le CD&V et même d’appeler à voter pour lui. Etienne Schouppe, ancien administrateur délégué de la SNCB et ancien secrétaire d’Etat CD&V, a critiqué le président de la CSC, Marc Leemans, pour le très mauvais résultat électoral du CD&V. Selon Schouppe, la CSC était trop critique à l’égard du gouvernement Michel, où le CD&V a joué un rôle de premier plan.

    Par une militante de la CSC

    Schouppe accuse également Leemans d’utiliser un langage ‘‘Vlaams Belang’’. Soyons clairs : ce ne sont pas les syndicats qui ont adopté la rhétorique du VB, c’est le Vlaams Belang qui a développé une rhétorique prétendument sociale. La CSC n’a pas repris du Vlaams Belang la revendication d’une pension à 65 ans pour un montant d’au moins 1.500 euros par mois. C’est le Vlaams Belang qui a copié les syndicats en raison de la popularité de ces mesures. Le Vlaams Belang n’a aucune intention de mettre ces exigences en œuvre. Sinon, pourquoi ce parti s’est-il opposé au Parlement européen à l’idée d’un salaire minimum européen ? Il s’oppose à toute mesure sociale ! Mais il cherche à attirer l’attention de gens qui ne parviennent plus à joindre les deux bouts et qui considèrent que les étrangers viennent leur retirer le pain de la bouche.

    Avec ses déclarations, Schouppe montre que le CD&V cherche un bouc émissaire au lieu d’analyser les raisons de l’effondrement électoral du parti. Il ne faut pas chercher bien loin. Marc Leemans a raison de dire que tous les partis au pouvoir ont été punis. Tout particulièrement à l’intention de la CSC, le CD&V a essayé de jouer jusqu’à la toute dernière minute la carte de leur prétendu rôle modérateur au gouvernement qui aurait assuré que ce dernier n’ait pas été encore plus à droite. Mais cela n’a échappé à aucun travailleur : sans le CD&V, ce gouvernement de démolition sociale n’aurait jamais tenu cinq ans. La base de la CSC ne le sait que trop bien. Après le plan d’action de 2014, les dirigeants syndicaux ont raté l’occasion d’amplifier la contestation et de renverser le gouvernement qui vacillait. S’il y a une critique à faire, c’est que la direction de la CSC aurait dû combattre le gouvernement de droite de manière plus cohérente !

    La campagne de la CSC flamande ‘‘Een ander beleid is mogelijk’’ (Une autre politique est possible) fut l’occasion de rompre davantage les liens avec le partenaire historique. La CSC ne doit pas se laisser engluer dans le chantage autour du dossier ARCO (coopérative du Mouvement ouvrier chrétien profondément impactée par l’effondrement de Dexia) et les autres privilèges que le CD&V accorde au syndicat. La CSC doit complètement rompre avec le CD&V, un parti qui ne défend que les intérêts de la bourgeoisie belge.

  • [INTERVIEW] Sans-papiers : contrer la stratégie du gouvernement par l’unité des travailleurs

    Le gouvernement Michel plonge la Belgique dans un climat de répressions énormes contre les migrants et les sans-papiers. C’est dans ce cadre que la Coordination des Sans Papiers de Belgique, avec la plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés et les syndicats, a organisé une grande manifestation à Bruxelles le 12 novembre dernier ‘‘Pour la justice sociale : régularisation’’. Pour comprendre les enjeux de cette mobilisation, nous avons discuté avec Pietro Tosi, animateur au MOC (Mouvement ouvrier chrétien) et au Comité des Travailleurs avec et Sans Papiers (TSP) de la CSC de Bruxelles et également membre du Parti Socialiste de Lutte.

    Article tiré de l’édition de décembre-janvier de Lutte Socialiste

    La répression politique provoquée par les politiques racistes du gouvernement est de plus en plus forte. Quel est votre avis sur le contexte politique dans lequel s’est déroulée la mobilisation de la manifestation ?

    ‘‘Rafles de migrants, arrestations, quotas d’expulsions, centres fermés, contrôles de papiers, voilà le résultat de la politique de Théo ‘‘Trump’’ Franken, N-VA, secrétaire d’Etat à l’asile et à la migration.
    ‘‘Depuis sa nomination, il apparaît quasiment tous les jours dans les médias avec des déclarations nauséabondes : ‘‘nettoyage’’ des réfugiés du parc Maximilien, ONG accusées d’encourager la traite d’êtres humains en sauvant la vie de milliers de personnes dans les eaux de la Méditerranée !

    ‘‘La situation des personnes sans-papiers est des plus précaires : sans droit, sans logement, ils sont obligés d’accepter les pires conditions de travail, au noir, avec des salaires dérisoires et sans protection. C’est la volonté politique de ce gouvernement de droite. Maintenir une couche de la population sans droit profite aux employeurs qui utilisent des travailleurs moins chers.

    ‘‘Voilà la stratégie du gouvernement : utiliser le racisme comme outils de division entre les travailleurs au profit du patronat. Cette politique consciente utilise cette situation pour faire pression sur l’ensemble des salaires et des conditions de travail, contre tous les travailleurs. Ces attaques sur la couche la plus précarisée de la population s’inscrivent dans une offensive contre l’entièreté des travailleurs. Elles montrent à quel point les uns comme les autres ont véritablement des intérêts communs à défendre contre ceux qui les exploitent.’’

    Plus de 3000 personnes ont manifesté ce 12 novembre, cela faisait longtemps que nous n’avions plus vu une telle mobilisation. Comment avez-vous préparé cela ?

    ‘‘Les militants du comité TSP de la CSC ont occupé l’espace public plusieurs semaines durant, sur les marchés matinaux et dans les occupations pour tracter et sensibiliser les autres sans-papiers à la nécessité de se mobiliser massivement pour cette date.

    ‘‘Des interventions des militants sans-papiers ont été organisées auprès de plusieurs délégués de centrales syndicales, notamment à la CSC-Metea, la CNE et à la CSC Alimentation et Service.

    ‘‘Le but du Comité était de construire des liens étroits entre les délégués et les travailleurs sans-papiers afin de renforcer la conscience de classe mais également pour faire du 12 novembre une manifestation non seulement de citoyens mais aussi de tous les travailleurs contre les politiques d’austérité de ce gouvernement.

    ‘‘Pendant cette campagne, les Etudiants de Gauche Actifs ont organisé plusieurs tractages dans les écoles et à l’ULB pour mobiliser parmi la jeunesse bruxelloise. Le jour de la manif, les militants du PSL, d’EGA et de la campagne ROSA ont organisé un bloc militant et combatif.’’

    Quels sont les acteurs et les revendications de la plateforme en soutien aux sans-papiers ?

    ‘‘Les revendications de la coordination sont : la régularisation de tous les sans-papiers, le droit au logement, l’abolition des centres fermés, la liberté de circulation, l’arrêt des expulsions et de la criminalisation des sans-papiers, la fin du racisme et de l’hypocrisie de l’État, le respect des droits fondamentaux comme l’accès aux soins médicaux, à l’éducation et à la formation.

    ‘‘Les syndicats ajoutent comme revendication : l’égalité des droits, des critères clairs et permanents de régularisation, un titre de séjour pour toute personne dont les droits fondamentaux sont violés ou menacés, un permis de travail et un titre de séjour pour les travailleurs qui osent porter plainte pour exploitation, la fin des arrestations arbitraires, de la détention et des expulsions de migrants, la fin de la criminalisation des personnes sans papiers.

    ‘‘Tout cela serait bien sûr une énorme avancée face à ce gouvernement de répression.’’

    Mais comment gagner tout cela face à ce gouvernement de droite ?

    ‘‘Dans le contexte actuel, pour arracher chaque réforme, il nous faut une lutte révolutionnaire. Ces revendications doivent être couplées à une lutte incessante pour l’unité du mouvement de tous les travailleurs contre les politiques d’austérité et le racisme, pour une société libérée de toutes les inégalités. Il faut nous opposer à ce système qui engendre misère et exploitation et qui repose sur la guerre et le pillage néocolonial poussant tant de personnes à fuir leur région au péril de leur vie.

    ‘‘Il nous faut organiser un rapport de forces pour construire un mouvement de lutte et de solidarité en faveur d’une société socialiste débarrassée de l’exploitation et de la concurrence.’’

    Quel bilan tirez-vous et quelles suites envisagez-vous ?

    ‘‘On était tous très contents à la fin de la manifestation. Malgré le climat extrêmement pluvieux typiquement belge, très défavorable à une manifestation, plus de 3000 personnes ont rejoint l’appel de la coordination. Ce fut un grand succès du point de vue de l’enthousiasme avec lequel les participants ont pu animer le cortège de manière politique mais aussi festive.

    ‘‘On a enfin montré qu’il est possible de construire un rapport de force dans la rue pour et par les sans-papiers mais également avec des délégués syndicaux prêts à construire la solidarité et à se battre pour la régularisation !

    ‘‘La tâche qui se présente à nous maintenant est de garder le rythme de la mobilisation et de ne pas faire retomber cet enthousiasme. C’est pour cela que les militants du Comité reprennent la mobilisation pour deux autres dates très importantes : le 12 et le 13 décembre se déroulera à Bruxelles un sommet européen sur les politiques migratoires dans lequel les élites européennes discuteront de comment externaliser les frontières via la mise en place de HOTS SPOTS sur le territoire libyen. Ce sera l’occasion d’organiser un contre-sommet sur le dumping social, sur la politique meurtrière de l’Union Européenne et de se mobiliser tous et toutes dans la rue, le 13 décembre à 17h à Arts-Loi.’’

  • Le CD&V a échoué à donner au gouvernement l’illusion d’un ‘‘visage social’’

    LoiPeetersAu Rerum Novarum (événement annuel fêtant l’encyclique du même nom), le président de la CSC Marc Leemans s’en est pris au gouvernement Michel, car il protège les puissants et sabote le dialogue social. Certains militants ont même crié des slogans explicitement orientés contre le CD&V, le partenaire politique traditionnel de la CSC. Le ministre de l’Emploi Kris Peeters s’auto-proclamait jusqu’ici représenter le ‘‘visage social’’ du gouvernement. Mais il était absent de la célébration. Il faut dire que quelques semaines plus tôt à peine, le 20 avril, 10.000 manifestants de la CSC s’étaient réunis à Bruxelles pour protester contre la ‘‘Loi Peeters’’ et les autres nouvelles mesures antisociales du fédéral.

    Après le premier plan d’action de 2014, un vote serré a eu lieu à la CSC pour décider d’arrêter le mouvement. L’acceptation d’une maigre norme salariale avait été approuvée à condition d’organiser de nouvelles actions. Un espace avait été ouvert à la concertation et beaucoup d’espoirs étaient placés en Kris Peeters. Plus d’un an après, Marc Leemans doit lui-même reconnaître que cela n’a servi à rien. Même quand un accord est trouvé entre les patrons et les syndicats, le gouvernement s’y oppose. Leemans explique : ‘‘Chaque accord des partenaires sociaux a subi le rejet de Michel I. Concernant les fins de carrière. L’accord social. La disponibilité des chômeurs plus âgés. La flexibilité. Et, plus récemment, le grand projet des partenaires sociaux au côté des mutualités concernant l’emploi des malades et des invalides.’’

    Le tax-shift (virage fiscal) avait été annoncé comme une mesure destinée à faire contribuer les plus fortunés. Ce fut au final un nouveau cadeau aux patrons, payé par les travailleurs ordinaires. La discussion sur le ‘‘travail faisable’’ a été détournée pour accroitre la flexibilité des travailleurs pour les presser comme des citrons. L’abolition de la semaine de 38 heures est au centre de ce qui est maintenant connu sous le nom de ‘‘Loi Peeters’’.

    Peeters est l’un des nombreux visages antisociaux de ce gouvernement. Son comparse de parti Geens fait pareil à la Justice. La politique d’austérité conduit à une colère énorme chez presque tous les acteurs du secteur, des agents pénitentiaires aux magistrats. Est-il étonnant que de plus en plus de syndicalistes de la CSC critiquent le CD&V ? En Flandre Occidentale, l’ACV-Metea (CSC métal et textiles) a appelé le CD&V à ‘‘tirer la prise du gouvernement’’. Cette centrale syndicale a noté que les déclarations des dirigeants du CD&V à l’occasion du Rerum Novarum ont été accueillies avec dérision ‘‘parce que les politiciens au Parlement ne joignent pas les actes à la parole et les capitalistes peuvent partir en toute sécurité’’. L’ACV-Metea fait notamment remarquer que le CD&V participe à une politique qui nous ramène ‘‘à l’époque du prêtre Daens’’ (prêtre catholique flamand, désireux d’aider la classe ouvrière miséreuse des années 1880 à Alost dans leur lutte sociale contre Charles Woeste).

    Contre ceux qui veulent nous ramener au temps de Woeste, nous devrons reprendre la tradition de Daens et nous organiser dans la lutte, y compris politiquement.

  • Après le 24/05 et le 31/05: continuons à construire le mouvement, jusqu'à la chute du gouvernement !

    Bilan_31mai15.000 personnes, francophones et néerlandophones, ont manifesté à l’appel de la CSC à Bruxelles tandis que diverses actions ont eu lieu à Gand, Anvers, Mons, Charleroi, Liège, Namur,… A Bruxelles et en Wallonie, la CGSP avait également appelé à la grève. Le mécontentement est profond parmi la population. Même les magistrats partent en action ce mois de juin pour la première fois depuis… 1917 !

    Pour la CGSP wallonne, il faut «en finir avec ce gouvernement», ce 31 mai n’avait de sens qu’en représentant une étape vers la «chute du gouvernement». A Liège, à la fin de la journée, les responsables syndicaux se sont exclamés de la tribune improvisée à la gare des Guillemins: «Ce gouvernement de crapules et de salauds doit partir!» Lors de la manifestation nationale du 24 mai déjà, ce sentiment était plus largement présent qu’auparavant. Comme nous l’expliquait alors une militante de la CNE: «il faut renverser le gouvernement. Je l’ai toujours dit. Mais avant, il fallait en convaincre mes collègues. Aujourd’hui, c’est l’argument décisif pour les mobiliser : cette fois-ci, on ne veut pas faire pression, on va jusqu’au bout !» La centrale francophone des employés de la CSC appelle d’ailleurs à rejoindre l’appel à la grève des secteurs privés et publics lancé par la FGTB pour le 24 juin. Cette centrale n’est plus la seule à la CSC.

    Eugène Ernst, de la CSC-Enseignement, a ainsi déclaré à la presse: « nous allons faire crever ce gouvernement qui ne nous entend pas », particulièrement remonté par le projet du gouvernement de réduire de 15% la pension des enseignants. On parle d’une économie de pas moins de 400 millions d’euros dans les pensions des fonctionnaires… La CSC-Enseignement a annoncé ce 31 mai qu’elle participerait à la journée de grève générale nationale de la FGTB du 24 juin.

    « Jamais une grève n’a fait plier un gouvernement »

    ls212C’est ce que titrait fièrement La Libre au lendemain de la journée d’action et de grèves du 31 mai… en nuançant tout de suite concernant les années ’70 et le gouvernement Tindermans. Dans sa lettre ouverte à l’attention des grévistes, l’administrateur délégué de la FEB Pieter Timmermans a d’ailleurs ouvertement fait référence aux grèves massives qui étaient parvenues à faire tomber le gouvernement Tindermans. Le même jour, un article du Soir parlait de l’année 1990 «quand les enseignants firent reculer le pouvoir politique».

    Et nous nous souvenons tous du plan d’action crescendo de l’automne 2014, quand à partir de la manifestation du 6 novembre (la plus grande manifestation syndicale depuis 1986) a suivi une tournée de grèves par provinces en front commun et tous secteurs confondus (qui fut un succès tant en Flandre qu’à Bruxelles et en Wallonie) pour finir par la grève générale nationale du 15 décembre. Le gouvernement a alors sérieusement vacillé. Il en aurait fallu peu pour qu’il tombe. Cette fois-ci, une nouvelle occasion nous est offerte, une occasion à ne pas gâcher.

    Un fossé de combativité entre la Flandre et la Wallonie ?

    Les médias de masse n’ont cessé de s’en prendre aux syndicat dès l’annonce du nouveau plan d’action avec la traditionnelle accusation de «prise d’otages», en réalisant des reportages sur «l’argent des syndicats» les assimilant presque à des mafias, en dénonçant la protection «exagérée» des délégués syndicaux,… Mais ce type d’offensive a de plus en plus de mal à faire mouche.

    Il est vrai que les choses sont plus difficiles en Flandre. Mais, selon le dernier Grand Baromètre RTL/IPSOS/Le Soir (20 mai 2016) 52 % des Belges soutenaient la manifestation du 24 mai (64 % des Wallons, 55 % des Bruxellois et 45 % des Flamands). Aujourd’hui, ce chiffre serait encore plus élevé. Et c’est de toute manière davantage de soutien que ce dont dispose le gouvernement dans les derniers sondages. Pas moins de 93 % des Belges estiment que Kris Peeters a tort quand il dit que nous vivons tous au-dessus de nos moyens. A peine 7% des Belges approuvent Charles Michel quand il parle de l’effet positif de la politique gouvernementale sur le pouvoir d’achat. 66 % des francophones estiment que leurs conditions de vie ont baissé, tout comme 54 % des Flamands.

    Une large majorité de la population trouve toujours que les syndicats sont cruciaux pour défendre leurs droits (81 % des francophones et75 % des Flamands). Et souvenons-nous qu’au lendemain du plan d’action de 2014, un sondage avait dévoilé que 87 % des Flamands étaient favorables à un impôt sur la fortune.

    Selon un sondage réalisé par iVox et le quotidien Het Nieuwsblad, 60% des Flamands et 68% des francophones estiment que l’austérité n’est pas équitablement répartie. Plus de 60% pensent que le gouvernement fédéral aurait pu éviter les grèves par le dialogue, mais c’est justement ce que le gouvernement ne veut pas. Il veut au contraire nous museler par la limitation de notre droit de grève.

    La meilleure manière de mobiliser tout ce potentiel, c’est d’organiser notre colère audacieusement mais aussi minutieusement. C’est il y a exactement 80 ans, en mai 1936, qu’a commencé la grande grève contre le gouvernement Van Zeeland. Ce mouvement a forcé le gouvernement à démissionner, et le nouveau gouvernement a introduit la journée les congés payés et le début de la sécurité sociale. A l’époque aussi, c’était la crise. A l’époque aussi, il n’y avait « pas d’alternative». Mais tout cela a été obtenu parce qu’il ne restait aucun choix autre que la grève. Le slogan était alors: « Votre prénom est Wallon ou Flamand. Votre nom de famille est travailleur. ». Inspirons nous de cet exemple d’unité de classe contre le gouvernement et les patrons !

    Organiser la colère

    Les agents pénitentiaires entrent dans leur 6e semaine de grève tandis que les cheminots ont commencé la leur il y a plus d’une semaine. Un nouveau préavis a été déposé pour ces derniers en date du 13 juin, en même temps que les travailleurs de Bpost. Cela permettrait aux grévistes de respirer un peu financièrement, de tenir plus longtemps et surtout de gagner du temps pour convaincre leurs collègues.

    Michel Jacobs, secrétaire de la CGSP-Prisons a quant à lui expliqué qu’une caisse d’entraide s’est mise en place au sein du syndicat, alimentées par des autres centrales régionales et secteurs que les prisons. Lors de la manifestation nationale du 24 mai, beaucoup de grévistes ont abandonné leur lunch-paquet (équivalent à 10 euros) au secteurs des prisons. Les conflits qui nous attendent nécessitent de remettre à l’agenda les caisses de grèves et la solidarité avec les secteurs plus combatifs capables de créer une atmosphère sociale suffisante pour entrainer à leur suite les couches de travailleurs qui sont en colère, mais doutent pour entrer dans la bataille.

    Chez les agents pénitentiaires, chez les cheminots mais également ailleurs s’est développée la pratique des Assemblées générale du personnel. Organisées de manière régulières et démocratiques avec l’ensemble du personnel, celles-ci permettent de communiquer sur les motifs de la grève et de mettre au point des revendications claires tout en assurant que les piquets de grève soient plus massifs. En s’y prenant de la sorte, nous pouvons assurer que la prochaine grande étape, la grève du 24 juin, soit une réussite.

    Ce gouvernement n’arrêtera pas

    ‘‘Le gros du travail sera pour cet été, avec la confection du budget 2017.Ce sera une autre paire de manches’’a prévenu Kris Peeters. Il est question de0,9 % du PIB, soit 3,4 milliards d’euros. Les pistes évoquées pour trouver cette somme monstrueuse sont les pensions,la réforme de la loi sur les salaires et la compétitivité ou encore le financement des hôpitaux. Kris Peeters s’est également rendu à Paris ce mercredi 1er juin pour une réunion de la conférence ministérielle de l’OCDE. Il a déclaré avoir eu un entretient «inspirant» avec la ministre française du Travail Myriam El Khomri. Quel nouveau cauchemar naitra de cette inspiration ?

    Ce gouvernement doit être renversé. Les agents pénitentiaires et les cheminots ont créé un momentum à saisir. Chaque travailleur peut le renforcer en insistant sur la tenue d’assemblée du personnel et en convaincant ses collègues de participer à la grève générale du 24 juin, ou même avant si la dynamique de la vague de grèves l’exige. Cela instaurerait une pression sur les dirigeants syndicaux pour, cette fois-ci, continuer jusqu’à la chute du gouvernement.

    Les syndicats doivent rompre avec leurs partenaires politiques traditionnels et, en collaboration avec les mouvements sociaux comme Tout Autre Chose, le PTB, le PSL, etc., construire un front politique pour une société au service de la collectivité et pas seulement d’une poignée de super-riches.

    Nos revendications

    • Stop à l’austérité et aux attaques antisociales contre les travailleurs et leurs familles !
    • Restauration complète de l’index, négociations salariales libres et salaire minimum de 15€ bruts/heure !
    • Pas de sape des contrats de travail via la sous-traitance, l’intérim ou autres emplois précaires
    • Pas touche au statut des fonctionnaires publics, pas de démantèlement des services publics, pas de privatisation ni libéralisation !
    • Rétablissement de la prépension, pas touche à la pension anticipée et aux systèmes de fin de carrière avec RTT
    • Relèvement des pensions à minimum 75% du dernier salaire gagné avec un minimum de 1500€ par mois !
    • Stop à la chasse aux chômeurs, non à la chasse au bénéficiaires du RIS, non à la semaine des 45 heures ! Pas de dégressivité, pas de service à la communauté mais réduction collective du temps de travail généralisée à 30h/semaine sans perte de salaire et avec embauches compensatoires !
    • Pour la levée immédiate du secret bancaire et l’instauration d’un cadastre des fortunes !
    • Pour le renforcement de la lutte contre la grande fraude et l’évasion fiscales !
    • Pour le remboursement complet des 942 millions d’euros de cadeaux fiscaux aux multinationales (Excess Profit Rulings) ainsi que des autres cadeaux fiscaux de ce type (Intérêts Notionnels,…) !
    • Allons chercher l’argent là où il est : chez les super-riches et dans les paradis fiscaux !
    • Nous ne contrôlons pas ce que nous ne possédons pas : nationalisation du secteur financier sous contrôle et gestion démocratiques des travailleurs et des usagers, sans rachat ni indemnité, sauf sur base de besoins prouvés, afin d’empêcher la fuite des capitaux face à une forte imposition des fortunes !
    • Pour le contrôle et la gestion démocratiques publics des leviers de commande de l’économie : nationalisation démocratique des secteurs clés de l’économie (sidérurgie, énergie,…) !
    • Pour une gestion rationnelle des ressources naturelles et de la production économique grâce à la planification démocratiquement élaborée de l’industrie et des services, seule manière d’assurer que l’économie soit au service des nécessités sociales de la population !
  • 15.000 manifestants de la CSC à Bruxelles en défense des services publics

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    Environ 15.000 personnes étaient présentes hier dans la capitale à l’appel de la CSC dans le cadre de la journée d’action en défense des services publics. Les syndicalistes verts étaient en majorité néerlandophones et issus des secteurs les plus divers, parmi lesquels certains que l’on voit beaucoup moins dans la rue. De très nombreux enseignants étaient aussi présents, au côté des postiers, des cheminots, des pompiers, des agents pénitentiaires,… Quelques militants de la CGSP ont également défilé avec leurs collègues de la CSC.

    Photos: PPICS

  • “L’enseignement spécialisé confronté à des défis majeurs’’

    daphneElections sociales: Parole aux candidats.

    Les élections sociales se tiendront en mai. Toutes les entreprises qui comprennent plus de 50 travailleurs éliront des représentants du personnel pour le comité de prévention et de protection au travail (CPPT) et celles de plus de 100 travailleurs éliront également les membres du conseil d’entreprise. Aux précédentes élections sociales en 2012, il y a eu 125.116 candidats soit le double des élections communales, et 44.608 d’entre eux ont été élus. Pour ces élections, pas d’agences de publicité ni de coûteuses campagnes médiatiques : les délégués sont directement élus par leurs collègues sur base de leur dévouement quotidien.

    Certains secteurs de l’enseignement seront eux aussi concernés, notamment dans l’enseignement spécialisé dépendant du libre. Nous en avons discuté avec Daphné, candidate CSC aux élections sociales à Liège.

    Lutte Socialiste : peux-tu te présenter en quelques mots ? Pourquoi cette décision de te présenter aux élections sociales ?

    Daphné : ‘‘Cela fait maintenant 6 ans que j’ai le plaisir d’enseigner dans deux écoles d’enseignements spécialisé de la région de Liège, l’EPA (École Professionnelle d’Ans) et Saint Vincent Ferrer. C’est un boulot qui me passionne parce qu’il s’agit de donner les meilleures ‘‘armes’’ possibles à des élèves déjà fragilisés pour affronter leur vie future, qui s’annonce semée d’embûches et plus qu’incertaine. En tant que membre du PSL et fille de militant syndical métallo, c’était plutôt naturel de m’investir tôt ou tard. Mais j’ai également pu constater depuis le début de ma carrière le peu de reconnaissance dont bénéficie le spécialisé et le peu de moyens qui lui sont accordés, alors qu’il s’agit d’une structure de toute première importance d’un point de vue social.

    ‘‘Je constate les répercussions de ce manque de reconnaissance et de financement autant sur les équipes pédagogiques que sur les élèves. C’est une bonne raison pour s’investir syndicalement afin de contribuer à renverser la tendance.’’

    LS : Quelle est la situation syndicale dans ton secteur ?

    ‘‘Il n’y a plus de délégation syndicale depuis trois ans, presque quatre, dans mon implantation. Du reste, le spécialisé est assez peu représenté dans les instances syndicales. La priorité va dons être de reconstruire une présence et une tradition syndicale. Notre équipe de candidats veut mettre l’accent sur l’information régulière des militants et affiliés, c’est essentiel si on veut participation active de leur part.’’

    LS : Quels sont les difficultés auxquelles vous allez être confrontées selon toi ?

    ‘‘D’abord, le ‘‘pacte d’excellence’’ développé en ce moment par la ministre Milquet. Ce n’est clairement pas une bonne nouvelle pour l’enseignement en général, encore moins pour le spécialisé. Au sein d’une enveloppe fermée, on veut mettre des moyens dans le maternel, le primaire, le supérieur…Cela va fatalement se faire au détriment de l’enseignement secondaire. Ce n’est pas un secret, pour la ministre, le spécialisé est un secteur qui coûte cher. La tendance est donc de faire passer d’avantage d’élèves qui auraient besoin d’un encadrement spécialisé dans l’enseignement classique pour diminuer les coûts et, à terme, supprimer l’accès au spécialisé pour un certain type d’élèves qui en ont bien besoin. Ce n’est bon ni pour eux, ni pour les élèves qui suivent un enseignement classique : si un prof doit gérer dans sa classe des élèves avec des troubles du comportement en plus de ses autres élèves, cela va forcément avoir un impact sur la qualité de l’enseignement et le suivi de tous les élèves.

    ‘‘Dans les pistes lancées, on voudrait également étendre la journée des élèves. Cela pourrait être une bonne chose si, à nouveau, on ne fonctionnait pas avec une enveloppe fermée. On nous dit que ce ne sont pas les enseignants qui vont assurer les plages horaires supplémentaires mais alors qui ? Et comment va-t-on les financer ?

    ‘‘Pour le reste, on voit bien que ce plan a été lancé pour mettre la pression sur les enseignants. Ils voudraient également que les enseignants prestent 38h semaine, et donc faire nos prépas dans l’enceinte de l’école, ce qui au niveau de l’infrastructure et du matériel est impossible, il faut des ordinateurs, un espace calme et la certitude que les enseignants ne seront pas à disposition de l’école pour remplacer les profs absents et ainsi remettre à plus tard leurs préparations. L’objectif, c’est de faire passer l’idée qu’on fait enfin bosser les profs fainéants, alors que l’on cherche à nous contrôler d’avantage. A tout ça s’ajoute toutes les tracasseries administratives que l’on nous impose pour mieux nous contrôler, ils ne se rendent pas compte que c’est du temps en moins consacré aux élèves. C’est contre-productif.’’

    LS : Et comment allez-vous y répondre ?

    ‘‘L’enseignement spécialisé va être confronté dans les prochaines années à des défis majeurs. La seule solution pour garder une qualité d’enseignement et des conditions de travail correctes dans le secteur, c’est de réclamer un refinancement à hauteur des besoins réels, mais pour tout l’enseignement. Qu’on arrête de déshabiller Pierre pour habiller Paul. Allons chercher l’argent là où il se trouve, chez Electrabel et les grosses entreprises.

    ‘‘Il nous faut une base bien informée des enjeux. Pour notre part, dès que notre équipe sera en place après les élections sociales, nous comptons organiser un premier arrêt de travail pour une séance d’information. Nous espérons que ce sera la première d’une suite de réunions régulières où nous pourrons discuter et impliquer plus de collègues.’’

  • La manifestation de la CSC rencontre le succès

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    Des milliers de militants et de membres de la CSC se sont réunis ce mercredi 20 avril à la Gare du Midi à Bruxelles pour protester contre les mesures d’austérité du gouvernement. L’offensive contre la semaine des 38h, contre les pensions et contre nos conditions de vie suscite une vive colère. La participation fut donc un grand succès, une claire illustration de la volonté de combattre.

    ‘‘Loi Peeters: non merci’’ proclamaient banderoles et pancartes. Les militants espèrent qu’il s’agit du début d’une nouvelle période de lutte sociale. Tout comme lors des concentrations militantes FGTB de la veille, l’appel du PSL pour un nouveau plan d’action a été bien reçu. Les travailleurs n’ont bien évidemment pas oublié le succès du plan d’action de l’automne 2014 qui avait culminé avec la grève générale nationale du 15 décembre.

    Un nouveau plan d’action en front commun syndical pourrait à nouveau construire un puissant mouvement social contre ce gouvernement thatchérien. Des réunions du personnel et des campagnes d’information pourraient à nouveau réunir des dizaines de millier de personnes pour une grande manifestation. Ce serait une étape importante dans la lutte contre ce gouvernement qui ne cessera jamais ses attaques antisociales aussi longtemps qu’il restera au pouvoir. Peeters a d’ailleurs annoncé que les mesures actuelles ne sont encore qu’un léger exercice et que le budget de 2017 sera encore plus saignant. Nous devons trouver un moyen de maintenir le mouvement durant l’été pour passer d’une manifestation fin mai à des grèves régionales en septembre pour reprendre le fil de la résistance sociale.

    Un militant de la CSC nous explique : «La CSC a réuni plus de 8000 personnes à Bruxelles pour manifester contre le gouvernement Michel. Initialement, une mobilisation de la jeunesse était prévue à cette date. Mais quand les mesures du contrôle budgétaires ont été connues, l’appel à l’action a été réorienté vers une manifestation plus large. Les manifestants ont exprimé leur colère à propos de l’attaque contre le chômage de longue durée, contre les économies dans la sécurité sociale, contre l’attaque portée aux retraites des fonctionnaires, contre le temps partiel,… et bien sûr contre l’abolition de la semaine de 38 heures.

    «C’est précisément de Kris Peeters (CD&V) que vient cette dernière proposition (et il c’était récemment fait remarquer pour ses propos sur le fait que nous vivons tous “au-dessus de nos moyens”). Beaucoup de slogans le ciblaient donc : «honte à toi Peeters », «Loi Peeters non merci», «Retour vers le passé avec le CD&V » (avec une image des travailleurs pauvres de l’époque du prêtre Daens), «Je ne vis pas au-dessus de mes moyens»,… D’autres manifestants ont fait référence à l’actualité avec des slogans tels que «je ne suis pas Panama». Il est vrai que els Panama Papers clarifient que les moyens existent, mais pas au bon endroit. Dans son tract, la CSC disait : «Pour les riches, il y a Panama, et pour les travailleurs, il y a moins de droits.»

    «La combativité était grande et visible et le sentiment qui prévalait était que cela n’est encore qu’un début ! En raison notamment de la mobilisation de la jeunesse initialement prévue, toutes les couches d’âges étaient bien représentées. On trouvait aussi des délégations syndicales d’un peu partout, de Flandre, de Wallonie et de Bruxelles.

    La secrétaire générale de la CSC – Marie-Hélène Ska – a appelé à un grand rassemblement à la fin du mois de mai (peu de temps après la tenue des élections sociales) et a tendu la main à Rudy De Leeuw (FGTB) qui avait lancé la veille un appel similaire. »

    Photos (PPICS)

    Betoging ACV // Foto's: PPICS

  • CSC. Avons-nous assisté au même Congrès ?

    Le Congrès fédéral de la CSC est organisé tous les quatre ans. Cette année, il s’est tenu à Ostende les 23 et 24 avril, sous le thème «De vive voix». Un certain nombre de sujets ont été couchés sur papier, comme la revendication de la réduction collective du temps de travail avec maintien des salaires et embauches compensatoires ou encore une motion de soutien au gouvernement de gauche en Grèce. Toutefois, ce que notre président Marc Leemans a souligné dans son discours de clôture était bien différent que ce qui a été défendu par les militants.

    Par un militant de la CSC

    Ainsi, le sommet syndical a-t-il défendu le système de «Mitbestimmung» tel qu’il existe en Allemagne. Ce système de «cogestion» prévoit la présence de délégués syndicaux au conseil de leur entreprise et leur implication dans la prise de décisions (y compris concernant les restructurations et les licenciements). Sous l’impulsion e la grande majorité des militants, cela a rapidement été mis en minorité, sans grande discussion. Mais dans son discours de clôture, Marc Leemans a déclaré l’organisation syndicale n’était «pas encore mûre pour cette idée.» Espérons que la CSC ne sera jamais mûre pour ça!

    De plus, durant tout le Congrès, il n’a pas été une seule fois fait mention de la décision de saisir la Cour constitutionnelle pour abolir le saut d’index. Il a même fallu pas mal d’efforts pour assurer d’inscrire dans les textes du Congrès que nous continuons à nous opposer au saut d’index. A mon avis, peu de militants ont l’illusion que cela peut être arraché en se basant sur la Cour constitutionnelle. Pendant ce temps, chaque dynamique d’action a disparu et les dirigeants syndicaux ont gaspillé l’occasion qui nous était offerte de faire tomber le gouvernement fin 2014.

    Dans la presse, essentiellement flamande, il est apparu qu’il aurait été question de trouver des alternatives à l’arme de la grève. Cela n’a toutefois pas été abordé durant le Congrès. Au contraire! Le passage du texte qui discute de possibles nouvelles formes d’action comprend un passage explicite, imposé par les militants, qui confirme que nous recourrons encore (évidement) à l’arme de la grève si nécessaire. La direction du syndicat aurait préféré ce passer de cet ajustement, raison pour laquelle cela n’a pas figuré dans le discours final du président.

    L’atmosphère présente à ce Congrès résultait très clairement de la lutte menée fin 2014. Elle a fortement contrasté avec la torpeur du dernier Congrès, en 2010. Nous sommes en droit de nous demander si le président Marc Leemans a participé au même Congrès que nous… Fin 2014, il était apparu très combatif en sortant de sa réserve dans la presse, contrairement à aujourd’hui. À la lumière du vote sur l’accord interprofessionnel, où il n’a su dégager une majorité qu’à grands peine (49% seulement en faveur de l’accord en comptant les abstentions), c’est à mon avis un jeu dangereux.

  • Étroite majorité pour l’accord social malgré la pression de la direction de la CSC

    acv1-300x200Le 10 février, le Conseil général de la CSC a approuvé le projet d’accord social avec une majorité plus étroite que jamais: 52% pour, 48% contre (147 voix pour, 135 contre, 17 abstentions). En comptant les abstentions, on obtient 49% pour, 45% contre et 6% d’abstentions. Un tel résultat est historique à la CSC.

    Par un militant de la LBC (centrale chrétienne flamande des employés)

    La FGTB a immédiatement rejeté le projet d’accord et à juste titre. La Fédération des entreprises belges (FEB), par contre, s’est déclarée ravie, ce qui clarifie de suite le caractère du projet. Le 5 février, le journal patronal FDMagazine écrivait: ‘‘La FEB se réjouit de ce projet d’accord […] contenant un saut d’index, une marge réelle extrêmement limitée pour les négociations salariales de 2016 et une réduction des charges. […] En outre, pour 2015, le gel des salaires réels sera effectif (une norme de 0%). Ce n’est qu’en 2016 que des budgets très limités seront libérés pour les négociations salariales [0,8% en tout, NDLR]. Et il s’agit de limites maximales, ce qui signifie que les entreprises peuvent donner moins (ou même rien).’’

    Strictement parlant, le saut d’index ne fait pas partie du projet d’accord. Le texte le dit même explicitement : ‘‘employeurs et employés ne s’entendent pas sur la pertinence et l’utilité d’un saut d’index. Dans ce contexte, le projet d’accord ci-dessous est néanmoins arrivé.’’ Mais on pouvait faire confiance aux patrons, à leurs politiciens et à leurs médias pour tout faire pour présenter les choses comme si la CSC avait accepté le saut d’index en acceptant le projet d’accord social.

    En interne, à la CSC, les opinions étaient très divisées concernant l’accord. La direction a présenté tous les arguments favorables possibles, notamment via les bulletins d’information (IPO News) et une présentation PowerPoint diffusée par les centrales. Il n’a pas été possible de faire connaitre les arguments ‘‘contre’’ de la même manière… En termes d’équilibre au niveau du débat démocratique interne, une place importante existe pour l’amélioration.

    Une première IPO-News avait pour titre ‘‘Semer ce qu’il y a dans le sac’’. Cette expression de Flandre Occidentale a été choisie pour illustrer les faibles possibilités de négociation du sommet du syndicat. Selon la direction syndicale, tout ce qui était possible d’être obtenu l’a été face à un patronat confortablement assis à la table des négociations avec le soutien plein et entier du gouvernement de droite dure. C’est sans doute vrai, mais pourquoi dès lors s’assoir à la table des négociations s’il est d’avance certain que les patrons ne vont pas faire de véritables concessions? La résistance a été mise en attente pendant un certain temps, permettant ainsi au gouvernement chancelant de tranquillement récupérer des forces et de détourner l’attention.

    L’IPO-News suivant a permis à la direction de la CSC d’argumenter que beaucoup de travail devait être fait autour d’autres sujets (le saut d’index et les économies budgétaires dans les services publics), que cet accord ne pouvait pas tout résoudre à la fois. Le bulletin annonçait donc que ce n’était qu’une première étape, que nous devions faire preuve de patience, travailler au cas par cas et surtout ne pas trop voir les choses en grand. ‘‘Voir les arbres à travers la forêt’’ était le message principal défendu.

    Parmi les militants, le meilleur argument ‘‘pour’’ était qu’une marge salariale de 0,8% était toujours mieux que 0%. Selon eux, nous devions nous contenter de ce qui était sur la table, même si ce n’était pas beaucoup. Nous pouvions alors dire que les grèves ‘‘avaient quand même produit quelque chose’’ et mieux mobiliser pour des actions futures.

    Les arguments ‘‘contre’’ ressemblaient souvent à ceci : nous avons fait grève trois jours en novembre et décembre, nos revendications étaient claires: maintien de l’index, pas d’augmentation de l’âge de la pension, une fiscalité plus équitable (avec un impôt sur la fortune) et l’arrêt de la dégradation des services publics. Cet accord ne contient aucun de ces quatre points fondamentaux. Nous risquons, de plus, d’hypothéquer le front commun syndical. Enfin, accepter cet accord met en péril notre force de mobilisation en donnant un signal ambigu: ‘‘Nous avons un accord, mais nous continuons la campagne.’’
    Mais tant chez les partisans de l’accord que chez ses détracteurs, il était communément admis que le premier plan d’action était une réussite et qu’ils en appelaient un autre avec, à nouveau, des actions du front commun syndical allant crescendo et les dates annoncées longtemps à l’avance. La coopération avec le mouvement Hart Boven Hard / Tout Autre Chose a également été très appréciée.

    La base de la CSC peut, à première vue, donner une impression de division au regard des résultats du vote sur l’accord. Mais derrière les désaccords tactiques, une large unité est présente concernant l’action à poursuivre : continuer la lutte pour être réellement écouté, dans le but de revenir sur toutes les mesures antisociales en faisant chuter les gouvernements si nécessaire.

    Le saut d’index doit être balayé ! Travailler plus longtemps reste inacceptables alors que tant de jeunes ne trouvent pas de travail et perdent en plus leurs droits aux allocations de chômage! L’austérité dans le secteur de l’enseignement, de l’égalité des chances, du socio-culturel, de l’accueil de la petite enfance, des soins de santé, des transports publics,… est néfaste à la société. Allons chercher l’argent là où il est !

    Ce n’est qu’un début, continuons le combat!

  • Titres-services : Faisons-en un service public !

    Le système des titres-services a été introduit il y a dix ans par Frank Vandenbroucke, alors ministre SP.a de l’Emploi. Le but de la mesure était de s’en prendre au travail au noir en tirant 25.000 travailleurs hors de l’économie souterraine. Depuis lors, le système englobe 180.000 travailleurs et représente 4,3% de l’emploi en Belgique. Ce processus de ‘‘blanchiment’’ des services à domicile peut être totalement renversé par le tsunami d’austérité.

    Par Jef Maes, militant CSC-Alimentation et Services

    En janvier 2013, le prix d’un titre-service a été augmenté d’1 euro, une autre augmentation de 50 cents surviendra au Nouvel An, le prix unitaire sera donc de 9 euros. En juillet, la déductibilité fiscale par personne a été réduite de moitié. Pas un seul cent de ces revenus supplémentaires ne reviendra aux sociétés de titres-services, et encore moins aux travailleurs.

    En outre, le gouvernement a lancé une offensive contre certaines entreprises et le nombre de travailleurs a considérablement été réduit. Mais si le succès des titres-services comporte un coût élevé, ce n’est pas dû aux travailleurs (partiellement) subsidiés. Dans les faits, ces derniers financent en partie leur propre salaire avec leurs impôts et leurs cotisations sociales. Pour les partis traditionnels, les faiseurs d’opinion, les académiciens, etc. les titres-services sont avant tout regardés d’un point de vue budgétaire. Nous soutenons pour notre part le point de vue syndical, qui considère les choses à partir des travailleurs.

    Les employeurs s’inquiètent d’ailleurs eux aussi de la volonté du gouvernement de réduire l’ampleur du système. Plusieurs sociétés de titres-service se sont réunies dans une nouvelle fédération : Unitis. Nathalie Garcia-Hamtiaux, présidente d’Unitis, a notamment déclaré : ‘‘Nous représentons tous les acteurs du secteur. Maintenant que nous nous sommes trouvés les uns les autres, nous pouvons aller ensemble à la bataille. Si rien ne change, dans les deux années à venir, la plupart de nos entreprises auront fermés leurs livres de compte et nous nous retrouverons avec 130.000 chômeurs de plus.’’

    Les syndicats, pour leur part, trouvent qu’il est temps d’enfin faire quelque chose – au bout de dix ans – concernant la faible rémunération et les médiocres conditions de travail qui sont monnaie courante dans le secteur. Une augmentation des salaires bruts et un système de barèmes d’ancienneté devraient augmenter le pouvoir d’achat des travailleurs. Le système de remplacement devrait être plus simple et les remboursements de frais divers (voyage,…) plus réalistes. Il devrait également y avoir des mesures spécifiques pour la charge de travail des plus de 45 ans et de meilleures garanties pour les travailleuses enceintes.

    Le PSL a critiqué le système des titres-services depuis son introduction. Une idée progressiste – créer un service pour les parents qui travaillent (surtout pour les mères) et pour réduire le travail domestique – a été éclipsée par les pires contrats, conditions de travail et salaires possibles. Les entreprises privées ne s’investissent dans le secteur que pour amasser leur profit, chose quasiment irréalisable sans une combinaison de bas salaires, de mauvaises conditions de travail et de subventions salariales élevées. Ces emplois sont toutefois nécessaires, tant pour les travailleurs engagés (majoritairement des femmes) que pour les familles de travailleurs qui recourent au principe. Plutôt que de limiter ce service aux seules familles qui seront encore en mesure de se le permettre, il faudrait au contraire pouvoir permettre à chaque famille qui en a besoin de pouvoir en faire usage. Mais créer un bon service, stable et abordable, tout en offrant des conditions de travail et de salaire décentes n’est possible qu’en passant par la transformation du secteur en un service public avec des emplois statutaires.

    Disposer de services publics sous la forme de blanchisseries et d’ateliers de repassage, d’une expansion des services de nettoyage à domicile, de cantines de qualité sur les lieux de travail, dans les écoles et dans les quartiers, de structures d’accueil pour les enfants de tous âges, pour les malades, les personnes âgées et handicapées,… transformerait fondamentalement la vie des familles et de très nombreuses femmes. Pour offrir cela à tous ceux qui en ont besoin, nous devrons lutter pour arracher les moyens nécessaires.

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