Tag: Cour Suprême

  • Leçons de la lutte des droits des femmes aux USA pour les mobilisations d’aujourd’hui

    Le mouvement de libération des femmes des années ‘60 et ‘70 a atteint son sommet quand les femmes ont gagné le droit à l’avortement. Les femmes ont fait du droit à l’avortement une revendication centrale de leur mouvement car celles-ci avaient compris qu’elles ne seraient jamais égales aux hommes tant qu’elles ne pourraient avoir le contrôle de leur vie reproductive. Le droit à l’avortement est nécessaire dans une société qui attend de la femme qu’elle soit, financièrement et émotionnellement, responsable de l’éducation des enfants alors que celle-ci occupe un statut social inférieur à l’homme et est en général moins payée pour un même travail. La décision de mener sa grossesse à terme ou de l’interrompre doit être un choix qui ne doit appartenir qu’à la femme et non aux instances religieuses ou au gouvernement.

    Par Mandy (Liège)

    L’avortement reste à conquérir

    La moitié des avortements dans le monde sont illégaux et non sans dangers pour la femme. Il y a quelques mois, en Irlande, une jeune femme est décédée suite à des complications de grossesse. Sa mort aurait pu être évitée si l’avortement avait été légalisé dans ce pays. De plus, les acquis ne sont pas éternels et dans les quelques pays où l’avortement est un droit, comme aux États-Unis, des pressions sont faites sur celui-ci.

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    8 mars : Journée internationale des femmes

    A l’origine de la Journée internationale des femmes, il y a une grève des ouvrières textiles à New York, le 8 mars 1908, pour obtenir la journée des 8 heures, de meilleures conditions de travail et le droit de vote des femmes. L’année suivante, un appel du Socialist Party a donné lieu à un combat d’une semaine qui a impliqué 30.000 femmes pour de meilleurs salaires.

    La journée des femmes la plus célèbre et la plus tumultueuse, avec le plus d’impact, fut celle du 8 mars 1917 (le 23 février selon le calendrier russe de l’époque) : ce fut le début de la Révolution de Février, qui devait conduire à Octobre Rouge. Mais il a fallu attendre 1922 et un appel de l’Internationale Communiste pour que la journée internationale des femmes soit partout célébrée à une même date.

    Cela fait bien longtemps que cette date n’a plus été célébrée comme une journée de lutte des organisations de femmes du mouvement ouvrier. La mobilisation n’a cessé de faiblir depuis lors. Il nous faut refaire de cette journée une véritable journée de lutte pour les droits des femmes !

    Avec un approfondissement de la crise économique et le désarroi qui l’accompagne, nous devons nous attendre à ce que les forces réactionnaires tentent d’instrumentaliser ce thème. Chez nous, il existe le mouvement ‘‘pro-vie’’ dont la principale revendication est l’abrogation de la loi du 4 avril 1990 autorisant l’avortement. Ce mouvement rassemble ses troupes avec une ‘‘marche pour la vie’’ qui se déroule chaque année et tient également des piquets devant les centres d’avortement dans le but d’intimider et de culpabiliser les femmes.

    Nous pensons qu’il ne faut pas laisser le champ libre à ces idées réactionnaires et pour ce, nous devons organiser la résistance. Quoi de mieux pour organiser celle-ci que de tirer des leçons des luttes qui nous ont précédées telle que la lutte pour un avortement gratuit aux États-Unis dans les années ‘60 et ‘70 ?

    La lutte pour le droit à l’avortement aux USA

    A la fin de la deuxième guerre mondiale, un nombre important de femmes avaient remplacé les hommes au sein des usines. Cette présence des femmes dans le monde du travail est un des éléments cruciaux qui va préparer l’émergence du mouvement de libération des femmes.

    Le gouvernement américain, dans l’espoir que les hommes puissent reprendre leur place et leur statut supérieur, se lance alors dans une campagne de glorification des joies de la maternité et du travail domestique. Cependant, le fait de travailler ensemble et de gagner leur propre salaire amène les femmes, plus indépendantes économiquement et dont la conscience collective s’est développée, à ne plus vouloir retourner à la maison.

    L’idée de maternité et de femmes au foyer reste cependant très prégnante au cours des années ‘50 et ne commencera à reculer qu’au début des années ‘60 avec l’apparition d’une nouvelle génération de jeunes femmes qui ne veulent plus vivre comme leurs mères. La légalisation, dès 1960, de la pilule contraceptive va également jouer un rôle considérable dans la révolution sexuelle des femmes et pour accroître leur autonomie face au devoir de maternité.

    Cette prise de conscience des femmes se déroule dans un contexte de luttes intenses et rien ne va plus les inspirer que le mouvement des noirs et le mouvement contre la guerre du Vietnam. La détermination des Afro-Américains pour parvenir à l’égalité va pousser les femmes à se radicaliser et à s’interroger sur la manière d’éradiquer le sexisme.

    En 1966, est créée la ‘‘National Organisation for Women’’ (NOW). Cette organisation, qui comptera plus de 40.000 membres en 1974, organise des protestations, engage des procès pour discrimination contre des entreprises et popularise des revendications telles que des crèches gratuites et le droit à l’avortement. A côté de la NOW, des jeunes femmes plus radicales forment des groupes de libération des femmes qui s’étendent dès 1969 sur plus de 40 villes.

    Appel à l’action contre la marche "pour la vie" du 24 mars 2013 et la marche européenne "pour la vie et la famille du 21 avril 2013

    Ne laissez pas passer cette attaque contre les droits des femmes !

    Nous sommes inquiets. Depuis quelques années, le mouvement soi-disant ‘‘pro-vie’’ organise une Marche pour la Vie défendant l’abolition du droit à l’avortement. En plus de cette manifestation annuelle, des actions sont menées devant des centres pratiquant des avortements au nom du groupe “Sinterklaas”. Présents aux portes des centres, ses militants intimident et culpabilisent les femmes qui s’y rendent notamment à l’aide de photos de fœtus. Ils jettent même parfois de l’eau bénite sur les patientes ! Que les femmes soient attaquées de cette façon dans un moment où elles sont si vulnérable est inacceptable ! Hors de question de laisser passer ça !

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    Les termes de ‘‘libération’’ et ‘‘conscientisation’’, inspirés du mouvement des noirs et des idées socialistes, se retrouvent dans la bouche de ces jeunes radicales. Elles se réunissent pour parler franchement du sexisme et des stratégies pour l’éradiquer. Celles-ci considèrent les positions et activités de la NOW comme étant trop conservatrices et, à sa place, organisent des manifestations avec pour revendication le changement de la société dans l’intention de développer la conscience des autres femmes.

    Rien ne semble pourvoir arrêter le mouvement, ce qui rend amère la hiérarchie catholique et les leaders protestants qui, du coup, font pression sur le gouvernement. Afin de répondre à ces attaques antiféministes intensives, la NOW appelle à une grève des femmes le 26 août 1970. Un débat s’ouvre alors sur ce que pourraient bien être les revendications des femmes. Alors que l’aile libérale se limite à demander une réforme des lois sur l’avortement existantes, les plus radicales réclament le droit à l’avortement gratuit, un salaire égal, la médecine gratuite,… L’appel pour une simple réforme est rejeté et, à sa place, les militantes insistent sur l’abrogation de toutes les lois interdisant l’avortement afin qu’une seule concernant l’avortement gratuit et accessible pour toutes soit créée par le gouvernement.

    Entre 1969 et 1973, des centaines de protestations et conférences publiques sont organisées. Celles-ci, en plus d’être un outil intéressant d’organisation, sortent le thème de l’avortement du placard dans lequel on le cachait honteusement afin d’en faire une discussion publique.

    La persistance du mouvement des femmes va pousser, début 1970, onze États, dont New-York et la Californie, à faire des concessions et à libéraliser leur loi sur l’avortement, qui est alors permis sous certaines conditions. Il va de soi que les militantes les plus radicales n’abandonnent pas leur revendication de gratuité de l’avortement. En effet, New-York attire de nombreuses femmes pour avorter et le prix de l’avortement grimpe pour devenir, au final, inaccessible aux femmes les plus pauvres.

    Finalement, le 22 janvier 1973, la Cour Suprême abrogera les lois existantes sur l’avortement et établira une loi instituant l’avortement gratuit pour toutes! Le vote de cette loi s’est fait dans un contexte de lutte croissante et la classe dirigeante a senti que si elle ne faisait pas quelques concessions afin de pacifier les mouvements, elle courrait le risque de changements sociaux menaçant le sort même du capitalisme.

    La lutte paye !

    Les femmes ont eu à se battre pour obtenir des avancées en construisant leur propre mouvement de masse. Elles ont décuplé la force de leur mouvement en liant ses luttes à celles d’autres mouvements sociaux. Elles n’auraient jamais gagné le droit à un avortement gratuit s’il n’y en avait pas eu des millions d’autres qui protestaient contre le racisme, la guerre, l’homophobie, les conditions de travail déplorables,…

    La victoire de femmes nous a prouvé que malgré la pression des politiciens, des médias et des entreprises, une minorité déterminée a été capable de construire un mouvement de masse qui a gagné à ses côté la majorité de la population. Le mouvement grandissant et apprenant de son expérience, les ailes socialistes et radicales ont rapidement obtenu du soutien et la stratégie libérale pour des changements graduels et temporaires a été écartée pour laisser place à la stratégie socialiste de lutte des masses qui a conduit à la victoire.

    Aujourd’hui, toutes les attaques sociales et économiques et les atteintes à nos libertés orchestrées par les gouvernements nous montrent que les réformes sous le capitalisme sont toujours limitées et temporaires. C’est pourquoi nous pensons que la véritable libération de la femme ne pourra se faire que si celle-ci s’insère dans le mouvement révolutionnaire dont le socialisme constitue l’horizon.

  • Afrique du Sud : Après le massacre de Marikana, les inculpations de meurtres et de tentatives de meurtre contre les mineurs provoquent une explosion de colère

    Face à l’étendue de la colère, l’Autorité nationale chargée des poursuites judiciaires en Afrique du Sud (NPA) s’est vue obligée de relâcher les 270 mineurs qui avaient été arrêtés après le massacre de Marikana ce 16 août. De plus, le NPA été forcé d’abandonner les inculpations de meurtres qui pesaient à leur encontre. À de nombreuses reprises, les auditions de jmise en liberté sous caution ont été reportées car le NPA commettait sans cesse des abus. Par exemple, les accusés étaient présentés devant la Cour au compte goutte et on violait ainsi leurs droits à un procès équitable. C’est pourquoi les avocats de la défense des mineurs ont posé un ultimatum à Jacob Zuma, président de la république d’Afrique du Sud. Celui-ci devait relaxer les travailleurs d’ici dimanche ou des actions légales à son encontre seraient entreprises devant la Cour Suprême. 170 mineurs ont été relâchés cette semaine. Le NPA a déjà pris la décision d’abandonner les chefs d’inculpations de violence publique, de possession d’armes dangereuses, de possession d’armes et de munitions ainsi que de rassemblement illégal.

    Weizmann Hamilton, Democratic Socialist Movement (CIO en Afrique du Sud)

    Les chefs d’inculpation de meurtres et de tentatives de meurtre ont été l’étincelle qui a déclenché l’incendie de colère qui a traversé le pays. Des divisions se sont même créées au sein du Congrès national africain (ANC). Le ministre de la Justice, Jeffe Radeba qui bénéficiait du soutien du chef parlementaire de l’ANC, Whip Mathole Motshekga, a demandé des explications de la part du NPA en déclarant: ”je n’ai aucun doute sur le fait que les décisions du NPA aient créé un choc, de la panique et de la confusion» au sein de la population.” (Sunday Independent, 02/09/2012)

    Le trésorier général de l’ANC, Matthews Phosa avait déjà averti dans le passé que le chômage de masse dans la population, et plus particulièrement chez les jeunes, formait le terreau d’un ”printemps arabe” sud-africain. Il a formulé des attaques virulentes à l’encontre du NPA en déclarant : ”Inculper des membres clés du mouvement devant une Commission d’enquête est contraire aux règles de la justice, c’est inconsidéré, incongru et presque absurde. D’ailleurs, les conséquences auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui sont absolument épouvantables. Nous n’avons pas besoin d’un autre Marikana.”

    En dehors de l’absurdité légale des chefs d’inculpation, ce qui a exacerbé la colère, c’est que la doctrine d’intérêt commun était l’arme légale q’utilisait le régime de l’apartheid contre les luttes anti-apartheid. De plus, les survivants ont été accusés du meurtre de ceux qui se sont faits faucher par la police en direct des télévisions. Ces accusations ont forcé les leaders du Congrès des syndicats d’Afrique du Sud (Cosatu) à condamner cette décision. Pourtant, à la suite du massacre, ils avaient d’abord décidé de collaborer lâchement avec le syndicat des mineurs (NUM) en abdiquant devant la pression que celui-ci lui infligeait. De cette manière ,le syndicat des mineurs, déjà fortement discrédités, tentait de sauver la face.

    Qu’une telle décision puisse même avoir été envisagée montre bien à quel point le gouvernement de l’ANC a été poussé vers la droite sous le mandat de Zuma. Après tout, c’est le NPA qui s’était assuré de ne pas voir Zuma suivre la route de ses bienfaiteurs en prison. Ils avaient tous été condamnés pour corruption. En 2009, les chefs d’inculpation qui pesaient contre Zuma ont été abandonnés par le truchement d’une technicité douteuse. De plus, les actions entreprises par le NPA ont lieu seulement quelques semaines après qu’un procureur fût isolé car il résistait aux pressions qui pesaient sur lui. En effet, le NPA voulait qu’il abandonne les inculpations de corruption contre deux personnages importants du Congrès national africain (ANC) à Kwa Zulu Natal, le foyer de soutien de Zuma. En fait, le NPA n’a personne à sa tête car Menzi Simelane, qui avait été désigné par Zuma, a lui aussi été isolé. La Cour Suprême a déclaré qu’il ne possédait pas ”l’honorabilité et les compétences” d’administrer le NPA, c’est pourquoi sa désignation a été jugée inconstitutionnelle. Un officiel de la police a déclaré qu’aucun des travailleurs qui se sont faits arrêter ne pourrait retravailler un jour à Lonmin. D’ailleurs, les agissements du NPA démontrent à quel point les institutions de l’Etat sous l’ANC ont agit comme des agences de sécurité privée pour les patrons des mines. Ces agissement exposent aussi le rôle de la machine qu’est l’Etat sous le capitalisme.

    Ce qui est encore plus choquant, ce sont les éléments de plus en plus nombreux qui prouvent ce qui était évident dès le départ: le massacre était prémédité. La propagande empoisonnée qui a été diffusée par la police, une partie des médias et le Syndicat national des mineurs (NUM) immédiatement après le massacre rapportait que la police avait ouvert le feu sur les travailleurs pour se défendre. Cette idée commence à se dissiper. En effet, des enquêtes montrent que de nombreux travailleurs se sont faits tirer dans le dos alors qu’ils tentaient de fuir.

    Le journal Sunday paper City Press (02/09/2012) a visité les lieux du massacre accompagné de Greg Marinovich, vainqueur du prix Pulitzer en journalisme. Celui-ci avait tout d’abord établi qu’il y avait deux lieux de combat. Plus tard, il a pourtant trouvé des preuves allant dans le sens des survivants du massacre. Au moins 14 corps ont été découverts à 300 mètres de Wonderkop, le lieu du massacre qui a été filmé par les caméras des chaînes de télévision, dans un endroit que les locaux appellent Small Koppie. City Press a amené les preuves découvertes au Directorat de la police d’investigation indépendante (Ipid) afin d’obliger ses enquêteurs à retourner sur la scène du crime. Ils ont trouvé des carabines R1 usées, des marqueurs de la police aux endroits où les corps étaient tombés, des traces de sang et ce qui semblerait être une tentative de camouflage des preuves. Les travailleurs ont dit à City Press que les mineurs de Small Koppie s’étaient enfuis là-bas mais que la police les avait poursuivi et que des véhicules blindés avaient écrasé des travailleurs en fuite.

    La conduite de la direction de Lonmin, du gouvernement et du syndicat des mineurs (NUM) suggère que la décision de faire couler le sang des grévistes avait déjà été prise au plus haut niveau du gouvernement, de la police et de la direction de Lonmin. Le 15 août 2012, la direction de Lonmin, le syndicat des mineurs (NUM) et le syndicat d’association des mineurs et des travailleurs de la construction (AMCU) se sont engagés publiquement sur la chaîne d’information SAFM à entamer des négociations sur base des revendications des travailleurs. L’AMCU est arrivé à la mine à 9h du matin le 16 août. Lorsque les membres de la direction sont finalement arrivés, avec 90 minutes de retard, ils ont dit à l’AMCU qu’il n’y aurait aucune négociation. Les dirigeants de Lonmin ont dit à la délégation de l’AMCU que ”tout était désormais entre les mains des généraux.”

    A quelques centaines de mètres de la mine, et à une certaine distance des camps les plus proches, le regroupement des travailleurs sur le site de Wonderkop ne représentait aucun danger pour la mine ou pour le camps. D’ailleurs, certains travailleurs y vivaient. Les mineurs s’étaient armés et s’étaient retirés à Wonderkop, non pas comme un acte d’agression mais plutôt d’auto-défense. En effet, les massacres avaient déjà causés une dizaine de morts car les dirigeants de la sécurité de la mine et le syndicat des mineurs avaient déjà tenter de casser la grève. Cette grève avait été initiée de manière indépendante par les travailleurs.

    Les travailleurs ont affirmé à DSM que la grève avait été menée par un comité indépendant formé par les travailleurs suite au refus du syndicat de soutenir les revendications des mineurs. Ces allégations se sont confirmées lorsque le secrétaire général du syndicat, Frans Baleni qui gagne R100 000 par mois, a dénoncé la revendication des travailleurs qui exigeaient un salaire de R12 500 par mois, la trouvant déraisonnable. Les mineurs ont déclaré à DSM que lorsqu’ils ont tenté une approche auprès du bureau du syndicat à la mine, afin de discuter d’une action commune, la délégation s’est faite tirer dessus, et deux membres du comité sont morts. La direction de la mine a une histoire sanglantes et brutale de répression envers les mineurs qui ont l’impertinence d’essayer de briser leurs chaînes de l’oppression et de l’exploitation. C’est sur cette base que la décision d’occuper Wonderkop Hill a été prise.

    Le fait que l’Etat ait décidé de déployer l’équipe d’intervention tactique des services de police sud africain armée de carabine automatique R1, de plusieurs véhicules blindés et de barbelés plutôt que de faire appel à la police anti-émeute indique clairement que le massacre était prémédité.

    ANC a décidé de réagir à ces événements en réalisant une étude incompréhensible et en adoptant une attitude indifférente et insensible.Ils n’ont toujours pas publier de déclaration condamnant le massacre. Le générale Riah Phiyega, le commissaire de police qui a été désigné récemment, a communiqué à la police après le massacre: ”la sécurité de la population est non-négociable. Ne soyez pas désolés de ce qui s’est passé.” Susan Shabangu, la ministre de l’énergie et des minéraux, s’est réfugiée derrière ”l’indépendance” (qu’on ignore d’habitude) de l’autorité judiciaire qui a rejeté la requête de libération des mineurs. Dans les instants qui ont suivi le massacre, elle a initiallement refusé d’inviter le syndicat rival, le syndicat d’association des mineurs et des travailleurs de la construction (AMCU) afin de remettre les négociations sur les revendications des mineurs sur la table.

    Comme Julius Malema, l’ancien président de la ligue des jeunes de l’ANC l’a affirmé à la radio ce matin (sur Khaya FM), pendant plus de 48h, aucun des chefs de l’ANC n’a mis les pieds sur les lieux de l’incident. Il a ajouté que Zuma lui-même, qui a été obligé d’écourter sa visite au Mozambique à cause du massacre, est tout d’abord arrivé sur les lieux sous le couvert de l’obscurité. Ensuite, il aurait seulement rendu visite aux blessés à l’hôpital mais n’aurait pas daigné parler aux travailleurs qui l’attendaient sur la colline. Lorsqu’il n’a plus pu justifier son absence, les travailleurs ont condamné son échec et son incapacité à agir dans l’urgence alors que la situation l’exigeait. Même lorsqu’il a annoncé la mise sur pied de la Commission d’Enquête, Zuma a clairement fait savoir qu’il ne désignerait pas de coupable. Cela venant d’un président dépeint comme la voix des pauvres à la tête d’un parti qui affirme de manière assez maladroite avoir un ”penchant pour la classe des travailleurs” et qui s’efforce d’être une ”force de la gauche disciplinée”.

    L’ANC suffoque. Elle est heurtée par l’approfondissement de la crise économique, les profondes inégalités, les problèmes sociaux qui s’accumulent tels que le chômage de masse, la criminalité et la corruption, l’embarras extrême de ne pas être en mesure de fournir des manuels scolaires aux écoles dans plusieurs provinces alors qu’on arrive au trois-quart de l’année. Cette situation est aggravée par les batailles de factions militaires pour la succession à la présidence. Et l’utilisation de la doctrine d’intérêt commun dans les chefs d’inculpation, même si elle a été abandonnée, a renforcé la crise politique profonde que l’ANC traverse. Avec l’incident de Marikana qui a coûté la vie à plus de 34 travailleurs, l’ANC s’est tiré une balle dans le pied.

    Désormais, après quatre semaines de grève, les travailleurs de Lonmin tiennent fermement le piquet face à l’énorme pression qui pèse sur eux afin qu’ils retournent travailler. Le Ministre du Travail, des Minéraux et de l’énergie, la Commission pour un arbitrage, une médiation et une conciliation ainsi que le Conseil des Eglises essayent tous de persuader les partis de signer un Accord de paix. AMCU a rejeté cette proposition en déclarant qu’ils n’étaient pas en guerre avec le NUM. Ils veulent que les négociations sur les revendications des travailleurs soient au centre de l’attention dans les efforts de médiation.

    En attendant, inspirés par la résistance des mineurs de Marikana, ”la révolte de la mine de platine” selon l’expression utilisée par le Business Day, s’est étendue au secteur de l’or. En effet, 12 500 mineurs du complexe Goldfield’s Kloof Driefontein ont déposé leurs outils ce mercredi.

    Ces actions constituent un réel défi à l’organisation de la classe des travailleurs. Le Cosatu a hésité à dénoncer le rôle réactionnaire que jouait leur plus proche affilié, le NUM. Ce silence n’a servi qu’à encourager la direction dans son attitude. Si Cosatu était sorti pour soutenir les revendications des travailleurs avant l’incident, s’ils avaient mobilisé des travailleurs pour organiser des action de solidarité, il est clair que la direction de Lonmin et la police n’auraient pas osé agir aussi sauvagement qu’ils ne l’ont fait. La faiblesse de Cosatu a laissé le champs libre aux agressions des patrons, du gouvernement et de l’Etat.

    Une ligne a été tracée dans le sable avec les os sanguinolents des martyres de Marikana. D’en côté il y a la désintégration de l’ANC et de l’alliance tripartite et de l’autre, d’énormes possibilités. L’expérience de l’intervention de DSM à Rustenberg avant les événements de Marikana, démontre le potentiel qui existe pour le développement des idées socialistes ainsi que pour un soutien à la création d’un parti de masse des travailleurs basé sur un programme socialiste.

  • INTERVIEW : Cindy Sheehan à propos du capitalisme, d’Obama et de la nécessité d’un nouveau parti.

    Cindy Sheehan a commencé à faire parler d’elle en 2005, en organisant un camp de protestation aux abords du ranch de Georges Bush. Elle voulait tout simplement lui demander pourquoi il avait envoyé son fils mourir en Irak. Elle s’est présentée aux élections du Congrès en tant que candidate indépendante face à Nancy Pelosy (une des figures de proue du parti démocrate) en 2008, a tout de même obtenu 16% des voix et a devancé le candidat républicain.

    Soacialist Alternative (CIO-USA)

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    Des fuites confirment que les Etats-Unis s’enfoncent de plus en plus dans le bourbier

    Le site web WikiLeaks a publié plus de 90.000 documents concernant la guerre en Afghanistan. Ils révèlent que les talibans sont plus que jamais depuis le début de la guerre en 2001. Les Etats-Unis ont cherché à cacher les preuves de cette puissance croissante.

    Les USA cachent aussi leurs propres horreurs. Des centaines de personnes ont perdu la vie dans des ‘‘incidents’’, c’est-à-dire qu’on leur a tiré dessus sans raison. Les documents parlent d’au moins 195 morts parmi les civils, mais le nombre réel est sans doute bien plus grand. Les documents parlent notamment d’une fusillade de soldats polonais contre un village en 2007, lors d’un mariage. Parmi les morts se trouvait une femme enceinte.

    Au moins 180 documents abordent les problèmes rencontrés avec les services secrets pakistanais (ISI). L’ISI a été impliqué dans l’entrainement des terroristes kamikazes, dans l’introduction d’argent en contrebande, dans l’organisation d’attentats,… Ce soutien est utilisé par le régime pakistanais pour renforcer sa position parmi la population pathane.

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    Pour Cindy Sheehan, le capitalisme est à la source de la plupart des problèmes actuels et la seule alternative à ce système se nomme ‘socialisme’. Un nombre sans cesse croissant d’Américains remettent en cause le capitalisme, et cette tendance est encore renforcée par le fait que nous subissons actuellement la pire crise économique depuis 1929. Il n’est dès lors pas étonnant d’apprendre que 37% des américains pensent que le socialisme est le meilleur système économique possible.

    Au cours de cette interview, Cindy parle, entre autres, de l’urgent besoin de rompre avec le parti démocrate et de construire un nouveau parti qui représenterait des millions de travailleurs et qui pourrait s’opposer aux banques, aux institutions financières et aux assurances, mais aussi de l’absolue nécessité pour les forces de gauche de présenter des candidats indépendants aux élections de 2010 et de poser la question de l’alternative la plus forte et la plus sérieuse possible pour les présidentielles de 2012.

    Quelles sont vos opinions sur les politiques intérieures et étrangères d’ Obama? A-t-il tenu sa promesse de mettre fin à la politique du ‘Grand Capital’ de l’ère Bush?

    «L’Irak n’avait plus ni cohésion ni logique quand Obama est entré en fonction en 2009. Les alentours avaient été ‘nettoyés ethniquement’ avec 1 million de morts et à peu près 5 millions de personnes contraintes quitter leurs villages, pour se rendre dans une autre région d’Irak ou même dans un pays voisin. Pendant la campagne électorale, Obama avait promis à maintes reprises que la première chose qu’il ferait en tant que président serait de programmer le retrait des troupes d’Irak, sur base d’un calendrier avec des dates concrètes. Il est au pouvoir depuis 16 mois et on n’a toujours rien vu venir. De plus, il avait également promis le retrait total des troupes de combat endéans les 16 mois.

    Concernant l’Afghanistan, 2009 a été la pire année en termes de morts, tant civils qu’américains. Obama a triplé le nombre de soldats par rapport à l’époque de Bush et a demandé deux rallonges budgétaires d’urgence (l’une d’entre elles doit encore être approuvée), ça aussi, il avait promis de ne pas le faire. Et là, on ne parle même pas du fait qu’il a triplé le nombre de drones d’attaque dans le nord du Pakistan.

    Ce sombre constat vaut aussi pour sa politique intérieure. Dans son équipe économique figurent de nombreux membres de l’élite néolibérale tels que Timothy Geithner (ancien vice-président du Comité fédéral pour le marché libre et ancien directeur de la politique du développement du Fond Monétaire International, NDT), Robert Rubin (ancien secrétaire au Trésor de Bill Clinton, NDT) ou encore l’effrayant Larry Summers (ancien secrétaire au Trésor de Bill Clinton, notamment connu pour avoir déclaré «Je pense que la logique économique qui veut que des masses de déchets toxiques soient déversées là où les salaires sont les plus faibles est imparable.», NDT). Les institutions financières continuent à être renflouées et le chômage est toujours de 9,9% (chiffre officiel, la réalité est plus importante). Et la ‘réforme des soins de santé’ n’est rien d’autre qu’un cadeau aux compagnies privées.

    Un des principaux arguments de ceux qui font l’apologie du parti démocrate est qu’il faut élire les démocrates pour ne pas que la Cour Suprême penche trop à droite. Mais les deux premières personnes qu’Obama a nommées sont connues pour leurs positions de droite.

    Quelle a été votre expérience personnelle avec les dirigeants du parti démocrate quand vous êtes devenue une des figures du mouvement anti-guerre en 2005 ? Comment ont-ils répondu à votre demande de stopper la guerre après qu’ils aient pris le contrôle du Congrès en 2006 ?

    J’ai rencontré des dizaines de sénateurs démocrates (Clinton, Kerry, Reid, Levin,..) et des députés (Pelosi,…), ils m’ont tous dis: "Cindy si tu nous aide à avoir la majorité au Congrès, on t’aidera à mettre fin à la guerre."

    Après le mois d’août 2005, alors que le sentiment anti-guerre et anti-Bush n’avait jamais été aussi haut, les démocrates ont utilisé cette atmosphère pour récupérer de courtes majorités dans les 2 Chambres. Qu’ont-ils fait avec ces majorités? Ils ont financé les guerres, fait en sorte que le syndicat du crime de Bush n’ait pas à se justifier, voté l’acte de modernisation de la FISA et le renflouements des "banksters" et bien d’autres choses.

    Après que la première rallonge budgétaire destinée à la guerre ait été votée en 2007 (avec des associations comme Moveon.org – une organisation citoyenne liée au parti démocrate – militant en faveur) j’ai quitté le parti démocrate pour de bon. La guerre continue et, maintenant, les démocrates sont au pouvoir tant à l’exécutif qu’au législatif.

    Au cours de ces dernières années, l’opposition à la guerre en Afghanistan s’est intensifiée et une majorité d’Américains sont toujours opposés à la guerre en Irak. Pourtant, le mouvement anti-guerre est en crise et les protestations (meetings, manifestations ou autres) sont de tailles très réduites. D’après vous, que se passe-t-il?

    En 2008, pour le 5e anniversaire de la guerre en Afghanistan, des organisations anti-guerre ont déclaré qu’une large manifestation à Washington "embarrasserait" les démocrates qui se battaient alors pour la présidence et pour une plus large majorité au congrès. En fait, le mouvement institutionnel anti-guerre, que j’appelle le mouvement pacifiste industriel, est aussi lié au parti démocrate que les syndicats traditionnels.

    Presque tout les dirigeants du mouvement anti-guerre (mais pas moi) ont soutenu Obama et ont fait campagne pour lui. Maintenant, ces organisations commencent à comprendre qu’il n’est finalement peut-être pas meilleur que Bush. Mais je vous garantis qu’en 2012, ils le soutiendront à nouveau.

    Vous avez participé à une élection contre l’actuelle présidente de la Chambre, la démocrate Nancy Pelosi et vous avez battu le candidat républicain et obtenu le score de 16% des suffrages. Pouvez-vous nous parler de votre expérience en tant que candidate anti-guerre indépendante ?

    La réponse à cette question pourrait constituer un livre, mais on peut tirer quelques leçons principales: le système fédéral est conçu de telle façon qu’il ne peut pas être battu à son propre jeu. Les lois en vigueur rendent pratiquement impossible pour un troisième parti (ou un candidat indépendant) de se que se présenter au scrutin.

    Un candidat ne peut être payé par la campagne et, à moins qu’il ne soit un candidat "officiel", celui-ci ne peut avoir d’autre travail. Je me suis donc présentée et ai mené campagne 10 mois avec un très petit revenu. Mon unique carte de crédit a surchauffé…

    Je pensais que me présenter contre Nacy Pelosi serait un bon moyen de faire connaitre les limites et la corruption qui règne dans le système du "bipartisme", mais les médias m’ont totalement passée sous silence.

    Pensez vous qu’il est temps de construire un parti indépendant des républicains et des démocrates ? Comptez-vous vous présenter en 2012 et ainsi proposer une alternative de gauche en faveur des travailleurs ?

    Je pensais déjà qu’il en était grand temps il y a un moment. Actuellement, il y a une réelle atmosphère anti-establishment, malheureusement récupérée par la droite.

    Oui, j’ai monté une équipe de professionnels pour la campagne et nous allons commencer très bientôt.

    Que pensez-vous du Parti Vert?

    J’aime le programme du parti mais il semble (et beaucoup de membre de ce parti sont d’accord avec moi) que ce parti ait été infiltré par des démocrates qui veulent le discréditer ou le faire virer à droite.

    Vous avez publié deux éditions de votre livre "Les 20 plus gros mythes de la classe des voleurs et les arguments pour la révolution". Pourquoi dites-vous que nous avons besoin d’une révolution?

    Parce que je pense que le système ne peut être réformé. La classe des capitalistes (que j’appelle la classe des voleurs) a acquis un contrôle très profond sur chaque aspect de notre société, et les USA ont le plus grand écart de revenu entre riches et pauvres de tout les pays capitalistes industrialisés. Ma révolution est une révolution des travailleurs (la classe volée) qui démarre de la base pour reprendre le pouvoir et redistribuer équitablement les richesses et ressources.

    Vous avez popularisé l’idée de la nationalisation des banques pendant votre campagne de 2008. Quelles réactions avez vous eues concrètement, dans la rue, quand vous propagiez cette idées ? Etes-vous pour la nationalisation d’autres secteurs de l’économie ?

    Je pense que les richesses d’une région ou d’une nation appartiennent à la population. Je pense que l’industrie devrait être sous le contrôle démocratique des travailleurs.

    Je pense aussi que les gens "ordinaires" ont le instinctivement le sentiment que c’est la seule façon de faire. Enormément de personnes ont perdu leur boulot, leur maison et toute la sécurité qu’ils avaient et ils observent les riches devenirs toujours plus riches, alors que les pauvres deviennent sans cesse plus pauvres. Je pense que le plus gros avantage d’une campagne présidentielle clairement socialiste est qu’on peut vraiment expliquer aux gens que ce n’est pas eux le problème. Le problème, c’est le capitalisme, pas le capitalisme de "copinage" ou l’"avarice" capitaliste. Le copinage et l’avarice sont inhérents au capitalisme. Le seul et unique objectif de ce système est le profit.

    Donc vous pensez que le capitalisme est la source des problèmes de la société. Mais Quelle est l’alternative ? Le socialisme démocratique ?

    Oui c’est l’alternative.

    Vous avez commencé à lire "Ma vie" de Léon Trotsky, un des dirigeants de la Révolution russe de 1917 et adversaire acharné de la dictature stalinienne qui a usurpé le pouvoir. Que pensez-vous de lui ?

    J’ai seulement lu la première partie du livre. Selon moi, Trotsky est un auteur engageant et motivant, bénéficiant à l’évidence d’un intellect hors du commun. J’ai hâte d’arriver à la partie où il aborde les luttes politiques.

  • Australie : Les lois anti-motards sont un pas en arrière pour les droits civiques

    Jusqu’il y a peu, la présomption d’innocence constituait une part intégrante du système judiciaire des Nouvelles-Galles du Sud (l’Etat de Sidney). Cette situation a changé avec l’introduction de la Loi de Contrôle des Organisations Criminelles, également connue sous le nom de loi anti-motards.

    Par Ger Hughes, Socialist Party (CIO-Australie)

    Sans aucunement soutenir des comportements violents ou antisociaux, tels que le trafic de drogue ou les fusillades, cette loi devrait préoccuper tous ceux qui désirent protéger les libertés démocratiques.

    Il n’a fallu que quelques jours pour que cette législation soit proposée, rédigée, votée dans les deux chambres du Parlement et mise en application. Cette loi constitue une réponse «réflexe» à un incident qui s’est produit à l’aéroport de Sidney, où un certain nombre d’hommes, identifiés par des témoins comme étant des «bikies» (motards), ont été impliqués dans une bagarre qui a causé la mort d’une personne et des blessures à plusieurs autres.

    La rapidité avec laquelle cette loi a été instaurée signifie qu’il n’y a eu aucune réflexion sur la nécessité d’une telle loi, aucune consultation de la collectivité, aucune évaluation de lois similaires dans d’autres juridictions. Ce procédé est éminemment antidémocratique.

    Cette loi de Nouvelles-Galles du Sud est basée sur une législation similaire d’Australie Méridionale. En Australie Méridionale, la loi contient une clause qui en exempt les partis politiques, mais qui n’est pas reprise dans la loi de Nouvelles-Galles du Sud. Dans les faits, cette loi peut donc être appliquée à tout type d’organisation. D’autres Etats, y compris le Queensland, désirent maintenant adopter le même type de mesures, et il semblerait qu’une version fédérale de cette loi est à l’ordre du jour.

    La nouvelle loi permet à la police de demander à un juge de la Cour Suprême de déclarer illégale une organisation. Ceci signifie que l’association entre les (ex-)membres de cette organisation est considérée comme une infraction. Si le juge est persuadé qu’un assez grand nombre des membres de cette organisation prévoient ou sont impliqués dans une activité criminelle sérieuse, ce groupe peut alors devenir une «organisation déclarée». Une fois cela fait, des ordres peuvent donnés afin d’empêcher tout contact entre membres, que ce soit par téléphone, email ou de visu.

    Les infractions à ces ordres peuvent être punissables par l’emprisonnement jusqu’à deux ans – cinq pour les récidivistes. Les individus peuvent également se voir interdire de travailler dans certaines industries. Ces restrictions n’ont aucune limite dans le temps, et peuvent donc demeurer jusqu’à révocation.

    Il y aussi eu d’importantes modifications aux règles concernant l’apport de preuves et la procédure requise afin de mettre en vigueur les ordres de restriction. En outre, les preuves utilisées dans le cadre du processus pour faire d’une organisation une «organisation déclarée» ou pour énoncer des ordres de contrôle peuvent être protégées et gardées secrètes vis-à-vis des personnes concernées ou du public.

    Cette loi comporte une ressemblance frappante avec les lois anti-terrorisme qui ont été implémentées après le 11 septembre et les attentats de Bali, dans le sens que c’est à l’accusé de prouver son innocence, et que des preuves secrètes peuvent être utilisées au cours du procès. Le Gouvernement de Nouvelles-Galles du Sud utilise la menace exagérée et plus ressentie que vécue de la violence perpétrée par des groupes de motards comme une excuse pour faire régresser les droits civiques.

    Alors que le Gouvernement est extrêmement impopulaire à cause de ses tentatives de privatiser l’électricité ou les services aux prisons, une partie de son objectif en exagérant la violence des motards est de détourner l’attention des véritables enjeux actuels.

    Il est clair qu’il y a déjà plus qu’assez de lois en vigueur visant à réprimer les comportements criminels. Mais cette loi-ci, bien qu’étant aujourd’hui dirigée contre les motards, va être utilisée contre d’autres organisations au cours des années à venir. Les prochaines cibles seront les syndicats, les partis politiques, et les autres organisations qui s’opposent à la politique du Gouvernement. Nous ne devons pas laisser encore reculer nos libertés démocratiques, et pour cette raison, cette loi doit être combattue.


    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Le Socialist Party est la section du CIO en Australie.

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • 10.000 manifestants à Tel Aviv contre les massacres de Gaza

    Après ce qui semble avoir été la semaine la plus meurtrière dans le conflit israélo-palestinien depuis 40 ans, les manifestations se sont succédées à travers le monde contre les actions barbares du régime israélien. Deux actions de protestation importantes ont été également organisées en Israël, malgré les tentatives anti-démocratiques du régime pour faire taire chaque résistance contre la guerre, dont des menaces des services secrets et des arrestations massives, surtout contre les Palestiniens israéliens. 300 d’entre eux sont toujours arrêtés.

    Mouvement de Lutte Socialiste (Tnu’at Maavak Sotzyalisti/Harakat Nidal Eshteraki, CIO-Israël)

    La police avait essayé d’empêcher la manifestation prévu le 3 janvier à Tel-Aviv en déclarant que le fait de lever le drapeau palestinien à Tel-Aviv était un trouble de l’ordre public. La Cour Suprême, bien qu’elle soutient les actions du régime y compris ce qui est défini par les lois internationales comme des crimes de guerre, a décidé que c’était un peu trop embarrassant et a autorisé la manifestation.

    Cette manifestation a été la plus grande manifestation commune d’Arabes et de Juifs depuis le début de la guerre, dans des circonstances très difficiles. La manifestation a été encerclée par un important contingent de forces de l’ordre renforcé par un détachement spécial des autorités carcérales. Presque 300 contre-manifestants d’extrême-droite (dont beaucoup de membres de Yisrael Beitenu – Israël notre maison – le parti de Lieberman) étaient aussi présents, et à chaque coin de rue du centre de Tel-Aviv il y avait des tensions et des animosités visibles. Certains ont jeté des objets contre les manifestants. Mais la manifestation a été très bruyante et a clairement fait entendre son message avec des drapeaux rouges, des tambours et presque 10.000 participants.

    Les slogans ont été criés en hébreu et en arabe. Le Mouvement de Lutte Socialiste (notre organisation-sœur israélienne) ont crié avec d’autres des slogans tels que : “ Juifs et Arabes refusent d’être ennemis”, “Juifs et Arabes se battent ensemble contre les racistes”, “A Gaza et à Sderot, les enfants veulent vivre”, “Barak, Ministre de la Défense, tu n’achètera pas la domination avec le sang”, “Pas de paix, pas de sécurité sous la loi du Capital”, “De l’argent pour l’enseignement et les emplois, pas pour la guerre et l’occupation”, “Tu veux la paix ? Alors nous devons lutter – contre les bombardements, contre la guerre, contre les tirs de qassam, contre le siège, contre l’occupation, contre le mur, contre les colonies, contre la séparation, contre le racisme, contre le système d’exploitation et de prestige, contre le système du capital et de la guerre.”

    Nous avons aussi crié des slogans comme “Tous les ministres du gouvernement sont des criminels de guerre”, “Barak, ministre de la Défense, combien d’enfants as-tu tué aujourd’hui ?”. Au cours de la manifestation, nous avons diffusé notre déclaration que nous avons aussi utilisé aux manifestations et activités publiques à Tel Aviv, Haifa et ailleurs. Hadash, un front du Parti Communiste, était aussi une force très dominante dans la manifestation.

    Les médias officiels ne se sont pas limités à mener campagne contre cette manifestation, ils ont ensuite essayé d’en réduire l’impact au maximum. Le journal Haaretz, connu sur le plan international comme un journal libéral, a publié un article sur son site avec comme titre : “Tel-Aviv : Des milliers de manifestants pour et contre l’opération”. L’’éditorial du même journal a commencé avec ces mots : “Le chef du gouvernement Ehud Olmert attend à juste titre que la population israélienne se regroupe derrière les opérations de l’IDF à Gaza” (IDF est l’armée israélienne).

    Le programme d’actualité de la télévision d’Etat du week-end, qui dure enviroon deux heures, n’a montré aucune image de la manifestation alors que d’innombrables politiciens et généraux ont été passés en revue au sujet de Gaza, pour finir avec un reportage sur l’industrie du chocolat en Israël ! Même les médias internationaux qui veulent couvrir les attaques ont très difficile. Il leur a été interdit d’aller dans la bande de Gaza. Deux journalistes d’Al-Jazeera ont été arrêtés parce qu’eux parce qu’ils étaient arrivés “trop prêts de la bande de Gaza”. Les journalistes israéliens reportent surtout ce que racontent les porte-paroles militaires. Mentionner les victimes palestiniennes n’arrive pratiquement jamais. Les médias israéliens ne mentionnent par exemple jamais la relation entre le nombre de victimes de 100 contre 1. Les médias se limitent souvent au message simple de Barak: “Le Hamas et les organisations de terreur ont environ 400 morts”. La machine de propagande et de falsification de l’élite dirigeante est tout simplement immense. Les rapports des des actions de protestation dans le reste du monde sont présentés de façon très négative, insinuant souvent que chaque critique internationale contre le régime israélien est de l’antisémitisme.

    Samedi, dans la ville Sakhnin, au Nord, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées dans une des plus fortes manifestations israélo-palestinienne depuis des années. Dans certains médias israéliens, on a parlé de “quelques milliers”, alors qu’ils étaient peut-être 100.000 avec bon nombre de juifs israéliens. Certains médias ont bien relayé ce rassemblement, mais pour effrayer la population. Quelques dizaines de contre-manifestants d’extrême-droite, surtout du parti de Lieberman, ont défilé dans la ville. L’ambiance à la manifestation était très militante, mais aussi dominée par le mouvement islamique et le parti nationaliste palestinien Balad. Des slogans en arabe ont été criés, avec des appels à la solidarité avec la population de Gaza pour qu’ils résistent aux tanks et aux fusils. Certains slogans ont appelé le Hezbollah à agir et ont critiqué la Ligue Arabe pour leur collaboration traditionnelle, particulièrement avec les USA. Malheureusement, certains slogans appelaient implicitement à des actions de terreur contre la population juive.

    Le fait qui la manifestation de Sakhinin a été dominé par les forces de droite comme le mouvement islamique n’est pas un hasard. Hadash était très faible, une expression de l’énorme polarisation nationale et d’un certain affaiblissement de son soutien parmi la population israélo-palestinienne ces dernières années. Cela était déjà visible lors des élections municipales dans cette ville et dans la région. C’est la conséquence du rôle du Parti Communiste/Hadash. Le parti suit les événements et met l’accent sur l’obtention de réformes de la législation purement cosmétiques à la place de construire un mouvement. Même si certaines de ces petites réformes sont très correctes, cela ne peut être atteint que si Hadash construit une lutte massive. Il y a aussi des tristes exemples d’actions opportunistes comme des coopérations électorales avec le mouvement islamique dans certaines régions à la place à la place de construire une alternative. L’exemple le plus frappant est naturellement la coopération avec le parti d’extrême-droite de Lieberman dans la coalition du conseil communal de Haifa. Lors des élections dans cette ville, le PC a soutenu le maire du parti gouvernemental Kadima. L’argument était que cela était nécessaire pour éviter qu’un candidat de Lieberman n’obtienne le poste. C’est une explication du vide politique énorme et du fait que plusieurs actions anti-guerre peuvent maintenant être dominées par les organisations de droite.

    En 9 jours, plus de 500 Palestiniens ont été assassinés, dont 30 depuis le début de l’opération au sol. Des milliers de personnes sont blessées et des milliers de maisons ont été ravagées dans la petite bande de Gaza. Cela a aussi des conséquences pour les masses arabe et juive en Israël. À la fin de la manifestation de samedi dernier à Tel-Aviv, nous avons appris la terrible nouvelle du début de l’invasion du pays, point de départ pour une nouvelle semaine de massacres. Mais ce sera aussi une nouvelle semaine d’actions de protestation. La manifestation de Tel-Aviv a montré qu’un mouvement commun des Juifs et des Arabes contre la guerre est possible malgré la répression, et peut-être même encore plus.

    L’élite dirigeante israélienne fait usage de la peur de la classe ouvrière juive-israélienne. Cette guerre est définie d’un commun accord par l’establishment comme une “guerre sans choix”. C’est en fait une tentative désespérée de sortir de la crise politique profonde et d’effacer l’humiliation des interventions militaires de ces dernières années. Mais les travailleurs se rendront compte tôt ou tard qu’ils ont été consciemment trompés pour être traînés dans un conflit sanglant qui s’oppose à leurs intérêts. Un nombre de travailleurs et de jeunes grandissant cherchera autre chose. Le mouvement anti-guerre doit essayer d’atteindre cette couche, malgré toutes les difficultés. Sur base des idées de la solidarité et du socialisme, c’est toutefois possible, et c’est la seule voie pour aller de l’avant.

  • Pas d’issue en Irak. Bush profondément affaibli

    Début novembre, la cote de popularité du gouvernement Bush n’était plus que de 39%. La plupart de la population estime qu’il est temps d’un retrait des troupes hors d’Irak, tandis que sur place le rêve d’un "modèle stable et démocratique pour le Moyen-Orient" est devenu cauchemar. Un sondage récent, commandé par le ministère britannique de la défense, a révélé que 45% des Irakiens approuvent les attaques contre les troupes d’occupation, que 82% de la population est fortement opposée à la présence de troupes étrangères, et que 67% juge que leur présence a rendu la vie "moins sûre".

    Peter Delsing

    Bush était déjà affaibli à cause de sa réaction, ou plutôt son absence de réaction, face à l’ouragan Katrina. A cette occasion furent démontrés l’énorme clivage entre riches et pauvres aux USA et l’extrême insensibilité de l’élite dominante à Washington. Entretemps, les cadavres de soldats américains s’empilent en Irak: récemment, le chiffre de deux mille morts fut dépassé, avec 15 milles blessés supplémentaires. Les estimations du nombre de victimes irakiennes vont elles de 25 à 100 milles!

    Bush comptait sur les élections et le référendum sur la Constitution pour illustrer le " progrès politique " réalisé en Irak. Mais les conflits interethniques et la menace d’une guerre civile s’amplifient.

    A l’aube du référendum sur la Constitution, 570 attaques par semaine contre les troupes étrangères étaient recencées. Cela aboutit " à la démoralisation et à la désertion des soldats ", selon l’ancien membre de l’Etat-Major américain Lawrence Wilkerson, qui fait référence à la guerre du Vietnam, où l’impérialisme américain connu une défaite sanglante.

    78,6% de la population irakienne auraient voté pour la Constitution, et 21,4% contre. Dans les territoires kurdes et chiites, le vote fut massivement favorable. Les illusions manifestement présentes envers les droits d’autonomies de ces ethnies seront testé par l’expérience de l’exploitation capitaliste. Les sunittes se sont largement abstenu, et soupçonnent les résultats d’être falcifiés pour les adapter aux " besoins politiques ". Ce sentiment est peut-être justifié, les premiers résultats du vote de la province sunitte de Ninive, largements défavorables, furent d’abord retirés, puis ensuite revus à la baisse.

    Entretemps, la situation de Bush s’est détériorée. Sa candidate à la Cour Suprême, élue pour sa loyauté envers le président, Harriet Miers, a fait preuve d’incapacité au Sénat, et s’est ensuite retirée. Même l’aile d’extrême-droite du Parti Républicain ne lui accorda pas son soutien.

    Qui plus est, Lewis Libby, bras droit du vice-président Cheney, est inculpé de parjure, d’obstruction à la justice, de faux témoignages, etc… Il serait impliqué dans la révélation de l’identité d’un ancien agent de la CIA afin de nuire à son mari. Ce dernier est un ancien ambassadeur des USA très critique envers la Maison Blanche et l’invention de preuves pour intervenir en Irak.

    La résistance contre Bush aux USA autour de la guerre et de la colère face à la repartition inégale des richesses s’amplifiera. Les travailleurs devront mener bataille pour leurs propres organes syndicaux et politiques, indépendants de la classe dominante et avec un programme socialiste s’ils veulent stopper le nivellement par le bas qu’engendre le capitalisme, et y répondre par une alternative socialiste.

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