Tag: CPAS

  • CPAS : une charge de travail insoutenable. Entretien avec le président de la délégation CGSP du CPAS de Liège

    Ce jeudi 12 septembre, plus d’une centaine de personnes s’étaient rassemblées devant les locaux du CPAS de Liège afin d’exiger des mesures permettant une diminution de la charge de travail. Nous en avons discuté avec Simon Hupkens, le président de la délégation CGSP. Entretien tiré de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste.

    C’était une belle mobilisation de rentrée ! Qu’est-ce qui explique cette participation ?

    La coupe est pleine. Au CPAS de Liège, comme dans l’ensemble des CPAS du pays, le nombre de dossiers a explosé en 2015 suite à la limitation des allocations de chômage dites d’insertion. Cette année-là, selon la FGTB, 70.000 personnes ont été exclues de leur droit aux allocations de chômage ! Dans les faits, la charge des allocataires sociaux s’est déplacée en partie du fédéral vers les communes. Pour y faire face, les ressources supplémentaires allouées aux CPAS ont été très limitées. Elles ne couvrent absolument pas les besoins.

    Les assistants sociaux croulent sous les dossiers à traiter, jusqu’à 120 pour certains ! Dans une situation pareille, on ne peut faire que le minimum, c’est-à-dire assurer que l’usager reçoive son allocation d’insertion. Mais aider ces gens à sortir de leur situation, on oublie !

    D’autant plus que les dossiers sont plus complexes. Nous vivons dans une société de plus en plus violente, où la vie se fait plus dure et tout le monde ne dispose pas des mêmes ressources pour y faire face. Quand on émarge au CPAS, c’est précisément que l’on est arrivé au bout de ses ressources (famille, amis,). Quand tout est épuisé, on arrive au CPAS. Et en plus, les services d’aide sociale qui dépendent d’autres institutions sont également sous pression, dispensant de moins en moins d’aide. Ça aussi, ça pèse sur le fonctionnement des CPAS.

    Les travailleurs sociaux plus anciens affirment que les situations sociales sont plus complexes qu’il y a 20 ou 30 ans. Ils parlent de ‘‘couches de lasagnes’’ : à un problème de logement s’ajoutent un problème de santé mentale, un autre de violence familiale, etc., etc. Et quand les services publics sont démunis ou absents, les problèmes sont détectés plus tard et il est plus difficile de les traiter.

    Pourquoi réagir maintenant ?

    La première chose, c’est que nous sommes dans un processus de remobilisation de l’ensemble des collègues autour de la délégation syndicale, de manière très participative, avec une assemblée générale plénière correctement mobilisée tous les ans depuis 3 années comme événement central de l’action syndicale. Cette année, on a été un pas plus loin avec des Assemblées générales décentralisées. Dans tout ce processus, la question essentielle soulevée par les collègues était la charge de travail, qui ne permet pas d’aider correctement des gens en situation de détresse dramatique. La principale maladie professionnelle au CPAS, c’est le burnout, faute de pouvoir donner des réponses à des gens qui viennent expliquer qu’ils n’ont pas d’argent pour leurs enfants, pour des vêtements,… Donc les agents tombent en dépression ou démissionnent.

    La seconde chose, c’est que cette question de la charge de travail est reconnue comme problématique par le collège communal et mentionnée explicitement dans la déclaration de politique communale. Dans ce cadre, le CPAS de Liège devait rendre son PST (Plan stratégique transversal) censé reprendre les grandes orientations du CPAS pour la législature. Du coup, on s’est dit que le moment était opportun pour mettre la pression, pour demander des engagements, pour revendiquer une simplification administrative et une limitation des mesures de contrôle chronophages sur le personnel.

    Ce PST est maintenant disponible. Nous allons l’analyser, convoquer une nouvelle Assemblée générale, soumettre ce PST à nos critiques et remobiliser pour d’autres actions si nous n’y trouvons pas ce qu’on souhaite y trouver, c’est-à-dire prioritairement un renforcement des équipes.

    Nous savons que les caisses du CPAS ne sont pas extensibles. Mais un CPAS n’est pas isolé du reste de la société. Il y a des moyens à aller chercher. Si la direction souhaite entrer en lutte avec nous pour obtenir un refinancement des CPAS au fédéral, on sera très heureux de les accueillir dans ce combat. Sinon, on maintiendra notre position et nous lutterons pour obtenir de nouveaux moyens et, pourquoi pas, travailler à une coordination des différents CPAS pour exiger leur refinancement. Aujourd’hui, un revenu d’insertion est remboursé à 85% maximum par le fédéral (souvent c’est 70% à peine), le reste étant à charge des communes. Le remboursement intégral est le minimum à exiger par les CPAS, spécifiquement dans les grandes villes où se concentre la majorité de la pauvreté.

  • CPAS de Liège : Charge de travail insoutenable, burn-out, démissions, turnover,… ÇA SUFFIT !

    Nous publions ci-dessous le tract de la délégation CGSP du CPAS de Liège et appelons à rejoindre le rassemblement prévu ce 12 septembre à 18h place Saint Jacques. Tract en version PDF

    => Evénement Facebook

    Il faut des mesures MAINTENANT pour diminuer la charge de travail. Nous devons demander l’ouverture de négociations pour demander:

    • des engagements
    • la fin des mesures de contrôle chronophages
    • la fin des tâches doublon
    • un plan de prévention du burnout

    C’EST MAINTENANT QU’IL FAUT SE MOBILISER

    A la rentrée va commencer un tour de concertation avec les organisations syndicales dans le cadre de la rédaction du Plan Stratégique Transversal que notre direction est tenue de communiquer à la région wallonne.

    Ce PST doit traduire de façon opérationnelle la note de politique générale du CPAS. C’est donc le bon moment pour envoyer un signal clair à la direction et lui faire savoir que les travailleurs du CPAS de Liège n’entendent plus travailler dans les conditions actuelles: la charge de travail va croissante, tant en raison de l’augmentation des dossiers que de leur complexité. Les dysfonctionnements réguliers du circuit (blocage des dossiers, retards de payement) le démontrent à suffisance.

    L’état de santé des agents en est la traduction physique. Tant pour nous-même que pour l’exécution des missions qui sont les nôtres, l’autorité doit mettre au coeur de ses préoccupations la diminution de la charge de travail.

    INTERPELLER EFFICACEMENT, C’EST D’ABORD FAIRE NOMBRE

    Nous savons qu’il n’est pas simple de trouver le temps de faire entendre une revendication collective, souvent coincés par les obligations familiales et professionnelles. Cependant, la délégation ne pourra être prise au sérieux que si les agents manifestent massivement leur ras-le-bol. c’est pourquoi nous invitons chacun à faire le maximum pour être présent au rassemblement auquel nous appelons. Cette action sera également l’occasion de discuter de la suite que nous devrions lui donner: vos avis nous seront précieux!

    QUE FAIRE D’ICI LA?

    Chacun peut jouer son rôle: faites tourner ce tract, discutez-en avec vos collègues, mettez-vous en relation avec la délégation afin de nous aider à populariser notre action, attirez notre attention sur un service dans lequel nous ne serions pas passés pour mobiliser, envoyez-nous vos témoignages concernant la surcharge de travail: il n’y a pas de petit geste. Chaque acte peut contribuer à assurer la réussite de cette action. Et bien entendu: soyez présents le 12 septembre!

    contact: cgsp.cpasdeliege@gmail.com

  • Usagers et travailleurs du CPAS de Liège : la même grogne

    “Du pèze pour le CPAS, du blé pour nos usagers, des fonds pour assurer nos missions” Photo : CGSP – CPAS de Liège

    Le conseil commun ville-CPAS réunit chaque année les conseillers communaux et les conseillers de l’aide sociale selon une obligation régionale. Il s’est tenu à Liège le 25 mars dernier, les travailleurs du CPAS de Liège y ont manifesté leur mécontentement devant la maison communale.

    Depuis la réforme des allocations de chômage en 2015, la charge de travail ne cesse de croître au CPAS de Liège, une réalité niée par la présidente lors du conseil commun. Cette réalité est pourtant à l’origine d’un mal-être important se traduisant par des arrêts maladie, un turn-over constant et une quasi-impossibilité pour les travailleurs à réaliser un travail social de qualité, qui épaule véritablement les personnes aidées dans leur parcours de vie.

    Cette réalité est dénoncée par les travailleurs, mais elle l’est également par l’ADAS (Association de Défense des Allocataires Sociaux), présente aux côtés des travailleurs ce lundi.

    Si la délégation CGSP du CPAS et l’ADAS appelaient séparément à manifester devant l’hôtel de ville, on peut cependant constater que les revendications convergent largement : la diminution de la charge de travail étant considérée des deux côtés comme une priorité à la fois pour améliorer les conditions de travail des agents et pour soutenir la qualité du suivi des usagers.

    Dans sa déclaration au conseil commun, la présidente a également convenu que des engagements étaient nécessaires et seraient réalisées. Combien et comment ? Voilà qui reste encore largement flou.

    Il est de notoriété publique que le CPAS vient à bout de son fond de réserve et la maigre augmentation de dotation que lui concède la ville (à peine 300.000€ pour 2019), ne saurait suffire à réaliser les engagements nécessaires.

    Il y a fort à parier que les travailleurs engagés, si ces engagements sont confirmés, le seront sur base de subsides particuliers, en contrats précaires ou partiels comme c’est déjà le cas pour une bonne partie des travailleurs du CPAS (sous contrat APE pour la moitié d’entre eux). La tendance n’est en tout cas pas à l’augmentation des dépenses de personnel.

    Les perspectives pour les usagers ne sont pas meilleures. Comme dans tous les CPAS de Belgique, l’accent est mis sur la responsabilisation des usagers dans leur parcours d’insertion et une pression croissante sur leur mise à l’emploi afin de soulager les budgets, ceci avec de moins en moins de considération pour leur situation en termes de logement, de santé, d’endettement, etc.

    C’est donc avec beaucoup d’intérêt que nous suivrons l’évolution de toute convergence de lutte entre travailleurs et bénéficiaires qui pourrait émerger de la situation actuelle. Il nous parait évident que le refinancement nécessaire des CPAS ne s’obtiendra que par une lutte décidée et unitaire de l’ensemble des acteurs concernés.

  • [10/10 – La parole aux grévistes] Un délégué du CPAS de Liège

    Lors d’une grève du CPAS à Liège en juin 2016, un piquet de grève d’information avait été organisé, avec les tracts des différents syndicats et organisations politiques qui avaient visité le piquet. On y trouvait aussi des panneaux d’information expliquant la situation du moment et l’impact de l’austérité budgétaire. Le personnel avait fait des banderoles et de petites affiches pour aborder différents thèmes. Un délégué nous avait expliqué: ‘‘Nous voulons fournir autant d’informations que possible, rendre les tracts disponibles,… afin de pouvoir non seulement atteindre les syndicalistes mais aussi ceux qui ne participent pas régulièrement à des activités syndicales ou à des manifestations. Si quelqu’un n’est pas informé, nous devons nous assurer que l’information arrive à cette personne.’’

    La colère gronde dans l’ensemble des services publics. Des années de fonctionnement avec des moyens insuffisants ont alimenté une grande frustration, tant parmi le personnel qu’auprès des usagers. Les raisons de participer à la journée d’action du secteur public du 10 octobre sont nombreuses. Et qui pourrait expliquer cela mieux que les grévistes eux-mêmes ?

    On nous demande de plus en plus de contrôler plutôt que d’aider les personnes

    ‘‘Au CPAS de Liège, ce n’est pas un secret que ça craque de partout et depuis pas mal de temps. L’augmentation de la charge de travail a augmenté drastiquement depuis l’arrivée des exclus du chômage vers nos services. L’histoire est la même que partout ailleurs dans les services publics : il faut faire beaucoup plus avec beaucoup moins : suivre plus de dossiers, plus complexes, avec plus de procédures,… avec moins de moyens humains, notamment par le non-remplacement de départs, et des moyens inadéquats, avec parfois même pas un bureau pour des collègues de l’accueil.

    ‘‘Tout ça dans un climat général de réorientation de nos missions : on nous demande de plus en plus de contrôler plutôt que d’aider les personnes alors que nous sommes dans un contexte de paupérisation croissante de la population. Le besoin en aide sociale augmente mais nos moyens sont constamment réduits.

    ‘‘Tout ça entraîne beaucoup de fatigue et de lassitude chez les collègues. On ne compte plus les burnout. Alors, les propos méprisants du gouvernement sur les services publics passent plutôt mal. Sans compter les attaques directes sur nos pensions, nos statuts et nos conditions de travail qui elles aussi témoignent d’un mépris prononcé.’’

  • Résistance contre la loi Borsus : le travail social n’est pas un outil du capital !

    Le 16 novembre 2016, une action a eu lieu à Jemeppe-sur-Meuse contre la loi Borsus qui réforme le PIIS (projet individualisé d’intégration sociale) en enfonçant la porte vers plus de contrôle social. Une plateforme(1) a été mise sur pied à l’occasion de la venue de Monsieur Borsus (MR, ministre de l’Intégration sociale, entre autres) qui intervenait en clôture d’une conférence organisée par le CPAS de Liège à la Haute École Eli-Troclet avec pour thème l’accueil des réfugiés. Cette action a mobilisé pas loin d’une centaine de militants.

    Par Frank (Liège)

    La loi Borsus est une réforme du PIIS, le contrat liant le bénéficiaire d’allocations d’insertion au CPAS et qui a pour objectif (théorique) de créer un projet à long terme visant la réintégration du bénéficiaire sur le marché du travail (ce qui peut déjà porter à débat). Après plusieurs réformes – déjà antisociales – survenues avec le gouvernement Di Rupo, Borsus a voulu enfoncer le clou en instaurant dans le PIIS une possibilité de ‘‘travail communautaire’’ qui peut être obligatoire afin d’obtenir le revenu d’intégration sociale. Ce faisant, la personne est obligée de prester des heures de travail au sein d’une ONG ou d’une institution publique (comme un CPAS), et cela, pour l’allocation de survie que représente le RIS ! Et face aux réductions de budgets des CPAS, le danger que du personnel d’entretien soit purement et simplement remplacé par ce type d’esclavage légalisé est bien réel.

    En outre, si la personne ne se plie pas au PIIS, elle peut être sanctionnée d’un mois de perte du RIS et de 3 mois en cas de récidive. Dès lors qu’il s’agit du seul moyen de subsistance, quelle alternative s’offre-t-elle alors à un bénéficiaire en détresse ?

    Comme l’a souligné à plusieurs reprises Bernadette Schaek (présidente de l’ADAS) au cours de l’action du 16 novembre, le PIIS constitue une véritable agression envers les bénéficiaires. C’est loin d’être la seule : on peut penser aux nombreux contrôles intrusifs exercés par les agents des CPAS. Le travail social tend de plus en plus à devenir un outil de contrôle et de répression. De nombreux étudiants du secteur rejettent cette évolution. Les Étudiants de Gauche Actifs ont appelé à la solidarité et à la lutte conjointe des travailleurs sociaux, des étudiants et des allocataires du CPAS. Les autorités tentent de les monter les uns contre les autres, mais leurs intérêts convergent bel et bien vers un changement profond de ce que devrait être le travail social ! Et comme l’a si bien dit Bernadette Schaek, les CPAS ont la possibilité de se déclarer ‘‘zone hors PIIS’’. Nous pouvons construire un mouvement pour les pousser à adopter cette position !

    Si nous ne faisons rien, le travail social ne sera guère plus qu’un outil au service du capital. Ni les bénéficiaires d’allocations, ni la majorité des travailleurs sociaux ne veulent de cela. Cette attaque ne restera pas isolée, soyons-en certains. À Anvers, le conseil communal veut confier le travail lié à l’aide aux sans-abris à la société privée G4S. Cela constituera un dangereux précédent. Il est ainsi temps de taper du poing sur la table et de dire haut et fort que le travail social appartient à tous et doit être au service de tous !

    Au vu de la centaine de militants réunis en peu de temps, des nombreuses organisations présentes et du soutien témoigné par les étudiants sur place, nous sommes convaincus qu’il existe un véritable potentiel de combattivité! C’est pourquoi nous ne pouvons que continuer à encourager les différentes personnes concernées par la question du PIIS (travailleurs sociaux compris) à s’unir et à combattre ensemble ce détricotage de nos conquêtes sociales : contre le service communautaire, contre la pressurisation des travailleurs sociaux et pour un retour à la valeur fondatrice de ce secteur qu’est la solidarité.

    (1) L’appel a réuni comme organisations signataires l’ADAS (Association de défense des allocataires sociaux), le CADTM (Comité pour l’annulation des dettes illégitimes), EGA (Étudiants de Gauche Actifs), les FPS (Femmes prévoyantes socialistes), Riposte Cte, le RWLP (Réseau wallon de lutte contre la pauvreté), le collectif ‘‘Stop à la chasse aux chômeurs’’ et enfin Vie Féminine. Des militants du PTB étaient également présents.

  • Pour que Liège se déclare Hors Service Communautaire!

    PAS DE SERVICE COMMUNAUTAIRE A LIEGE !!!

    Pour un CPAS “hors service communautaire” : Rassemblement devant l’Hôtel de ville de Liège ce 19 décembre à 17h30 à l’occasion de la réunion commune du Conseil communal et du Conseil du CPAS

    La « loi Borsus » est entrée en vigueur le 1er novembre. Elle met en place le Service communautaire (SC) pour les bénéficiaires du revenu d’intégration sociale.

    Késako ?? Il s’agit de la prestation d’un travail non rémunéré qui pourra être effectué dans un nombre important de secteurs : administrations publiques, CPAS, ASBL,…

    Cette mesure est inadmissible. Elle constitue un recul social sans précédent depuis la dernière guerre.

    Le caractère volontaire est illusoire ! Quoi qu’en dise le ministre Borsus.

    Parce que le service communautaire s’inscrira dans un PIIS (projet individualisé d’intégration sociale) qui est rendu obligatoire et contraignant et est soumis à sanction (allant de un à trois mois de suppression du RIS).

    Parce que l’engagement dans un Service communautaire contribuera à fournir la preuve de la « disposition au travail », une des conditions légales d’octroi du revenu d’intégration. Or, cette condition d’octroi est examinée de façon très contraignante par les CPAS, et son non respect entraîne de plus en plus de sanctions et d’exclusions. Dans ce contexte, cela constituera une pression énorme sur les usagers pour s’ « enrôler » de gré ou de force dans un service communautaire.

    Le service communautaire représente une concurrence déloyale avec le travail salarié ! Quoi qu’en dise le ministre Borsus

    Le ministère déclare que ce Service Communautaire “ne peut assumer des tâches qui font partie d’une occupation rémunérée”, Selon quels critères justifie-t-on que telle ou telle tâche est digne de figurer dans un contrat de travail ? On sous-entend, par là, que les missions accomplies par le secteur public et associatif sont futiles et ne sont pas indispensables.

    La politique d’austérité nous étant actuellement servie à toutes les sauces, ce service communautaire impactera à coups sûr la politique d’embauche dans les secteurs concernés. Pourquoi engager du personnel lorsque ces tâches peuvent être prestées gratuitement par les bénéficiaires du CPAS ?

    Par contre, le caractère volontaire de la part des CPAS est bien réel

    La loi Borsus consacre, explicitement, le caractère facultatif de ce Service communautaire, pour les CPAS.

    Nous invitons donc le CPAS de Liège à se déclarer CPAS « hors Service communautaire »
    Laisser passer aujourd’hui le Service Communautaire pour les usagers des CPAS, c’est ouvrir la voie à ce qu’il soit imposé demain aux chômeurs, et après-demain, à qui le tour ? les malades, invalides, personnes handicapées ?

    => Sur Facebook

    A l’initiative de l’ADAS (Association de Défense des Allocataires Sociaux) Quelques signataires : ADAS, RWLP, CADTM, FGTB, Jeunes FGTB, JOC, RIPOSTE Cte, EQUIPES POPULAIRES de LIEGE, EGA, PSL, LCR,…

  • PIIS : La politique du bâton contre les plus pauvres

    PIIS

    La traque aux pauvres se poursuit sans pitié. Le cadeau du gouvernement à l’occasion du 40e anniversaire de la loi organique des CPAS fut quelque peu particulier… Son 1er article stipule pourtant que ‘‘Toute personne a droit à l’aide sociale. Celle-ci a pour but de permettre à chacun de mener une vie conforme à la dignité humaine.’’ Les projets du ministre de l’Intégration sociale Willy Borsus (MR) sont à l’exact opposé ! Plus de conditionnalité ! Plus d’exclusion !

    L’étude commandée par le SPP Intégration sociale dénonce la pratique…

    Dès septembre 2016, tous les nouveaux bénéficiaires du revenu d’intégration sociale (RIS) devront passer un contrat d’activation. Ce ‘‘projet individualisé d’intégration sociale’’ (PIIS) n’est pas une nouveauté, les moins de 25 ans y sont déjà soumis. Le gouvernement veut maintenant étendre la pratique à l’ensemble des bénéficiaires du RIS, assortie de sanctions en cas de non-respect de ce contrat.
    Le SPP Intégration sociale a commandé une étude concernant le PIIS, menée par l’Université Saint-Louis et la Karel de Grote Hogeschool. Les experts concluent qu’une généralisation du PIIS est ‘‘risquée’’, elle pourrait être ‘‘une porte ouverte à des pratiques arbitraires et discrétionnaires des CPAS envers les usagers, au gré des impulsions politiques locales.’’ L’étude souligne que si le PIIS devient une condition de l’octroi du revenu d’intégration, il risque de se transformer ‘‘en instrument de précarisation et d’exclusion de ce qui constitue dans notre système social le dernier filet.’’

    Si l’on veut une extension du PIIS à des fins d’activation sociale, il faut, soulignent les auteurs de l’étude ‘‘découpler le contenu du projet individualisé de l’octroi ou du maintien du revenu d’intégration et de la possibilité de sanction financière. Un PIIS pouvant donner lieu à des sanctions financières serait éthiquement peu défendable et pratiquement contre-productif.’’ De cette étude ressort également que 72% des CPAS interrogés estiment que ce service communautaire ne doit pas être rendu obligatoire et que 60% d’entre eux sont contre l’idée que le non-respect soit sanctionné.
    Difficile de faire plus clair comme conclusion, mais le ministre a décidé de ne pas en tenir compte et d’imposer un projet de loi. L’objectif est clair : stigmatiser les plus pauvres et renforcer le développement d’un large secteur à bas salaire en Belgique en forçant les gens à accepter n’importe quel travail et n’importe quelle précarité.

    Christine Mahy, secrétaire générale du réseau wallon de lutte contre la pauvreté – RWLP, a réagi dans la presse : ‘‘Rarement on a connu autant d’inégalités dans la répartition de notre richesse avec en plus tous les mécanismes qui privilégient uniquement les riches. Il est grand temps que nous arrêtions de déclarer que nous investissons trop d’argent dans les personnes en difficultés comme les allocataires sociaux et qu’à côté de ça, nous ne touchons pas aux avantages fiscaux des puissants qui ont suffisamment de revenus.

    ‘‘L’introduction du PIIS contribuera uniquement à plus de pauvreté parce que les allocataires sociaux vont tout signer pour conserver leur revenu d’intégration sociale. Les CPAS doivent à nouveau se concentrer davantage sur leur mission de base : l’accompagnement social de la personne dans le cadre d’un dialogue qui tient compte de sa réalité personnelle et financière et une approche positive visant à une intégration de la personne qui est possible pour celle-ci, tenant compte de là où elle en est pour le moment dans sa vie. (…) On doit aussi plus investir dans l’accompagnement de leur intégration. Pourquoi être ainsi obsédé par le contrôle ? Le nombre de fraudeurs est particulièrement faible au CPAS, on parle de 4,09% (…) Le PIIS contribuera aussi à plus de travail communautaire (ou travail volontaire) qui remplacera les vraies opportunités d’emploi.’’ Elle souligne aussi que la fraude fiscale coûte 9 milliards d’euros chaque année, contre une fraude sociale totale de 83,6 millions d’euros…

    Et ce n’est pas tout !

    On pourrait croire qu’on atteint le sommet, et bien non. A cela, le ministre veut encore ajouter l’imposition d’un ‘‘service communautaire’’ aux usagers des CPAS. Cela ouvre très clairement la porte à du travail non rémunéré et à une mise sous tutelle des usagers. Le ministre se défend en expliquant que ce service serait sur base volontaire et à condition de respecter la loi sur le bénévolat. Mais il n’y a pas d’égalité entre le CPAS et l’usager, il n’y a pas de réelle liberté de choix. Le projet du gouvernement ouvre toute grande la porte à la généralisation du travail non rémunéré imposé aux usagers des CPAS.

    Et au vu de la situation financière désastreuse des CPAS, certains ne vont-ils pas recourir au travail bénévole de leurs usagers ? Deux des seuls exemples concrets de service communautaire cités à ce jour par les responsables du SPP Intégration sociale sont justement la distribution de colis alimentaires et l’animation dans les homes pour personnes âgées…

    Luttons tous ensemble !

    ‘‘L’activation est le meilleur levier pour briser le cercle vicieux de la pauvreté’’ selon Elke Sleurs, secrétaire d’Etat fédérale à la lutte contre la pauvreté. Mais c’est le cercle vicieux de l’austérité et de la politique favorable aux riches qu’il nous faut briser !

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    Vases communicants

    Pour Willy Borsus, le projet de loi qui vise à obliger les usagers des CPAS à signer un PIIS et qui instaure un ‘‘service communautaire’’ est justifié par l’augmentation du nombre de bénéficiaires. Quelle surprise que cette augmentation !
    Si les statistiques du chômage sont à la baisse, c’est essentiellement à cause des exclusions, ce qu’illustre d’ailleurs la baisse parallèle du taux d’emploi dans le pays…

    • On trouvait 115.000 bénéficiaires du RIS en 2015, un chiffre plus élevé de 13.000 personnes par rapport à 2014 seulement !
    • En 2015, il y a eu :
      – 17.138 sanctions ONEM par plan de contrôle
      – 19.810 sanctions ONEM par “disponibilité passive”
      – 29.155 fins de droit en allocations de chômage dites d’insertion. Mais combien de milliers n’avaient tout bonnement pas eu accès à ces allocations d’insertion au vu des modifications des conditions d’âge et de diplôme introduites par le gouvernement Michel ? En 2015, il y avait 5730 jeunes de moins admis aux allocations d’insertion par rapport à l’année précédente.
      – 94.355 d’autres sanctions infligées par l’ONEM pour des motifs divers
      – …

    (Source : Association de défense des allocataires sociaux (ADAS)

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    Deux poids deux mesures

    PwC (PricewaterhouseCoopers) est cette agence mouillée dans le scandale d’évasions fiscales des multinationales des LuxLeaks. PwC a déposé plainte contre Antoine Deltour, un des lanceurs d’alerte à la base de la publication du scandale, il est actuellement en procès à Luxembourg.

    Par contre, PwC a préconisé dans une étude publiée en 2014 au sujet de la ‘‘fraude sociale en CPAS’’ différentes mesures toutes plus misérables les unes que les autres dont la… ‘‘levée du secret bancaire’’ pour les bénéficiaires du revenu d’intégration (RIS) !

    Tout dépend de quel côté de la barrière sociale on se trouve…

  • Bruxelles. Piquet de grève au CPAS de Saint Gilles

    saintgilles01saintgilles02Ce mardi 7 juin, la section de Saint Gilles de la CGSP ALR (Administrations Locales et Régionales) a organisé une journée de grève qui a commencé par un piquet devant le CPAS de Saint Gilles où s’est réunie une trentaine de personnes. Parmi les gros sujets du jour: la réforme des pensions et la loi Peeters. En effet, l’objectif à long terme du gouvernement est de baisser les pensions publiques pour les “harmoniser” avec le privé, une notion très perverse d’harmonisation. Le résultat sera que les travailleurs du public devront travailler plus pour avoir 300€ de pension en moins ! La loi Peeters est d’autre part un catalogue des horreurs qui toucherait tout le monde. L’ensemble de ces mesures vise à libéraliser le marché du travail et à supprimer toute contrainte pour l’employeur, et ça sera écrit dans la loi ! Le travailleur qui se plaindra sera menacé de licenciement !

    Par Marisa (Bruxelles)

    Le prochain arrêt de la journée était le CAFA (Centre d’Accompagnement et Formation pour Adultes) où quelques travailleurs sont sortis pour rejoindre l’action de sensibilisation. Fin de matinée, une assemblée générale du personnel a pris place au Home Le Tilleuls RLT, pour organiser la grève du 24 juin, avec participation des travailleurs de différents sites et services. Le choix de faire une action sur Saint Gilles est symbolique, car la pression faite aux travailleurs ne vient pas seulement du gouvernement fédéral, elle est exercée à tous les niveaux de pouvoir, le régional et le local aussi. Les travailleurs des administrations locales constatent le manque d’informations et leur rétention de la part de l’employeur. Il y a aussi des problèmes vis-à-vis de la prévention au travail: manque des places dans les bureaux, températures inadéquates sur les lieux de travail, manque de formation pour les membres du CPPT,… Dans ce même Home, le personnel a été exposé à des fibres d’amiante pendant des années et cela a pris 3 ans pour changer l’installation !

    saintgilles05L’ensemble de cette action est une première depuis des années. C’est une initiative très réussite pour commencer à restaurer des habitudes syndicales dans la commune, pour se rassembler et prendre de décisions collectives quand quelque chose ne va pas.

    Les services publics ne vont pas bien, c’est certain. Les missions des services publics sont menacées à cause de la privatisation (en cours dans le nettoyage, la cuisine et les services techniques) et par des années de sous-investissement et de coups budgétaires, également du fait du gouvernement Di Rupo. Plus que jamais, nous devons les défendre. La seule solution est de se manifester, de construire le rapport de forces en étant nombreux et déterminés lors de la grève du 24 juin. Reprenons ce qui nous appartient !

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