Your cart is currently empty!
Tag: Cour des Comptes
-
Fukushima, un an après
Profits sur le nucléaire, les peuples dans la galère, de cette société-là, on n’en veut pas !
Ce 11 mars, cela fait un an que le désastre de Fukushima s’est produit au Japon, l’occasion de tirer le bilan d’une année d’hypocrisie de la part de la classe dirigeante, une année où le gouvernement japonais a voulu utiliser de petits pansements pour cacher une blessure faite à la hache.
Par Clément (Bruxelles)
Au départ il y a eu ce tremblement de terre sous-marin qui a engendré un tsunami. Le séisme, tout comme le tsunami, ont gravement endommagé la centrale (la destruction des systèmes de refroidissement des réacteurs provoquant la fusion de leurs ‘‘coeurs’’ et l’explosion du taux de radiation). Ce n’est que quatre jours plus tard que les autorités décidèrent (enfin) d’évacuer les 750 travailleurs qui tentaient de colmater l’incident avec du matériel hétéroclite et obsolète, exposés à des taux de radiations potentiellement mortels. Différents corps de métiers (pompiers, maçons, soldats) se rendirent sur place, jusqu’à un millier le 23 mars. Le 30, le gouvernement proclama officiellement la fin de l’état d’urgence. L’entreprise concernée – le géant énergétique Tepco – évalue à 40 ans le temps qu’il faudra pour démanteler la centrale. Jusqu’ici, 300.000 tonnes d’eau ont été contaminées, 110.000 évacuées, des sols sont impropres à la culture pour les 80 prochaines années, il y a au moins 1084 cas potentiels de cancer de la gorge et le nuage radioactif a été jusqu’au bord des côtes irlandaises. Plus de soixante ans après Hiroshima, le traumatisme était encore profondément gravé dans la population.
Aujourd’hui, ce traumatisme est considérablement renforcé, de même que la colère et la rancoeur contre cet Etat incapable d’établir un plan de secours efficace, un Etat corrompu par les lobbys et qui a sacrifié sa population contre des pots de vins, colère et rancoeur enfin contre cette entreprise qui a réduit les coûts de sécurité au minimum pour satisfaire sa soif de profits. Une fois encore, le capital et le libéralisme, par son ‘‘laissons faire, les problèmes s’autoréguleront’’ ont illustré leur incompétence à protéger la population avant et après la catastrophe. Tepco est aujourd’hui engagée dans tout une série de procès qui visent à refuser d’endosser la responsabilité de conséquences de la catastrophe, notamment sur base de l’argument que les radiations émises ne lui appartenaient plus, et qu’elle ne peut donc être tenue pour responsable. ‘‘Condamner Tepco reviendrait à considérer que l’air peut appartenir à quelqu’un et personne ne veut cela’’, a même osé dire l’un de ses avocats…
Cette attitude n’est pas une particularité japonaise. Ainsi, si la dénucléarisation est une question qui revient régulièrement lors des campagnes présidentielles françaises, la Cour des Comptes a publié un rapport qui affirme que le démantèlement coûterait 15 milliards d’euros. Trop cher, alors on continue… Pourtant, les réacteurs nucléaires français ont été construits dans les années ’70 et étaient prévus pour durer… 20 ans. Nous sommes en 2012, pas de danger ?
Il est vrai qu’en comparaison de la France (qui dispose de 58 réacteurs), la Belgique et ses 7 réacteurs font pâles figures. Mais leur longévité ne devait également pas dépasser les 20 ans, et les partis traditionnels ont décidé en 2003 de la fermeture des centrales après 40 ans d’exploitation ! Mais l’Organisme national des déchets et des matières fissiles enrichies (ONDRAF) a dévoilé que l’argent prévu pour le démantèlement des centrales manque à l’appel… L’ONDRAF préconisait de provisionner 578 millions d’euros fin 2010 pour le démantèlement des centrales nucléaires, mais la Commission des provisions nucléaires (tout en étant d’accord avec ce montant) n’a mis de côté que 347 millions d’euros. Avec quelles conséquences ?
Tepco au Japon, Areva en France, GDF Suez en France et en Belgique,… Ces entreprises ne visent que le rendement maximum, et tant pis pour la collectivité.
Il est temps que cesse cette dictature des 1% qui met en danger les 99% de la population. L’alternative à ce secteur énergétique dominé par la soif de profit, c’est la nationalisation complète du secteur, sans rachat ni indemnité, et sous le contrôle des travailleurs et de la collectivité. C’est la seule façon de garantir la satisfaction des besoins énergétiques de la population ainsi que la transition de la production d’énergie vers une production réellement verte et sûre, par un financement massif d’une recherche scientifique indépendante du lobby nucléaire et autres.
Manifestation nationale "Fukushima plus jamais" le 11 mars, 14h30 Gare du Nord
-
Faisons de la manifestation du 15 mai de la Confédération Européenne des Syndicats une journée nationale de grève pour l’emploi
Ne nous laissons pas conduire à l’abattoir entreprise par entreprise
Ces derniers mois, dans des centaines d’entreprises, des milliers de collègues intérimaires ont été renvoyés. En un an, le nombre d’intérimaires a reculé de 23,5% (et même de 32,4% pour les intérimaires ouvriers), soit la plus forte baisse jamais registrée (Federgon, 27/02/2009). Des contrats à durée déterminée ne sont plus prolongés.
Tract du PSL
Un nombre record de 8.472 entreprises ont connu des faillites, plus particulièrement dans le textile et le métal. En 2009, le cap de 10.000 fermetures d’entreprises devrait être atteint, un record absolu. Selon la FGTB, 13.500 emplois ont été perdus depuis le mois de septembre dans les grandes entreprises, c-à-d 6 fois plus qu’au cours des 8 mois précédents (FGTB, 11 mars 2009) .
Avant que n’éclate la crise, environ 6% des ouvriers étaient en chômage économique par mois, 9% en octobre 2008, 21% en février! Un ouvrier sur cinq était alors au chômage économique pour une moyenne de 6 jours (SD WORX, 12 mars 2009), et un quart des ouvriers a au moins connu une journée de chômage.
Chômage croissant, perte de revenus, drames sociaux…
Lorsque les politiciens en parlent, c’est pour nous expliquer qu’il n’y a pas de marge budgétaire. En tout cas, pas pour nous. Les syndicats revendiquent des mesures pour sauvegarder l’emploi et le pouvoir d’achat et plaident pour des investissements «verts». Le 15 mai, la CES (Confédération Européenne des Syndicats) organise une manifestation à Bruxelles pour cela.
Le Parti Socialiste de Lutte trouve que cela fait trop longtemps que nous nous laissons conduire à l’abattoir entreprise par entreprise. Nous pensons qu’il faut lancer une vraie mobilisation pour le 15 mai et en faire une journée d’action nationale, comme les syndicats français en ont déjà fait deux.
Si nous n’arrivons pas à rembourser nos emprunts, on saisit notre mobilier. Mais si ce sont les banques, leurs palais de marbre n’ont rien à craindre. Pour elles, le gouvernement dépense sans compter l’argent que le contribuable devra cracher les années à venir. Cela a déjà coûté 24 milliards d’euros, 12 fois le montant de l’accord interprofessionnel pour tout le secteur privé !
Les patrons appellent à la «solidarité» et disent que «revendiquer des augmentations salariales revient à demander encore plus de chômage». Pourquoi ne sont-ils eux-mêmes pas solidaires? Ils ont fait de bonnes affaires ces dernières années. Nous n’avons pas encore oublié les boni record, les milliards de dividendes et les fêtes annuelles des millionnaires. De la solidarité ? Pas en distribuant la pauvreté, mais la richesse !
Le Parti socialiste de lutte veut :
- une adaptation des salaires au coût réel de la vie
- la liaison au bien-être des allocations de ceux qui ne peuvent pas travailler à cause de maladie, de vieillesse ou de manque d’emploi
- la nationalisation du secteur énergétique avec des prix maximum déterminés par la loi
- beaucoup plus de logements sociaux afin de réduire les prix des loyers et des habitations.
Arrêter la politique d’assainissements
La réponse des partis gouvernementaux au chômage, c’est baisser les charges patronales, multiplier les chèque-services, introduire le travail intérimaire dans les secteurs publics ou encore élargir le système de chômage économique aux employés. Avec tout cela, les patrons feront encore de nouveaux profits, sans engagement de leur part. Résultat : la sécu est en déficit de 2 milliards d’euros. Priez pour ne pas tomber malade, vieillir ou être en surnombre au travail !
On s’attendrait à ce que les plus anciens puissent partir un peu plus vite en retraite pour que les jeunes se mettent au boulot. Pas du tout. En Hollande, il faut dorénavant travailler jusqu’à 67 ans pour avoir droit à une pension complète. C’est probablement tenable pour les politiciens, mais à quand on travaille à la chaîne ou sur un chantier ? En Belgique on n’en est pas encore là, mais le Pacte des Générations a montré la voie. Au lieu de répartir le travail disponible, on jette l’un à la rue tandis que l’autre devra bosser jusqu’à l’épuisement.
Le Parti Socialiste de Lutte veut :
- bas les pattes de la sécu, nous en aurons encore grandement besoin
- un vrai statut unique pour les ouvriers et les employés, harmonisé vers le haut
- pas de statuts bidon, mais de vrais emplois avec un même type contrat de travail pour tous
- une répartition du travail disponible par la réduction du temps de travail sans perte de salaire, pour ne pas être obligés de compléter le revenu familial avec des heures supplémentaires ou en noir.
« Dans beaucoup de régions, par fort temps de pluie, on se trouve déjà dans l’eau jusqu’aux genoux, y compris à l’intérieur »
Les routes et le matériel ferroviaire sont délabrés. Il manque des milliers de logements sociaux. Les bâtiments scolaires et les prisons sont au bord de la ruine. Quand l’économie était encore en croissance, il n’y avait jamais assez de moyens disponibles pour les travaux d’infrastructure nécessaires, et ne parlons même pas d’investissements «verts». Les politiciens belges auraient-ils vraiment attendu, comme leurs collègues italiens, jusqu’à ce que les bâtiments s’écroulent sur les élèves? Qui pourra le dire? Dans beaucoup de régions, par fort temps de pluie, on se trouve déjà dans l’eau jusqu’aux genoux, y compris à l’intérieur. Maintenant que la crise frappe, soudainement, l’argent existe pour les travaux d’infrastructure, sous la forme de partenariat public-privé. Selon la Cour des Comptes, cela signifie «des profits privés et des dépenses publiques».
Pendant que des milliers de postiers manifestent contre la pression au travail, la direction et le ministre distribuent les réserves financières aux actionnaires.
Systématiquement, les secteurs d’utilité sociale qui rapportent insuffisamment sont en manque d’effectifs. Pendant que des milliers de postiers manifestent contre la pression au travail, la direction et le ministre distribuent les réserves aux actionnaires! Si tous les travaux d’infrastructure nécessaires étaient assurés et si tous les emplois d’utilité sociale étaient pourvus, une réduction du temps de travail ne serait même pas nécessaire pour assurer un emploi et un salaire à tous les chômeurs. Mais tant que cela ne rapporte pas de gros profits, le patronat et ses gouvernements ne sont pas intéressés.
Le Parti Socialiste de Lutte est en faveur de la nationalisation complète du secteur financier – avec compensation pour les petits actionnaires sur base de besoins prouvés – pour le rassembler en un organisme public sous le contrôle et la gestion de la collectivité. Cela ne garantirait pas seulement une meilleure protection de l’épargne, mais assurerait également qu’au lieu de devoir mendier auprès des directions des banques pour obtenir un crédit, les autorités pourraient elles-mêmes effectuer les investissements publics qui répondent aux besoins de la population.
Il est temps d’avoir un nouveau parti plus à gauche
Un tel programme n’est réalisable qu’avec un rapport de forces favorable aux travailleurs et à leurs familles. Depuis des années, chaque lutte butte sur une absence de volonté politique, ce qui décourage et pousse certains dans les mains de l’extrême-droite. La gauche est plus forte dans nos pays voisins, les PS et les écolos sont grillés au poteau par de nouveaux partis plus à gauche. En Belgique, depuis trop longtemps, beaucoup de dirigeants syndicaux soutiennent le PS au nom du «moindre mal». Il est grand temps d’abandonner ces illusions dans le PS avant que «la base traditionnelle» ne soit complètement dégoûtée.
A lui seul, le Parti Socialiste de Lutte ne peut pas remplir ce vide à gauche du PS et d’Ecolo. Même ensemble, toutes les formations de la gauche radicale n’y arriveraient pas, mais peut-être cela aiderait-il à réveiller les appareils syndicaux. C’est pourquoi le PSL a écrit au PTB pour déposer une liste commune dans tout le pays, de même qu’à un groupe d’opposition à l’intérieur du SP.a du côté néerlandophone, malheureusement sans réponse de leur part. Néanmoins, pour la partie francophone nous avons réussi a déposer une liste unitaire, LCR-PSL pour les élections européennes et PC-PSL-LCR-PH pour les régionales à Bruxelles.
-
La crise exige une modification de la politique économique – La lutte des classes en déterminera le caractère (Troisième partie)
Dans cette partie, nous regardons dans quelles mesure les caractéristiques de la crise économique internationale se manifestent aussi en Belgique. Nous parcourons le marché immobilier, l’inflation, les cadeaux fiscaux aux entreprises et les salaires des managers. Nous expliquons comment cela conduit aux grèves spontanées que la bourgeoisie et les politiciens aimeraient brider. La combativité à la base s’est reflétée dans des discours plus radicaux le premier mai, dans un bon résultat pour les délégations syndicales combatives dans les élections sociales, et enfin dans la semaine d’actions de juin 2008.
Texte de perspectives du Congrès National DU PSL/LSP. Ce texte a été écrit durant l’été.
La folie des bourses laisse des traces aussi en Belgique
75. En termes de distribution inégale de richesse, la Belgique n’est pas mieux placée que les autres pays de l’OCDE. En juillet 2008, les fortunes nets des familles belges étaient de 1.610 milliards d’euros, à peu près 352.000 euros par foyer ou 151.000 euros par Belge. (1) Cela fait entretemps 14 ans qu’il n’y a plus eu de recherche sur la répartition de cette fortune. En 1994, Jef Vuchelen et Koen Rademaeckers sont arrivés à la conclusion que les 50% des fortunes appartenaient à 10% des familles les plus riches, contre seulement 1,1% des fortunes pour les 10% des familles les plus pauvres. Nous supposons que cette différence s’est plutôt creusée que diminuée. (2) Selon Merill Lynch, à la fin 2006, il y avait 68.000 millionnaires en dollars en Belgique, fin 2007 ils étaient déjà 72.000. (3) En 2007, les entreprises belges cotées en bourse ont vu pour la première fois en 5 ans diminuer leurs profits suite à la crise du crédit. En 2005 et en 2006, ces profits avaient encore monté à chaque fois de 30% contre une baisse de 11% en 2007 jusque 19,14 milliards d’euros. Pourtant, ces mêmes entreprises ont distribué 10,2 milliards d’euros aux actionnaires, une augmentation de 42% comparée à l’année précédente. Cela fait qu’en 2007, malgré la crise du crédit ou peut-être justement à cause d’elle, la moitié du profit net a été versée aux actionnaires contre un tiers en 2006.(4)
76. Ainsi, la fine fleur du capital belge s’est protégée contre les conséquences de la crise du crédit. Celle-ci n’a pas épargné la Belgique. Il est difficile de prévoir où le BEL-20 se trouvera fin 2008, mais avec une perte d’en moyenne 23%, le premier semestre de 2008 était la pire chute en 21 ans, depuis le crash boursier de 87.(5) Surtout les banques, qui représentaient en 2006 encore 42% du BEL-20, ont fortement chuté. Cela s’explique par le fait que toutes les grandes banques belges, y compris la KBC qui a perdu 32,4% de sa valeur boursière lors du premier semestre de 2008, se sont laissées séduire par des instruments financiers souvent couverts par des hypothèques à grand risque américaines. Pour Dexia (-44,4% de la valeur boursière), s’y ajoutent les difficultés de sa filiale américaine, le rehausseur de crédit FSA. Pour Fortis, -46,48% de sa valeur boursière, s’y ajoute sa reprise annoncée en grandes pompes mais mal planifiée, d’ABN Amro. Cela fait que l’action Fortis vaut aujourd’hui (juillet 2008) à peu près la moitié d’une action de la Société Générale en 1998. Au printemps précédent, l’action Fortis valait encore 35€, à la fin du premier semestre 2008 moins de 10€. (6)
77. La Banque nationale a calculé la perte totale des Belges en conséquence de la crise boursière en juillet 2008 à 50 milliards d’euros, dont la moitié en conséquence de la baisse des valeurs des actions, et l’autre moitié en perte sur des fonds de pension et des fonds d’investissement (les sicav). Les dettes des familles ont aussi augmenté. Mais c’est surtout le personnel qui paiera la facture. « Des changements des banques belges qui prendraient normalement 15 ans, tels que la rationalisation du réseau couteux des agences, seront grâce à la crise du crédit réalisés en quelques années », dit Dick-Jan Abbringh, auteur de « Trendbreuk.be ? Nieuwe spelregels in een digitale wereld » (« Inversion de la tendance.be ? Nouvelles règles du jeu dans un monde digital »), son livre pour lequel il a interviewé 15 managers du monde financier en Belgique. « Il est certain qu’il y aura des licenciements massifs. Il y a un bel avenir pour des gens qui donnent des conseils financiers de haute qualité, mais non pas pour les employés de banques qui aident les clients à remplir les formulaires de virement. » (7) En bref, celui qui amène beaucoup d’argent obtiendra un siège confortable, mais celui qui a des difficultés à s’en sortir selon laissé à son propre sort.
Les fondements minés
78. Jusqu’ici, l’économie belge n’a pourtant pas presté de façon faible. Avec un chiffre de croissance de 2,8% en 2006 et en 2007, elle a même fait un peu mieux que la zone euro. Après une augmentation du chômage en 2005, il y a eu une légère baisse en 2006, suivie d’une baisse plus forte en 2007. Le déficit budgétaire était légèrement négatif en 2007 (-0,2%), mais quand même moins que la moyenne de la zone euro (-0,6%).(8) Après quelques années de diminution (2000-2005) ou de croissance faible (2006) (9), les investissements en 2007 ont connu une vraie accélération de 8%. Notre pays s’avère d’ailleurs être une des localités les plus attirantes de l’Europe pour les investissements étrangers. En Europe (27), seulement 4 grands pays, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France et l’Espagne, ont accueilli plus d’investissements. Entre 2003 et 2007, les investissements étrangers directs représentaient 12,3% du PIB ! Ceci n’est que de 1,2% pour l’Allemagne, 3,4% pour la France, 5,3% pour les Pays-Bas et 3% pour la chine.(10) Nous devons évidemment considérer les proportions et aussi le caractère de ces investissements, mais prétendre que la Belgique ne serait pas attractive pour des investisseurs étrangers n’est pas possible. Grâce à la prestation durant le premier semestre, la croissance des investissements en 2008 sera de 6,6%, mais retombera ensuite jusqu’à seulement 1,7% en 2009.(11)
79. Ici s’arrêtent les bonnes nouvelles. Depuis, les 6 marchés d’exportations les plus importants de l’économie belge sont au bord de la récession. Il s’agit de l’Allemagne, de la France, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, l’Espagne et l’Italie. Ensemble, ils représentent deux tiers de notre exportation. Pour un pays dont l’exportation des marchandises représente 71% du PIB, c’est d’une importance vitale. De plus, l’industrie belge livre beaucoup de produits semi-finis. Elle est une sorte de sous-traitant pour l’industrie des partenaires commerciaux.(12) Sur cette base, la KBC estime réaliste que l’économie belge parte en récession technique à partir du deuxième semestre 2008.(13) Qu’importe, pour la première fois en 16 ans, la balance commerciale risque en 2008 d’être déficitaire. Pendant les 5 premiers mois, la Belgique a connu un déficit de 7 milliards d’euros contre un surplus de 2,5 milliards d’euros l’année dernière. Le refroidissement de l’exportation est une des raisons principales pour lesquelles le Bureau du Plan a dû réajuster ses perspectives de croissance vers 1,6% en 2008 et seulement 1,2% en 2009.(14)
Marché immobilier : illusions statistiques ?
80. L’autre raison est le ralentissement de la demande intérieure, principalement la consommation particulière. Sa croissance en 2007 encore de 2,6% retombe en 2008 à 1,4% et en 2009 même à 0,8%.Les augmentations de prix de ces derniers mois et années y sont pour quelque chose. Entre 97 et 2007, les prix des maisons dans notre pays ont augmenté en moyenne de 142% ou 9,2% par an. Même le FMI trouve, compte tenu de la croissance des revenus nets, de la population à l’âge du travail, de la croissance du crédit et des cours des actions, que c’est 17% de trop. Moins qu’en Irlande, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, mais autant qu’en Espagne et même 5% de plus qu’aux Etats-Unis. Ne devons-nous pas alors craindre une chute du marché immobilier ? Oui, selon certains économistes et le secteur immobilier. L’économiste Van de Cloot, de ING, estime que les augmentations de prix sont derrière nous et que nous allons vivre pour la première fois depuis le crash de 79-82 une stabilisation, il n’exclu même pas la première baisse des prix depuis cette époque. (15)
81. Les prix des maisons et des terrains à construire ont bien augmenté lors de la première partie de 2008 comparé au premier semestre de 2007 – de 8,1% pour des maisons d’habitation, de 5,5% pour des appartements et même de 9,7% pour des terrains à construire – mais des promoteurs parlent d’une « illusion statistique ». Ils prétendent avoir constaté un point tournant en octobre et sont d’avis qu’une correction est en train de se faire. « Ce ne sera pas de la même force qu’au RU, en Irlande ou en Espagne, disent-ils, mais elle peut durer pendant quelques années. » (16) Pourquoi pas de la même force ? Selon Dick-Jan Abbringh, parce qu’en Belgique, le marché des prêts hypothécaires ne correspond qu’à 34% du PIB contre plus de 100% aux Pays-Bas. (17) Pourquoi pendant quelques années ? Selon Van de Cloot, parce que « on croit de plus en plus au caractère élevé structurel de l’inflation. Si cela se traduit en un taux d’intérêt à long terme fondamentalement plus élevé, nous pouvons oublier un retour à l’époque des prix hypothécaires bons marché. Justement ces prêts là étaient la force conductrice derrière la croissance immobilière de ces dernières années. » (18) N’avons-nous donc rien à craindre ? La KBC ne s’attend pas seulement à une stabilisation des prix des maisons, mais aussi à une chute de la construction. (19) Ce que cela va signifier pour l’emploi dans le secteur de la construction n’a pas encore été chiffré.
82. Nous saisissons l’occasion de démontrer une autre illusion statistique beaucoup plus grande. Selon le Bureau du Plan, le revenu réel disponible des foyers, donc de salaires, y compris des managers, et d’allocations, mais aussi de fortunes financières et immobilières, connaitrait en 2008 encore une croissance de 0,1% et en 2009 même de 1,8%.(20) Avec « réel », on veut dire en tenant compte de l’inflation. Il faut se poser la question : quelle inflation ? Pour le Financial Times, l’inflation aux USA, qui serait de 2,5%, serait de 8,9% si l’on appliquait la manière de calcul d’avant 1992, qui a changé radicalement depuis !(21) Le chiffre national de l’indexation des prix de consommation, qui serait de 4,7% cette année-ci, contre 4,2% de l’index-santé, et qui serait de 2,7% l’an prochain, contre 2,6% pour l’index-santé, n’est pas du tout une réflexion correcte des véritables augmentations de prix. Ceux-ci sont beaucoup plus importants parce que des postes de dépense importants tels que le loyer y ont un poids inférieur au poids qu’ils représentent dans la réalité. Le loyer compte pour 6,2% (22) Plus de 23% de la population sont des locataires. La consommation d’habitation totale dans notre pays représente d’ailleurs 20% de toutes les dépenses des foyers. (23)
83. Ceci nous aide immédiatement à comprendre pourquoi le loyer commence à être impayable pour les familles. Une étude commandée par le gouvernement flamand démontre qu’après retrait des dépenses d’habitation, les locataires disposaient en 2005 encore de 881 euros contre, corrigé après inflation, 1041 euros en 1992 ! Le pouvoir d’achat des locataires est fortement réduit depuis 1992, de 86 euros dans la période 1992-1997 et de 161 euros dans la période 1997-2005. En 2005, les locataires détiennent depuis 1992 en moyenne 16% de moins après avoir payé leur loyer qu’en 1992.(24) Ceci a évidemment à faire avec la faiblesse du secteur des logements sociaux qui en Belgique (10%) a un grand retard sur des pays tels que les Pays-Bas (largement 40%), le RU et la Suède
Hystérie de l’inflation
84. Les CPAS de Wallonie ont construit un « index de précarité » sur base des dépenses des foyers pauvres. Il apparait qu’un foyer qui vit du revenu d’insertion social de 997€, dépense en moyenne 27% à l’alimentation, et pas moins de 42,5% à l’habitation contre une moyenne de 26% pour toute la Wallonie. L’index de précarité a connu entre janvier 2006 et janvier 2008, donc avant la forte augmentation de l’inflation, une croissance deux fois plus élevée que le chiffre officiel d’indexation. La fédération wallonne des CPAS demande une adaptation urgente du revenu d’insertion sociale, pour une personne isolé de 698 à 860€ et pour une famille avec enfant, de 930 à 1548€. Ceci signifierait selon la Cour des Comptes, une dépense additionnelle de 1,25 milliards d’euros par an si c’est appliqué sur le plan national.(25)
85. Le Bureau du Plan admet lui-même que le revenu réel des foyers a été « négativement influencé » parce que l’augmentation des prix de l’énergie n’est pas tenu en compte dans l’index-santé qui règle l’adaptation des salaires et des allocations aux augmentations des prix.(26) Cette augmentation n’est pas des moindres. Beaucoup de familles de travailleurs ont toujours été méfiants à propos de la fable selon laquelle la libéralisation du marché de l’énergie réduirait les frais du consommateur. Cette méfiance a été confirmée en octobre 2007. Après Electrabel, c’était aux distributeurs d’augmenter leurs tarifs. (27) En février, la Banque Nationale a demandé des compétences supplémentaires pour le Creg, le régulateur fédéral du marché de l’énergie, afin d’annuler au moins une partie des augmentations de prix.(28) Le Creg lui-même demande de réduire le tarif de la TVA sur l’énergie de 21 à 6%, et une approche plus dure tant vers les producteurs que vers les distributeurs (29). En avril, il est apparu que les dépenses pour se chauffer et se nourrir pour une famille moyenne avec deux enfants vont monter de 676€ en 2008, et pour une personne isolée de 330 €. (30) Vers septembre, le prix du gaz avait déjà augmenté de 48,7% sur base annuelle, celui de l’électricité de 20,7% et on y ajoute que les prix vont encore monter. (31)
86. À partir de février, les arguments du patronat sur l’hystérie de l’inflation ont définitivement été balayés. (32) Il apparait que les prix des produits alimentaires transformés montent en force depuis la deuxième partie de 2007. Ces augmentations sont d’ailleurs en moyenne de 6% plus élevées qu’ailleurs dans la zone euro. L’abolition du prix du pain réglementé en 2004 a fait monter les prix hors proportion. Sur base annuelle, les prix des produits alimentaires transformés ont monté de près de 9%. (33) Mais lorsqu’il s’agit de son propre commerce, Unizo n’est plus unilatéralement en faveur du marché libre. Au contraire, Unizo n’est pas d’accord avec la Banque Nationale que plus de concurrence et moins de règlementations contribueraient à un niveau de prix plus bas. Dans sa réaction, l’économiste en chef Van de Cloot avertit de surtout ne pas répéter les fautes des années ‘70, lorsque les augmentations de prix ont été compensées par des augmentations générales de salaires. (34)
Cadeaux fiscaux aux entreprises
87. « Le mazout : +61%. Le gaz naturel : +52%. Le spaghetti : +42%. Le diesel : +32%. L’essence : +32%. L’électricité : +20%. » C’est ainsi que De Tijd a commencé son éditorial du 31 juillet, comme s’il fallait compenser ses précédents écrits sur l’hystérie du pouvoir d’achat. Même le chiffre officiel de l’indexation, cette illusion statistique, a dû, même si ce n’est que partiellement, refléter de telles augmentations de prix. En juillet, il a atteint 5,91%, le deuxième niveau les plus élevé en Europe, le plus élevé en 24 ans. (35) « Il est plus facile de rejoindre des manifestations pour plus de pouvoir d’achat », écrivait l’éditorialiste du Tijd, comme s’il ne faisait rien d’autre de ses journées, « que de remettre en question des systèmes que nous utilisons depuis des années. Mais nous devons aussi reconnaitre qu’il n’est pas raisonnable de faire payer l’inflation par les entreprises ou les autorités, les employeurs les plus importants, qui n’ont pas cette inflation en main. » Quoi ?
88. Entre-temps, un sondage de City Bank Belgique a montré que 9 belges sur 10 réduisent leurs dépenses en réaction à la baisse du pouvoir d’achat. C’est surtout sur les loisirs, le chauffage, les vêtements et les appareils ménagers que nous faisons des économies.(36) Les 10% restants n’en ont pas besoin, ils se sont construit une bonne réserve depuis longtemps. Malgré la crise du crédit, les entreprises ont réalisé en 2007 en Belgique un profit record de 79 milliards d’euros, 4 milliards de plus que l’année record précédente, en 2006.(37) Ils ont eu beaucoup d’aide de la part des autorités. Selon le rapport annuel de la Banque Nationale, les entreprises ont reçu, en 5 ans, de 2003 à 2007 compris, 21,85 milliards d’euros en diminutions des contributions patronales à la sécurité sociale. En 2007 uniquement, c’était déjà largement 5 milliards d’euros. De plus, pendant cette même période, ils ont reçu pour 1,28 milliards d’euros de diminution du précompte professionnel, surtout sur le travail en équipe et de nuit (38), dont 730 millions rien que pour 2007.
89. Mais le vol du siècle a sans aucun doute été la déduction des intérêts notionnels, introduite à partir du 1er janvier 2006 sous le gouvernement violet, un argument que Reynders lance régulièrement à ceux qui le critiquent au sein du PS et du SP.a. Le fait est que la violette avait initialement estimé le coût des intérêts notionnels à 500 millions d’euros, alors que cela coutera 2,4 milliards d’euros annuellement. Selon ce système, des entreprises peuvent déduire fiscalement non seulement l’intérêt qu’elles paient sur des prêts, mais dorénavant aussi un intérêt fictif sur leur propre actif. Cette mesure doit stimuler les entreprises à renforcer leur propre actif et même à encrer l’industrie en Belgique. On veut de cette manière compenser l’abolition des centres de coordination.(39) L’Europe considère ceux-ci comme une aide publique illégale et doivent être dissous au plus tard fin 2010.(40)
90. Pour les entreprises, qui doivent officiellement payer 33,99% d’impôts, il s’agissait d’un jackpot. Cela réduit le taux d’imposition moyen des entreprises à seulement 25%.(41) Ce n’est donc pas étonnant que, déjà en 2006, 41% des 381.288 entreprises en ont fait usage. Le tout mis ensemble, cette année là a connu 6 milliards d’euros de déduction d’intérêt, dont 37% qui ont été accordé à seulement 25 entreprises. (42) Selon De Tijd, l’intérêt notionnel explique le fait que l’influx de capitaux en Belgique a doublé jusqu’à 72 milliards d’euros en 2006, soit plus que vers la Chine. De Tijd reconnait bien qu’une partie importante de ces capitaux sont des capitaux endormis qui créent à peine des emplois.(43)
91. Mais la déduction des intérêts notionnels est controversée. En février 2008 déjà, Di Rupo brandissait une liste sur laquelle apparaissait le fait que les entreprises du BEL-20 payaient à peine encore des impôts. (44) Les entreprises publiques sont également passées à la caisse. La Banque nationale a ainsi épargné 17 millions d’euros en taxes ; la SNCB 1,4 millions d’euros et La Poste 8,6 millions d’euros. (45) De plus, le calcul des intérêts notionnels incite à la fraude, pleins d’entreprises cumulant toutes sortes de déductions, d’une telle ampleur que l’administration fiscale a du mettre sur pied un groupe spécial d’intervention pour les combattre. (46) Mais les patrons ne vont pas facilement abandonner leur fleuron. Ils ont même fait appel à la Banque nationale pour relativiser le coût de la mesure. L’avantage fiscal de 2,4 milliards d’euros pour les entreprises est un coût brut, argumente la Banque Nationale. Sur base de « données provisoires » pour 2006, elle conclut, une année et demi plus tard, que le coût net en 2006 se situerait « quelque part entre 140 et 430 millions d’euros ». (47) La Banque admet d’ailleurs qu’une fois que la mesure arrivera à sa vitesse de croisière, le revenu des impôts des entreprises sera fortement réduit. L’administration fiscale donne des chiffres plus précis, elle a calculé le coût net de la mesure à 1,2 milliards d’euros ! (48)
92. En terme d’effets sur l’emploi, la Banque Nationale estime « possible » que la mesure aie créé 3.000 emplois. Cela fait entre 46.500 et 144.000 euros par emploi. Si nous prenons les chiffres de l’administration fiscale, cela fait même 400.000 euros par emploi. Si on avait dépensé tout cela pour élever le pouvoir d’achat, l’effet sur l’emploi aurait probablement rapporté des dizaines de fois plus, et qui sait si cela n’aurait pas amené plus d’investissement. Le PS et le SP.a devaient bien essayer de corriger le tir quelque part. Le SP.a avec sa proposition d’une mesure anti-abus, par laquelle l’administration fiscale peut refuser la déduction des intérêts notionnels si la seule intention n’est que fiscale sans création d’emploi. Le PS avec sa proposition de taxe sur la valeur ajoutée sur la vente des actions, tel que cela existe en Italie et en France. (49) Les deux propositions sont restées au frigo.
93. Depuis 1988, le SP.a et le PS se trouvent au gouvernement, pour le SP.a jusqu’en 2007, pour le PS jusqu’à aujourd’hui. Suffisamment de temps donc, si ce n’est que pendant cette même période, de nombreux dossiers de fraude ont dépassé la prescription. Paul Dhaeyer, chef de la section financière du parquet de Bruxelles, ne le cache pas. « Beaucoup d’étrangers considèrent la Belgique comme un paradis fiscal, depuis des années nous sommes en sous-effectif. Il y avait un manque chronique de moyens. C’était un choix politique. » (50) Aussi, dans le scandale récent à « Liechtenstein Global Trust », au moins une cinquantaine de personnes résidant en Belgique seraient impliqué.
94. Malgré cela, les patrons et leurs représentants politiques trouvent qu’ils paient encore trop. Et donc, Unizo et Voka plaident pour laisser les entités fédérées déterminer le taux d’imposition des entreprises. Ils pensent pouvoir ainsi réduire les impôts des sociétés jusqu’à 20%. Mais ce n’est pas seulement l’impôt des sociétés qui doit être réduit, les impôts sur les personnes physiques, qui doivent entre autres financer les services publics collectifs, sont selon eux trop élevé. Pour le CD&V Hendrik Boogaert, la pression fiscale aux Pays-Bas serait de 40% du PIB contre 44% en Belgique. « Les impôts doivent donc être réduits de 14 milliard d’euros. », conclut-il, ce qui correspond à 4% du PIB (51).
95. Ceux qui prônent les réductions de charge argumentent toujours les ‘effets de retour’. Ce que cela vaut, nous le savions déjà, mais cela a été récemment confirmé scientifiquement par deux recherches. Ive Marx, sociologue du CSB à Anvers et Kristian Orsini, doctorant à la KUL, ont constaté tous deux que l’effet des baisses des charges est surestimé. Orsini est d’ailleurs tout sauf quelqu’un de gauche. Il plaide pour une limitation des allocations de chômage dans le temps pour remplacer la baisse des charges. (52)
Des rémunérations généreuses pour les patrons
96. Ce qui n’échappe pas non plus à l’attention de beaucoup de familles de travailleurs, ce sont les salaires exagérés des managers des entreprises. Ce n’est pas pour rien que les économistes bourgeois parlent d’avidité, surtout lorsque l’on considère la modération salariale qui a été imposée aux travailleurs depuis des années. L’appel pour plus de contrôles devient de plus en plus pressant. Certainement aux Etats-Unis, où un mouvement, soutenu par les démocrates, s’est créé sous le nom « Say on pay », mais également un peu partout dans le monde, y compris en Belgique. Le patron d’Inbev, Brito, a reçu en 2007 une augmentation salariale de 9%, jusqu’à 4,25 millions d’euros, plus ou moins 375.000 euros par mois ou 12.500 euros par jour. Le patron de Fortis, Votron, a reçu une augmentation de 15% à 3,9 millions d’euros. (53) De nouveau, les patrons des entreprises publiques suivent leurs collègues du secteur privé. Didier Bellens de Belgacom a reçu en 2007 une augmentation de 42%, à 2,7 millions d’euros, à peu près 225.000 euros par mois, même si, depuis, il a dû assainir. Cette même année, Johnny Thijs a allégé la Poste de 900.000 euros, soit 75.000 euros par mois, autant que le salaire combiné d’un bon bureau de Poste de distribution. (54)
97. Pour Vincent Van Quickenborne (VLD), ce sont les affaires des actionnaires, dans lesquelles les autorités ne doivent pas intervenir. C’est ce même Van Quick qui trouve qu’il y a trop de fonctionnaires. Son camarade De Gucht est plus réaliste. « Pendant que les salaires les plus élevés connaissent un pic, il y a une classe moyenne croissante qui est de plus en plus en difficulté. Ceci fait obstacle au ‘plaidoyer de modération’ dans la sécurité sociale. (…) Le sommet des entreprises doit bien se réaliser qu’il ferait mieux lui aussi de modérer afin de ne pas stimuler des tendances populistes ; les gouvernements de l’occident doivent mieux répartir les fruits de la mondialisation, sans détruire ces fruits. » (55) De Gucht est plus ou moins le prototype du libéral, l’homme de la raison, sans dogme, et évidemment franc-maçon. Ce n’est pas un libéral vulgaire comme Van Quick, qui n’a retenu du libéralisme que le droit de se remplir les poches de façon illimitée. Pour De Gucht, le libéralisme n’est pas une carte blanche pour l’avidité. Il estime évidemment la liberté de l’individu et la propriété privée comme étant supérieure à Dieu, à la Nation, ou à la communauté collective, même si cette liberté mine celle des autres. Ce qui est inacceptable selon lui, c’est que le système même qui permet à l’individu de jouir de cette liberté soit miné.
98. Le problème de De Gucht, c’est que son système libéral est en contradiction avec les lois de fonctionnement du capitalisme. Il a dû lui-même subir cela lorsqu’il a voulu donner des leçons à Kabila et aux autorités congolaises sur la corruption et l’incompétence. Non seulement Leterme a dû intervenir pour sauver les meubles, en fait surtout les contrats lucratifs, mais en plus, son camarade Pierre Chevalier, nommé représentant belge des Nations Unies au Congo, à condition qu’il délaisse son mandat à Forrest International, avait été en cachette renommé administrateur délégué de Forrest Int. Rik Daems, le tueur de la Sabena, un autre camarade de De Gucht et ancien ministre des télécoms (de 1999 à 2003), aurait agit comme consultant en 2007 pour Belgacom au Qatar. Coïncidence ? Nous ne le pensons pas. Un système basé sur la chasse aux profits a comme conséquence inévitable que certains dépassent les lignes quand ils colorient.
Actions pour plus de salaire
99. Il n’est donc pas étonnant que beaucoup de travailleurs soient insensibles aux arguments de De Tijd et soient bien d’avis qu’il est temps que les patrons et les autorités y mettent de leur poche. Après une année record en 2005, l’année du Pacte de solidarité entre les générations, avec 669.982 journées de grèves enregistrées, il y a eu une pause de deux ans. (56) Il n’y a pas encore de statistique pour 2008, mais il est pratiquement sûr que la courbe de grève cette année fera un saut. On aurait pu le savoir. En avril 2007, quelques grèves spontanées avaient déjà éclaté à Zaventem et chez les fournisseurs de Ford Genk. Le système de sous-traitance, de fournisseur, de travail intérimaire, de travail à temps partiel ou temporaire, avait été mis sur pied afin de diminuer la force des travailleurs. Mais, comme tout système, celui-ci connait aussi ses limites. Dans une carte blanche dans De Tijd, on souligne le fait que « les travailleurs de la ‘périphérie’ (de la production) savent à peine qui est leur vrai employeur, les syndicats les considèrent comme des forces étrangères, et notre modèle de concertation n’a pas prévu de donner à ces travailleurs le sentiment qu’ils font partie du système. » (57)
100. Chez les fournisseurs de Ford Genk, on savait très bien qui étaient les vrais employeurs. Le fait que Ford Genk pouvait à peine suivre la demande n’avait pas échappé à sa ‘périphérie’. C’était le bon moment de se mettre en action. A commencer par le 14 janvier 2008, à Syncreon, fournisseur de panneaux de portière et de pots d’échappement. Ils ont obtenu 0,47 centimes d’euros et deux boni de 500 euros. Après cela, la vague de grèves spontanées ne pouvait plus être arrêtée. Fin janvier, la vague avait déjà touché 32 entreprises, dont 14 au Limbourg, mais aussi 6 à Liège et 5 à Anvers. C’était surtout le secteur automobile, avec 12 entreprises, et d’autres entreprises métallurgiques (9) qui ont été touchées. (58) Nous n’avions plus vécu une telle vague de grèves spontanées depuis la fin des années ‘60 et surtout le début des années ‘70. Là aussi, les travailleurs avaient le sentiment qu’ils avaient insuffisamment reçu les fruits de la bonne conjoncture.
101. Agoria, l’organisation patronale du métal, qualifiait ces grèves « d’illégales ». La FEB et le sommet de la CSC ont tempéré et insistaient surtout sur le fait qu’il fallait sauvegarder le modèle de concertation. (59) Finalement, selon Agoria, 42 entreprises du secteur auraient été confrontées à des revendications salariales supplémentaires. Ce n’est pas une coïncidence. Dans le secteur du métal s’applique ce qu’on appelle les « accords all-in » ou leur version adoucie, les « accords saldo ». (60) Le sommet syndical a réussi à faire dévier les revendications pour plus de salaires vers une vague de bonus. Ce système n’était entré en application qu’un mois auparavant. Il détermine que des entreprises peuvent, à un tarif fiscalement intéressant, payer un bonus jusqu’à 2.200€ nets par an au travailleur. (61) C’est attractif, mais nous devons tenir compte du fait qu’on ne paie pas des cotisations sociales et que c’est une mesure unique. Les syndicalistes les plus combatifs ont donc insistés sur des augmentations salariales réelles, ce qui explique la popularité de la revendication « 1€ en plus par heure ».
102. En mars, les actions pour l’augmentation du pouvoir d’achat ont commencé à toucher le secteur public. Les 24.000 fonctionnaires de l’administration flamande ont exigé une augmentation du pouvoir d’achat de 5% dans la période 2008-2009 avec des augmentations des primes de fin d’année et une cotisation plus élevées de l’employeur en chèques repas. Par voie du futur ex-ministre Bourgeois, le gouvernement a répondu ne pas avoir les moyens et Kris Peeters a menacé de réquisitions si les blocages des écluses n’étaient pas arrêtés. Parallèlement, ils ont avancé des propositions provocatrices pour rendre possible le travail intérimaire et niveler le statut des travailleurs statutaires au niveau de celui des travailleurs contractuels. Finalement, une augmentation salariale minimale de 2% a été imposée. Plus tard, des actions du personnel des CPAS et des communes ont suivi dans tout le pays.
Premier mai – élections sociales et semaine d’actions
103. Il fallait que les dirigeants syndicaux expriment tout cela le premier mai. Dans ses discours, la FGTB a revendiqué une augmentation salariale de 10%… pour les prochaines années. En utilisant pour cela l’argent qui va aujourd’hui à l’intérêt notionnel. Jan Renders du MOC : « certains veulent un gros poisson communautaire, d’autres veulent un gros poisson fiscal. Mais nous voulons un gros poisson social. » Luc Cortebeek : « Avec les employeurs, cet automne, il faut arriver à un accord interprofessionnel qui rende possibles des augmentations salariales. Les profits et les salaires des managers ont aussi augmenté. Celui qui ne veut pas y collaborer peut s’attendre à un hiver chaud. »
104. A nouveau dans la première partie de ce même mois de mai 2008, 1,4 millions de salariés dans à peu près 6.300 entreprises pouvaient voter pour 142.000 candidats pour les comités de prévention et les conseils d’entreprise. C’est le double des candidats que les partis politiques ont présenté lors des élections communales en 2006, 13% de plus qu’en 2004. (62) Pour la CSC, il y avait 68.000, pour la FGTB, 55.000. Contrairement à la majorité des pays de l’OCDE, le degré de syndicalisation net en Belgique a continué à croitre pendant les années 90. Avec degré de syndicalisation net, nous voulons dire seulement ceux qui sont effectivement au boulot, donc pas les pensionnés ni les chômeurs ni d’autres catégories considéré comme membres mais qui ne paient pas de contribution. (63) Pour 2003, les syndicats donnent les chiffres de 1,6 millions de membres pour la CSC, 1,2 million pour la FGTB, et 223.000 pour la CGSLB.(64)
105. Bien que 1,4 million d’électeurs soit un record, le degré de couverture des élections sociales diminuerait petit à petit. Selon une étude de Hiva, il y a divers raisons : dans les services publics, des élections sociales ne sont organisées presque nulle part, il y a la PME-tisation de l’économie, qui fait qu’il y a plus d’entreprises qui n’atteignent pas le seuil électoral, et il y a la croissance du travail intérimaire et de la construction où des élections sociales ne sont pas organisées. (65) Le degré de participation serait bien retombé un peu, mais il reste, sans obligation de vote, très élevé : 72,4% pour les comités de prévention et 70,6% pour les Conseils d’entreprises. Des jeunes qui peuvent voter, 42,5% ont participé, contre 52,4% en 2004. Probablement, le degré de participation était plus bas dans ces entreprises où des élections sociales n’étaient pas tenues par le passé. (66)
106. Comme nous l’avions pensé, les élections sociales n’ont pas amené de très grands glissements. Contrairement à ce qu’elle avait annoncé, la CGSLB n’a de nouveau finalement pas obtenu les 10%. La FGTB a avancé légèrement, tant en Flandre qu’en Wallonie. La CSC a reculé légèrement, mais gagne à Bruxelles. Les listes séparées de cadre, de la Confédération Nationale des Cadres, et les listes individuelles d’entreprises ont fortement perdu. Un phénomène classique lors de l’augmentation de la lutte des classes, c’est que le mouvement entraine différentes couches à différents moments. Pendant qu’une avant-garde tire déjà ses premières conclusions politiques, il y a des couches qui viennent seulement de rejoindre le mouvement et qui reflètent encore la phase précédente du développement. (67) Nous ne pouvons donc pas concentrer notre attention sur la stabilité apparente des résultats généraux. Au contraire, lorsque l’on regarde de plus prêt, la FGTB a gagné dans les entreprises, surtout dans le secteur automobile, où des actions sur le pouvoir d’achat ont été menées plus tôt dans l’année. En général, les délégations syndicales qui sont connues comme étant combatives ont gagné, indépendamment du syndicat auquel elles adhèrent.
107. En juin, les délégations nouvellement élues étaient déjà confrontées à un test important, lorsque les directions syndicales ont annoncé une semaine nationale d’action pour le pouvoir d’achat. A peu près partout, la mobilisation était très forte, 80.000 travailleurs au total ont répondu à l’appel. Celui qui prétendait que le débat sur le pouvoir d’achat ne vivait pas en Wallonie a eu sa réponse. Les manifestations à Liège, Mons, Namur et même Arlon, étaient systématiquement plus grandes qu’en Flandre. A Anvers et à Hasselt, tout comme en Wallonie, différentes entreprises ont spontanément fait grève. La présence de beaucoup de femmes, mais surtout de jeunes, souvent élus pour la première fois, démontre qu’une nouvelle couche combative a pris sa place. Rarement nous avons reçu une telle ouverture, tant pour notre programme que pour notre appel aux syndicats de casser les liens avec leurs partenaires politiques traditionnels. Là où les syndicats ont optés pour des actions « nouvelles », telles que « Foodstock » à Gand ou des ballades en vélo ou d’autres inventions de ce type à Bruges et à Courtrai, la mobilisation était faible. La méthode d’action ne correspondait pas à la demande de la base.
Le droit de grève restreint ?
108. « Les actions d’une minorité pour plus de salaire sont absurdes » déclare Caroline Ven, anciennement active dans le service d’étude de l’organisation patronale flamande VKW, et désormais économiste en chef du Cabinet du Premier Ministre Leterme, qui est pourtant officiellement de tendance ACW (MOC en Flandre). (68) « Ils n’ont jamais été aussi forts et pourtant ils n’ont jamais eu aussi peu à dire », déclare un élu de la chambre du CD&V- qui n’a pas de cachet ACW. (69) Caroline Ven et les patrons essayent, en fait, de toujours présenter les actions comme de l’aventurisme d’une minorité bruyante, contre laquelle la majorité silencieuse n’ose pas se rebeller. De cette manière, on prépare l’opinion publique aux restrictions sur le droit de grève.
109. En avril 2007, le personnel de sécurité et les pompiers de l’aéroport de Zaventem ont commencé une grève spontanée. 26.000 passagers ont été bloqués. L’avocat de droite Peter Cafmeyer qui, pendant le Pacte des Générations, était déjà le conseiller juridique des patrons ayant subis des pertes à cause de la grève, s’est attaqué à cette grève. Cafmeyer a réussi à laisser payer 500 passagers pour plaider une affaire contre 46 employés et CSC-Transcom. Pour retrouver l’identité de ces 46 employés, il a fait appel à des détectives privés. Cafmeyer a agi de sa propre initiative et il est peu probable qu’il gagnera cette affaire qui a été reportée à la fin de l’année 2009. Cela n’empêche pas Rudi Thomaes de la FEB d’espérer un procès, selon ses propres dires. « Une condamnation ferait réfléchir les autres avant qu’ils ne passent à des actions inacceptables ».
110. Selon Thomaes, ce n’est pas une atteinte au droit de grève. (70) Pour lui, le droit de grève doit exister, mais doit être réglementé à un tel point que dans la pratique il ne reste presque plus rien. Mais cela aussi à ses limites. Ainsi Guy Cox, directeur général du service de médiation collective du travail, estime que les procédures de concertation moyennes prennent tellement de temps que la pression de la base devient trop forte. (71) D’une manière ou d’une autre, les grèves spontanées sont attaquées. En août 2007, Ryanair a menacé de partir de Charleroi si les syndicats n’acceptaient pas un service minimum, et ils ont également exigé une indemnisation immédiate d’un million d’euros pour la grève spontanée du 15 juin. En mai 2008, le Ministre wallon du transport, André Antoine, a jugé une grève de la TEC comme étant une habitude « inadmissible ». Presque au même moment, l’Open VLD a plaidé pour la prestation d’un service minimum à la SNCB. Pour Vervotte, Ministre responsable des Services Publics, c’est une mesure “inapplicable”, mais elle a affirmé en même temps vouloir discuter sur des procédures plus strictes, plus claires et plus responsables des mouvements spontanés. (72)
111. En août 2008, la discussion est revenue sur table à la suite d’une grève spontanée des bagagistes. Dans un premier temps, toutes les responsabilités étaient mises sur le dos des grévistes mais, pour une fois, l’attention de la presse a commencé à se déplacer également sur les conditions de travail intenables. (73) Même De Tijd qui, dans son édito du 12 août avait plaidé pour dresser une liste des services stratégiques, a dû remettre une balance dans le journal du samedi. « Ce qui est arrivé cette semaine à Zaventem est la conséquence du rachat de l’activité de l’aéroport… La sous-traitance a aussi des inconvénients. Que devons-nous proposer par un service minimum dans ce cas ? Que seuls les bagages des passagers de la classe Business soient emmenés ? D’ailleurs, le traitement des bagages est-il un service essentiel ? Non. Le trafic aérien n’est plus une affaire du gouvernement, il a été privatisé il y a déjà longtemps. » (74) Compare cette attitude à l’accord que les syndicats ont signé avec la direction de la SNCB, accord qui dit notamment qu’une grève spontanée peut être une raison acceptable pour un licenciement.
(1) De Tijd, 25 juillet 2008, Financieële crisis kost Belgiëen 50 miljard euro
(2) De Tijd, 28 juillet 2007, Belgiëen samen 71 miljard rijker dan verwacht.
(3) Le Soir, 25 juin 2008, La Belgique abrite 72.000 millionaires.
(4) De Tijd, 5 avril 2008, Belgische bedrijven geven aandeelhouders 10 miljard
(5) Le Soir, 2 juillet 2008, La pire chute depuis 21 ans.
(6) Le Soir, 29 juillet 2008, L’action Fortis vaut une demi G-Banque.
(7) De Tijd, 20 septembre 2008, “Grote ontslagronde bij Belgische banken onvermijdbaar”.
(8) BNB, indicateur économique pour la Belgique, 19 septembre 2008.
(9) De Tijd, 8 janvier 2008, Ondernemingen trekken investeringen dit jaar op
(10) The Economist, country briefings, fact sheet par pays
(11) Bureau fédéral du Plan, communiqué 12 septembre 2008.
(12) De Tijd, 10 septembre 2008, Belgische afzetmarkten op rand van recessie
(13) KBC épargner et investir, 5 septembre 2008, Wanneer de zon schijnt in New York …
(14) Bureau fédéral du Plan, communiqué 12 septembre 2008.
(15) De Tijd, 4 avril 2008, Economen verwachten afvlakking huizenprijzen
(16) De Tijd, 26 août 2008, Hogere vastgoedprijzen zijn statistische illusie et Le Soir, 26 augustus 2008, Prix en hausse, baisse en cours
(17) De Tijd, 20 septembre 2008, ‘Grote ontslagronde bij Belgische banken onvermijdbaar’
(18) De Tijd, 26 août 2008, De onvermijdelijke correctie op de vastgoedmarkt is begonnen.
(19) De Tijd, 4 avril 2008, Economen verwachten afvlakking huizenprijzen
(20) Bureau fédéral du Plan, communiqué 12 septembre 2008
(21) Financial Times, 7 septembre 2008, Government lies and squishy ethics
(22) La liste complète des produits et de leur poids dans le panier de l’index peut être trouvé sur le site du Service Public fédéral sous index des prix à la consommation ou ici : http://www.statbel.fgov.be/indicators/cpi/cpi1_fr.pdf
(23) BBSH Bouwen aan Vertrouwen in de Woningmarkt, Ruimte geven, bescherming bieden Een visie op de woningmarkt
(24) De Morgen, 30 juillet 2008, Woning huren wordt voor gezinnen onbetaalbaar
(25) Le Soir, 30 août 2008, La crise cogne d’abord les précaires.
(26) Bureau fédéral du Plan, communiqué 12 septembre 2008
(27) Le Soir, 13 octobre 2007, Le gaz en hausse (épisode II)
(28) De Morgen, 23 février 2008, Gas en electriciteit toch fors duurder
(29) De tijd, 19 janvier 2008, Creg vraagt lager btw-tarief voor energie
(30) La Libre, 12 avril 2008, Selon Olivier Derruine van de studiedienst van het CSC
(31) Le Soir, 19 septembre 2008, Le prix du gaz enflera encore
(32) L’édito de De Tijd du 30 janvier 2008 a pour titre: “inflatiehysterie » et l’éditorialiste conclu : « il est important de ne pas prendre des mesures hâtives. Puisque jusqu’ici, il n’y a vraiment pas de raison de créer de l’hystérie sur l’inflation. »
(33) BNB, Indicateurs économiques pour la Belgique, 19 septembre 2008
(34) De Tijd, 23 fevrier 2008, Belg betaalt levensmiddelen te duur
(35) Le Soir, 31 juillet 2008, Pas d vacances pour l’inflation
(36) De Tijd, 22 mai 2008, Negen op de tien Belgen schroeven uitgaven terug
(37) De Tijd, 14 fevrier 2008, Bedrijfswinsten stijgen tot record van 79 miljard euro, sur base du rapport de la Banque Nationale
(38) Rapport annuel de la Banque Nationale, 2007, p. 98 tableau 25
(39) Les centres de coordination ont été introduits à la fin de l’année 1982 comme un régime fiscal favorable aux entreprises belges ou aux multinationales avec des filiales belges. Pour en illustrer l’importance : le 31 décembre 1997, 236 centres de coordination ont assuré 11,4% des profits avant impôt et 13,5% après impôt pour l’ensemble des entreprises belges. Ces mêmes centres de coordination n’ont pourtant payé que 0,82% des impôts de sociétés. Voir : taxincentives : analyse van de impact van notionele interestaftrek – Riet Janssens – http://statbel.fgov.be/studies/ac735_nl.pdf
(40) Rapport annuel de la Banque Nationale, 2007, p. 159
(41) De Tijd, 27 octobre 2007, Didier Reynders, vader van de notionele intrestaftrek
(42) De Tijd, 20 août 2008, Bijna helft firma’s pas notionele rente toe
(43) De Tijd, 27 octobre 2007, Heldere belastingen
(44) De Tijd, 12 février 2008, Bel 20’ers betalen amper belastingen
(45) Le Soir, 5 mars 2008, Les entreprises publiques profitent des notionnels
(46) De Tijd, 27 octobre 2007, Van ‘double dip’ tot misbruik
(47) Le Soir, 24 juillet 2008, La BNB clémente avec les intérêts notionnels
(48) De Tijd, 20 août 2008, Bijna helft firma’s pas notionele rente toe
(49) De Tijd, 25 janvier 2008, ‘U vernietigt de notionele intrestaftrek’
(50) De Tijd, 31 mai 2008, ‘Achterstand was politiek keuze’
(51) De Tijd, 5 avril 2008, ‘Belastingen moeten met 14 miljard euro omlaag’
(52) DeTijd, 7 mai 2008, Effect lastenverlaging wordt overschat
(53) Le Soir, 3 avril 2008, Salaire des patrons: “une affaire des actionnaires.”
(54) L’Echo, 15 mars 2008, Les salaires fous du secteur public
(55) De Morgen, 24 mars 2007, Karel De Gucht bindt de strijd aan met de toplonen.
(56) Site des autorités Fédérales, grèves
(57) De Tijd, 19 avril 2007, De opstand van de periferie
(58) De Tijd, 31 janvier 2008, Stakingsgolf januari trof 32 privebedrijven
(59) De Tijd, 31 janvier 2008, ACV en VBO willen vermijden dat stakingsgolf escaleert
(60) Dans les accords all-in, la norme salariale est un plafond absolu qui ne peut pas être dépassé, même pas si l’index-santé dépasse la norme salariale. Dans des accords saldo, le même principe s’applique, mais sans pouvoir toucher à l’indexation. Dans De Standaard du 13 avril 2008, un exemple concret est calculé. (61) De Standaard, 28 septembre 2007, Akkoord over loonbonus
(62) De Tijd, 30 avril 2008, 13 procent meer kandidaten voor sociale verkiezingen
(63) Monthly Labour Review, janvier 2006, Union membership statistics in 24 countries
(64) Le Soir, 5 mei 2008, Les Belges et le syndicat: l’amour-haine
(65) De Tijd, 4 april 2008, Amper een op drie kan stemmen
(66) De Tijd, 11 september 2008, Liberale vakbond haalt 10 procent toch niet
(67) Trotsky explique ce phénomène dans son livre sur la révolution russe lorsqu’il décrit la situation en juin 1917. C’était au moment où les partis du gouvernement provisoire, qui avaient été portés au pouvoir lors de la révolution de février, perdaient le soutien des travailleurs et des soldats les plus actifs et conscients à l’avantage des bolcheviks, du moins dans les grandes villes. La surprise était donc grande, surtout chez elle-même, lorsque le plus grand parti gouvernementale, les SRs, gagnaient les élections avec plus de 60%. Trotsky dit là-dessus que la révolution de février avait provoqué beaucoup de poussière et avait fait un impact sur, avec quelques mois de retards, beaucoup de valets de maisons et d’écuries. Ceux-ci adhéraient logiquement chez ceux que la révolution de février aveint mis au pouvoir, c’est-à-dire les sociaux-révolutionnaires. Ils n’étaient pas encore conscients du frein que ce parti représentait, ceci ne serait compris généralement qu’après le coup échoué du général Kornilov en août 1917. Trotsky remarquait que les révolutionnaires doivent baser leur politique sur les couches les plus actives et conscientes parce que celles-ci reflètent le mieux les conditions réelles et ne doivent donc pas se baser sur les couches qui ne commencent à s’intéresser au changement qu’avec un certain retard.
(68) De Tijd, 10 mai 2008, ‘Acties van een minderheid voor meer loon zijn absurd’
(69) De Standaard, 27 avril 2008, Wij zijn allen ACW’er
(70) Le Soir, 28 avril 2008, Raid surprise sur grève sauvage
(71) De Tijd, 21 avril 2007, Hoe wild is wilde stakingsactie
(72) Le Soir, 21 mai 2008, Grève: les priorités de la ministre.
(73) Le Soir, 12 août 2008, Pourquoi les bagagistes débrayent en plein coup de feu.
(74) De Tijd, 16 août 2008, De cruciale rol van bagagesjouwers
-
Budget 2007. Le nez de Verhofstadt s’alloooooonge…
Verhofstadt s’est félicité de la qualité du budget 2007 qu’il a présenté au nom de son gouvernement le 17 octobre. Certains journalistes l’ont suivi dans cette voie, en affirmant que le gouvernement va, avec ce budget, assainir sans faire de mal. Le journal économique (et surtout patronal) flamand De Tijd a même osé écrire que personne ne va souffrir avec ce budget et que la population va recevoir des cadeaux – sauf les entreprises, qui devront payer pour tout le monde….
Anja Deschoemacker
La vérité devrait émerger dans quelques mois parce que, comme le faisait remarquer un responsable de la maison boursière Petercam, il n’y a aucune transparence dans ce budget: “La qualité (du travail budgétaire du gouvernement) s’est détériorée à un point tel qu’il ne passe pas le test de correction. Dans les entreprises, cela ne serait pas possible.”
Il est clair en tout cas qu’il s’agit là d’un budget électoral, destiné à amadouer la population. Quelques petites miettes tombent de la table. 70 millions d’euros seront affectés en plus pour les pensions – à comparer pourtant avec une nouvelle diminution des charges pour les patrons de 270 millions d’euros par an, la diminution de charges sur le travail en équipes étant par exemple doublée ! La garantie locative sera réduite à deux mois au lieu de trois, avec en plus la possibilité d’étaler le paiement – mais on n’entend plus un mot par contre sur un gel des loyers,…
Chacune de ces miettes sera donc payée au prix fort. Cela n’empêche pas les entreprises de s’élever contre le « donnant-donnant ». Malgré les millions d’euros volés à la sécurité sociale par les diminutions d’impôts, le patronat se plaint que la nouvelle taxe sur les emballages va leur coûter de l’argent (qui parie qu’en définitive ce sera le « consomateur » qui va payer cette taxe ?).
La Fédération des Entreprises Belges craint de plus que “la lutte contre la fraude fiscale et sociale mène à des mesures excessives” (De Tijd, 18/10). Les patrons craignent-ils que l’on contrôle leur comptabilité et qu’on leur demande les papiers pour vérifier les conditions de travail des employés? Ont-ils peur de voir plus de fonctionnaires attelés à cette tâche ? Cette peur des “mesures excessives” n’est-elle pas la confession involontaire de l’existence d’une forte fraude et du manque de respect de la législation du travail par une partie au moins des entreprises?
Il est remarquable que la somme des mesures proposées ne corresponde pas aux 5 milliards d’assainissements annoncés. La presse parle d’un budget non pas constitué sur base de chiffres fiables, mais bien sur base d’accords politiques. Nous le pensons aussi, mais ce budget n’est pas uniquement révélateur de tentatives faites pour concilier pour quelques mois encore libéraux et sociaux-démocrates. C’est aussi et surtout la preuve de l’accord politique qui lie tous les partis traditionnels pour que les attaques – pas contre les entreprises, mais contre la population, surtout les salariés et les allocataires sociaux – soient postposées après les élections.
Ce budget est une vaste supercherie destinée à enjamber le temps jusqu’aux élections en gonflant des mesures à effet ponctuel comme la vente de bâtiments publics. La Cour des Comptes a toutefois démontré que cette vente (et la nécessité de relouer ensuite des bâtiments) coûte plus cher sur le long terme.
De la poudre aux yeux, donc, en attendant le véritable budget qui suivra les élections fédérales prévues en juin 2007.