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  • Assurer la sécurité sociale la plus forte possible

    Au travers de la sécurité sociale, la collectivité garantit un revenu à ceux qui se retrouvent en incapacité de travailler pour quelque raison que ce soit. Les allocations sociales doivent nous permettre de continuer à bénéficier d’un certain niveau de vie à certaines périodes d’inactivité non désirées (pour cause de maladie, de pension ou de chômage). Pour le néolibéralisme, le filet de sécurité que représente la sécurité sociale doit être réduite au minimum. L’approche a été adoptée par tous les partis classiques et, après plus de 30 ans, c’est à peine si notre sécurité sociale tient encore debout.

    • Ceci est une partie du programme plus global du PSL face à la crise du coronavirus auquel vous pouvez accéder en cliquant ici.

    L’allocation de chômage ne représente que 64 % du salaire net au départ. Après six mois, les allocations de chômage sont inférieures au seuil de pauvreté pour tous les types de ménage. Le fait qu’en cette période de crise, l’allocatio¬n de chômage technique ait été portée de 65 % à 70 % a été accueilli avec un peu de soulagement par les nombreuses personnes concernées, mais nos factures seront-elles réduites à 70% ?

    C’est tout le système du chômage technique qui doit être remis en question. Ce système repose sur la logique de socialisation des pertes et de privatisation des profits : quand tout va bien, les grandes entreprises empochent profits et dividendes mais, en temps de crise, c’est la collectivité qui paye.

    Tous les ménages les familles doivent disposer d’une garantie de revenu. Les entreprises qui ont réalisé de superbes bénéfices peuvent parfaitement assure la continuité des salaires. Quant aux petites entreprises, si elles peuvent démontrer qu’elles ne sont pas en mesure de le faire, elles doivent pouvoir bénéficier de l’assistance des autorités.

    Notre sécurité sociale serait parfaitement capable de supporter cette crise si elle n’avait pas été littéralement pillées. Le tax-shift du gouvernement Michel comprenait la diminution progressive des cotisations patronales de 32,4 % à 25 %. Pour les patrons, cela signifie une réduction du coût de la main-d’œuvre de 5,8 milliards d’euros par an. La multitude de stratagèmes pro-patronaux de cette sorte ont fait passer la sécurité sociale de 20 % du PIB en 1983 à 15,3 % aujourd’hui. Si les règles de financement de la sécu de 1983 étaient restaurées, cela signifierait 22 milliards d’euros supplémentaires par an. De quoi largement dépasser le déficit de 6 milliards d’euros prévu d’ici 2024. Dans la sécurité sociale comme dans les services publics, la réduction de moyen est organisée par les autorités pour ensuite justifier encore plus de mesures d’austérité.

    D’autre part, les prestations en nature sont très populaires auprès des patrons, car cela leur évite de verser des cotisations de sécurité sociale. En 2019, cela représentait pas moins de 6,8 milliards d’euros de masse salariale, soit 2,6 milliards d’euros de revenus en moins pour les caisses de sécurité sociale. Mais puisque certains avantages extra-légaux n’ont pas été inclus dans cette étude, la perte réelle pourrait être de l’ordre de 4 milliards d’euros. Il faut revenir sur ces avantages, en assurant que cela n’implique aucune perte pour les travailleuses et travailleurs. Ils doivent donc être reversés sous forme de salaire.

    Tout démantèlement de la sécurité sociale signifie de revenir vers l’individualisation des risques sociaux. Il y a eu une prolifération de pensions complémentaires et de fonds de pension, d’hospitalisation et d’assurances complémentaires. Ces systèmes ne sont pas neutres. Ils constituent l’interprétation néolibérale de la couverture individuelle des risques sociaux et sapent notre sécurité sociale collective.

    C’est grâce au combat acharné de la classe des travailleurs que la sécurité sociale a été instaurée pour faire face à des crises comme celles d’aujourd’hui. Pour arracher le remboursement de ce qui a été pillé et imposer des contributions sociales qui nous permettent de faire face aux besoins, il faudra un même type de lutte.

    Nous exigeons :

    • Le rétablissement de la sécurité sociale et l’abolition de tous les cadeaux au patronat.
    • Déconstruction des prestations en nature pour qu’elles soient remplacées par des salaires, sans perte de revenus pour les travailleurs.
    • La garantie d’un revenu en cas de maladie et de chômage temporaire équivalente à 100 % du salaire net.
    • L’imposition de plus fortes contributions sociales au patronat.
  • Une approche féministe socialiste de la crise du covid-19

    La crise du covid-19 a frappé le monde de plein fouet. Les travailleuses et travailleurs de la santé sont aujourd’hui le principal atout de la société pour lutter contre cette pandémie. Pourtant, ces dernières années, leur voix n’a jamais été entendue alors qu’elles et ils réclamaient à grands cris plus de personnel et plus de moyens à travers le monde par des grèves et des mouvements de lutte. Aujourd’hui, ce personnel paie un lourd tribut : parmi les infections testées en Italie, 10 % concernent des travailleuses et travailleurs de la santé. Mais alors que les riches pouvaient se faire dépister, la plupart du personnel de la santé ne le pouvait pas ! Cette caractéristique de la crise se retrouve partout, et pas seulement en Italie. Des États-Unis à la Grande-Bretagne en passant par la Belgique, le personnel soignant se demande publiquement s’il est infecté ou non, s’il est en train d’infecter des patients, des collègues et des proches. Deux infirmières italiennes se seraient suicidées après avoir été testées positives au coronavirus.

    Déclaration du bureau femmes d’Alternative Socialiste Internationale

    La vie de millions de personnes a radicalement changé ces dernières semaines, alors que de plus en plus de pays se trouvent dans une situation de confinement (partiel) et que de plus en plus de personnes doivent rester chez elles. La différence est bien entendu énorme entre être confiné dans un petit appartement avec ses enfants et être confiné dans un immense manoir avec de vastes espaces extérieurs, comme l’ancien gouverneur de Californie et acteur Arnold Shwarzenegger par exemple. La plupart des gens ne disposent que d’un espace extrêmement limité tant à l’intérieur qu’à l’extérieur ! Sans oublier les millions de sans-abris, les millions de réfugiés piégés dans des camps sans véritable accès à l’eau et au savon et sans accès aux soins ou encore les innombrables communautés qui n’ont pas facilement accès à l’eau potable et à des installations sanitaires. Au Brésil, par exemple, 60 % de la population ne dispose pas d’infrastructures sanitaires adéquates.

    La pandémie de covid-19 n’a évidemment pas le même impact sur tout le monde. Tout le monde peut être infecté, c’est vrai, mais les chances de survie sont bien plus faibles pour les pauvres à la santé généralement plus fragile, ce qui entraîne une résistance moindre face aux virus. Dans des pays comme l’Afrique du Sud, où la tuberculose est très répandue parmi les pauvres, ce virus peut avoir un effet bien plus dévastateur. Au Brésil, ce n’est pas une coïncidence si l’une des premières personnes décédée du virus était une femme noire qui travaillait comme femme de ménage – les femmes noires étant parmi les plus pauvres de la population.

    Mais il existe également un aspect lié au genre : les femmes sont clairement parmi celles qui subissent les pires effets de la crise. “Les retombées du coronavirus pourraient être pires pour les femmes que pour les hommes”, déclare d’ailleurs le Forum économique mondial. Bien que les données chinoises suggèrent que plus d’hommes que de femmes meurent de la maladie, ce sont les femmes qui en font les frais, car elles constituent la majorité des travailleurs de la santé ainsi que de ceux qui assurent la majorité des soins au sein des familles et des communautés, ce qui les rend plus vulnérables à l’infection, comme l’a montré l’expérience des épidémies dans le passé.

    L’épidémie d’Ebola de 2014-16 en Afrique de l’Ouest a montré que la position prédominante des femmes dans le travail des soins impliquait qu’elles étaient plus susceptibles d’être infectées, sans pour autant pouvoir influencer les prises de décision. Le peu de ressources disponibles dans le secteur de la santé a été concentré sur la lutte contre le virus, ce qui a entraîné une nouvelle dégradation de l’infrastructure sanitaire pour d’autres problématiques. De là a entre autres découlé une forte augmentation du nombre de femmes qui sont décédées en accouchant. Cela risque de se reproduire à nouveau lorsque le virus frappera le monde néocolonial.

    Avec la fermeture des écoles et d’autres services publics, la majorité des travaux domestiques supplémentaires repose sur les épaules des femmes. On s’attend également à ce que le confinement provoque un pic de violence domestique – physique, sexuelle, psychologique – envers les femmes ainsi que les enfants et les jeunes LGTQI+. Comme les femmes sont généralement surreprésentées dans les contrats de travail temporaires et précaires dans des lieux aujourd’hui fermés tels que les bars et les restaurants ou les magasins non alimentaires, nombre d’entre elles ne profiteront pas des mesures instaurées pour protéger les emplois et les revenus. Elles ont simplement perdu leur emploi.

    Cette crise met en évidence la position de faiblesse des femmes sur le marché du travail et dans la société capitaliste dans son ensemble. Cela met également en lumière l’important rôle joué par les femmes en tant que dispensatrices de soins non-rémunérées au sein des familles et des communautés d’une part et, d’autre part, en tant que travailleuses salariées dans des secteurs systématiquement dépréciés et caractérisés par de bas salaires, la précarité et de mauvaises conditions de travail. La situation actuelle démontre à quel point elles sont indispensables. Cette crise a aussi démontré de manière limpide l’absolue incapacité de l’establishment capitaliste à faire face à un tel danger sanitaire. La plupart des mesures finalement adoptées – systématiquement trop peu et trop tard – étaient une réflexion de ce qui avait été appliqué sur le terrain par les travailleurs. Les gouvernements et les patrons ont toujours été à la traîne.

    Avec l’austérité, les travailleuses et travailleurs de la santé sont des soldats sans armes adéquates

    Les femmes constituent la majorité des travailleurs du secteur de la santé et des services sociaux : 70% dans 104 pays analysés par l’Organisation mondiale de la santé. Dans la région du Hubei, où le virus s’est déclaré pour la première fois, 90 % du personnel est composé de femmes. En Belgique, elles représentent 80 % dans les hôpitaux, et plus de 90 % dans les maisons de repos et les crèches.

    Le travail dans le secteur des soins et le travail social est largement considéré comme le prolongement des compétences “naturelles” des femmes. En fonction de cette approche, pas besoin d’un salaire décent. En général, les salaires de ces secteurs sont inférieurs à la moyenne. Or, ces fonctions sont clairement vitales, non seulement pour les infirmières et les médecins hautement qualifiés, mais aussi pour les travailleuses et travailleurs les moins bien payés, dans le nettoyage par exemple, personnel sans lequel tous les secteurs devraient fermer. Il est désormais évident que les emplois les moins bien rémunérés sont souvent parmi les plus utiles et les plus précieux.

    Pays après pays, à des moments précis, la population applaudit le personnel de la santé depuis les fenêtres et les balcons. Le groupe d’action pour les soins de santé La Santé en Lutte a répondu à cet acte de solidarité et de soutien en disant “Merci pour vos applaudissements, mais nous vous demandons de ne pas oublier ce qui se passe maintenant et de nous soutenir dans les mobilisations futures. Dès que le confinement sera terminé, nous aurons quelque chose à dire et à faire. Et nous aurons besoin de vous”.

    Le nombre de décès dus au virus est fortement influencé par l’état du secteur des soins de santé. Partout dans les pays capitalistes développés, des décennies de réduction des soins de santé ont créé une situation où il n’y a pas assez de lits d’hôpitaux. Où le personnel est surchargé de travail et était déjà frappé par une épidémie de maladies liées au travail bien avant le début de cette crise. Où les installations de dépistage sont largement insuffisantes. Cette situation n’a pas seulement été provoquée par des réductions budgétaires. Elle s’inscrit également dans la volonté délibérée de marchandisation et de privatisation de la part des gouvernements néolibéraux successifs, ce qui a créé un secteur privé de la santé axé sur la recherche de profits à côté de soins de santé publics exsangues… Des pays comme l’Italie ont réduit le nombre de lits d’hôpitaux de 10,6 lits pour 1000 personnes en 1975 à 2,6 aujourd’hui ; en France, il est passé de 11,1 lits pour 1000 en 1981 à 6,5 en 2013. Dans les pays en développement, il n’y a jamais eu de bons soins de santé. Enumérer les pays qui ont moins d’un lit d’hôpital pour 1000 personnes revient à énumérer le pays du monde néocolonial. Lorsque ce virus se propagera sur des continents comme l’Afrique, les résultats seront catastrophiques.

    La Corée du Sud semble être le seul pays à avoir maintenu ses installations de test en nombre suffisant pour éviter un confinement afin de contenir l’infection, alors que les pays européens et les États-Unis sont entrés dans cette crise sans aucune préparation. En Belgique, la réserve stratégique de masques chirurgicaux a été détruite en 2019 après avoir été rendus inutilisables en raison de mauvaises conditions de stockage à cause de décisions du ministère de la défense. Pour des raisons budgétaires, le gouvernement de droite a décidé de ne pas renouveler les stocks, suite à quoi même les travailleurs de la santé se sont retrouvés sans protection dans les premières semaines de l’épidémie.

    Les photos d’infirmières épuisées, avec des marques de leurs masques et des lunettes de protection imprimées sur leurs visages, deviendront des images emblématiques liées à cette crise. Nous devons nous assurer que cela ne sera pas oublié. L’establishment était parfaitement au courant du manque de personnel dans le secteur de la santé. Partout dans le monde, nous avons assisté à d’importants mouvements de grève ces dernières années. En France, l’année dernière, une grève massive s’est étendue à presque toutes les unités d’urgence, mais comme ailleurs, le gouvernement a réagi en poursuivant la politique d’austérité et de commercialisation accrue du secteur.

    Les travailleuses et travailleurs de la santé du monde entier sont maintenant confrontés à une situation où le travail en double shift est devenu la nouvelle norme. On s’attend à ce que la crise actuelle du secteur soit suivie d’une crise de burnout du personnel. Si le secteur résiste à cette crise, ce ne sera pas grâce à l’establishment, mais grâce aux énormes sacrifices du personnel, y compris les travailleuses et travailleurs qui nettoient et désinfectent les hôpitaux et autres établissements de soins.

    Le droit à l’avortement sous pression

    En luttant contre cette pandémie, le secteur n’est pas capable d’assurer différents services comme en temps normal. Tous les soins non essentiels et non urgents sont reportés. Certains États américains utilisent la situation pour inclure l’avortement dans les soins non essentiels. Il est évident qu’il faut s’opposer à cela ! Il faut faire pression immédiatement, comme l’ont fait les organisations de femmes brésiliennes en mai dernier, lorsque le gouverneur de São Paulo a décrété la fermeture d’un des rares hôpitaux qui pratiquent des avortements dans les cas où la loi le permet – quelques jours plus tard seulement, il a rouvert.

    Les femmes qui souhaitent avorter tôt dans la grossesse devraient pouvoir obtenir des ordonnances pour des pilules abortives par un simple appel téléphonique ou en ligne. Les avortements tardifs devraient être inclus dans les soins urgents. De la même manière, les femmes sous traitement de fertilité devraient pouvoir les conserver.

    Au Royaume-Uni, ces droits sont refusés, tout à fait inutilement. En fait, en Irlande, des mesures ont été prises pour permettre l’accès aux pilules abortives par téléphone, en raison de la pression exercée par la base, ce qui montre que cela pourrait être le cas en temps “normal”. Nous devrions exiger que cela continue après que la pandémie se soit calmée !

    Les mesures de protection mises en place dans les hôpitaux conduisent à une situation où les femmes doivent accoucher seules, leur partenaire n’étant pas autorisé à entrer. Au même moment, les patients âgés meurent seuls dans les maisons de repos et dans leurs maisons car aucun visiteur n’est autorisé. Seul l’accès au dépistage pourrait contribuer à prévenir ces expériences traumatisantes. Dans la situation actuelle où les tests sont souvent confiés à des laboratoires privés, les personnes prioritaires ne sont pas celles qui en ont le plus besoin, mais celles qui ont les moyens de les payer !

    Dans de nombreux pays, les personnes âgées infectées par le virus ne sont même pas amenées à l’hôpital car il y a peu d’espoir qu’elles survivent et les hôpitaux se remplissent. Le fait que la société soit obligée de porter un jugement aussi brutal et inhumain est une mise en accusation du capitalisme en soi !

    Les “soldats” qui maintiennent la société à flot en ces temps difficiles ne sont pas seulement les travailleuses et travailleurs de la santé : distribution alimentaire, nettoyage sur les lieux de travail essentiels, transports publics, travail social,… sont tous jetés au travail, avec souvent une charge de travail accrue, des double shifts,… Les mesures adoptées pour les protéger contre l’infection n’ont généralement pas été prises par les autorités ou les patrons, mais ont dû être imposées d’en bas par les syndicats et les travailleurs.

    Une fois que le premier pic de la pandémie sera derrière nous et que les gouvernements passeront de l’injection massive de fonds à la présentation de la facture à la majorité de la population, nous devrons intensifier la lutte pour obtenir davantage de moyens publics dans le secteur des soins de santé et pour des contrats stables et décents et un salaire minimum afin d’éradiquer les bas salaires et nous débarrasser de la logique néolibérale selon laquelle les seuls emplois qui valent des salaires décents sont ceux qui produisent des profits pour les super-riches.

    La surreprésentation des travailleuses sous contrat précaire fera perdre leur emploi à beaucoup d’entre elles

    Une lutte est en cours sur les lieux de travail qui ne sont pas essentiels pour combattre cette crise. Les travailleuses et travailleurs ne sont pas prêts à prendre le risque d’être infectés ou d’infecter leur famille afin de maintenir les profits. Elles et ils exigent donc des régimes de chômage technique. Mais dans de nombreux secteurs fermés – des secteurs fortement féminisés comme l’hôtellerie, les magasins non alimentaires,… – il n’y a pas de contrats stables et elles et ils ont été mis au chômage. Dans le meilleur des cas, cela implique de se tourner vers des régimes de sécurité sociale et d’assistance sociale qui ont été vidés par des décennies de sous-investissement et d’austérité brutale à la suite de la crise financière et économique de 2008.

    Dans des pays comme la Belgique, les allocations sociales, dont le chômage, sont souvent en dessous du seuil de pauvreté, surtout lorsqu’il s’agit d’une conjointe ou d’un conjoint vivant avec un partenaire salarié. Partout dans le monde, les femmes ont été les principales victimes de la chasse aux chômeurs et elles n’ont droit à aucune allocation ou alors seulement à une somme dérisoire. Cette attaque massive contre les revenus des familles de la classe ouvrière les a également rendues plus dépendantes de leur partenaire, quand elles en ont un. Les familles monoparentales (soit 22 % des familles avec enfants aux Pays-Bas) sont condamnées à la pauvreté en raison d’une combinaison de bas salaires et de faibles allocations sociales d’une part et de loyers élevés d’autre part. Les femmes sont très majoritairement à la tête de familles monoparentales (90 % en Grande-Bretagne, par exemple).

    Comme la crise du covid 19 a conduit à la crise économique au développement le plus rapide de tous les temps, nombre d’entre elles ne trouveront pas de nouveaux emplois car un nombre important des entreprises fermées, surtout les petites entreprises, feront faillite dans les mois à venir.

    Le travail à domicile en présence des enfants introduit le concept de “burnout parental”.

    Avec un recours massif au télétravail pour ceux qui en sont capables, de nombreux travailleurs, principalement des femmes, sont maintenant confrontés à l’obligation de travailler à domicile en présence de leurs enfants. En temps normal, les femmes doivent faire face à leur travail domestique après leur travail salarié : aller chercher les enfants à l’école, faire les courses, préparer la nourriture, laver, aider les enfants à faire leurs devoirs,… Aujourd’hui, de nombreux parents de jeunes enfants sont obligés d’effectuer leurs heures de travail salariées en même temps que les longues journées à s’occuper de leurs enfants. Comme l’a rapporté dans la presse une mère belge de deux enfants en bas âge : “Je mets le réveil à 4 heures du matin pour pouvoir travailler”. Les blogs montrent que de nombreuses femmes sont sous pression et ont le sentiment de ne plus pouvoir faire quoi que ce soit de bien : elles ne sont pas performantes dans leur travail et ont en même temps le sentiment d’être de mauvaises mères.

    Selon les chiffres du Forum économique mondial, en temps normal, les femmes assurent 76,2 % des soins et services non rémunérés au sein de la famille. Cela s’inscrit dans une tradition introduite il y a des siècles: l’oppression des femmes a commencé par les premières sociétés de classe dans l’Antiquité, qui les ont poussées hors de la sphère productive, les ont mises sous contrôle et les ont rendues dépendantes du chef de famille masculin.

    Mais la société capitaliste a adapté l’oppression des femmes et le sexisme institutionnalisé à ses propres besoins. Elle renforce celle-ci au quotidien dans tous les domaines de la vie. Avec le manque de services abordables et de qualité qui permettent aux femmes travailleuses de combiner travail et famille. Avec les bas salaires des femmes qui entrainent qu’il soit logique que, dans un couple, ce soit à la femme de mettre sa carrière sur pause lorsque l’éducation des enfants exige qu’un parent soit plus présent à la maison. La tradition et la réalité matérielle se mélangent pour maintenir les femmes dans la position du travail non rémunéré au sein des familles.

    La fermeture des écoles dans de nombreux pays a maintenant énormément augmenté le nombre d’heures consacrées à cette partie de la double journée de travail des femmes. Les syndicats doivent faire pression dès maintenant pour remettre en question l’idée que les travailleurs peuvent simultanément effectuer leurs heures de travail normales tout en ayant la charge de leurs enfants à plein temps. Dans un premier temps, il convient de réduire leur temps de travail en leur accordant un certain nombre de jours gratuits par semaine sans perte de salaire (en évitant de diminuer le temps de vacance normal), et en réduisant la productivité qu’on attend d’eux. À plus long terme, cette prise de conscience accrue de la charge parentale devrait être mise à profit pour lutter pour le droit des parents d’être à la maison sans perte de salaire lorsque leurs enfants sont malades ou ne peuvent pas aller à l’école ou à la garderie, et pour les installations récréatives publiques pour les enfants et les jeunes pendant les vacances scolaires d’été.

    Le fait que l’éducation soit l’un des secteurs de la société qui a été ravagé par l’austérité, avec des records de sous-effectifs battus année après année, fait qu’il est difficile de mettre en place des systèmes de scolarisation à domicile qui ne demandent pas aux parents d’aider leurs enfants, même si les moyens technologiques pour le faire sont bien plus présents qu’ils ne l’ont jamais été. Dans le secteur de l’enseignement très féminisé, une majorité d’enseignants se retrouvent à la maison avec leurs enfants et ne peuvent se concentrer sur le développement de méthodes pour la période du confinement.

    Les enseignants tirent maintenant la sonnette d’alarme pour les groupes massifs d’élèves et d’étudiants qui sont laissés pour compte, les plus pauvres d’entre eux n’ayant pas les outils nécessaires – ordinateurs, connexion internet,… – pour suivre et/ou n’ayant pas de parents capables de les aider en raison de leurs horaires de travail ou du fait qu’ils ont un niveau bas d’éducation et/ou qu’ils ont une autre langue que celle de l’école. Alors que dans les années 1960 et 1970, la démocratisation de l’éducation dans les pays capitalistes avancés a permis à de nombreux jeunes de la classe ouvrière d’obtenir des qualifications supérieures à celles de la génération de leurs parents, le système d’éducation limité d’aujourd’hui n’obtient pas de tels résultats, mettant davantage l’accent sur les différences sociales que sur la nécessité de les surmonter. Cette crise ne fera qu’empirer les choses.

    Dans de nombreux pays, alors que les classes sont supprimées, les écoles restent ouvertes aux enfants des travailleuses et travailleurs essentiels. Mais de nombreuses familles refusent d’y placer leurs enfants en raison de l’insécurité massive due à l’absence de tests de dépistage. Les écoles devront rouvrir à un moment donné, mais il faut résister la réouverture des écoles par des gouvernements de droite « sous prétexte économique » et dans l’intérêt des entreprises. Il ne peut être question de réouverture que si cela peut se produire dans des conditions de sécurité, avec un dépistage massif et répété et avec des moyens de protection contre l’infection tant pour le personnel que pour les élèves. Un plan de réouverture devrait être élaboré avec les représentants du personnel, les syndicats, les organisations de parents et les élèves : ce sont eux qui peuvent gérer la situation dans les intérêts de la société en pas pour garantir les profits des entreprises.

    Tant qu’ils ne rouvrent pas, un “épuisement parental” généralisé se développe, les parents épuisés effectuant des semaines entières au-dessus de leurs possibilités. La Ligue des familles en Belgique écrit : “si cette situation perdure, de nombreux parents vont craquer et il est préférable d’assurer immédiatement un certain nombre de jours libres à prendre en alternance par les parents quand c’est possible, plutôt que d’être confronté à une série de burnouts dans quelques semaines (…) avec des parents risquant l’épuisement professionnel comme parental”. (20 mars, Le Ligueur)

    Outre les risques pour la santé mentale des parents, les institutions de protection de l’enfance craignent une aggravation des tensions dans de nombreuses familles, mettant ainsi les enfants en danger. Pour les familles qui ont déjà été suivies par les services sociaux en raison de situations problématiques, beaucoup de ces services ont fermé ou doivent travailler dans des conditions très difficiles. Nous voyons également les premiers rapports de tensions croissantes venant de jeunes LGBTQI+ maintenant confinés chez leurs parents qui ne les acceptent pas.

    La situation n’est pas meilleure pour les parents qui travaillent dans des secteurs qui sont encore ouverts. Non seulement dans le secteur de la santé, mais aussi, par exemple, dans le secteur de la distribution alimentaire ou dans les services de nettoyage, les travailleurs sont aujourd’hui en double shift, et doivent encore accomplir leurs tâches domestiques avec des enfants qui ont été à l’école, mais sans avoir suivi de cours et ayant besoin d’attention.

    La violence domestique atteint un pic quand les femmes sont confinées avec leurs agresseurs

    Déjà avant le déclenchement de la crise, China Worker a fait état d’une enquête menée par la Fédération des femmes de Chine, contrôlée par le régime, qui a révélé que 24,7 % des femmes mariées âgées de 24 à 60 ans subissaient des violences conjugales de la part de leur conjoint. “Moins de 4 % des plaintes pour violence domestique ont été retenues et les moins de 20 % de ces victimes ont réussi à obtenir une demande d’ordonnance de restriction”.

    L’isolement à la maison signifie maintenant qu’elles sont enfermées avec leurs agresseurs. “Les ONG ont signalé une augmentation de la violence domestique. Mme Cao, une femme battue par son petit ami dans la ville de Shenzhen, au sud du pays, a téléchargé à Weibo sa conversation avec un médiateur de la police après qu’il l’ait exhortée à abandonner l’affaire : “Il a un bon travail”, dit-on. “Voulez-vous vraiment le ruiner ?”, selon The Economist (7 mars 2020). Les protestations de toutes sortes sont lourdement réprimées par la dictature, mais les Chinoises fulminent massivement en ligne.

    Pour ne citer qu’un exemple, l’ONG Blue Sky, qui lutte contre la violence domestique dans le comté de Lijian à Hubei, a reçu un total de 175 rapports de violence domestique en février, soit trois fois plus que le nombre de plaintes reçues en février 2019. Les restrictions de voyage rendent encore plus difficile qu’en temps normal d’échapper à leurs agresseurs. Les tribunaux, les services de conseil et les services juridiques sont devenus largement inaccessibles et si les victimes peuvent déposer des plaintes pour violence domestique en ligne, celles qui ne sont pas familiarisées avec l’internet sont désavantagées. L’aide aux victimes étant largement laissée aux ONG, ces organisations s’inquiètent du fait que puisque la crise actuelle est suivie d’une crise économique qui a déjà commencé, il sera difficile d’obtenir les fonds nécessaires pour aider les victimes à s’en sortir.

    La situation n’est pas différente dans les autres pays confrontés à la pandémie. Aux États-Unis, la ligne d’assistance téléphonique nationale contre la violence domestique a reçu un nombre croissant d’appels de victimes avant même l’adoption des mesures de confinement. Katie Ray-Jones, PDG de la ligne d’assistance, a rapporté dans le magazine Time que les agresseurs utilisent l’épidémie de virus pour isoler leurs victimes encore plus que d’habitude. Dans l’État brésilien de Rio de Janeiro, les services judiciaires ont signalé le 24 mars qu’ils avaient enregistré une augmentation de 50 % des rapports de violence domestique. Dans un pays qui a déjà un taux très élevé de violence domestique, 33,46% selon l’OCDE, c’est une augmentation très alarmante.

    En Espagne, qui a connu des mouvements massifs et des grèves contre la violence sexiste, les organisations de femmes et les institutions qui s’occupent du problème de la violence domestique sont extrêmement inquiètes. La pression exercée par les mouvements de ces dernières années a conduit le gouvernement des îles Canaries à lancer une campagne d’aide aux victimes, appelée Mascarilla-19. Les refuges restent ouverts, mais il est encore plus difficile, dans la situation actuelle, d’entrer en contact avec les victimes. Mascarilla-19 est un code que les victimes peuvent utiliser lorsqu’elles se rendent à la pharmacie : vous le demandez et laissez votre adresse pour que les pharmaciens puissent contacter les services d’aide. Dans toute l’Espagne, les tribunaux resteront ouverts et traiteront en priorité les signalements de violence domestique.

    Différents rapports provenant de plusieurs pays montrent que les refuges pour femmes, dans la plupart des pays, basés sur des ONG plutôt que sur des institutions publiques, étaient généralement déjà pleins avant que cette épidémie n’ait lieu. En Belgique, des listes d’attente existent même dans des situations normales, ce qui signifie qu’il peut s’écouler des semaines, voire des mois, avant qu’une place ne soit libérée. Non seulement ces refuges sont pleins, mais en plus, partout dans le monde, ils représentent d’énormes défis à pour maintenir une distanciation sociale et les sécuriser.

    Alors que dans certains pays, les rapports ont augmenté, comme aux États-Unis avant les mesures de fermeture, dans de nombreux pays, ils ont en fait diminué. De nombreuses ONG françaises qui aident les victimes de violence domestique signalent que ce n’est pas parce que le problème a diminué, mais parce que leurs agresseurs sont à la maison jour et nuit, ce qui rend extrêmement difficile aux victimes de demander de l’aide car, en temps normal, les victimes appellent généralement les services lorsque leurs agresseurs sont partis travailler. Solfa, une association de femmes de Lille, en France, a rapporté dans Le Monde (25 mars) qu’elles “n’osent pas téléphoner aux femmes que nous suivons habituellement par peur de prendre le risque de les dénoncer”, maintenant que leurs agresseurs peuvent être à la maison à tout moment. Les associations féministes en France demandent que l’on mette d’urgence des hôtels et d’autres établissements à disposition pour aider les victimes.

    Il faudra faire pression pour que des mesures d’urgence soient prises pour faire face à cette crise dans la crise. Le stress et l’insécurité énormes dans lesquels se trouvent un grand nombre de personnes ne vont pas seulement aggraver la situation des femmes et des enfants dans les relations abusives déjà existantes, mais risquent de créer des problèmes dans des relations qui n’étaient pas abusives auparavant.

    Qui va payer la crise ? Préparons-nous à nous battre !

    Hier, les infirmières et autres personnels du secteur de la santé, les travailleuses et travailleurs du secteur de la distribution, du nettoyage,… étaient des travailleurs dépréciés, confrontés à une lourde charge de travail en étant obligés, année après année, de faire plus à moins. Ces “secteurs féminins” traditionnels sont tous sous-payés et confrontés à des contrats précaires car ceux-ci sont beaucoup moins rentables que les secteurs industriels où les hommes représentent encore la majorité de la main-d’œuvre. Aujourd’hui, le personnel de ces « secteurs féminins » font partie des héros de la nation face à cette crise sanitaire massive. Les politiciens qui applaudissent aujourd’hui hypocritement les travailleuses et travailleurs de la santé seront demain, après le premier pic du virus, confrontés aux revendications des travailleurs pour un salaire et des conditions de travail décents, pour plus de personnel et pour un investissement public massif dans les soins de santé.

    Cependant, l’injection massive d’argent dans l’économie pour empêcher l’effondrement total qui a maintenant commencé partout dans le monde vise principalement à maintenir l’économie en marche plutôt qu’à renforcer le tissu social indispensable que ces secteurs fournissent. Une fois le premier pic passé, les plans de relance auront porté la dette de l’État à des niveaux nouveaux et sans précédent. La crise économique est déjà plus profonde que celle de 2008, elle ressemblera plutôt à la dépression économique des années 1930. Alors que partout, les travailleurs, et en particulier ceux des services publics et des soins de santé, continuent de payer le prix de la crise de 2008 et de la dure austérité qui a suivi.

    L’establishment capitaliste va présenter la facture de cette nouvelle crise à la classe ouvrière et aux couches les plus pauvres de la population. Dans de nombreux États, les gouvernements ont obtenu des pouvoirs spéciaux, des mesures restrictives spéciales ont été introduites pour imposer une distanciation sociale, notamment l’interdiction d’actions, de manifestations et de grèves. Nous devrons combattre ces restrictions lorsqu’elles seront utilisées non pas pour contenir la propagation du virus, mais pour contenir les protestations et la colère qui se développent contre leurs nouveaux plans d’austérité.

    Les travailleurs des secteurs très féminisés de la santé, de l’éducation, du commerce de détail,… ont été au premier plan des luttes de la classe ouvrière contre l’austérité qui a suivi la crise de 2008, le mouvement des femmes a été au premier plan d’une lutte généralisée contre le néolibéralisme et les politiques asociales dans de nombreux pays d’Amérique latine, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord,… La lutte « covid-19 » va reléguer ces luttes au second plan, car les gens ordinaires doivent maintenant réorganiser leur vie pour lutter contre la propagation du virus. Mais ils reviendront en force une fois que la première période de chaos sera terminée.

    Les féministes socialistes doivent s’organiser pour défendre les revendications des travailleuses qui réclament des investissements massifs dans ces emplois non rentables mais absolument indispensables. Le message doit être clair : le travail de soins ne peut être commercialisé ni mis au régime sans perdre beaucoup de son efficacité pour les larges couches de la population ! Nous devons proposer des revendications et des stratégies de lutte sur base de cette nouvelle conscience du rôle du travail des femmes – rémunéré ou non – sur les lieux de travail, dans la famille et dans les communautés, car tous les rapports montrent que dans les nombreux groupes d’aide spontanée qui se mettent en place, les femmes en constituent la majorité. Nous devons aider à faire mieux comprendre la situation de double oppression (en tant que femmes et en tant que travailleuses) et de violence à laquelle les travailleuses sont soumises sous le capitalisme.

    Les partis capitalistes et leurs figures publiques féministes n’auront pas de réponses, car le renforcement et la valorisation du travail des femmes réduiraient les profits de la minuscule minorité de milliardaires qu’ils défendent et représentent.

    Seul un monde où les besoins de la population sont assurés par un effort collectif sera en mesure de faire face efficacement à de telles crises sanitaires. Et seule une telle société est en mesure d’émanciper la majorité des femmes. Ce ne peut être qu’une société socialiste, où la classe ouvrière unit toutes les couches opprimées au sein d’une lutte pour prendre le contrôle de la société des mains de la classe des milliardaires afin de pouvoir utiliser la production mondiale pour satisfaire les besoins du monde. Voilà le monde pour lequel nous nous battons : aujourd’hui souvent isolés dans nos maisons, demain de retour dans les rues !

  • Protection maximale des travailleurs, qu’ils soient au travail, à la maison ou au chômage temporaire

    Travailleuses et travailleurs confinés

    En conséquence de la gravité de l’épidémie et de l’impact désastreux de la politique néolibérale sur les soins de santé, le respect des mesures de confinement s’impose. Cela nécessite de nombreux sacrifices, tout particulièrement de la part des familles les plus pauvres. Mais ces précautions sont mises en péril parce que les patrons et les gouvernements veulent que les affaires continuent, alors que le personnel de santé supplie que nous respections un confinement strict. C’est une décision scandaleuse.

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    Les activités non-essentielles sont toujours autorisées, tant qu’une distanciation sociale est assurée sur le lieu de travail. En de nombreux endroits, il a fallu l’entrée en action des travailleurs pour imposer le respect de cette mesure pourtant largement insuffisante. Une liste de secteurs essentiels a été établie par le gouvernement fédéral, en respectant les volontés du patronat pour qui cette liste devait être la plus large possible, jusqu’à inclure l’activité de la multinationale brassicole InBev ! D’autre part, sous le prétexte de l’activité effectivement indispensable de certaines entreprises d’un secteur (une entreprise qui produit des blouses médicales par exemple), c’est la totalité de celui-ci qui est déclaré crucial. Non seulement les activités non-essentielles représentent un risque de contagion mais, de plus, certaines entreprises non-essentielles utilisent du matériel qui fait défaut à l’effort hospitalier, dans la chimie par exemple.

    Le mouvement des travailleurs et les représentants élus des travailleurs dans les Comités pour la prévention et la protection au travail (CPPT) doivent prendre l’initiative et constituer le noyau de comités anti-crise pour évaluer la pertinence ou non de maintenir l’activité de leur entreprise. Des CPPT doivent être instaurés dans toutes les entreprises à partir à partir de 20 travailleurs, faute de quoi l’entreprise devrait être saisie par les autorités et placée sous contrôle et gestion démocratique des travailleurs.

    Ces comités doivent notamment avoir à charge d’établir un plan visant à déterminer quels sont les lieux de travail, entreprises ou secteurs essentiels, quels travailleurs peuvent être déployés à cette fin, et comment fermer dans les plus brefs délais les entreprises non-essentielles encore en activité. Ces comités devraient également permettre d’assurer que tout le matériel de prévention (masques, désinfectants,…) aille en priorité vers le secteur des soins et les autres secteurs essentiels (nettoyage, transport, chaîne alimentaire, ramassage des déchets, etc.). Les personnes qui travaillent dans une entreprise non essentielle devraient également pouvoir temporairement aider le secteur des soins et les entreprises essentielles.

    Toute personne contrainte à ne pas travailler doit être protégée des soucis financiers. Les loyers, les hypothèques ou le coût de la vie ne vont pas diminuer. Et même si le paiement de certaines choses va être différé (les loyers par exemple), ce n’est qu’une solution à court terme. Il faut garantir le maintien du revenu durant toute la durée de la crise et au-delà. L’augmentation de l’allocation de chômage temporaire de 65 % à 70 % du salaire est un premier pas, mais c’est insuffisant. Le salaire doit être garanti à 100%, avec assistance des autorités publiques uniquement sur base de besoins prouvés, y compris dans le cas de faux-statuts d’indépendants.

    Le travail intérimaire et les flexi-jobs se sont largement développés ces dernières années. Il faut mettre fin au travail précaire et assurer à chacune et chacun des contrats de travail décents, avec CDI et salaire horaire d’au moins 14 euros de l’heure. Lorsque cela n’est pas possible, une allocation de chômage inconditionnelle doit être assurée, avec un montant qui dépasse le seuil de pauvreté, en tant que première étape vers une allocation qui permet de réellement vivre dignement.

    Travailleuses et travailleurs en activité

    Celles et ceux qui travaillent devraient avoir librement accès aux mesures de protection telles que les masques de protection. Dans de nombreux secteurs qui s’avèrent aujourd’hui essentiels, les salaires sont très bas. Y augmenter les salaires est donc une priorité. Les promesses de primes uniques, souvent sans versement de cotisations à la sécurité sociale, ne devraient pas remplacer ces augmentations. Mais l’augmentation de la charge de travail dans les supermarchés, par exemple, devrait s’accompagner d’une prime de risque. Afin d’éviter que les travailleurs malades ne continuent à travailler pour des raisons financières, cette prime doit être entièrement convertie en une indemnité de maladie. La réduction du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires doit permettre d’éviter l’épuisement rapide d’un personnel indispensable face à une crise de longue durée, mais aussi permettre une meilleure organisation de la garde d’enfants suite à la suspension des cours, par exemple. Sur ces lieux de travail, des comités de crise organisés démocratiquement doivent être mis en place en reposant sur les CPPT.

    Le personnel des secteurs essentiels devrait bénéficier d’une protection suffisante offerte gratuitement. Le contrôle de cette situation ne doit pas être laissé aux politiciens, aux patrons ou aux conseils d’administration. Ce sont les travailleurs eux-mêmes qui savent le mieux ce qu’il faut faire.

    Nous exigeons :

    • L’arrêt de toutes les activités économiques non-essentielles (hors des soins de santé, du nettoyage, des transports, de la chaîne alimentaire, du ramassage des déchets, etc.).
    • A travail essentiel, salaire essentiel et conditions de travail décentes. Stop aux statuts précaires : un emploi = un contrat à temps plein. Introduction d’un salaire minimum de 14 euros/heure.
    • Le personnel des secteurs clés doit être correctement rémunéré. Une prime de risque pour le personnel des supermarchés, entre autres, peut être envisagée, à condition qu’elle ne remplace pas des augmentations de salaire qui ne soient pas limités à cette crise.
    • L’indemnisation des pertes subies par les travailleurs en raison de l’annulation de vacances, de concerts, ou d’autres activités, sauf sur base de besoins prouvés.
    • Le versement de la totalité du salaire aux travailleurs par les entreprises sans aide de l’Etat, sauf sur base de besoins prouvés.
    • L’indemnisation sur base de besoins prouvés des petites entreprises et des indépendants qui se retrouvent en difficulté à cause de la crise.
    • En attendant le maintien des salaires et la nationalisation du secteur de l’énergie, l’annulation temporaire des factures d’énergie, des loyers et des hypothèques pour les personnes en difficulté.
    • Le contrôle des prix par des comités de crise dans le secteur de la distribution et par la communauté en général afin de lutter contre la spéculation.
    • La suppression des statuts précaires : un emploi = 1 CDI à plein temps!
    • Le relèvement des allocations sociales au-delà du seuil de pauvreté (estimé à 1 198,6 euros pour une personne isolée en 2018), comme première étape vers des allocations qui permettent de réellement vivre dignement.
    • L’arrêt de la chasse aux chômeurs et la suppression du stage d’attente !
    • L’instauration du salaire minimum de 14 euros/h.
    • L’instauration d’une pension minimum de 1500€ net.
    • La réduction collective du temps de travail avec embauches compensatoires et sans perte de salaire vers les 30h/semaine.
    • L’instauration de comités de crise organisés et gérés démocratiquement composés d’experts sanitaires, de représentants de collectivité locale et des travailleurs pour déterminer quelles sont les activités essentielles et en superviser le fonctionnement.
    • L’expropriation et la nationalisation sous contrôle et gestion des travailleurs et de la collectivité des entreprises qui tentent de se déroger à leurs obligations envers leur personnel, par exemple en poussant ce dernier à prendre ses congés durant la crise ou en mettant en place leur propre comité anti-crise.
    • L’expropriation et la nationalisation sous contrôle et gestion des travailleurs et de la collectivité des entreprises qui procèdent à des licenciements collectifs.
  • Une recherche scientifique libérée de la soif de profits

    C’est au biologiste américain Jonas Edward Salk que l’on doit l’invention du premier vaccin contre la poliomyélite. Salk n’a jamais breveté son vaccin afin d’en permettre une plus large diffusion. Lorsqu’il lui a été demandé en interview qui détenait le brevet, il a répondu : ‘‘Eh bien, au peuple je dirais. Il n’y a pas de brevet. Pourrait-on breveter le soleil ?’’

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    Ces considérations sont aux antipodes de l’approche des multinationales pharmaceutiques que se sont lancées dans la course au médicament du coronavirus dans le but de s’approprier la poule aux œufs d’or avant la concurrence. Entre 2000 et 2018, 35 géants pharmaceutiques ont réalisé ensemble un bénéfice net de 1.900 milliards de dollars dans le monde ! Le groupe pharmaceutique américain Gilead Sciences a ainsi vu ses actions augmenter de 22% (l’équivalent de 12 milliards de dollars) dans les premiers temps de la crise mondiale du coronavirus puisqu’il semblerait qu’un de ses produits initialement développé contre l’Ebola, le remdesivir, pourrait traiter des symptômes du Covid-19. Les motivations du groupe pharmaceutique ne sont pas un mystère : il n’hésite pas à faire payer jusqu’à 2.000 dollars un mois de traitement contre le VIH aux Etats-Unis. Même en temps de pandémie, les entreprises ne renoncent pas à la recherche de profit.

    Aujourd’hui, la recherche scientifique dans le domaine pharmaceutique est à la croisée des chemins. Morcelée entre public et privé, elle est prise en étau par la logique d’austérité et de profit. Les conséquences du sous-financement dans le public et l’obligation de résultat exploitable dans le privé entravent fortement le potentiel existant, de même que la logique de concurrence à tous les niveaux. Si l’on veut connaître des bonds dans la connaissance fondamentale et appliquée pharmaceutique, nous n’avons pas d’autre choix que de libérer la recherche scientifique. Le séquençage de l’entièreté du génome humain au début des années 2000 n’a pas tenu les promesses affichées en termes de molécules innovantes. Aujourd’hui, seule la coopération et la mise en commun des différents travaux des équipes de recherches peut faire avancer la science.

    En Belgique, il est totalement scandaleux que l’une des plus grandes entreprises pharmaceutiques du pays, GSK, ait annoncé au début de l’année une restructuration qui pourrait coûter plus d’un millier d’emplois ! Cela illustre à quel point il est problématique de laisser ce secteur vital être la proie de l’avidité des grands actionnaires. Notre santé compte moins que leurs dividendes.

    L’ensemble du secteur doit être aux mains du public afin que les travailleurs et la population dans son ensemble puissent décider démocratiquement de de ce qui est produit et de quelle manière. Cela permettra de réduire les prix, d’éliminer les pénuries de médicaments et de rassembler les efforts pour développer de nouveaux vaccins. Il s’agit d’une nécessité car le COVID-19 ne sera pas la dernière pandémie dans ce contexte de destruction des écosystèmes favorable à leur développement.

    Nous exigeons :

    • Un financement public massif de la recherche scientifique.
    • L’abrogation des brevets.
    • Un soutien clair aux initiatives de partage d’informations et d’organisation de la coopération scientifique.
    • Que la recherche et le développement ne soient pas détachés de la production et de la distribution des outils de santé tels que le matériel médical, les médicaments et les vaccins.
    • La nationalisation sous contrôle et gestion des travailleurs et de la collectivité du secteur pharmaceutique et bio-médical.
  • Refinancement massif d’urgence des soins de santé

    L’importance des soins de santé n’a jamais été aussi évidente aux yeux de larges couches de la population. Ce soutien doit être saisi pour exiger des investissements massifs pour un service de santé efficace qui ne peut pas gérés comme une entreprise dans un but de profit.

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    Depuis plus de trente ans, les gouvernements ont limité les budgets des soins de santé, empêché des étudiants en médecine ayant réussi leurs études d’exercer via le numérus clausus, limité le nombre de lits des services hospitaliers, sous payé l’ensemble du personnel tant médical que para-médical ou technique,… Avec l’argument d’équilibrer les budgets. La situation budgétaire des soins de santé est telle que l’hôpital Saint-Pierre à Bruxelles a lancé un appel aux dons pour être en mesure de disposer d’une dizaine de respirateurs supplémentaires ! La politique néolibérale a donc contraint nos hôpitaux à faire la manche au tout début de cette crise sanitaire.

    Les conditions de travail ont été rendues telles qu’une grande partie des infirmières et infirmiers ne pratiquent réellement ce métier que durant une période de 5 à 10 ans. Tout juste avant le début de la crise du coronavirus, le Centre fédéral d’Expertise des Soins de santé (KCE) et la KU Leuven ont rendu publique une étude qui constatait qu’une infirmière ou infirmier sur quatre n’est pas satisfait de son travail, que 36% sont menacés d’épuisement professionnel et que 10% envisagent de quitter la profession. Selon cette même étude, la pénurie de personnel qui en découle assure qu’une infirmière ou un infirmier d’un hôpital belge s’occupe en moyenne de 9,4 patients, alors que l’on admet généralement, à l’échelon international, que la sécurité du patient n’est plus assurée au-delà de 8 patients par infirmier.

    Ensuite, la marchandisation du secteur a poussé les directions hospitalières à externaliser et précariser des services essentiels au bon fonctionnement de la structure hospitalière alors qu’aujourd’hui, plus que jamais, un personnel logistique, administratif et hôtelier en nombre, formé, motivé est nécessaire.

    Nous avons besoin d’un système public de soins de santé qui dispose de suffisamment de moyens pour coordonner les différents niveaux des soins de santé, jusqu’aux maisons médicales de quartier, et qui intègre également les soins à domicile. Ce système doit également intégrer les soins de santé mentaux pour faire face non seulement à l’explosion récente des burnouts et épuisements professionnels, mais également aux multiples problèmes psychologiques qui vont découler du confinement et du travail intensif réalisé dans les entreprises en activité.

    Nous exigeons :

    • L’arrêt immédiat de toutes mesures d’économies dans le secteur de la santé.
    • Un refinancement massif du secteur pour faire face à cette crise et dans l’objectif de permettre à chacune et chacun de bénéficier d’un accès à des soins de santé gratuits et de qualité, en commençant par les victimes actuelles du coronavirus.
    • Que les emplois dans le secteur des soins de santé soient plus attractifs : pas de prime unique, mais une augmentation de salaire pour le personnel et l’augmentation des salaires les plus bas jusqu’à au moins 14 euros de l’heure.
    • L’instauration générale de la semaine des 30 heures et la réduction collective du temps de travail, sans perte de salaire et avec embauches compensatoires, y compris pour le personnel en télétravail.
    • Une embauche massive de personnel supplémentaire et la réintégration des services externalisés au sein de l’ensemble du secteur de la santé, avec de bons contrats de travail et de bonnes conditions de salaire.
    • Le développement d’un service public national de soins de santé sous contrôle et gestion des travailleurs du secteur et de la collectivité.
  • Une factrice retraitée : “Les facteurs sont mes héros !’’

    Le coronavirus restera dans la mémoire de chaque facteur. En tant que factrice à la retraite, je tiens à dire : Chapeau à tous les facteurs qui travaillent ! Nous constatons aujourd’hui que le facteur remplit une fonction essentielle.

    Par Roos, factrice pensionnée

    Tout comme pour les infirmières, les pompiers ou les éboueurs, les postiers n’auront pas ménagé leur peine. Alors que les patrons de Bpost s’inquiètent de leur situation économique et de la panne d’une machine de tri et que les journaux rapportent fièrement que les services de colis fonctionnent mieux qu’à Noël, je m’inquiète pour le personnel. Surtout parce que le travail est effectué avec moins de monde. Parmi les facteurs, les gens tombent aussi malades. Ceux et celles qui travaillent s’inquiètent de rentrer chez eux en toute sécurité et surtout de ne pas être infectés.

    Cette peur est normale. Même moi j’ai peur. Bien sûr, pour celles et ceux de la direction, qui restent derrière leurs bureaux, c’est différent. Ils n’ont pas besoin d’être sur la route tous les jours. Facteurs, n’hésitez pas : quand c’est dangereux, consultez vos délégués syndicaux et s’ils ne font rien, prenez les choses en main vous-même ! Exigez que toutes les normes de sécurité soient garanties : c’est votre sécurité qui est en jeu ! Sinon, pas de service postal !

    Restez en sécurité et, une fois cette crise passée, il faudra réfléchir à la manière dont une profession essentielle comme celle de facteur peut être améliorée avec plus de collègues et de meilleures conditions de travail!

  • Un plan public de dépistage systématique et la sécurisation de l’approvisionnement des hôpitaux

    La meilleure manière de mettre fin à la panique et de permettre à chaque personne de se déplacer en toute sécurité est d’assurer le dépistage systématique de la population. L’efficacité de cette approche a déjà été démontrée dans divers pays, mais pour que ce potentiel soit pleinement saisi, il faut en planifier l’application à une échelle globale. Alors que la période où l’on contamine le plus autour de soi est celle qui précède l’apparition des symptômes, même le personnel soignant n’est toujours pas dépisté ! La communauté scientifique a sonné l’alarme pendant deux mois, mais rien n’a été fait pour anticiper des tests massifs en Belgique. Cette négligence est criminelle.

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    L’élaboration d’un plan public de dépistage systématique et à plusieurs reprises s’impose, avec l’isolement des personnes positives et la mise en quarantaine des personnes avec lesquelles elles ont été en contact. Ce plan de dépistage public doit commencer par le personnel toujours en activité : personnel soignant, des maisons de repos, de l’alimentation, travailleurs sociaux en contact avec les sans-abris et les sans-papiers,… Aucun lieu de travail ne doit être remis en activité sans qu’un dépistage soit assuré pour tout le personnel. Dans les écoles, ce dépistage doit être également assuré pour tous les élèves. C’est la seule façon d’éviter la discorde entre ceux qui veulent rouvrir ces écoles dans l’intérêt des enfants (ou parce que la prise en charge à domicile est trop lourde) et ceux qui ne veulent pas le faire par inquiétude légitime.

    Cela exige évidemment de disposer de suffisamment de tests. Pour parvenir à cet objectif, le libre marché et la propriété privée des moyens de production est un obstacle majeur. Des entreprises refusent de divulguer la recette de composants pour des tests, à l’image de la société Roche Diagnostics, afin de préserver leurs profits, même en temps de grave crise sanitaire. Il en va de même pour le gel hydro-alcoolique, les masques, les vêtements de protection, les appareils respirateurs,…

    Des stocks existent pourtant dans différentes entreprises privées du pays, très certainement dans le secteur chimique. D’autre part, la réorientation de l’activité de multiples entreprises est possible pour faire face à la pénurie. Des entreprises comme Safran Aeroboosters (ex-Techspace aéro), la Sonaca et la FN Herstal se sont par exemple mises à la fabrication, limitée, de respirateurs et de pièces de rechange.

    Tout le matériel qui peut servir les efforts du personnel soignant doit être réquisitionné sans délai. De la même manière, les usines dont la production peut être réorientée pour sécuriser l’approvisionnement des hôpitaux doivent être réquisitionnées dans un plan de confection massif de matériel. Nous ne pouvons pas laisser les décisions à ce sujet à la discrétion des patrons. Personne ne sait mieux que les travailleurs quelles sont les ressources disponibles et comment la production peut être adaptée aux besoins d’aujourd’hui. Les représentants du mouvement des travailleurs, les délégations syndicales, doivent être mandatés pour révéler les stocks cachés dans les entreprises et garantir leur réquisition immédiate ! Ceux qui refuseraient de s’y plier devraient être démis de leurs fonctions et poursuivis en justice.

    Sur ce plan, la faillite des autorités est à deux niveaux. Tout d’abord, la politique d’austérité a laissé le pays dans une situation d’impréparation totale et meurtrière. Pensons à ces 6 millions de masques FFP2 détruits en 2019 et dont le stock n’a pas été renouvelé ! Ensuite, les autorités se sont révélées incapables d’assurer la réorganisation de la production pour faire face à l’épidémie. Il ne faut pas y voir de l’incompétence, mais simplement le respect de la logique du marché libre capitaliste.

    Nous exigeons :

    • L’élaboration d’urgence d’un plan public qui assure le dépistage systématique et à plusieurs reprises de toute la population, y compris les sans-abris et les sans-papiers, en commençant par les travailleurs des lieux de travail essentiels encore en activité.
    • La saisie immédiate des réserves de matériels qui font défaut dans la lutte contre le coronavirus, sans achat ni indemnisation à l’exception des cas où l’entreprise démontre, en présentant sa comptabilité, qu’une indemnisation est nécessaire pour éviter la faillite et après approbation des représentants des travailleurs de l’entreprise en question.
    • Les meilleurs outils dont nous disposons pour faire l’état des lieux de ce qui est caché dans les réserves des entreprises, ce sont les ce sont les travailleurs et leurs représentants, les délégations syndicales. Une campagne à cette fin doit être lancée par les organisations syndicales.
    • L’ouverture de la comptabilité des entreprises, en premier lieu à leurs travailleurs ainsi qu’aux experts externes de ces derniers, afin de juger de la pertinence on non d’une indemnisation.
    • La réquisition des usines dont les lignes de production peuvent être réorientées pour fabriquer massivement : masque, gel hydroalcoolique, bouteilles d’oxygènes, masques et cordons respiratoires, etc.
    • L’expropriation et la nationalisation sous contrôle et gestion des travailleurs et de la collectivité des entreprises qui spéculent sur le matériel médical ou qui profitent de la crise pour augmenter leurs prix.
  • Le capitalisme et la grippe espagnole de 1918-1919

    L’hôpital du Camp Funston au Texas. Photo : Wikipédia.

    La “grippe espagnole” de 1918-1919 a tué entre 50 et 100 millions de personnes, soit plus que le nombre de morts de la Première et de la Deuxième Guerre mondiale réunies. Selon l’experte Laura Spinney, la grippe espagnole “a re-sculpté les populations humaines de manière plus radicale que tout ce qui avait été fait depuis la peste noire”.

    Par Keishia Taylor, Socialist Party (Alternative Socialiste Internationale – Irlande)

    Le fléau de la guerre

    L’épidémie de grippe a débuté au printemps 1918 et s’est rapidement propagée à travers l’Europe en raison des mouvements des troupes de la Première Guerre mondiale. Jusqu’à la moitié des soldats britanniques et les trois quarts des soldats français ont été infectés, car elle sévissait parmi les soldats mal nourris, entassés dans des tranchées et des camps militaires aux conditions sanitaires déplorables.

    Avec la mutation du virus, de nouveaux symptômes se sont développés, notamment le bleuissement des personnes par manque d’oxygène et des saignements abondants, le taux de mortalité a grimpé en flèche, en particulier chez les jeunes adultes dans la force de l’âge, comme les soldats. On pense maintenant que cela a été causé par une surstimulation du système immunitaire, une tempête de cytokines, ainsi qu’une infection secondaire comme la pneumonie. Mais les médecins de l’époque étaient déconcertés. Si l’origine du virus est toujours contestée, il est certain que cette pandémie ne se serait pas produite sans le transport des troupes, le détournement des ressources et les dommages causés à la santé des soldats et des civils par la Première Guerre mondiale.

    “Restez calme et continuez”

    Malgré la pandémie la plus dévastatrice de l’histoire qui se déroulait sous leurs yeux, les machines de propagande des pays impérialistes étaient surmenées pour réprimer, nier et minimiser la crise afin de maintenir le moral et l’appétit patriotique pour la guerre et ne rien donner à leurs ennemis. Seule la presse de l’Espagne neutre a rendu compte de l’épidémie, donnant ainsi son nom à la grippe.

    Réprimer la vérité concernant l’ampleur de la pandémie a également été tenté ces dernières semaines, notamment par Trump aux États-Unis et les Tories en Grande-Bretagne, bien qu’avec beaucoup moins de succès en raison de l’accès à l’information et à la communication à l’ère moderne.

    En 1918, à Philadelphie, les responsables de la santé ont approuvé une parade de la liberté à laquelle ont assisté 200.000 personnes, ce qui a entraîné 759 décès une semaine plus tard. Alors que des fosses communes étaient creusées, des écoles fermées et des rassemblements publics interdits, un journal annonçait : “Ce n’est pas une mesure de santé publique. Il n’y a pas lieu de s’alarmer”. Le président américain Woodrow Wilson n’a jamais fait de déclaration publique sur la maladie.

    Arthur Newsholme, le médecin-chef britannique, a décidé que “les besoins incessants de la guerre justifiaient le risque de propagation de l’infection” et a exhorté les gens à “continuer” calmement, un slogan popularisé plus tard par la propagande de la Seconde Guerre mondiale. Pour les gouvernements capitalistes des deux camps, il était primordial de gagner la guerre impérialiste, quel qu’en soit le coût humain. Il n’était pas question de réorienter les ressources vers les soins de santé de la population.

    L’impact de la pandémie

    Lorsque les troupes ont commencé à mourir en grand nombre, de la grippe plutôt que de la guerre, les gouvernements ont commencé à s’en rendre compte, mais les premières mesures de distanciation sociale résultaient principalement de la nécessité. Lorsque les gens tombaient malades, il n’y avait pas assez d’enseignants et d’ouvriers en bonne santé pour maintenir les écoles et les usines ouvertes. Les ouvriers se méfiaient de la propagande de l’État et, en l’absence d’informations, s’isolaient intuitivement pour éviter d’attraper la maladie.

    La guerre a apporté des difficultés et des tragédies à la classe ouvrière, sur le front et au pays, mais la révolution russe d’octobre 1917 a inspiré les travailleurs du monde entier à lutter pour un avenir meilleur. Des soulèvements ont eu lieu dans le monde entier au cours de cette période, dont le plus célèbre est la révolution allemande de 1918-1919. En Irlande (où 15.000 personnes sont mortes de la grippe), nous avons assisté à la grève générale contre la conscription en 1918, à la grève des ingénieurs de Belfast en 1919 et à la « grève soviétique » de Limerick en 1919.

    La guerre et l’inadéquation de la réponse à la pandémie ont démontré que les gouvernements et le système tout entier œuvraient à l’encontre des intérêts de la classe ouvrière. L’exploitation du peuple et des terres en Inde, par exemple, de même que l’incapacité des colons britanniques à fournir un système de santé ont entraîné 17 millions de décès, soit 5 % de la population indienne totale, ce qui a encore alimenté la lutte anticoloniale dans le pays.

    La santé publique

    La dévastation mondiale causée par la grippe espagnole a eu un impact profond sur la conscience des travailleurs à travers le monde. Elle a montré que la santé de la société était une question collective, et non individuelle. Elle a remis en question l’idéologie dominante selon laquelle “les sales qui ne se lavent pas” (comme les ouvriers et les pauvres étaient désignés de façon dégoûtante et péjorative par la classe dirigeante), n’avaient qu’à s’en prendre à eux-mêmes s’ils étaient tombés malades, puisque l’ampleur de la crise a également touché les riches et les officiers.

    Dans les années qui ont suivi, l’idée d’une médecine socialisée, gratuite et accessible à tous, a commencé à faire son chemin. La Russie soviétique a été la première à développer des soins de santé publics centralisés, suivie par d’autres pays européens, ce qui a conduit à la création d’un système de santé universel complet, le NHS, établi plus tard en Grande-Bretagne après la Seconde Guerre mondiale. En 1924, le gouvernement soviétique a développé une approche qui considérait les conditions de vie et de travail ainsi que les conditions sociales comme des facteurs clés de la santé, devançant une fois de plus les pays capitalistes. Les soins de santé universels constituaient un énorme bond en avant pour les travailleurs et les gens ordinaires, qui n’avaient plus à payer de médecins indépendants, à s’en remettre à des ordres religieux ou à se priver de soins. Mais là où ces gains ont été obtenus, ils ont été largement sapés au cours des dernières décennies par les réductions budgétaires néolibérales et la privatisation, nous laissant sans préparation pour la pandémie actuelle.

    Toutes les avancées médicales des cent dernières années ne peuvent pas surmonter le sous-financement chronique et le manque de personnel du système de santé publique. L’idéologie capitaliste, et les principaux partis capitalistes de chaque pays, sont fondamentalement opposés à l’idée de la gratuité des soins de santé pour tous, et ils ne la fourniront jamais. Seul un véritable système de santé socialisé, appartenant à l’État et planifié et contrôlé démocratiquement par les travailleurs médicaux et les patients, sera en mesure de fournir le type de soins de santé nécessaires pour résister à ce type de crise.

  • Le capitalisme s’écroule sous l’impact de la pandémie de COVID-19… Changeons de système maintenant !

    Le capitalisme est un obstacle pour sauver des vies. Réorganisons la société sur une base socialiste !

    Même les cadavres n’arrêtent pas la course aux profits capitaliste. C’est ce qu’a amplement démontré la crise du Coronavirus. Des travailleurs ont dû continuer à côtoyer leurs collègues sans la moindre protection, au risque de les infecter ou d’être infecté soi-même, tout ça pour préserver l’activité d’entreprises, y compris non-essentielles ! Même le personnel soignant doit s’en remettre à la chance plutôt qu’à l’action des gouvernements. Les politiciens de l’establishment osent parler des travailleuses et travailleurs de la santé en héros alors que ce sont leurs partis qui ont affamé nos services publics !

    Le confinement de la population est-il la seule réponse à apporter face à une épidémie ? Cette approche moyenâgeuse est en fait la solution du désespoir. Celle qui s’impose après avoir nié les recommandations des professionnels de la santé même alors que l’épidémie se propageait. Le prix que la société aura à payer pour le confinement n’est pas seulement économique. Le confinement favorise les tensions familiales, les violences domestiques, l’aggravation ou l’apparition de problèmes psychologique,…

    Les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé sont très claires. Dépistage systématique de tous les malades suspects de Covid 19 et, en cas de positivité, de tous leurs contacts des deux dernières semaines. Isolement des cas positifs dans des structures de soins ou au domicile, sous contrôle de l’Etat. Construction d’infrastructures, que ce soit des structures de soins ou de tests provisoires ou d’usines visant à manufacturer le matériel nécessaire. Réquisition, formation ou engagement rapide tant du personnel qualifié que non qualifié pour diverses tâches. Ce n’est qu’après cela que les mesures de fermetures d’établissements ou de confinements sont préconisées.

    Pour appliquer ces recommandations, il aurait fallu un gouvernement capable de mobiliser toutes les richesses et les forces nécessaires de la société, y compris par des réquisitions. Nos gouvernements ont d’abord ignoré le danger, puis préféré s’en remettre au confinement et à un système de soins depuis longtemps malade de sous-financement. Les partis de l’establishment ont largement démontré que l’on ne pouvait leur faire aucune confiance !

    A cette crise sanitaire s’ajoute encore la grave crise écologique et une nouvelle crise économique mondiale, plus profonde qu’en 2008 et qui ne peut être comparée qu’à la Grande dépression de 1929. Ces trois crises sont liées, ce sont des symptômes du capitalisme. Et elles pointent toutes les trois en direction d’une approche planifiée. Aujourd’hui plus que jamais a été démontré que ce ne sont pas les actionnaires qui font tourner la société, ce sont les travailleuses et les travailleurs. Il n’est que logique qu’elles et ils prennent cette société en main pour la faire tourner sur base de décisions démocratiques et non sur base de la dictature des marchés. Nous avons besoin d’un autre système, qui place l’être humain au cœur de ses préoccupations.

    1) Un plan public de dépistage systématique et la sécurisation de l’approvisionnement des hôpitaux

    La meilleure manière de mettre fin à la panique et de permettre à chaque personne de se déplacer en toute sécurité est d’assurer le dépistage systématique de la population. L’efficacité de cette approche a déjà été démontrée dans divers pays, mais pour que ce potentiel soit pleinement saisi, il faut en planifier l’application à une échelle globale. Alors que la période où l’on contamine le plus autour de soi est celle qui précède l’apparition des symptômes, même le personnel soignant n’est toujours pas dépisté ! La communauté scientifique a sonné l’alarme pendant deux mois, mais rien n’a été fait pour anticiper des tests massifs en Belgique. Cette négligence est criminelle.

    L’élaboration d’un plan public de dépistage systématique et à plusieurs reprises s’impose, avec l’isolement des personnes positives et la mise en quarantaine des personnes avec lesquelles elles ont été en contact. Ce plan de dépistage public doit commencer par le personnel toujours en activité : personnel soignant, des maisons de repos, de l’alimentation, travailleurs sociaux en contact avec les sans-abris et les sans-papiers,… Aucun lieu de travail ne doit être remis en activité sans qu’un dépistage soit assuré pour tout le personnel. Dans les écoles, ce dépistage doit être également assuré pour tous les élèves. C’est la seule façon d’éviter la discorde entre ceux qui veulent rouvrir ces écoles dans l’intérêt des enfants (ou parce que la prise en charge à domicile est trop lourde) et ceux qui ne veulent pas le faire par inquiétude légitime.

    Cela exige évidemment de disposer de suffisamment de tests. Pour parvenir à cet objectif, le libre marché et la propriété privée des moyens de production sont un obstacle majeur. Des entreprises refusent de divulguer la recette de composants pour des tests, à l’image de la société Roche Diagnostics, afin de préserver leurs profits, même en temps de grave crise sanitaire. Il en va de même pour le gel hydro-alcoolique, les masques, les vêtements de protection, les appareils respirateurs,…

    Des stocks existent pourtant dans différentes entreprises privées du pays, très certainement dans le secteur chimique. D’autre part, la réorientation de l’activité de multiples entreprises est possible pour faire face à la pénurie. Des entreprises comme Safran Aeroboosters (ex-Techspace aéro), la Sonaca et la FN Herstal se sont par exemple mises à la fabrication, limitée, de respirateurs et de pièces de rechange.

    Tout le matériel qui peut servir les efforts du personnel soignant doit être réquisitionné sans délai. De la même manière, les usines dont la production peut être réorientée pour sécuriser l’approvisionnement des hôpitaux doivent réquisitionnées dans un plan de confection massif de matériel. Nous ne pouvons pas laisser les décisions à ce sujet à la discrétion des patrons. Personne ne sait mieux que les travailleurs quelles sont les ressources disponibles et comment la production peut être adaptée aux besoins d’aujourd’hui. Les représentants du mouvement des travailleurs, les délégations syndicales, doivent être mandatés pour révéler les stocks cachés dans les entreprises et garantir leur réquisition immédiate ! Ceux qui refuseraient de s’y plier devraient être démis de leurs fonctions et poursuivis en justice.

    Sur ce plan, la faillite des autorités est à deux niveaux. Tout d’abord, la politique d’austérité a laissé le pays dans une situation d’impréparation totale et meurtrière. Pensons à ces 6 millions de masques FFP2 détruits en 2019 et dont le stock n’a pas été renouvelé ! Ensuite, les autorités se sont révélées incapables d’assurer la réorganisation de la production pour faire face à l’épidémie. Il ne faut pas y voir de l’incompétence, mais simplement le respect de la logique du marché libre capitaliste.

    Nous exigeons :

    • L’élaboration d’urgence d’un plan public qui assure le dépistage systématique et à plusieurs reprises de toute la population, y compris les sans-abris et les sans-papiers, en commençant par les travailleurs des lieux de travail essentiels encore en activité.
    • La saisie immédiate des réserves de matériels qui font défaut dans la lutte contre le coronavirus, sans achat ni indemnisation à l’exception des cas où l’entreprise démontre, en présentant sa comptabilité, qu’une indemnisation est nécessaire pour éviter la faillite et après approbation des représentants des travailleurs de l’entreprise en question.
    • Les meilleurs outils dont nous disposons pour faire l’état des lieux de ce qui est caché dans les réserves des entreprises, ce sont les ce sont les travailleurs et leurs représentants, les délégations syndicales. Une campagne à cette fin doit être lancée par les organisations syndicales.
    • L’ouverture de la comptabilité des entreprises, en premier lieu à leurs travailleurs ainsi qu’aux experts externes de ces derniers, afin de juger de la pertinence on non d’une indemnisation.
    • La réquisition des usines dont les lignes de production peuvent être réorientées pour fabriquer massivement : masque, gel hydroalcoolique, bouteilles d’oxygènes, masques et cordons respiratoires, etc.
    • L’expropriation et la nationalisation sous contrôle et gestion des travailleurs et de la collectivité des entreprises qui spéculent sur le matériel médical ou qui profitent de la crise pour augmenter leurs prix.

    2) Refinancement massif d’urgence des soins de santé

    L’importance des soins de santé n’a jamais été aussi évidente aux yeux de larges couches de la population. Ce soutien doit être saisi pour exiger des investissements massifs pour un service de santé efficace qui ne peut pas gérés comme une entreprise dans un but de profit.

    Depuis plus de trente ans, les gouvernements ont limité les budgets des soins de santé, empêché des étudiants en médecine ayant réussi leurs études d’exercer via le numérus clausus, limité le nombre de lits des services hospitaliers, sous payé l’ensemble du personnel tant médical que para-médical ou technique,… Avec l’argument d’équilibrer les budgets. La situation budgétaire des soins de santé est telle que l’hôpital Saint-Pierre à Bruxelles a lancé un appel aux dons pour être en mesure de disposer d’une dizaine de respirateurs supplémentaires ! La politique néolibérale a donc contraint nos hôpitaux à faire la manche au tout début de cette crise sanitaire.

    Les conditions de travail ont été rendues telles qu’une grande partie des infirmières et infirmiers ne pratiquent réellement ce métier que durant une période de 5 à 10 ans. Tout juste avant le début de la crise du coronavirus, le Centre fédéral d’Expertise des Soins de santé (KCE) et la KU Leuven ont rendu publique une étude qui constatait qu’une infirmière ou infirmier sur quatre n’est pas satisfait de son travail, que 36% sont menacés d’épuisement professionnel et que 10% envisagent de quitter la profession. Selon cette même étude, la pénurie de personnel qui en découle assure qu’une infirmière ou un infirmier d’un hôpital belge s’occupe en moyenne de 9,4 patients, alors que l’on admet généralement, à l’échelon international, que la sécurité du patient n’est plus assurée au-delà de 8 patients par infirmier.

    Ensuite, la marchandisation du secteur a poussé les directions hospitalières à externaliser et précariser des services essentiels au bon fonctionnement de la structure hospitalière alors qu’aujourd’hui, plus que jamais, un personnel logistique, administratif et hôtelier en nombre, formé, motivé est nécessaire.

    Nous avons besoin d’un système public de soins de santé qui dispose de suffisamment de moyens pour coordonner les différents niveaux des soins de santé, jusqu’aux maisons médicales de quartier, et qui intègre également les soins à domicile. Ce système doit également intégrer les soins de santé mentaux pour faire face non seulement à l’explosion récente des burnouts et épuisements professionnels, mais également aux multiples problèmes psychologiques qui vont découler du confinement et du travail intensif réalisé dans les entreprises en activité.

    Nous exigeons :

    • L’arrêt immédiat de toutes mesures d’économies dans le secteur de la santé.
    • Un refinancement massif du secteur pour faire face à cette crise et dans l’objectif de permettre à chacune et chacun de bénéficier d’un accès à des soins de santé gratuits et de qualité, en commençant par les victimes actuelles du coronavirus.
    • Que les emplois dans le secteur des soins de santé soient plus attractifs : pas de prime unique, mais une augmentation de salaire pour le personnel et l’augmentation des salaires les plus bas jusqu’à au moins 14 euros de l’heure.
    • L’instauration générale de la semaine des 30 heures et la réduction collective du temps de travail, sans perte de salaire et avec embauches compensatoires, y compris pour le personnel en télétravail.
    • Une embauche massive de personnel supplémentaire et la réintégration des services externalisés au sein de l’ensemble du secteur de la santé, avec de bons contrats de travail et de bonnes conditions de salaire.
    • Le développement d’un service public national de soins de santé sous contrôle et gestion des travailleurs du secteur et de la collectivité.

    3) Une recherche scientifique libérée de la soif de profits

    C’est au biologiste américain Jonas Edward Salk que l’on doit l’invention du premier vaccin contre la poliomyélite. Salk n’a jamais breveté son vaccin afin d’en permettre une plus large diffusion. Lorsqu’il lui a été demandé en interview qui détenait le brevet, il a répondu : ‘‘Eh bien, au peuple je dirais. Il n’y a pas de brevet. Pourrait-on breveter le soleil ?’’

    Ces considérations sont aux antipodes de l’approche des multinationales pharmaceutiques que se sont lancées dans la course au médicament du coronavirus dans le but de s’approprier la poule aux œufs d’or avant la concurrence. Entre 2000 et 2018, 35 géants pharmaceutiques ont réalisé ensemble un bénéfice net de 1.900 milliards de dollars dans le monde ! Le groupe pharmaceutique américain Gilead Sciences a ainsi vu ses actions augmenter de 22% (l’équivalent de 12 milliards de dollars) dans les premiers temps de la crise mondiale du coronavirus puisqu’il semblerait qu’un de ses produits initialement développé contre l’Ebola, le remdesivir, pourrait traiter des symptômes du Covid-19. Les motivations du groupe pharmaceutique ne sont pas un mystère : il n’hésite pas à faire payer jusqu’à 2.000 dollars un mois de traitement contre le VIH aux Etats-Unis. Même en temps de pandémie, les entreprises ne renoncent pas à la recherche de profit.

    Aujourd’hui, la recherche scientifique dans le domaine pharmaceutique est à la croisée des chemins. Morcelée entre public et privé, elle est prise en étau par la logique d’austérité et de profit. Les conséquences du sous-financement dans le public et l’obligation de résultat exploitable dans le privé entravent fortement le potentiel existant, de même que la logique de concurrence à tous les niveaux. Si l’on veut connaître des bonds dans la connaissance fondamentale et appliquée pharmaceutique, nous n’avons pas d’autre choix que de libérer la recherche scientifique. Le séquençage de l’entièreté du génome humain au début des années 2000 n’a pas tenu les promesses affichées en termes de molécules innovantes. Aujourd’hui, seule la coopération et la mise en commun des différents travaux des équipes de recherches peut faire avancer la science.

    En Belgique, il est totalement scandaleux que l’une des plus grandes entreprises pharmaceutiques du pays, GSK, ait annoncé au début de l’année une restructuration qui pourrait coûter plus d’un millier d’emplois ! Cela illustre à quel point il est problématique de laisser ce secteur vital être la proie de l’avidité des grands actionnaires. Notre santé compte moins que leurs dividendes.

    L’ensemble du secteur doit être aux mains du public afin que les travailleurs et la population dans son ensemble puissent décider démocratiquement de de ce qui est produit et de quelle manière. Cela permettra de réduire les prix, d’éliminer les pénuries de médicaments et de rassembler les efforts pour développer de nouveaux vaccins. Il s’agit d’une nécessité car le COVID-19 ne sera pas la dernière pandémie dans ce contexte de destruction des écosystèmes favorable à leur développement.

    Nous exigeons :

    • Un financement public massif de la recherche scientifique.
    • L’abrogation des brevets.
    • Un soutien clair aux initiatives de partage d’informations et d’organisation de la coopération scientifique.
    • Que la recherche et le développement ne soient pas détachés de la production et de la distribution des outils de santé tels que le matériel médical, les médicaments et les vaccins.
    • La nationalisation sous contrôle et gestion des travailleurs et de la collectivité du secteur pharmaceutique et bio-médical.

    4) Protection maximale des travailleurs, qu’ils soient au travail, à la maison ou au chômage temporaire

    Travailleuses et travailleurs confinés

    En conséquence de la gravité de l’épidémie et de l’impact désastreux de la politique néolibérale sur les soins de santé, le respect des mesures de confinement s’impose. Cela nécessite de nombreux sacrifices, tout particulièrement de la part des familles les plus pauvres. Mais ces précautions sont mises en péril parce que les patrons et les gouvernements veulent que les affaires continuent, alors que le personnel de santé supplie que nous respections un confinement strict. C’est une décision scandaleuse.

    Les activités non-essentielles sont toujours autorisées, tant qu’une distanciation sociale est assurée sur le lieu de travail. En de nombreux endroits, il a fallu l’entrée en action des travailleurs pour imposer le respect de cette mesure pourtant largement insuffisante. Une liste de secteurs essentiels a été établie par le gouvernement fédéral, en respectant les volontés du patronat pour qui cette liste devait être la plus large possible, jusqu’à inclure l’activité de la multinationale brassicole InBev ! D’autre part, sous le prétexte de l’activité effectivement indispensable de certaines entreprises d’un secteur (une entreprise qui produit des blouses médicales par exemple), c’est la totalité de celui-ci qui est déclaré crucial. Non seulement les activités non-essentielles représentent un risque de contagion mais, de plus, certaines entreprises non-essentielles utilisent du matériel qui fait défaut à l’effort hospitalier, dans la chimie par exemple.

    Le mouvement des travailleurs et les représentants élus des travailleurs dans les Comités pour la prévention et la protection au travail (CPPT) doivent prendre l’initiative et constituer le noyau de comités anti-crise pour évaluer la pertinence ou non de maintenir l’activité de leur entreprise. Des CPPT doivent être instaurés dans toutes les entreprises à partir à partir de 20 travailleurs, faute de quoi l’entreprise devrait être saisie par les autorités et placée sous contrôle et gestion démocratique des travailleurs.

    Ces comités doivent notamment avoir à charge d’établir un plan visant à déterminer quels sont les lieux de travail, entreprises ou secteurs essentiels, quels travailleurs peuvent être déployés à cette fin, et comment fermer dans les plus brefs délais les entreprises non-essentielles encore en activité. Ces comités devraient également permettre d’assurer que tout le matériel de prévention (masques, désinfectants,…) aille en priorité vers le secteur des soins et les autres secteurs essentiels (nettoyage, transport, chaîne alimentaire, ramassage des déchets, etc.). Les personnes qui travaillent dans une entreprise non essentielle devraient également pouvoir temporairement aider le secteur des soins et les entreprises essentielles.

    Toute personne contrainte à ne pas travailler doit être protégée des soucis financiers. Les loyers, les hypothèques ou le coût de la vie ne vont pas diminuer. Et même si le paiement de certaines choses va être différé (les loyers par exemple), ce n’est qu’une solution à court terme. Il faut garantir le maintien du revenu durant toute la durée de la crise et au-delà. L’augmentation de l’allocation de chômage temporaire de 65 % à 70 % du salaire est un premier pas, mais c’est insuffisant. Le salaire doit être garanti à 100%, avec assistance des autorités publiques uniquement sur base de besoins prouvés, y compris dans le cas de faux-statuts d’indépendants.

    Le travail intérimaire et les flexi-jobs se sont largement développés ces dernières années. Il faut mettre fin au travail précaire et assurer à chacune et chacun des contrats de travail décents, avec CDI et salaire horaire d’au moins 14 euros de l’heure. Lorsque cela n’est pas possible, une allocation de chômage inconditionnelle doit être assurée, avec un montant qui dépasse le seuil de pauvreté, en tant que première étape vers une allocation qui permet de réellement vivre dignement.

    Travailleuses et travailleurs en activité

    Celles et ceux qui travaillent devraient avoir librement accès aux mesures de protection telles que les masques de protection. Dans de nombreux secteurs qui s’avèrent aujourd’hui essentiels, les salaires sont très bas. Y augmenter les salaires est donc une priorité. Les promesses de primes uniques, souvent sans versement de cotisations à la sécurité sociale, ne devraient pas remplacer ces augmentations. Mais l’augmentation de la charge de travail dans les supermarchés, par exemple, devrait s’accompagner d’une prime de risque. Afin d’éviter que les travailleurs malades ne continuent à travailler pour des raisons financières, cette prime doit être entièrement convertie en une indemnité de maladie. La réduction du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires doit permettre d’éviter l’épuisement rapide d’un personnel indispensable face à une crise de longue durée, mais aussi permettre une meilleure organisation de la garde d’enfants suite à la suspension des cours, par exemple. Sur ces lieux de travail, des comités de crise organisés démocratiquement doivent être mis en place en reposant sur les CPPT.

    Le personnel des secteurs essentiels devrait bénéficier d’une protection suffisante offerte gratuitement. Le contrôle de cette situation ne doit pas être laissé aux politiciens, aux patrons ou aux conseils d’administration. Ce sont les travailleurs eux-mêmes qui savent le mieux ce qu’il faut faire.

    Nous exigeons :

    • L’arrêt de toutes les activités économiques non-essentielles (hors des soins de santé, du nettoyage, des transports, de la chaîne alimentaire, du ramassage des déchets, etc.).
    • A travail essentiel, salaire essentiel et conditions de travail décentes. Stop aux statuts précaires : un emploi = un contrat à temps plein. Introduction d’un salaire minimum de 14 euros/heure.
    • Le personnel des secteurs clés doit être correctement rémunéré. Une prime de risque pour le personnel des supermarchés, entre autres, peut être envisagée, à condition qu’elle ne remplace pas des augmentations de salaire qui ne soient pas limités à cette crise.
    • L’indemnisation des pertes subies par les travailleurs en raison de l’annulation de vacances, de concerts, ou d’autres activités, sauf sur base de besoins prouvés.
    • Le versement de la totalité du salaire aux travailleurs par les entreprises sans aide de l’Etat, sauf sur base de besoins prouvés.
    • L’indemnisation sur base de besoins prouvés des petites entreprises et des indépendants qui se retrouvent en difficulté à cause de la crise.
    • En attendant le maintien des salaires et la nationalisation du secteur de l’énergie, l’annulation temporaire des factures d’énergie, des loyers et des hypothèques pour les personnes en difficulté.
    • Le contrôle des prix par des comités de crise dans le secteur de la distribution et par la communauté en général afin de lutter contre la spéculation.
    • La suppression des statuts précaires : un emploi = 1 CDI à plein temps!
    • Le relèvement des allocations sociales au-delà du seuil de pauvreté (estimé à 1 198,6 euros pour une personne isolée en 2018), comme première étape vers des allocations qui permettent de réellement vivre dignement.
    • L’arrêt de la chasse aux chômeurs et la suppression du stage d’attente !
    • L’instauration du salaire minimum de 14 euros/h.
    • L’instauration d’une pension minimum de 1500€ net.
    • La réduction collective du temps de travail avec embauches compensatoires et sans perte de salaire vers les 30h/semaine.
    • L’instauration de comités de crise organisés et gérés démocratiquement composés d’experts sanitaires, de représentants de collectivité locale et des travailleurs pour déterminer quelles sont les activités essentielles et en superviser le fonctionnement.
    • L’expropriation et la nationalisation sous contrôle et gestion des travailleurs et de la collectivité des entreprises qui tentent de se déroger à leurs obligations envers leur personnel, par exemple en poussant ce dernier à prendre ses congés durant la crise ou en mettant en place leur propre comité anti-crise.
    • L’expropriation et la nationalisation sous contrôle et gestion des travailleurs et de la collectivité des entreprises qui procèdent à des licenciements collectifs.

    5) Assurer la sécurité sociale la plus forte possible

    Au travers de la sécurité sociale, la collectivité garantit un revenu à ceux qui se retrouvent en incapacité de travailler pour quelque raison que ce soit. Les allocations sociales doivent nous permettre de continuer à bénéficier d’un certain niveau de vie à certaines périodes d’inactivité non désirées (pour cause de maladie, de pension ou de chômage). Pour le néolibéralisme, le filet de sécurité que représente la sécurité sociale doit être réduite au minimum. L’approche a été adoptée par tous les partis classiques et, après plus de 30 ans, c’est à peine si notre sécurité sociale tient encore debout.

    L’allocation de chômage ne représente que 64 % du salaire net au départ. Après six mois, les allocations de chômage sont inférieures au seuil de pauvreté pour tous les types de ménage. Le fait qu’en cette période de crise, l’allocation de chômage technique ait été portée de 65 % à 70 % a été accueilli avec un peu de soulagement par les nombreuses personnes concernées, mais nos factures seront-elles réduites à 70% ?

    C’est tout le système du chômage technique qui doit être remis en question. Ce système repose sur la logique de socialisation des pertes et de privatisation des profits : quand tout va bien, les grandes entreprises empochent profits et dividendes mais, en temps de crise, c’est la collectivité qui paye.

    Tous les ménages les familles doivent disposer d’une garantie de revenu. Les entreprises qui ont réalisé de superbes bénéfices peuvent parfaitement assure la continuité des salaires. Quant aux petites entreprises, si elles peuvent démontrer qu’elles ne sont pas en mesure de le faire, elles doivent pouvoir bénéficier de l’assistance des autorités.

    Notre sécurité sociale serait parfaitement capable de supporter cette crise si elle n’avait pas été littéralement pillées. Le tax-shift du gouvernement Michel comprenait la diminution progressive des cotisations patronales de 32,4 % à 25 %. Pour les patrons, cela signifie une réduction du coût de la main-d’œuvre de 5,8 milliards d’euros par an. La multitude de stratagèmes pro-patronaux de cette sorte ont fait passer la sécurité sociale de 20 % du PIB en 1983 à 15,3 % aujourd’hui. Si les règles de financement de la sécu de 1983 étaient restaurées, cela signifierait 22 milliards d’euros supplémentaires par an. De quoi largement dépasser le déficit de 6 milliards d’euros prévu d’ici 2024. Dans la sécurité sociale comme dans les services publics, la réduction de moyen est organisée par les autorités pour ensuite justifier encore plus de mesures d’austérité.

    D’autre part, les prestations en nature sont très populaires auprès des patrons, car cela leur évite de verser des cotisations de sécurité sociale. En 2019, cela représentait pas moins de 6,8 milliards d’euros de masse salariale, soit 2,6 milliards d’euros de revenus en moins pour les caisses de sécurité sociale. Mais puisque certains avantages extra-légaux n’ont pas été inclus dans cette étude, la perte réelle pourrait être de l’ordre de 4 milliards d’euros. Il faut revenir sur ces avantages, en assurant que cela n’implique aucune perte pour les travailleuses et travailleurs. Ils doivent donc être reversés sous forme de salaire.

    Tout démantèlement de la sécurité sociale signifie de revenir vers l’individualisation des risques sociaux. Il y a eu une prolifération de pensions complémentaires et de fonds de pension, d’hospitalisation et d’assurances complémentaires. Ces systèmes ne sont pas neutres. Ils constituent l’interprétation néolibérale de la couverture individuelle des risques sociaux et sapent notre sécurité sociale collective.

    C’est grâce au combat acharné de la classe des travailleurs que la sécurité sociale a été instaurée pour faire face à des crises comme celles d’aujourd’hui. Pour arracher le remboursement de ce qui a été pillé et imposer des contributions sociales qui nous permettent de faire face aux besoins, il faudra un même type de lutte.

    Nous exigeons :

    • Le rétablissement de la sécurité sociale et l’abolition de tous les cadeaux au patronat.
    • Déconstruction des prestations en nature pour qu’elles soient remplacées par des salaires, sans perte de revenus pour les travailleurs.
    • La garantie d’un revenu en cas de maladie et de chômage temporaire équivalente à 100 % du salaire net.
    • L’imposition de plus fortes contributions sociales au patronat.

    6) Lutter contre l’injustice sociale par des services sociaux de base pour toutes et tous

    En ces temps de crise, les inégalités sociales sont plus apparentes et s’accentuent. Beaucoup de gens constatent aujourd’hui à quel point le secteur social est crucial dans la société.

    En moyenne, les personnes vivant dans la pauvreté ou l’insécurité ont une santé moins bonne que celles qui disposent d’un revenu décent, comme le démontre l’Annuaire sur la pauvreté et l’exclusion sociale 2019. Un Belge sur cinq vit dans la pauvreté et/ou l’exclusion sociale, malgré l’existence (menacée) de la sécurité sociale. Ce groupe de la population est plus exposé au risque de décès. Encore une fois : le capitalisme tue !

    De nombreux usagers des services sociaux sont confrontés à l’exclusion par la propagation du virus. Les sans-abris ont actuellement le choix entre un abri où l’hygiène est limitée et vivre dans la rue où ils peuvent être infectés et infecter d’autres. De nombreuses personnes qui arrivent à peine à joindre les deux bouts chaque mois sont menacées de ne pas pouvoir payer leur loyer en raison de la perte de leur salaire et/ou de leur emploi. La moitié des Belges ne parvient déjà pas à économiser, et la précarité est énorme, ce qui conduit une part importante de la population à habiter un logement précaire ou en inadéquation avec les besoins familiaux. En période de confinement, cela se traduit par une augmentation des tensions familiales et de voisinage ainsi que de la violence domestiques.

    De nombreux travailleurs sociaux prennent aujourd’hui d’énormes risques : des travailleurs de rue arpentent les quartiers avec des moyens limités, plusieurs refuges travaillent sans le moindre équipement de protection ni les infrastructures permettant de respecter les mesures de sécurité contre la contagion du covid 19. Face au manque de moyens, les travailleurs sociaux prennent pourtant de nouvelles initiatives de solidarité audacieuses pour sauver les plus grandes victimes du système, parfois au mépris de leur propre santé…

    La commercialisation du travail social et les économies budgétaires réalisées ont encore réduit les salaires de ces travailleurs et les conditions de travail se sont détériorées : les travailleurs sociaux sont toujours envoyés en mission sans moyens, leurs contrats reposent souvent sur des subventions dont la reconduction n’est pas garantie : ils ne peuvent travailler dans la continuité. Le manque est tellement énorme que des directions opérationnelles comptent aujourd’hui sur le non-remplacement du personnel malade pour équilibrer les budgets des structures, au détriment des conditions de travail du personnel restant et de la prise en charge des usagers. Ce sous-investissement a aujourd’hui des conséquences dramatiques pour le travail social et ceux qui en ont besoin. Il suffit de penser à la récente annulation de l’aide psychologique et budgétaire aux CAW (centres sociaux en Flandre), alors que la demande augmente considérablement dans ce domaine.

    La situation actuelle dévoile aussi le manque de personnel nécessaire à un accompagnement de qualité des personnes fragiles ou porteuses d’un handicap dans l’adoption des comportements nécessaires à contenir l’épidémie que ce soit dans les services d’aide à la jeunesse, de santé mentale ou d’aide à la grande précarité.

    La crise révèle également l’inanité des politiques de contrôle et de répression qui ont infiltré les dispositifs d’aide sociale ces dernières décennies : que faire avec les personnes en séjour illégal qui n’osent pas faire appel aux organismes officiels ou toute la population qui préfère aujourd’hui renoncer à toute allocation plutôt que de subir le contrôle permanent des CPAS, quand ces publics devraient être l’objet d’un accompagnement renforcé afin de ne pas devenir des foyers d’infection ?

    La seule solution structurelle pour éviter que les gens ne s’attirent des ennuis et deviennent un danger pour eux-mêmes et les autres est de retirer la richesse de la société des mains du secteur privé marchand afin d’organiser les services publics de base. Une véritable prévention des inégalités sociales, de la pauvreté et de l’exclusion sociale peut être réalisée lorsque ces services publics de base unissent démocratiquement les utilisateurs et le personnel pour répondre aux besoins fondamentaux de chacun.

    Nous exigeons :

    • L’arrêt des économies budgétaires dans le secteur social.
    • Que le personnel bénéficie de tous le matériel de protection dont il a besoin pour lui et pour les usagers ainsi que des infrastructures de prise en charge adéquates au besoin par réquisition des infrastructures privées.
    • Une prime de risque pour l’ensemble du personnel de ce secteur. En cas de maladie, cette prime de risque doit continuer à être intégralement versée sous forme de prime de maladie.
    • L’arrêt de la commercialisation du travail social.
    • Des investissements publics massifs dans le secteur permettant les engagements massifs nécessaires à une prise en charge de qualité des usagers, des contrats pérennes pour les professionnels du secteur dans le public comme dans le privé et des revalorisations salariales qui reflète l’utilité sociale des travailleurs sociaux.
    • La fin des procédures de contrôle et de contrainte des allocataires qui vont à l’encontre des missions premières des travailleurs sociaux.
    • La régularisation de tous les sans-papiers pour protéger toute la population en lui donnant accès aux soins de santé.
    • La réquisition de chambres d’hôtels ou de centres de loisir, avec indemnisation sur base de besoins prouvés, en prévoyant des espaces séparés pour de potentiels malades mis en quarantaine, afin d’y loger les sans-abris et les sans-papiers dans de bonnes conditions, dans la perspective d’un plan massif de construction de logements sociaux, y compris par la saisie de bâtiments inoccupés à des fins spéculatives, une fois la période de confinement passée.

    7) Lutter pour l’émancipation des femmes, y compris en période de confinement

    En Chine et en Italie, une augmentation de la violence domestique a été constatée avec le confinement. En Belgique ou en France, des campagnes de sensibilisation ont été lancées pour populariser le numéro d’appel d’urgence, tant pour les violences conjugales que vis-à-vis des enfants. Mais faire appel à ce service est encore plus difficile qu’habituellement en raison du confinement. Les victimes de violences domestiques sont isolées de la société mais pas de leur agresseur !

    Il devient, de plus, non pas difficile, mais carrément impossible de partir, car les refuges trop peu nombreux ne peuvent pas accueillir plus de monde au vu des règles de distanciations sociales. Dans l’immédiat, il faut permettre l’ouverture de suffisamment places de refuges supplémentaires pour femmes et leurs enfants ou personnes LGBTQI+ grâce à la réquisition de chambres d’hôtels ou de centres de loisir avec indemnisation sur base de besoins prouvés, en prévoyant des espaces séparés pour de potentiels malades mis en quarantaine. Une fois la période de confinement passée, il faut un plan massif de construction de logements sociaux et de véritables refuges, y compris par la saisie de bâtiments inoccupés à des fins spéculatives.

    Le confinement représente également un défi pour les familles monoparentales, soit près d’un quart des familles en Belgique, parmi lesquelles 80% de cheffes de ménages féminins. C’est d’autant plus vrai lorsqu’elles vivent en-dessous du seuil de pauvreté à l’instar de la moitié d’entre-elles. Celles-ci se retrouvent souvent enfermées dans un petit logement à devoir jongler entre les enfants et télétravail. Il est nécessaire de soutenir ces familles contre les violences domestiques, mais également contre les risques psychologiques accrus par l’isolement (“burnout parental”). Mais cela nécessite des moyens financiers.

    Nous exigeons :

    • L’obligation de l’égalité salariale, même en temps de crise !
    • La suppression du statut de cohabitant, l’individualisation des droits sociaux et l’augmentation des allocations familiales afin qu’elles recouvrent réellement le coût de l’éducation d’un enfant.
    • L’ouverture de suffisamment places de refuges supplémentaires pour femmes ou personnes LGBTQI+ par la réquisition de chambres d’hôtels ou de centres de loisir, avec indemnisation sur base de besoins prouvés, en prévoyant des espaces séparés pour de potentiels malades mis en quarantaine, dans la perspective d’un plan massif de construction de logements sociaux et de véritables refuges, y compris par la saisie de bâtiments inoccupés à des fins spéculatives, une fois la période de confinement passée.
    • Des propositions d’activités pédagogiques pour les enfants accessibles à toutes les familles, pas uniquement celles disposant d’une connexion internet haut débit (par plage horaire spéciale à la télévision publique, etc).

    8) Faire face à la crise écologique

    Nombre de chercheurs estiment que la destruction de la biodiversité et des écosystèmes crée les conditions d’apparition de nouveaux virus et de nouvelles maladies. C’est particulièrement le cas dans les zones tropicales détruites pour faire place à des monocultures intensives industrielles ou à de l’élevage industriel intensif. La fonte du Permafrost pose également la question de la réactivation possible de très anciens virus et bactéries actuellement prisonniers dans le sous-sol gelé.

    Tout porte donc à croire que la fréquence de l’émergence de nouveaux agents infectieux va augmenter, avec le risque de pandémies récurrentes. D’autre part, la pollution atmosphérique est un facteur aggravant pour les pathologies respiratoires. La propagation du Covid-19 aurait ainsi été grandement favorisée par la pollution de l’air et plus précisément par certaines particules fines très présentes dans les zones polluées de Wuhan, mais également au nord de l’Italie.

    Le mode de production capitaliste est également responsable du changement climatique, qui rend de plus en plus de parties du monde inhabitables pour les êtres humains, les animaux et les plantes.

    L’arrêt des activités non-essentielles doit être utilisé pour faire une évaluation de la production économique afin de permettre une transition écologique rapide, reposant sur une planification économique rationnelle, en assurant la reconversion des travailleurs des activités polluantes dans des emplois socialement utiles et respectueux de l’environnement.

    Nous exigeons :

    • La nationalisation sous contrôle et gestion démocratiques des grandes entreprises du secteur agro-alimentaire sans rachat ni indemnité sauf sur base de besoins prouvés afin d’assurer une transition écologique du secteur.
    • Un plan de relance capable de relever le défi du changement climatique et de s’opposer à la destruction de la biodiversité grâce à la planification démocratique de la production économique.

    9) Prendre l’argent là où il est

    Sur fond de crise boursière, liée à une récession de l’économie réelle, les capitalistes et leur personnel politique crieront que l’argent manque. Ils défendront que la collectivité continue de soutenir les grandes entreprises pour qu’elles puissent investir, car de cette richesse dépend celle de la population. C’est totalement faux. Nous l’avons constaté après la crise de 2008. Une fois encore les pertes ont été socialisées et les profits privatisés. Les dividendes versés aux actionnaires ont atteint des records tandis que la majorité de la population a été obligée de se serrer la ceinture. En Belgique, nous avons subi un saut d’index qui a réduit nos salaires réels, une augmentation de l’âge de la pension, des économies sur la sécurité sociale, etc. Pendant ce temps, de vastes richesses s’envolaient vers les paradis fiscaux. Résultat : pas moins de 172 milliards d’euros sont ainsi partis de Belgique pour les paradis fiscaux en 2019. Le budget des soins de santé représentait quant à lui 26 milliards d’euros la même année.

    Dès le début de la crise du coronavirus, les autorités ont assuré que les banques seraient soutenues. Les entreprises ont notamment obtenu un report du paiement de leurs cotisations à la sécurité sociale. C’est à peine s’il est question de fonds supplémentaires pour nos salaires et nos soins de santé. Si cela ne dépendait que des patrons et de leurs pantins politiques, le coût de la crise serait répercuté sur les travailleurs et leur famille.

    Les études d’Oxfam ont clairement illustré qu’un petit groupe richissi me dispose d’une fortune sans précédent : 2153 milliardaires détiennent plus d’argent que 60% de l’humanité ! Des milliards d’euros sont planqués dans les paradis fiscaux et des capitaux sont investis massivement dans des productions socialement inutiles, comme les dépenses militaires, tandis que la spéculation va bon train pour profiter de la crise, tout comme ce fut le cas avec la spéculation contre les Etats après la crise de 2008.

    Nous devons nous protéger en retirant des mains de cette élite richissime tous les leviers économique, au premier rang desquels le secteur financier. Cela permettrait d’assurer la fin de la spéculation et que ces sommes monumentales puissent servir à faire face aux crises sanitaires, écologiques et économique tout en améliorant le sort des travailleurs et de leurs familles.

    Nous exigeons :

    • Le non-paiement de la dette publique, sauf sur base de besoin prouvé.
    • L’expropriation et la nationalisation sous contrôle et gestion démocratiques de la collectivité des secteurs clés de l’économie (dont la finance), afin de disposer de tous les leviers pour répondre aux crises multiples du capitalisme.
    • La planification démocratique de de l’économie pour satisfaire les besoins de la population dans le respect de la planète.

    10) Le mouvement des travailleurs doit faire entendre sa voix !

    Cette crise a démontré une fois de plus que sans le travail et les efforts du personnel soignant, de la distribution, des transports, de la collecte de déchets,… rien ne fonctionne. Personne ne dispose d’une meilleure vue sur la manière dont les choses sont produites que les travailleuses et travailleurs eux-mêmes. C’est également à l’initiative des travailleurs que les premières mesures de protection ont été introduites dans de nombreux endroits ou que la production a été arrêtée.

    Nous ne pouvons accepter que cette crise serve de prétexte pour prendre des mesures de prévention et de protection sans que les travailleurs eux-mêmes ne soient impliqués. C’est précisément à cela que servent les Comités pour la prévention et la protection au travail (CPPT), avec des représentants élus du personnel. Qui oserait dire que cette crise ne concerne pas la prévention et la protection au travail ?

    Les mesures antidémocratiques telles que l’annulation des réunions des CPPT (qui peuvent cependant se dérouler parfaitement de manière numérique) doivent être repoussées de la manière la plus ferme. Le mouvement des travailleurs doit organiser ses comités de crise sur chaque lieu de travail, basés sur les CPPT, pour discuter des mesures de protection qui s’imposent ou tout simplement stopper la production non essentielle. Ces comités devraient également jouer un rôle central dans la planification du déconfinement, le suivi de la relance de la production et tout ce qui concerne la protection des travailleurs.

    Dans le même temps, les syndicats doivent continuer à présenter des revendications pour la défense de la sécurité sociale, des conditions de travail et des salaires. Dans le cas contraire, les conséquences de cette crise pourraient être reportées sur les travailleurs et leurs familles.

    Il aura fallu toute cette crise pour qu’un gouvernement fédéral de plein exercice soit mis sur pied en Belgique, provisoire et sans majorité parlementaire, mais disposant des pouvoirs spéciaux. L’histoire de l’utilisation des pouvoirs spéciaux en Belgique est sans équivoque : la méthode permit de faire adopter au pas de charge toute une série de mesures antisociales durant les années ’80 (sauts d’index, limitation des dépenses publiques, baisses des cotisations patronales, réduction de la sécurité sociale,…).

    Pour l’instant, il est difficile pour les partis traditionnels de parler ouvertement d’économies sur la sécurité sociale, comme l’avait fait la N-VA avant cette crise avec sa proposition d’y économiser 5 milliards d’euros. La Première Ministre MR n’avait pas hésité, alors qu’elle était ministre du budget du gouvernement Michel, à justifier les 900 millions d’euros d’économies dans les soins de santé et à parler de ‘‘surcapacité’’ dans les hôpitaux. Les services publics si essentiels pour faire face à cette crise ont été traités ces dernières années comme de la vulgaire crasse où l’on pouvait encore diminuer le rôle de l’Etat. Nous ne pouvons pas faire confiance à ces politiciens austéritaire pour prendre en main la crise des soins de santé et à ses conséquences économiques ! Tant dans le domaine syndical que politique, le mouvement des travailleurs doit prendre position et entrer en action pour la défense des intérêts des travailleurs et de leurs familles.

    Nous exigeons :

    • Le développement de médias et d’outils de communication reposant sur les travailleurs et qui laissent un large espace aux scientifiques et à leurs recommandations. Les organisations syndicales doivent prendre des initiatives en ce sens.
    • Le rejet de toute mesure antidémocratique prise sous couvert de la crise sanitaire. Les travailleurs savent mieux que quiconque ce qui doit être fait sur leur lieu de travail, c’est à eux que doit revenir l’organisation de comités de crise sur chaque lieu de travail afin de discuter des mesures de protection et les imposer, y compris l’arrêt de la production non essentielle.
    • Le rejet des pouvoirs spéciaux pour faire payer la crise aux travailleurs et à leurs familles. Il y a assez d’argent parmi les riches et les puissants. Pas d’économies sur la sécurité sociale, les soins de santé, les services publics ou les salaires des travailleurs !
    • L’élaboration d’une campagne combative avec des revendications et des propositions claires pour faire payer la crise aux super-riches, et non aux travailleurs. Cette campagne peut être popularisée par une sensibilisation sur les lieux de travail et par des campagnes et réunions en ligne.

    11) Un autre monde est possible, une société socialiste est nécessaire !

    Le capitalisme est un système malade, il nous faut une autre société. Le principe du just-in-time ou flux tendu devenue la norme sous le capitalisme afin d’économiser sur les frais de stockage a fragilisé la chaîne d’approvisionnement de matériel sanitaire et de protection. Avec les intérêts commerciaux et économiques, la santé est reléguée au dernier plan. Nous ne pouvons pas laisser cette avidité organiser l’économie !

    Afin de permettre un contrôle et une gestion démocratiques de la production et de la distribution, nous devons assurer que les leviers économiques, les secteurs clés de l’économie, deviennent propriétés publiques, sous contrôle et gestion des travailleurs et de la collectivité. Les travailleurs qui produisent les richesses pourraient ainsi démocratiquement décider de la manière dont leurs connaissances pourraient être utilisées.

    Les possibles nationalisations évoquées en France ou en Italie sont des interventions de l’Etat visant à socialiser les pertes – en indemnisant totalement ou partiellement les patrons et à ensuite faire payer l’assainissement de l’activité par les travailleurs et la collectivité – pour ensuite les privatiser à nouveau. Il n’en a pas été autrement avec le sauvetage des banques après la crise de 2008.

    Nous avons besoin d’un autre type de nationalisation : des nationalisations qui protègent les travailleurs et leurs familles des conséquences de la recherche de profit, sans rachat ni indemnité sauf sur base de besoins prouvés.

    Grâce à cela, il serait possible d’élaborer une planification rationnelle de l’économie, reposant sur l’examen minutieux des ressources disponibles et de toutes les possibilités techniques actuelles, afin d’adapter l’économie aux besoins et exigences de la population dans le respect de la planète. Une telle approche permettrait d’éviter le gaspillage, les productions inutiles et l’obsolescence programmée tout en permettant une transition verte harmonieuse. Cela poserait les bases d’une autre société, une société socialiste démocratique, qui rendrait possible une véritable coopération internationale.

    Toutes les grandes institutions que sont l’Organisation mondiale du commerce, le Fonds monétaire international ou encore l’ONU n’ont cessé de démontrer au fil des ans qu’il s’agissait de constructions capitalistes dont le seul et unique but est de préserver la dictature des marchés. Il n’en va pas autrement de l’Union européenne, un projet capitaliste déjà vacillant et qui n’a offert aucun début de solution face à la propagation du virus ou pour l’assistance aux pays les plus touchés.

    Les populations des pays capitalistes développés et des pays du monde néocolonial sont laissées à leur sort, dans des conditions encore plus dramatiques dans ces derniers, car même le confinement s’y révèle impossible.

    Mais le propre des grandes crises est que les opinions y connaissent des évolutions fulgurantes. Alors que nous n’en sommes encore qu’au début, cette pandémie nous enseigne déjà quelle est l’extrême fragilité du capitalisme, quelle est l’importance du secteur public et quelle est l’importance d’une approche internationale. N’oublions pas non plus que nous venons de clôturer une année 2019 marquée par des soulèvements de masse aux quatre coins du monde. La colère sociale à la base de ces révoltes n’a pas disparu, elle sera même alimentée par la gestion meurtrière ce cette crise par les divers gouvernements capitalistes.

    La colère ne suffit toutefois pas à elle seule. Pour aboutir au changement dont nous avons absolument besoin, celle-ci doit être organisée et canalisée autour d’un programme et d’une stratégie orientée vers la prise du pouvoir par la classe des travailleurs, la seule force sociale capable de paralyser toute l’économie grâce à l’arme de la grève et qui est également en mesure de relancer celle-ci sur une autre base. Il serait ainsi possible de se débarrasser une bonne fois pour toute des parasites capitalistes qui se nourrissent de notre exploitation.

    Cela exige bien entendu de mener le combat de façon internationale. C’est pourquoi le PSL/LSP est affilié à Alternative Socialiste Internationale, un parti mondial organisé dans une trentaine de pays qui s’engage sur tous les continents dans la lutte pour reléguer dans les poubelles de l’histoire ce système capitaliste où l’élite compte son argent pendant que nous comptons nos morts. Si vous êtes d’accord avec ce document, nous vous invitons à nous rejoindre et à participer à ce combat titanesque qui est la seule issue hors de cette crise systémique.

     

  • Meeting international : les travailleurs ripostent dans le monde entier !


    Diffusion en direct ce dimanche 5 avril, 20h

    Alors qu’une crise sanitaire, sociale et économique sans précédent balaie la planète, le système capitaliste est mis à nu. Les patrons et les gouvernements de droite font passer les profits avant tout, et les travailleurs sont mis en danger – licenciés et appauvris, forcés de travailler dans des entreprises non essentielles et/ou privés de la protection nécessaire sur leur lieu de travail.

    Mais les travailleurs ripostent au niveau international. Des grèves et des protestations diverses ont éclaté dans de nombreux pays. La classe ouvrière a commencé à montrer qu’il s’agit de la force sociale appelée à renverser la situation et à faire en sorte que la vie passe avant les profits !

    Ce dimanche 5 avril, des travailleurs et des syndicalistes à la pointe de la riposte se réuniront pour une table ronde en direct organisée par Alternative Socialiste Internationale (dont le PSL/LSP est la section belge).

    Avec :

    • RYAN HARTSON, Chicago, USA, qui travaille pour une multinationale de livraison, Instacart, où les travailleurs sont actuellement en grève. Ryan se bat pour syndiquer ses collègues à travers les États-Unis. Il est également membre de Socialist Alternative à Chicago.
    • TINOVIMBANASHE GWENYAYA, Afrique du Sud, l’un des organisateurs du GIWUSA (General Industries Workers Union of South Africa). Tino a été au premier plan d’une vague de grèves dans les industries laitière, alimentaire et cosmétique ces derniers jours. Il s’exprimera à titre personnel.
    • PABLO NYNS, délégué syndical chez les pompiers à Bruxelles. En Belgique, des travailleurs de divers secteurs sont entrés en action ces dernières semaines. Pablo et sa délégation syndicale ont joué un rôle crucial pour assurer une protection adéquate des pompiers au beau milieu de la crise actuelle.
    • AMY FERGUSON, organisatrice de l’Union des travailleurs de l’hôtellerie et de la restauration à Belfast. Amy organise les jeunes travailleurs précaires dans toute l’Irlande du Nord, où de nombreux arrêts de travail et débrayages ont eu lieu pour imposer des fermetures dans des activités non essentielles et pour assurer des conditions de travail sûres.
    • Un représentant du nouveau syndicat VIRUS, en Russie, qui cherche à organiser les travailleurs pour défendre leur sécurité, leur emploi et leurs conditions de travail.

    D’autres orateurs seront également prochainement annoncés.

    L’événement sera retransmis en direct sur Facebook, YouTube et Twitch. Toutes les informations pratiques seront précisées sur Facebook.

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