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Tag: Corruption
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Roumanie: Les plus grandes protestations sociales depuis 1989 !
Quelle position la gauche doit-elle adopter ?
De nombreuses manifestations de rue ont éclaté à la fin du mois de janvier dans plusieurs villes roumaines à la suite de la divulgation des projets du nouveau gouvernement social-démocrate visant à adopter deux ordonnances exécutives qui affaibliraient la législation anti-corruption. Les manifestations ont atteint leur point culminant le mercredi 1 février avec environ 400.000 manifestants à travers le pays (cet article a été rédigé avant les mobilisations de dimanche dernier). Ce furent les plus grandes manifestations de masse depuis la Révolution de 1989. Malgré le fait que ces mobilisations comprennent certaines caractéristiques de droite, la gauche doit y intervenir et défendre une alternative tant contre le gouvernement que contre les forces de droite qui tentent d’instrumentaliser l’indignation populaire.
Par Mâna de Lucru (partisans du Comité pour une Internationale Ouvrière en Roumanie)
Le Parti social-démocrate (PSD) a remporté les élections générales de décembre dernier avec 45%, un score confortable. Cette victoire provient toutefois moins de son projet politique (un ensemble hybride de mesures économiques néo-libérales et protectionnistes) que de l’absence d’une véritable alternative face aux problèmes socio-économiques auxquels sont confrontés des millions de Roumains. Cela permet de comprendre le faible taux de participation : moins de 40%. Seuls 18% de l’électorat ont donc en réalité voté pour le PSD.
La première mesure du nouveau gouvernement fut d’augmenter le salaire minimum, qui reste néanmoins le plus bas de l’UE après celui de Bulgarie. Cette augmentation vise principalement à soutenir les capitalistes roumains, qui craignent de plus en plus de se trouver à court de main-d’œuvre bon marché, les travailleurs préférant aller à la recherche des salaires minimums des divers pays occidentaux. Le PSD a voulu apporter un certain réconfort aux couches les plus pauvres de la classe ouvrière (une partie de sa base sociale traditionnelle) tout en servant les intérêts du capital national, la couche qu’il représente réellement.
Mais le PSD représente également les intérêts d’une grande partie des bureaucrates locaux et nationaux, y compris des membres du parti qui font actuellement l’objet d’une enquête ou qui ont déjà été condamnés pour corruption. Le chef du parti lui-même, Liviu Dragnea, purge actuellement une peine de deux ans de prison avec sursis pour fraude électorale lors du référendum présidentiel de 2012, raison pour laquelle il n’a pas pu devenir premier ministre. Il a donné cette position à un collègue loyal du parti, Sorin Grindeanu. Il fait également l’objet d’une enquête qui l’accuse d’avoir détourné 108.000 lei (environ 24.000 euros). Une condamnation dans cette affaire l’enverrait en prison pour les deux peines.
C’est pourquoi, en janvier, le gouvernement a annoncé son intention de passer deux ordonnances exécutives qui n’avaient pas du tout été précisés dans le programme électoral du PSD. La première vise à amnistier certains de ceux qui purgent actuellement des peines d’emprisonnement ou des peines d’emprisonnement avec sursis pour corruption, la seconde décriminaliserait les abus de fonction entraînant des pertes de moins de 200.000 lei, ce qui serait évidemment à l’avantage de Dragnea s’il est reconnu coupable dans son procès en cours. Malgré la tentative de justifier ces ordonnances comme étant une réforme nécessaire du droit pénal et une façon de remédier à la surpopulation des prisons roumaines, elles ont provoqué des manifestations dans plusieurs grandes villes et une grande pression a été exercée sur le gouvernement – de la part des manifestants et de l’opposition de droite – pour le retrait de ces projets ou du moins pour les soumettre au débat public.
Après des consultations publiques précipitées, le gouvernement a décidé d’envoyer la proposition d’amnistie au Parlement pour débat, mais de tout de même faire passer par l’ordonnance exécutive concernant l’abus de fonction, ce qui a été fait à minuit, le 1er février. Cela a déclenché d’énormes protestations le mercredi soir, la plus importante en Roumanie depuis 1989, avec 150.000 personnes à Bucarest seulement et 400.000 à travers le pays. Les manifestants en colère appelaient au retrait de l’ordonnance et même à la démission du gouvernement ainsi qu’à l’organisation d’élections anticipées.
L’indignation populaire est entièrement justifiée. En prenant prétexte de questions légitimes telles que la réforme du droit pénal ou la surpopulation carcérale, l’ordonnance du PSD concernant l’abus de pouvoir est clairement censée protéger son dirigeant de la prison. En effet, ce changement entraînerait une amnistie de toutes les personnes déjà condamnées pour abus de fonction ayant entraîné des pertes inférieures à 200.000 lei. Mais la disposition la plus inquiétante de la loi modifiée est la décriminalisation de ceux qui créent ou mettent en œuvre des lois qui violent les droits humains ou qui discriminent les personnes en raison de leur sexe, de leur appartenance ethnique, de leur religion, de leur orientation sexuelle, de leur revenu ou de leur affiliation politique! Cela signifie essentiellement que nous pourrions avoir des lois racistes en Roumanie sans que personne n’ait à aller en prison pour les avoir créer ou les avoir appliquées
Avec cette ordonnance exécutive, le PSD a prouvé – une fois de plus – qu’il n’est pas un parti de gauche représentant les intérêts de la classe ouvrière et des groupes sociaux opprimés, mais un parti favorable aux oligarques et aux bureaucrates corrompus, un parti dont les légères mesures sociales sont prises avant tout au profit du capital. Plutôt que de réformer le droit du travail, l’une des législations les plus antisyndicales d’Europe, le PSD se préoccupe de réformer le droit pénal au profit de ses propres dirigeants. Plutôt que de défendre les millions de Roumains exploités et maltraités sur leurs lieux de travail (comme les ouvriers de l’usine De’Longhi près de Cluj, qui sont obligés de signer des lettres de démission pour avoir été en grève en décembre dernier pour réclamer leurs primes impayées), le PSD défend les bureaucrates. Voilà leurs priorités dans un pays où règnent la pauvreté et l’inégalité.
Certains de ceux qui soutiennent ces mesures gouvernementales défendent – à l’instar de ceux qui défendent Donald Tump – que la démocratie nous oblige à leur permettre de gouverner comme ils le souhaitent puisqu’ils sont issus d’élections « démocratiques ». Mais la démocratie ne se limite pas à l’élection d’un parti capitaliste tous les quatre ans. La démocratie signifie aussi le droit de protester contre le gouvernement, en particulier lorsque celui-ci envisage de procéder à des changements abusifs qui n’étaient pas inclus dans le programme sur base duquel il a été élu.
Les faiblesses du mouvement
Cependant, la situation est plus complexe qu’il n’y paraît et les protestations affichent plusieurs faiblesses qui reflètent les conditions subjectives qui prévalent actuellement en Roumanie. Ces faiblesses ne s’appliquent cependant pas à tous les manifestants et la mesure dans laquelle elles caractériseront le développement futur du mouvement dépend aussi de la manière dont la gauche se positionnera.
On trouve tout d’abord, une certaine tendance à diaboliser tout l’électorat du PSD, souvent même en termes de classe, puisqu’ils sont considérés comme des gens «à la recherches d’allocations sociales» qui «vendent» leur vote au PSD, en dépit du fait que nous ayons en Roumanie le plus faible pourcentage de bénéficiaires d’allocations sociales de toutes l’Union européenne. Bon nombre des manifestants sont d’ailleurs des électeurs du PSD eux-mêmes, des personnes qui, en décembre, n’ont pas voté pour l’amnistie des politiciens corrompus. Cette diabolisation s’accompagne d’une rhétorique au sujet des «deux Roumanies» où l’on trouve d’une part une moitié urbaine, bourgeoise, instruite et désireuse d’un pays démocratique et moderne, celle qui serait aujourd’hui dans la rue; et d’autre part une moitié rurale, pauvre, non éduquée qui retient le pays en arrière en votant pour des partis corrompus comme le PSD. L’une des tâches de la gauche est justement de rejeter cette fausse dichotomie et de montrer que la plupart des Roumains, qu’ils soient dans la rue ou chez eux, ont des intérêts communs en tant que classe sociale, comme celui de disposer de meilleurs salaires, de logements abordables, de services publics de qualité et, en fait, de la fin de la corruption institutionnelle.
Deuxièmement, les manifestations tendent à négliger les abus commis par la lutte anti-corruption elle-même, en particulier par la Direction nationale anticorruption (DNA), qui a utilisé des méthodes d’enquête à peine légales. Elle a eu recours à des témoignages obtenus sous pression, à des menaces contre la famille des suspects, à des détentions préventives comme moyen de pression, etc. (voir le rapport de la Henry Jackson Society’s).
Tout cela s’est souvent déroulé avec l’aide du Service d’Intelligence Roumain (SRI), l’héritier de la Securitate stalinienne, sur laquelle les élus ont très peu de contrôle et qui, malgré certaines contraintes légales, a infiltré toutes les couches de la société roumaine, des politiciens aux journalistes en passant par les milieux d’affaires. En outre, la lutte contre la corruption en Roumanie a été limitée à la corruption politique et bureaucratique, alimentant ainsi la perception qu’il s’agit partiellement d’un instrument dans la lutte de pouvoir que se mènent les différentes sections de la classe dirigeante. Tout particulièrement dans un pays aussi pauvre et inégalitaire que la Roumanie, une véritable lutte contre la corruption doit également cibler la corruption du capital, en revenant notamment sur les privatisations qui ont ruiné l’industrie du pays ou les pratiques bancaires abusives que le président de la banque centrale défend éhontément en ce moment. Ainsi, tout en s’opposant clairement à la corruption du PSD, la gauche doit également attirer l’attention sur d’autres formes de corruption que l’ADN et l’ISR ignorent.
Troisièmement, la gauche doit également exposer les éléments de droite qui ont en partie caractérisé les manifestations jusqu’à présent, comme les slogans glorifiant les abus sexuels dans les prisons ou appelant le PSD “la peste rouge” (terme utilisé par les fascistes roumains dans les années 1930 pour parler des communistes). Certaines forces politiques de droite, y compris le président Klaus Iohannis, ont assisté aux manifestations et tentent clairement de les instrumentaliser, même si ces forces font autant partie du problème que le PSD. C’est pourquoi il est important que, tout comme dans les précédents mouvements sociaux de 2012 et 2013, les manifestants expriment leur opposition à l’ensemble de l’establishment politique pour leur responsabilité collective qui a fait de la Roumanie un pays où 40% de la population vit au seuil de la pauvreté.
La gauche doit intervenir avec énergie
Néanmoins, en dépit de ces limites – qui indiquent tout autant le niveau de conscience dans la société roumaine que la mauvaise organisation de la gauche – ces protestations sont parfaitement légitimes. La gauche ne peut pas rester à l’écart simplement à cause des slogans de droite ou des forces de droite qui essaient de bénéficier de ces protestations. La gauche doit intervenir non pas en dépit de ces accents de droite, mais précisément à cause d’eux, en défendant une alternative de classe pour la colère anti-PSD et anti-establishment. Ce n’est qu’en intervenant dans les luttes populaires que la gauche pourra se développer politiquement et, en même temps, exposer le PSD encore plus clairement comme le parti de droite qu’il est. Faute de cela, la droite continuera à l’avenir à monopoliser l’attention dans de tels éclats de désillusion populaire.
Tout comme Mâna de Lucru (les partisans du CIO en Roumanie) l’a soutenu dans une déclaration, la gauche doit catégoriquement dénoncer le gouvernement du PSD, ses abus antidémocratiques et son agenda de droite. Il lui faut également attirer l’attention sur les limites de la lutte anti-corruption ainsi que sur les caractéristiques de droite des manifestations, en particulier la diabolisation des électeurs du PSD et la fausse dichotomie des «deux Roumanies». Un tel récit sert à diviser au service de tous les partis politiques établis, précisément parce qu’il masque nos intérêts communs en tant que travailleurs et l’absence de toute représentation politique réelle de ces intérêts. La tâche principale de la gauche aujourd’hui est de mettre en évidence les intérêts communs de notre classe sociale et la nécessité de construire une alternative politique socialiste pour véritablement se battre pour leur défense.
MISE A JOUR : Samedi soir, le Premier ministre Grindeanu a annoncé qu’une réunion du gouvernement aurait lieu dimanche pour retirer l’ordonnance exécutive imposée le 1er février et la Corruptionrenvoyer au Parlement pour débat. Ce jour-là, 500.000 personnes ont manifesté en Roumanie. Il reste encore à voir si ces protestations se poursuivront ou non.
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Ce que nous disions du "Kazakhgate" en 2012
Le Soir et le site d’information français Mediapart sont parvenus à se procurer divers éléments des procédures judiciaires belge et française concernant une affaire de corruption où est cité le nom d’Armand De Decker (MR). Voici ci-dessous ce que nous en disions en 2012 à l’occasion d’une action de solidarité que nous avions tenue devant l’ambassade du Kazakhstan. La police était bien vite arrivée sur les lieux. Il faut dire que le bourgmestre local et chef de la police n’était autre qu’Armand De Decker (MR)…
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Le bourgmestre d’Uccle réprime les protestations qui visent ses amis kazakhs
Le 16 décembre 2011, journée de commémoration de l’indépendance du Kazakhstan, un véritable massacre a été perpétré à Zhanaozen. Ce jour-là, les forces de l’ordre ont tiré sur une manifestation de travailleurs du secteur du pétrole en grève. Des dizaines de personnes ont ainsi été assassinées. Un an plus tard, ce massacre n’a pas été oublié et, dans ce pays comme ailleurs dans le monde, la lutte contre la répression et la dictature se poursuit. C’est dans ce cadre qu’une délégation du PSL s’est rendue aujourd’hui devant les bâtiments de l’ambassade du Kazakhstan à Bruxelles, en compagnie du député européen Paul Murphy. Mais des policiers de la commune sont rapidement venus nous menacer afin que nous stoppions notre protestation. Hasard ? Le bourgmestre local et chef de la police, Armand De Decker (MR), a récemment été dans l’actualité pour un rôle de médiation très douteux qu’il aurait joué entre les autorités kazakhes et Nicolas Sarkozy, président français au moment des faits.À l’ambassade, nous n’avons trouvé personne à qui parler. Ils étaient visiblement au courant de l’action qui devait se tenir à leurs portes. Mais si personne n’est venu écouter ce que nous avions à dire, l’ambassade a par contre utilisé ses contacts avec le bourgmestre de la commune pour envoyer la police menacer les manifestants d’amendes de 250 euros par personne. Nous avons donc vu débarquer une dizaine d’agents de police, dont le responsable de la police communale.
Protester contre un régime dictatorial n’est possible à Uccle qu’après avoir préalablement quémandé l’approbation du bourgmestre. Ainsi, au silence de la presse belge sur ce qui se déroule au Kazakhstan s’ajoute la répression des protestations. Une action est bien possible, mais uniquement avec une permission venue du haut. Dans le cas contraire, c’est la menace de lourdes amendes. Le chef de la police a bien essayé de se défendre en disant : ‘‘Les enfants aussi doivent demander avant de faire quelque chose.’’ Les autorités considèrent-elles la population comme une masse d’enfants à encadrer ? Voilà qui est très indicatif de la manière dont nos droits démocratiques sont considérés dans certains cercles…La décision d’interrompre notre action de solidarité avec les luttes au Kazakhstan est venue du bourgmestre Armand De Decker (MR) qui a, sans aucun doute, agi sur la demande de ses amis de l’ambassade. D’ailleurs, la presse a récemment fait écho des relations étroites entretenues entre Monsieur De Decker et le régime dictatorial du Kazakhstan. Le célèbre journal français “Le Canard enchaîné” avait dévoilé un scandale, un Kazakhgate, où Armand De Decker a joué un rôle central.
Le président kazakh, Noursoultan Nazarbayev, devait conclure un contrat lucratif avec la société aéronautique française EADS concernant la vente de plusieurs hélicoptères. Mais le président-dictateur a posé ses conditions, au président français Nicolas Sarkozy, notamment d’aider trois de ses amis dans le cadre de leurs ennuis judiciaires en Belgique. Le milliardaire Patokh Chodiev ainsi que deux autres hommes d’affaires kazakhs étaient impliqués dans un dossier de corruption autour de l’entreprise belge Tractebel (où il est question de liens avec le crime organisé et de pots de vin pour obtenir un contrat à Tractebel au Kazakhstan). Les pressions exercées sur le tribunal belge n’auraient pas été suffisantes et il ne restait donc qu’une solution législative pour les tirer d’affaire.
Le journal satirique et d’investigation ‘‘Le Canard Enchaîné’’ suggère que les conseillers de Sarkozy ont été en contact avec Armand De Decker, qui était alors vice-président du Sénat, afin d’assurer le vote rapide de la loi sur l’extension de la transaction pénale à toute une série de délits, y compris financiers, seule manière de sauver les amis de Nazarbayev. Ce projet de loi a rapidement été éliminé des parlements : déposé à la Chambre le 11 février 2011, il a été adopté le 17 mars avant d’être envoyé au Sénat le 18 mars. La loi a été promulguée le 14 avril et est entrée en vigueur le 16 mai. De Decker nie être intervenu dans cette affaire, mais la rapidité du processus d’adoption de cette loi est frappante. Détail piquant: De Decker, en tant qu’avocat, a également participé à la défense de Chodiev. Fin juin 2011, Patokh Chodiev et les deux autres ont été les premiers à bénéficier de cette nouvelle version de la transaction pénale. Le parquet de Bruxelles a ainsi abandonné ses poursuites contre la somme de 23 millions d’euros, payée en août 2011. Quelques jours plus tard, Nazarbayev a signé un contrat de commande de 45 hélicoptères auprès d’EADS. Sarkozy était rayonnant lors de la signature du contrat.
Aujourd’hui, c’est ce même Armand De Decker qui est intervenu pour stopper une action de protestation devant l’ambassade du Kazakhstan à Bruxelles, très certainement après avoir été invité par l’ambassade à réagir. Alors que les riches fraudeurs viennent se réfugier à Uccle sous la protection de De Decker, toute forme de protestation contre les éléments les plus dictatoriaux de ce club de fraudeurs hyper-riches est réprimée.
Par la même occasion, nous avons pu vérifier que les Sanctions Administratives Communales (SAC) ne sont pas là pour faire face aux incivilités et petites nuisances, mais pour réprimer les protestations et les limiter au cadre autorisé par le sommet de la société. Nos droits démocratiques sont ainsi limités alors que les fraudeurs super-riches bénéficient de nouvelles mesures très complaisantes pour leurs crimes.
Le président-dictateur corrompu du Kazakhstan et ses amis peuvent compter sur la solidarité de l’establishment politique européen. L’ancien Premier ministre britannique Tony Blair est devenu conseiller de Nazarbayev, le président Sarkozy a joué le coursier pour Nazarbayev pour, grâce à De Decker, accélérer le changement de la législation belge. La solidarité de classe n’est pas un vain mot pour l’establishment. Mais il en va de même du côté du mouvement ouvrier. Un an après le massacre de Zhanaozen, nous n’oublions pas, et nous continuons le combat contre la répression et l’oppression. L’hostilité que nous rencontrons de la part des amis locaux de Nazarbayev ne nous arrêtera pas.
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Let’s kick FIFA out of football! La pourriture fuse par tous les pores du système.
Finalement, Sepp Blatter n’aura pas résisté aux dernières révélations de scandales. Le 2 juin dernier, quatre jours après avoir été réélu pour un cinquième mandat à la présidence de la FIFA, Blatter a annoncé qu’il quittait son poste, qu’il occupe depuis 1998.Par Stéphane Delcros
“Même si un nouveau mandat m’a été confié, il semble que je ne sois pas soutenu par tous dans le monde du football”
Et c’est peu de le dire. A cette annonce, les premiers sentiments qui ont traversé des millions de joueurs et supporters de football dans le monde étaient le soulagement, la joie, et l’enthousiasme ; sentiments par ailleurs légitimes pour ceux qui connaissent le personnage. Sous son ère, la formule ‘FIFA mafia’ n’a eu de cesse de se populariser. Mais, comme on dit, l’homme ne fait pas la fonction. C’est le système tout entier qui est en cause. Pas seulement le ‘système Blatter’, ni le ‘système FIFA’, mais la gestion et l’organisation d’un sport aussi populaire au sein du système capitaliste.
Le scandale de trop ; l’étau se resserrait un peu trop dangereusement autour de Blatter
Fin mai dernier, juste avant la tenue du 65ème Congrès de la FIFA, 14 personnes sont inculpées dans le cadre d’une enquête du FBI concernant plus de 150 millions de dollars en pots-de-vin et rétro-commissions.(1) Le FBI était informé depuis plus de trois ans par Chuck Blazer, un ancien membre du comité exécutif de la FIFA et de la fédération américaine de football qui jouait ce rôle de taupe pour atténuer sa peine pour cause de corruption.(2)
Les inculpés, dont certains seront arrêtés à leur hôtel en Suisse, sont des hauts responsables des fédérations de football des îles Caïmans, du Nicaragua, du Costa Rica, de l’Uruguay, du Venezuela et du Brésil, ainsi que de l’Union centre-américaine de football (UNCAF), de la Confédération de football nord-américaine (CONCACAF) et sud-américaine (CONMEBOL) et du comité exécutif de la FIFA.
Parmi eux, un certain Jack Warner est arrêté. Businessman, ancien ministre trinidadien et ancien vice-président de la CONCACAF et de la FIFA, il a joué un grand rôle dans la précipitation de la chute de Blatter. Car quelques heures avant l’annonce de Blatter, le New York Times accusait Jérôme Valcke, secrétaire général de la FIFA et bras droit de Blatter d’avoir viré 10 millions de dollars sur des comptes de ce Jack Warner.(3) L’affaire se rapprochait un peu trop dangereusement de Sepp Blatter, obligé de faire un pas de côté.
Blatter garde -pour l’instant- la main
Si l’annonce a été faite qu’entre décembre 2015 et mars 2016, une nouvelle élection aura lieu lors d’un congrès extraordinaire, d’ici là, Blatter reste au poste, si toutefois il n’est pas rattrapé par la justice, américaine ou autre. Une sorte de ‘transition’ qui témoigne surtout du fait que rien ne va réellement changer dans la gouvernance et la gestion du football mondial. Blatter a en réalité réussi à gagner un peu de temps pour garder la main et préparer sa succession ; avancer ses pions en vue des élections et éventuellement nettoyer quelques placards et scènes de crimes, si le temps lui est laissé.
A l’heure actuelle, impossible de prévoir quels énormes scandales pourraient être révélés dans la prochaine période. L’offensive menée par la justice américaine se base sur des faits de corruption remontant à 25 ans, du temps ou le président de la FIFA s’appelait João Havelange (président de 1974 à 1998).
João Havelange, le scandaleux qui précédait Blatter
Le brésilien, également membre du comité international olympique, s’était retiré des affaires entre 2011 et 2013, lorsqu’a éclaté le scandale de ‘l’International Sport and Leisure’, une société de marketing sportif qui avait obtenu l’exclusivité de la vente des droits marketings de plusieurs Coupes du monde. Mais qui a surtout été un écran pour des opérations financières douteuses et des versements de pots-de-vin : 105 millions d’euros ont été versés à des dirigeants du football mondial dans le cadre de la vente de droits télévisés.(4) João Havelange et son gendre, Ricardo Teixeira, président de la fédération brésilienne de football jusqu’en 2012, ont été parmi les principaux bénéficiaires dans les années nonante, avant la mise en faillite d’ISL en 2001.
Notons qu’ISL n’est que l’une des nombreuses affaires dans lesquelles Havelange a trempé. Son prédécesseur, Stanley Rous (président de 1961 à 1974), est bien connu pour avoir, lors de la Coupe du monde 1966 dans son Angleterre, manœuvré afin d’assurer que l’équipe d’Angleterre remporte le trophée. Les décisions arbitrales, notamment, en demi-finale contre le Portugal puis en finale face à la République fédérale d’Allemagne alimentent encore aujourd’hui de nombreuses discussions.
Bref, ce qui est certain, c’est que les scandales qui sortent en ce moment ne sont que l’infime partie émergée de l’iceberg, et qu’il est clair que nous n’aurons jamais l’occasion de connaitre l’ensemble des affaires. Quasi aucune branche de l’immense réseau de la FIFA n’est exempte de comportement illégal, voire légal mais complètement illégitime. Les révélations vont probablement rythmer l’actualité des prochains mois. Au dépend du sport, comme d’habitude.
L’attribution des Coupes du monde 2018 et 2022 à la Russie et au Qatar
L’évènement de la journée du 2 décembre 2010 est assurément l’une des énormités qui contribue à la richesse historique des pratiques frauduleuses de la FIFA. Ce jour-là, la Russie et le Qatar sont désignés, par un vote au sein du Comité exécutif de la FIFA, organisateurs de la Coupe du monde pour les éditions de 2018 et 2022.(5)
La Russie était notamment confrontée à la candidature de l’Angleterre, tandis que le Qatar avait, entre autres, les Etats-Unis et l’Australie face à lui. Ces autres candidatures étaient jugées plus sérieuses et nécessitaient moins d’investissements en termes d’infrastructures pour accueillir une Coupe du monde ; elles ont été facilement battues lors des votes.
Dans ce cas, il n’a pas fallu longtemps pour qu’une enquête dévoile les faits de corruption : en 2011, le qatari Mohamed Bin Hammam, à l’époque président de la Confédération asiatique (AFC), a été reconnu coupable d’achat de voix et a été banni à vie de la FIFA et de toutes les activités liées au football.(6) En 2013, le bi-hebdomadaire ‘France Football’ sortait une enquête intitulée ‘Qatargate’, et d’autres accusations sérieuses ont suivi. Mais l’organisation de ces deux évènements par la Russie et le Qatar n’a bien sûr pas été remise en cause…
Ceux qui ont, dès le début, pointé du doigt les intérêts économiques importants avec certains votants et les capacités d’influence du duo Poutine-Gazprom et des pétrodollars qataris étaient bien entendu jetés aux oubliettes, accusés de gâcher la fête.
Le Qatar, probablement le pire choix possible
Le monde s’est très vite rendu compte de la manière dont le Qatar traite les ouvriers venus, principalement d’Asie du Sud, construire les stades et autres infrastructures nécessaires : les migrants sont soumis au travail forcé, voire à de l’esclavage. Les ouvriers, dont les passeports sont confisqués, travaillent onze heures par jour, six jours par semaine, sous 50°C, et dorment entassés par dizaines dans des chambres d’hôtel insalubres.(7)
Le quotidien britannique ‘The Guardian’ a estimé que, à cette cadence, 4000 ouvriers allaient mourir d’ici à l’ouverture de la compétition.(8) En mars 2014, la Confédération syndicale internationale (CSI) estimait à 1200 le nombre d’ouvriers morts sur les chantiers depuis l’attribution en décembre 2010.(9) La CSI notait ainsi : “Sans les changements nécessaires, plus d’ouvriers mourront à construire les infrastructures de la Coupe du monde que de footballeurs qui fouleront les pelouses lors de ce Mondial.” Les militants syndicaux qui tentent de pointer leur nez près des chantiers se font bien sûr immédiatement bloquer.
Les ouvriers au Qatar ne sont pas au bout de leur peine, car 9 des 12 stades pour le Mondial 2022 doivent être complètement construits. Et la rénovation des 3 autres s’apparente davantage à de la construction pure et simple. Ces douze stades seront totalement fermés et climatisés, vu la température sur place et ce même si la compétition se joue en hiver, ce qui était par ailleurs une autre grande polémique.
La question de l’utilisation de ces stades est aussi posée. Vu la faible popularité du football au Qatar et la faiblesse des clubs des différents championnats, la plupart des stades seront complètement inutiles après la Coupe du monde. Sur ce plan, l’Afrique du Sud en 2010 et le Brésil en 2014 ont montré l’exemple : certains des nouveaux stades construits pour ces Coupes du monde n’ont plus jamais été utilisés. Au Brésil, la volonté des autorités de voir la compétition s’étendre sur l’ensemble du territoire avait poussé à construire des stades au milieu de nulle part, pour parfois seulement 4 matchs de compétition ! Certains de ces stades pouvant contenir de 40 à 70.000 personnes accueillent aujourd’hui des clubs du championnat brésilien de football de 2ème, 3ème, voire 4ème division…
Un autre des problèmes évoqués concernant cette attribution, sans même parler de la condition de la femme, notamment au Qatar, est celui de l’homophobie. Pas seulement au Qatar, d’ailleurs. Le régime de Poutine s’illustre depuis des années dans la répression des droits de la communauté LGBTQI, comme en témoigne notamment l’adoption à l’unanimité, en juin 2013, par le parlement russe, d’une loi contre la ‘propagande de l’homosexualité auprès de mineurs’. Concernant le Qatar, où les homosexuels peuvent être condamnés à plusieurs mois de prison et de coups de fouets, Sepp Blatter a tout résumé en un conseil : “Je pense que les supporters homosexuels devraient juste s’abstenir de toute activité sexuelle au mondial qatari.”
Même en termes de football, l’un des pires choix possibles
Signalons aussi ici une aberration complète rarement commentée dans les médias dominants. L’argument du “oui, mais c’est cool, pour la première fois une Coupe du monde va se passer au Moyen Orient”. Comment dire ? Oui, mais… Non. Il est bon, de temps en temps, d’en revenir au football, même si celui-ci est régit par cette FIFA. Vous voulez donner l’organisation de la Coupe du monde à un Etat du Moyen Orient ? Alors pourquoi au Qatar, dont l’équipe n’a jamais participé à une phase finale et est à la 99ème place (113ème à l’époque du vote) au classement mondial masculin de la FIFA ? (ce n’est qu’un exemple, n’y voyez pas ici une acceptation du mode de classement).
Pourquoi aucune des équipes du Moyen Orient, plus expérimentées, n’est évoquée pour organiser l’évènement ? (ce ne sont que des exemples, n’y voyez pas des propositions : l’Iran, 4 participations, 40ème ; l’Arabie saoudite, 4 participations, 95ème ; la Turquie, 2 participations, 52ème ; les Émirats arabes unis, 1 participation, 68ème ;…). Le vote n’avait clairement aucune vocation à permettre à des contrées inexplorées d’enfin organiser une Coupe du monde de football.
L’arrivée des ‘chevaliers blancs réformateurs’ pro-système
“Il est temps de débarrasser la FIFA de la corruption !” De nombreux chevaliers blancs montent au créneau en ce moment, créant l’illusion qu’une réforme de la FIFA permettrait d’empêcher la corruption. Deux des principaux soi-disant ‘réformateurs’ mis en avant actuellement sont le Prince Ali de Jordanie et Michel Platini, l’ancien footballeur international français et actuel président de l’Union des associations européennes de football (UEFA).
Le Prince Ali, demi-frère du roi Abdallah II, président de la fédération jordanienne de football, vice-président de la FIFA, était déjà candidat face à Blatter au Congrès fin mai. Il a obtenu 73 voix, contre 133 pour le président sortant. Avant le deuxième tour, comprenant sa défaite, il avait décidé de se retirer. Ali était notamment soutenu par Michel Platini, Diego Maradona et Michael van Praag (autre ancien candidat, ainsi que Luis Figo, tous deux s’étant désistés quelques jours avant le vote), ainsi que par David Cameron, Premier ministre britannique. Un pur produit du système FIFA, donc, qui pourrait être à nouveau candidat au Congrès extraordinaire fin 2015 – début 2016.
Ancien successeur-désigné de Blatter, mais en guerre avec lui depuis plusieurs années, Michel Platini n’est, lui, plus à présenter. Celui qui a conseillé à Blatter, deux jours avant le vote, de ne pas se présenter à cause de l’explosion du scandale de corruption, est loin d’être tout blanc. Il a, on s’en souvient, publiquement soutenu les politiques d’austérité et de répression au Brésil l’an dernier. A cette occasion, tout comme chaque dirigeant de la FIFA, il a reçu une montre de luxe de 20.000 euros offerte par la Fédération brésilienne lors de la dernière Coupe du monde.(10)
Jack Warner, susmentionné, apparait aussi dans les dossiers de Platini. Le trinidadien aurait “sollicité et obtenu des pots-de-vin dans le cadre des processus d’attribution des Mondiaux 1998 et 2010”.(11) Or, à l’époque, Michel Platini co-présidait le comité d’organisation de la Coupe du monde 1998.
Il est aussi probablement l’un de ceux qui ont joué un grand rôle dans l’attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar. En novembre 2010, une réunion aurait eu lieu à l’Élysée entre notamment Nicolas Sarkozy, à l’époque président français, le prince du Qatar et Michel Platini, lors de laquelle la voix de Platini en faveur du Qatar a été monnayée contre divers investissements qataris en France, entre autres le rachat du Paris Saint-Germain (PSG), qui se fera dans les faits l’année suivante.12 Par ailleurs, Laurent Platini, son fils, est devenu membre en 2012 de la direction juridique de QSI, le fonds d’investissement qatari qui a racheté le PSG en 2011.13
La corruption n’est que la pourriture du système qui dépasse les limites de la légalité…
Les scandales de corruption précités, ainsi que tous les autres, ne sont que le corollaire du système capitaliste. La recherche de profits ne peut que pervertir une organisation aussi massive et populaire que la FIFA. Ce ne sont pas Havelange et Blatter qui ont un jour décidé d’organiser un système de corruption complexe pour engraisser leurs poches et celles de leurs amis. Ce type de réseaux est lié au fonctionnement même du capitalisme.
… cela n’enlève en rien le fait que la pourriture, même légale, soit illégitime
Quand bien même un ‘vrai’ chevalier blanc serait élu et réussirait à écarter, temporairement, une partie de la corruption au sein de la FIFA, l’organisation internationale reste imprégnée du système capitaliste. La défense de la classe capitaliste est inscrite dans ses gènes, et poussera en permanence à des politiques comme celles que l’on a vécues dans la préparation des Coupes du monde 2010 en Afrique du Sud et 2014 au Brésil. Ces politiques assurent que l’accumulation de richesses se fasse au profit de gros entrepreneurs, de l’actionnariat des multinationales,… et au détriment des travailleurs, des jeunes, et des plus pauvres.
Au-delà de la corruption, la FIFA reste un archétype du système capitaliste. Ses profits et ceux de ses partenaires sont puisés dans les poches des supporters et de la population locale, face à l’augmentation du coût de la vie autour de l’évènement, mais aussi parce que l’argent public est largement mis à contribution. Lors de chaque édition de la Coupe du monde et du Championnat d’Europe, la FIFA (ou l’UEFA, et ce sera le cas pour l’Euro 2016 en France) bénéficie d’une extraordinaire exonération fiscale, en toute légalité. L’argent de la collectivité est pompé pour payer les coûts, et les politiciens pro-capitalistes accentuent docilement les politiques d’austérité pour essayer de rembourser la dette publique, qui a explosé.
C’est cette politique qui avait, l’an passé, dans la perspective de la tenue de la Coupe du Monde, mené à des manifestations de masses au Brésil et à des grèves et notamment celles, très puissantes, des travailleurs du métro de Sao Paolo et dans l’enseignement. Le mouvement était général, et concernait tous les pans de la société, tous touchés par l’austérité menée par le gouvernement fédéral de la présidente Dilma Rousseff, qui n’a pas hésité à réprimer brutalement les travailleurs et les jeunes en lutte.
Un système déséquilibré qui oppose pénurie et opulence
Lorsque le président sortant de la FIFA, quelques mois avant le vote, remet des enveloppes d’argent aux petites et pauvres fédérations de football pour développer leurs infrastructures, s’assurant ainsi les voix de nombreuses d’entre-elles, notamment africaines et asiatiques, il est dans la légalité. Mais il exploite bien sûr l’absence de moyens dont l’énorme majorité de clubs, de footballeurs et de supporters souffre. Ces manques de moyens pour nos loisirs et nos centres d’intérêts, tout comme pour les services dans la société en général, sont directement liés à l’organisation économique au sein du système capitaliste.
Pendant ce temps, les sommes folles transférées au sommet du football mondial, et qui ne concernent qu’un petit pourcentage de footballeurs, témoignent, elles, de la perversion du sport et des compétitions sportives par l’ultra-marchandisation et la recherche effrénée de profits. Cette différence de traitements est à l’image de cette société où une poignée de riches qui détient l’immense majorité des richesses décide combien sera laissé à l’immense majorité des habitants de la planète.
Pour un football et des compétitions gérés et contrôlés par la collectivité et les supporters
Le football, et le sport en général, ont besoin d’un projet public de financement, pour tous, à tous les échelons. Et pour cela, l’argent, en réalité, ne manque pas. Il suffit pour cela de regarder les profits récoltés sur notre dos par la FIFA (315 millions d’euros de bénéfice en 2014, et une réserve de plus d’1,5 milliard d’euros)(14) et les autres institutions footballistiques et sportives, les sommes folles que sont prêts à investir de gros mécènes dans certains clubs, le montant des droits télés, les profits annuels des opérateurs médiatiques en général,…
Il faut utiliser ces moyens pour le vrai sport, en développant les infrastructures de base et la formation, tant pour ceux qui prennent le football et le sport comme loisir que pour développer une vraie compétition, saine, dans un esprit fraternel, sans autre enjeu que le sport.
Mais il faut aussi s’assurer que la gestion et le contrôle des clubs sportifs et des fédérations soient entre nos mains : celles des sportifs, des supporters et de la population locale. Les plus grands clubs de football sont en réalité pris en otage par des capitalistes aux pouvoirs immenses.
La compétition sportive doit être un évènement populaire, géré et contrôlé par la collectivité et les supporters, qui permette d’encadrer sainement la jeunesse, de l’impliquer, épaulée par les sportifs plus expérimentés. Elle doit être accessible à tous, sportifs comme supporters, à des prix démocratiques, et ne doit pas générer des salaires exorbitants pour les sportifs de haut niveau. Sous le contrôle et la gestion de la population, à côté des nécessités sociales, seuls les aménagements en infrastructure strictement nécessaires doivent être réalisés.
Réformer la FIFA, tout comme ce système, est une illusion ; Débarrassons le football de la FIFA !
Nombre de ceux qui possèdent et contrôlent nos clubs, nos évènements sportifs, et décident de leurs avenir, contrôlent également nos lieux de travail et l’avenir de ceux-ci. La lutte pour démocratiser notre football et notre sport doit passer par leurs reprises en mains par les jeunes et les travailleurs et doit être liée à la lutte contre les patrons sur nos lieux de travail.
Lutter pour de telles revendications exige de se battre aussi pour un autre type de société, orientée vers les intérêts de l’ensemble de la collectivité et non plus vers les profits d’une poignée de capitalistes.
Notre constat et nos perspectives de mai dernier, avant le 65ème Congrès de la FIFA, n’a pas changé : “Dans le système capitaliste, la FIFA est le sous-produit inévitable du football. C’est pourquoi toute tentative pour réformer cette organisation au sein de ce système est vouée à l’échec. Pour débarrasser le football de la FIFA, nous devons libérer l’humanité du capitalisme. Seule une société socialiste, où les richesses sont sous la gestion démocratique de l’ensemble de la population, et les clubs sous la gestion des fans et des joueurs, nous permettrait de travailler à mettre sur pieds une nouvelle fédération internationale de football, basée sur le respect pour le sport, et non sur la course au profit.”(15)
Notes
1 Le Monde, Ce que l’on sait du scandale qui éclabousse la FIFA, 2 juin 2015.
2 Il est à noter que l’offensive actuelle de la justice américaine est bien sûr à mettre en parallèle avec le fait que les Etats-Unis n’ont pas obtenus l’organisation de la Coupe du monde 2022 (voir ci-dessous). La question se pose alors : s’ils l’avaient obtenue en décembre 2010, les révélations d’affaires et inculpations auraient-elles eu lieues ?
3 New York Times, Blatter Quit as Pressures Rapidly Built From All Sides, 2 juin 2015.
4 Le Monde, Le roi Blatter, 28 mai 2015.
5 Le ‘Rapport Garcia’, commandité par la FIFA en 2012 mais dont le contenu est partiellement gardé secret, enquête notamment sur les conditions d’attributions de ces Coupes du monde.
6 L’Express, Corruption à la Fifa: carton rouge pour Bin Hammam, banni à vie du football, 23 juillet 2011.
7 Le Monde, Mondial 2022 : les damnés de Doha, 18 octobre 2013.
8 The Guardian, Qatar World Cup construction ‘will leave 4,000 migrant workers dead’, 26 septembre 2013.
9 ITUC Special Report, THE CASE AGAINST QATAR, mars 2014.
10 Le Monde, L’UEFA de Platini, un modèle de vertu ?, 3 juin 2015.
11 Le Monde, L’UEFA de Platini, un modèle de vertu ?, 3 juin 2015.
12 Le Monde, L’attribution du Mondial de football au Qatar influencé par des intérêts économiques, 19 septembre 2013.
13 Le Monde, L’UEFA de Platini, un modèle de vertu ?, 3 juin 2015.
14 So Foot, L’envie de Sepp, mai 2015.
15 Lutte Socialiste, Élections au sommet de la FIFA, mai 2015.
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Existe-t-il deux catégories de citoyen ?
On entend souvent dire que le berceau de nos systèmes démocratiques se situe dans la Grèce Antique. C’est donc souvent un modèle de comparaison pour notre système de représentation.Par Alain (Namur)
Dans les cités-États de la région qui entoure Athènes, il existait déjà des citoyens ‘‘libres’’ et ‘‘égaux’’ en droits. Mais ce n’était en réalité qu’une infime minorité de la population. La moitié de la population – les femmes – n’avait pas voix au chapitre. De plus, la large partie de la population sur laquelle reposait la base productive de la société (principalement les esclaves hommes ou femmes) était dépourvue de tout droit.
Aujourd’hui, au fil du processus historique, la base productive de la société n’est plus l’esclavage, mais le travail salarié. Bien que nos conditions de vie ne soient plus les même et que le droit de vote soit acquis, sous la pression des luttes, existe-t-il encore différentes catégories de citoyens ?
La loi est dure, mais…
Pour la grande majorité des citoyens, la loi est impitoyable : saut d’index, gel salarial, flexibilité accrue, destruction des services publics… Tout le monde doit faire des efforts, non ? En fait, une catégorie de citoyens, qu’ils soient d’origine belge ou étrangère, est épargnée de ces efforts et on leur fait même des cadeaux! C’est ainsi que les actionnaires des entreprises du BEL-20 (qui représente le principal indice d’actions de la bourse de Bruxelles) vont se partager 11 milliards d’euros cette année sans participer à l’effort collectif. De plus, toute une série de lois sont votées pour assurer qu’ils gagnent toujours plus. Si on parle aujourd’hui de faire passer une loi limitant le droit de grève des travailleurs, les politiciens n’ont par contre pas la volonté de voter une loi contre la grève du capital ! 240 milliards d’euros dorment sur les comptes des banques et des grandes entreprises. Cet argent pourrait être réinvesti dans un plan de relance économique qui pallierait aux pénuries et qui répondrait aux besoins de la majorité sociale.
C’est la loi…
Alors que la fraude fiscale dans notre pays est estimée à environ 20 milliards d’euros par le Département d’Economie appliquée de l’Université libre de Bruxelles, Dulbea, (malgré toutes les réductions déjà accordées par la loi), les riches et les nantis font de la fraude fiscale un sport dans lequel ils excellent.
Pour les aider, les différents gouvernements ont lancé ces dernières années plusieurs opérations de régularisation ‘uniques’. Malgré cela, les riches de Belgique se sont distingués dans les dernières affaires de Swissleaks et Luxleaks avec une fraude à hauteur de plus de 6 milliards d’euros dans le seul premier cas. Le gouvernement, en réduisant les services publics, s’empêche de dénicher la grande fraude fiscale. À l’opposé, lorsqu’il s’agit de contrôler les chômeurs (qui représentent plus ou moins 7 milliards d’euros par an, soit environ 3% du budget de l’Etat)(1), ils nous disent que la loi doit être respectée à la lettre.
Justice à 2 vitesses
Les professeurs de droit et de philosophie enseignent que la justice est la base de la démocratie, mais la majorité sociale ne se reconnait plus dans les institutions démocratiques et judiciaires actuelles. Il y a de quoi. Quand on sait que l’homme d’affaires belgo-kazakh Patokh Chodiev (deuxième fortune de Belgique tout de même) a réussi à éviter un procès en prenant un ancien président du Sénat (Armand De Decker, MR) comme avocat pour négocier une transaction pénale, ça donne matière à réfléchir. D’autant plus que De Decker est soupçonné d’avoir influencé le processus parlementaire pour que la loi sur la transaction pénale élargie (qui permet de payer une indemnité pour se libérer de poursuites judiciaires) soit votée au bon moment, de façon à assurer à son richissime client d’échapper in extremis à un procès en correctionnel.
Pire encore, le secteur diamantaire anversois a réussi un joli coup double. Payer un faible montant en transaction pénale pour ne pas être inquiété par la justice. Et ensuite voter une loi limitant sa contribution au budget de l’État. Ils ont pu trouver chez les parlementaires des oreilles attentives à leurs problèmes.
Pas 2 catégories de citoyens, mais bien 2 cl asses sociales Nous pensons au PSL qu’il n’existe pas 2 catégories de citoyens, mais bien deux classes sociales antagonistes. D’une part, ceux qui sont obligés de vendre leur force de travail pour survivre et d’autre part ceux qui de par leur propriété des moyens de production et des institutions peuvent exploiter le fruit de notre travail social.
Après de nombreuses crises, l’esclavagisme comme base productive de la société a été balayé. Nous sommes actuellement dans une crise fondamentale du mode de production capitaliste. Par la lutte, nous pouvons aussi renvoyer ce système aux oubliettes de l’histoire !
(1) Source : ACIDE, Audit Citoyen de la Dette
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Afrique : ou le socialisme, ou une barbarie sans cesse plus grande
L’Afrique est ravagée par un ouragan de pauvreté. C’est le seul continent devenu plus pauvre depuis 1980. Près de la moitié de la population vit avec moins d’un dollar par jour. La faim s’étend presque comme une maladie. Des millions d’africains sont mort faute de nourriture. Et l’avenir s’annonce plus triste encore. Le rapport de l’UNDP/UNICEF dit qu’en 2015 l’Afrique pourra nourrir moins de la moitié de sa population.
Dagga Tolar et Peluola Adewale (2006)
2015 est aussi l’année que les dirigeants du monde ont fixé comme date pour réduire la pauvreté et la faim de moitié entre autres « Objectifs du Millénaire pour le Développement » (OMD). Ces objectifs incluent également la réduction de la mortalité infantile de 75% et l’arrêt de l’extension de l’épidémie de SIDA/HIV. Cependant, la Banque Africaine de Développement a déclaré que l’Afrique est la région la moins prête à réaliser ces objectifs. Les Nations Unies ont exposés que si les indices de développement sociaux continuent sur leur voie, l’Afrique ne pourra rencontre les OMD qu’après 150 ans ! Plus de trois quarts des décès dû au SIDA se situent en Afrique sub-saharienne, et 65% des malades du SIDA vivent sur ce continent. Pour rendre les choses pires encore, l’histoire post-coloniale de l’Afrique est remplie des horreurs de la guerre qui ont pris la vie de millions de travailleurs.
Les statistiques ci-dessus qui démontrent largement le sous-développement de l’Afrique sont horribles. Qu’est ce qui a bien pu se passer pour que la situation soit si épouvantable malgré des richesses stupéfiantes ? Les Socialistes disent que le capitalisme est coupable. Lénine le qualifiait d’horreur sans fin. Ce système basé sur les inégalités répand ses méfaits en Afrique plus encore que partout ailleurs. En terme de ressources naturelles, l’Afrique est peut-être le continent le plus riche au monde. Mais le capitalisme, à toutes ses étapes de développement, a extirpé du continent ses ressources, du commerce trans-Atlantique d’esclaves à travers le colonialisme à l’époque impérialiste. Les politiques néo-libérales d’aujourd’hui n’ont fait qu’empirer la situation des masses. Le continent est pillé de ses ressources pour financer son développement et pourvoir aux besoins basiques de la population. Les gouvernements comptent sur le capital étranger, pour la plupart sous forme de prêt avec des intérêts exorbitants qui sont autant de fardeaux étouffants.
A présent, l’impérialisme mondial utilise la triade de la dette, de sa domination sur le commerce mondial et de la corruption des dirigeants africains comme armes pour forcer l’Afrique à se prosterner face au pillage impudent de ses richesses à travers les politiques néo-libérales.
Les fardeaux de la dette et le néo-libéralisme
En octobre 2005, l’Afrique avait remboursé 580 milliards de dollars à ses créditeurs (les nations et institutions impérialistes) pour une dette originale de 540 milliards de dollars, et il reste encore 330 milliards de dollars à payer. En luttant pour rembourser ces dettes, les gouvernements négligent l’éducation, la santé, l’approvisionnement en nourriture et autres besoins basiques des travailleurs. Les gouvernements ont pris le poison du Programme d’Ajustement Structurel (PAS) ou les politiques néo-libérales de privatisation, de commercialisation, de libéralisation du commerce, de coupes dans les dépenses publiques, etc., comme conditions pour récupérer les possibles restes de la souffrance due à une dette largement fictive et odieuse.
Ce n’est donc pas accidentel si l’Afrique a le plus haut taux de malades du SIDA. Africa Action a dénoncé qu’en 2003 les pays africains ont dépensés plus de 25 milliards de dollars en remboursement de dettes, et ce même si 2,3 millions d’Africains ont perdu leur vie à cause du SIDA. Cette année, l’Organisation Mondiale de la Santé a déclaré que 4,1 millions d’Africains touchés par la maladie ont un besoin urgent de médicaments anti-rétroviraux, mais seulement 50.000 personnes peuvent en avoir.
Le capitalisme et les politiques néo-libérales sont les causes majeures de faim en Afrique. Craig Timberg, du Washington Post a écrit que, bien plus que les désastres naturels comme la sécheresse ou le changement de climat, la famine que connaît le Niger est principalement due à la politique de libre marché débridée appliquée par le gouvernement nigérien. A la demande de la Banque Mondiale, le Niger a abolit le contrôle des prix avec pour conséquence que les prix de la plupart des denrées comestibles sont maintenant au-dessus des moyens d’une large part des travailleurs. Les taxes imposées sur la nourriture ont menés à deux actions de protestation massives pour le seul mois de mars 2005. Tout cela dans la lignée des demandes de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International concernant les « Pays Pauvres Hautement Endettés », initiatives entraînant le néo-libéralisme. Ceci explique pourquoi les autres pays pauvres, comme le Burkina Faso, la Mauritanie, l’Ethiopie et le Mali sont dans la même angoisse face à la faim que le Niger et neufs autres pays africains, récemment assurés de l’annulation de leur dette extérieure après des années de soumission ininterrompues aux dictats du FMI et de la Banque Mondiale.
Commerce inéquitable
A travers le commerce inéquitable, l’Afrique a été pillée de ses énormes ressources. Entre 1980 et maintenant, la part du continent dans le commerce mondial a chuté de deux tiers, de 6% en 1980 à moins de 2%. Le prix de ses principales exportations ne cesse de plonger. Une étude a révélé qu’entre 1980 et 2001, les prix du café ont plongé de 85%, ceux du cacao de 67%, d’huile de palme de 60% et ceux du cuivre de 41%. Les autres exportations du continent à l’exception du pétrole, suivent la même tendance. Les pays impérialistes qui prêchent le dogme du libre commerce, libéré de tout subsides, etc. imposent des barrières artificielles aux produits africains et subsidient lourdement leurs riches fermiers. On estime que les pays développés dépensent 200 milliards de livres sterling par an pour subsidier leurs agriculteurs, soit 17 milliards de livres sterling en plus que le Produit Intérieur brut de l’entièreté des pays africains. La Banque Mondial déclare que si l’Amérique du Nord, le Japon et l’Europe laissaient tombés leurs barrières aux produits africains, les exportations africaines augmenteraient de 1,5 milliards de livres sterling par an.
Mais pourquoi l’Afrique est-elle dans cette situation? Fondamentalement, la réponse est que l’économie mondiale est depuis longtemps dominée par les classes dirigeantes et compagnies des pays riches. Les 500 plus grandes compagnies internationales contrôlent 70% du marché mondial, alors que les 50 plus grosses banques et compagnies financières contrôlent 60% du capital global. Aujourd’hui, 300 multinationales et banques importantes effectuent 70% des investissements directs à l’étranger.
Cette domination bloque le développement de rivaux indépendants de ces monopoles. Là où de nouvelles technologies et produits se développent, ils sont rapidement dominés par les pouvoirs impérialistes. Les exceptions à cette règle générale, comme la Corée du Nord ou la Malaisie, furent aidés par l’Ouest durant la guerre froide pour des raisons stratégiques. Dans le cas unique de la Chine, les bases économiques de son récent développement furent construites sur les avancées initiales dans l’infrastructure et l’éducation rendues possibles par une économie nationalisée et planifiée, malgré les effets de la direction anti-démocratique du stalinisme maoïste.
Dirigeants corrompus
La douleur de l’Afrique est combinée à la corruption caractéristique de ses dirigeants. Il est intéressant de voir que la corruption n’est en rien limitée à l’Afrique ou aux pays en voie de développement. La chute d’Enron, le géant américain de l’énergie, par exemple, démontre que la corruption est universelle sous le capitalisme. La plupart des ressources qui échappent au commerce inéquitable ou au remboursement de la dette sont volées par les dirigeant pro-occidentaux corrompus et placés dans des comptes privés en Europe et en Amérique du Nord. Ce vol montre aussi qu’ils n’ont aucune confiance envers le développement des pays africains sur une base capitaliste. Le capitalisme néo-libéral, philosophie régnante de gouvernance, a donné plus d’assises aux dirigeants africains pour le pillage, car ils n’ont plus à utiliser ses ressources pour les besoins basiques de la population. Les gains initiaux qui suivirent l’indépendance et avaient procurés des investissements relatifs de la part des gouvernements nationaux dans les services sociaux et entreprises publiques ont été érodés par les politiques néo-libérales de privatisation, de commercialisation et de coupes dans les dépenses publiques.
La guerre et la question nationale
Le néo-libéralisme pousse la masse de la population vers la pauvreté et la marginalisation et ne peut résoudre les questions nationales, héritage du colonialisme, qui sont dans la majorité des cas aux racines des guerres qui ravagent le continent. La plupart des pays africains sont des créations artificielles des maîtres coloniaux pour leurs intérêts stratégiques et économiques sans regards pour les différentes nations, histoires, traditions et langages qu’ils ont réunis.
Il est clair que l’élite bourgeoise africaine est incapable de résoudre la question nationale. Les sections mécontentes de l’élite dirigeante capitalisent le désenchantement des masses laborieuses pour assoir leurs gouvernements et exploitent les différentes ethnies pour les mobiliser dans des guerres, qui sont en fait dirigées pour servir leurs seuls intérêts. Hors de ces conflits, ils tirent des avantages excessifs pour prendre directement le pouvoir ou négocier pour être intégrer dans la classe dirigeante, au détriment des masses laborieuses utilisées comme chair à canon. Ces guerres ont laissés des millions de travailleurs sans vies, blessés pour le restant de leurs jours, ou encore sans logements. Les statistiques révèlent qu’il y a eu 4 millions de morts au Congo, 2 millions au Soudan, et 1 million au Rwanda, sans parler du Sierra Leone, du Liberia, de l’Ethiopie/Erythrée, de la Côte d’Ivoire, etc. où les guerres ont récemment coûtés des centaines de milliers de morts.
Seule les masses laborieuses peuvent résoudrent les questions nationales en supportant les droits des nations et minorités, en incluant l’autodétermination des peuples, tout en luttant pour des mouvements unifiés contre les ennemis communs. Une caractéristique d’un réel mouvement des travailleurs est de voir des personnes issues de différentes nationalités marchant côte à côte contre les attaques capitalistes contre leurs conditions de vie. Cela montre le potentiel pour construire des mouvements unifiés capables de transformer la société.
Le rôle des travailleurs
La descente actuelle de l’Afrique vers la barbarie est une expression de la faillite de l’impérialisme et des élites capitalistes locales à développer l’économie africaine et les standards de vie de la population. Pour toute la période qui suivit l’indépendance de l’Afrique, tant les militaires que les sections civiles de la classe capitaliste ont dirigés le continent avec les mêmes effets contre-productifs et ruineux. En terme de développement économique général et de niveau de vie des travailleurs, l’Afrique aujourd’hui est encore plus loin derrière l’Europe et les pays capitalistes avancés que ce n’était le cas il y 4 ou 5 décennies.
Cependant, une infime partie de la population africaine est aussi indécemment riche que les capitalistes des pays développés. C’est le résultat du vol des budgets gouvernementaux, et de la collaboration avec l’impérialisme pour piller le reste des africains et les ressources matérielles.
Il ressort de l’histoire du capitalisme, et en particulier de l’histoire limitée du capitalisme en Afrique, que seule la classe ouvrière possède le potentiel de mettre fin à ce système qui signifie la misère pour les masses à côté d’une abondance indescriptible.
Les progrès de la civilisation moderne restent pour une large part une application des connaissances technologiques pour convertir les ressources naturelles en produits fini consommables. Sous la logique capitaliste qui prévaut actuellement, la plupart de ces connaissances technologiques et des ressources mondiales sont passées sous la propriété privée d’une poignée de corporations ou de propriétaires capitalistes. Et c’est là que ce situe la contradiction majeure. Alors qu’au niveau international et même dans plusieurs secteurs de l’économie, continents ou pays, il existe une abondance de connaissance techniques et de ressources pour donner une vie décente à toute personne sur terre, la nature d’égoïsme et de profit du capitalisme fait que dans la majorité des cas, ces potentiels sont irréalisés.
Pourtant, le côté positif du capitalisme est le développement et l’existence de la classe ouvrière. C’est la classe sociale qui a en main les clefs des opérations journalières du système sans lesquelles rien ne peut se passer et qui est également capable d’actions collectives.
Pour pourvoir aux besoins de tous, et non d’une minorité, la classe ouvrière, supportée par d’autres couches de pauvres, doit mener une révolution sociale. Cela entraînera la propriété commune et un contrôle démocratique des commandes de l’économie et des ressources avec une planification et une organisation centralisée vers l’utilité, et non le profit.
Il est extrêmement important de remarquer que l’histoire contemporaine de l’Afrique est en elle-même très riche en mouvements de masses et de luttes. Uniquement l’an dernier se sont déroulées des protestations de masse contre les politiques néo-libérales et capitalistes au Mali, au Liberia, au Burkina Faso, au Niger, en Afrique du Sud, au Nigeria etc.
Des années ’90 au début des années 2000, c’est la classe ouvrière qui a mené les protestations/luttes/révoltes qui aidèrent à la défaite des gouvernements capitalistes impopulaires de Kerekou en République du Bénin, et de Kenneth Kaunda en Zambie. Le Mouvement pour des Changements Démocratiques au Zimbabwe dirigé par Morgan Tsvangirai s’est initialement développé à partir des syndicats et de la résistance de la classe ouvrière contre le gouvernement de Robert Mugabe. En Afrique du Sud, seul le COSATU a mené des grèves et des manifestations de masse contre la politique anti-pauvre et néo-libérale du gouvernement capitaliste de l’ANC.
Au Nigeria, l’actuel pro-impérialiste et anti-pauvre gouvernement du président Olusegun Obasanjo a été ébranlé jusqu’aux racines en plusieurs occasions par une série de grèves et de protestation massives menées par le mouvement syndical.
Malheureusement cependant, toutes ces luttes, nombreuses et collectives, ont montré la faiblesse qui doit être dépassée pour passer de la protestation et de la défensive vers le changement du système. Cela requiert la construction d’un mouvement avec un programme clair et une direction n’ayant pas peur d’affronter le capitalisme.
Les socialistes disent que l’Afrique sortira seulement du cercle vicieux de déclin en rompant avec le capitalisme et en prenant les ressources économiques du continent des griffes de l’impérialisme et des capitalistes locaux. C’est seulement sur base d’une économie démocratiquement planifiée que les ressources seront utilisées dans les intérêts de la majorité de la population. Ce n’est pas l’ancien système où l’élite locale pille l’Etat et les entreprises nationalisées à leurs propres fins. Au contraire les socialistes luttent ils pour une nationalisation sous contrôle démocratique des travailleurs pour prévenir de la corruption et assurer que les ressources sont utilisées dans l’intérêts des masses laborieuses.
L’Afrique n’est pas seule à avoir un avenir incertain sous le capitalisme. La santé de l’économie mondiale aujourd’hui est de plus en plus précaire. Internationalement, les travailleurs, y compris d’Europe et des USA, ne voient qu’un avenir fait d’attaques continuelles envers leur niveau de vie et leurs emplois. Dans cette situation si, même dans un pays africain, une cassure socialiste avec le capitalisme est effectuée, cela aura un écho gigantesque dans les autres pays africains et au-delà. C’est à travers cet impact international que l’isolement d’un pays en rupture avec le capitalisme pourra être dépassé. C’est sur cette base que les socialistes voient l’unité réelle des peuples d’Afrique.
Mais pour faire cela, un programme et une politique clairement socialiste ainsi qu’une classe ouvrière disciplinée sont nécessaires. Sans cela, il y a le danger que les luttes ne mènent qu’à un simple changement du gang de voleurs au pouvoir. C’est ce qui s’est produit dans la Zambie de Chiluba, un gouvernement formé d’anciens activistes des syndicats, qui mène une politique néo-libérale. Bien sûr les travailleurs peuvent lutter aux côtés d’autres forces sociales dans certaines luttes, quand cela concerne des buts économiques, sociaux ou politiques. Cependant, à l’intérieur de ces mouvements, les socialistes défendront qu’un changement fondamental, la fin du capitalisme, est nécessaire pour rendre permanente n’importe quelle victoire obtenue lors de ces luttes partielles.
En République du Bénin, les mouvements de masse de la classe ouvrière furent assez fort que pour mettre fin au gouvernement de Kerekou, mais par manque de leurs propres organisation et dirigeants, il n’y eu d’autre choix que d’investir Mr Soglo, un dissident de la classe dirigeante capitaliste, qui ne fit naturellement que continuer la politique antisociale au pouvoir.
Tristement également, la tentative de créer un parti des travailleurs au Zimbabwe ne s’est soldée que par la fondation du parti pro-capitaliste MDC, ce qui a enlevé à la population une opportunité de combattre et de vaincre le parti capitaliste du dirigeant Mugabe. De façon similaire, c’est le manque d’alternative, de politique socialiste et de détermination pour chasser le gouvernement Obasanjo qui a permis que le très haï président du Nigeria soit capable de comploter pour s’assurer de revenir au pouvoir après la fin de sa législation, en mai 2007.
Pour arrêter le déclin économique et les horreurs de la guerre qui ravagent l’Afrique, la création de mouvements politiques et d’organisations de luttes pan-africaines de la classe ouvrière jointes à la tâche ultime de l’abolition du capitalisme, la cause principale de l’inégalité sociale et des troubles. Cette tâche ne peut être transposée par les masses laborieuses africaines, les jeunes et les révolutionnaires.
Rejoignez nous!
“Tout spectateur est autant un lâche qu’un traître”– Amica Cabra. Si vous êtes mécontent des politiques anti-pauvres menées par les gouvernements africains pro-impérialistes et intéressés de lutter contre ces politiques, l’organisation à rejoindre est le Comité pour une Internationale Ouvrière. Le CIO (CWI en anglais) est une organisation socialiste internationale présente dans près de 40 pays et qui travaille à l’unité de la classe ouvrière et les peuples opprimés contre le capitalisme et pour lutter pour un monde socialistes. Le CIO a des sections au Nigeria et en Afrique du Sud.
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[FILM] “Inside Job” révèle la corruption du petit monde du capitalisme financier
La réalisation de ce film ‘‘a couté 20.000.000.000.000 dollars’’, en référence aux pertes économiques qui ont jusqu’ici découlé de la crise mondiale. “Inside Job”, le documentaire primé au Festival de Cannes 2010 et qui sort maintenant en DVD, aurait aussi bien pu s’appeler “Demolition Job”, vu la manière dont il démolit totalement la réputation de toute une série d’institutions financières majeures et d’individus qui les protègent et les servent dans les gouvernements.
Vincent Kolo, chinaworker.info
Cette implosion du marché immobilier a à son tour déclenché la pire récession depuis les années ’30, et n’a évité que de très près un effondrement financier sur le plan mondial, une menace toujours bien réelle aujourd’hui puisque, comme le montre le film, rien n’a fondamentalement changé depuis. La récession a couté des millions d’emplois partout dans le monde – près de 10 millions en Chine, par exemple -, en plus des 6 millions d’Américains expulsés de leur logement, et d’innombrables autres misères dont le prix est supporté par les travailleurs et leurs familles tandis que les banquiers qui ont créé la crise sont en réalité devenus encore plus riches !
Le film montre, grâce à une documentation méticuleuse et à de nombreuses interviews, comment les grandes banques et les institutions financières façonnent à leur avantage la politique des gouvernements, démantelant les organes de contrôle, s’octroyant à elles-mêmes la liberté de créer et de spéculer sur de nouveaux produits financiers, tels que les “credit default swaps”, dont le fonctionnement n’est compris par personne – ou alors, que par un vraiment très petit nombre de gens dans le monde.
Malheureusement, le film n’utilise pas une seule fois le mot “capitalisme”, ce qui laisse un gouffre béant au milieu de toute son argumentation. Il cite l’“industrie financière” comme responsable de tous ces maux, et bien que ceci ne puisse être remis en question, la financiarisation du capitalisme mondiale n’est en réalité qu’un symptôme et non pas la cause de la maladie qui affecte ce système de profit tout entier.
C’est la même crise de la profitabilité qui pousse les entreprises capitalistes à relocaliser leur production dans des pays à bas salaires, tout en vendant la plupart de leurs marchandises à des pays à hauts salaires ; c’est la même cause qui explique aussi la dépendance croissante aux “stéroïdes” financiers de Wall Street afin de maximaliser les profits. Une statistique bien connue, qui n’est pas mentionnée dans le film, est qu’avant le krach bancaire, le secteur financier comptait pour 40% du total des bénéfices des entreprises aux Etats-Unis…
Le film démarre avec le krach bancaire en Islande. Tandis que défilent des images de l’époustouflant paysage volcanique islandais, nous entendons le narrateur, l’acteur Matt Damon, nous expliquer comment un pays avec un PIB d’à peine 13 milliards de dollars s’est retrouvé confronté à des pertes bancaires d’un montant de 100 milliards de dollars, après que son gouvernement ait privatisé les banques il y a dix ans à peine. ‘‘La finance a pris le pouvoir, et a dévasté le pays’’, affirme un professeur islandais. Les banques mondiales et les gouvernements d’autres pays ont encouragé la politique de prêts forcenée des banques islandaises, qui avaient reçu la mention “AAA” par les agences américaines de notation de crédit comme Moody et Standard & Poor. Quelques jours seulement avant que je ne regarde ce film, le peuple islandais avait défié son gouvernement et l’establishment politique pour la deuxième fois consécutive en rejetant l’accord pourri conclu avec l’UE et le FMI qui voudrait les contraindre – eux, de simples citoyens – à rembourser la dette de 420 millions de dollars dus par une des banques islandaises en faillite, Icesave.
Une des forces du film est la manière simple, sans chichis avec laquelle il explique la nature des produits dérivés tels que les obligations de dette collatérales et autre soi-disant emprunts garantis. On ne laisse aucun doute aux spectateurs, même à ceux qui ne sont pas de fins connaisseurs des dernières tendances économiques, que l’ensemble de ce “marché” des dérivés boursiers (qui vaut la somme de 700 trillions de dollars) est complètement dément. Toute une armée de “conseillers” gouvernementaux et de cadres de Wall Street sont amenés devant la caméra pour s’y sentir très mal à l’aise tandis qu’on les interroge sur leur rôle dans l’élaboration des mesures politiques qui ont menées à la crise. Les principaux responsables et partisans de la dérégulation financière, tels qu’Alan Greenspan (l’ancien chef de la banque centrale américaine), Larry Summers (le secrétaire au Trésor de Bill Clinton, et ex-conseiller économique en chef d’Obama) ou Timothy Geithner (l’actuel secrétaire au Trésor, et ex-président de la New York Federal Reserve Bank) ont tous refusé d’être interviewés pour ce film. Plusieurs autres doivent certainement aujourd’hui regretter de l’avoir accepté.
La grande vedette est certainement le Professeur Frederic Mishkin, un de ces “experts”, qui est aussi l’ancien gouverneur de la Federal Reserve Board (la banque centrale américaine), avec sa tentative maladroite de justifier la politique capitaliste néolibérale qui a mené à la crise par plusieurs pirouettes de pure beauté. Il est complètement grillé sur sa participation à un rapport rédigé en 2006 et intitulé “La stabilité financière en Islande”, dans lequel il chantait de long en large les louanges retentissantes de l’économie spéculative islandaise. Lorsqu’on lui demande dans le film pourquoi il s’est tellement planté, tout ce qu’il trouve à dire, c’est qu’il avait cru ce que la banque centrale islandaise lui avait dit, puisque les banques centrales sont des “institutions crédibles”. On apprend également que l’industrie financière islandaise a payé Mishkin 124.000 dollars pour son rapport. L’embarras de Mishkin s’accroit encore un peu lorsqu’on lui demande aussi pourquoi sur son CV, le titre de ce rapport est étrangement devenu “L’instabilité financière en Islande”. Il s’excuse en affirmant qu’il s’agit très certainement d’une “faute de frappe”.
“Inside Job” dénonce aussi la culture criminelle de Wall Street, une culture de mensonges, de tricheries, de corruption et de consommation large de cocaïne et de prostituées. Un conseiller psychologique auprès des banquiers de Wall Street nous dit que ce genre de pratique ‘‘s’étend jusqu’aux plus hauts sommets’’. Il montre les relations incestueuses entre les grandes banques et les gouvernements des deux principaux partis politiques américains. Des institutions telles que Goldman Sachs et Morgan Stanley exercent une énorme influence sur les gouvernements et l’utilisent pour protéger leurs intérêts et tuer dans l’œuf toute initiative politique capable de menacer leurs profits. Goldman Sachs a fourni les secrétaires au Trésor des trois derniers gouvernements américains (Timothy Geithner, Hank Paulson, Robert Rubin). Paulson et Geithner, qui sont d’anciens hauts responsables de Goldman Sachs, ont aussi tous les deux joué un rôle crucial dans la décision de renflouer AIG en 2008 (l’agence AIG s’était effondrée quelques jours après Lehman Brothers ; elle était menacée par l’effacement d’une valeur catastrophique de 500 milliards de dollars provenant de “credit default swaps” annulés et pour lesquels elle n’avait aucune provision) ; Goldman Sachs a été le principal bénéficiaire de ce plan de renflouement, recevant 40 milliards de dollars des 130 milliards versés par le contribuable grâce aux clauses généreuses envers les actionnaires d’AIG qui avaient été insérées par Geithner et Paulson. Il est clair que l’establishment politique américain est aussi un leader mondial en ce qui concerne la corruption.
Dans son accusation de Wall Street, l’auteur et réalisateur du film, Charles Ferguson, se base sur des économistes bourgeois tels que Nouriel Roubini et Martin Wolf du Financial Times. Ces deux personnes font quelques très justes analyses, mais à aucun moment, au cours des 100 minutes de film, une solution n’est proposée. Tout un nombre d’analystes et de personnalités “clé” de l’establishment s’en tirent aussi à fort bon compte, alors qu’ils auraient pu être aussi bien grillés que Mishkin.
Le président du FMI Dominique Strauss-Kahn est un bon exemple de ceci. Il fait quelques critiques du secteur financier américain comme on en entend souvent, comme quoi celui-ci était “hors de contrôle” – ceci qui est somme toute incontestable –, mais il n’est pas questionné sur le rôle de son organisation avant la crise, ou par exemple dans le cas de l’Islande, où le FMI utilise le chantage financier pour forcer le gouvernement et le peuple islandais à avaler l’accord “Icesave”. Le FMI joue un rôle similaire partout en Europe, après des décennies de pratique dans le monde néocolonial, avec des conditions de prêts qui sont conçues pour protéger les banques et faire payer les pots cassés par les simples citoyens.
De même, Christine Lagarde, l’affreusement droitière ministre des Finances de la république française, est l’invitée d’honneur du film en tant que représentante du camp de l’“accusation”, qui se permet de juger les méfaits des banques et des politiciens américains, sans aucune analyse de son propre CV fait d’attaques sur les droits des travailleurs, sur les pensions et sur les emplois dans le secteur public, non seulement en France, mais à travers toute l’Europe, via son rôle central dans les structures financières de l’Union européenne et ses plans de renflouement empoisonnés en Grèce, en Irlande, et au Portugal (et lancés en conjonction avec Strauss-Kahn et le FMI). Lagarde est aussi connue pour avoir annoncé que la crise était “terminée” fin 2008 – cette seule affirmation aurait dû suffire à la disqualifier de toute apparition en tant qu’“experte” dans ce film.
L’équipe de recherche de Ferguson aurait dû accorder plus de temps et d’attention aux développements en Europe à la base plutôt qu’au sommet, afin de contrebalancer le point de vue excessivement optimiste – ou plutôt, naïf – des politiciens et banquiers de ce continent. “Inside Job” montre très clairement qu’Obama est en train de poursuivre la même politique que ces prédécesseurs, et a résisté à toute tentative de limer les griffes du secteur bancaire. L’économiste Robert Gnaizda se moque gentiment des mesures prises par l’administration Obama-Geithner : ‘‘Comment ce gouvernement pourrait-il réformer quoi que ce soit – c’est un gouvernement Wall Street !’’
Mais le film applaudit ensuite une initiative essentiellement cosmétique des gouvernements d’Italie, de Suède et d’autres pays européens afin de mettre en place une régulation plus stricte des banques en Europe. Comme l’a démontré la crise de la dette en Irlande, au Portugal et dans d’autres pays européens de la “périphérie”, et comme le démontre le programme de coupes budgétaires cinglantes et la vague de chômage que celui-ci a suscitée, de part et d’autre de l’Atlantique, les gouvernements capitalistes sont tout aussi serviles envers les capitalistes financiers et tout aussi incapables de fournir des solutions.
La conclusion du film est qu’aucune des “réformes” mises en œuvre depuis 2008 n’empêchera une répétition du krach financier. Les institutions qui ont causé la crise sont devenues encore plus puissantes grâce aux gigantesques plans de renflouement qui leur ont été accordés, sans aucune condition en échange. Les socialistes de lutte sont d’accord avec cette conclusion, à ceci près qu’au lieu d’attendre sans rien faire le prochain épisode de la crise, nous savons que nous devons préparer, organiser et construire une alternative socialiste crédible.
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Sarko et co : Racisme, corruption, crise et lutte des classes
‘‘Ne jamais faire confiance à un animal blessé’’, voilà un dicton qui illustre merveilleusement les derniers actes du gouvernement Sarkozy. La situation actuelle du capitalisme français, caractérisée par une combinaison explosive de crises, a poussé la classe dirigeante à recourir à la vieille arme du racisme.
Par Cédric Gérôme, CIO
Depuis la fin-juillet se développe une féroce chasse aux sorcières contre les Roms, entre autres mesures répressives et racistes. Entre autres propositions du gouvernement, on trouve le retrait de la nationalité française à des personnes d’origine étrangère qui ont commis des actes criminels. Ce n’est qu’une tentative désespérée de détourner l’attention des nombreux problèmes accumulés par des années de politique en faveur des capitalistes, et surtout, d’essayer de briser les luttes de classes cruciales à venir. La clique politique au pouvoir a été secouée par une succession de scandales contribuant à faire chuter le soutien à Sarkozy dans la société à des niveaux record, dans un contexte de crise économique. Le déficit budgétaire approche des 8% du PIB, et le réduire sous les 3% comme le prévoit le gouvernement impliquerait d’arracher 100 milliards d’euros des poches des travailleurs en 3 ans. La classe dirigeante française n’a jamais rien fait de tel de toute son histoire…
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Selon le Pôle Emploi, l’année 2009 a été la pire depuis la 2e guerre mondiale : 256.100 emplois ont été détruits et 168.200 dans le seul secteur industriel. C’est comme si une usine de 700 ouvriers fermait chaque jour… tandis que les profits des grandes entreprises françaises ont évolué en sens inverse. Les profits de 28 des 40 plus grandes entreprises françaises ont augmenté de 2,5 fois durant le premier semestre 2010 par rapport à la même période l’an dernier. Ce montant spectaculaire de profits a principalement été généré sur base d’une réduction massive de l’emploi industriel et de la super exploitation des travailleurs restants, combiné à des aides de l’Etat au secteur financier.
La nouvelle guerre contre l’insécurité – Diviser pour mieux régner
Dans un discours à Grenoble fin juillet, le président a annoncé qu’il mènerait “une guerre nationale” contre le crime, tout en annonçant de nouvelles mesures visant principalement les immigrés. La déclaration du Ministre de l’Industrie, Christian Estrosi, “français ou voyou, vous devez choisir” (en d’autres termes : vous êtes français, ou vous êtes un voyou…et donc un immigré) résume la nouvelle ‘politique’ du gouvernement français faite d’attaques contre les Roms ou encore de quotas d’expulsions d’immigrés.
Par la suite, le FN s’est vite manifesté pour indiquer que : “le nouveau ton du Président de la République et de son administration a seulement un mérite: il apporte une confirmation officielle du caractère criminel d’une certaine immigration, une vérité pour laquelle le Front National a été persécuté pendant trois décennies.” Si une résistance ouvrière claire et un parti pour l’organiser ne sont pas construits dans la période à venir pour battre Sarkozy, il y a un risque réel que la seule ‘opposition’ tirant avantage de cette désaffection générale et de la propagande raciste du gouvernement soit l’extrême-droite elle-même.
Même si ce n’est pas à la même échelle, les mesures racistes initiées par le gouvernement sont des réminiscences du régime de Vichy et de l’occupation nazie pendant la seconde guerre mondiale. Des mesures spécifiques qui traitent des communautés particulières comme des citoyens de seconde classe étaient aussi des éléments de la politique du régime français pendant la guerre d’Algérie, illustrée par le tristement célèbre massacre de centaines de militants du FLN par la police parisienne en octobre 1961, alors qu’ils manifestaient pacifiquement contre un couvre-feu imposé sur les « travailleurs musulmans algériens », les « musulmans français » et les « musulmans français d’Algérie ».
Alors qu’il prétend combattre les délinquants et les criminels, Sarkozy protège les vrais voyous ; les grands qui contrôlent l’économie et concentrent entre leurs mains une partie grandissante des richesses. Ces derniers poussent des pans entiers de la société vers la privation sociale et conduisent les secteurs les plus aliénés de la population vers les activités criminelles et la délinquance.
Classe ouvrière et résistance
L’appel à une « guerre nationale contre l’insécurité » n’est rien d’autre qu’une tentative clairement affichée de semer les graines du racisme dans les rangs de la classe ouvrière et une manœuvre de diversion destinée à éclipser les batailles sociales qui vont avoir lieu dans la toute prochaine période. Ce dernier point est démontré par le fait que le gouvernement a décidé de présenter son projet de loi sur la « sécurité nationale » devant le Sénat le 7 septembre, c’est à dire le jour où les syndicats avaient décidé d’une journée d’action et de grèves nationale contre la réforme des retraites. Le 4 septembre déjà, des dizaines de milliers de personnes avaient manifesté contre les mesures racistes du gouvernement et, le 7 septembre, plus de 2,5 millions de personnes sont descendues dans les rues pour défendre les fins de carrière.
La classe ouvrière en France, ce «pays traditionnellement anticapitaliste», comme l’a commenté récemment le journal anglais le Guardian, pourrait potentiellement mettre ce gouvernement pourri à genoux, si elle a à sa tête une direction déterminée, capable de donner confiance à la masse de la population et dépasser les limites imposées par le conservatisme des dirigeants syndicaux.
La construction d’un parti qui intervienne constamment dans la lutte des classes, sur les lieux de travail et dans les syndicats, en défendant un clair programme pour une transformation socialiste de la société est une tâche primordiale. Les luttes qui vont se développer offriront énormément d’opportunités pour la mener à bien et les membres de la Gauche Révolutionnaire (section française du CIO et courant construisant le Nouveau Parti Anticapitaliste), mettront toutes leurs forces pour aider à ce processus, dans les grandes confrontations qui vont certainement exploser dans la prochaine période.
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Magistrature et corruption: l’absence de contrôle démocratique
Place Poelaert, le majestueux Palais de justice de Bruxelles domine le reste de la ville comme pour illustrer ses rapports avec le reste de la population. Du haut de leur haute tour d’ivoire, certains magistrats s’estiment au-dessus de tout. Il est vrai que les juges n’ont aucune légitimité démocratique et aucun compte à rendre face à la collectivité…
Apparemment, cela faisait déjà quelques années qu’il était connu qu’un grave problème existait au sein du Palais de justice de Bruxelles. Une perquisition menée en 2004 a permis de découvrir chez un avocat non seulement des preuves d’escroquerie mais aussi des jugements sur lesquels la première magistrate du Tribunal de commerce de Bruxelles, Francine De Tandt, devait encore s’exprimer. L’enquête a été freinée par le parquet-général, qui craignait les dégâts que le tribunal aurait à subir en conséquence. Le directeur de la police judiciaire fédérale de Bruxelles, Glenn Audenaert, a passé le dossier au parquet général de la Cour de Cassation, mais là non plus le feu vert n’est pas arrivé pour que l’enquête puisse avancer.
Alors que nous, le peuple ordinaire, sommes de suite condamnés à des amendes à la moindre erreur, d’autres règles sont de mise pour le sommet du système judiciaire. Là, c’est à peine si il y a eu des interventions contre la corruption. Bien au contraire, le tribunal a lui-même collaboré.
L’avocat Robert Peeters a fait chanter des chefs d’entreprise qui avaient de l’argent sale. Pour son chantage, cet avocat a reçu l’aide de différents juges et membres de la Cour d’Appel qui décident des jugements et des arrêtés. La juge De Tandt, impliquée dans l’affaire, est même devenue présidente du tribunal de commerce! L’enquête disciplinaire pour accéder à cette fonction n’a pas constitué de problème, elle était aux mains du juge Paul Blondeel, également nommé dans le dossier de chantage. Il est soupçonné de corruption et également d’avoir participer aux chantages.
La manière dont la magistrature semble être séparée de la société et placée au-dessus d’elle soulève naturellement énormément de questions, notamment sur son rôle à l’heure actuelle. Les syndicalistes combatifs savent à quel point ces derniers mois les tribunaux se sont systématiquement orientés en faveur du patronat en appuyant les requêtes unilatérales des avocats patronaux. Que cela ait été fait au mépris de plusieurs lois n’a pas constitué de problème, les juges n’ont pas hésité à leur marcher dessus (voir notre dossier : Des huissiers employés pour casser les piquets de grève).
Les juges sont nommés par la Haute Cour de Justice, composée de magistrats et d’externes nommés par le Sénat (principalement des avocats, des professeurs et d’autres personnalités du monde juridique). Il n’est aucunement question de contrôle démocratique. Alors que les tribunaux doivent officiellement préserver les intérêts de la collectivité, celle-ci n’a aucun contrôle sur eux et n’a pas son mot à dire. Pourquoi les juges ne sont-ils pas élus par la collectivité et révocables en permanence?
On nous bassine les oreilles avec la soi-disante ‘séparation des pouvoirs’ entre le pouvoir qui fait les lois (législatif), celui qui les applique (exécutif) et celui qui les fait respecter (judiciaire). Cette division n’existe pas, nous parlons ici d’un même monde aux connections internes innombrables, le monde de l’élite, un monde sérieusement déconnecté de la majorité de la société. Si des divisions apparaissent de temps à autres au sein de cette élite dirigeante, comme maintenant, une base commune les soude ensemble: leur pouvoir est basé sur l’exploitation des travailleurs et sur l’absence de contrôle démocratique.
Le PSL lutte pour la forme la plus extensible, la plus large possible, de démocratie. Mais à partir du moment où l’on se place du point de vue de la classe des travailleurs, il n’existe aucune forme «parfaite» de démocratie dans le cadre du capitalisme, et ce à quelque niveau que ce soit.
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PS: Scandales, corruption, clientélisme,…
PS: Scandales, corruption, clientélisme,…
Vous y croyez, vous, au PS du «moindre mal»? Au PS faisant blocage face aux propositions les plus infâmes ? « Avec les autres, ce serait pire » peut-on entendre régulièrement. Mais si des différences existent bel et bien entre MR, PS, CDH ou Ecolo, il faut bien admettre que pour les travailleurs, les différence qui existent encore se réduisent de plus en plus…
Après 18 années passées par le PS au pouvoir, un constat s’impose : la vie des travailleurs et de leurs familles s’est dégradée et si le PS s’est fait entendre sur le sujet ce n’est que sous la forme de faibles et inaudibles protestations (parfois) ou de justifications des mesures d’austérité (bien plus souvent…). Que ne peut-on dire sous l’excuse du « pragmatisme » (travailler plus, travailler pour moins,…)! Sur les questions fondamentales, sur les moyens dont la population a besoin pour vivre, c’est à l’unisson que les partis traditionnels s’exclament qu’il faut maintenir une rigueur capable de maintenir la compétitivité – c’est-à-dire de satisfaire les patrons. Dans ces discours, le PS montre son plus grand talent : celui d’être le plus habile à tromper les gens alors que les profits du patronat ne cessent d’augmenter!
Quant au niveau local, les récents scandales démontrent une fois de plus qu’Elio & Co n’ont pas besoin de devoir composer avec d’autres partis pour trahir la confiance que l’on peut leur donner. A Charleroi, à Mons, à Namur, à Bruxelles ou encore à Liège, dans les logements sociaux, les sports, la gestion des déchets ou bien des marchés publics, avec ses échevins, bourgmestres ou administrateurs, le PS démontre une capacité extraordinnaire à se foutre royalement de la population.
Mais tant qu’il n’existera aucune alternative de gauche, les soi-disant socialistes (quelle injure faite au socialisme!) resteront capables de maintenir leur position de première formation politique francophone. Malgré tous ses déboires, le dernier sondage indique que le PS reste à 30%, une chute de 6,4% en comparaison des résultats de 2003. Le MR, deuxième force politique, est lui à 25,9%… une baisse de 2,5% sur le même laps de temps. Ce sont le CDH (19,3%), Ecolo (10,3%) et le FN (10%) qui augmentent dans les intentions de vote.
Ces chiffres sont bien plus l’expression d’un vote de protestation contre l’establishment symbolisé par le couple MR-PS plutôt qu’une confiance accordée au programme de ses concurrents. C’est cela qui explique notamment qu’un parti aussi fantomatique que le FN arrive à avoir autant de soutien (+4,4% depuis 2003), d’autant plus que les partis traditionnels n’ont aucune réponse réelle à apporter au racisme et à ceux qui prétendent que « les travailleurs immigrés qui volent le travail des Belges ». Travailleurs, sans-emplois, étudiants, immigrés, notre ennemi est le camp qui donne la priorité aux profits d’une minorité de riches ! Le PS a choisi ce camp! Choisissez le vôtre ! Pour une véritable opposition de gauche ! Construisons ensemble un nouveau parti des travailleurs !


